La collapsologie : un discours réactionnaire ? (Jean-Baptiste Fressoz, Libération)
►https://www.liberation.fr/debats/2018/11/07/la-collapsologie-un-discours-reactionnaire_1690596
Très en vogue, les théories de l’#effondrement trouvent leur origine chez les élites industrielles et colonisatrices du XIXe siècle. Elles risquent aujourd’hui de négliger la dimension politique des #enjeux_écologiques.
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Premièrement, le terme d’effondrement est beaucoup trop #anthropocentrique. […] En se focalisant sur l’effondrement à venir de la #civilisation_industrielle, le risque est de se rendre aveugle à tous les effondrements de la #nature qui sont en cours et même déjà très avancés.
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Deuxièmement, le discours de l’effondrement est très « #occidentalocentré ». Dit plus simplement : c’est une #écologie de riches. Ce que nous vivons est infiniment plus pervers : le #changement_climatique accentue les autres formes de #violence et d’#inégalités. Suprême injustice, il est causé par les riches et persécute surtout les pauvres des pays pauvres. Et c’est d’ailleurs cette caractéristique qui explique l’apathie générale. […] Il faut reconnaître au #capitalisme sa #résilience extraordinaire face aux #désastres de tout ordre.
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Troisièmement, le #discours actuel de l’effondrement mélange deux choses : la #perturbation du système Terre et la #sixième_extinction, qui sont avérées, et l’#épuisement_des_ressources_fossiles qui est sans cesse repoussé à plus tard. […] Dit autrement, le capitalisme fossile se porte à merveille, il est dans la force de l’âge, son effondrement est peu probable, et c’est bien là le tragique de la situation.
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Quatrièmement, le discours de l’effondrement dépolitise la question écologique.
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Tous ces problèmes, l’effondrement les doit à ses origines intellectuelles et politiques.
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Si en France on connaît surtout la « #collapsologie » de gauche, celle d’Yves Cochet, de Pablo Servigne et de Raphaël Stevens qui tentent de construire une politique post-apocalyptique #émancipatrice, il ne faut pas oublier que l’effondrement a, au cours de sa longue histoire, nourri les passions politiques les plus nauséabondes.
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L’effondrement disparaît et réapparaît, recule ou revient en force en s’ajustant aux futurs successifs. En attendant, les #catastrophes se multiplient partout, et surtout en dehors d’une #civilisation_occidentale qui depuis deux siècles n’a cessé d’admirer sa #puissance au prisme de son effondrement.