• #Mine de #lithium au #Nevada : des Autochtones dénoncent « le #mensonge du #tout-électrique »

    Un des plus grands gisements de lithium se trouve sous les pieds des Autochtones du Nevada. Une aubaine pour ceux qui souhaitent développer la #filière_batterie. Un #cadeau_empoisonné pour ceux qui veulent protéger ce territoire.

    Dans le nord du Nevada, tout près de la frontière avec l’Oregon, des étendues de plaines enclavées entre des #montagnes sont encore vierges.

    Pour l’instant.

    En effet, sous ce sol argileux se trouve la plus grande réserve de lithium des États-Unis. Classés comme étant essentiels à la #transition_écologique, les #métaux_stratégiques comme ceux-ci sont ainsi devenus l’objet de bien des convoitises.

    L’entreprise canadienne #Lithium_Americas prévoit exploiter ce gisement dont la valeur nette serait de 5,7 milliards de dollars américains après impôt. #General_Motors a d’ailleurs investi 660 millions de dollars américains dans ce projet.

    Allochtones, éleveurs et Autochtones de la région se sont alliés pour s’opposer à ce projet qu’ils qualifient d’aberration. À proximité du site, ils ont établi des camps dont le dernier a été démantelé en juin à la suite d’une descente policière.

    Cette opposition a réussi à faire repousser le début de la construction de la mine et de son usine, qui aurait dû débuter en 2021. Finalement, les travaux de terrassement ont commencé cet été.

    Depuis cet événement, sept opposants sont poursuivis par la compagnie minière.

    Un éleveur, quatre groupes environnementaux et deux autres communautés autochtones ont pour leur part engagé des poursuites judiciaires. Ils ont gagné leur cause.

    Les Autochtones et les groupes environnementaux souhaitent l’annulation pure et simple du permis délivré à Lithium Americas pour son projet.

    Les communautés autochtones de Reno-Sparks, Burns Paiute et Summit Lake Paiute ont intenté leur propre action en justice.

    Michon Eben, responsable du programme culture et ressources et du Bureau tribal de préservation historique (Tribal Historic Preservation Office), fait partie de la communauté de Reno-Sparks (Reno-Sparks Indian Colony).

    « Les gens ne comprenaient pas qu’on s’implique dans ce dossier, car ils estiment qu’on est loin du projet », explique-t-elle en entrevue, puisque l’emplacement de la mine se trouve à environ 500 kilomètres au nord de Reno. « Ce n’est pas parce que c’est loin de l’endroit où nous vivons maintenant que cet endroit ne représente pas qui nous sommes. »

    C’est oublier le vaste territoire qu’occupaient les nations autochtones du Nevada et des États limitrophes avant l’arrivée des colons, selon elle. C’est oublier les liens que les communautés ont également tissés entre elles au fil des siècles.
    Le mensonge de la transition vers l’électrique

    Les opposants critiquent les « mensonges » autour de la voiture électrique, présentée comme la panacée contre la catastrophe climatique.

    «  On ne peut pas annihiler une culture, un écosystème, ni tarir nos sources d’eau simplement pour que quelques riches aient une voiture électrique. » (Une citation de Michon Eben, responsable du programme culture et ressources à Reno-Sparks)

    Les écologistes, eux, sont du même avis.

    « Le mensonge, c’est de dire qu’on peut sauver la planète et la détruire en même temps. Si ce n’est pas vert de détruire des montagnes pour en extraire du charbon, ce n’est pas plus vert de détruire des montagnes pour extraire du lithium », avait expliqué l’un d’eux dans un reportage de Radio-Canada diffusé en mars 2022.

    « Je veux que ces compagnies minières étudient de meilleures manières de gagner de l’argent. Il faut expliquer aux gens que les voitures électriques ne vont pas sauver la planète de la crise climatique. » (Une citation de Michon Eben, responsable du programme culture et ressources à Reno-Sparks)

    Mme Eben fait état du boom minier qui frappe le Nevada : « 22 000 claims miniers spécifiquement consacrés au lithium », indique-t-elle.

    Selon la Nevada Division of Minerals, en date du 8 septembre, l’État comptait exactement 21 425 claims miniers de lithium.

    Le problème, c’est que les Autochtones estiment ne pas avoir été consultés comme ils auraient voulu l’être par le bureau responsable de délivrer les permis, le Bureau d’aménagement du territoire. Michon Eben assure qu’aucun représentant de Lithium Americas n’est venu les rencontrer puisqu’il s’agit d’une responsabilité du Bureau d’aménagement du territoire.

    Une juge a toutefois rejeté ces allégations en février. Le 17 juillet, la Cour d’appel a aussi confirmé que la décision du Bureau d’aménagement du territoire du Nevada d’approuver le plan d’exploitation de la mine était conforme à la loi.

    Ces consultations, selon Mme Eben, se sont résumées à trois lettres envoyées en pleine pandémie. Le Bureau d’aménagement du territoire dit plutôt que des appels téléphoniques ont été passés et des réunions organisées.

    Contactée par Espaces autochtones, Lithium Americas s’est défendue. « En octobre 2022, nous avons signé un accord sur les avantages pour la communauté avec la tribu [le mot tribe est utilisé aux États-Unis, NDLR] des Paiutes et des Shoshones de Fort McDermitt, la tribu la plus proche de Thacker Pass », indique Virginia Morgan, chargée des relations avec les investisseurs.

    Cet accord a été dénoncé notamment par Shelley Harjo, membre de la communauté de Fort McDermitt.

    « Ce n’est pas parce que la tribu [sic] de Fort McDermitt cherche à tirer des avantages économiques de [la minière] que la plupart des Autochtones soutiennent la profanation de Thacker Pass. Cela ne signifie même pas que la plupart des membres de la tribu de Fort McDermitt la soutiennent », écrit-elle dans une lettre ouverte publiée dans un média du Nevada.

    Elle estime que sa communauté est difficile à blâmer dans cet accord puisqu’elle est pauvre. « Mais quand on y réfléchit, sacrifier la terre pour un peu d’argent est exactement la façon dont nous nous sommes retrouvés dans la situation environnementale difficile où nous vivons actuellement », dit-elle encore.

    Sa position a été dénoncée par le conseil de bande, qui indique que Mme Harjo ne vit pas dans la communauté et qu’elle ne sait donc pas de quoi elle parle.
    Un massacre en 1865

    Si Mme Harjo parle de profanation, ce n’est pas sans raison.

    En 1865, un massacre a été perpétré sur ces terres. Plus de 30 personnes (hommes, femmes et enfants) de la Nation paiute ont été tués par des soldats fédéraux américains.

    Cet événement historique semble avoir été ignoré par les défenseurs du projet, alors que c’est ici que reposent plusieurs ancêtres de ces Autochtones.

    Les communautés de Reno-Sparks et de Summer Lake Paiute souhaitent quant à eux que Thacker Pass soit reconnu comme un site culturel.

    Selon les archives archéologiques et cadastrales du Bureau de l’aménagement du territoire, le lieu du massacre n’est pas situé sur le site du projet, indique un porte-parole par courriel.

    Par ailleurs, le processus de délivrance du permis a duré neuf mois, ce qui est trop court, selon Mme Eben, qui estime qu’il faut du temps pour mener à bien toutes les études nécessaires à l’approbation d’un tel projet. Le Bureau de l’aménagement du territoire du Nevada indique de son côté que la collecte initiale de données environnementales a commencé en 2011.
    Inquiétudes sur l’environnement

    « Nous sommes ceux qui payons le prix de ces projets dangereux pour l’environnement et nous n’avons rien en échange », lance-t-elle.

    Ce projet présente un risque pour tout l’écosystème du secteur, selon Mme Eben. « Les mines de lithium nécessitent énormément d’eau, alors que le Nevada est un des États les plus secs des États-Unis », dit-elle.

    Selon un article du Guardian, le projet de Thacker Pass devrait utiliser 5,6 milliards de litres d’eau par année pour produire 60 000 tonnes de carbonate de lithium.
    Une minière canadienne au Nevada

    Le site choisi est sur un territoire considéré comme sacré par les Autochtones.

    La minière assure de son côté qu’elle s’est « engagée à développer Thacker Pass de la manière la plus durable possible, en minimisant [ses] impacts sur l’environnement et en travaillant en étroite collaboration avec les communautés locales ».

    Michon Eben insiste toutefois sur le fait qu’elle ne se présente pas comme une militante « opposée aux mines ».

    « Je conduis une voiture, j’ai un téléphone. Je ne suis pas contre les mines, je suis contre le fait qu’on n’écoute pas les Autochtones », explique-t-elle.

    Quelle solution, alors ? La question lui a été posée plusieurs fois. Elle la fatigue.

    « Pourquoi me posez-vous cette question ? Vous avez Elon Musk qui va sur Mars, vous avez toutes ces connaissances scientifiques et vous me demandez à moi, une responsable des ressources naturelles, de trouver la solution à la crise climatique ? » lance-t-elle.

    Son travail à elle consiste à protéger le territoire, la culture et l’avenir des siens.

    Elle estime que ce territoire sera littéralement « sacrifié » dans ce but-là.

    https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2018512/mine-lithium-nevada-autochtones-electrique
    #peuples_autochtones #extractivisme #résistance #terres_rares #USA #Etats-Unis #environnement #justice

  • #Edwy_Plenel : Israël-Palestine : la question morale

    Si le conflit israélo-palestinien enflamme le monde, c’est parce qu’il porte une question morale universelle : celle de l’égalité des droits. Que la légitimité internationale d’Israël s’accompagne de la négation des droits des Palestiniens n’a cessé de précipiter ce sommeil de la raison qui engendre des monstres. Seule cette lucidité politique est à même de défier la catastrophe en cours.

    LeLe sommeil de la raison produit des monstres. Avant de donner à voir, dans toute leur abomination, les désastres de la guerre (Los Desastres de la Guerra, 1810-1815), le peintre et graveur espagnol Francisco de Goya (1746-1828) avait intitulé ainsi l’une des gravures de sa série Los caprichos à la fin du XVIIIe siècle : El sueño de la razon produce monstruos. On y voit le peintre endormi tandis qu’une volée d’oiseaux nocturnes tourbillonne au-dessus de lui, symbolisant la folie et l’ignorance qui mènent l’humanité à sa perte.

    Nous vivons un moment semblable, d’obscurcissement et d’égarement. Spectateurs effarés, nous découvrons l’horreur des tueries de civils israéliens dans l’attaque terroriste du Hamas tandis que nous suivons l’hécatombe de civils palestiniens à Gaza sous les bombes de l’armée israélienne. Toutes ces vies humaines se valent, elles ont le même prix et le même coût, et nous nous refusons à cette escalade de la terreur où les crimes d’un camp justifieraient les crimes de l’autre. Mais nous nous sentons impuissants devant une catastrophe qui semble irrémédiable, écrite par avance tant ont été perdues, depuis si longtemps, les occasions de l’enrayer (pour mémoire mes alarmes de 2009, de 2010 et de 2014).

    Nous savons bien qu’il n’y a qu’une façon d’en sortir dans l’urgence : un cessez-le-feu immédiat sous contrôle des Nations unies afin de sauver les otages des deux bords, qui ouvrirait la voie à une solution politique dont la clé est la reconnaissance d’un État palestinien ayant lui-même reconnu l’État d’Israël. Mais, s’il peut arriver que d’un péril imminent naisse un salut improbable, cette issue semble un vœu pieux, faute de communauté internationale forte et unie pour l’imposer. Faute, surtout, de détermination des soutiens d’Israël, États-Unis au premier chef, pour freiner une volonté de vengeance qui ne fera qu’accélérer la course à l’abîme.

    Dès lors, comment échapper à un sentiment de sidération qu’aggrave le spectacle de désolation du débat politique et médiatique français ? À mille lieues de sa grandeur prétendue, la France officielle donne à voir son abaissement raciste, jetant la suspicion sur nos compatriotes musulmans et arabes, et son alignement impérialiste, rompant avec l’ancienne position équilibrée de sa diplomatie moyen-orientale. Indifférence aux oppressions et intolérance aux dissidences règnent sur cette médiocrité dont font les frais manifestations et expressions pro-palestiniennes, dans un climat maccarthyste qui distingue tristement notre pays des autres démocraties.

    Que faire ? Il importe déjà d’y voir clair. Ici, la responsabilité du journalisme, associant son devoir professionnel à son utilité sociale, est de trouer cette obscurité, en chassant les passions tristes et en s’éloignant des colères aveugles. Trouver son chemin, arriver à se repérer, réussir à ne pas s’égarer : autant d’impératifs vitaux par temps de propagande, que nous devons servir par une pratique aussi rigoureuse que sensible du métier. Elle suppose de résister au présent monstre de l’information en continu qui fonctionne à l’amnésie, perdant le fil de l’histoire, oubliant le passé qui la détermine, effaçant le contexte qui la conditionne (voir notre entretien-vidéo avec Bertrand Badie sur les mots et l’histoire du conflit).

    Mais il ne suffit pas de rendre compte. Il nous faut aussi échapper à la résignation qui guette, « cette accoutumance à la catastrophe dont le sentiment vague engourdit aujourd’hui tout désir d’action ». La formule est de l’historien Patrick Boucheron dans un récent libelle où il persiste, dans le sillage de Victor Hugo, à vouloir « étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait ». Secouant ce manteau de poussière dont le poids risque de nous paralyser, Le temps qui reste est une invitation inquiète à ne pas le perdre, ce temps, en refusant de se laisser prendre au piège de la catastrophe, tels des animaux saisis dans des phares, tétanisés et immobilisés par la conscience du péril.

    Car l’habitude, tissée de conformisme et de suivisme, est la meilleure alliée du pire en devenir. Voici donc, à l’instar de lucioles clignotant dans une nuit qui gagne, quelques repères qui nous guident pour affronter les désordres du monde et les folies des hommes. Quatre boussoles morales qui énoncent aussi ce à quoi nous refusons de nous habituer.
    1. Tout soutien inconditionnel est un aveuglement. Quel que soit le camp concerné. Quelle que soit la justesse de la cause.

    Aucun État, aucune nation, aucun peuple, et, partant, aucune armée, aucun parti, aucun mouvement, qui s’en réclame, ne saurait être soutenu inconditionnellement. Car, au-dessus d’eux, il y a une condition humaine universelle, dont découle un droit international sans frontières. Si, en 1948, l’année où est né l’État d’Israël, fut proclamée, à Paris, une Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est pour cette raison même : s’ils ne rencontrent aucun frein, les États, les nations ou les peuples, peuvent devenir indifférents à l’humanité et, par conséquent, dangereux et criminels.

    Adoptée à Paris en 1948 par les cinquante-huit États alors représentés à l’Assemblée générale des Nations unies, la Déclaration de 1948 résulte de cette lucidité provoquée par la catastrophe européenne dont nationalisme et racisme furent les ressorts, conduisant au génocide des juifs d’Europe. Français, son rédacteur, René Cassin, Prix Nobel de la paix en 1968, s’était battu pour imposer, dans son intitulé, cette qualification d’« universelle » au lieu d’internationale : façon de signifier qu’un droit supérieur, celui de la communauté humaine, devait s’imposer aux États et aux nations dont ils se prévalent. Autrement dit de rappeler qu’aucun État, qu’aucune nation, qu’aucun peuple ne devrait se dérober, au prétexte de ses intérêts propres, à cette exigence de respect de l’égalité des droits.

    « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité », énonce l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comme la française de 1789, la Déclaration de 1948 dessine l’horizon d’une promesse, toujours inaccomplie et inachevée, sans cesse en chantier et à l’œuvre face aux égoïsmes renaissants des États et au risque qu’ils cèdent aux idéologies de l’inégalité. De ce point de vue, l’ajout de la dignité, notion sensible, aux droits, critère juridique, n’est pas indifférent, tout comme sa position première dans l’énoncé : il s’agit non seulement de respecter d’autres humains, mais aussi de se respecter soi-même. En somme, de rester digne, de savoir se tenir, se retenir ou s’empêcher, afin de ne jamais céder à la haine de l’homme.

    Chèque en blanc accordé à ses dirigeants et à ses militaires, l’affirmation d’un « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël dans sa riposte au Hamas tourne le dos à ces valeurs universelles. Elle prolonge ce mépris pour le droit international que l’on invoque volontiers face à l’agression russe en Ukraine mais que l’on dénie à la Palestine par l’absolu non-respect des résolutions onusiennes condamnant, depuis 1967, les annexions et colonisations israéliennes de territoires palestiniens.
    2. Jamais la fin ne saurait justifier les moyens. Seuls les moyens utilisés déterminent la fin recherchée.

    Depuis soixante-quinze ans, la Palestine pose au monde une question morale : celle de la fin et des moyens. La légitimité d’Israël ne saurait se fonder sur la négation des droits des Palestiniens jusqu’à la commission répétée de crimes de guerre. Mais la contestation de l’occupation et de la colonisation ne saurait tolérer la négation de l’humanité des Israéliens.

    En franchissant ce pas avec les massacres et prises d’otage de civils, le Hamas a fait plus que nuire à la cause qu’il dit servir : il l’a déshonorée. Dans la mémoire juive des persécutions européennes contre lesquelles s’est créé le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, la terreur déchaînée par le Hamas sur des civils israéliens ne peut qu’évoquer les pogroms antisémites. Et le rappel de massacres commis en 1947-1948 par les composantes les plus extrémistes du sionisme, afin de faire fuir les Palestiniens, ne saurait en aucun cas lui servir d’excuses.

    La violence aveugle de l’oppresseur le discrédite, légitimant la résistance violente de l’opprimé. Jusqu’au processus de paix entamé en 1991, le mouvement national palestinien, alors sous la direction de Yasser Arafat et du Fath qui dominait l’Organisation de libération de la Palestine, a illustré cette règle éternelle des situations d’injustices où un peuple prétend en dominer un autre. Mais, par ses débats internes, son pluralisme assumé, son évolution revendiquée jusqu’à la reconnaissance de l’État d’Israël, il a fait sienne la conviction que la cause libératrice de l’opprimé exige une morale supérieure où sa riposte ne cède pas aux crimes reprochés à l’oppresseur.

    Il y a cinquante ans, en 1973, l’année de la guerre du Kippour dont le Hamas a choisi la date anniversaire pour son attaque sur Israël, un appel collectif d’intellectuels notables (parmi lesquels Edgar Morin, Laurent Schwartz, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet) rappelait ces « évidences morales et politiques fondamentales » : « Il n’y a pas de problème de la fin et des moyens. Les moyens font partie intégrante de la fin. Il en résulte que tout moyen qui ne s’orienterait pas en fonction de la fin recherchée doit être récusé au nom de la morale politique la plus élémentaire. Si nous voulons changer le monde, c’est aussi, et peut-être d’abord, par souci de moralité. […] Si nous condamnons certains procédés politiques, ce n’est pas seulement, ou pas toujours, parce qu’ils sont inefficaces (ils peuvent être efficaces à court terme), mais parce qu’ils sont immoraux et dégradants, et qu’ils compromettent la société de l’avenir. »

    Cette mise en garde vaut évidemment pour les deux camps. De 2023 à 2001, se risquer à comparer le 7-Octobre israélien au 11-Septembre états-unien, ce n’est pas seulement ignorer la question nationale palestinienne en souffrance, au prétexte d’une guerre de civilisation entre le bien occidental et le mal arabe, c’est surtout continuer de s’aveugler sur la suite. Le terrorisme faisant toujours la politique du pire, les désordres actuels du monde résultent de la riposte américaine, à la fois mensongère et criminelle, détruisant un pays, l’Irak, qui n’y était pour rien, tout en semant un discrédit universel par une violation généralisée des droits humains dont l’Occident paye encore le prix. Loin de détruire l’adversaire désigné, il en a fait surgir d’autres, d’Al-Qaïda à Daech, encore plus redoutables.
    3. Au cœur du conflit israélo-palestinien, la persistance de la question coloniale ensauvage le monde.

    Porté par le mouvement sioniste qui avait obtenu la création d’un foyer national juif en Palestine, la création de l’État d’Israël en 1948 a été unanimement approuvée par les puissances victorieuses du nazisme. L’incommensurabilité du crime contre l’humanité, jusqu’à l’extermination par le génocide, commis contre les juifs d’Europe, légitimait le nouvel État. Une faute abominable devait être réparée en offrant aux juifs du monde entier un refuge où ils puissent vivre dans la tranquillité et la sécurité, à l’abri des persécutions.

    Si, aujourd’hui, Israël est un des endroits du monde où les juifs vivent avec angoisse dans le sentiment inverse, c’est parce que la réparation du crime européen s’est accompagnée de l’injustice commise contre les Palestiniens. Ce faisant, l’Occident – cette réalité politique dont les États-Unis ont alors pris le leadership – a prolongé dans notre présent le ressort passé de la catastrophe européenne : le colonialisme. Se retournant contre l’Europe et ses peuples, après avoir accompagné sa projection sur le monde, le colonialisme fut l’argument impérial du nazisme, avec son cortège idéologique habituel de civilisations et d’identités supérieures à celles des peuples conquis, soumis ou exclus.

    La colonisation ne civilise pas, elle ensauvage. Le ressentiment nourri par l’humiliation des populations dépossédées s’accompagne de l’enfermement des colons dans une posture conquérante, d’indifférence et de repli. L’engrenage est aussi redoutable qu’infernal, offrant un terrain de jeu idéal aux identités closes où la communauté devient une tribu, la religion un absolu et l’origine un privilège. Dès lors, accepter le fait colonial, c’est attiser le foyer redoutable d’une guerre des civilisations qu’illustre la radicalisation parallèle des deux camps, le suprémacisme juif raciste de l’extrême droite israélienne faisant écho à l’idéologie islamique du Hamas et de ses alliés, dans la négation de la diversité de la société palestinienne.

    Dialoguant en 2011, dans Le Rescapé et l’Exilé, avec le regretté Stéphane Hessel, qui accompagna depuis l’ONU où il était diplomate la création de l’État juif en Palestine, Elias Sanbar rappelle cette origine d’un conflit qui ne cessera de s’aggraver tant qu’elle ne sera pas affrontée : « On ne peut certes pas refaire l’histoire, mais il est important de dire que ce conflit a commencé par une terrible injustice commise en Palestine pour en réparer une autre, née dans l’horreur des camps nazis. » Acteur des négociations de paix israélo-palestiniennes, il en tirait la conséquence que la seule solution est dans l’égalité des droits. Dans la réciprocité et la reconnaissance. L’envers de ce poison qu’est la concurrence des victimes. L’opposé de cette misère qu’est la condescendance du vainqueur.

    « Il faut affirmer, déclarait-il alors – et pense-t-il toujours –, que la concurrence dans le registre des malheurs est indécente, que les courses au record du nombre de morts sont littéralement obscènes. Chaque souffrance est unique, le fait que des juifs aient été exterminés n’enlève rien à la souffrance des Palestiniens, tout comme le fait que des Palestiniens aient souffert et continuent de souffrir n’enlève rien à l’horreur vécue par des juifs. Puis et surtout, la reconnaissance de la souffrance des autres ne délégitime jamais votre propre souffrance. Au contraire. »
    4. La solution du désastre ne peut être confiée à ses responsables israéliens dans l’indifférence au sort des Palestiniens.

    Le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le quotidien Haaretz, qui sauve l’honneur de la démocratie israélienne, publiait un éditorial affirmant que cette énième guerre était « clairement imputable à une seule personne : Benyamin Nétanyahou », ce premier ministre qui a « établi un gouvernement d’annexion et de dépossession » et a « adopté une politique étrangère qui ignorait ouvertement l’existence et les droits des Palestiniens ».

    La droite et l’extrême droite israéliennes ont attisé l’incendie qu’elles prétendent aujourd’hui éteindre par l’extermination militaire du Hamas et l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Ce n’est pas un Palestinien qui, en 1995, a assassiné Yitzhak Rabin, portant un coup d’arrêt fatal au processus de paix, mais un terroriste ultra-nationaliste israélien. C’est Israël qui, depuis, sous l’impulsion de Benyamin Nétanyahou, n’a cessé de jouer cyniquement avec les islamistes du Hamas pour diviser le camp palestinien et affaiblir sa composante laïque et pluraliste.

    À l’aune de ces vérités factuelles, largement documentées, notamment par le journaliste Charles Enderlin, la polémique française sur le prérequis que serait la qualification de terroriste du Hamas en tant qu’organisation – et pas seulement de ses actions dont on a souligné le caractère criminel – a quelque chose de surréel. En 2008-2009, faisant écho aux stratégies israéliennes, la présidence de Nicolas Sarkozy n’hésitait pas à défendre la nécessité de « parler » avec le Hamas dont le chef était même interviewé par Le Figaro pour inviter le chef de l’État français à « donner une impulsion vitale à la paix ».

    Comble de l’hypocrisie, le Qatar, financier avéré du Hamas avec la tolérance d’Israël, est un partenaire économique, financier, militaire, diplomatique, sportif, culturel, etc., qui est, ô combien, chez lui dans l’establishment français, tout comme d’ailleurs son rival émirati. Or c’est au Qatar que le Hamas tient sa représentation extérieure, avec un statut avoisinant celui d’une antenne diplomatique, digne d’un État en devenir.

    Si des actions du Hamas peuvent être qualifiées de terroristes, c’est s’aveugler volontairement que de ne pas prendre en considération son autre réalité, celle d’un mouvement politique avec une assise sociale. Que sa ligne idéologique et ses pratiques autoritaires en fassent l’adversaire d’une potentielle démocratie palestinienne, qui respecterait le pluralisme des communautés et la diversité des opinions, ne l’empêche pas d’être l’une des composantes, aujourd’hui devenue dominante, du nationalisme palestinien.

    La paix de demain ne se fera qu’entre ennemis d’hier. Et, surtout, qu’entre peuples qui ne sont pas assimilables à leurs dirigeants. Ce mensonge doublé d’hypocrisie sur la réalité du Hamas et son instrumentalisation par l’État d’Israël souligne l’illusion qui a volé en éclats depuis le 7 octobre. Israël et les États-Unis pensaient reléguer la question palestinienne en pariant sur les États arabes, leurs intérêts à courte vue et leur opportunisme à toute épreuve. Ce faisant, ils oubliaient les peuples qui ne sont pas dupes, s’informent et s’entraident. Grands absents de ces mécanos diplomatiques, où l’on prétend faire leur avenir à leur place, ils finissent toujours, un jour ou l’autre, par en déjouer les plans.

    Au spectacle des foules proclamant dans le monde leur solidarité avec la Palestine, y compris dans les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël, comment ne pas penser à ces lignes de notre confrère Christophe Ayad qui accompagnent l’exposition de l’Institut du monde arabe « Ce que la Palestine apporte au monde » ? « C’est du monde tel qu’il va mal dont la Palestine nous parle, écrit-il. On l’observe, on la scrute, on l’encourage ou on lui fait la leçon, mais c’est elle qui nous regarde depuis l’avenir de notre humanité. La Palestine vit déjà à l’heure d’un monde aliéné, surveillé, encagé, ensauvagé, néolibéralisé. Les Palestiniens savent ce que c’est d’être un exilé sur sa propre terre. Apprenons d’eux ! »

    Face aux ombres qui, aujourd’hui, s’étendent, ces réflexions peuvent paraître optimistes. Pourtant, la leçon est déjà là, la seule qui vaille pour éviter le pire, soit cette guerre des monstres dont Benyamin Nétanyahou et le Hamas sont les protagonistes : il n’y aura jamais de paix par la puissance et la force. Devant les défis sans frontières qui nous assaillent, le crédo de la puissance est une impasse quand la conscience de la fragilité est, au contraire, une force.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/221023/israel-palestine-la-question-morale
    #7_octobre_2023 #Israël #Palestine #égalité_des_droits #Palestine #Israël #lucidité #à_lire #raison #obscurcissement #égarement #tueries #terrorisme #civils #Gaza #Hamas #armée_israélienne #terreur #crimes #impuissance #catastrophe #cessez-le-feu #otages #solution_politique #communauté_internationale #Etats-Unis #USA #vengeance #sidération #désolation #débat_politique #débat_médiatique #médias #France #suspicion #médiocrité #responsabilité #propagande #journalisme #amnésie #résignation #habitude #conformisme #suivisme #aveuglement #soutien_conditionnel #question_coloniale

  • Entre la « défense des droits humains » en #Ukraine et leur violation à #Gaza les #états-unis, fidèles à eux-mêmes, n’ont pas hésité

    Not Enough Artillery Rounds For Both War Zones : U.S. Diverting Ukraine-Bound 155mm Shells to Israel
    https://militarywatchmagazine.com/article/us-ukraine-shells-israel

    The United States Military is planning to divert thousands of 155mm artillery shells originally intended to be provided to Ukraine for delivery to Israel, after the Israeli Defence Forces reportedly informed the Pentagon that the shells were needed to prepare for a possible ground invasion of the Gaza Strip. This follows not only the outbreak of full scale hostilities between the Gaza-based militia Hamas and Israeli forces, but also multiple exchanges of fire between Israeli and Hezbollah forces - the latter being a major paramilitary group and political party based in Southern Lebanon. According to the officials the shells will arrive in Israel in the coming weeks. The report comes a day after U.S. President Joe Biden visited Israel and expressed strong solidarity with the country’s military efforts, with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu announcing that Biden had promised a “massive, unprecedented” package of military aid. Although the Biden administration and its European allies have been very strongly supportive of arming Ukraine, Israeli needs for armaments have bolstered already rising Republican opposition to further shipments to the Eastern European country.

    Par ailleurs, étonnamment (par rapport aux informations de RFI et compagnie) et soudainement…

    The diversion of supplies comes at a time when Ukrainian forces have been left reeling from months of failed offensives and recent casualties in the high tens of thousands . It was widely [sic] predicted by multiple Western [sic] sources that failure in the costly and overwhelmingly Western funded offensive would only further strengthen calls to reevaluate further aid. Arms shortages have reportedly already long been an issue for the Ukrainian Army, with Russia’s defence sector not only having increased munitions production manifold for several key classes of weapons systems, but also reportedly recently sourced significant new quantities of munitions from North Korea. As Ukraine appears increasingly poorly positioned to achieve its military objectives, the diversion of munitions to Israel may provide a face saving option for the Western Bloc to reduce its investment in the Ukrainian war effort and press Kiev back to the negotiating table.

    #criminels #sans_vergogne

  • Guerre Israël-Hamas : la frégate « Alsace » en route pour la Méditerranée orientale
    Publié le 17/10/2023 12:03 | Mis à jour le 20/10/2023 12:03
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/defense/guerre-israel-hamas-la-fregate-alsace-en-route-pour-la-mediterr

    Guerre Israël-Hamas : la frégate « Alsace » en route pour la Méditerranée orientale

    C’est finalement l’Alsace, une frégate multimission à capacités de défense aérienne renforcées (Fremm DA), qui a été choisie pour alourdir le dispositif français de la Marine nationale en Méditerranée orientale, dans le cadre de la guerre opposant Israël au Hamas palestinien. (...)

    #Abonnés

  • Forensic Architecture sur X :

    Preliminary analysis by FA, alhaq_org & @earshot_ngo into the #AlAhli hospital blast in Gaza casts significant doubt on IOF claims that the source of the deadly explosion was a Palestinian-fired rocket travelling west to east.

    https://twitter.com/ForensicArchi/status/1715422493274427414

    Là encore @threadreaderapp refuse de dérouler pour l’instant.

  • Israël-Gaza : le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution en raison du veto des Etats-Unis
    18 octobre 2023 | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2023/10/1139767

    Proposé par le Brésil, le texte, tout en condamnant sans équivoque les « attaques terroristes odieuses » perpétrées par le Hamas en Israël à partir du 7 octobre 2023, encourageait la mise en place de couloirs humanitaires et d’autres initiatives pour l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils palestiniens.

    Il demandait également d’annuler l’ordre donné aux civils et au personnel de l’ONU d’évacuer le nord de l’enclave, ainsi qu’à fournir électricité, eau, carburant, nourriture et fournitures médicales en quantité suffisante à la population de Gaza.
    Explications de vote

    Les États-Unis ont justifié leur veto par le fait que le texte ne faisait nulle part mention du droit d’Israël à la légitime défense. « Israël a le droit inhérent de se défendre, comme le prévoit l’article 51 de la Charte des Nations Unies », a souligné l’Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield. Elle a aussi noté que ce droit avait été réaffirmé par le Conseil dans des résolutions antérieures concernant des attaques terroristes, et que « cette résolution aurait dû faire de même ». (...)

  • Les errements d’Arendt
    https://laviedesidees.fr/Belle-Hannah-Arendt-et-la-question-noire

    La philosophe américaine K. S. Belle analyse la façon superficielle dont Hannah Arendt commenta en 1957 la fin de la #ségrégation raciale aux #États-Unis. Si les critiques de Belle s’avèrent souvent justes, elles ne sauraient s’étendre à l’ensemble de l’œuvre d’Arendt. À propos de : Kathryn Sophia Belle, Hannah Arendt et la question noire, éd. Kimé

    #Philosophie #Histoire #racisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231018_arendt.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231018_arendt.docx

  • Jonathan Cook sur X : “The missing context for what’s happening in Gaza is that Israel has been working night and day to ethnically cleanse the Palestinian people from their homeland since even before Israel become a state – when it was known as the Zionist movement.” / X
    https://twitter.com/Jonathan_K_Cook/status/1713600729292677293

    The people of Gaza were sealed in and largely forgotten, except when they lobbed a few rockets over the fence – to international indignation. If they fired too many rockets, Israel bombed them mercilessly and occasionally launched a ground invasion. The rocket threat was increasingly neutralised by a rocket interception system, paid for the US, called Iron Dome.

    Palestinians tried to be more inventive in finding ways to break out of their prison. They built tunnels. But Israel found ways to identify those that ran close to the fence and destroyed them.

    Palestinians tried to get attention by protesting en masse at the fence. Israeli snipers were ordered to shoot them in the legs, leading to thousands of amputees. The ’deterrence’ seemed to work.

    Israel could once again sit back and let the Palestinians rot in Gaza. ’Quiet’ had been restored.

    Until, that is, last weekend when Hamas broke out briefly and ran amok, killing civilians and soldiers alike.

    So Israel now needs a new policy.

    It looks like the ethnic cleansing programme is being applied to Gaza anew. The half of the population in the enclave’s north is being herded south, where there are not the resources to cope with them. And even if there were, Israel has cut off food, water and power to everyone in Gaza.

    The enclave is quickly becoming a pressure cooker. The pressure is mean to build on Egypt to allow the Palestinians entry into Sinai on ’humanitarian’ grounds.

    Whatever the media are telling you, the ’conflict’ – that is, Israel’s cleansing programme – started long before Hamas appeared on the scene. In fact, Hamas emerged very late, as the predictable response to Israel’s violent colonisation project.

    And no turning point was reached a week ago. This has all been playing out in slow motion for more than 100 years.

    Ignore the fake news. Israel isn’t defending itself. It’s enforcing its right to continue ethnically cleansing Palestinians.

    • [MMS, mais conclusion voisine ] Israël face au vertige de la vengeance, Piotr Smolar, Washington, correspondant
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/15/israel-face-au-vertige-de-la-vengeance_6194626_3210.html

      Le massacre commis par le Hamas le 7 octobre en Israël a fait voler en éclat la dissuasion traditionnelle de l’Etat hébreu. Mais une vaste opération militaire à Gaza l’exposerait à d’autres dangers.

      La sidération et la révulsion ont dominé à juste titre en Occident face au massacre commis par le Hamas en #Israël. Rien ne peut justifier ou relativiser une telle débauche de cruauté. Ni la poursuite de l’occupation en Cisjordanie depuis 1967, avec son cortège de violences, ni l’avènement d’un #suprémacisme_juif, autrefois relégué aux franges de la société israélienne, avant d’être blanchi par le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, ni l’abandon de la question palestinienne par les pays arabes, les Etats-Unis et les Européens. En revanche, ces trois facteurs ne peuvent être ignorés, à l’aube inquiétante d’une opération terrestre. Ils conditionnent la réponse de l’Etat hébreu.

      La société israélienne a le ventre retourné par l’horreur de l’opération terroriste. Discrédités pour n’avoir su prévenir cette attaque, le gouvernement et l’armée se trouvent sous une immense pression populaire. Il faut réagir. Il faut punir. Il faut frapper. Voilà Israël face à un précipice. L’attaque du Hamas est aussi un piège. Elle détruit la dissuasion au cœur de la doctrine sécuritaire d’Israël, l’obligeant à revoir radicalement ses modes de gestion militarisée traditionnels de l’enclave. Cette attaque intègre dans sa préméditation une réponse démesurée et aveugle, au mépris des deux millions de civils vivant à #Gaza. Le prix que l’Etat hébreu pourrait payer pour une opération de grande ampleur dépasse le compte humain. Il y va aussi de ses alliances, de la sécurité régionale et de son âme même.
      Répéter sans fin – même si ce principe est indubitable – qu’Israël est en droit de se défendre ne répond pas à la question de la finalité d’une #invasion_terrestre. La loi du talion ne peut tenir lieu de stratégie militaire. L’armée a clamé, le 12 octobre, qu’elle avait déjà largué 6 000 bombes sur l’enclave, une approche purement quantitative ne faisant que renforcer l’idée de frappes indiscriminées.

      Chaque homme du Hamas est un homme mort, promet Benyamin Nétanyahou. D’autres responsables israéliens prétendent « changer la réalité » à Gaza. Le territoire palestinien « doit être plus petit » à la fin de la guerre, a osé Gideon Saar, l’un des nouveaux entrants au gouvernement, venus de l’opposition. Sans même évoquer le coût phénoménal en vies civiles qui se profile, personne n’a le temps ni le désir, côté israélien, d’envisager « le jour d’après ». Si on détruit tout, qui vivra là ? Qu’est-ce qui émergera des cendres, si ce n’est d’autres feux ?

      Garantie de grands tourments

      Une opération non calibrée, mal expliquée à l’opinion publique israélienne, entraînant un châtiment collectif indéfendable sur le plan du droit humanitaire international, garantit de grands tourments. Eternel dilemme contre-insurrectionnel : comment distinguer des combattants de civils ?

      En visite à Tel-Aviv, le secrétaire à la défense américain, Lloyd Austin, a estimé que les hauts gradés israéliens étaient « professionnels, disciplinés et concentrés sur les bonnes choses ». Soit. Mais le Hamas n’est pas qu’une organisation terroriste. Il est aussi le gouvernement de facto à Gaza, avec des centaines de milliers de personnes vivant de salaires publics. Croire qu’on peut arracher le Hamas de Gaza comme une mauvaise herbe en quelques semaines est illusoire. La multiplication de #crimes_de_guerre contre les civils, population de réfugiés poussés à nouveau sur la route, pourrait avoir une autre conséquence : l’émergence d’une nouvelle génération de combattants armés, confortés dans leur haine des juifs et une martyrologie funeste.

      Un deuxième risque majeur en résulte : la solitude israélienne, stratégiquement désastreuse. Une vague de solidarité occidentale impressionnante s’est exprimée, au cours de la première semaine de deuil, en faveur de l’Etat hébreu, jamais vue sans doute depuis les attentats-suicides de la seconde Intifada, au début des années 2000. Le 13 octobre, M. Nétanyahou s’est félicité d’avoir « assuré un vaste soutien international » à son pays. Toutefois, ce soutien est inspiré par l’effroi qu’a suscité l’attaque du Hamas. Il ne peut s’agir d’un chèque en blanc.
      Les Européens ont déjà assisté sans réaction véritable au déplacement de population dans le Haut-Karabakh, causé par l’Azerbaïdjan. Même s’ils pèsent peu au Proche-Orient, ils ne pourront passer sous silence un éventuel traitement similaire des Gazaouis. Au lieu d’hésiter et de balbutier, L’Europe devrait se sentir concernée. Pas seulement par principe. Elle s’expose, en écho, à des déstabilisations sécuritaires déjà évidentes. L’antisémitisme y prospère et risque de se déchaîner. La cause palestinienne en est souvent le paravent.

      Fortement engagés aux côtés d’Israël, les #Etats-Unis se sont contentés, ces derniers jours, de glisser dans les déclarations officielles de timides références au droit international, pour prévenir Tel-Aviv contre les excès de la vengeance. Les Américains devraient faire appel à leur mémoire, autant qu’à leur cœur. Après le 11 septembre 2001, ils bénéficiaient d’un immense soutien international – Vladimir Poutine compris – contre le djihadisme islamiste. Puis ils se sont embourbés dans une guerre sans issue en Afghanistan, avant de compromettre leur réputation et leur crédibilité avec la guerre en Irak, déstabilisant le Moyen-Orient.

      Retenue des pays arabes

      Le président américain, Joe Biden, a beaucoup œuvré à restaurer l’engagement multilatéral des Etats-Unis. Il est conscient de la fragmentation géopolitique du monde, ayant constaté la difficulté à convaincre l’Afrique, l’Inde ou le continent sud-américain de la pertinence d’un front uni face aux crimes russes en Ukraine. Il est déjà clair que ces mêmes pays vont mettre en cause un deux poids, deux mesures occidentales. Recep Tayyip Erdogan, le président turc, se place en première ligne. « Israël n’est pas une victime », a-t-il osé, ajoutant que les Etats-Unis « ne contribuent pas à la paix » en renforçant leur présence militaire.
      Pour l’heure, Washington a cherché à dissuader l’Iran et le #Hezbollah libanais de donner une dimension régionale désastreuse au conflit. Cette hypothèse demeure hélas réelle. On ne sait avec certitude si le Hezbollah a été associé en amont aux plans du Hamas. Mais on sait qu’il existe des guerres d’opportunisme. L’obsession d’Hassan Nasrallah, le leader de la milice chiite, pour la destruction d’Israël est documentée de longue date. En août, il disait encore que l’Etat hébreu « cesserait d’exister », en cas de nouvelle guerre.

      Même si ce conflit demeurait dans le périmètre classique d’un affrontement entre l’armée israélienne et les factions armées palestiniennes, une autre conséquence diplomatique se dessine pour les Etats-Unis et l’Etat hébreu : le gel du processus de normalisation avec les pays arabes. Une euphorie excessive berçait le Moyen-Orient : la question palestinienne devenait accessoire ; il n’était plus question que d’échanges, de projets, d’investissements. Depuis des semaines, un accord avec l’Arabie saoudite était en discussion intensive, quête suprême pour Israël. Aujourd’hui, Riyad annonce que ce processus est suspendu. C’est une victoire pour l’Iran.
      Pour l’heure, les pays arabes ont fait preuve de retenue. Aucun soutien au Hamas, mais l’empathie envers Gaza reste un ressort politique et psychologique. Le carnage causé par le groupe islamiste a réveillé le souvenir des humiliations subies par les Palestiniens, depuis la « grande catastrophe » (Nakba) de 1948. Israël n’a pas assez prêté attention aux avertissements répétés de ses voisins, la Jordanie et l’Egypte, premiers pays à avoir conclu des accords de paix avec lui. Ils s’inquiétaient des dérives de la droite israélienne, de la libération de la parole raciste, des ambitions des juifs messianiques pour prendre le contrôle du mont du Temple, qui est aussi l’esplanade des Mosquées, lieu saint musulman.

      Déshumanisation mutuelle

      Dès lors, dans ce contexte brûlant, chacun se replie sur des positions classiques. Un nouveau désastre historique pour le peuple palestinien, au terme de cette guerre, ne pourra être rapidement évacué avec une énième conférence de donateurs et des chèques des pétromonarchies du Golfe. La constitution d’un gouvernement de guerre en Israël ne change rien à ce paysage : l’extrême droite n’en a pas été écartée. L’entrée du leader de l’opposition n’implique pas une approche plus modérée. A ses débuts en politique, en janvier 2021, Benny Gantz avait diffusé un clip de campagne dans lequel il se vantait du fait que, sous son commandement, « des pans de Gaza avaient été renvoyés à l’âge de pierre ».

      Le dernier risque, dans ce moment historique, est une affaire de conscience et d’identité. Israël se reconnaîtra-t-il à la sortie de cette épreuve, ou bien ses fractures internes n’en seront-elles que plus béantes ? Aujourd’hui, plus de 500 000 colons vivent en Cisjordanie, plus de 200 000 à Jérusalem-Est. Il n’y a plus de « solution à deux Etats » à l’horizon. Mais comment concevoir à présent l’alternative, qui serait une cohabitation entre les deux peuples dans un seul Etat, même en mettant à part Gaza ? On ne sait quelle forme et quelle durée aura la guerre actuelle. Toutefois, on devine déjà à quel point ses effets seront ravageurs en matière de déshumanisation mutuelle.

      Aucune vengeance ne ramènera les morts. Qui osera encore parler de dialogue ? Qui osera encore prononcer le mot de « paix » ? Pour la droite xénophobe israélienne, rêvant d’annexion, les événements actuels offrent l’occasion d’une séparation définitive avec les Palestiniens. Elle nie leur existence comme peuple, simples Arabes parmi les autres. L’étape suivante est d’amputer leur terre, au lieu de simplement la grignoter, comme en Cisjordanie.

      #Palestine #palestiniens #Sinaï

  • American Dreams
    https://www.reuters.com/investigates/special-report/usa-slavery-tennessee

    As part of a series on slavery and America’s political elite, Reuters found that a fifth of U.S. congressmen, living presidents, Supreme Court justices and governors have direct ancestors who enslaved Black people.

    #états-unis

  • Pour produire toujours plus de gaz de schiste, TotalEnergies profite de la faiblesse des autorités texanes
    https://disclose.ngo/fr/article/pour-produire-toujours-plus-de-gaz-de-schiste-totalenergies-profite-de-la-

    Dans la ville d’Arlignton, au Texas, des habitants se mobilisent contre TotalEnergies dont la production de gaz de schiste a explosé ces dernières années. En réaction à leur influence grandissante, la multinationale française s’organise. À coup de billets verts. Lire l’article

  • Israël, merci Moscou | Les coulisses de l’histoire
    https://www.youtube.com/watch?v=_A8tn_cvwbM

    Un docu d’il y a 2 mois revenant sur les diverses manœuvres en amont de la création d’Israël (rôle de Staline mais aussi des orgas sionistes US très puissantes).

    Dans l’immédiat après-guerre, accorder une patrie aux juifs est loin d’être une priorité. À l’automne 1945, 70.000 survivants de la Shoah attendent toujours, dans des camps de déplacés, qu’on statue sur leur sort. En Palestine, où la population juive déjà installée rêve de constituer un État indépendant, la puissance d’occupation anglaise limite les visas d’entrée. À la tête de l’Agence juive, sorte d’embryon de gouvernement, David Ben Gourion travaille à exaucer ce vœu d’une terre promise. Mais sa volonté se heurte au jeu des grandes puissances : les États-Unis, par la voix de Harry Truman, se déclarent favorables à l’octroi de visas pour l’entrée des déplacés juifs en Palestine, quand les Britanniques s’y opposent farouchement. Alerté, le Kremlin voit dans ce conflit larvé l’occasion d’accroître les dissensions entre les alliés occidentaux et de s’ouvrir un accès au Moyen-Orient. Après avoir autorisé les juifs des pays occupés par l’Armée rouge à franchir leurs frontières, changeant le rapport de forces des populations en Palestine, Staline va même jusqu’à donner, par l’intermédiaire de son représentant aux Nations unies, une voix pour la création d’Israël. Il fera livrer des armes au jeune État, attaqué par les Palestiniens au lendemain de sa proclamation officielle, le 14 mai 1948, ce qui n’empêchera pas le dictateur, par la suite, de refuser un visa aux juifs soviétiques cherchant à émigrer, et de réprimer toute tentative d’émancipation de cette population.

    #Histoire #Palestine #Israël #Royaume-Uni #URSS #Staline #États-Unis #ONU

    • antisémitisme et soutien à Israël allant de paire, les exemples sont multiples (voir A.N et média français, ou évangélistes US). c’était déjà le cas lors de pogroms fascistes d’Odessa où c’est avec la complicité de fractions de l’extrême-droite sioniste locale que se sont alimentées de premières alyot.

      une bonne part du « philosémitisme » actuel n’est qu’un masque commode pour cet étrange Janus (contre les juifs, pour Israël)

      #antisémitisme

  • L’administration #Biden annonce discrètement qu’elle va financer une section du mur à la frontière avec le #Mexique

    « Construire un mur massif sur toute la frontière sud n’est pas une solution politique sérieuse », avait proclamé Joe Biden lors de son accession à la présidence des Etats-Unis. Son administration a pourtant discrètement annoncé jeudi 5 octobre qu’elle comptait ajouter une nouvelle section au mur frontalier avec le Mexique pour tenter de limiter les arrivées de migrants, reprenant à son compte une mesure phare et controversée de l’ancien président Donald Trump.

    Cette décision a valu à Joe Biden d’être accusé de #volte-face, lui qui avait promis le jour de son entrée en fonction, en janvier 2021, que le contribuable ne payerait plus pour la construction d’un mur. Le démocrate de 80 ans, candidat à sa réélection, a assuré qu’il ne « pouvait pas interrompre » le #financement engagé par son prédécesseur, faute d’avoir pu convaincre le Congrès d’employer ces fonds pour d’autres mesures. Le même jour, la Maison Blanche a fait part de la reprise de vols directs d’expulsion vers le Venezuela pour les immigrés en situation irrégulière, interrompus depuis des années.

    Le ministre de la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a expliqué qu’une nouvelle portion de mur serait érigée dans la vallée du #Rio_Grande, à la frontière avec le Mexique. « Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques et des routes à proximité de la frontière des Etats-Unis afin d’empêcher les entrées illégales », a-t-il déclaré dans un avis officiel publié par le registre fédéral des Etats-Unis. Plus de 245 000 tentatives d’entrées illégales ont été enregistrées sur une dizaine de mois jusqu’au début d’août, selon l’administration.

    Le ministre a ensuite assuré sur le réseau social X (ex-Twitter) que des passages de l’avis officiel avaient été « sortis de leur contexte » et a affirmé : « Il n’y a pas de nouvelle politique concernant le mur à la frontière. Nous avons toujours dit clairement qu’un mur n’était pas une solution. »

    Au Mexique, le président Andres Manuel Lopez Obrador, qui rencontre jeudi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a jugé qu’il s’agissait d’un « pas en arrière ». « Cette autorisation pour la construction du mur est un pas en arrière parce qu’elle ne résout pas le problème, nous devons nous attaquer aux causes » de l’immigration illégale, a réagi le président mexicain.

    Des fonds approuvés sous la présidence de Donald Trump

    « L’argent était prévu pour le mur frontalier. J’ai essayé de convaincre [les républicains au Congrès] d’allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n’ont pas voulu », s’est défendu Joe Biden. « En attendant, il n’est pas possible légalement d’utiliser cet argent pour autre chose que ce pour quoi il a été prévu », a poursuivi le démocrate pour justifier une décision vivement critiquée par certains élus de son parti, en particulier dans l’aile gauche.

    M. Mayorkas a expliqué de son côté que les fonds pour « les barrières physiques supplémentaires » viendraient d’une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand M. Trump était au pouvoir. L’immigration illégale est un problème politique croissant pour M. Biden, que les républicains accusent de laxisme.

    Donald Trump, son rival et favori de la droite pour la prochaine élection présidentielle, n’a pas manqué de réagir. L’annonce de l’administration Biden montre que « j’avais raison quand j’ai construit 900 km (…) d’un mur frontalier tout beau, tout neuf », a-t-il écrit sur sa plate-forme Truth Social. « Joe Biden s’excusera-t-il auprès de moi et de l’Amérique pour avoir mis si longtemps à bouger et avoir permis que notre pays soit inondé de 15 millions d’immigrants illégaux, venant de lieux inconnus ? », a-t-il ajouté.

    Les républicains ont fait de l’immigration l’un de leurs angles d’attaque favoris contre la Maison Blanche. L’aile droite du parti s’oppose par exemple au déblocage de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire.

    Le sénateur conservateur Lindsey Graham a demandé de lier les deux sujets, alors que le Congrès américain doit voter sur un nouveau budget, et donc sur une éventuelle rallonge pour l’Ukraine, avant le 17 novembre, sous peine de paralysie de l’Etat fédéral.

    Reprise des expulsions vers le Venezuela

    La Maison Blanche s’est défendue d’utiliser la construction du mur pour marchander le soutien des parlementaires républicains à un nouvel effort financier en faveur des Ukrainiens : « Je ne ferais pas le lien entre les deux », a assuré Karine Jean-Pierre.

    Concernant le Venezuela, l’administration Biden va reprendre dans les prochains jours les expulsions directes par avion, suspendues depuis des années en raison de la situation sécuritaire très dégradée dans ce pays.

    Le département d’Etat a précisé que les autorités de Caracas avaient accepté de recevoir leurs ressortissants ainsi renvoyés. Le gouvernement vénézuélien a confirmé, dans un communiqué, que les deux pays avaient « conclu un accord permettant de rapatrier de manière organisée, sûre et légale des citoyens vénézuéliens depuis les Etats-Unis ».

    Les Vénézuéliens sont l’une des nationalités les plus représentées parmi les migrants qui arrivent régulièrement à la frontière sud des Etats-Unis. Cette reprise des expulsions directes vise des personnes entrées sur le territoire américain après le 31 juillet 2023. Pour ceux qui se trouvaient sur le sol américain avant cette date, Washington avait récemment annoncé l’octroi de 500 000 permis temporaires de séjour.

    Selon l’ONU, plus de sept millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie. Le régime du président Nicolas Maduro est visé par des sanctions de Washington, qui n’a pas reconnu sa réélection en 2018.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/05/l-administration-biden-annonce-discretement-qu-elle-va-financer-une-section-
    #Joe_Biden #frontières #USA #Etats-Unis #murs #barrières_frontalières #renvois #expulsions #Venezuela

    • ‘Stabbed in the back’ : Biden’s border wall U-turn leaves Indigenous and climate groups reeling

      Rio Grande communities feel like the ‘sacrificial lamb’ in a political war as climate activists and environmentalists call foul

      The Biden administration’s decision to waive environmental, public health and cultural protections to speed new border wall construction has enraged environmentalists, Indigenous leaders and community groups in the Rio Grande valley.

      “It was disheartening and unexpected,” said Laiken Jordahl, a borderlands campaigner with the Center for Biological Diversity (CBD), amid concerns of the impact on essential corridors for wild cats and endangered plants in the area. “This is a new low, a horrific step backwards for the borderlands.”

      This is the first time a Democratic administration has issued such waivers for border wall construction, and for Joe Biden, it’s a marked departure from campaign promises and his efforts to be seen as a climate champion.

      “I see the Biden administration playing a strategic game for elections,” said Michelle Serrano, co-director of Voces Unidas RGV, an immigrants rights and community advocacy group based in the Rio Grande valley. The many rural, immigrant and Indigenous communities that live in the region have become “the sacrificial lamb” for politicians looking to score points, she added.

      As the climate crisis fuels ecological decline, extreme weather and mass migration, the administration’s move is especially upsetting, she added. “Building a border wall is counterproductive,” she said.

      “This is an inhumane response to immigration,” said Michele Weindling, the electoral director of the Sunrise Movement, a youth-led climate justice group. “The right thing to do would be to treat immigrants with compassion and address the root cause of what is forcing people to have to leave their countries, which is the climate crisis.”

      Following the administration’s decision to approve the Willow drilling project in Alaska and renege on a promise to end new drilling, the border wall construction will likely further alienate young voters, she said: “Biden has already caused distrust among young voters. This is another and horrendous reversal of promises he made on the campaign trail, which is a dangerous move to make ahead of 2024.”

      Among the 26 environmental and cultural protections the administration is waiving are the National Environmental Policy Act, the Endangered Species Act, the Native American Graves Protection and Repatriation Act and the American Indian Religious Freedom Act.

      The administration’s proposed 20 new miles of a “border barrier system” in Starr county, Texas, cuts near the lower Rio Grande Valley national wildlife refuge. Construction would bisect fields where the Carrizo/Comecrudo Tribe and other tribes source peyote for sacramental use. It would also cut through or near old village sites and trails.

      “By developing this, they are furthering a genocide,” said Juan Mancias, the chair of the Carrizo/Comecrudo Tribe, who has been battling border wall construction though tribal cultural sites and graveyards through multiple US administrations. Colonizers “killed our people in the first place, and we had to bury – then you dig them up to build. It’s ongoing genocide”, he said.

      The new sections of border wall would cut through “some of the most rural, peaceful sections of the Rio Grande”, said Jordahl, who recently canoed down the stretch of river where the administration plans its construction. “It was one of the most serene experiences I have ever had on the border. There were orioles flapping their wings in the sky, kingfishers, great blue herons.”

      CBD believes the construction will set back the recovery of endangered ocelots, and cut off wildlife corridors essential to the spotted wildcats’ long-term survival. Two endangered plants, the Zapata bladderpod and prostrate milkweed, would also be threatened by wall construction, according to the CBD.

      The waivers were announced just a month after the Government Accountability Office, a nonpartisan watchdog agency, released a dire report finding that border wall construction during the Trump administration had destroyed towering saguaro cactuses in Arizona, threatened ocelots in Texas and dynamited Indigenous cultural sites and burial grounds. The report urged US Customs and Border Protection and the interior department to develop a plan to ease the damage.

      In fueling Donald Trump’s zeal to build a “big, beautiful wall” at the US-Mexico border, his administration issued waivers that suspended 84 federal laws including protections pertaining to clean air and water, endangered species, public lands and the rights of Native Americans. The Biden administration rescinded one of the prior administration’s waivers in June.

      In July, the federal government agreed in a settlement to pay $1.2bn to repair environmental damages and protect wildlife affected by sections of border wall construction. Several states as well as the Sierra Club and Southern Border Communities Coalition had challenged Trump’s use of military construction and of treasury department forfeiture funds to build parts of the wall.

      Now, the president who once vowed that “not another foot of wall would be constructed” under his watch has had his administration issue further waivers to speed wall construction. He has argued that his administration is compelled to construct border barriers, because money to fund its construction was already allocated by Congress. “I tried to get them to reappropriate, to redirect that money. They didn’t,” Biden told reporters. Asked if he thought the border wall worked, he responded, “No.”

      Environmental advocates have disputed the president’s claim that there was no choice but to move ahead with border wall construction. The administration was not obligated to waive environmental and public health protections to speed the work, they argue.

      “It’s absolutely mystifying as to why they thought it was a good idea to issue these waivers,” Jordhal said. “They could have moved forward with the Endangered Species Act still intact, so endangered wildlife and these areas would have had protections.” Keeping environmental, health and cultural protections in place would also have allowed local communities to provide input on the proposed construction and its impact, he added.

      “I’m angry,” said Nayda Alvarez, who spent years fighting the Trump administration’s efforts to seize land that her family has held for at least five generations to build the border wall. “Biden didn’t keep his promises – what happened to his word?”

      Even after the lawsuit to take her property along the Rio Grande was dropped, Alvarez said, she remained uncertain and uneasy – and continued to voice her concerns about the ecological damage caused by border barriers. “We thought maybe we’d be OK with a Democrat as president, and now Biden did this. We’re being stabbed in the back.”

      https://www.theguardian.com/us-news/2023/oct/06/biden-border-wall-indigenous-climate-rio-grande
      #peuples_autochtones #nature

      –-

      A mettre en lien aussi avec les conséquences sur la #faune et la #nature de la construction de #barrières_frontalières :
      https://seenthis.net/messages/515608
      #wildlife

  • Unis contre l’esclavage ?
    https://laviedesidees.fr/Rossignol-Noirs-et-Blancs-contre-l-esclavage

    Marie-Jeanne Rossignol revient aux origines du mouvement pour l’égalité des droits politiques aux #États-Unis, dont on situe bien souvent les origines dans une période récente, négligeant la profondeur temporelle et la complexité du phénomène. À propos de : Marie-Jeanne Rossignol, Noirs et Blancs contre l’esclavage. Une alliance anti- esclavagiste ambigüe aux États-Unis. 1754–1830, Karthala

    #Histoire #esclavage #mouvement_de_libération
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231009_rossignol-2.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231009_rossignol-2.docx

  • Lara Seligman sur X :

    JUST IN: SecDef announces he has directed the movement of the USS Gerald R. Ford Carrier Strike Group to the Eastern Mediterranean, a show of force after Hamas attacks on Israel. He has also taken steps to augment U.S. Air Force F-35, F-15, F-16, & A-10 squadrons in the regions

    https://twitter.com/laraseligman/status/1711069527998345557

    #états-unis, défenseur du faible et de l’opprimé

    « Tout ce que la force ne résout pas peut se résoudre par plus de force encore »

  • Life expectancy in U.S. is falling amid surges in chronic illness - Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/health/interactive/2023/american-life-expectancy-dropping

    After decades of progress, life expectancy — long regarded as a singular benchmark of a nation’s success — peaked in 2014 at 78.9 years, then drifted downward even before the coronavirus pandemic. Among wealthy nations, the United States in recent decades went from the middle of the pack to being an outlier. And it continues to fall further and further behind.

    A year-long Washington Post examination reveals that this erosion in life spans is deeper and broader than widely recognized, afflicting a far-reaching swath of the United States.

    #états-unis #leadership #milliers_de_milliards #santé
    #espérance_de_vie

  • California’s struggle for clean water is getting harder - Los Angeles Times
    https://www.latimes.com/environment/story/2023-09-27/californias-struggle-for-clean-water-is-getting-harder

    “The issue is, [the human right to water] is a moral obligation more than a legal obligation,” said Mark Gold, director of water scarcity solutions for the Natural Resources Defense Council. “That’s why you see the results that we’ve had. Unless there’s a legal obligation to clean up the water supply and provide it to your residents, then we end up perpetuating the system that we have, which is environmental racism.”

    #eau #eau_potable #toxiques #états-unis #priorités #milliers_de_milliards #leadership #racisme_environnemental

  • Géographes en bataillons
    https://laviedesidees.fr/Florian-Louis-De-la-geopolitique-en-Amerique

    Convaincus que la pensée #géopolitique allemande expliquait les succès militaires foudroyants des nazis au début de la Seconde Guerre mondiale, les Américains cherchèrent à la retourner contre leurs ennemis, avant d’en faire un instrument de lutte contre l’URSS durant la guerre froide. À propos de : Florian Louis, De la géopolitique en Amérique, Puf

    #Histoire #États-Unis #nazisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230928_tellenne.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230928_tellenne.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230928_tellenne-2.docx

  • How to Hide a $2 Trillion Antitrust Trial
    https://www.thebignewsletter.com/p/how-to-hide-a-2-trillion-antitrust

    We did an analysis of the Google antitrust trial. Last week, over half of the trial was held behind closed doors because the judge, Amit Mehta, is deferring to Google on the need for secrecy.

    […]

    Mommy, Where Do Conspiracy Theories Come From?

    Judge Mehta isn’t just closing the courtroom, he’s also allowing #Google to hide evidence without consequence. On a separate post, I’ve put up seven different ways he’s doing that, from letting Google avoid disclosing documents based on false claims of attorney-client privilege to doing nothing even when Google executives used “history-off chats” to destroy conversations after 24 hours even after Google was on a litigation hold. The point is, Mehta is far more concerned that Google isn’t embarrassed, and almost wholly uninterested in public access.

    #états-unis #pseudo_justice

  • Medical Debt Is Killing Our Patients | MedPage Today
    https://www.medpagetoday.com/opinion/second-opinions/106361

    Americans owed at least $195 billion in medical debt as of 2019, with medical debt disproportionately burdening people of color and adults with disabilities. Medical debt is the leading cause of bankruptcy in our country, and thousands use GoFundMe and other sites to raise funds to pay for their healthcare. But only 12% raise the funds necessary to pay for treatment, and it is incomprehensible that such pleas should be the norm.

    #états-unis #leadership

  • Les #États-Unis envisagent d’étendre l’accès à leurs #bases aux Philippines, selon un amiral -Le 14 septembre 2023 à 08:42 | Zonebourse
    https://www.zonebourse.com/cours/indice/MSCI-TAIWAN-STRD-107361484/actualite/Les-Etats-Unis-envisagent-d-etendre-l-acces-a-leurs-bases-aux-Philippine

    Les Philippines ont augmenté cette année le nombre de bases accessibles à l’armée américaine, qui est passé de cinq à neuf, ce qui a irrité la #Chine, puissance régionale, qui considère cet accord comme provocateur et susceptible d’accroître les tensions.

    L’amiral John Aquilino a déclaré qu’il avait discuté avec le chef militaire philippin, Romeo Brawner, d’une nouvelle augmentation du nombre de bases auxquelles les forces américaines pourraient avoir accès dans le cadre de l’accord de coopération renforcée en matière de défense (Enhanced Defense Cooperation Agreement - EDCA).

  • Frontière entre États-Unis et Mexique : la route la plus meurtrière au monde pour les #migrants | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2023/09/1138437

    Au moins 686 décès et disparitions de migrants ont été recensés à la frontière entre les #États-Unis et le #Mexique en 2022, a indiqué mardi l’Agence de l’ONU pour les migrations, relevant que cet itinéraire terrestre reste le plus meurtrier jamais enregistré pour les migrants dans le monde.

  • Generic Drugs Should Be Cheap, But Insurers Are Charging Patients Thousands of Dollars For Them - WSJ
    https://archive.ph/2023.09.13-083848/https://www.wsj.com/health/healthcare/generic-drugs-should-be-cheap-but-insurers-are-charging-thousands-of-dollars

    The reason, health researchers and industry officials say, is the very companies that are supposed to keep a lid on drug spending can maximize their profits by marking up the prices. Other companies in the drug-supply chain won’t stop them, because consolidation has swept many of the businesses under the same parent.

    #Cigna, #CVS and #UnitedHealth said that the prices they charge for drugs varies by pharmacy and location, and that most patients end up paying less out-of-pocket through their insurance than they would buying the drugs at lower cash prices offered by low-cost pharmacies.

    The companies own the three largest #pharmacy-benefit_managers in the U.S. PBMs manage drug spending for employers as well as government programs.

    In the name of keeping down drug costs, PBMs decide which medicines a patient’s health plan will pay for and how much the patient will have to contribute to the cost, in the form of out-of-pocket expenses like #deductibles and coinsurance.

    PBMs also often direct patients to take lower-priced, generic versions of expensive brand-name medicines to limit the spending.

    Generics are a cornerstone of American efforts to tackle high drug costs. Once patents on the branded drugs expire, generic manufacturers can jump in. The competition usually causes prices to plummet.

    Yet the prices don’t always fall when PBMs own their own pharmacies. And for specialty drugs like generic Gleevec, the PBMs frequently steer patients to use their in-house pharmacies to fill prescriptions.

    PBMs try to pay as little as possible for drugs distributed through independent retail pharmacies. But when their own pharmacies dispense prescriptions, PBMs profit from the higher prices.

    “The incentive is there for the PBMs and the specialty pharmacies to keep prices as high as possible,” said Shannon Ambrose, co-founder and chief operating officer at Archimedes, a company that competes with PBMs to manage specialty drug spending.

    Even when their health insurance picks up most of the cost of a drug, patients can face a larger expense from higher priced generics if they have an out-of-pocket contribution like a deductible or coinsurance pegged to the price.

    #états-unis #arnaques_légales #leadership #prix #médicaments #dépenses_de_santé