• Un lycée de la Loire interdit à ses élèves de débattre d’un projet de centrale à bitume
    https://www.mediapart.fr/journal/france/050625/un-lycee-de-la-loire-interdit-ses-eleves-de-debattre-d-un-projet-de-centra

    La direction du lycée de Boën-sur-Lignon (Loire) a annulé un débat organisé par des élèves portant sur un projet contesté de centrale à bitume dans la ville. Une censure justifiée par le caractère « sensible » du sujet, dont il est interdit de parler au sein de l’établissement.

    On imagine qu’il s’agit de ne pas heurter la « sensibilité » d’un éminent membre de la « communauté ».

  • Collège Stanislas « blanchi » : les inspecteurs confirment sous serment l’intervention de la numéro deux du ministère
    https://www.mediapart.fr/journal/france/210525/college-stanislas-blanchi-les-inspecteurs-confirment-sous-serment-l-interv

    Devant la commission parlementaire consacrée aux violences à l’école, quatre membres de l’inspection générale ont reconnu que Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire, était bien intervenue pour réécrire la lettre concluant le rapport sur le prestigieux établissement catholique.

    C’est bien la cheffe de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) d’alors, Caroline Pascal, qui a réécrit la lettre de transmission du rapport sur Stanislas, rendue au ministre de l’époque, Gabriel Attal. Caroline Pascal est aujourd’hui directrice générale de l’enseignement scolaire, soit la numéro deux du ministère de l’éducation nationale.

  • École inclusive : 67 011 personnels tirent la sonnette d’alarme
    https://resultats-inclusion.fsu-snuipp.fr

    Invités à choisir parmi 7 propositions, les participants et participantes [PE et AESH] ont majoritairement opté pour 3 mesures qui leur paraissent prioritaires pour améliorer l’école inclusive :
    – à 69.6% ouvrir davantage de places en établissements spécialisés
    – à 65.4% recruter des AESH formées avec un vrai statut
    – à 53.5 % réduire les effectifs de toutes les classes

    Perso, j’avais choisi la baisse des effectifs par classe, le développement d’équipes pluriprofessionnelles et les formations liées sur temps de travail. Il est assez hallucinant de faire le constat que 20 ans après la loi, il n’y a dans les écoles quasiment aucune compétence liée au handicap ou aux troubles du neurodéveloppement. Les profs et les aesh (quand il y en a) ne sont (quasiment) pas formés, les rased sont vides ou débordés… et il n’y a personne d’autre.

    Une majorité de collègues choisit ce que je vois comme une autre famille de réponses...

    Le snuipp a trouvé une formule pour présenter ses résultats : l’inclusion a été une réussite quantitative, mais pas qualitative. Or, pour autant que la distinction qualitatif vs. quantitatif soit pertinente, les 2 réponses majoritaires sont plutôt quantitatives : moins d’enfants scolarisés, plus d’aesh.

    La cosecrétaire du syndicat nous dit que les places en IME ne sont pas une remise en question de l’inclusion, citant le fait que des notifications pour intégrer ces structures ne sont actuellement pas satisfaites faute de place. Je ne suis pas certain qu’on puisse conclure cela, et de toute façon ça dépend de ce qu’on entend par inclusion. Y a-t-il un degré de handicap non inclusible ? La position du seuil est-elle fixe ?

    C’est pas pour minimiser le malaise énorme causé par les difficultés de l’inclusion dans les écoles, mais ces résultats sont un peu embarrassants - et on pouvait s’y attendre.

    Extrait d’un rapport de Debarbieux et Moignard pour l’Autonome de solidarité laïque en 2023 :

    C’est certainement ce qui est le plus remarquable et le plus préoccupant dans notre étude : le rejet par les professionnels censés mettre en œuvre « l’école inclusive ». Ce rejet repose sur des difficultés jugées grandissantes. Nous sommes passés d’un peu moins de 40 % en 2011 à 60 % en 2016 et désormais à 74,5 % en 2023 de répondants disant avoir connu des difficultés fréquentes ou très fréquentes avec des enfants « gravement perturbés » ou « présentant des troubles du comportement ». […] Beaucoup se réclament des valeurs de l’école inclusive, comme mission essentielle du système d’éducation, et demandent cette aide pour qu’elle soit possible. Mais une bascule idéologique dangereuse est en cours et risque de remettre en cause la possibilité même de cet accueil.

    https://www.autonome-solidarite.fr/articles/lasl-devoile-les-resultats-de-letude-sur-le-climat-scolaire-dans

  • L’Assemblée impulse le #MeToo_scolaire
    https://blogs.mediapart.fr/francois-jarraud/blog/100425/lassemblee-impulse-le-metooscolaire

    Le principal apport de ses travaux c’est la mise en évidence de « la désorganisation des responsabilités et des acteurs », pour reprendre les propos du rapporteur P. Vannier (LFI). L’audition, le 31 mars, de l’état-major du ministère de l’#Education nationale a mis en évidence l’absence de pilotage du suivi des #violences des adultes dans les établissements. A la question de V. Spillebout (EPR), autre rapporteur, sur ce pilotage, répond un très long silence des hauts fonctionnaires. Si le chef du service défense et sécurité du ministère, Christophe Peyrel, est capable de chiffrer le nombre de violences mettant en cause des personnels remonté par le logiciel Fait établissement (1198 en 2023), personne n’est capable de dire ce qui en est fait ! Le directeur général des relations humaines, Boris Melmoux-Eude peut citer le nombre de sanctions communiqué à la Direction générale de la Fonction publique. Mais cela ne concerne que 204 cas (et non 1198) et exclusivement dans l’enseignement public. Il n’a aucune donnée pour le privé. Il n’y a pas plus de suivi du coté de la Justice. « On n’a pas la possibilité de s’assurer que tous les faits aient fait l’objet d’une suite adéquate », reconnait C. Peyrel. Le suivi des signalements est de la seule responsabilité des chefs d’établissement et des services académiques. Au ministère personne ne suit les dossiers du public. Et encore moins ceux du privé !

    [...]

    Ce que montre déjà la commission d’enquête c’est le caractère systémique de ces violences. Le système déconcentré de l’Education nationale n’assure aucun suivi des faits signalés. Il ne met aucun zèle à encourager les #enseignants et les agents à signaler. Bien au contraire, les syndicats enseignants, auditionnés le 3 avril, témoignent que des consignes sont données pour que les signalements passent par la voie hiérarchique. Comme l’explique un représentant FSU, cela crée un conflit de loyauté pour les enseignants s’ils passent outre. Les représentants de Sud et de FO signalent des enseignants sanctionnés pour avoir transmis des informations. Cela, alors que l’article 40 du Code de procédure pénal impose aux fonctionnaires de signaler. C’est aussi un problème budgétaire. Les personnels qui savent faire ces signalements ainsi que les Informations préoccupantes (#IP) sont de moins en moins nombreux dans les établissements : 2200 assistantes sociales, 7800 infirmières, 600 médecins scolaires pour 12 millions d’élèves. Les professeurs des écoles savent faire des IP mais on leur dit qu’il faut transmettre copie aux parents qu’ils croisent tous les jours à la sortie de l’école... Ils ne savent pas que des signalements peuvent être faits anonymement.

    [...]

    Le ministère arrive à être une organisation hyper hiérarchisée et centralisée mais inefficace pour un sujet qu’elle n’a pas considéré majeur.

    C’est le plus grave obstacle à venir. Les violences exercées sur des élèves, même quand elles durent des années, n’ont pas éveillé d’intérêt. Dans ce registre, il est inquiétant de voir que peu de députés assistent aux auditions de la commission d’enquête. Dans la plupart des réunions il n’y a que deux députés pour poser des questions.

    Pourtant c’est peut-être cela qui est en train de changer. Après des années d’omerta, les institutions scolaires privée et publique ont honte. Les rapporteurs témoignent des très nombreux messages qu’ils reçoivent de victimes. Les victimes se sentent entendues pour la première fois. « Elles ont le sentiment que pour la première fois il y a une reconnaissance », explique Paul Vannier. « Des fonctionnaires viennent nous remercier ».

    #enseignement_privé

    • « Défaillances » de l’Éducation nationale face à un enseignant prédateur : l’inspection générale fait l’autopsie d’un fiasco
      https://www.mediapart.fr/journal/france/220425/defaillances-de-l-education-nationale-face-un-enseignant-predateur-l-inspe

      De la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2020, cet enseignant brillant et charismatique a joué de son autorité et son emprise pour attirer de nombreux élèves chez lui, dont certains l’accusent aujourd’hui d’agressions sexuelles et de viols (voir nos révélations précédentes).

      Alors que des alertes relatives au comportement inadapté de cet agrégé ont commencé à remonter à l’administration dès l’été 2021, l’enseignant n’a été mis à l’arrêt qu’en septembre 2023, après qu’un ancien élève a déposé une plainte au pénal – une première suivie de huit autres.

      Pascal V. s’étant suicidé dans la foulée, ses victimes se retrouvent aujourd’hui privées de procès. Mais l’Éducation nationale, elle, n’en a pas fini avec cette affaire, puisque plusieurs anciens élèves ont décidé d’attaquer l’État pour « faute ». Or, d’après nos informations, l’enquête de l’IGÉSR pourrait leur donner du grain à moudre. À l’issue d’une quarantaine d’auditions, les deux autrices du rapport jugent en effet que l’institution a méconnu sa responsabilité administrative et disciplinaire.

  • Affaire de Bétharram : devant la commission d’enquête, le récit des pressions subies par la professeure qui a voulu briser l’omerta
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/26/affaire-de-betharram-devant-la-commission-d-enquete-le-recit-des-pressions-s

    Dès la « fin 1994 ou début 1995 », elle effectue des signalements : elle écrit à François Bayrou, alors ministre de l’éducation nationale et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, à qui elle dit avoir également parlé de vive voix quelque temps plus tard, elle fait un courrier au tribunal, se rend à la gendarmerie, s’adresse à la direction diocésaine, ainsi qu’au médecin de la protection maternelle et infantile.

    « De la torture et de la barbarie »

    « Le seul qui m’a répondu, c’est l’évêché », résume Françoise Gullung. Elle est « convoquée » par un responsable de la direction diocésaine qui lui dit « d’oublier tout ça si [elle] veu[t] rester dans l’enseignement catholique ». Parmi ses collègues enseignants, elle décrit le « silence ». Quant au rectorat, elle assure qu’il « ignore complètement » les enseignants du privé, pourtant salariés de l’#éducation_nationale. « On n’a aucun contact avec le rectorat sauf avec un service, celui de l’enseignement privé, une structure complètement close qui fonctionne en roue libre », assène l’ancienne professeure. Dans son récit, elle n’a mentionné aucune alerte aux autorités académiques.

    Puis arrive la fin d’année 1995. En guise de punition, un élève est envoyé plusieurs heures sur le perron de l’établissement, dehors, de nuit, en plein hiver. Après le tollé provoqué par le témoignage de l’élève, qui entraînera le dépôt d’une plainte par ses parents, elle raconte la venue de l’ancien directeur de Bétharram, le père Silviet-Carricart – qui sera accusé de viol en 1998 et se suicidera en 2000 : « Il a réuni tous les profs et nous a dit de ne pas parler (…) en nous disant qu’on risquait de faire fermer l’établissement et que s’ils savaient qu’on en parlait, on serait sanctionnés. »

    De son côté, elle a « considéré que c’était de la torture et de la barbarie ». Elle donne le numéro 119 pour l’#enfance en danger à ses collégiens et leur recommande de raconter à leur famille ce qu’ils subissent. « Je suis devenue immédiatement persona non grata », poursuit-elle. Le surveillant général, appuyé par le directeur Vincent Landel, la « somme » de demander une mutation, ce qu’elle refuse. Au printemps 1996, dans la cour, elle est victime d’une bousculade, qu’elle identifie alors comme une « agression », impliquant le surveillant général et un groupe d’élèves, qui lui provoque des fractures de la face. « Ensuite, dès que je traversais la cour, j’avais des lazzis, on a abîmé ma voiture, on me téléphonait chez moi avec des menaces », énumère-t-elle.

    https://archive.ph/aAF9g#selection-2119.4-2119.21

  • L’Éducation nationale signe pour au moins 74 millions d’euros de solutions et services #Microsoft

    Le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse vient d’attribuer le marché public qui vise à équiper ses services centraux et les établissements supérieurs en solutions Microsoft, des postes client aux datacenters. L’enveloppe prévisionnelle se monte à un minimum de 74 millions d’euros, en nette hausse par rapport au précédent contrat, alors même que le ministère vient d’enjoindre dans une nouvelle circulaire les établissements scolaires à exclure « toute utilisation de solution non souveraine dans le domaine de l’éducation ».

    Si la doctrine technique du numérique pour l’éducation prône l’utilisation prioritaire de solutions libres et souveraines, la rue de Grenelle est loin d’en avoir fini avec les logiciels américains. Le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse vient en effet d’attribuer un marché public, composé de trois lots, qui englobe la fourniture de solutions Microsoft, ainsi que l’ensemble des services d’accompagnement et de support technique associés.

    L’avis, publié le 14 mars dernier au Bulletin officiel, porte plus précisément sur la « concession de droits d’usage à titre non exclusif de diverses solutions de type Microsoft ou équivalent, de support, de gestion, de prestations, de formations et d’assistance technique associées ».

    Le marché couvre un périmètre important, puisqu’il doit répondre à la fois aux besoins des agents des services centraux ou déconcentrés du ministère de l’Éducation nationale, à ceux des établissements de formation et de recherche, mais aussi à ceux des agents des ministères de l’Enseignement supérieur et de la recherche, et des Sports et des jeux olympiques et paralympiques.

    Il prend la forme d’un accord-cadre qui ne prévoit qu’un montant maximum de dépenses, fixé à 152 millions d’euros hors-taxe, pour une durée maximale de quatre ans. Au sein de cette enveloppe, c’est le lot 1, consacré à la « fourniture de solutions MPSA, EES et CSP-NCE-Educ de Microsoft ou équivalent » qui constitue le plat de résistance, avec un budget indicatif estimé à 16 millions d’euros HT par an, dans la limite d’un plafond fixé à 130 millions d’euros sur quatre ans.

    (#paywall)
    https://next.ink/175788/leducation-nationale-signe-pour-100-millions-deuros-de-solutions-et-services-m
    #éducation_nationale #école #éducation #France #GAFAM #contrat #marché_public

  • À la recherche des profs perdus : la gauche néglige-t-elle l’école ?
    https://lvsl.fr/a-la-recherche-des-profs-perdus-la-gauche-neglige-t-elle-lecole

    Malgré les 12 millions d’élèves et les 866.000 enseignants que compte la France, la question de l’école reste peu abordée dans le débat public. Le livre de Mathieu Bosque, président du parti de François Ruffin, entend reprendre ce combat historique de la gauche. Si son analyse est pertinente, ses propositions restes vagues et incomplètes.

    #Société #école #éducation_nationale #enfants #Enseignement #enseignement_privé #professeur

  • Opération « Un livre pour les vacances » : le dessinateur Jul dénonce une censure de l’éducation nationale pour « La Belle et la Bête »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/19/operation-un-livre-pour-les-vacances-le-dessinateur-jul-denonce-une-censure-

    Mais voilà que, le 17 mars, alors que les épreuves relues et corrigées sont bouclées, la directrice générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), Caroline Pascal, choisit de suspendre l’impression de l’ouvrage. « Le produit ne permet pas une lecture en autonomie, à domicile, en famille et sans l’accompagnement des professeurs pour des élèves âgés de 10 à 11 ans. Les illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés », écrit à Jul la numéro deux du ministère, en poste depuis 2024. Mme Pascal cite en exemple les thématiques de « l’alcool », des « réseaux sociaux » et « des réalités sociales complexes », qu’elle ne développe pas davantage.

    « Je suis estomaqué », réagit, devant Le Monde, le dessinateur, qui revendique des dessins « tendres et malicieux ». « L’annulation la veille de l’impression de 900 000 exemplaires d’un classique jeunesse illustré, c’est sans précédent. Techniquement, c’est peut-être même la plus grosse affaire de censure jamais advenue dans l’édition en France ! » Agrégé d’histoire, à la fois dessinateur de presse et auteur de #BD, Jul (Julien Berjeaut de son vrai nom), 50 ans, plaide son parcours – « une cinquantaine de titres jeunesse, ado-adultes, adultes ; trente ans de dessins » – et son style – mélange d’humour et d’esthétique pop – hérité de Gotlib, René Goscinny ou Tomi Ungerer. C’est cette touche, dit-il, qu’a recherchée le ministère lors de la commande passée à l’été 2024 par la ministre de l’#éducation_nationale Nicole Belloubet, puis validée par sa successeure, Anne Genetet, en novembre 2024.

    https://archive.ph/IeW0e#selection-2303.0-2405.0

    #censure

    • La version de « La Belle et la Bête », commandée puis annulée par l’éducation nationale, n’est « pas adaptée » aux élèves de dix ans, juge Elisabeth Borne
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/20/la-version-de-la-belle-et-la-bete-commandee-puis-annulee-par-l-education-nat

      Une version modernisée mais jugée trop adulte du conte traditionnel a heurté l’éducation nationale, qui a annulé une commande de 800 000 livres illustrés destinés aux CM2. Son auteur, Jul, a dénoncé une « décision politique » de « censure ».

    • Jul, Julien Berjeaut, de son vrai nom, a déclaré mercredi y voir une « décision politique » de « censure » pour des « prétextes fallacieux ». « La seule explication semble à chercher dans le dégoût [du ministère] de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui », a-t-il affirmé. « Le “grand remplacement” des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé.

      (source : article du Monde, en accès libre, cité au commentaire précédent)

  • Affaire de Bétharram : trente ans d’inertie à l’éducation nationale
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/03/02/affaire-de-betharram-trente-ans-d-inertie-a-l-education-nationale_6572818_32

    Jean-Marc Monteil était à la tête du rectorat de Bordeaux, dont dépendent les Pyrénées-Atlantiques, de 1997 à 2000, durant les années du ministère de Claude Allègre, denses en réformes et en conflits avec le corps enseignant. De l’enseignement privé sous contrat dans le département, il a surtout entendu parler des écoles basques, les ikastola. « Je tenais une réunion régulière avec le préfet et les élus du Pays basque sur le sujet, se remémore M. Monteil. Mais de Bétharram, personne ne m’en a parlé. »

    [...]

    Parmi les centaines de rapports de l’inspection générale rédigés entre 1995 et 2000 et versés aux Archives nationales, aucun ne concerne Notre-Dame de Bétharram. Sur cette période, des enquêtes ont cependant été menées sur d’autres affaires de pédocriminalité en milieu scolaire. En 1998, un rapport a ainsi été consacré à l’école publique Chateaurenard, dans le Loiret, où le directeur avait été accusé d’agressions sexuelles sur mineurs.

    Transmission d’informations

    Après celle portée à la connaissance du ministre François Bayrou en 1996, une autre alerte est cependant bien remontée jusqu’à Paris dans les années 1990. Selon un document révélé par BFM-TV, le procureur général de Pau avait informé par deux fois la chancellerie, au mois de mai 1998, des faits dont était accusé le père Silviet-Carricart. Le religieux n’est plus à la tête de Bétharram depuis 1993, mais le procureur précise que le plaignant « a évoqué d’autres faits susceptibles d’avoir été commis par des enseignants, religieux, sur divers élèves ».

    En 1997-1998, l’enjeu des atteintes sexuelles sur les mineurs est au cœur de l’action de la ministre de la justice Elisabeth Guigou, qui prépare une loi et travaille avec son homologue de l’enseignement scolaire sur le sujet. « Le cas Bétharram m’a peut-être été signalé mais, si c’est le cas, je n’en ai aucun souvenir de cette époque », concède Elisabeth Guigou, rappelant que les remontées des procureurs généraux arrivaient par milliers à la chancellerie et passaient par le filtre de la direction des affaires criminelles et des grâces puis du cabinet, avant d’être éventuellement transmises à la ministre. Quant à la transmission des informations au ministère de l’éducation nationale, elle n’était pas systématique. « Il pouvait y avoir un certain délai, en raison du secret de l’instruction et surtout quand la personne n’était pas encore jugée et que prévalait la présomption d’innocence », explique Mme Guigou.

    La loi n’a été changée en la matière qu’après l’affaire dite « de Villefontaine » (Isère), en 2015. Un directeur d’école de la ville avait été mis en examen pour viols sur des élèves après avoir déjà été condamné en 2008 pour détention d’images pédopornographiques. L’éducation nationale l’ignorait. La loi du 14 avril 2016 a rendu obligatoire la transmission d’informations entre la justice et l’administration en cas de condamnation, voire de mise en cause, de personnes au contact des mineurs, notamment pour des infractions sexuelles.

    Ségolène Royal avait-elle été informée par la chancellerie des faits dénoncés à Notre-Dame de Bétharram ? L’ancienne ministre n’a pas répondu à nos sollicitations. « Les deux ministres ont passé beaucoup de temps sur le problème de la pédocriminalité à l’école et, si elles [avaient] eu des informations sur cet établissement, il n’y a aucune raison pour qu’elles ne les aient pas incluses dans leur travail », témoigne Jean Baubérot-Vincent, alors membre du cabinet de Mme Royal.

    A la même période, le 10 juin 1998, le chef d’établissement de Bétharram, le père Vincent Landel, faxe au secrétariat général de l’enseignement catholique un communiqué rédigé après la parution d’articles de presse annonçant la mise en examen du père Silviet-Carricart. Le texte, retrouvé par le secrétariat dans ses archives, ne donne aucun détail, évoquant seulement « la gravité des accusations » et la « stupeur provoquée ».
    Interrogée, l’instance ignore si le secrétaire général de l’époque, Pierre Daniel (1994-1999), ou celui qui a pris sa suite, Paul Malartre (1999-2007), en ont fait part aux autorités de l’éducation nationale, ou s’ils sont intervenus. Tous deux sont décédés. Leurs successeurs disent n’avoir rien su.

    Visite d’une journée

    Le diocèse de Bayonne pointe, lui, le « cas particulier » de Notre-Dame de Bétharram, dont la tutelle est assurée par la congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram et sur lequel le diocèse n’a « pas d’autorité ». Cette congrégation ne s’est pas exprimée depuis le début de l’affaire.

    La seule inspection de l’établissement par les services de l’éducation nationale reste donc celle de 1996. A l’issue d’une visite réalisée sur une journée, en présence de la directrice diocésaine, l’inspecteur régional confirmait des actes de violence contre un élève tout en blanchissant l’institution de brutalités systémiques. Il ciblait [ ?] également – sans l’avoir rencontrée – la professeure qui, à l’époque, multipliait les signalements pour dénoncer les violences dont étaient victimes les élèves. L’auteur du rapport a reconnu auprès de nos confrères de Radio France qu’il n’avait « pas cherché à savoir ce qui se passait dans les dortoirs ou dans des lieux de rencontre des élèves ».

    La teneur et les conditions de rédaction de ce rapport ont interpellé de nombreux connaisseurs de l’éducation nationale, qui rappellent cependant le contexte. « Pendant longtemps, il n’y a pas vraiment eu de protocole pour cadrer les inspections, dans le public comme dans le privé, souligne un inspecteur général qui ne souhaite pas être cité. Et si les parents se montaient contre nous, on pouvait très vite être en difficulté. »

    En 1996, les faits de viols n’ont pas encore été dénoncés et l’ensemble de la communauté éducative a pris la défense de l’établissement, véritable institution du Sud-Ouest. Le père à l’origine de la plainte ayant déclenché l’affaire doit même démissionner de l’association des parents d’élèves et s’excuser. « Dans ces établissements d’excellente réputation scolaire, les parents acceptent un règlement intérieur très dur, qui leur semble être le prix de l’excellence. Sauf que cela pousse tout le monde à détourner la tête en cas de problèmes », poursuit le même inspecteur.

    Contrôles marginaux

    Reste que la loi prévoit explicitement que l’Etat, qui finance majoritairement les établissements privés sous contrat, doit régulièrement réaliser des contrôles financiers, pédagogiques et administratifs. Et ce indépendamment de tout signalement. Dans un rapport de 2023, la Cour des comptes dénonçait toutefois d’importantes carences de l’Etat en la matière, les contrôles étant marginaux et « minimalistes ».

    « Le privé a toujours été un sujet politiquement sensible à l’éducation nationale, et l’idée s’est installée que “moins on s’en mêle, mieux ça vaut” », résume Bernard Toulemonde. Dans les années 1990, cette frilosité était plus patente encore qu’aujourd’hui. Un ancien recteur admet ainsi qu’il ne lui « serait pas venu à l’idée d’aller faire une visite, même de courtoisie, dans un établissement privé comme Bétharram sans y être invité ».

    « On marchait sur des œufs, 1984 n’était pas si loin », rappelle Christian Forestier, faisant référence au projet de « loi Savary » qui a déclenché au printemps 1984 d’immenses manifestations pour la défense de l’« école libre ». Ce haut fonctionnaire, qui a assumé plusieurs postes de direction Rue de Grenelle et a été plusieurs fois recteur dans les années 1980 et 1990, le dit sans ambages : « De mon temps, on ne s’occupait pas du privé. »

    D’autant moins lorsqu’il s’agit d’intervenir sur des aspects de la vie des établissements qui touchent au « caractère propre », ou sur des personnels qui ne sont pas employés par l’éducation nationale, comme ceux de la vie scolaire ou les directeurs. « Les inspecteurs allaient dans le privé pour noter les enseignants. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu une seule fois une commande d’inspection de vie scolaire », ajoute-t-il.

    « Cela n’explique pas tout concernant Bétharram, mais cette affaire peut nous conduire à nous interroger : comment a-t-on laissé s’installer en France un système éducatif parallèle, avec des règles qui lui sont propres, mais financé par de l’argent public, tout en le contrôlant très peu ? », questionne Jean-Paul Delahaye.
    En juin 2024, le ministère de l’éducation nationale a pris une circulaire demandant aux recteurs de renforcer les contrôles. L’objectif est d’intervenir dans 40 % des établissements privés sous contrat d’ici à 2027. Il a cependant fallu attendre la mi-février 2025 pour que, face à la pression médiatique et politique, la Rue de Grenelle annonce un contrôle du rectorat à Notre-Dame de Bétharram, le 17 mars. Près de trois décennies après la première alerte grave, et plus d’un an après que des témoignages ont commencé à affluer par dizaines. L’inspection générale n’est toujours pas saisie par la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne.

    #école #école_privée #éducation_nationale

  • Pour raisons budgétaires, des enseignants contractuels non reconduits et des classes sans remplaçant
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/12/faute-de-budget-des-enseignants-contractuels-non-reconduits-et-des-classes-l

    Parmi les témoignages recueillis par Le Monde, certains contractuels ont appris la rupture de leur contrat par l’impossibilité soudaine, alors qu’ils étaient dans leur établissement, d’accéder à leurs outils numériques.

    https://justpaste.it/gsnun

    Savoir que les outils numériques en question sont pas à eux. Pronote, il y a tout dedans : horaires, liste, notes et bulletins des élèves, messagerie sur la vie scolaire etc.

    Bon, à part ça, c’est pas parce que c’est mieux payé que bien des titulaires que ça doit être cool pour autant, hein, non mais !

    #éducation_nationale #école #profs #vacataires #précarisation

    • Juste une question car cela a déjà dû être évoqué mais j’ai la flemme de chercher : ces personnels précaires de l’éducation nationale bénéficient-ils désormais de l’assurance chômage ? Non parce que « dans le temps » (des emplois-jeunes), cette grande administration ne cotisait pas aux ASSEDIC.

    • Il me semble que cela varie selon les rectorats.
      L’employeur public et le chômage
      https://www.cdg45.fr/wp-content/uploads/2022/07/Etude-Lemployeur-public-et-le-chomage-2.pdf

      .... la particularité du secteur public conduit l’employeur à devoir assurer lui-même l’indemnisation de ses agents. Les employeurs publics ne sont pas soumis à l’obligation de s’affilier au régime d’Assurance chômage géré par l’UNEDIC. C’est le principe de l’auto-assurance. L’employeur assure lui-même la gestion et le financement de l’indemnisation du chômage de ses agents. Il ne verse aucune contribution patronale pour le risque chômage.
      Cependant, pour faciliter la gestion des demandes d’indemnisation de leurs anciens agents contractuels l’employeur public peut demander à France travail de gérer pour son compte les dossiers de ses anciens agents, en signant une convention de gestion.

      Vu l’opacité des RH, ça peut être la croix et la bannière pour (connaitre et) faire valoir ses droits.

  • Nouveaux programmes en mathématiques et français pour les cycles 1 et 2. Les textes sont parus, et on n’est pas déçu…
    https://cafepedagogique.net/2024/11/04/nouveaux-programmes-en-mathematiques-et-francais-pour-les-cycles-1-

    Le 31 octobre 2024, le BO publie un étrange objet : la refonte des composantes « français » et « mathématiques » des programmes de cycle 1 (école maternelle) et 2 (CP au CE2) de l’école primaire, qui a vocation à « remplacer les parties relatives à l’enseignement du langage et des outils mathématiques de l’annexe de l’arrêté du 18 février 2015 ».

    Premier étonnement : dans quel ensemble ces parties s’insèrent-elles ? Les programmes de 2015 comprenaient pour chaque cycle de grands principes et des domaines ayant fait l’objet de larges consultations au sein de la communauté scientifique et éducative. Quid de leur persistance ? En prenant connaissance des quelque 88 pages qui composent le contenu publié la semaine dernière, on peut craindre que la cohérence des programmes aille rapidement s’effacer derrière l’inflation de prescriptions contenues dans ces parties dévolues aux apprentissages « fondamentaux ».

    La valse des programmes

    Avant de tenter d’en dégager quelques grandes lignes, rappelons le cadre : les « programmes », qui sont les textes officiels de rang le plus élevé, surplombant les décrets, circulaires et autres « guides », sont soumis depuis quelques décennies à une accélération vertigineuse, qui laisse de plus en plus de professionnels désemparés, y compris les cadres. Là où les programmes, durant le XXe siècle, duraient plus de 25 ans, le rythme du changement s’est emballé au XXIe : 2002, 2007, 2008, 2015, 2018, 2020 et désormais 2025, avec entre temps une avalanche de « livrets » et de « guides » dont la prescription peine à démêler la primauté et la durée de validité.

    #éducation_nationale

  • Sous Macron, près de 300 #modifications du #Code_de_l’éducation

    Le nombre de changements dans les textes régissant l’Education a très fortement augmenté depuis 2017, créant une situation de plus en plus stressante pour les enseignants.

    Le chercheur Julien Gossa, maître de conférences au laboratoire Sage (Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe) de l’université de Strasbourg, a analysé à partir de la base LEGI, qui répertorie les différents changements de version, les modifications apportées au code de l’Education depuis 2008. Il s’agit ici de quantifier le nombre de modifications apportés aux textes régissant l’Education nationale Une modification peut être mineure et ne remanier qu’à la marge, ou majeure, comme l’ont été les réformes du collège, du lycée ou de la formation des enseignants.

    Mais les enseignants sont soumis à un va-et-vient constant du fait de cet enchaînement de réformes des programmes et de l’organisation scolaire, et nombre d’entre eux réclament à présent un ralentissement du rythme.

    https://www.liberation.fr/societe/education/sous-macron-pres-de-300-modifications-du-code-de-leducation-20241007_FDXC
    #macronisme #réformes #instabilité #incertitude #changements #éducation_nationale #France #stress #visualisation #infographie

  • Une DRH à l’éducation nationale. Anne Genetet, est l’autrice de « Comment choisir une employée de maison ? », depuis son expérience d’expatriée. Elle une expérience de la formation puisqu’à Singapour elle organisait des cours de cuisine pour employées de maison.

    [Elle déclarait] devant la Commission de la défense de l’Assemblée nationale (le choix d’une commission parlementaire n’est jamais neutre…) le 14 mai dernier : « … le principal défi réside dans le fait que l’esprit de défense n’est pas inné. Il doit être cultivé en chaque citoyen, dès le plus jeune âge, pour permettre la défense de la nation par elle-même. » Poursuivant sur la JDC : « … il s’agit de mettre en œuvre la souffrance, la discipline et les rites ; cela pourrait inspirer notre jeunesse. »

    https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/220924/l-ideal-educatif-de-genetet-la-souffrance-la-discipline-les-rites

    Le choix de l’élue de 61 ans, connue à l’Assemblée nationale pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a tout pour surprendre. Médecin de formation et diplômée en « journalisme médical et communication », elle a exercé les deux professions avant de devenir #consultante à Singapour, où elle a vécu plusieurs années à partir de 2005. Elle a également été bénévole pour plusieurs ONG travaillant auprès des employés de maison, et a fondé une entreprise de conseil en relations employeur-employée de maison pour des familles expatriées occidentales. Députée depuis 2017, elle a été membre de la commission des affaires étrangères au Palais-Bourbon durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, puis de la commission de la défense entre 2022 et juillet 2024.
    Mis à part un rapport sur la proposition de loi visant à faire évoluer la gouvernance de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, Anne Genetet n’a jamais travaillé sur les enjeux scolaires, et n’est pas connue pour ses positions publiques sur le sujet.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/21/avec-anne-genetet-et-alexandre-portier-l-education-nationale-partagee-entre-

    Oui, et bien que les bien-pensants du Monde ne le comprennent pas, des expats peuvent contribuer, en France métropolitaine, à la nécessaire reconquête !

    #école #éducation_nationale #DRH #autoritarisme #domestiques (profs, tenez-vous bien ! élèves, préparez-vous à servir) #tapée #racisme

  • Quel est l’effet du « jour de carence » sur les absences pour #maladie des personnels de l’Éducation nationale ?

    Depuis janvier 2018, le premier jour de congé de maladie ordinaire n’est plus indemnisé dans la fonction publique française, une mesure déjà appliquée de janvier 2012 à décembre 2013. Dans le secteur de l’Éducation nationale, qui représente environ 16 % des agents de la #fonction_publique, cette mesure a entraîné en moyenne une diminution de 23 % de la fréquence des absences, et de 5 % du nombre cumulé de jours d’absence pour maladie ordinaire. Cet effet est principalement observé pour les absences de courte durée (moins de sept jours), et n’est pas significatif pour celles de plus de trois mois. Bien que leurs absences aient davantage diminué, les #femmes et les personnes travaillant dans le réseau d’éducation prioritaire continuent de s’absenter plus fréquemment lorsque le jour de carence est appliqué, ce qui les pénalise financièrement. Les données disponibles ne permettent pas de conclure à une baisse des éventuels recours abusifs aux arrêts, puisque cette mesure peut inciter les personnes malades à se rendre au travail. L’impact du jour de carence sur la réussite scolaire des élèves n’a pas été examiné.

    https://www.insee.fr/fr/statistiques/8198911
    #jour_de_carence #carence #travail #éducation_nationale #effets #indemnisation #arrêt_maladie

  • « Il n’y a rien à attendre du corps enseignant » - Frustration Magazine
    https://www.frustrationmagazine.fr/corps-enseignant

    Prendre conscience que l’on n’est qu’un rouage dans cette grande machine à reproduction sociale constitue à mon sens un préalable pour questionner le rapport de l’enseignant aux élèves et à l’institution. Déconstruire l’idée rassurante selon laquelle nous serions au service de la réussite des élèves. Cesser de penser l’école comme un “sanctuaire”, c’est-à-dire comme un espace évoluant en dehors du régime capitaliste. Ne plus se leurrer quant à l’idée que les élèves sont triés en fonction de leur aptitude à se montrer dociles et maîtrisant les codes de la culture dominante. C’est ici qu’intervient la question de la laïcité, pensée comme le mode opératoire central de l’autorité.

    #éducation_nationale #reproduction_sociale #ségrégation #mépris_de_classe #corps_enseignant

    • À cela s’ajoutent les injonctions contradictoires que doivent subir ces adolescent-e-s. On leur martèle au quotidien l’idée que la liberté d’expression est sacrée lorsque dans le même temps tout propos non conforme à ce qu’attend l’institution est signalé à la direction et/ou au procureur. Dans mon collège, des enfants se sont ainsi retrouvés avec leurs parents au commissariat après des paroles formulées en classe. Ce qu’ont compris ces élèves, c’est que la laïcité sert de paravent à l’islamophobie de l’Etat et du service public de l’éducation. Dans le même temps, rien d’étonnant de constater qu’ils ont intériorisé une vision punitive et répressive de la laïcité. La novlangue de l’institution cache mal la fonction première de la laïcité, consistant à racialiser les problèmes sociaux et donc à appréhender ces élèves à partir de leur condition de racisés.

    • le “syndrome du bon élève” que j’ai pu observer chez une majorité d’enseignants : n’étant jamais sorti du système éducatif, ces derniers rejouent ce qu’ils ont vécu comme élève, en intériorisant les normes à respecter et en faisant ce qu’on attend d’eux. Beaucoup de profs ont donc des dispositions innées au conformisme et/ou à l’indifférence, tout en se vautrant dans le fatalisme et l’apitoiement. C’est, à mon sens, ce qui explique la dépolitisation d’une partie du corps enseignant et son incapacité à se mobiliser massivement. C’est ce qui explique aussi que la nature anti-démocratique des instances scolaires ne soit pas questionnée.

      j’ai lu ailleurs : 25% des profs ont voté LePen. ?!?

    • L’élève est libre d’exprimer son opposition à l’ordre dissident et il lui est interdit d’afficher son opposition à l’ordre dominant.

      Son éducation consiste à lui laver le cerveau pour qu’il réagisse instinctivement de cette manière.

    • j’ai lu ailleurs : 25% des profs ont voté LePen

      Pas surprenant : déjà en 2002, il m’avait été rapporté que certains « collègues » avaient voté Le Pen (père). Je ne connais pas le pourcentage national mais ces gens-là étaient en poste sur des ZEP (zones d’éducation prioritaire).

    • Mais ce positionnement de gauche [des votes des enseignants du public] est désormais de 50% environ si l’on intègre le vote pour les candidats d’extrêmegauche. La majorité des enseignants du public (52%) ont voté pour le centre-droit ou la droite en y incluant les 20% d’entre eux qui ont voté pour les candidats de la droite radicale [MLP+EZ+NDA], ce qui paraît peu par rapport aux 47% que cette droite réunit chez les policiers et militaires mais ce qui témoigne d’une évolution profonde du milieu enseignant qui, jusque-là, était resté un bastion de lutte contre l’extrême-droite.

      https://sciencespo.hal.science/hal-03790691

  • Soutien des #personnels de l’#Enseignement_supérieur à la #grève dans l’éducation de #Seine-Saint-Denis | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/260324/soutien-des-personnels-de-l-enseignement-superieur-la-greve-dans-l-e

    Soutien des personnels de l’Enseignement supérieur à la grève dans l’éducation de Seine-Saint-Denis
    Depuis cinq semaines, les personnels de l’#Éducation_nationale de Seine-Saint-Denis (93) sont en grève, dans le cadre d’un mouvement intersyndical et appuyés par les parents d’élèves, notamment pour obtenir un plan d’urgence pour les établissements scolaires de leur département. Un #collectif de personnels de l’enseignement supérieur leur apporte un « soutien sans réserve ».

  • Val-de-Marne : de violents heurts éclatent en marge d’une manifestation lycéenne à Cachan
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/val-de-marne-de-violents-heurts-eclatent-en-marge-d-une-manifestation-l

    Une manifestation de #lycéens a dégénéré aux abords du lycée Gustave-Eiffel à Cachan (Val-de-Marne) dans la matinée du mardi 5 mars. Des individus, certains cagoulés, s’en sont pris au mobilier urbain et ont commis des dégradations, notamment sur des véhicules municipaux. (...) Sur une vidéo relayée par le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, un groupe de jeunes s’en prend à des véhicules. L’intervention des forces de l’ordre a permis le retour au calme, salué par la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, lors d’un déplacement au lycée Maurice-Ravel à Paris. 
    [...]

    Un #lycée connu pour ses problèmes d’insalubrité

    Les raisons de ces débordements sont pour le moment inconnues. L’établissement est connu pour ses problèmes d’insalubrité. A la fin du mois de février, une partie des professeurs et des membres de la communauté éducative avaient exercé leur droit de retrait pour demander des rénovations. Les élus locaux de « tous bords politiques » avaient, eux aussi, exprimé leur soutien. 
    "Il pleut dans les salles de cours et dans les couloirs", confiait alors à France 3 une enseignante excédée par la situation. Elle dépeignait un lycée de près de 2 500 élèves meurtri par sa vétusté. Alarmes et sonneries défaillantes, lignes téléphoniques coupées, infiltrations d’eau et plafonds qui s’effondrent… et une présence de rats. La liste est longue. "Quand il pleut fortement, nous sommes obligés d’utiliser les poubelles de recyclage du papier" pour recueillir l’eau, expliquait cette enseignante.

    edit

    Les casseurs s’étaient levés tôt.

    https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/cachan-attroupement-de-casseurs-jets-de-cocktails-molotov-violentes-echau

    des rats qui déambulent dans les couloirs mais aussi un manque de professeurs

    https://rmc.bfmtv.com/actualites/police-justice/faits-divers/cachan-des-scenes-de-tension-devant-un-lycee-une-personne-interpellee_AV-

    #éducation_nationale #blocus #police

  • Violences envers les salariés de l’Education nationale : combien de victimes ? (12) « Pas de Vagues » / Un film de Teddy LUSSI-MODESTE avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE (1) Passer à côté de l’essentiel ? – Mais faites taire ce p’tit prof, bon sang !
    https://faitestairecepetitprofbonsang.wordpress.com/2024/02/15/violences-envers-les-salaries-de-leducation-nationale-combien-de-victimes-12-pas-de-vagues-teddy-lussi-modeste-avec-francois-civil-et-shain-boumedine

    Que vaut vraiment le film Pas de Vagues de Teddy LUSSI-MODESTE, avec François CIVIL et Shaïn BOUMEDINE, qui sortira le 27 mars sur les écrans de cinéma ? Pour le moment on l’ignore. Mais 57 ans après la prestation de Jacques BREL dans Les Risques du Métier d’André CAYATTE, cette fiction dramatique inspirée de faits réels devrait contribuer à populariser l’expression « pas de vagues ».

    #PasdeVague (ou #PasdeVagues), est cette formule issue du vaste mouvement de libération de la parole initié par les enseignants en octobre 2018 sur le réseau social X, qu’on appelait alors encore Twitter.

    Libération de la parole face aux violences du quotidien, et surtout face aux Omertas, ces très violentes « lois du silence » entretenues par le personnel de direction comme par le personnel d’encadrement de l’institution scolaire, à chaque strate de la pyramique hiérarchique.

    #éducation_nationale #omerta #harcèlement #mobbing #cheffaillons #zoubinard

  • VRAI OU FAUX. Nicole Belloubet a-t-elle envisagé la « suppression du ministère de l’Education nationale » ?
    https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/vrai-ou-faux-nicole-belloubet-a-t-elle-envisage-la-suppression-du-minis


    Nicole Belloubet, nommée ministre de l’Education après un remaniement ministériel, le 8 février 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

    Cette expression provient du titre d’un article sur la décentralisation du système scolaire français, rédigé par la nouvelle ministre en 2016. Un titre provocateur que l’ancienne rectrice d’académie assumait à l’époque.
    Article rédigé par Linh-Lan Dao
    France Télévisions
    Publié le 12/02/2024 06:13

    La nouvelle patrone de l’Education nationale n’a pas l’habitude de mâcher ses mots sur l’institution. En 2016, l’ancienne rectrice d’académie, a publié un article dans la revue universitaire Après-demain, intitulé « Supprimer le ministère de l’Éducation nationale ? ». Un titre qu’elle temporise aussitôt dans l’article : « À l’évidence il s’agit d’une provocation, mais une provocation source de réflexion ! » En effet, dans cet article, il n’est pas tant question pour l’auteure de démanteler un ministère, dont elle rappelle l’importance, que de décentraliser le système éducatif français.

    Succédant à une Amélie Oudéa-Castera sur la sellette, Nicole Belloubet a assuré jeudi 8 février qu’elle « poursuivait la mise en oeuvre » des mesures annoncées par Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Port de l’uniforme, harcèlement scolaire, groupes de niveaux... Nombreux sont les dossiers brûlants qui attendent la nouvelle ministre. Toutefois, l’ex-Garde des Sceaux, issue du sérail socialiste, n’a pas toujours été alignée sur la politique éducative actuelle de l’exécutif. Comment entendait-elle, il y a sept ans, réformer l’Education nationale ? Franceinfo revient sur ses prises de position.
    « Des fariboles sur le port de la blouse »

    Quand elle a publié son article sur la « suppression du ministère de l’Education nationale », Nicole Belloubet était alors membre du Conseil constitutionnel. Avant cela, son parcours était étroitement lié au système éducatif français : docteure en droit public, professeure des universités puis rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005. Dans son article, elle rappelle la mission des instituteurs et celle de l’autorité ministérielle, qui en « garantit la cohérence, réalise les indispensables péréquations pour conquérir plus d’égalité, labellise les diplômes, leur qualité et leur valeur d’insertion sociale, en particulier ».

    Tandis qu’elle plaidait pour « la prise en compte des besoins spécifiques des élèves », l’ancienne rectrice critiquait d’un autre côté les « fariboles sur la restauration de l’autorité ou le port de la blouse ». Une expérimentation à grande échelle de l’uniforme avait été annoncée par Gabriel Attal en décembre dernier. Interrogé sur Nicole Belloubet, le Premier ministre a déclaré jeudi soir sur France 2 qu’"on peut avoir pris des positions par le passé et avoir évolué" assurant que ses ministres sont « totalement alignés » sur ses positions. Vendredi, à son arrivée au ministère, Nicole Belloubet a pris soin d’évoquer « les valeurs de respect et d’autorité ».
    Une « décentralisation » du système éducatif français

    Plus de local, moins d’Etat. Pour Nicole Belloubet, « le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle », a-t-elle estimé dans son article de 2016, aux allures de feuille de route ministérielle. A savoir, une gestion des établissements scolaires plus locale, assurée par les collectivités territoriales, visant plus de mixité sociale et une réduction des inégalités scolaires.

    Côté ressources humaines, l’ancienne rectrice a réclamé une plus grande autonomie des établissements scolaires dans le recrutement des enseignants. « Même s’il faut un pouvoir régulateur de niveau supérieur, c’est le chef d’établissement qui est le garant de l’unité et de la réussite de son équipe. Faut-il aller plus loin ? », a-t-elle interrogé. Nicole Belloubet voulait aussi confier aux régions le pilotage des filières agricoles et professionnelles. « Cela fait des années que l’État tente sans grand succès de revaloriser un enseignement professionnel dont l’image reste toujours aussi dégradée, alors même qu’il attire un nombre important de jeunes », a-t-elle justifié.

    Pour étayer son propos, l’ancienne sage n’a pas hésité à évoquer l’exemple des 35 autres pays membres de l’OCDE, où pour la majorité, « la gestion unique par l’État devient une exception, de même que la conception centralisée et détaillée des programmes scolaires », relève-t-elle. Sans tout à fait remettre cet Etat en question, puisqu’elle a soutenu que « le soutien concret » aux établissement scolaires « émane des concours tant de l’État que des collectivités locales ».

    Pas de « suppression du ministère de l’Education nationale » à l’ordre du jour, donc. Mais en 2024, la décentralisation du système scolaire français fait-elle partie des futurs chantiers de la ministre ? Sollicité par franceinfo, le cabinet du ministère de l’Education nationale n’a pas répondu à notre demande.

  • Julien Grenet : « L’école privée sera majoritaire à Paris dans dix ans »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070224/julien-grenet-l-ecole-privee-sera-majoritaire-paris-dans-dix-ans

    Il n’y a pas une augmentation du nombre d’élèves inscrits dans le privé, c’est davantage lié à la baisse démographique très forte, amorcée depuis 2010, que connaît la capitale. Entre 2010 et 2023, on est passé de 30 000 à 20 000 naissances par an à Paris. Cette très forte baisse se répercute déjà dans le nombre d’élèves inscrits dans les écoles, avec un peu de décalage sur l’entrée en sixième. Et cette baisse se répercute quasi intégralement sur l’enseignement public. Le privé parvient, lui, à maintenir ses effectifs.

    Combien d’élèves le privé à Paris scolarise-t-il aujourd’hui par rapport au public ?

    En pourcentage, Paris est déjà à un taux de privé sous contrat très élevé. Cela s’accentue encore depuis 2023 : la part du privé en élémentaire, c’est 27 %, au collège, 37 % et dans les lycées, 40 %. On est très loin de la répartition d’usage, qui tourne autour de 80 % pour le public et 20 % pour le privé. Le taux d’élèves scolarisés à Paris est deux fois plus élevé que la moyenne en France.

    Pendant longtemps, tout cela était stable, mais la tendance est à une augmentation très forte si l’on regarde l’entrée en CP et en sixième. En sixième, la part augmente d’un point par an. En 2020, on était à 35 %, trois ans plus tard, presque à 39 %. Chaque année, cela augmente au même rythme.

    Et dans dix ans ?

    Ce taux va continuer à augmenter si l’on ne décide pas de fermer des classes dans le privé. Dans le scénario, réaliste, qui est celui d’un maintien des effectifs du public, on sera en 2034 à 51 % d’élèves scolarisés au collège dans le privé. Le privé sous contrat deviendrait donc majoritaire. Pourquoi c’est un problème ? La conséquence d’un tel laisser-faire se traduirait par un niveau insupportable de ségrégation sociale dans le système scolaire parisien.

    Car le privé ne recrute pas n’importe quel type d’élèves…

    S’il maintient ses effectifs en période de baisse démographique, c’est qu’il y a plus de demandes que de places. La baisse démographique permet d’avoir un accès encore plus facile au privé, et d’aller encore moins dans le public. Aujourd’hui, 55 % des familles scolaires les plus favorisées font le choix du privé. Le cap a été franchi cette année. Dans dix ans, on sera à 76 %. Seuls 6% des enfants d’ouvriers ou dont les parents sont sans activité professionnelle seront inscrits dans le privé*. On peut vraiment parler d’une école à deux vitesses.

    Vous avez présenté ces travaux aux élu·es parisien·nes à l’hôtel de ville. Quelle a été leur réaction et quels sont les leviers disponibles, selon vous ?

    Il y a toujours une forme de fatalisme, mais qui tend à diminuer. On peut et on doit faire quelque chose : le premier levier, c’est cette règle du 80-20 dans l’allocation des postes enseignants. Le ministère doit réduire le nombre de postes attribués dans le privé dans l’académie de Paris, c’est une nécessité. À la rentrée 2023, rien ne s’est passé, on a maintenu le même nombre d’élèves que l’an passé, alors qu’on ferme des classes dans le public. Cette demande doit être formulée par le rectorat et par la ville. Avec 30 % d’élèves en moins au total en raison de la baisse démographique, il faut des fermetures de classes, c’est incontournable, mais pourquoi seul le public est-il concerné ?

    Le deuxième levier, c’est le contrôle : il me semblerait parfaitement légitime que soit mise en place une plateforme obligatoire pour recenser les inscriptions dans l’enseignement privé. Pas pour réguler, pas encore, mais au moins pour savoir qui candidate et qui est retenu. L’article 1 de la loi Debré est parfaitement clair : l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’État, et tous les enfants sans distinction d’origine, de croyance, ou sociale doivent y avoir accès.

    Qui le vérifie aujourd’hui ? Si l’enseignement privé n’accueille que 3 % des élèves les moins favorisés, est-ce parce que 3 % seulement postulent ou parce que les autres sont recalés ? Ce serait un outil très puissant pour ensuite négocier fermement avec le secteur sous contrat. Cela éviterait les questionnaires d’entrée délirants comme à Stanislas, où l’on demande aux familles si les enfants sont baptisés ou ont fait leur communion...

    Il faut aussi un contrôle pédagogique et financier accru, ce que demande la Cour des comptes, et moduler les financements publics en fonction de critères sociaux. La Haute-Garonne l’a fait, même si ce n’est que sur le forfait éducatif, une toute petite part du financement. Paris a voté un vœu en ce sens, il faut passer aux actes.

    On pourrait vous opposer qu’en le rendant encore plus accessible, on va jeter encore plus de monde dans les bras du privé, même si c’est à des fins, louables, de mixité sociale.

    Oui, j’ai bien conscience que cela comporte des risques. Mais si l’on regarde froidement les chiffres, on est déjà dans un système de ségrégation. Soit on prend acte et on contrôle mieux la part de l’enseignement privé, en essayant de faire en sorte qu’il prenne sa part socialement, soit on choisit le statu quo.

    Bien sûr, on peut ensuite aller plus loin et mettre fin à cette exception très française qui octroie plus de 76 % de son financement à un système scolaire tout en le laissant maître de son recrutement. Il faudra à terme des critères et des quotas.

    • A Paris, la perspective d’un enseignement privé majoritaire à l’entrée au collège, source de nouvelles tensions politiques
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/04/a-paris-la-perspective-d-un-enseignement-prive-majoritaire-a-l-entree-au-col

      Le bouleversement des équilibres entre public et privé tient surtout à la baisse démographique considérable que connaît la capitale et qui, faute d’action ministérielle jusqu’à présent, n’affecte pas le privé et le public dans les mêmes proportions. En 2023, 21 700 naissances ont été enregistrées à Paris, soit 10 000 de moins qu’en 2010. Cette diminution se répercute quelques années plus tard dans les établissements scolaires et est essentiellement absorbée par l’enseignement public.

      Les écoles publiques parisiennes ont ainsi connu une chute de près d’un quart de leurs effectifs de CP depuis 2016, quand ceux des écoles privées sous contrat n’ont baissé que de 4,5 %. Le choc démographique atteint désormais le collège et se traduit par une diminution de 13 % du nombre d’élèves entrant en 6e dans le public depuis 2020, mais il n’a pour l’heure presque aucune incidence sur le nombre d’élèves scolarisés dans le privé. Même si ce dernier n’augmente pas, le poids du privé s’alourdit ainsi mécaniquement.

      [...]

      Comme pour le public, c’est en effet au ministère de l’éducation nationale d’attribuer les postes d’enseignants pour le privé et de décider des ouvertures et des fermetures de classes. Au niveau national, la Rue de Grenelle attribue les moyens en fonction de la proportion d’élèves dans chaque système (20 % des moyens du public attribué au privé). Mais, « à l’échelle d’une académie, il n’y a pas nécessairement de symétrie entre les évolutions de moyens du privé et du public », reconnaît la direction des affaires financières, qui gère les moyens de l’enseignement privé. En 2023, le ministère a ainsi décidé de 337 suppressions de postes d’enseignants dans le public, mais seulement 17 dans le privé.

      « Pour maintenir les équilibres actuels, il faut une action extrêmement volontariste : pour deux classes fermées dans le public, une classe fermée dans le privé », affirme Julien Grenet, pour qui ces projections posent à nouveau l’enjeu de « la régulation d’un secteur subventionné aux trois quarts par l’argent public ». Selon les scénarios qu’il a établis, pour maintenir le statu quo, avec un peu moins de 40 % des élèves de 6e scolarisés dans le privé dans la capitale dans dix ans, il faudrait fermer des classes du privé sous contrat à un rythme de 2,6 % par an.

  • Désavoué par Amélie Oudéa-Castéra dans sa réforme des classes prépa, le recteur de Paris démissionne | Actu Paris
    https://actu.fr/ile-de-france/paris_75056/desavoue-par-amelie-oudea-castera-dans-sa-reforme-des-classes-prepa-le-recteur-

    « La reproduction sociale caractérise encore beaucoup trop notre système éducatif. Paris en est un exemple, certains diront un miroir grossissant. » Ces termes, forts, ne sont pas de Pierre Bourdieu, mais bien de Christophe Kerrero. Le recteur de l’académie de Paris vient d’annoncer sa démission dans une lettre adressée aux personnels enseignants de l’académie de Paris. Une crise de plus à gérer pour la ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra.

    • Le recteur avait averti à l’automne 2023 de la fermeture de quatre #classes_préparatoires et l’ouverture de trois autres à la rentrée 2024, mais un moratoire sur ces fermetures a été annoncé au Conseil supérieur de l’éducation du 31 janvier par Amélie Oudéa-Castéra, sans que Christophe Kerrero en ait été informé. Le sujet était arbitré « en faveur » du recteur il y a plusieurs semaines. « Cela était clos et entendu avec Matignon. Le recteur de Paris a découvert la décision de la ministre via les réseaux sociaux des syndicats », assure-t-on dans son entourage.

      Dans son long courrier, le recteur semble regretter le choix de surseoir à cette évolution de la carte des formations parisiennes. Il revient sur le projet de prépa au concours de professeur des écoles, en évoquant un dispositif destiné à « aller chercher des bacheliers pour qui l’enseignement constitue une voie de promotion sociale et pour former des professeurs dont nous manquons cruellement ». Il assume également d’avoir choisi « pour cela [de] fermer, en effet, quelques classes au sein d’une carte parisienne dont l’offre dépasse largement les besoins ».

      Le recteur évoque également le grand chantier de ces dernières années : mettre fin aux « #lycées_de_niveau » et aux ghettos scolaires qui se renforçaient jusqu’alors dans les lycées publics parisiens. Pour réussir ce pari, le recteur d’académie avait lancé dès l’hiver 2020-2021 une réforme de la plate-forme d’Affectation des lycéens par le Net (Affelnet), entrée en application en 2008 et utilisée partout en France pour répartir les élèves de 3e dans les lycées – avec un paramétrage différent pour Paris.

      A l’issue de cette réforme, « en l’espace de deux ans, la ségrégation sociale des lycées publics de la capitale, qui était supérieure de 15 % à la moyenne des autres académies, est devenue inférieure de 26 % à cette moyenne », résumaient Julien Grenet et Pauline Charousset, chercheurs à l’Ecole d’économie de Paris, dans une note d’analyse diffusée le 8 février 2023. L’année suivante, le dispositif est élargi aux prestigieux lycées Louis-le-Grand et Henri-IV, non sans provoquer de polémiques.

      Dans sa lettre de démission, Christophe Kerrero rappelle qu’il a « été l’un de ces élèves en échec ». « Il s’en est fallu de peu que je ne rejoigne la cohorte des exclus si certains professeurs, dans un autre cadre, n’avaient cru à mes capacités révélées plus tardivement », poursuit-il.

      https://justpaste.it/2s9pi

      Le beau geste d’un libéral hostile aux rentes de situation
      https://seenthis.net/messages/852711

      #école #élèves #Paris #éducation_nationale #groupes_de_niveau #ségrégation_sociale #classes_préparatoires #démission

  • Enrayer la mécanique populiste qui s’est emparée de l’éducation
    https://www.cafepedagogique.net/2024/01/26/259236

    Stéphane Germain, principal de collège et auteur en éducation, revient sur les groupes de niveaux annoncés par voie de presse mais dont les textes d’application tardent à être publiés. « La communication médiatique n’est que de la communication médiatique, qui n’a aucune valeur, tant qu’elle ne se matérialise pas dans la Loi » rappelle-t-il. « Aussi, un fonctionnaire doit naturellement s’interroger sur la normalité de ses actes, lorsqu’on lui demande de faire appliquer des éléments de communication qui n’ont aucune valeur légale. La loi par anticipation, cela n’existe pas. Certains semblent avoir oublié ce principe ». Selon lui, cet exemple est assez significatif du mode de gouvernance actuel. « En matière d’éducation, le gouvernement a délibérément fait le choix de basculer dans le registre populiste et de s’affranchir des procédés républicains de la décision publique. En revendiquant des postures qui vont à l’encontre des valeurs et des principes du service public, les décideurs actuels affichent clairement leur intention de sortir de la logique républicaine. La question qui se pose est de savoir si les acteurs de l’éducation vont les suivre ? »

    #Éducation_Nationale #fonctionnaires

  • L’alerte des chefs d’établissement scolaire sur la mise en place des groupes de niveau
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/24/l-alerte-des-chefs-d-etablissement-scolaire-sur-la-mise-en-place-des-groupes

    L’initiative est rare de la part d’une organisation syndicale représentant des cadres de l’#éducation_nationale peu coutumière des oppositions frontales au ministère. Le SNPDEN-UNSA, largement majoritaire chez les #chefs_d’établissement du public, a remis lundi 22 janvier un courrier « d’alerte » à la ministre de l’éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, sur les #groupes_de_niveau au collège. Cette mesure, décidée en décembre 2023 par Gabriel Attal lorsqu’il occupait encore son poste Rue de Grenelle, est « contraire à nos valeurs » et « engendre de nombreuses difficultés techniques et organisationnelles », dénonce le syndicat. « Il n’y a rien de plus difficile pour des cadres que de porter un projet auquel ils ne croient pas, et contraire à ce qu’ils ont toujours porté », prévient le courrier.

    https://justpaste.it/bwpfl

    La #ségrégation / #relégation est trop franche ?

    #défection ?

    • « Nous sommes à certains moments obligés de procéder à certaines fermetures de classes. Les écoles peuvent être performantes, mais si le nombre d’enfants est trop réduit pour une classe donnée c’est toute l’émulation qui est remise en cause », assure @AOC1978.

      Avant d’être démise, une défense inévitablement pernicieuse des sureffectifs scolaire et de la compétition.

      #école

  • « La décision de déconventionner le lycée Averroès, à Lille, est inéquitable et disproportionnée » [sauf à déconventionner Stanislas à Paris, et bon nombre d’autres lycées privés]
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/16/la-decision-de-deconventionner-le-lycee-averroes-a-lille-est-inequitable-et-

    Dans une tribune au « Monde », Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, s’étonne de la décision de l’Etat de mettre fin à son contrat avec le lycée musulman lillois, alors que son excellence académique est reconnue et que les reproches pouvant être faits à l’établissement sont mineurs.
    16 décembre 2023

    Par un courrier dont la presse a eu la primeur, le préfet du Nord a notifié à l’association Averroès la fin du contrat du lycée du même nom avec l’Etat. C’est par là même son existence qui est mise en cause avec la fin des financements publics et des moyens qui l’accompagnent.
    Le lycée Averroès est le premier établissement musulman à avoir bénéficié d’une contractualisation avec l’Etat en 2008. La démarche alors engagée par ses fondateurs visait justement à placer l’établissement sous le contrôle de la puissance publique.
    Installé à Lille-Sud, dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, il accueille plus de 50 % d’élèves boursiers : un record pour un établissement privé. Il a été classé en diverses occasions depuis 2013 parmi les tout premiers lycées en France pour sa performance scolaire. Son excellence académique et sa capacité à faire réussir des élèves issus de milieu modeste, au bac puis dans leurs études supérieures, sont reconnues et saluées par l’ensemble du monde éducatif.

    En octobre 2017, Xavier Bertrand et Gérald Darmanin, lors d’une séance du conseil régional, avaient défendu avec force le #lycée après une prise de parole d’un élu du Front national. Ils avaient expliqué qu’il était normal de compter des établissements musulmans sous contrat, comme il existait des établissements catholiques, protestants ou juifs. Pourtant, à l’époque, le président de l’association [Amar Lasfar] était en même temps le président national de l’Union des organisations islamiques en France (UOIF) et, en 2015, une polémique avait eu lieu autour de propos critiques sur l’établissement scolaire portés par deux anciens enseignants…

    Equité, nuance et respect du droit

    Si la décision préfectorale est confirmée par la justice administrative, qui sera saisie par l’association Averroès, ce sont 470 élèves qui resteront sur le carreau à la fin de l’année scolaire. Dans l’histoire désormais ancienne des contrats d’association entre l’enseignement privé et l’Etat, une telle décision est rarissime. On imagine donc que les motivations qui l’accompagnent sont fortes, attestées, indiscutables, et qu’il n’existe aucune autre option possible que la plus radicale d’entre elles : le #déconventionnement.

    Si je m’exprime ici, c’est au nom de principes pour moi centraux : l’équité, la nuance et le respect du droit. Des principes qui devraient constituer en toutes circonstances la matrice de notre société. Disons-le, ce sont ces principes qui sont en jeu dans le cas présent, quoi que l’on pense, par ailleurs, de la place de l’islam ou de l’#enseignement_privé dans notre pays.

    On ne peut, me semble-t-il, se permettre de donner un avis que si l’on prend le temps de lire et de tout lire. Une analyse posée et nuancée implique de prendre connaissance des dossiers. Avant donc de parler, nous avons regardé – avec Jean-René Lecerf, ancien sénateur (UMP) et ancien président du département du Nord, et Roger Vicot, député socialiste de Lille – l’ensemble des pièces, tant les éléments produits par la préfecture, le ministère de l’éducation nationale, la chambre régionale des comptes, que les réponses apportées par l’association.
    Au total, et sauf bien entendu à ignorer des informations « sensibles » qui ne seraient pas présentes dans le dossier, il nous apparaît en conscience que la décision est tout simplement inéquitable et disproportionnée.

    Un rapport extrêmement favorable

    Inéquitable, car « l’instruction » (comment ne pas utiliser ce terme) conduite contre l’association a majoré les reproches en mélangeant à l’envi les dossiers, les dates et des sources d’origine et de « qualité » très diverses, tout en minorant, voire en ignorant, les appréciations positives. On ne citera ici qu’un exemple : en 2020, le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer a commandé un rapport sur le lycée qui a été mené conjointement par l’inspection générale de l’éducation nationale et la direction régionale des finances publiques.

    Ce rapport est resté longtemps confidentiel [une manie dès qu’il s’agit d’établissement financés publiquement ?] et n’a été communiqué à l’association Averroès que quelques jours avant son audition à la préfecture, le 27 novembre. Ce sont les avocats de l’établissement qui ont dû demander en urgence à la justice administrative d’en imposer l’ accès contre l’avis de la préfecture. On comprend assez bien pourquoi : ce rapport est extrêmement favorable, tant sur les aspects pédagogiques que sur la gestion financière. Il revient même de façon claire, transparente et, disons-le, rassurante sur le dossier du financement qatari du lycée.

    Disproportionnée, car le retrait du contrat avec l’Etat, sans d’ailleurs que le ministère de l’#éducation_nationale ne s’exprime, revient à utiliser une arme ultime qui met en péril l’existence même de l’établissement et le cursus de ses élèves. Pourtant, les reproches qu’il est effectivement possible de faire à l’association et qu’elle reconnaît – comme les délais trop longs dans la transmission des comptes à la tutelle – sont amendables dans le cadre de la contractualisation.

    Un questionnement plus général

    Nous avons d’ailleurs proposé avec mes deux collègues, sans succès, de mettre en place un comité de suivi chargé de s’assurer que les quelques éléments problématiques du fonctionnement de l’association – que l’on retrouve dans de très nombreux autres cas – puissent être pris en compte et réglés.
    On peut comprendre d’une autre manière l’importance que je veux donner ici aux notions d’équité et de proportionnalité : que n’entendrait-on demain si l’Etat portait autant d’attention à tous les établissements privés sous contrat qu’il n’en porte au lycée Averroès depuis sa création, et si des préfets prenaient des décisions identiques à niveau comparable de « problème » ?
    Enfin, on ne peut pas isoler cette décision d’un questionnement plus général sur la manière dont on considère les #musulmans de France et dont on respecte leurs droits. Ils sont pour l’immense majorité d’entre eux français et ne se posent même pas la question de leur appartenance à une République dont ils sont, comme moi, les enfants.

    On ne peut pas sérieusement laisser entendre que les musulmans, ou l’islam, défendent une vision du monde qui n’est pas compatible avec la République, et mettre fin sans aucune mesure ni médiation au contrat d’un établissement qui, justement, a demandé à être placé sous le contrôle de l’Etat. Faire cela serait justement accréditer aux yeux de la société que les musulmans se situent sur le côté de la République.
    Il est plus que temps de revenir à la raison, au droit, aux faits et à la nuance. Sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres.

    Pierre Mathiot est professeur de science politique, directeur de Sciences Po Lille. Il s’exprime ici à titre personnel.