#équarrissage

  • Jérôme, éboueur d’usines à viande : « On voit des choses qui ne devraient pas exister »
    https://www.nouvelobs.com/societe/20230330.OBS71542/jerome-eboueur-d-usines-a-viande-on-voit-des-choses-qui-ne-devraient-pas-

    Quel enfant a rêvé un jour de ramasser, quand il serait grand, les #animaux morts dans les poubelles des usines de production de viande ? Tel est le #travail_pénible, physiquement, moralement, philosophiquement, d’un certain « Jérôme » (c’est son pseudo) embauché depuis peu comme agent d’équarrissage et qui, depuis la région de Saint-Brieuc, a contacté #L214 pour vider son sac. Il n’en peut plus de ce qu’il découvre. Pourtant, c’est un gars solide, la trentaine sportive, adepte du jeu de go à ses heures perdues. Le public ne sait rien de la réalité de l’équarrissage, lequel consiste à ramasser quotidiennement, par tonnes, les cadavres d’animaux de boucherie n’ayant pas survécu dans les lieux où l’on gère (le mot est choisi) leur mise au monde par inséminations artificielles et engraissement express – parler de « ferme » ou d’« élevage » relève d’un travestissement marketing.

    la suite sur le site du nouvel obs
    https://www.l214.com
    https://vimeo.com/808333437/16462ede33


    attention, la video est vraiment gore manque plus que l’odeur.
    un article signalé par Splann https://mamot.fr/@splann
    #équarrissage #carnage #élevages_industriels

  • Hôpital public : la note explosive de la Caisse des dépôts
    Laurent Mauduit et Martine Orange
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-public-la-note-explosive-de-la-caisse-des-depots?onglet=full

    À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante.

    ...
    La philosophie générale du plan. Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes.

    ...
    Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »

    Interrogé également par Mediapart, le professeur André Grimaldi, fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, juge aussi sévèrement cette note. Il souligne en particulier qu’elle présente le vice majeur de mettre sur un pied d’égalité l’hôpital public et d’autres établissements, dont les établissements privés de santé à but non lucratif (Espic), qui, même s’ils sont détenus par des mutuelles et des fondations, sont régis par d’autres règles, notamment celles de la concurrence, ce qui leur permet d’embaucher les soignants sous des contrats individuels, de faire leur mercato pour débaucher des professeurs de renom, avec les rémunérations afférentes. Cette mise sur un pied d’égalité de ces établissements a, selon lui, pour effet d’effacer la frontière entre public et privé et s’inscrit dans une logique de marchandisation.

    Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims et membre des Économistes atterrés, soulève, avant toute chose, une question de méthode : « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit agricole). Icade s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des Ehpad et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. »

    #Politique-de-santé #Hôpitaux #Emmanuel-Macron #Ultralibéralisme #Privatisation

    • Pour Jean-Paul Domin, la critique est similaire : « C’est le truc à la mode. Les opérateurs complémentaires (mutuelles, assurances) se sont lancés en proposant des solutions de téléconsultation (la société Mesdocteurs.com est financée en partie par Axa, qui est au capital). La CDC oublie que cette fausse solution nécessite que l’ensemble des patients puisse avoir accès au très haut débit, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. L’accès à la télémédecine est marqué par de fortes inégalités. »

      Depuis quelques mois impossible pour moi d’avoir accès à mon compte « Amélie ». J’ai perdu mes codes, comme la fonction pour en demander de nouveaux en ligne est down, je fait une demande écrite par la poste. Un mois plus tard je reçoit le code, il marche pas mon compte est indiqué « indisponible pour l’instant - revenez plus tard ». Je téléphone à la secu, plus de 30 minutes d’attente avec la petite musique qui rend folle au prix standart + 6 centimes la minutes. L’opérateur me donne un nouveau code par SMS.
      Je vais sur Amélie et là encore ca marche pas « votre compte est indisponible pour l’instant - revenez plus tard » avec une image très mignonne et plus aucune fonction accessible meme la demande d’un nouveau code.
      N’étant pas super douée en informatique mais pas non plus totalement incapable je suis toujours dans l’incapacité d’avoir accès à mon compte Amélie. Ca implique que je peu pas avoir de justificatif pour prendre une mutuelle du coup j’ai du payé pas mal de frais médicaux de décembre à mars et j’ose pas imaginé ce que serait une téléconsultation avec ce système.

    • et puis après la lecture de cet article je tombe sur ceci qui m’aurais fait avalé mon dentier si j’en avait un !

      Coronavirus : « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », dit Paris à Pékin et Moscou

      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290320/coronavirus-la-solidarite-ca-ne-s-instrumentalise-pas-dit-paris-pekin-et-m

      La Chine et la Russie ne doivent pas « instrumentaliser » l’aide qu’elles apportent à d’autres dans la crise sanitaire du Covid-19, a déclaré dimanche une ministre française, déplorant des mises « en scène » à des fins de « propagande ».

      « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », a lancé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions.

      « C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », a-t-elle relevé. « Je vous parle de la Chine, de la Russie qui mettent en scène des choses », a-t-elle souligné.

    • Et je viens d’apprendre par la MDA que je vais pas pouvoir avoir de dédomagement pour mon expo qui à été annulée le 16mars car j’ai aucun moyen d’avoir cette « attestation de la sécurité sociale des artistes-auteurs de l’année en cours ou précédente ou tout document attestant de votre situation sociale en cours de validité » qui est bloqué sur Amélie et qui m’a déjà couté un bras et qui va me couter les deux jambes.
      https://www.cnap.fr/fonds-durgence
      et pour la seconde aide possible j’ai 0€ de revenus pour mars 2019 tout comme mars 2020, mes premières factures sont daté d’avril 2019....

  • Chômage : le faux suspense du gouvernement | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/260219/chomage-le-faux-suspense-du-gouvernement?onglet=full

    Une semaine après l’arrêt des négociations entre les syndicats et le patronat sur les nouvelles règles de l’assurance-chômage, le premier ministre et la ministre du travail ont relancé mardi 26 février une grande phase de concertation. Ils ont refusé de dévoiler les contours de la réforme, annoncée pour cet été. Mais les priorités de l’exécutif sont connues, et les perdants du futur système aussi.

    Je croi que la loi s’appelle « loi de confiance dans l’ #équarrissage »

    • ui, pour la réforme des règles régissant l’assurance-chômage, il y a un plan. Et non, il n’est toujours pas l’heure de le dévoiler. C’est le message que se sont employés à faire passer, lors d’une conférence de presse ce mardi 26 février, le chef du gouvernement Édouard Philippe et la ministre du travail Muriel Pénicaud, appuyés par des explications données aux journalistes par le cabinet de la ministre.

      La réaction du gouvernement était attendue, à la suite de l’échec des négociations entre syndicats et organisations patronales, acté la semaine précédente. « Je regrette évidemment très profondément qu’un accord n’ait pu être trouvé, a déclaré Édouard Philippe. J’ai parfaitement conscience qu’il n’était pas facile d’obtenir cet accord, parce que c’est toujours difficile de remettre à l’endroit un système qui s’est constitué par une sédimentation de règles année après année. »

      Cinq jours plus tôt, le président de la République avait été plus tranchant, ironisant devant les présidents de département réunis à l’Élysée sur des « corps intermédiaires » incapables de se mettre d’accord. « On est dans un drôle de système ! Chaque jour, dans le pays, on dit : “Corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire”, s’est-il exclamé. Et quand on donne la main, on dit : “Mon bon monsieur, c’est dur, reprenez-la.” Et le gouvernement va devoir la reprendre, car on ne peut pas avoir un déficit cumulé sur le chômage, comme on a depuis tant d’années. »

      Mais si l’exécutif est bien décidé à prendre la main, il se donne encore un peu de temps avant de dire précisément comment il entend modifier les règles, et donc dévoiler qui seront les perdants de sa réforme. Les décisions finales, qui seront prises par décret et ne passeront donc pas devant le Parlement, ne seront pas annoncées avant plusieurs semaines, dans le cours du printemps. Leur mise en œuvre est annoncée pour l’été, sans plus de précision.

      Édouard Philippe et Muriel Pénicaud, à Matignon le 26 février. © capture d’écran - site internet de Matignon Édouard Philippe et Muriel Pénicaud, à Matignon le 26 février. © capture d’écran - site internet de Matignon

      Dans l’intervalle, va s’ouvrir « une concertation très approfondie et très intense », a annoncé Muriel Pénicaud. Dès ce mercredi, la ministre du travail et son cabinet vont commencer à recevoir, un par un, les représentants des salariés et du patronat, mais aussi des associations de chômeurs, des parlementaires ou des lobbys patronaux non représentatifs. Dans un premier temps pour tenter d’« aboutir à un diagnostic partagé ». Puis une seconde fois pour, enfin, dévoiler les mesures que le gouvernement mettra en place. Une « cinquantaine de réunions » en tout, selon une méthode rappelant celle qui avait abouti à l’adoption des ordonnances réformant le code du travail – et qui avait fortement déplu.

      Sur le papier, rien ou presque n’a donc changé depuis la mi-septembre, quand le gouvernement avait présenté sa lettre de cadrage encadrant la négociation qu’il demandait aux partenaires sociaux d’ouvrir. Cinq mois plus tard, les mêmes thèmes et les mêmes mots reviennent. « Il est vrai que nous avons connu quatre mois de négociation, et que certains sujets sont labourés depuis six ans, reconnaît-on au ministère du travail. Mais des points névralgiques n’ont pas été assez discutés, approfondis. » « Les partenaires sociaux sont passés à côté de certains sujets fondamentaux, assure-t-on. Nous avons envie de repartager les choses le plus clairement possible, pour mieux préparer le terrain pour les solutions. »

      Officiellement, il n’est pas encore question d’évoquer ces « solutions », que le gouvernement entend pourtant mettre en œuvre dans les six mois à venir. Il faut laisser passer la séquence actuelle du grand débat, et sans doute les élections européennes, pour trouver plus tard une fenêtre de tir favorable à la présentation de mesures qui risquent de faire grincer beaucoup de dents.

      Pourtant, aujourd’hui comme au mois de septembre, il n’est pas sorcier de comprendre les axes que l’exécutif souhaite favoriser, et dont beaucoup sont explosifs. Les mots employés dans la lettre de cadrage, ceux-là mêmes qui ont abouti à un échec des négociations entre partenaires sociaux, sont plus que jamais d’actualité. En coulisse, le ministère du travail a affûté ses arguments pour convaincre que ses choix étaient les bons. Le cadre financier d’abord : il s’agit toujours de trouver 4 milliards d’économies en trois ans, même si le cabinet de Muriel Pénicaud assure que « le but poursuivi n’est pas économique » et qu’il s’agit avant tout d’« améliorer le fonctionnement du marché du travail ».

      Les priorités, ensuite. À commencer par le désormais fameux « bonus malus » sur les contrats courts, qui verrait les cotisations patronales sur les salaires modulées en fonction du nombre de contrats courts utilisés dans une entreprise. Emmanuel Macron défend cette mesure depuis sa campagne présidentielle et le ministère du travail assure depuis 18 mois qu’elle sera mise en œuvre si une alternative équivalente n’est pas proposée. Mais le patronat n’en veut absolument pas. Ce mardi, Édouard Philippe a rappelé qu’« à ce stade », « personne » ne lui a « proposé […] une meilleure solution ». « L’instrument est sur la table », a-t-il donc martelé, rappelant que la mesure était à ses yeux une « contrepartie » demandée aux chefs d’entreprise, à qui les ordonnances ont assuré « plus de souplesse et de sécurité » dans le licenciement de leurs salariés.

      Les organisations patronales assurent depuis des années que cette mesure est un contresens car utiliser des contrats courts est obligatoire dans certains secteurs, qui ne peuvent pas s’organiser autrement. Le ministère du travail souligne que cette position ne tient pas la route : « Dans tous les secteurs, pour une même taille d’entreprise, pour le même business et les mêmes contraintes, il existe des pratiques très différentes. » Ainsi, parmi les traiteurs – un exemple régulièrement utilisé par le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux –, certaines entreprises utilisent quarante fois plus les contrats courts que leurs concurrents. « Il y en a un qui fait subventionner sa flexibilité par les autres », traduit un conseiller, agacé.
      Réduire l’indemnisation des salariés les mieux payés, un précédent dangereux

      Le gouvernement reste tout aussi attaché à une réforme du système qui, selon lui, avantage certains travailleurs précaires, qu’il nomme les « permittents ». Il s’agit des demandeurs d’emploi qui travaillent régulièrement, mais sur de petites périodes. Pour le gouvernement, il faut modifier les règles encadrant les droits rechargeables à l’assurance-chômage. Depuis 2014, il est prévu que si un chômeur travaille pendant qu’il touche son allocation-chômage, il allonge la période pendant laquelle il peut toucher de l’argent de Pôle emploi. Un mécanisme qui peut durer indéfiniment, pour peu qu’il travaille au moins 150 heures, c’est-à-dire environ un mois.

      Ces paramètres sont incontestablement bénéfiques pour les chômeurs et les incitent à trouver un travail, même court et peu rémunéré. Le ministère du travail en convient, mais souligne que depuis 2014, la part de ceux qui se trouvent dans cette situation depuis plus de deux ans « a quasiment doublé, passant de 9 % à 16 % » des demandeurs d’emploi qui utilisent les droits rechargeables. « On enferme les gens dans la précarité plutôt que de les en sortir », assure le ministère. Un argument qui ne devrait guère convaincre les syndicats, logiquement très hostiles à une réforme qui serait défavorable aux plus précaires.

      Le débat devrait être tout aussi virulent sur la question, en apparence technique, du calcul du salaire journalier de référence. C’est en se fondant sur ce calcul qu’est établi le montant de l’allocation chômage versée à chaque demandeur d’emploi. Or, se plaint le ministère, environ 20 % des chômeurs indemnisés « touchent une allocation chômage supérieure à la moyenne de leurs revenus » lorsqu’ils travaillaient. La raison ? Le calcul de l’indemnité est établi en fonction du revenu touché uniquement les jours travaillés, et non selon le revenu mensuel global, qui inclut jours travaillés et jours chômés et qui est donc plus faible. Le système actuel « favorise mécaniquement le fractionnement des contrats de travail », plaide-t-on au ministère, et ne pousse pas assez au retour à l’emploi.

      Cette argumentation met de côté le fait que les règles en vigueur depuis octobre 2017 ont déjà corrigé en grande partie les inégalités pointées par l’exécutif, celles qui concernent les contrats de moins de cinq jours. L’assurance-chômage avait trouvé des cas frappants : deux demandeurs d’emploi ayant travaillé 90 jours pour un même salaire pouvaient toucher 1 000 euros de différence en quatre mois d’indemnisation, si l’un avait travaillé avec un CDD de dix-huit semaines, et l’autre avec dix-huit CDD de cinq jours. La situation a déjà été corrigée, 20 % des demandeurs d’emploi ont vu leurs allocations baisser en conséquence.

      Les salariés concernés par cette future réforme font partie des plus précaires. Est-ce parce qu’il en est conscient que le gouvernement insiste en parallèle pour réduire les droits au chômage des salariés les mieux payés ? « Nous devons revoir notre système qui permet d’obtenir des niveaux d’indemnisation pour les salaires élevés qui sont trois fois supérieurs à ce qui se passe chez nos voisins », a prévenu le premier ministre. Les plus pessimistes craindront qu’en touchant d’abord aux droits des plus riches, le gouvernement ne s’autorise un précédent qui fera peu de mécontents, mais qui installera l’idée qu’il est possible de diminuer les allocations chômage.

      Aujourd’hui, le niveau maximal de l’allocation est fixé à 7 750 euros brut (soit 6 615 euros net). Un plafond qui est le plus haut d’Europe, mais qui concerne… seulement 0,05 % des demandeurs d’emploi, selon l’Unédic – et seuls 5 % d’entre eux touchent plus de 1 810 euros net par mois. Muriel Pénicaud et son cabinet ont tellement envie de convaincre que ce plafond maximal est trop haut qu’ils assurent que « le deuxième pays qui indemnise le plus en Europe » est le Danemark, où le plafond est fixé à 2 700 euros par mois. Problème, selon l’Unédic elle-même, il existe des cas où les niveaux sont plus hauts, sans atteindre celui de la France : presque 5 000 euros au Luxembourg, 4 400 en Allemagne.

      Pour réduire les plus hauts niveaux d’allocation chômage, il y a deux solutions. Mettre en place la dégressivité dans le temps, d’abord. Une idée qui a longtemps séduit l’exécutif, mais qui est unanimement refusée par les syndicats, et battue en brèche par l’immense majorité des études économiques. Une étude de l’OFCE a ainsi rappelé fin 2017 que la dégressivité des allocations était tout sauf efficace.

      L’autre possibilité est de baisser le plafond maximal, et c’est l’option que semble désormais privilégier l’exécutif. Une piste qui serait « légitime », compte tenu d’une « situation de quasi-plein-emploi » chez les cadres, dont moins de 4 % sont au chômage. Au ministère du travail, on détaille que « plus le niveau d’indemnisation augmente, plus la durée d’indemnisation augmente » : 419 jours indemnisés en moyenne pour des demandeurs d’emploi touchant 2 000 à 3 000 euros d’indemnités, contre 575 jours pour ceux qui touchent plus de 5 000 euros, et l’écart se maintient même chez les moins de 50 ans, qui retrouvent plus facilement un emploi.

      « Ce ne sont pas les gens qui sont en cause, ce sont les règles », répètent les conseillers de Muriel Pénicaud, qui conviennent que pour le patronat ou les syndicats, les « diagnostics » alignés par le gouvernement « sont difficiles à poser, à accepter ». De fait, il paraît inconcevable qu’ils deviennent des constats partagés par tous. Mais ce n’est de toute façon pas le but poursuivi par le gouvernement, qui ne cache pas son ambition de mettre en place une « réforme systémique ». Que les organisations qui étaient jusque-là aux manettes l’approuvent ou non.

    • Gagner plus au chômage qu’en travaillant : l’étonnante statistique du gouvernement, Hélène Fily
      https://www.franceinter.fr/economie/gagner-plus-au-chomage-qu-en-emploi-l-etonnante-statistique-du-gouvernem

      Le gouvernement reprend la main sur l’assurance chômage en s’attaquant aux contrats courts et aux règles d’indemnisation. En s’appuyant sur une donnée qui interroge : selon lui, un #allocataire sur cinq perçoit un revenu plus élevé en étant au #chômage qu’en travaillant. Qu’en est-il vraiment ?

      De nouvelle règles seront applicables dès cet été pour le calcul des indemnités chômage, a annoncé mardi le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de la ministre du #Travail, Muriel Pénicaud. Cette dernière reçoit dès cette semaine les leaders syndicaux et patronaux, pour une phase de diagnostic, qui, juge-t-elle, n’a pas été assez creusé ces quatre derniers mois.

      Qui touche quoi ?

      La moitié des allocataires touche moins de 860 euros nets par mois. 45% touchent entre 860 et 1 810 euros. Seuls 5 % des allocataires touchent donc plus de 1 810 euros nets chaque mois.

      Il existe également un plafond. À ce jour, il se situe à 6 615 euros nets mensuels, une somme qui est « versée à 0,05 % des bénéficiaires », précise l’Unedic, soit un millier d’allocataires sur les 2,7 millions de personnes qui sont aujourd’hui indemnisées au titre de l’Assurance chômage. Les cadres représentaient, en 2017, 43 % de la masse salariale soumise à contribution sur l’assurance chômage.

      Comment se calcule l’allocation

      Aujourd’hui, l’allocation minimale versée est de 29,06 euros par jour pour un demandeur d’emploi qui a travaillé à temps plein sur une durée suffisamment longue pour en être bénéficiaire. Le montant de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) est calculé à partir de votre salaire journalier de référence (SJR). Ce salaire de référence prend en compte tous vos salaires bruts perçus au cours des 12 derniers mois, primes comprises, mais hors indemnités liées à la rupture de votre contrat.

      En moyenne, précise l’Unédic, l’allocation nette correspond à 72 % de l’ancien salaire, sur la base d’un temps complet et le taux varie en fonction de l’ancien salaire : 79% pour un SMIC net et, par exemple, 64 % sur un salaire de 3 000 euros nets mensuels.

      Comment expliquer la statistique du ministère ?

      Un demandeur d’emploi sur cinq gagne t-il vraiment plus au chômage qu’en travaillant ? Prenons un exemple : entre la situation d’un chômeur qui aurait été salarié à mi-temps pendant douze mois et celle d’un chômeur salarié 15 jours par mois, tous les mois ( donc avec un contrat différent chaque mois), le ministère estime que le système actuel favorise le fractionnement des contrats.

      Car dans le premier cas, celui du salarié à mi-temps, on applique un coefficient de temps partiel. Et pas dans l’autre. La salarié à temps partiel qui se retrouve sans emploi ne touchera que 740 euros par mois. Alors que le salarié qui cumule les contrats percevra 900 euros, plus que lorsqu’il travaillait.

      Mais ce qu’il ne faut pas oublier de préciser, c’est que le contrat de longue durée permet une indemnisation plus longue que les contrats courts. Dans notre exemple, le mi-temps sera indemnisé pendant douze mois, tandis que le salarié qui a cumulé les contrats courts pendant 12 mois ne sera indemnisé, lui, que pendant 6 mois. Son capital est grignoté plus vite parce qu’il a travaillé moins longtemps.

      Le gouvernement tient-il compte de cette donnée ? Inclut-il les chômeurs qui travaillent (la moitié des allocataires), et qui cumulent donc allocation et salaires ? L’Unédic a été bien en peine de trouver la moindre donnée qui confirme cette étonnante statistique.

  • AP-HP : en dépit des alertes multiples, Hirsch veut tenir le cap de l’austérité - | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231218/ap-hp-en-depit-des-alertes-multiples-hirsch-veut-tenir-le-cap-de-l-austeri

    Alors que l’AP-HP est déjà au bord de la rupture, la direction projette de supprimer près de 6 000 emplois d’ici à 2023, dans l’espoir de rétablir son équilibre financier. Les personnels pressent Martin Hirsch de dénoncer cette politique d’austérité, voire de démissionner. Pour lui, la réponse au malaise de l’AP-HP est dans le management.

    Après les restrictions budgétaires, les emplois précaires, les postes non renouvelés, les heures supplémentaires sans fin, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) entre dans la dernière phase des politiques d’austérité imposées par le ministère de la santé : les suppressions de poste. En 2018, l’institution hospitalière parisienne a déjà supprimé 660 postes en 2018, essentiellement parmi les personnels non médicaux. Les années à venir s’annoncent pires : d’ici à 2023, date prévue d’un hypothétique retour à l’équilibre financier, 800 à 1 000 postes doivent être supprimés chaque année. Les disparitions de poste concerneront là encore essentiellement des personnels non médicaux : administratifs, techniques et soignants. Au bout du compte, près de 6 000 postes sont appelés à disparaître, sur un effectif de 100 000 professionnels.

    C’est en tout cas le programme budgétaire qu’a présenté, au début du mois, le directeur général Martin Hirsch aux instances de l’AP-HP. Toutes les instances consultées ont déjà fait connaître leur opposition : le comité technique d’établissement, qui représente les personnels non médicaux, et la commission médicale d’établissement, qui représente les médecins, ont rendu des avis négatifs. Le conseil de surveillance présidé par la maire de Paris a adopté une motion, mercredi 17 décembre, qui juge « insupportables » les restrictions sur le personnel.

    Martin Hirsch. Martin Hirsch.
    Mais ces avis restent consultatifs, la direction a tout pouvoir sur les décisions budgétaires. Et elle a un argument de poids pour faire valoir ses projets : « La situation financière est catastrophique », souffle Jean-François Mussard, secrétaire général de la CFDT. Fin 2018, l’AP-HP accuse 200 millions d’euros de déficit, comme en 2017. Ces pertes ont une explication : le budget de l’assurance maladie est insuffisant et les tarifs de l’hôpital sont en baisse (– 0,5 % en 2018). Pour ne pas perdre d’argent, l’hôpital devrait augmenter fortement son activité, selon les logiques commerciales imposées depuis la réforme de la tarification. Or l’activité stagne : elle n’a augmenté que de 0,5 % en 2018.

    « Comment Martin Hirsch, qui défend des valeurs d’humanité, peut-il être l’exécutant d’une telle politique ? », s’étonne la vice-présidente de la commission médicale d’établissement et médecin hépatologue Anne Gervais. Elle se dit « très en colère ». « Je ne comprends pas que les infirmières ne soient pas en gilet jaune. »

    Les appels se multiplient pour inciter le directeur de l’AP-HP à se démarquer par rapport aux restrictions budgétaires dictées par le ministère de la santé. Dans une tribune publiée par le JDD le 1er décembre, 105 médecins de l’AP-HP ont interpellé Martin Hirsch, en l’incitant à suivre l’exemple de Nicolas Hulot et à démissionner : « Le moment n’est-il pas venu pour vous de refuser d’appliquer cette politique en plaçant le gouvernement face à ses responsabilités ? », demandent-ils.

    Mais si tous sont d’accord pour dénoncer la politique budgétaire catastrophique de l’AP-HP, les tensions resurgissent vite entre les différents métiers, dans ce monde hospitalier très hiérarchique.

    Le corps médical s’est trouvé un nouveau porte-voix, la neurologue Sophie Crozier, « simple » praticienne hospitalière. Dans Libération, elle dénonce le « naufrage de l’hôpital public », le double langage des responsables, « une politique managériale totalement déconnectée », alors que la situation est chaque jour plus catastrophique dans les services. Elle dénonce « les professeurs de médecine » qui « se taisent », car « bien souvent on leur promet des postes dans les départements universitaires ».

    Le porte-parole de la CGT-Santé, le médecin urgentiste Christophe Prudhomme, n’épargne personne : « Martin Hirsch ne peut pas écrire de beaux bouquins, faire de grands discours, et appliquer cette politique. La commission médicale d’établissement devrait démissionner. Mais les médecins qui sont dans la technostructure ne voient pas les malades : ils passent leur temps en réunion, les professeurs de médecine sont dans les congrès. Le seul mouvement à l’hôpital aujourd’hui, c’est celui des gens qui le quittent. J’ai dit au député [LREM] Olivier Véran que les politiques ont une responsabilité morale. »

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    Hôpitaux : Hirsch enlise l’AP-HP dans un conflit longue durée Par Caroline Coq-Chodorge
    Martin Hirsch, de droite à gauche ? Par Michaël Hajdenberg

    Les personnels hospitaliers voient la dégradation continue des services hospitaliers. Mardi 18 décembre, il y a eu un nouveau drame à l’hôpital Lariboisière, dans le Xe arrondissement de Paris : une patiente âgée de 55 ans est décédée au service des urgences. Elle y avait été amenée par les sapeurs-pompiers vers 18 h 45 et placée sur un brancard, en attendant de voir un médecin. Elle a été découverte à 6 h 20, morte, sur le brancard. L’AP-HP a elle-même prévenu la justice de ce décès suspect.

    Le service d’urgences de Lariboisière est le plus fréquenté de Paris : il reçoit 100 000 patients par an. Il avait été pensé à l’origine pour en accueillir 35 000. Cet été, les personnels des urgences de l’hôpital se sont mis en grève pour dénoncer les sous-effectifs. « Un infirmier du service a prévenu devant le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, qu’il y aurait de la casse. C’est arrivé », dit amèrement le syndicaliste CFDT Christian Le Bivic. Il a travaillé comme aide-soignant dans ce service et encourage ses collègues à remplir des fiches de signalement des événements indésirables : en juillet, « douze patients en attente depuis plus de 8 heures sur des brancards, dont six de plus de 70 ans » ; en novembre, « quatre patients par chambre en unité d’hospitalisation de courte durée, au lieu de deux », « des patients depuis plus de 24 heures sur des brancards ». « Voilà la réalité : les patients sur les brancards veillent les uns sur les autres », dit l’urgentiste Christophe Prudhomme.

    Jeudi 20 décembre, Martin Hirsch donnait une conférence à la chaire santé de Sciences-Po sur l’AP-HP en 2028 (voir la Boîte noire). Il se dit conscient qu’il « n’y a plus de satisfaction à travailler à l’AP-HP aujourd’hui ». Mais les personnes qui l’incitent à prendre ses distances, voire à démissionner pour protester contre les projets hospitaliers du ministère de la santé risquent d’être déçues : pour lui, il y a un « problème de management » à l’AP-HP. Il souhaite aussi voir « évoluer les statuts de la Fonction publique hospitalière », jugés trop « rigides ». Et pour « redonner de l’espoir », il réfléchit à « des organisations plus souples », sans plus de précisions.

    Martin Hirsch a déjà fait passer une réforme du temps de travail, généralisant les grandes équipes : les soignants travaillent indifféremment le matin ou l’après-midi, pour se remplacer plus facilement. « Il veut nous réorganiser en plus gros services, pour mutualiser un peu plus le personnel », explique Anne Gervais. « Il veut développer la mobilité des soignants. Mais jusqu’où ? », s’interroge Jean-François Mussard, secrétaire général de la CFDT et infirmier. Le décalage entre la direction de l’AP-HP et la réalité quotidienne des personnels hospitaliers n’a jamais été aussi grand.

    #équarrissage