• EN COMMUN ! La propriété collective à l’épreuve de la modernité

    Ce film documentaire est issu d’une recherche pluridisciplinaire menée pendant quatre années, sur différents sites en France, par le Centre de recherche en droit Antoine Favre de l’Université Savoie Mont Blanc. A partir d’une pluralité de points de vue, recueillis lors d’entretiens et témoignages, il rend compte de l’évolution et du fonctionnement de propriétés collectives foncières ancestrales, également connues sous le nom de « #communaux » ou « #biens_communaux ». Il s’intéresse en particulier à deux de ces systèmes singuliers et méconnus présents en zone rurale, notamment en région de #montagne : les #sections_de_commune et les #bourgeoisies. Quels rôles ces #communs_fonciers en mutation jouent-ils aujourd’hui à l’échelle des territoires en matière de gestion des ressources naturelles, de cohésion sociale ou de dynamiques patrimoniales ? En quoi ces systèmes peuvent-ils participer à une revivification originale et pertinente de la démocratie locale ? A rebours de l’idée reçue selon laquelle ils seraient condamnés dans la société moderne, le changement de perception dont ils font l’objet à présent les place-t-ils à l’avant-garde de la résolution de certains problèmes territoriaux ou climatiques du XXIème siècle ? Plus largement, à l’intersection de nombreux enjeux de société, ce film alimente une réflexion sur la redéfinition d’un cadre de vie conciliant progrès, #justice_sociale et préservation de l’environnement.

    https://www.youtube.com/watch?v=BclZKvhpww4

    #propriété_collective #terres #foncier #modernité #communs #commons #communs #documentaire #film_documentaire #film #forêt #bois #droits_d'usage #France #Alpes #montagne #élevage #sol #usage_du_sol #biens_communs #biens_de_section #Etat #Etat_moderne #municipalisation #droit_public #agriculture #tradition #terres #patrimoine #communalisation #spoliation #pâturage #loi_2013 #loi #commissions_syndicales #accaparement_de_terres #privatisation #corvées #éoliennes #2013 #préfecture #avant-garde #anachronisme #ignorance #chasse #legs #responsabilité #devoirs #bourgeoisie #droit_collectif #mécénat #communs_fonciers #valeurs

  • L’agriculture à la loupe
    https://tagrawlaineqqiqi.wordpress.com/2023/11/30/lagriculture-a-la-loupe

    Il y a mille choses qui m’inquiètent concernant l’avenir de notre #Agriculture, et pouvoir observer la manière dont sont structurées les exploitations ajoute des sujets d’inquiétudes supplémentaires. J’vous explique. Il existe plusieurs statuts possibles pour une exploitation agricole : l’exploitation micro-agricole (ça c’est que des bio débarqués de la ville), équivalent de la micro-entreprise, l’exploitation […]

    #Article #chroniques_agricoles #Ruralité #élevage #campagne
    https://0.gravatar.com/avatar/cd5bf583a4f6b14e8793f123f6473b33bb560651f18847079e51b3bcad719755?s=96&d=

  • Mine de lithium dans l’Allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique
    https://disclose.ngo/fr/article/mine-de-lithium-dans-lallier-le-rapport-qui-devoile-une-bombe-toxique

    Il y a un an, le gouvernement a annoncé l’ouverture, dans l’Allier, de la plus grande mine de lithium d’Europe. D’après un rapport inédit dévoilé par Disclose et Investigate Europe, le secteur, fortement contaminé à l’arsenic et au plomb, présente « un risque significatif pour l’environnement et la santé humaine ». Une véritable bombe à retardement passée sous silence par les autorités. Lire l’article

  • Nouvelle enquête de Splann !
    Les coopérateurs de la Cooperl ne s’y retrouvent plus et pour ceux-là, il leur reste en travers, le porc et sa coopérative géante ...

    Cooperl : enquête sur un géant du porc - Splann ! | ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne
    https://splann.org/enquete/cooperl-enquete-sur-un-geant-du-porc

    Depuis sa création, le groupe n’a cessé d’étendre son influence dans toutes les branches de la filière porcine, des abattoirs aux bâtiments en passant par la production d’aliments pour les animaux ou la salaison.

    Il a même récemment commencé à investir dans des secteurs de plus en plus éloignés de la production porcine, faisant naître de l’incompréhension chez certains éleveurs-adhérents. D’autant plus que le géant du porc traverse une zone de turbulence, avec des déficits importants et une restructuration de son pôle salaison. Et que, pour compenser ces pertes, la coopérative s’appuie sur les éleveurs en baissant le tarif d’achat des porcs sous celui du marché, en augmentant les délais de paiement ou en les obligeant à déposer une partie de leurs ventes sur les comptes de la Cooperl.

    En plus de ces exigences tarifaires, s’imposent aussi d’autres contraintes pour les éleveurs de la Cooperl. Le bâtiment, les aliments, les soins vétérinaires ou la gestion des effluents : peu de secteurs échappent à son contrôle. Et à ses profits.

    Que ce soit d’un point de vue éthique ou financier, de nombreux éleveurs ne s’y retrouvent plus. Mais quitter sa coopérative n’est jamais simple. Quitter la Cooperl, encore moins.
    Cette logique d’intégration a franchi un nouveau cap : la coopérative est devenue propriétaire de sept exploitations, notamment pour développer la recherche génétique de sa société « Nucleus ».

  • Un million de saumons infectés pourraient servir à l’alimentation animale en Islande
    https://www.courrierinternational.com/video/video-un-million-de-saumons-infectes-pourraient-servir-a-l-al

    “The Guardian” révèle des images exclusives de milliers de saumons malades, mourants ou déjà morts, dans un élevage en Islande. Euthanasiés, certains seront destinés à l’alimentation animale.

    Courrier international
    Publié le 3 novembre 2023

    Des dizaines de saumons flottent à la surface, certains nagent, d’autres sont morts, sur des images tournées par des militants à l’aide de drones. Comme l’explique The Guardian, “un grand nombre de poissons doivent être abattus prématurément” à Talknafjordur, dans les Westfjords, en Islande. Dans les deux fermes d’élevage d’Arctic Fish, contrôlée par la société Mowi, et d’Arnarlax, dirigée par la société SalMar, 12 enclos ont été identifiés comme infectés par le pou du saumon (Lepeophtheirus salmonis), soit près de 1 million de poissons.

    Le pou du saumon est un parasite qui se nourrit de la peau du poisson, provoquant des plaies ouvertes qui stressent et affaiblissent le système immunitaire de celui-ci. Dans les cas extrêmes, il peut provoquer une mortalité massive.

    Abattre “humainement” les saumons malades

    Les entreprises ont donc “pris la décision d’abattre humainement les saumons concernés, dont la consommation est interdite aux êtres humains”, ironise le quotidien britannique. Un navire spécialisé, le Hordafor III, a été envoyé de Norvège pour les euthanasier. Seul problème, tous ne seraient pas forcément infectés, selon l’entreprise. Ainsi, “une fois abattu, le poisson serait transformé en aliment pour animaux”, a affirmé Arnarlax. Une possibilité qui pose des questions sur les conséquences sanitaires potentielles.
    Dans un communiqué de presse publié le 27 octobre, l’une des deux fermes d’élevage, Arnarlax, a publiquement fait état du problème auquel elle était confrontée et a affirmé agir rapidement, rapporte IntraFish, média norvégien spécialisé dans l’industrie des produits de la mer. De son côté, la seconde ferme, Artic Fish, s’est exprimée dans un message publié sur Facebook : “Les conditions à Talknafjordur se sont rapidement détériorées, et il nous faut malheureusement du temps pour retirer le poisson touché.” La compagnie a affirmé s’efforcer de retirer le poisson le plus rapidement possible pour pouvoir assurer sa transformation en aliment pour animaux.

    “Une invasion jamais observée en Islande”

    Berglind Helga Bergsdottir, spécialiste des maladies des poissons au Mast (l’autorité alimentaire et vétérinaire islandaise), aurait déclaré, selon le Guardian, qu’“on n’avait jamais observé auparavant en Islande une invasion de poux aussi importante”. L’experte explique que le Mast enquête sur la cause de l’incident. Les autorités auraient autorisé l’utilisation d’un insecticide, mais celui-ci n’aurait pas tué tous les poux et l’épidémie aurait pris de l’ampleur.

    “En l’espace de deux ou trois semaines, le nombre de poux a considérablement augmenté.”

    L’agence envisage donc une potentielle mutation du pou du saumon. “Nous savons que les poux savent très bien s’adapter et que l’une des méthodes qu’ils utilisent pour cela est la mutation, en particulier avec les médicaments”, a détaillé la spécialiste au Guardian.

    Courrier international

    #saumon #pou_du_saumon #élevage_intensif #bon_appétit

  • Acque sporche: allevamenti intensivi e inquinamento al tempo della crisi climatica
    https://irpimedia.irpi.eu/allevamenti-intensivi-inquinamento-acque-lombardia

    Nel Bacino Padano, il sistema di allevamenti intensivi e le pratiche di irrigazione dei campi minacciano la qualità delle acque dei fiumi e delle falde, mentre i parametri della Direttiva Nitrati dell’UE sono spesso disattesi Clicca per leggere l’articolo Acque sporche: allevamenti intensivi e inquinamento al tempo della crisi climatica pubblicato su IrpiMedia.

  • Revealed: the industry figures behind ‘declaration of scientists’ backing meat eating
    https://www.theguardian.com/environment/2023/oct/27/revealed-industry-figures-declaration-scientists-backing-meat-eating

    A public statement signed by more than 1,000 scientists in support of meat production and consumption has numerous links to the livestock industry, the Guardian can reveal. The statement has been used to target top EU officials against environmental and health policies and has been endorsed by the EU agriculture commissioner.

    #lobbying

  • Au #Sénégal, la farine de poisson creuse les ventres et nourrit la rancœur

    À #Kayar, sur la Grande Côte sénégalaise, l’installation d’une usine de #farine_de_poisson, destinée à alimenter les élevages et l’aquaculture en Europe, a bouleversé l’économie locale. Certains sont contraints d’acheter les rebuts de l’usine pour s’alimenter, raconte “Hakai Magazine”.
    “Ils ont volé notre #poisson”, affirme Maty Ndau d’une voix étranglée, seule au milieu d’un site de transformation du poisson, dans le port de pêche de Kayar, au Sénégal. Quatre ans plus tôt, plusieurs centaines de femmes travaillaient ici au séchage, au salage et à la vente de la sardinelle, un petit poisson argenté qui, en wolof, s’appelle yaboi ou “poisson du peuple”. Aujourd’hui, l’effervescence a laissé place au silence.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/reportage-au-senegal-la-farine-de-poisson-creuse-les-ventres-

    #élevage #Europe #industrie_agro-alimentaire

    • Un article publié le 26.06.2020 et mis à jour le 23.05.2023 :

      Sénégal : les usines de farines de poisson menacent la sécurité alimentaire

      Au Sénégal, comme dans nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, le poisson représente plus de 70 % des apports en protéines. Mais la pêche artisanale, pilier de la sécurité alimentaire, fait face à de nombreuses menaces, dont l’installation d’usines de farine et d’huile de poisson. De Saint-Louis à Kafountine, en passant par Dakar et Kayar… les acteurs du secteur organisent la riposte, avec notre partenaire l’Adepa.

      Boum de la consommation mondiale de poisson, accords de #pêche avec des pays tiers, pirogues plus nombreuses, pêche INN (illicite, non déclarée, non réglementée), manque de moyens de l’État… La pêche sénégalaise a beau bénéficier de l’une des mers les plus poissonneuses du monde, elle fait face aujourd’hui à une rapide #raréfaction de ses #ressources_halieutiques. De quoi mettre en péril les quelque 600 000 personnes qui en vivent : pêcheurs, transformatrices, mareyeurs, micro-mareyeuses, intermédiaires, transporteurs, etc.

      Pourtant, des solutions existent pour préserver les ressources : les aires marines protégées (AMP) et l’implication des acteurs de la pêche dans leur gestion, la création de zones protégées par les pêcheurs eux-mêmes ou encore la surveillance participative… Toutes ces mesures contribuent à la durabilité de la ressource. Et les résultats sont palpables : « En huit ans, nous sommes passés de 49 à 79 espèces de poissons, grâce à la création de l’aire marine protégée de Joal », précise Karim Sall, président de cette AMP.

      Mais ces initiatives seront-elles suffisantes face à la menace que représentent les usines de farine et d’huile de poisson ?

      Depuis une dizaine d’années, des usines chinoises, européennes, russes, fleurissent sur les côtes africaines. Leur raison d’être : transformer les ressources halieutiques en farines destinées à l’#aquaculture, pour répondre à une demande croissante des consommateurs du monde entier.

      Le poisson détourné au profit de l’#export

      Depuis 2014, la proportion de poisson d’élevage, dans nos assiettes, dépasse celle du poisson sauvage. Les farines produites en Afrique de l’Ouest partent d’abord vers la #Chine, premier producteur aquacole mondial, puis vers la #Norvège, l’#Union_européenne et la #Turquie.

      Les impacts négatifs de l’installation de ces #usines sur les côtes sénégalaises sont multiples. Elles pèsent d’abord et surtout sur la #sécurité_alimentaire du pays. Car si la fabrication de ces farines était censée valoriser les #déchets issus de la transformation des produits de la mer, les usines achètent en réalité du poisson directement aux pêcheurs.

      Par ailleurs, ce sont les petits pélagiques (principalement les #sardinelles) qui sont transformés en farine, alors qu’ils constituent l’essentiel de l’#alimentation des Sénégalais. Enfin, les taux de #rendement sont dévastateurs : il faut 3 à 5 kg de ces sardinelles déjà surexploitées [[Selon l’organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO)]] pour produire 1 kg de farine ! Le poisson disparaît en nombre et, au lieu d’être réservé à la consommation humaine, il part en farine nourrir d’autres poissons… d’élevage !

      Une augmentation des #prix

      Au-delà de cette prédation ravageuse des sardinelles, chaque installation d’usine induit une cascade d’autres conséquences. En premier lieu pour les mareyeurs et mareyeuses mais aussi les #femmes transformatrices, qui achetaient le poisson directement aux pêcheurs, et se voient aujourd’hui concurrencées par des usines en capacité d’acheter à un meilleur prix. Comme l’explique Seynabou Sene, transformatrice depuis plus de trente ans et trésorière du GIE (groupement d’intérêt économique) de Kayar qui regroupe 350 femmes transformatrices : « Avant, nous n’avions pas assez de #claies de #séchage, tant la ressource était importante. Aujourd’hui, nos claies sont vides, même pendant la saison de pêche. Depuis 2010, quatre usines étrangères se sont implantées à Kayar, pour transformer, congeler et exporter le poisson hors d’Afrique, mais elles créent peu d’#emploi. Et nous sommes obligées de payer le poisson plus cher, car les usines d’#exportation l’achètent à un meilleur prix que nous. Si l’usine de farine de poisson ouvre, les prix vont exploser. »

      Cette industrie de transformation en farine et en huile ne pourvoit par ailleurs que peu d’emplois, comparée à la filière traditionnelle de revente et de transformation artisanale. Elle représente certes un débouché commercial lucratif à court terme pour les pêcheurs, mais favorise aussi une surexploitation de ressources déjà raréfiées. Autre dommage collatéral enfin, elle engendre une pollution de l’eau et de l’air, contraire au code de l’environnement.

      La riposte s’organise

      Face à l’absence de mesures gouvernementales en faveur des acteurs du secteur, l’#Adepa [[L’Adepa est une association ouest-africaine pour le développement de la #pêche_artisanale.]] tente, avec d’autres, d’organiser des actions de #mobilisation citoyenne et de #plaidoyer auprès des autorités. « Il nous a fallu procéder par étapes, partir de la base, recueillir des preuves », explique Moussa Mbengue, le secrétaire exécutif de l’Adepa.

      Études de terrain, ateliers participatifs, mise en place d’une coalition avec différents acteurs. Ces actions ont permis d’organiser, en juin 2019, une grande conférence nationale, présidée par l’ancienne ministre des Pêches, Aminata Mbengue : « Nous y avons informé l’État et les médias de problèmes majeurs, résume Moussa Mbengue. D’abord, le manque de moyens de la recherche qui empêche d’avoir une connaissance précise de l’état actuel des ressources. Ensuite, le peu de transparence dans la gestion d’activités censées impliquer les acteurs de la pêche, comme le processus d’implantation des usines. Enfin, l’absence de statistiques fiables sur les effectifs des femmes dans la pêche artisanale et leur contribution socioéconomique. »

      Parallèlement, l’association organise des réunions publiques dans les ports concernés par l’implantation d’usines de farines et d’huile de poisson. « À Saint-Louis, à Kayar, à Mbour… nos leaders expliquent à leurs pairs combien le manque de transparence dans la gestion de la pêche nuit à leur activité et à la souveraineté alimentaire du pays. »

      Mais Moussa Mbengue en a conscience : organiser un plaidoyer efficace, porté par le plus grand nombre, est un travail de longue haleine. Il n’en est pas à sa première action. L’Adepa a déjà remporté de nombreux combats, comme celui pour la reconnaissance de l’expertise des pêcheurs dans la gestion des ressources ou pour leur implication dans la gestion des aires marines protégées. « Nous voulons aussi que les professionnels du secteur, conclut son secrétaire exécutif, soient impliqués dans les processus d’implantation de ces usines. »

      On en compte aujourd’hui cinq en activité au Sénégal. Bientôt huit si les projets en cours aboutissent.

      https://ccfd-terresolidaire.org/senegal-les-usines-de-farines-de-poisson-menacent-la-securite-a

      #extractivisme #résistance

  • 🛑 🌍 Élevage industriel : un effet bœuf sur l’environnement - Greenpeace France

    Aujourd’hui, 75 % des terres agricoles dans le monde servent à élever du bétail – c’est-à-dire à nourrir des bêtes qui serviront, ensuite, à nous nourrir. Notre mode de vie carnivore, réservé à une poignée de privilégiés, exerce une pression telle sur notre planète qu’il déstabilise les écosystèmes. Destruction de la biodiversité et déforestation, émissions de gaz à effet de serre et changements climatiques, pollution des cours d’eau, mainmise des multinationales au détriment des petits agriculteurs, mais aussi souvent cruauté animale et impacts néfastes sur la santé humaine… Notre consommation effrénée de viande et de produits laitiers issus de l’élevage industriel a des effets délétères à bien des égards (...)

    #écologie #environnement #écosystème #biodiversité #déforestation #bétail #élevage #élevageindustriel #pollution #climat #dérèglementclimatique

    https://www.greenpeace.fr/elevage

  • Sardegna, in arrivo pastori del #Kirghizistan per ripopolare i paesi dell’isola

    È l’accordo raggiunto tra #Coldiretti e il governo kirghiso che prevede l’arrivo di pastori abili nei lavori agricoli, assieme alle loro famiglie, in base all’intesa siglata col ministero del Lavoro della repubblica ex sovietica. L’obiettivo è salvare gli allevamenti e la tradizione agroalimentare nelle aree a rischio di spopolamento sull’isola

    Un accordo tra il lontano Kirghizistan - la repubblica ex sovietica più a est - e la Sardegna per salvare gli allevamenti e la tradizione agroalimentare nelle aree a rischio di spopolamento sull’isola nostrana. È l’accordo raggiunto da Coldiretti che prevede l’arrivo di pastori kirghisi abili nei lavori agricoli, assieme alle loro famiglie, in base all’intesa siglata col ministero del Lavoro della repubblica ex sovietica distante circa 6 mila chilometri dall’isola.

    Un progetto pilota

    Sarà avviato un progetto pilota, professionale e sociale, che prevede l’arrivo di un primo gruppo di un centinaio di kirghisi in Sardegna ( tra i 18 e i 45 anni) con capacità professionali specifiche nel settore primario che seguiranno un percorso di formazione e integrazione nel tessuto economico e sociale della Sardegna, con opportunità anche per le mogli nell’attività dell’assistenza familiare. Coldiretti lo presenta come un progetto di medio-lungo periodo per l’inserimento di migliaia stranieri, a seconda della domanda, in tre distretti rurali: Sassari, Barbagie e Sarrabus, con l’aiuto di mediatori culturali. «In Kirghizistan - precisa la Coldiretti - è fortemente presente l’attività allevamento con profonde conoscenze dell’attività casearia, diffuse competenze soprattutto nella realizzazione di formaggio da latte di pecora ma anche nell’allevamento dei cavalli. Nel Paese sono allevate soprattutto pecore di razza karakul e argali che raggiungono per il maschio adulto sino a 80 chili di peso». Il progetto pilota è stato concordato in collaborazione con l’ambasciatore del Kirghizistan in Italia, Taalay Bazarbaev.
    Contratti di apprendistato e poi tempo indeterminato

    L’accordo - precisa Coldiretti - prevede contratti di apprendistato e poi a tempo indeterminato, con la possibilità di occupare le tante case sfitte nei piccoli centri dell’Isola. Una prima selezione sarà affidata inizialmente dal ministero del lavoro kirghizo che preparerà i bandi per l’individuazione di personale per la Sardegna, dopo la firma di un protocollo tra Coldiretti e il governo kirghiso, col sostegno del ministero degli Affari esteri e di quello dell’Agricoltura, della sovranià alimentare e foreste.
    In Italia i lavoratori stranieri occupati in agricoltura - secondo Coldiretti - sono per la maggior parte provenienti da Romania, Marocco, India e Albania. Si tratta soprattutto di dipendenti a tempo determinato che arrivano dall’estero e che ogni anno attraversano il confine per un lavoro stagionale per poi tornare nel proprio Paese.

    https://tg24.sky.it/cronaca/2023/09/18/sardegna-pastori-kirghizistan

    #dépeuplement #Sardaigne #repeuplement #migrations #travail #travailleurs_étrangers #accord #pasteurs #élevage #Italie

  • Quelques heures avec un participant à l’Atelier Paysan, éleveur agriculteur paysan boulanger, et qui construit des trucs low tech en partant dans tous les sens (moutons, chèvres, maraichage, céréales, boulangerie, poules, canards, verger, agrumes, toutes les constructions, parabole solaire, four à pain, biogaz, réacteur Jean Pain amélioré…)

    Il a construit une MAISON SOUS SERRE en TERRE PAILLE pour moins de 15000 EUROS en AUTONOMIE - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=Dx2Ctthz63A

    Son livre sur le biogaz
    https://www.terran.fr/produit/47/9782359810493/le-biogaz

    Livre sur la maison à 15000€ à venir.

    #agriculture #élevage #paysan #low_tech #autonomie #énergie

    • Oui il est assez fou fou hyper actif sympathique pas dogmatique. Ça donne envie de s’y mettre.

      Après en vrai, sur le temps de travail réel je pense qu’il sous estime pas mal, ou alors lui et ses copains sur son chantiers sont tous très « efficaces ! ».

    • Je pense que ça doit correspondre pour des gens qui s’y connaissent déjà pas mal. Mais du coup ça donne quand même le temps si c’était une technique reconnue officiellement par l’État et qu’elle pouvait donc être « industrialisée », et faite par des pros, pas que en autoconstruction. Si des pros pouvaient vendre ça, en une semaine t’aurais une maison complète, posée, isolée, et avec presque pas d’emprise au sol. Après évidemment faut ajouter la plomberie et l’électricité, qui prennent quand même un moment (quoi que pour des pros ça peut aller vite aussi SI les plans sont bien faits d’avance).

    • @rastapopoulos
      donc si je comprends bien, ce qui empêche la possibilité que des pros vendent ce genre de service c’est toutes les normes et lois en vigueur (française en l’occurrence).

      Qu’est ce qu’on a comme autres références sur ces différentes façons de construire et habiter - et sur ce qui l’interdit ? Notamment roulotte, yourte, cabane, etc...

    • Il y a le code de l’urbanisme et les PLU (plans locaux d’urbanisme à la discrétion des maires) qui rajoutent une couche de complexité à la chose.

      Quelques liens concernant les habitations légères de loisir (HLL) et les résidences mobiles de loisir (RML)
      (À remarquer que ces structures légères sont toujours considérées comme appartenant au domaine du loisir alors que pour certaines personnes - de plus en plus nombreuses au demeurant, ces habitations constituent une nécessité économique)

      https://blog.urbassist.fr/installer-un-mobil-home-sur-terrain-prive

      https://droitsurterrain.com/terrains-loisirs-zone-naturelle

      https://droitsurterrain.com/chalets-mobilhomes-et-autorisations

      https://fabriquersayourte.fr/reglementation-yourte

      Maintenant, la construction décrite (et bien documentée) dont parle la vidéo n’entre pas dans ces catégories. Pas d’autre choix que de s’attaquer à la lecture du code de l’urbanisme.
      https://www.legifrance.gouv.fr/codes/texte_lc/LEGITEXT000006074075

    • Ici, c’est sans guère de doute l’activité agricole qui ouvre à des souplesses quant à la possibilité de construire sans avoir à faire mine d’être mobile pour respecter la loi. cheval de Troie : je connais des cas où pour en jouir, des gens préparent des diplômes agricoles afin d’acquérir du #foncier à prix raisonnable, et prétendent vouloir cultiver (pour la vente, comme le stipule la loi...) tel ou tel machin, éventuellement pas trop contraignant (herboristerie par ex.), afin de disposer d’un habitat populaire hors acheloume et taudis. c’est du taf (formation, administration, dossier de projet, emprunt, construction, aménagement) de castors 2.0, pas ceux qui font « barrage » dans les urnes, ceux prennent le monde tel qu’ils l’ont trouvé.

      edit : rien ne prouve que ce gars dispose d’un permis de construire autre chose qu’un bâtiment agricole (y mettre la maison serait alors aussi une belle embrouille à l’encontre des norme). la reconnaissance « officielle » ("taf avec des institutions" sur les expérimentations biomasse) et tacite (il bosse, il produit, et même il vend) est aussi à construire. là-aussi, j’ai vu de cas où il a fallut d’abord démontrer deux ou trois ans de taf sur place pour limiter le risque d’embrouille légale sur la pérennisation dun habitat. toute personne du coin doit reconnaître une légitimité à ce qui a lieu, sous peine de poukaveries et d’attitude hostile de la commune. c’est long. et tout compte fait cela exige comme il se doit beaucoup de ressources, de singularité et de coopération, que de pallier le manque d’argent et de contourner la loi en limitant les risques.
      #habiter_le_monde #technocratie #logement

    • C’est très sympa à écouter, avec l’esprit autoconstructeur qui ne s’embarrasse pas des détails, très pertinent.

      Même si c’est contradictoire avec le fait de vouloir une toiture plate et en plus végétale, pour le coup ce sont des complications inutiles qui rendent le résultat peu robuste dans le temps. Tout ce qui est enduit terre sur les murs prend un temps extraordinairement long si c’est fait à la main (quand il cite une durée d’une semaine à plusieurs, ça me paraît pas possible, ou alors c’est projeté avec une machine).
      La quantité de terre mise en toiture est assez folle (mais nécessaire pour avoir un confort d’été comme la maison est sous une serre).
      Globalement toute la technique repose sur des engins de levage, il faut être à l’aise avec si jamais on en loue pour le faire soi-même, il faut avoir de la place pour tourner autour avec.
      Bref, le résultat est bizarre, car finalement c’est assez sophistiqué par rapport à des constructions bois plus classiques réalisables avec des éléments manuportables.

  • République dominicaine : à la frontière avec Haïti, une « grille intelligente » contre les migrants

    En #République_dominicaine, face à l’immigration haïtienne – officiellement quelque 500 000 citoyens haïtiens à vivre de l’autre côté de la frontière sur 11 millions d’habitants – le président Abinader a lancé le chantier d’un mur à la frontière avec #Haïti. Influencé par les secteurs dits nationalistes, le président a inauguré la construction en grande pompe, en février 2022, de ce qu’il appelle une « grille intelligente ». Cette initiative est une étape de plus dans la politique anti-haïtienne mise en place au plus haut sommet de l’État dominicain. Les difficultés pour obtenir des papiers et les expulsions illégales sont déjà le quotidien des migrants haïtiens en République dominicaine depuis plusieurs années. Comment est perçue la construction de ce mur dans la ville de Dajabon, où elle a démarré ?

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/les-murs-du-monde/20230814-r%C3%A9publique-dominicaine-%C3%A0-la-fronti%C3%A8re-avec-ha%C3%AFti-un

    #grille_intelligente #murs #frontières #migrations #asile #réfugiés
    #audio #podcast #élevage #vols #nature #lagune_Saladillo

  • Muttersholtz. Les ruisseaux du Ried sont à sec, le maïs pointé du doigt
    https://www.dna.fr/amp/environnement/2023/07/06/les-ruisseaux-du-ried-sont-a-sec-le-mais-pointe-du-doigt

    « Mais la sécheresse toute seule ne cause pas un rabaissement généralisé du toit de la nappe phréatique de plusieurs dizaines de centimètres. La principale cause, c’est l’irrigation agricole par aspersion ( les grands jets d’eau visibles dans les champs ) », avance Patrick Barbier. « 80 % des prélèvements d’eau entre juin et août correspondent à l’irrigation, dont la grande majorité relève de la culture de maïs », ajoute Serge Dumont, biologiste et enseignant-chercheur. Il s’appuie sur plusieurs études dont une du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de 2019, qui a déterminé que les prélèvements agricoles représentent entre 30 et 70 % de la baisse du niveau de la nappe en été, selon les points.

    Pour le chercheur, c’est simple : « Si on arrête l’irrigation du maïs, il n’y a plus de problème d’eau dans le Ried ». Il rappelle qu’en 2020, d’après le BNPE (Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau), l’irrigation représentait 131 millions de mètres cubes, alors que tous les Alsaciens en consommaient 136 millions. Et même si la nappe phréatique d’Alsace représente 35 milliards de mètres cubes et 100 mètres de profondeur, « la biodiversité dépend des 50 premiers centimètres », alerte le scientifique.

  • #Bretagne : au pays des cochons, la porcherie n’est pas forcément là où l’on croit. Coup de projecteur sur une catastrophe environnementale et sanitaire.

    À Plouvorn, 80.000 cochons, de l’ammoniac et des nitrates | Splann !
    https://splann.org/plouvorn-80000-cochons

    Avec sa concentration record de méga-porcheries, la commune finistérienne de Plouvorn est un symbole de l’intensification de l’élevage et de ses conséquences. Enquête sur un coin de Bretagne où rien n’échappe aux cochons. Ni l’eau, ni l’air, ni la mairie.

    Plouvorn, dans le Finistère, est une capitale du porc industriel français. 80 % des élevages sont des Installations classées pour l’environnement (ICPE), c’est-à-dire qu’ils dépassent les 2.000 animaux. Malgré cela, un projet gigantesque se prépare.
    La commune est la plus émettrice d’ammoniac en Bretagne, un gaz précurseur de particules fines dangereuses pour la santé. La qualité de l’eau n’est pas meilleure et le point de captage d’eau potable est fermé depuis 2007 pour cause de pollution.
    Le poids de l’élevage porcin se fait sentir dans le quotidien des habitants : interdictions très régulières de la baignade dans le plan d’eau, élus sous pression, menaces sur des lanceurs d’alerte… Le porc s’immisce partout, du drapeau des supporters de l’équipe de foot jusqu’à la mairie.

    #agroindustrie #élevage_industriel #lobbying (pour entraver l’action publique)

  • Jérôme, éboueur d’usines à viande : « On voit des choses qui ne devraient pas exister »
    https://www.nouvelobs.com/societe/20230330.OBS71542/jerome-eboueur-d-usines-a-viande-on-voit-des-choses-qui-ne-devraient-pas-

    Quel enfant a rêvé un jour de ramasser, quand il serait grand, les #animaux morts dans les poubelles des usines de production de viande ? Tel est le #travail_pénible, physiquement, moralement, philosophiquement, d’un certain « Jérôme » (c’est son pseudo) embauché depuis peu comme agent d’équarrissage et qui, depuis la région de Saint-Brieuc, a contacté #L214 pour vider son sac. Il n’en peut plus de ce qu’il découvre. Pourtant, c’est un gars solide, la trentaine sportive, adepte du jeu de go à ses heures perdues. Le public ne sait rien de la réalité de l’équarrissage, lequel consiste à ramasser quotidiennement, par tonnes, les cadavres d’animaux de boucherie n’ayant pas survécu dans les lieux où l’on gère (le mot est choisi) leur mise au monde par inséminations artificielles et engraissement express – parler de « ferme » ou d’« élevage » relève d’un travestissement marketing.

    la suite sur le site du nouvel obs
    https://www.l214.com
    https://vimeo.com/808333437/16462ede33


    attention, la video est vraiment gore manque plus que l’odeur.
    un article signalé par Splann https://mamot.fr/@splann
    #équarrissage #carnage #élevages_industriels

  • L’irrigation du maïs représente-t-elle un quart de l’eau douce consommée en France ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/04/24/l-irrigation-du-mais-represente-t-elle-un-quart-de-l-eau-douce-consommee-en-

    La députée Aurélie Trouvé (LFI) a provoqué de vives réactions en affirmant que le maïs irrigué consommait 25 % de l’eau douce. Si le chiffre exact est difficile à estimer, l’ordre de grandeur est correct.

  • Azote aux Pays-Bas : une crise sentinelle - AOC media
    https://aoc.media/analyse/2023/04/04/azote-aux-pays-bas-une-crise-sentinelle

    Alors que Le Monde publie une série d’articles sur les méfaits de l’agriculture industrielle et sa défense par des moyens violents, cet article sur les Pays-Bas est très original et intéressant. Face à une pollution devenue inacceptable au regard des normes européennes, le gouvernement a été obligé de prendre une loi qui met en oeuvre une réduction massive de la production animale intensive dans ce pays - suscitant en retour une réaction politique forte de la part des agriculteurs, qui font face à des injonctions à un changement de modèle d’exploitation ou des expropriations.

    Qui plus est, cette transformation est due à l’action d’un collectif écologiste qui a su viser au bon endroit au bon moment. Rendons-nous compte : elle ne découle ni d’un sabotage armé ni d’une révolution mais d’une simple action en justice qui suffit à opérer la bascule économique, écologique et politique d’un pays entier – voire davantage : « “La principale différence par rapport aux mesures précédentes est une réduction du nombre de têtes de bétail”, a déclaré le Dr Helen Harwatt[…]. En 2019, elle a dirigé un groupe de scientifiques appelant à prendre des mesures pour assurer le déclin du bétail. “Nous avons tendance à ne voir que des approches technologiques pour réduire l’azote du côté de la production ou à réduire les rejets dans l’environnement, plutôt que de réduire la production agricole elle-même. Tous les regards seront tournés vers les Pays-Bas pour tirer les leçons de cette transition.”[4] »

    La crise néerlandaise de l’azote constitue bien un laboratoire mondial de la fermeture/du renoncement qui appelle d’autres réformes à sa suite. Une telle transformation aurait pu être jugée impossible en vertu de son ampleur : jamais le capitalisme ne laisserait faire ; jamais l’industrie n’abandonnerait ses profits ; en outre, le droit n’est-il pas l’instrument du pouvoir ? Évidemment, tout ceci n’est pas faux mais ces réflexes offusquent de réels leviers stratégiques.

  • L’industrie agroalimentaire, un entrelacs de pouvoir et d’argent en terres bretonnes

    L’homme est assis devant une assiette de poisson, dans un restaurant, quelque part en Bretagne. Il dit : « N’utilise pas mon nom ! S’il y avait l’ombre d’un truc faisant voir que c’est moi, j’aurais de gros soucis. Dans le milieu, t’as pas intérêt à parler franchement, parce que, si on sait que c’est toi, on te fusille. » Cet éleveur, figure du complexe agro-industriel breton et membre éminent de plusieurs instances officielles, se confie trois heures durant, entre indignation et dégoût. « Espèce de bandit ! » , lance-t-il à propos d’un président de coopérative qui, à l’entendre, inciterait ses collègues, les « éleveurs de base » , à vendre leurs animaux au prix du marché, donc à s’exposer à la volatilité des cours, alors que lui-même bénéficierait de tarifs garantis grâce à un contrat « en or » signé avec la grande distribution.

    Notre interlocuteur peste aussi contre l’ « asservissement » des paysans, devenus selon lui « esclaves » des firmes, des coopératives, des banques, des vendeurs de tracteurs ou de robots de traite et, d’une manière générale, d’un modèle dominant – le productivisme – dont la Bretagne est un haut lieu depuis les années 1960. A l’entendre, ces paysans auraient été trahis par une partie de ceux, syndicalistes ou administrateurs de coopératives, censés les représenter.

    Si cet éleveur exige l’anonymat, comme beaucoup de témoins dans cette enquête, c’est parce qu’il dit avoir subi, par le passé, des « représailles » après avoir « trop ouvert [sa] gueule » . Il n’est pas le seul à s’exprimer ainsi. Il y a, bien sûr, les opposants historiques au productivisme, élus de gauche, militants environnementalistes ou membres de la Confédération paysanne, l’un des syndicats minoritaires. Mais rares sont les chevilles ouvrières du modèle en question prêtes à partager leurs états d’âme.

    Durant deux ans, Le Monde est allé à leur rencontre, ainsi qu’à celle de nombreux acteurs bretons de l’agro-industrie. Près de trois cents témoignages – paysans, fonctionnaires, techniciens, cadres de coopératives, banquiers, syndicalistes, élus, anciens ministres, etc. – ont été recueillis. Le malaise dont beaucoup font part n’est pas propre à la Bretagne, ni même à la France. A l’heure de la concurrence mondialisée et des périls environnementaux, l’agriculture traverse une crise existentielle dans bien des pays.

    Mais le désarroi semble exacerbé dans cette région, où l’agriculture industrielle et sa sœur siamoise, l’industrie agroalimentaire, façonnent les paysages et les âmes depuis six décennies ; où l’on produit chaque année, sur une péninsule comptant 3,3 millions d’habitants, de quoi nourrir l’équivalent de 22 millions de personnes ; où l’exploitation des sols et des animaux a fait naître des empires transnationaux et des baronnies rurales, a créé des usines et des emplois, a nourri des silences et engendré des drames.

    Notables en colère

    L’avenir du modèle productiviste génère de plus en plus de crispations. En témoignent les désaccords autour du Projet stratégique 2019-2025 des chambres d’agriculture de Bretagne, présenté à la presse le 30 novembre 2020. Ce jour-là, les présidents des chambres, tous éleveurs et adhérents à la puissante Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), jettent un pavé dans la mare. « C’est toute l’agriculture bretonne qui doit évoluer, affirment-ils . On ne peut plus continuer à produire de gros volumes non payés. Nous ne voulons plus ça, ce qui veut dire une baisse de l’élevage, davantage de prairies, la baisse des phytos, etc. La Bretagne va rester une terre d’élevage, la première de France, c’est notre socle. Mais avec moins de volumes produits, plus de lien au sol, plus de compétitivité et plus de transition environnementale. »

    Dans l’assistance, certains journalistes sont stupéfaits. Ces chambres furent longtemps des relais de l’idéologie productiviste. Les voici qui prônent une révolution : moins d’animaux, moins de pesticides et d’engrais de synthèse, plus d’autonomie dans les fermes, une diversification des cultures et un « verdissement » massif des pratiques. C’est, peu ou prou, ce que réclament depuis quarante ans les militants écologistes, ennemis jurés de la FNSEA. Et c’est ce qu’un éleveur des Côtes-d’Armor, André Pochon, pionnier local de l’agroécologie, a préconisé et expérimenté, avec d’autres, à partir des années 1950, au risque d’essuyer les moqueries adverses.

    « Virage à 180 degrés pour l’agriculture bretonne ? » , s’interroge Ouest-France le lendemain. Le point d’interrogation n’est pas superflu, car les chambres n’ont pas de pouvoir contraignant et parce que ce « virage » n’est pas du goût de tout le monde… Très vite, les représentants des « chambres d’agri » reçoivent des appels de notables en colère. Dirigeants de coopératives et gros bonnets de la FNSEA les accusent de précipiter « la mort » de l’agriculture régionale. Sommés d’aller s’expliquer devant leurs troupes, ils calment le jeu.

    Dix jours après la conférence, André Sergent, président de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, arrondit les angles dans Terra , hebdomadaire spécialisé dont l’actionnaire principal est alors la FNSEA. « C’est une trajectoire d’évolution que nous proposons, pas un virage à 180 degrés faisant table rase du passé , écrit-il . Nous savons trop ce que [le passé] apporte aujourd’hui à notre économie régionale. Nous croyons à une transition progressive et négociée. » Officiellement, le projet stratégique n’est pas enterré. Dans les faits, ce coup de pression aurait clairement « freiné l’élan en faveur du changement » , selon un responsable de la chambre régionale d’agriculture.

    Qui fait bloc autour de ce modèle ? Qui orchestre ce que d’aucuns nomment le « lobby agro-industriel breton » ? Les réponses sont difficiles à formuler, pour la bonne raison que ce lobby, en tant que tel, n’a pas d’existence officielle. Il s’agit d’un ensemble d’individus représentant des entreprises et institutions aux intérêts souvent convergents, parfois divergents. Certains s’entraident et se cooptent. D’autres, notamment dans la filière porcine, bataillent. Leurs points communs : ils bénéficient à divers titres du système en place et s’évertuent à ce qu’il évolue peu ou pas du tout.

    Galaxie hétéroclite

    Parmi les pontes de l’agrobusiness figurent des capitaines d’industrie riches et discrets. Les plus emblématiques sont Jean-Paul Bigard et sa famille, numéro trois européen de la viande, le clan Roullier, géant planétaire des engrais, et Louis Le Duff, numéro un mondial des cafés-boulangeries. Réunis, ces empires pèsent 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et représentent près de 60 000 emplois en Bretagne et dans le monde. Tous font partie des cent cinquante plus importantes fortunes professionnelles du pays .

    Ajoutons à ce « casting » les fabricants et vendeurs de machines agricoles, grossistes, transformateurs, patrons de laiteries privées ou concepteurs de logiciels : tous forment une galaxie hétéroclite, employant plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la région. Les ténors de la grande distribution, instigateurs d’une « course au moins cher » qui se répercute de longue date sur l’ensemble des filières, ne sont pas en reste.

    Deux des plus emblématiques enseignes françaises, Leclerc et Intermarché, ne sont-elles pas nées en Bretagne ? Ces mastodontes sont d’autant plus incontournables localement qu’ils possèdent leurs propres outils de transformation. En 2018, le tiers des porcs tués en Bretagne finissaient leur vie dans les abattoirs Kermené (Leclerc) et dans ceux d’Agromousquetaires (Intermarché).

    A l’évidence, un certain nombre de ces acteurs n’ont pas intérêt à des bouleversements d’ampleur. Plus d’autonomie technique et financière des paysans, moins d’intrants, d’élevage hors-sol, d’intermédiaires, de circuits longs, de plats transformés ? Cela fragiliserait, dans des proportions variables, ceux qui vendent des pesticides au cultivateur et du jambon premier prix au consommateur. Cela mettrait en péril des milliers d’emplois… mais en créerait d’autres, à en croire plusieurs études publiées à ce sujet.

    Les industriels bretons du secteur n’ont pas tous, cependant, la même philosophie ni les mêmes stratégies. Si certains d’entre eux revendiquent des démarches ambitieuses de progrès social et environnemental, d’autres se contentent d’un verdissement de façade ou n’essaient même pas de se prétendre « en transition ». Beaucoup contribuent au financement d’une ou de plusieurs des huit organisations régionales connues pour mener des actions de lobbying globalement en faveur du modèle dominant.

    Parmi celles-ci : l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA), qui fédère deux cents entités, dont les principales coopératives, mais aussi le Crédit agricole et le Crédit mutuel Arkéa. L’ABEA a fait parler d’elle, en 2021, après que Mediapart a révélé qu’elle avait tenté d’influencer – en toute légalité – des parlementaires dans le cadre des discussions relatives au projet de loi sur les lanceurs d’alerte.

    Suivre les euros

    Derrière ces lobbys, ces firmes et ces usines officie une élite peu encline à exhiber ses richesses. L’Armorique n’est pas la Côte d’Azur. Pudeur et modération sont ici des vertus cardinales. Il n’existe pas de jet-set agricole qui paraderait en voitures italiennes sur la « Riviera » morbihannaise. Recenser les sociétés civiles immobilières que possèdent les uns et les autres permet, en revanche, de se faire une idée des fortunes amassées. « En quarante ans de carrière, je n’ai jamais vu quelqu’un avec un tel patrimoine immobilier ! » , confie un agent de la répression des fraudes ayant enquêté sur un patron breton de l’agroalimentaire.

    Au moins un de ces grands dirigeants, dont le nom apparaît dans les fuites des « Panama Papers » , a été soupçonné un temps d’avoir eu recours à une société localisée dans un paradis fiscal. A partir de 2010, Alain Glon, fondateur de plusieurs entreprises agroalimentaires, aurait été l’unique bénéficiaire de Greengarth Holdings SA. Cette entité domiciliée au Panama détenait, par l’intermédiaire du cabinet Mossack Fonseca, un compte dans une banque suisse. Ce compte a été vidé en mars 2013, quelque temps avant l’approbation, par les pays du G20, du principe d’échange de données bancaires pour lutter contre l’évasion fiscale. Greengarth Holdings SA a été dissoute en 2014.

    Sollicité par Le Monde , Alain Glon indique qu’il « ignorai [t] l’existence » de ce compte et de cette société jusqu’à ce que « les autorités » l’interrogent à ce sujet, il y a quelques années : « J’ai dit que je n’avais jamais eu connaissance de ce compte. Il m’a été dit que, si mes réponses n’étaient pas satisfaisantes, l’administration donnerait suite et que, dans le cas contraire, on n’en parlerait plus. Ça fait quelques années, et on ne m’en a jamais reparlé. »

    Le sponsoring de clubs sportifs et le mécénat artistique témoignent aussi de la force de frappe financière des pontes de l’agro-industrie. Les trois clubs de football bretons évoluant en Ligue 1 arborent le logo d’au moins un acteur agroalimentaire. Le président du Stade brestois, Denis Le Saint, est à la tête du leader français de la distribution de produits frais. René Ruello, qui fut président du Stade rennais à trois reprises entre 1990 et 2014, a fait fortune dans la viennoiserie.

    « Agriculteurs en col blanc »

    Noël Le Graët, ex-président d’En Avant Guingamp, ancien maire de cette même ville et président de la Fédération française de football jusqu’à ces dernières semaines, est, à l’origine, un transformateur de produits de la mer du Trégor… Dans un autre registre, Bruno Caron, poids lourd de la boulangerie industrielle, a créé la Biennale d’art contemporain de Rennes. Quant à Edouard Leclerc, fondateur éponyme de l’enseigne, il a financé la création, à Landerneau (Finistère), d’un « fonds pour la culture » devenu un haut lieu de l’art contemporain.

    Les dirigeants de coopératives géantes font également partie des bénéficiaires du système. Le Gouessant, Cooperl ou Eureden, toutes basées en Bretagne, appartiennent aux paysans qui les ont fondées il y a plusieurs décennies et qui y adhèrent. Mais le jeu des rachats et le développement à l’international ont transformé certaines « coop » en structures tentaculaires, bardées de holdings et de filiales, générant plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. A leur tête : des « pilotes », souvent issus de prestigieuses écoles.

    Régulièrement critiquées (même par la FNSEA) pour leur manque de transparence, leur déficit chronique de démocratie interne et leur tendance à « serrer la vis » aux producteurs, ces coopératives rémunèrent généreusement, dans le même temps, leurs cadres : selon nos informations, quelques-uns des plus hauts salaires vont de 40 000 à 80 000 euros mensuels. Ce montant correspondait, en 2016, à près de cinquante fois le revenu médian d’un ménage agricole breton, selon l’Insee.

    Tous les paysans de la région, cependant, ne vivent pas chichement. Parmi les exploitants pleinement intégrés au système industriel, une minorité semblent tirer leur épingle du jeu. Ce sont les plus performants du point de vue de la conduite d’élevage et des techniques culturales et/ou ceux qui jouissent des meilleures infrastructures, des meilleures terres ou d’un bon capital de départ. Ce sont aussi certains « agriculteurs en col blanc », qui complètent leurs revenus avec d’autres subsides ou bénéficient d’avantages en nature dus à leur position. Il faut dire que les maroquins sont légion…

    Les conseils d’administration des syndicats, des coopératives, des banques et assureurs mutualistes, entre autres, offrent des mandats plus ou moins chronophages et plus ou moins indemnisés. Un président de chambre perçoit environ 2 000 euros mensuels au titre de ses activités consulaires, ce qui, dans bien des cas, couvre à peine les frais d’embauche d’un ouvrier agricole pour pallier l’absence, dans sa ferme, de l’élu en question. Les présidents de caisses départementales du Crédit agricole – en Bretagne, tous étaient, en 2022, des agriculteurs – empochent environ 5 000 euros mensuels et bénéficient d’un véhicule de fonction.

    « Heureux élus »

    Les mandats d’élus locaux, quant à eux, n’offrent bien souvent que des indemnités symboliques. Ils donnent cependant accès à des leviers importants en matière de politique foncière et d’aménagement du territoire. Or, en Bretagne comme ailleurs, les agriculteurs sont surreprésentés dans les conseils municipaux et communautaires. Tous ces engagements peuvent être désintéressés, mais ils peuvent aussi, comme l’attestent divers témoignages, s’avérer « utiles » à titre individuel. Dans tous les cas, ils contribuent au maillage du territoire par des partisans du modèle dominant.

    Philippe Bizien incarne bien ce phénomène. Ce Finistérien, patron d’un important élevage de porcs, préside Evel’Up, deuxième coopérative porcine française, ainsi qu’Evalor, principal constructeur breton d’unités de méthanisation. Il est aussi le trésorier de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne, et il a présidé le comité régional porcin de 1992 à 2022.

    Fils de l’ancien maire de la commune de Landunvez, M. Bizien a obtenu à plusieurs reprises des permis de construire pour agrandir son exploitation. Comme l’a révélé en 2022 le média d’investigation breton Splann ! , le préfet du Finistère lui a accordé une autorisation provisoire pour l’un de ces agrandissements malgré « deux décisions de justice » qui « ont établi que l’exploitation n’aurait pas dû être agrandie » et l’avis négatif, seulement consultatif, d’un commissaire enquêteur qui n’aurait plus jamais été sollicité par l’Etat ensuite.

    Bien au-delà du cas de M. Bizien, c’est tout un système, un entrelacs de pouvoir et d’argent, qui fait grincer des dents à la « base ». En cause : les innombrables mandats indemnisés, l’inutilité supposée de certains d’entre eux, les difficultés pour le paysan lambda à accéder à des cercles où règne la cooptation et, surtout, les privilèges dont jouiraient quelques « heureux élus » disposant des bons postes ou des bons réseaux. Ristournes sur des achats d’engrais ou de pesticides, accès simplifié au foncier, effacement partiel d’une dette, octroi facilité d’une labellisation…

    L’éventail des passe-droits, détaillé par de nombreuses sources, est large. Cette litanie s’ajoute aux démêlés judiciaires ou administratifs qu’ont connus, depuis plusieurs décennies, un certain nombre d’entités et de personnalités pour des faits de pollution, d’abus de biens sociaux, d’entrave à la concurrence, de fraude, de non-publication de comptes, de tromperie sur l’origine de marchandises, d’extension illégale de bâtiments d’élevage, de mise en danger de salariés, ou encore de saccage de biens publics…

    Ces éléments dessinent le portrait d’une région à deux vitesses. D’un côté, ceux, agriculteurs, patrons ou cadres d’entreprises agro-industrielles, qui bénéficient à fond du modèle productiviste – au prix, parfois, du franchissement de « lignes jaunes ». De l’autre, des paysans moins en vue qui s’épuisent à la tâche et gagnent peu, ainsi que des salariés du secteur agroalimentaire travaillant dans des conditions difficiles pour de faibles salaires.

    Malgré les critiques et les signaux d’alerte, le système tient. Il évolue peu et à la marge. Sa robustesse s’explique par son poids économique, par les emplois qu’il induit, par sa capacité à récupérer ou à saborder les propositions alternatives, par la mise au ban ou l’intimidation d’individus récalcitrants.

    « Produire l’autocensure »

    Le sociologue Ali Romdhani, auteur d’une thèse intitulée « Les conflits d’usage au cœur de l’élevage breton », soutenue en 2020 à l’université Rennes-II , est l’un des rares chercheurs à avoir théorisé les ressorts de cet « ordre social breton » . « Ce n’est pas une organisation formelle, écrit-il, mais plutôt une imbrication de réseaux d’acteurs qui se mobilisent quand leurs intérêts, leur identité, leurs privilèges ou leurs routines sont remis en cause. » Et d’évoquer le poids des « règles du jeu social » , qui « empêchent l’évolution de la situation » . La force de cette organisation informelle s’exerce par « l’impunité, l’exclusion, le déni, la pression sociale et la censure » . L’enjeu n’est « pas nécessairement de faire taire les voix discordantes, mais de produire l’autocensure chez la majorité ».

    Pour prendre la mesure de cette chape de plomb, il faut battre la campagne, gagner la confiance de ceux qui savent mais n’ont jamais parlé. Etre recommandé par un proche est un plus. Avoir grandi dans les parages en est un autre. Ranger le vouvoiement au vestiaire est souvent inévitable. Alors, parfois, les langues se délient, les taiseux s’épanchent…

    Michel, vétérinaire, décrit la solitude d’éleveurs surendettés, équipés de tracteurs flambant neufs mais gagnant 800 euros par mois. Arnaud, à la tête d’un important élevage de porcs, explique comment la grande distribution s’est « acheté une image » en acceptant de vendre ses produits, sans les mettre en valeur ni les rémunérer correctement. Claude, comptable à la retraite, énumère les montages juridiques qu’il a aidés à mettre en place afin que certains « gros » puissent agrandir leur ferme en passant sous les radars de la régulation foncière.

    Eric, délégué syndical, évoque le cas d’une employée d’abattoir, victime d’un grave accident sur une machine « vétuste » , qui a renoncé à poursuivre son employeur parce que ce dernier avait embauché dans la foulée des membres de sa famille. Françoise, ex-banquière, raconte l’histoire de cette éleveuse qui s’est endettée « jusqu’au cou » pour moderniser son exploitation mais n’a jamais pu la rentabiliser, parce qu’un voisin, administrateur de la banque en question, a fait main basse sur les terres qu’elle convoitait. Philippe, haut fonctionnaire, relate l’intervention d’un député du cru pour « faire enterrer » une procédure administrative à l’encontre d’un éleveur « ami » .

    Souvent, le fléau du suicide s’invite dans la conversation. Les larmes aux yeux, un autre vétérinaire évoque ces deux paysans, mari et femme, morts à quelques années d’intervalle. Claude, le comptable, a connu « dix suicides en trois ou quatre ans, dans les années 2010 ». « Ce n’était pas forcément à cause de soucis financiers , précise-t-il . Plutôt du burn-out, de l’épuisement, de la nécessité de faire toujours plus en gagnant moins. »

    En France, selon la Mutualité sociale agricole, un agriculteur se donne la mort tous les deux jours. Toutes professions confondues, la Bretagne a le plus fort taux de suicide du pays. « Le choix, pour certains, c’est la faillite, le servage ou le suicide, enrage un éleveur de porcs . C’est dur, ce que je dis, hein ? Mais c’est la vérité. » Comment qualifier un système capable de broyer à ce point ses propres ouailles ? « Féodalité » , répond l’un. « Esclavage moderne » , assure l’autre. Les mots « oligarchie » et « mafia » reviennent aussi.

    « Graves déconvenues »

    Rares sont ceux prêts à le dire sans requérir l’anonymat. Christian Hascoët est de ceux-là. Ce sexagénaire au verbe fleuri nous reçoit un jour de pluie dans le bureau de sa ferme, à Guengat, près de Quimper. Il veut « dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas ». Après avoir travaillé comme commercial pour un groupe agroalimentaire, il a repris la ferme de ses parents dans les années 1990. D’abord de façon « conventionnelle » – maïs, soja, engrais, pesticides. Puis il a progressivement modifié son assolement jusqu’à passer en « système herbager » . Il nourrit ses 165 vaches principalement avec l’herbe de la ferme. Cette approche demande du savoir-faire, un climat adéquat ainsi qu’un parcellaire adapté, mais permet en général de gagner en autonomie et en revenus.

    En 2009, la « grève du lait » fut pour lui un détonateur. Cette mobilisation d’éleveurs européens visait à obtenir une revalorisation des prix d’achat de la production. M. Hascoët y a participé. Il y a cru. Et il a déchanté, tant les avancées furent minimes… La FNSEA n’a pas soutenu le mouvement, qui s’est d’ailleurs construit en opposition à ses visées hégémoniques. Sur le terrain, les barons locaux voyaient les grévistes d’un mauvais œil.

    « Un collègue agriculteur a été chargé par [une institution agricole] de me surveiller, affirme M. Hascoët . Il me l’a avoué des années plus tard… Un jour, un apparatchik du système est venu dans la ferme. Il m’a intimé d’arrêter la grève du lait, avec une violence verbale incroyable. Il disait qu’il fallait que je me soumette. Ça n’a fait que renforcer ma détermination ! Dans ce genre de situation, si t’es pas solide dans ta tête et surtout économiquement, t’es mort. Tu craques ou tu vas au-devant de graves déconvenues. Quand tu demanderas un prêt, par exemple, on ne va pas te l’accorder. Il y aura l’intervention de la “main invisible”… »

    Après cet épisode, Christian Hascoët a participé à la création d’une marque de lait « équitable » , propriété de cinq cents producteurs français. Désormais, il ne dépend plus directement d’une coopérative ou d’une firme. Il n’enrichit plus personne… à part lui-même. Avec son beau-frère et son fils, il emploie deux salariés, prend de trois à quatre semaines de vacances par an, ne travaille pas tous les week-ends, se verse un « très bon » salaire et paye « un paquet d’impôts » .

    « Mais je suis très heureux d’en payer !, poursuit-il . J’ai fait vingt ans de collaboration passive, puis j’ai compris qu’on nous volait et qu’on nous manipulait. Je ne veux pas faire la morale aux copains restés dans le moule. Il est possible d’en sortir, mais ça suppose une remise en cause. Le problème du paysan débordé, c’est qu’il n’a pas le temps de se remettre en cause. » M. Hascoët n’a pu que constater l’hécatombe autour de lui : « Je connais au moins une dizaine de collègues qui se sont suicidés, rien que dans le pays de Quimper, en vingt ans. J’ai plein de copains morts de cancers à cause des pesticides. On paye cher, nous, les paysans bretons, pour que les autres deviennent riches ! »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/03/l-industrie-agroalimentaire-un-entrelacs-de-pouvoir-et-d-argent-en-terres-br
    #industrie_agro-alimentaire #Bretagne #France
    #agriculture #élevage #grande_distribution #productivisme #économie

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    signalé par @grrr :
    https://seenthis.net/messages/997391

    • Dans les champs bretons, l’industrie agroalimentaire et la culture de la peur - « En Bretagne, la face cachée de l’agrobusiness » (2/5)
      https://justpaste.it/buqc7

      C’est un puzzle de souffrance et de silences dont les pièces sont disséminées à travers la Bretagne. Un kaléidoscope de destins plus ou moins cabossés. Au départ, il y a des rumeurs : il paraît qu’untel a « vécu ça », qu’un autre connaît quelqu’un qui « sait »… Le Monde a suivi ces pistes, recoupé les informations pour aboutir à quarante-huit témoignages de femmes et d’hommes qui se sont opposés, d’une façon ou d’une autre, aux règles tacites du complexe agro-industriel breton – ou qui, simplement, ne s’y sont pas conformés. Tous auraient connu une « concordance d’événements fâcheux », pour reprendre l’euphémisme d’un fils de paysans du pays de Léon. Comprendre : pressions, intimidations, entraves, harcèlement, sabotages… Ces récits tendent à montrer que l’agro-industrie locale doit sa pérennité, dans des proportions difficiles à définir, à l’usage de diverses formes de violence. Bien des victimes présumées affirment avoir vécu « un enfer », quelques-unes confiant même avoir songé au suicide.

    • Les paysans bretons dans la spirale du productivisme
      https://justpaste.it/ajugg

      Chaque créancier prend des garanties. Qui s’accumulent, elles aussi. « La maison est hypothéquée, le cheptel est hypothéqué, les bâtiments sont hypothéqués », soupire Yannick. Comble de l’hypothèque : la coopérative a nanti les parts sociales de l’éleveur en échange d’un différé de paiement (avec intérêts) sur des livraisons d’aliments. S’il ne parvenait pas à régulariser sa situation, il pourrait perdre sa participation au capital de la « coop », fruit de plusieurs décennies de labeur. Ces fardeaux le hantent : « J’en suis à 100 % d’endettement. La “coop” paie mal, et c’est à l’éleveur de trouver les moyens de subvenir. Dans le même temps, les dirigeants se font mousser en achetant des filiales un peu partout… On nous dit : “Vous n’êtes pas contents ? Allez bloquer les supermarchés !” Mais pendant que je bloque des supermarchés, je ne fais pas mon boulot de paysan ! C’est un cercle vicieux. »

      #dette #travail

    • Le lobby agroalimentaire breton, une machine puissante et bien huilée
      https://justpaste.it/bhu3o

      L’un des derniers en date est la mise en place de la cellule #Demeter. Créée en 2019 au sein de la gendarmerie nationale, en lien étroit avec la FNSEA, cette structure vise à accroître la « coopération » des forces de l’ordre avec le monde agricole. Dans son viseur : les vols de matériel, les intrusions de groupes animalistes dans des élevages hors-sol, mais aussi les « simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ». Le dispositif, à vocation nationale, revêt une dimension symbolique majeure en Bretagne : c’est ici que la densité d’élevages est la plus forte et, aussi, que les crispations liées au modèle dominant sont les plus exacerbées.

      Durant les mois qui ont suivi l’inauguration du dispositif, de nombreux militants environnementalistes ont fait part d’« intimidations » et de « graves atteintes à la liberté d’expression » à leur encontre. Saisie par plusieurs associations, la justice administrative a estimé, en janvier 2022, que la prévention d’« actions de nature idéologique » effectuée par Demeter ne reposait sur « aucune base légale » et a sommé le gouvernement de faire cesser ces activités. Le gouvernement a fait appel de cette décision.

  • Des grandes exploitations alternatives : autonomie, #diversification, #circuits_courts et transmission familiale
    https://metropolitiques.eu/Des-grandes-exploitations-alternatives-autonomie-diversification-cir

    Entre les grandes exploitations agricoles industrielles et les fermes paysannes, d’autres modèles agricoles sont possibles. En Franche-Comté, deux fermes de grande taille fonctionnent de façon indépendante de l’agro-industrie et offrent une production diversifiée aux consommateurs locaux. Tandis que les recensements agricoles montrent la disparition toujours plus rapide des exploitations et l’agrandissement des structures restantes, suscitant un front de recherche sur les agricultures de firmes #Terrains

    / diversification, Franche-Comté, #agriculture, circuits courts, #élevage, #agriculteurs

    #Franche-Comté
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-sencebe_david.pdf

  • Les mégabassines : tout comprendre en une #carte

    Une carte du bassin de la #Sèvre niortaise, avec des #bassines_artificielles et des #zones_humides, pour comprendre ce qui se passe dans cette région du #marais poitevin.

    Aujourd’hui, dans la région et plus précisément à #Sainte-Soline, on attend une grande #manifestation « anti-bassines ». Cette #mobilisation doit rassembler les opposants à ce programme de stockage de l’eau pour l’#agriculture, mais elle a été interdite par la préfecture des Deux-Sèvres, en raison de la violence des affrontements avec les forces de l’ordre lors des précédents rassemblements. Les organisateurs promettent en revanche une mobilisation historique à laquelle sont censées participer des délégations étrangères, européennes mais aussi venues d’outre-Atlantique.

    Delphine Papin, cartographe au journal Le Monde explique comment a été pensée cette carte du bassin de la Sèvre niortaise, qui coule entre les départements de la #Vendée, des #Deux-Sèvres et de la #Charente-Maritime.

    « En bleu, on a tracé les principaux cours d’eau comme la Sèvres niortaise, la Vendée ou le #Mignon. On a aussi tracé les zones humides très étendues dans cette région, puisque nous sommes ici entre terre et mer, dans la région du marais poitevin, qui est la deuxième plus grande #zone_humide de France, après la Camargue. C’est une zone qui concentre une #biodiversité très riche, mais à l’équilibre écologique fragile et qui a subi dans le temps une forte pression humaine avec entre autres la conversion de certaines prairies en zone de #cultures_céréalières.

    En 2014, cette région a retrouvé son statut de #parc_naturel_régional - qu’elle avait perdu en 1996 en raison de ces transformations - : nous avons représenté avec un liseré vert ce périmètre à l’intérieur duquel l’environnement doit être en principe préservé. En jaune justement, on voit les #zones_agricoles, qui sont prépondérantes dans cette région rurale, ponctuée de zone urbains comme #Niort : on y pratique la #polyculture et l’#élevage, mais surtout la #céréaliculture, avec des grandes étendues irriguées très gourmandes en eau. »

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-cartes-en-mouvement/les-megabassines-tout-comprendre-en-une-carte-6229163

    #cartographie #visualisation #méga-bassines #mégabassines #eau #agriculture #résistance #irrigation

  • « L’Usine des animaux », sur Arte : la marchandisation des bêtes et ses multiples dérives
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/03/14/l-usine-des-animaux-sur-arte-la-marchandisation-des-betes-et-ses-multiples-d

    Caroline du Saint livre une enquête détaillée avec différents reportages sur la maltraitance dans les élevages industriels, la reconversion réussie d’un couple d’éleveurs, de l’intensif au traditionnel…

    L’Usine des animaux, documentaire de Caroline du Saint, réalisé avec Damien Vercaemer (Fr., 2022, 97 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 9 septembre 2023.
    https://www.arte.tv/fr/videos/103028-000-A/l-usine-des-animaux
    #élevage_industriel

    • Chaque année, 70 milliards de bêtes sont abattues au terme d’une vie de souffrance. Entre éclairage historique et plongée dans la réalité crue des élevages industriels, cette enquête décrypte les rouages d’un système qui a transformé les animaux en marchandises.

      âmes sensibles s’abstenir !