C’est avec les enfants et le partenaire amoureux que se rejoue avec le plus d’intensité le style relationnel que l’on a développé au cours de son enfance, auprès de ses figures d’attachement principales.
Pour résumer :
– si vous aimez la proximité relationnelle et l’intimité et que ce n’est pas associé à un quelconque sentiment de menace, vous avez un attachement sécure
- si vous recherchez la proximité relationnelle et l’intimité mais que vous êtes doté-e d’une sorte de radar qui vous fait ressentir que vous allez être abandonné-e, vous avez un attachement anxieux
– si vous n’appréciez la proximité relationnelle et l’intimité qu’à petite dose et que vous avez rapidement besoin de prendre des distances, vous avez un attachement évitant
Il peut être difficile de se reconnaître dans l’une de ces trois descriptions. Dans ce cas, voir ce questionnaire : Quel est votre style d’attachement ?
Les styles Anxieux/ambivalent et Évitant sont tous deux dits “insécures”. En effet, les besoins relationnels et émotionnels n’ayant pas été satisfaits de façon constante et prévisible au début de leurs vies, les personnes portant ces types relationnels associent l’attachement à un sentiment de menace. Ces deux styles d’attachement se caractérisent par des besoins et des peurs diamétralement opposés et c’est ce qui va poser de nombreux problèmes lorsqu’ils vont se trouver combinés dans un couple. Voici un tableau qui présente ces tendances relationnelles :
Ces deux styles relationnels renforcent mutuellement leur insécurité
Lorsque la proximité devient insupportable pour le partenaire évitant, il désactive son système d’attachement et devient distant. Le partenaire anxieux ressent cette prise de distance, ce qui l’amène à suractiver son système d’attachement et il devient envahissant.
Voici une description de ces stratégies par Levine & Heller :
Quelques stratégies de désactivation de l’attachement du partenaire évitant :
- Dit ou pense “je ne suis pas prêt à m’engager dans une relation” – et peut cependant rester des années avec la même personne
– S’attarde sur les petites imperfections de son partenaire (sa façon de s’habiller, de parler, de manger…)
- Pense encore à son ex et idéalise cette relation passée
- Attend de rencontrer “LA bonne personne” idéalisée
- Flirte avec d’autres personnes
- Ne dit pas “je t’aime”
- S’éloigne de son partenaire quand tout va bien (suite à un moment agréable à deux, ne donne plus de nouvelles, ne répond pas aux messages…)
- Se met dans une relation dont le futur est impossible – par exemple avec une personne mariée, ou qui vit dans un autre pays…
- Pense à autre chose lorsque son partenaire lui parle
- Garde des secrets et maintient le flou à leur sujet
Ces stratégies sont inconscientes et sont mises en place de façon à étouffer les besoins d’attachement qui pourraient se manifester lorsque la proximité devient trop menaçante.
Si seulement elle pouvait me laisser souffler cinq minutes et arrêter de m’attaquer, je pourrais être présent avec elle.
Quelques stratégies d’activation de l’attachement du partenaire anxieux :
- Pense beaucoup à son partenaire, a du mal à penser à autre chose
- Ne se souvient que de ses qualités
- Met l’autre sur un piédestal
- L’anxiété se dissipe uniquement en présence de l’autre
– Croit que c’est sa seule chance d’être en couple, parce que :
– “Je ne suis compatible qu’avec très peu de personnes – mes chances sont infimes de rencontrer quelqu’un comme lui”
– “Ça prend des années de rencontrer une nouvelle personne, je vais finir seul”
- Croit que même malheureux, il ne faut pas laisser tomber parce que :
– “Si elle me quitte elle va être la partenaire parfaite – de quelqu’un d’autre”
– “Il peut changer”
– “Tous les couples ont des problèmes – on est comme tout le monde sur ce point”
Si seulement il pouvait me montrer qu’il est fiable et sincère, je me calmerais dans la seconde.
Voir une description plus complète de l’attachement anxieux/ambivalent sur cette page.
Cette dynamique relationnelle tourne en rond dans un boucle infinie de mutuelle insatisfaction. Chacun se plaindra et souffrira du comportement de l’autre, mais il s’agit bien d’un schéma relationnel qui se renforce de lui-même et dont les deux protagonistes sont parties prenantes. Il apparaît pourtant que l’attraction entre ces deux modèles extrêmes et opposés est souvent observée.
Pourquoi s’attirent-ils ?
Les menaces perçues par un type insécure sont intimement liées aux croyances qu’il a de lui-même et dont il recherche la confirmation dans ses interactions*.
Pour la personne à l’attachement anxieux (Hazan & Shaver) :
Les autres sont réticents à l’idée d’être proche de moi autant que je le voudrais. Je crains souvent que mon partenaire ne m’aime pas vraiment ou ne veuille pas rester avec moi. Je veux ne faire qu’un avec l’autre personne et cela le fait souvent fuir.
– elle pense qu’elle a besoin de plus de proximité que son conjoint n’est capable de lui donner, ce qui se confirme ici
- elle idéalise la capacité du conjoint évitant à être indépendant, c’est une attitude qui lui fait défaut mais qu’elle envie
Pour la personne à l’attachement évitant :
Je suis mal à l’aise avec la proximité relationnelle et l’intimité. Je trouve difficile de faire confiance, difficile de me reposer sur quelqu’un d’autre. Lorsque quelqu’un devient trop proche, cela me rend nerveux et souvent, mes partenaires amoureux attendent de moi plus d’intimité que je ne peux en donner.
- elle a besoin de se sentir sollicitée vers une reprise de contact ; ceci ne serait pas possible avec un sécure ou un évitant qui se lasseraient rapidement de ce comportement distant.
Mais avec le temps, lorsqu’un certain niveau d’intimité et de dépendance est atteint dans une relation, celle qui pensait qu’on allait prendre soin d’elle se sent abandonnée ; celui qui pensait échapper à l’oppression pour la connexion la retrouve avec force. Chacun s’est donc mis en couple avec une personne qui n’est pas vraiment à l’écoute et disponible pour satisfaire ses besoins, comme ce fut le cas dans les expériences relationnelles initiales.
Cette description de ces deux styles relationnels est axée sur leurs différences et se trouve très marquée à dessein. Dans la vie quotidienne, cela peut se manifester de façon plus subtile par des tendances, tempérées par la multiplicité des figures d’attachement qui marquent une vie : la famille élargie, les amis, un thérapeute, un enseignant, un collègue…
Des styles opposés peuvent cependant arriver à un certain équilibre, à la condition que chacun fasse l’effort de se décentrer de sa problématique pour comprendre l’autre et tenter de s’adapter à son style. Comprendre qu’aucun des deux ne “fait exprès” ni n’agit de telle façon pour nuire à l’autre : il s’agit d’un mode de fonctionnement ancien qui est activé au sein de la relation.