• #Violences et fabrique de la #subalternité_foncière à #Sihanoukville, Cambodge

    Depuis le milieu des années 2010, la ville de Sihanoukville au Cambodge, principal #port du pays et petit centre de villégiature, fait l’objet d’un #développement_urbain éclair porté par la construction de nouvelles infrastructures de transport et de zones logistiques, de casinos (plus de 150 nouveaux casinos depuis 2015) et la mise en place de #mégaprojets_immobiliers à vocation touristique qui nourrissent une #spéculation_foncière galopante. Ces transformations territoriales sont notamment le fruit d’une coopération technique, politique et économique entre le Cambodge et la #Chine au nom de la #Belt_and_Road_Initiative, la nouvelle politique étrangère globale chinoise lancée en 2013 par #Xi_Jinping. Pour le gouvernement cambodgien, Sihanoukville et sa région doivent devenir, au cours de la prochaine décennie, la seconde plateforme économique, logistique et industrielle du pays après Phnom Penh, la capitale (Royal Government of Cambodia, 2015). Ce développement urbain très rapide a entraîné une évolution concomitante des logiques d’échange et de valorisation des #ressources_foncières. Comme le relève régulièrement la presse internationale, il nourrit d’importants #conflits_fonciers, souvent violents, dont pâtissent en premier lieu les habitants les plus pauvres.

    Cette recherche veut comprendre la place et le rôle de la violence dans le déploiement des mécanismes d’#exclusion_foncière à Sihanoukville. Pour reprendre les mots de Fernand Braudel (2013 [1963]), alors que ces #conflits_fonciers semblent surgir de manière « précipitée », notre recherche montre qu’ils s’inscrivent aussi dans les « pas lents » des relations foncières et de la fabrique du territoire urbain. Dans ce contexte, le jaillissement des tensions foncières convoque des temporalités et des échelles variées dont la prise en compte permet de mieux penser le rôle de la violence dans la production de l’espace.

    Les processus d’exclusion foncière au Cambodge s’inscrivent dans une trajectoire historique particulière. Le #génocide et l’#urbicide [1] #khmers_rouges entre 1975 et 1979, l’abolition de la #propriété_privée entre 1975 et 1989 et la #libéralisation très rapide de l’économie du pays à partir des années 1990 ont posé les jalons de rapports fonciers particulièrement conflictuels, tant dans les espaces ruraux qu’urbains (Blot, 2013 ; Fauveaud, 2015 ; Loughlin et Milne, 2021). Ainsi, l’#appropriation, l’#accaparement et la #valorisation des ressources foncières au Cambodge, et en Asie du Sud-Est en général, s’accompagnent d’une importante « #violence_foncière » tant physique (évictions et répression) que sociale (précarisation des plus pauvres, exclusion sociale), politique (criminalisation et dépossession des droits juridiques) et économique (dépossession des biens fonciers et précarisation).

    Cet article souhaite ainsi proposer une lecture transversale de la violence associée aux enjeux fonciers. Si la notion de violence traverse la littérature académique portant sur les logiques d’exclusion foncière en Asie du Sud-Est (Hall, Hirsch et Li, 2011 ; Harms, 2016) ou dans le Sud global plus généralement (Peluso et Lund, 2011 ; Zoomers, 2010), peu de recherches la placent au cœur de leurs analyses, malgré quelques exceptions (sur le Cambodge, voir notamment Springer, 2015). Par ailleurs, la violence est souvent étudiée en fonction d’ancrages théoriques fragmentés. Ceux-ci restent très divisés entre : 1) des travaux centrés sur le rôle de l’État et des systèmes de régulation (notamment économiques) dans le déploiement de la violence foncière (Hall, 2011 ; Springer, 2013) ; 2) des analyses politico-économiques des formes de dépossession liées aux modes de privatisation du foncier, à la propriété et à l’accumulation du capital, parfois resituées dans une lecture historique des sociétés coloniales et postcoloniales (voir par exemple Rhoads, 2018) ; 3) des approches considérant la violence comme stratégie ou outil mobilisés dans la réalisation de l’accaparement foncier et la répression des mouvements sociaux (voir par exemple Leitner and Sheppard, 2018) ; 4) des analyses plus ontologiques explorant les processus corporels, émotionnels et identitaires (comme le genre) qui découlent des violences foncières ou conditionnent les mobilisations sociales (voir par exemple Brickell, 2014 ; Schoenberger et Beban, 2018).

    Malgré la diversité de ces approches, la notion de violence reste principalement attachée au processus de #dépossession_foncière, tout en étant analysée à une échelle temporelle courte, centrée sur le moment de l’#éviction proprement dit. Dans cet article et à la suite de Marina Kolovou Kouri et al. (2021), nous défendons au contraire une approche multidimensionnelle des violences foncières analysées à des échelles temporelles et spatiales variées. Une telle transversalité semble indispensable pour mieux saisir les différentes forces qui participent de la construction des violences et de l’exclusion foncières. En effet, si les conflits fonciers sont traversés par diverses formes de violences, celles-ci ne découlent pas automatiquement d’eux et sont également déterminées par le contexte social, économique et politique qui leur sert de moule. Ces violences restent ainsi attachées aux différents #rapports_de_domination qui organisent les #rapports_sociaux en général (Bourdieu, 2018 [1972]), tout en représentant une forme d’#oppression à part entière participant des #inégalités et #injustices sociales sur le temps long (Young, 2011).

    Nous voyons, dans cet article, comment des formes de violence variées structurent les rapports de pouvoir qui se jouent dans l’appropriation et la valorisation des ressources foncières, ainsi que dans la régulation des rapports fonciers. Nous montrons que ces violences servent non seulement d’instrument d’oppression envers certains groupes de populations considérés comme « indésirables », mais aussi qu’elles les maintiennent dans ce que nous nommons une « subalternité foncière ». En prenant appui sur Chakravorty Spivak Gayatri (2005) et Ananya Roy (2011), nous définissons cette dernière comme la mise en place, sur le temps long et par la violence, d’une oppression systémique des citadins les plus pauvres par leur #invisibilisation, leur #criminalisation et l’#informalisation constante de leurs modes d’occupations de l’espace. La #subalternité foncière représente en ce sens une forme d’oppression dont la violence est l’un des dispositifs centraux.

    Cet article s’appuie sur des recherches ethnographiques menées à Phnom Penh et à Sihanoukville, entre 2019 et 2021. Elles comprennent un important travail d’observation, la collecte et l’analyse de documents officiels, de rapports techniques, d’articles de presse et de discours politiques, ainsi que la réalisation de près de soixante-dix entretiens semi-directifs (effectués en khmer principalement, parfois en mandarin, et retranscrits en anglais) auprès d’habitants de Sihanoukville, de représentants territoriaux locaux, d’experts et de membres de groupes criminels. Dans ce texte, le codage des entretiens suit la dénomination suivante : « OF » désigne les employés publics, « EX » des experts ayant une connaissance privilégiée du sujet, « RE » les résidents des zones d’habitat précaire et « F » les acteurs de la criminalité ; le numéro qui suit la lettre est aléatoire et sert à distinguer les personnes ayant répondu à l’enquête ; vient ensuite l’année de réalisation de l’entretien. De nombreux entretiens avec les habitants ont été conduits en groupe.

    https://www.jssj.org/article/violences-et-fabrique-de-la-subalternite-fonciere

    #foncier #Cambodge #Chine #violence

  • Le conditionnement du versement du RSA risque-t-il d’accroître le non-recours à cette aide sociale ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/10/le-conditionnement-du-versement-du-rsa-risque-t-il-d-accroitre-le-non-recour

    Cependant, les chercheurs estiment plus vraisemblable que ces contrôles découragent les allocataires et accroissent le non-recours. « A priori, la grande majorité de ces personnes [a] de véritables difficultés à retourner vers le marché du travail, commente Rémi Le Gall. Les sanctions sont plutôt un signal de méfiance de l’institution envers leur situation qui les conduit à sortir du dispositif qu’un marchepied vers un retour à l’emploi. »

    Pour les auteurs de l’étude, « une plus grande intensité de contrôle augmente les coûts supportés par les allocataires pour accéder à l’allocation, ce qui peut les conduire à renoncer à l’allocation et à leurs démarches d’insertion, soit l’exact inverse de l’objectif poursuivi ». La réforme introduite par la loi pour le plein-emploi pourrait alors agir comme un repoussoir pour certaines personnes en situation de précarité et les mener à renoncer à la solidarité nationale.

  • La tranche d’âge des 10-19 ans à Montpellier atteint maintenant un taux d’incidence de 946. Wow.

    Si le collège de ma gamine était ouvert, avec ses 900 élèves, ça veut dire qu’il y aurait en permanence 8 gamins testés positifs dans l’établissement. Si on prend les effectifs de 3 classes, statistiquement il y a un gamin testé positif. (Et si je suis bien, ce ne sont que les gens réellement testés, cela dans une tranche d’âge beaucoup plus souvent asymptomatique, donc sans doute plus sous-détectée que les tranches plus âgées.)

    Si ça continue comme ça en septembre, ça va être compliqué de laisser les classes ouvertes… Je ne sais pas quelles sont les règles maintenant que c’est le vacances, mais en mars il y avait cette règle :
    https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14307

    De la maternelle au lycée, l’apparition d’un seul cas confirmé d’un des variants dits « sud-africain » ou « brésilien » parmi les élèves, implique la fermeture de la classe concernée. Il en est de même si l’élève est cas-contact d’un parent ou d’un membre de la fratrie contaminé par un de ces deux variants. Tous les élèves et les professeurs doivent alors se faire tester le jour même.

    Vu que le Delta est encore plus contagieux, je ne vois pas pourquoi cette règle ne s’appliquerait pas. Avec le niveau de circulation actuel, ça nous donnerait chaque classe fermée une semaine sur trois. Je sens qu’au ministère Blanquer, on va encore nous faire dans l’épidémiologie créative…

    Les 20-29 sont maintenant à 1416. Ça va encore pas être triste, le présentiel à la fac… (Chaque fois que tu as 70 jeunes réunis, tu as statistiquement un testé positif dans le lot. Combien de jeunes contagieux non détectés ?)

    À Perpignan les 10-19 sont à 1200. Un gamin testé positif à chaque fois que tu as 83 gamins. Les 20-29 sont à 1918 : quand tu réunis 52 jeunes, tu as un testé positif (et à nouveau : combien de non détectés parce qu’asymptomatiques et non testés). C’est assez simple, du coup : tu fais un soirée bien arrosée avec quelques dizaines de jeunes dans un bar, et c’est un miracle si à la fin de la soirée tu n’as pas un cluster.

    • Les 20-29 sont maintenant à 1416. Ça va encore pas être triste, le présentiel à la fac… (Chaque fois que tu as 70 jeunes réunis, tu as statistiquement un testé positif dans le lot. Combien de jeunes contagieux non détectés ?)

      Je ne te l’envoie pas dire... Et les conséquences sur la réussite des étudiant⋅e⋅s

      Quand je vois le carnage cette année là où j’enseigne (une vingtaine d’abandons en première année, sur une promo de 60 en IUT, du jamais vu !), j’ose pas imaginer ce que ça va être, surtout combiné à la mise en place d’une réforme du diplôme de merde (mais c’est un autre sujet), appliquée à des étudiant⋅e⋅s cobayes d’un nouveau bac issu d’une réforme de merde.

    • Y’avait qu’à demander : aujourd’hui Blanquer nous sort donc son génial plan de sécurisation des écoles :
      https://www.education.gouv.fr/annee-scolaire-2021-2022-protocole-sanitaire-et-mesures-de-fonctionne

      La seule nouveauté par rapport à l’ancien, pour éviter qu’on ferme les classes à tout bout de champ, ce n’est pas d’éviter que les gamins se contaminent, c’est évidemment de réduire la sécurité des enfants : les vaccinés resteront en classe dans tous les cas.

      Et évidemment, pour les capteurs de CO2, c’est toujours en mode démerdentiel :

      Il est recommandé d’équiper les écoles et établissements scolaires de capteurs mobiles

      Pour les filtres HEPA, c’est en mode tu ouvres la fenêtre si tu peux. Juste une mention d’une hypothétique « ventilation » :

      Lorsque le renouvellement de l’air est assuré par une ventilation, son bon fonctionnement doit être vérifié et son entretien régulier doit être réalisé.

      Donc pas d’obligation, pas de financement (y’a plus de fric, ils l’ont donné aux flics), juste tu te débrouilles. (Évidemment, puisque c’est juste « recommandé », si j’insiste auprès du collège pour qu’on finance ces choses, ils pourront m’envoyer chier à leur bon vouloir.)
      Le document « Repères » ne comporte aucune mention du terme « filtration » ou juste « filtre » :
      https://www.education.gouv.fr/media/91520/download
      (rappel : le ministre se méfie de cette diablerie).

      (Et évidemment il n’explique pas comment on va gérer des classes hybrides. Dans le collège de ma gamine, la visio en période de confinement c’était au bon vouloir de chaque enseignant – donc généralement pas de visio – alors la classe à la fois en présentiel et en distanciel, ce n’est plus du démerdenticiel : ça relève du miraclenciel.)

      (À noter aussi : ce matin dans ma radio, une syndicaliste avec un discours extrêmement critique sur ces mesures – ou absence de –, tout en prenant soin de rappeler régulièrement l’importance du vaccin pour tous.)

    • Le Monde souligne en une par des guillemets une belle formule de JMB

      Au collège et au lycée, seuls les élèves non vaccinés seront « évincés » s’il y a un cas de Covid dans leur classe, a fait savoir le ministre de l’éducation nationale mercredi.

      Faut-il y voir un « tri » assumé entre adolescents vaccinés et non vaccinés ? Ce fonctionnement va en tout cas poser la question de la communication aux établissements du statut vaccinal des élèves.

      « Nous sommes dans une logique très rationnelle, a défendu M. Blanquer. Quand vous êtes vacciné, vous ne risquez pas de continuer à contaminer les autres. (…) Ma boussole est de maintenir les écoles ouvertes (…) et de faire en sorte que les enfants et les adolescents de France aillent au maximum à l’école. »

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/07/28/covid-19-jean-michel-blanquer-envisage-quatre-scenarios-pour-la-rentree_6089

      Castex avait lui aussi raconté des bobards sur l’efficacité des #vaccins (on nous joue la carte potion magique et #panacée, comme Raoult et tous les autres). La méfiance est distillée à chaque occasion. On se fait l’opposition dont on a besoin. Et on pointera l’irresponsabilité de covidés irrationnels pour mieux occulter la politique criminelle du gouvernement.

      Edit les personnes ayant reçu deux doses "n’ont plus de chance d’attraper la maladie", Jean Castex, 13 juillet, TF1
      https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/vaccin/vrai-ou-fake-vaccins-contre-le-covid-19-jean-castex-a-t-il-raison-d-aff

      #in_retrospect #fake_news #confusionnisme #école #obscurantisme

    • En fait, le terme « évincer » est très officiellement dans le document publié ce matin :

      Dans les collèges et les lycées, un protocole de contact-tracing renforcé sera mis en œuvre pour identifier les élèves ayant eu des contacts à risque avec un cas positif et les évincer des établissements durant 7 jours (à l’exception de ceux justifiant d’une vaccination complète).

      Je pense moi aussi que ces gens font exprès.

      Ici on va avoir un petit scandale (légitime) sur le mot « évincer » lui-même, on va pouvoir monter en épingle la réaction des anti-trucs…, on va avoir des checknews sur le thème « Non, le ministre n’a pas dit qu’il fallait “génocider” les non vaccinés », et ne surtout pas aborder le fond : le fait que le « nouveau protocole » est encore moins protecteur que le précédent (puisque scientifiquement mensonger), au moment où on a une contagiosité infiniment plus grande et que les jeunes de 10-19 sont clairement massivement touchés.

    • Avec des lieux publics ou des établissements scolaires réservés aux personnes vaccinées, vous ne craignez pas d’ajouter encore une couche de discrimination sociale ?

      Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale : Pour les établissements scolaires, ça me semble exclu : on ne peut pas rejeter un enfant au motif qu’il n’est pas vacciné. Ça relève du droit élémentaire à l’éducation et du minimum obligatoire de vie commune. Mais pour les activités socioculturelles ou sportives, j’y suis favorable. En vérité, je ne crains pas les risques de société à deux vitesses : je crois sincèrement que le caractère incitatif va l’emporter.

      Alain Fischer : « L’idée que le virus pourrait circuler chez les jeunes sans conséquence pour le reste de la société est un leurre »
      https://justpaste.it/6sucs

      avec aussi : #pathologies_chroniques #surpoids #immunodéprimés (200 000, non protégés par deux doses...)

    • J’ai trouvé sur internet un article complémentaire
      Mélanie Heard : « Protéger les jeunes doit compter au rang des premières urgences face au variant Delta »
      https://justpaste.it/7m15k

      Enfin, les connaissances ont aussi progressé sur l’impact du Covid-19 chez les enfants : si les syndromes inflammatoires aigus et les hospitalisations représentent de faibles proportions parmi les infectés (environ 100 fois moins que pour les adultes), leur nombre deviendra rapidement inquiétant si le dénominateur se compte en dizaine de milliers. En outre, les symptômes persistants post-infection, ou #Covid_long, concernent les mineurs comme les adultes : fatigue chronique, maux de tête ou difficultés à se concentrer durant plusieurs mois pourraient concerner un cas sur 20 selon les données de l’Office national de statistiques britannique – soit potentiellement 2 500 nouveaux enfants chaque jour au pic de la quatrième vague.

      #enfants #jeunes

    • #éviction est le terme consacré dans la production administrative de l’Éducation nationale ou, en l’espèce, l’Assurance maladie :

      L’éviction de la collectivité est réservée à 11 pathologies seulement
      L’éviction de la collectivité est une obligation réglementaire pour certaines pathologies. Ces dernières sont peu nombreuses :
      > L’angine à streptocoque
      > La coqueluche
      > L’hépatite A
      > L’impétigo (lorsque les lésions sont étendues)
      > Les infections invasives à méningocoque
      > Les oreillons
      > La rougeole
      > La scarlatine
      > La tuberculose
      > La gastro-entérite à Escherichia coli
      > La gastro-entérite à Shigelles

      Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses – Guide pratique (p. 9)
      https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/collectivites-maladies-infectieuses_assurance-maladie.pdf
      (document de novembre 2006)

  • Retour sur une exclusion à la Parole Errante
    https://laparoleerrantedemain.org/index.php/2020/09/14/retour-sur-une-exclusion-a-la-parole-errante

    Lundi 6 juillet 2020, K. de l’association les Tomates Vertes, présent dans le jardin/amphithéâtre et dans l’espace cantine de la Parole Errante a été exclu des lieux.

    Depuis des mois, des rumeurs d’agressions sexuelles émanant de différents espaces, collectifs et réseaux montreuillois circulaient à son sujet, puis des personnes nous ont contacté.es pour nous avertir plus précisément. Pour ne pas entretenir le flou propre à toute rumeur et nous en tenir aux faits, nous avons alors cherché des informations au plus près des premières concernées auxquelles nous réaffirmons ici notre soutien inconditionnel et notre solidarité.

    Il est apparu que K. avait commis différent types de violences dont un viol, avant qu’il n’arrive à la Parole errante. Cela est venu s’ajouter au fait qu’il exerçait au sein du lieu des rapports de domination et une privatisation des espaces. Dans un souci de protection, sa présence et sa participation n’étaient plus envisageables.

    La décision de pousser K. vers la sortie a été prise après plusieurs temps d’échanges parmi différent.es usager.es du lieu, non sans difficultés, désaccords et conflits sur les modalités et les effets d’une telle décision. Sans que soit mis fin aux interrogations sur, par exemple, ce que serait une autre justice ou sur le fait de nommer les auteurs d’agressions, nous avons finalement choisi de l’identifier publiquement pour que l’éviction ne lui laisse pas toute liberté de recommencer. Il ne s’agit ni de désigner une personne à la vindicte publique, ni de fabriquer une figure de monstre, mais de briser le silence qui prévaut encore massivement sur ces violences. Et par là d’attaquer, avec d’autres et à notre mesure, une culture du viol qui imprègne l’ensemble de la société.

    #viol #agression_sexuelle #culture_du_viol #éviction

  • Land grabs at gunpoint: Thousands of families are being violently evicted from their farms to make way for foreign-owned plantations in Kiryandongo, Uganda
    https://grain.org/e/6518

    Three multinational companies – Agilis Partners, Kiryandongo Sugar Limited and Great Season SMC Limited – are involved in grabbing land, violently evicting people from their homes and causing untold humiliation and grief to thousands of farming families residing in Kiryandongo district, Uganda. The land grabs are happening on abandoned national ranches, which have long since been settled and farmed by people who came to the area fleeing war and natural calamities in neighbouring areas. The local people are being displaced without notice, alternatives or even negotiations and are now desperately trying to save their homes and lives.

    #Ouganda #terres #évictions_forcées #canne_à_sucre

  • Liberia: Salala Rubber Corporation (SRC) Under Fire, as 22 Communities Complained of Abuses - FrontPageAfrica
    https://frontpageafricaonline.com/news/liberia-salala-rubber-corporation-src-under-fire-as-22-commun
    https://frontpageafricaonline.com/wp-content/uploads/2020/05/salala-rubber-plantation.png

    Communities in Margibi and Bong Counties, represented by Green Advocates International (GAI) and three of its local partners, filed a complaint with the Compliance Advisor Ombudsman (CAO), against the operations of the Salala Rubber Corporation (SRC) in Margibi County (Liberia).

    CAO is the independent watchdog and accountability mechanism for the International Finance Corporation (IFC) and the Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), of the World Bank Group.

    The complaint relates to a series of gross human rights abuses perpetrated against the indigenous people in SRC’s concession areas, ranging from: land grab and forced eviction, lack of free prior and informed consent of the indigenous peoples (FPIC), destruction of their ancestral graves and sacred sites, economic displacement and loss of livelihood, the pollution of their waters, poor employment conditions, and labor rights violations by the company, limited access to schools and health facilities. The company has been engaged in sexual and gender-based violence (SGBV), reprisals, threats and intimidation, including non-compliance with national and international laws, as well as non-compliance with IFC’s Performance Standards.

    #terres #évictions_forcées #plantations #hévéas #caoutchouc #Liberia

  • Les migrants de #Calais abandonnés face au #coronavirus

    Une semaine après l’entrée en vigueur des mesures de #confinement, aucune mise à l’abri n’a été décidée pour protéger les deux mille réfugiés qui vivent dans les #campements du littoral nord de la France. Sur le terrain, les associations sont très inquiètes du fait des #conditions_sanitaires désastreuses.

    « Comment #rester_chez_soi quand on n’a pas de maison », s’interroge Samuel, un jeune Éthiopien, devant la tente qu’il partage avec trois autres personnes en périphérie de Calais. Autour de lui, des centaines de #tentes identiques sont plantées les unes à côté des autres dans des sous-bois jonchés de détritus. Certaines sont couvertes de bâches. Des petits groupes se réchauffent autour de feux de camp, d’autres le font à la bougie, sous les toiles de tente. Les gens se plaignent du froid, mais aussi des rats, nombreux et peu farouches.

    Samuel a effectivement entendu parler du coronavirus et des #gestes_barrière, mais il reste dubitatif : « Les #consignes qu’on nous a données ne sont pas applicables, dit-il en désignant les environs. Nous partageons tout : les tentes, les cigarettes, tout. » Quant au savon qui a été distribué, il le trouve de bien peu d’aide devant l’absence de points d’#eau en nombre suffisant : un robinet est disponible pour plusieurs centaines de personnes, il n’y a pas de douche. « Pourtant, pour le bien de tous, il est important que tout le monde soit protégé », souligne-t-il.

    « Je voudrais partir d’ici mais il n’y a pas d’alternative »

    Dans ce camp d’exilés, mardi 17 mars, le sentiment d’#abandon prévalait. Abi, originaire d’Éthiopie, expliquait avoir obtenu des informations sur l’#épidémie sur internet : « Mais je n’ai reçu aucune information de la part du gouvernement, dit-il. Ce que je vois aujourd’hui, c’est qu’on est entourés de #CRS, qui portent tous des #masques. Donc, je comprends que le coronavirus est un danger. S’il y a un danger, il est réciproque. Pourquoi ne portons-nous pas de masque ? Parce qu’on est perçus comme les personnes porteuses de maladies. Je me sens discriminé. »

    Aucun cas de coronavirus n’a été dépisté, mais au milieu de cette situation anxiogène, Ali, un jeune Iranien, n’était cependant pas tranquille : « Je voudrais partir d’ici mais il n’y a pas d’alternative. J’ai 17 ans, j’ai appelé le 115 [l’aide sociale d’urgence] mais j’attends encore. Je voudrais aller dans un centre d’hébergement, parce que vivre ici, c’est vraiment dur. »

    Des mesures de « #distanciation » ont bien été mises en place lors de la distribution des repas. Les réfugiés pénètrent maintenant au compte-goutte sur l’esplanade grillagée où se tient la distribution, assurée par l’association La Vie active, mandatée par l’État. Ils doivent y respecter une distance de sécurité. Mais, devant le portail, ils sont des centaines à attendre leur tour, les uns sur les autres, sans mesure de sécurité.

    Pourtant, les associations alertent depuis le 5 mars sur le sort de ces personnes fragiles et particulièrement exposées aux maladies. Antoine Nehr, coordinateur au sein de l’Utopia 56, est très inquiet :

    La situation est dramatique depuis longtemps, depuis le démantèlement de la grande jungle en 2016 : les politiques migratoires ont été durcies, avec pour objectif d’empêcher les exilés de s’installer et de rester à Calais. Les gens sont maintenus dans une grande #précarité. Ils sont épuisés, stressés, fatigués, ils vivent à plusieurs dans des tentes, dans des conditions sanitaires déplorables. On estime à plus d’un millier, peut-être 1.400 personnes le nombre de gens dehors ici, à Calais. Il y a aussi beaucoup de monde à Grande-Synthe (Nord). Cette crise est révélatrice d’un manque de prise en charge générale, et dans un contexte comme celui-ci, si aucune mesure n’est prise rapidement, si le virus vient à se développer dans les campements, cela va être grave. »

    « Lors de cette réunion, nous avions avancé plusieurs propositions : une #mise_à_l’abri dans des hébergements à taille humaine, une #clinique_mobile qui interviendrait sur les différents campements. Comment diagnostique-t-on un virus, nous, en tant que bénévoles ? On n’est pas formés à ça. Nous avons vraiment besoin que l’État prenne ses responsabilités. S’il n’y a pas de prise en charge, je pense qu’il aura du sang sur les mains. »

    « Même dans un contexte de crise, les autorités continuent d’appliquer cette politique extrêmement hostile »

    Mercredi dernier, la préfecture des Hauts-de-France a annoncé la mise en place « dans les prochains jours » d’une procédure de détection et d’orientation des cas suspects vers des centres de « desserrement », mais uniquement chez les personnes présentant déjà des symptômes. Lors d’une réunion à distance, jeudi 19 mars, la sous-préfecture a confirmé ce choix. Une mise à l’abri préventive pour les personnes vivant dans ces camps insalubres n’est donc pas envisagée.

    Alors que le confinement contraint les exilés à ne pas s’éloigner du campement, Antoine Nehr dénonce la poursuite de la politique répressive du gouvernement. « Les #évictions du terrain continuent. Depuis plusieurs jours, les gens n’ont plus accès à l’électricité, car elle a été coupée. Le seul accès actuellement reste les générateurs apportés par les associations. C’est d’autant plus inquiétant que les téléphones portables sont plus nécessaires que jamais : pour obtenir des informations, appeler le Samu et rester en contact avec ses proches. »

    « Même dans un contexte de crise, les autorités continuent d’appliquer cette politique extrêmement hostile qui met en danger la vie de plusieurs centaines de personnes. La situation empire au moment où il est urgent de demander un hébergement digne pour ces personnes, déplore Antoine Nehr. C’est incompréhensible. »

    https://reporterre.net/Les-migrants-de-Calais-abandonnes-face-au-coronavirus
    #migrations #asile #réfugiés #campement #répression

    ping @karine4 @thomas_lacroix

  • En France une certaine opinion qui court semble pouvoir être résumée ainsi : "un pouvoir autoritaire c’est quand même pas mal pour lutter contre le coronavirus”.

    On relaie les "incroyables" constructions express d’hôpitaux, le génie consistant à appeler l’armée pour enfermer une ville, le magnifique emploi des données personnelles pour lutter contre le coronavirus, etc.

    En pratique cependant, la dictature n’est pas plus efficace en matière de santé publique que dans les autres domaines — c’est même bien souvent l’inverse.

    Cette communication de choc permet à la Chine de faire oublier qu’elle n’est quand même pas très haut dans les classements de l’OMS sur la capacité à assurer les soins de santé de base.

    Alors évidemment dans l’urgence on espère que son gouvernement déconnera le moins possible et trouvera un peu d’efficacité, mais de là à encenser la méthode forte…

    (Je n’oublie évidemment pas que d’autres gouvernements moins autoritaires ont eux aussi fait preuve d’inefficacité totale voire criminelle en matière de santé. Mais je préférerais qu’on parle d’efficacité plutôt que d’autoritarisme, et qu’on regarde les faits plutôt que la propagande.)

    Si en France on pouvait changer de disque le plus vite possible ce serait pas mal, avant que ça ne donne des idées à Agnès Buzyn. Si la crise arrive ici, avec des hôpitaux en pleine tourmente sociale, ça sera pas bon. Et non, le LBD n’est pas la meilleure technique de prévention.

    –—

    Coronavirus Live Updates : Wuhan to Round Up the Infected for Mass Quarantine Camps - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/02/06/world/asia/coronavirus-china.html

    Sun Chunlan, a vice premier tasked with leading the central government’s response to the outbreak, said (…)
    “Set up a 24-hour duty system. During these wartime conditions, there must be no deserters

    (…) concerns are growing about whether the centers, which will house thousands of people in large spaces, will be able to provide even basic care to patients and protect against the risk of further infection.

    A lockdown across the city and much of its surrounding province has exacerbated a shortage of medical supplies, testing kits and hospital beds. Many residents, unwell and desperate for care, have been forced to go from hospital to hospital on foot, only to be turned away without being tested for the virus, let alone treated. They have had to resort to quarantines at home, risking the spread of the virus within families and neighborhoods.

    (…) Photographs taken inside the stadium showed narrow rows of simple beds separated only by desks and chairs typically used in classrooms. Some comments on Chinese social media compared the scenes to those from the Spanish flu in 1918.

    According to a widely shared post on Weibo, a popular social media site, “conditions were very poor” at an exhibition center that had been converted into a quarantine facility. There were power failures and electric blankets could not be turned on, the user wrote, citing a relative who had been taken there, saying that people had to “shiver in their sleep.”

    There was also a staff shortage, the post said, where “doctors and nurses were not seen to be taking note of symptoms and distributing medicine,” and oxygen devices were “seriously lacking.”

    Chinese Doctor Who Tried to Warn of Outbreak Is Dead From Coronavirus - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/02/06/world/asia/Li-Wenliang-coronavirus.html

    The New York Times wrote about the doctor on Feb. 1, documenting his efforts to alert colleagues about an alarming cluster of illnesses that resembled (…) SARS (…). The article also reported Dr. Li’s middle-of-the-night summons by unhappy health officials.

    “If the officials had disclosed information about the epidemic earlier,” Dr. Li told The Times. “I think it would have been a lot better. There should be more openness and transparency.”

    #santé_sanitaire ou #santé_sécuritaire

  • VIEQUES, AU LARGE DE PORTO RICO. Sous la plage, les bombes
    https://www.courrierinternational.com/article/2007/01/25/sous-la-plage-les-bombes

    Je ne connaissais pas cette histoire

    Lisant, au printemps 2006, un article du magazine Caribbean Edge sur #Vieques, cette petite île située à 7 milles de la côte de Porto Rico, je m’étonnais. L’auteur y vantait “ses forêts luxuriantes, ses plages immaculées et ses eaux cristallines” et en faisait “l’endroit idéal pour se détendre et découvrir les charmes paisibles d’une île caribéenne vraiment nature”. Il a dû se tromper d’île, me suis-je dit. Il ne peut s’agir de l’île utilisée pendant plus de cinquante ans par l’armée américaine comme terrain d’essai pour ses armes aériennes, un endroit où le taux de cancers est de 30 % supérieur au reste de #Porto_Rico, celui d’hypertensions de 381 % supérieur et celui de cirrhoses de 95 % plus élevé.

    résumé en tags
    #colonie #évictions_forcées #terrain_militaire #bombardements #mort #contestations #répression #parc_naturel #tourisme malgré #pollutions

  • Former MP, investors evict thousands in Kiryandongo
    https://observer.ug/news/headlines/61572-former-mp-investors-evict-thousands-in-kiryandongo

    Former Kiryandongo district Member of Parliament (MP), Baitera Maiteki, an American and an Indian investor have been accused of evicting thousands of people in the western districts of Kiryandongo and Masindi.

    The evicted people were living in the gazetted government ranches in Mutunda and Kiryandongo sub-counties along the River Nile. Kiryandongo Sugar, allegedly owned by some Indians, Agilis, owned by an American called Philip Investor, and Sole Agro Business Company, also owned by Indians, have been named in the evictions.

    Agilis is said to have bought ranches 21-22, from SODARI, an agricultural farm that collapsed. SODARI got a lease from government, which ends in 2025. However, it was revealed to the Land Commission of Inquiry that Agilis, bought land that was leased, yet legally, no one is supposed to buy leased land.

    Agro Business was reportedly given about 60 hectares and displaced all people in the area. Kiryandongo Sugar also forcefully evicted people in the area and ploughed all the land, denying some residents farmland and access roads.

    #Ouganda #évictions_forcées #terres

  • Lao Protest Villagers Held Since 2017 Have Been Sentenced
    https://www.rfa.org/english/news/laos/sentenced-08062019170758.html

    Nine Lao villagers held for over two years for protesting the loss of land awarded by the government to a Vietnamese rubber company have been sentenced to prison terms ranging from two to six years, sources in the communist Southeast Asian state said.

    The nine, all residents of Sekong province’s Yeub village, were sentenced by a provincial court on June 27, with news of their convictions delayed from reaching outside contacts because of strict police surveillance of family members and friends.

    “We do not accept the court’s decision, but there is nothing we can do,” a relative of one of the men sentenced told RFA’s Lao Service on Monday.

    “We were fighting for justice after our land was grabbed by officials so they could hand it over to a Vietnamese company, but the court ruled that we were guilty,” the villager said, speaking on condition of anonymity.[...]

    Land grabs and the appropriation of public property to turn over to foreign and domestic companies are common in Laos, and villagers affected by them often refuse to speak out publicly because they fear retribution.

    #terres #Laos #évictions_forcées #caoutchouc #violences_policières

  • ’Better to kill us’: Ethiopian residents fear evictions from...
    http://news.trust.org/item/20190425094603-yoz46

    L ast month, local officials strolled through a neighbourhood on the fringes of Sululta, several kilometres north of the Ethiopian capital Addis Ababa. Flanked by policemen, they daubed red crosses on homes and pinned notices on doors.

    The notices - a copy of which was obtained by the Thomson Reuters Foundation - ordered residents whose houses had been built without official permits to demolish them within seven days.

    #Éthiopie #habitat_informel #terres #foncier #éviction_forcées

  • In Indonesia, a company intimidates, evicts and plants oil palm without permits
    https://news.mongabay.com/2019/03/in-indonesia-a-company-intimidates-evicts-and-plants-oil-palm-without

    A state-owned plantation company, PTPN XIV, is evicting farmers to make room for an oil palm estate on the eastern Indonesian island of Sulawesi.
    In 1973, the company got a permit to raise cattle and farm tapioca on the now-disputed land, but it expired in 2003. After a long hiatus, the company has returned to claim the land. It says the government has promised to give it permits in the future, but has started operations anyway even as local communities resist.
    The case is one of thousands of land disputes simmering across Indonesia, as President Joko Widodo attempts to carry out an ambitious land reform program.
    The president has also ordered a freeze on the issuance of new oil palm plantation permits, but the level of enforcement remains to be seen.

    #Indonésie #industrie_palmiste #évictions_forcées #terres

  • Millions of forest-dwelling indigenous people in India to be evicted | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2019/feb/22/millions-of-forest-dwelling-indigenous-people-in-india-to-be-evicted

    Millions of Indians face eviction after the country’s supreme court ruled that indigenous people illegally living on forest land should move.

    Campaigners for the rights of tribal and forest-dwelling people have called the court’s decision on Wednesday “an unprecedented disaster” and “the biggest mass eviction in the name of conservation, ever”.
    Indian police use elephants to evict illegal settlers
    Read more

    The ruling came in response to petitions filed by various wildlife conservation groups, which wanted the court to declare the 2006 Forest Rights Act invalid. The act gives forest dwelling people the right to their ancestral lands, including those in specially “protected” areas that contain sanctuaries and wildlife parks to conserve wild life. The groups told the court that “tribal” people in 20 states had encroached illegally on these protected areas, jeopardising efforts to protect wildlife and forests.

    The conservation groups said state governments should see if families could prove their claim under the act and, if they could, they should be allowed to live and work on the land. If they failed to prove their claim, they should be evicted by the state government.

    The supreme court has ordered the 20 state governments – where claims were considered by special committees – to act on about 1.1m claims now rejected as bogus and evict the families. Depending on the size of the families, more than 1m claims could translate to about 5-7 million people being evicted by 27 July.

    Survival International’s director, Stephen Corry, said: “This judgment is a death sentence for millions of tribal people in India, land theft on an epic scale and a monumental injustice. It will lead to wholesale misery, impoverishment, disease and death, an urgent humanitarian crisis, and it will do nothing to save the forests which these tribespeople have protected for generations.”

    Protests flare in Odisha over eviction of a million forest families
    https://countercurrents.org/2019/02/21/supreme-court-of-india-orders-forced-eviction-of-1-million-adivasis

    #Inde #forêt #peuples_des_forêts #intouchables #évictions_forcées #guerre_aux_pauvres

  • La #police et les #indésirables

    Les #pratiques_policières de contrôles-éviction, visant à évincer certaines populations de l’#espace_public, participent aux processus de #gentrification. M. Boutros met en lumière le rôle central des forces de l’ordre dans les dynamiques de #transformation_urbaine.

    En décembre 2015, dix-huit adolescents et jeunes adultes du 12e arrondissement de Paris déposaient une plainte pénale collective à l’encontre de onze policiers d’une même brigade : le #Groupe_de_Soutien_de_Quartier (#GSQ), surnommé la « #brigade_des_Tigres » du fait de son écusson représentant un tigre fondant sur une proie. Les plaignants reprochaient aux policiers des #violences physiques, des #attouchements sexuels, des #arrestations_arbitraires, des destructions de biens et des #injures_racistes, à l’occasion de #contrôles_d’identité entre 2013 et 2015 [1]. Le 4 avril 2018, trois des policiers mis en cause ont été condamnés en première instance pour violences volontaires aggravées [2].

    La #plainte, parce qu’elle concernait un grand nombre de faits, reprochés aux mêmes policiers sur plusieurs années, a donné lieu à une enquête qui n’a pas seulement porté sur les faits dénoncés mais a également interrogé les pratiques quotidiennes de cette brigade, et les instructions qui lui étaient données. Au delà des preuves des faits de #violence, l’enquête de la police des polices a révélé une pratique policière jusqu’ici peu connue, que les policiers appellent le « #contrôle-éviction ». Il s’agit de #contrôles_d’identité dont l’objectif est de faire quitter les lieux à des personnes considérées comme « indésirables », même en l’absence d’infraction. Bien qu’il n’y ait aucune base légale à cette pratique, l’enquête a montré que la brigade des Tigres était missionnée par sa hiérarchie pour contrôler et « évincer » de l’espace public certaines populations, notamment des « #regroupements_de_jeunes », composés principalement d’adolescents #Noirs et #Maghrébins issus des #classes_populaires.

    Comment expliquer la perpétuation de telles pratiques policières en plein cœur de #Paris ? On le sait, en #France, le contrôle d’identité est un outil central du travail policier, et il cible de manière disproportionnée les jeunes hommes perçus comme Noirs ou Arabes et issus de #quartiers_populaires [3]. D’après des enquêtes ethnographiques, les policiers rationalisent ces pratiques discriminatoires sur trois modes : ces #contrôles_au_faciès permettraient de trouver des infractions, de recueillir des informations, et d’affirmer le #pouvoir_policier envers des jeunes en instaurant un rapport de force physique [4]. Si les enquêtes existantes ont examiné les rationalités policières des contrôles discriminatoires, on en sait peu sur les dynamiques locales qui façonnent ces pratiques. L’affaire de la brigade des Tigres permet d’analyser comment ces pratiques s’inscrivent dans une dynamique urbaine plus large, dans laquelle la police participe à l’instauration et au maintien d’un certain #ordre_social urbain.

    À partir d’une analyse de l’affaire de la brigade des Tigres (examen du dossier de l’enquête judiciaire, observation du procès, entretiens avec plaignants, habitants et avocats), cet article propose d’examiner la pratique du contrôle-éviction telle qu’elle s’inscrit dans une dynamique urbaine de gentrification, processus par lequel un quartier anciennement populaire se transforme progressivement avec l’arrivée de nouveaux habitants de classes moyennes ou supérieures [5].

    Des enquêtes étatsuniennes ont montré que, dans les quartiers en voie de gentrification, on observe une augmentation des contrôles policiers proactifs et agressifs ciblant les populations perçues par les nouveaux arrivants comme source de désordres et d’incivilités, notamment les SDF et les jeunes Noirs et Latinos [6]. Le procès des policiers du 12e arrondissement indique qu’une dynamique similaire existe à Paris. L’analyse montre que les plaignants étaient la cible de contrôles répétés et violents, souvent sans motif légal, parce qu’ils étaient considérés comme « indésirables » dans l’espace public, du fait de leur origine sociale et ethnique. Dans ce quartier où persistent des zones d’habitat social au sein d’un quartier largement gentrifié, des tensions grandissantes ont émergé sur la question de l’occupation de l’espace public. Certains habitants des classes moyennes et supérieures, majoritairement Blancs, ne toléraient pas la présence de jeunes hommes Noirs et Maghrébins des classes populaires dans l’espace public, surtout en groupes, car cette présence était perçue comme source d’incivilités et de désordres. Ces habitants réclamaient régulièrement des autorités des actions pour assurer la « tranquillité publique ». Pour répondre à ces demandes, le GSQ était envoyé pour procéder à des « contrôles-éviction » sur certains secteurs. Mais loin de cibler uniquement ceux les auteurs d’infractions, ces contrôles ciblaient les groupes d’adolescents issus de l’immigration et des classes populaires, quel que soit leur comportement.

    Ainsi, par les contrôles-éviction, la police accompagne le processus de gentrification et se met au service des acteurs qu’elle perçoit comme légitimes dans le quartier en leur garantissant un espace public libéré des « indésirables ».
    Contrôles violents, détentions illégales, injures racistes

    En décembre 2015, 17 garçons et une fille, âgés de 15 à 24 ans, tous issus de l’immigration et de familles populaires, déposaient collectivement plainte pour dénoncer 44 faits de violence commis entre 2013 et 2015 par les policiers du Groupe de Soutien de Quartier (GSQ) du 12e arrondissement de Paris. Les plaignants dénonçaient des agressions physiques lors des contrôles d’identité, tel que des coups de poing, coups de matraque, claques, clés de bras, et usage excessif de gaz lacrymogène. Plusieurs plaignants faisaient également état d’agressions sexuelles, notamment des attouchements des parties génitales lors des palpations de sécurité, accompagnés de coups et railleries si le contrôlé se débattait. Plusieurs plaignants dénonçaient également des injures racistes de la part de certains policiers (« sale noir », « espèces de singes », « je pisse sur le Ramadan »). Enfin, la plainte évoquait de nombreuses conduites au poste sans motif et hors du cadre légal, que les avocats qualifiaient d’« arrestations arbitraires et séquestrations ». L’enquête a en effet révélé que le GSQ emmenait régulièrement des adolescents au commissariat, sans se conformer aux procédures d’interpellation ou de vérifications d’identité. Dans leurs auditions, les plaignants racontent qu’on leur demandait le plus souvent de s’asseoir sur le « banc de vérif’ », et au bout de quelques heures, sans avoir vu d’Officier de Police Judiciaire ou fait l’objet de procédure de vérification d’identité, on appelait leurs parents pour venir les chercher.

    Suite à l’enquête de la police des polices, quatre policiers ont été renvoyés au tribunal correctionnel pour trois faits de violences physiques, pour lesquels il existait des preuves matérielles (certificats médicaux, photos, témoignages concordants). Les autres faits ont été classés sans suite pour insuffisance de preuves. Si les conduites au poste abusives n’ont pas été poursuivies pénalement, elles ont fait l’objet d’un avertissement ferme de la part du Procureur de la République. Dans un courrier au Directeur de la Sécurité de Proximité de l’Agglomération Parisienne, le Procureur s’alarmait d’un « grave dysfonctionnement sur le cadre des conduites au poste et des procédures de vérification d’identité au sein du commissariat du 12e arrondissement », et prévenait que l’absence systématisée de respect des procédures de vérification d’identité pouvait donner lieu à des poursuites pénales pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique.

    Il ressort du dossier de l’enquête que les humiliations, les violences, et les conduites au poste hors cadre légal, avaient pour objectif de faire partir les personnes contrôlées de l’espace public. En effet, le GSQ était explicitement missionné par la hiérarchie du commissariat pour procéder à des « contrôle-éviction » sur certains secteurs ; et les éléments du dossier montrent que les contrôles se terminaient systématiquement soit par une injonction à quitter les lieux, soit par une conduite au poste. « La phrase qui revenait le plus souvent », raconte un plaignant, « c’était : ‘si on vous revoit ici, c’est commissariat direct !’ » (Entretien avec l’auteure, 24 mai 2018). Au procès, un des policiers confirmera : « On passe notre temps à expliquer aux jeunes qu’ils sont dans un lieu où ils n’ont pas à être ».

    Pour les avocats des plaignants, ces pratiques policières représentent un dévoiement des outils juridiques donnés aux policiers, et ont pour objectif non pas la lutte contre la délinquance mais le « nettoyage » des espaces publics. Comme l’explique Maître Felix de Belloy :

    Les policiers, pendant le procès, ont quasiment fait l’aveu qu’ils utilisent les catégories du code de procédure pénale pour faire un travail de nettoyage ou de gardiennage... Ils ont pris des bouts de code de procédure pénale, par exemple le contrôle, et ils ajoutent « contrôle-éviction ». On fait un contrôle pas pour contrôler leur identité mais pour qu’ils déguerpissent. Ou on les emmène au poste et on utilise la procédure de verif’ uniquement pour les mettre au frais quelques heures. C’est de la séquestration mais on appelle ça de la vérif’. Entretien avec l’auteure, 18 avril 2018

    Le dossier de l’enquête révèle que ces contrôles ciblaient toujours les mêmes personnes, que les policiers désignaient par le terme « indésirables ».
    Les jeunes Noirs et Maghrébins, des « indésirables » à évincer

    Dans le dossier de l’enquête figurent toutes les mains courantes d’intervention des brigades de l’unité d’appui de proximité, dans lesquelles les policiers résument leurs interventions. Sur environ 300 mains courantes d’intervention, aux côtés des interventions pour tapage ou vol, un tiers concernent des interventions pour des « indésirables ». Au procès, les avocats des plaignants ont interrogé les policiers mis en cause sur ce terme :

    Avocat : Dans la main courante que vous avez rédigée, vous avez écrit à « nature de l’affaire », en majuscules, « INDESIRABLES », et pour « type d’événement », « Perturbateurs - Indésirables ». Qu’est-ce que ça veut dire, « indésirables » ? (...) C’est qui les indésirables ?
    Policier : C’est un trouble à la tranquillité publique.
    Avocat : Donc les indésirables c’est les jeunes ?
    Policier : Ça peut être n’importe qui, ça peut être des jeunes, ça peut être des SDF. C’est des indésirables pour les gens qui habitent le quartier.

    En effet, les mains courantes pour « indésirables » indiquaient toutes que l’intervention ciblait soit des jeunes soit des SDF. Au procès, le chef de brigade a affirmé que le terme « indésirables » figure dans le logiciel de main courante, une information qui nous a été confirmée par plusieurs policiers dans d’autres commissariats [7].

    Le terme « indésirables » est apparu en France à la fin du XIXe siècle dans le cadre des débats sur l’immigration [8]. Il a désigné, au fil du temps, diverses populations considérées comme étrangères au corps national (les nomades, les juifs, et les Français Musulmans d’Algérie), et a justifié des politiques d’expulsion et d’internement. Dans les années 1930, le terme a été explicitement mobilisé dans les textes gouvernementaux et les lois sur l’immigration illégale, qui faisaient de « l’élimination des indésirables » une nécessité pour protéger le corps national. L’historien E. Blanchard note la disparition du terme des textes officiels et du langage bureaucratique après la deuxième guerre mondiale. Cependant, des enquêtes récentes montrent que le terme continue d’être employé de manière informelle par des agents publics pour désigner des populations perçues comme problématiques et dont il faut gérer la présence dans les espaces publics. Par exemple, pour les agents des transports publics, le terme indésirables peut désigner les SDF, les pickpockets, ou les vendeurs à la sauvette, et dans les politiques de logement, les indésirables sont les personnes étrangères ou d’origine immigrée dont il faut éviter la concentration dans les mêmes immeubles [9].

    Le procès des policiers du 12e arrondissement a révélé que le terme est également employé par l’administration policière pour désigner des catégories de personnes dont la présence dans les lieux publics est considérée comme problématique. Au procès, les policiers mis en cause ont affirmé que les « indésirables » sont des personnes commettant des incivilités ou causant un trouble à la tranquillité publique. Cependant, les éléments de l’enquête montrent qu’en réalité, ce ne sont pas uniquement les adolescents perpétrant des infractions qui sont ciblés, mais bien tous les jeunes hommes Noirs et Maghrébins issues de familles populaires présents dans l’espace public.

    Dans certaines mains courantes, les policiers justifient ces interventions par le fait que les jeunes « traînent toute la journée » et « causent diverses nuisances (tapage, incivilités en tout genre) ». Cependant, lors des interventions policières, aucune distinction n’est faite entre ceux commettant des infractions et ceux qui sont simplement là pour se retrouver entre amis. Dans une grande partie des résumés des mains courantes, il n’est fait mention d’aucune infraction qui aurait justifié le contrôle et il est noté que le contrôle s’est fait dans le calme et sans incident. Et pourtant, systématiquement, les jeunes « indésirables » sont contrôlés et évincés. Certaines mains courantes mentionnent simplement « Contrôle et éviction d’une dizaine d’indésirables. Pas d’incidents. RAS ». Ou encore : « Sur place nous avons constaté la présence de quatre individus discutant calmement. Nous leur avons demandé de quitter les lieux, ce qu’ils ont fait sans incident » [10].

    Ainsi, pour les policiers du GSQ, la simple présence d’adolescents Noirs et Maghrébins dans l’espace public est considérée comme « indésirable » et justifie un « contrôle-éviction », même si les adolescents sont calmes et ne commettent aucune infraction. Ce n’est donc pas l’infraction ou la suspicion d’une infraction qui justifie le contrôle, mais bien l’identité des personnes contrôlées, leur origine raciale et sociale. Cette stratégie policière assumée s’inscrit dans une dynamique urbaine plus large, dans laquelle la police est mandatée pour garantir à certains habitants un espace public libéré des « regroupements de jeunes ». Si les policiers contrôlent ces adolescents à répétition, les humilient, les frappent, les agressent sexuellement, et les conduisent au poste sans motif, c’est pour les chasser des espaces publics, pour leur signifier qu’ils n’y ont pas leur place.
    Le harcèlement policier et le processus de gentrification

    Au tribunal, les policiers et leur avocat ont expliqué que les contrôles répétés envers les mêmes adolescents répondaient à une demande des habitants du quartier, qui s’en plaignaient régulièrement. L’enquête a en effet montré que certains habitants appelaient la police et envoyaient des courriers de plainte à propos des nuisances causées par des regroupements de jeunes. Sur trois ans, vingt-six courriers ont été envoyés réclamant des autorités davantage de fermeté envers des « bandes » qui occupent certains espaces. La majorité des doléances dénoncent des nuisances sonores tard dans la soirée et réclament des verbalisations systématiques. Certains courriers mentionnent également des rodéos, des trafics, et des vols. En réponse à ces doléances, le commissariat envoyait des effectifs avec l’instruction d’effectuer plus de rondes, plus d’interpellations, et comme le montre le dossier de l’enquête, plus de contrôles-éviction.

    Les courriers de plainte, ainsi que les contrôles répétés, se concentraient sur un petit nombre de rues et places du quartier Reuilly-Montgallet, correspondant aux rues où des bâtiments HLM ont été conservés au sein d’un quartier qui a fait l’objet d’une forte gentrification depuis les années 1980 [11]. Avec l’arrivée d’habitants de classes moyennes ou supérieures dans ce quartier anciennement populaire, des tensions sont apparues entre les habitants, notamment sur la question de l’occupation de l’espace public. Dans mes entretiens avec des habitants du quartier, personne ne nie que les regroupements de jeunes sont parfois bruyants et que certains commettent des délits. Cependant, les tensions ne sont pas uniquement liées au bruit ou à la délinquance. En l’absence de lieux où ils peuvent se rassembler sans consommer, les jeunes des classes populaires se rassemblent en bas de chez eux, sur les places du quartier. Cette présence de « jeunes qui traînent » et qui occupent l’espace public n’est pas tolérée par certains habitants. Comme l’explique un militant du quartier, la transformation du quartier a amené une nouvelle catégorie de personnes « qui sont beaucoup plus dérangés par cette mixité sociale et qui finalement souhaitent faire en sorte que les anciens habitants quittent le quartier parce qu’ils ont l’impression que ça dévalorise, au niveau patrimonial, le quartier » (Entretien avec l’auteure, 31 janvier 2018.). Pour certains habitants, ces groupes de jeunes, majoritairement Noirs et Maghrébins, sont considérés comme potentiellement source d’incivilités et de bruit.

    Les éléments de l’enquête montrent que, pour régler les tensions entre les habitants, les politiques municipales et policières se sont centrées sur la répression et le harcèlement des adolescents en question. La mairie renvoyait systématiquement les courriers de plainte vers le commissariat, considérant que ce « problème » devait être réglé par la police (et non pas, par exemple, par la consultation des jeunes sur leurs besoins en termes d’espaces de socialisation). De plus, la mairie a fait enlever les bancs publics et installer des caméras de surveillance pour dissuader les jeunes de rester dans les rues où les tensions se concentrent.

    De son côté, le commissariat envoyait le GSQ « tenir le terrain » face aux jeunes. Le GSQ est une « police de la tranquillité publique », c’est-à-dire une brigade chargée de gérer les petits désordres urbains et de garantir la coexistence pacifique entre les gens [12]. À la différence des brigades anti-criminalité (les BAC), son objectif premier n’est pas la lutte contre la délinquance ; elle effectue des missions de sécurisation des secteurs sensibles. En particulier, le GSQ est une des brigades crées pour gérer les « jeunes qui traînent en bande » en bas des immeubles avec une approche purement répressive de harcèlement [13]. Bien que les doléances des habitants concernent des délits (tapage nocturne, rodéos), la police considérait que la simple présence de jeunes dans les rues, même en petits groupes calmes, était un problème à régler. Les bilans annuels du commissariat, inclus dans le dossier, mentionnent les « regroupements de jeunes » comme un « problème récurrent » ; les mains courantes d’intervention déplorent régulièrement la présence de jeunes qui « reviennent systématiquement sur ces secteurs malgré nos évictions répétées tout au long de la vacation » ; et les plaignants interrogés confirment que les contrôles se terminaient systématiquement par une injonction à dégager, même lorsque leur présence ne gênait personne et que le contrôle se passait bien. Ainsi, la police se basait sur les plaintes de certains habitants pour des problèmes de tapage et de délits pour justifier des pratiques de harcèlement policier envers les adolescents Noirs et Maghrébins du quartier, sans qu’aucune distinction ne soit faite entre ceux commettant des infractions et ceux simplement présents dans l’espace public.

    Dès 2013, certains adolescents du 12e et leurs éducateurs ont tenté d’alerter la municipalité, le commissariat, et les services de protection de l’enfance, sur les violences, y compris sexuelles, commises par les policiers du GSQ. Plusieurs réunions ont eu lieu, avec le conseil municipal de la sécurité et de la prévention, l’adjoint au maire chargé de la jeunesse et des sports, et avec la cellule de prévention du commissariat du 12e. Aucune autorité n’a réagi pour protéger ces enfants.

    En somme, les éléments de l’enquête laissent apparaître que, si le terme « indésirables » provient de l’administration policière (puisqu’il figure dans le logiciel informatique des mains courantes), la catégorie des « indésirables » est produite localement par une dynamique qui implique la police, certains habitants, et la municipalité. Indépendamment de la commission d’une infraction, les « indésirables » sont les adolescents et jeunes adultes qui se retrouvent en bas des immeubles, majoritairement des Noirs et des Maghrébins issus des classes populaires, et que la police doit « évincer ». Les contrôles-éviction s’inscrivent donc dans la dynamique urbaine locale où la police se met au service du processus de gentrification, en légitimant la présence de certains, et l’éviction d’autres, des espaces publics.
    Conclusion

    Les violences policières racistes sont de plus en plus visibles en France, notamment grâce à de fortes mobilisations autour d’affaires telles que la mort par asphyxie d’Adama Traoré lors d’un contrôle d’identité en 2016, ou le viol de Théo Luhaka lors d’un contrôle d’identité en 2017. Pour comprendre ces violences policières discriminatoires, des chercheurs se sont penchés sur l’héritage colonial de la police française, et sur les politiques policières contemporaines qui mettent l’accent sur l’anti-criminalité et le « chiffre » plutôt que sur la prévention [14]. Cet article met en lumière la contribution d’un facteur supplémentaire, le processus de gentrification. La transformation de quartiers anciennement populaires en quartiers bourgeois crée un terrain propice à des pratiques de #harcèlement_policier envers des jeunes issus des classes populaires et de l’immigration, qui sont catalogués « indésirables », et que la police tente d’ « évincer » des espaces publics, à force de contrôles, de coups, d’humiliations, et de conduites au poste abusives.

    http://www.laviedesidees.fr/La-police-et-les-indesirables.html

    #éviction #discrimination #urban_matter #géographie_urbaine #villes #xénophobie #racisme #éviction

    • VIDEO. « J’ai déjà vu des gamins de 8 ans se faire palper, contrôler, insulter » : un policier dénonce les abus de ses collègues

      Capuche sur la tête, plongé dans le noir, il parle sous couvert d’anonymat. Dans le documentaire réalisé par le journaliste Marc Ball Police, illégitime violence, diffusé sur France 3 Ile-de-France lundi 12 novembre, Frank*, un policier, dénonce les abus de certains de ses collègues dans les quartiers populaires. "La confiance est rompue entre les jeunes et la police. Les contrôles d’identité risquent à tout moment de déraper", explique le documentaire. C’est ce qu’a constaté Frank. D’après ce gardien de la paix, certains policiers "rabaissent" les personnes contrôlées. "J’ai déjà vu des gamins de 8 ans se faire palper, contrôler, mépriser, insulter. Des gamins d’origine africaine qui, à 8 ans, sont traités de ’#petits_négros', de ’#Maltesers”, de ’#Kit_Kat', de ’#Kirikou' quand ils courent dans la rue", raconte-t-il.

      https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/video-jai-deja-vu-des-gamins-de-8-ans-se-faire-palper-controler-insulte

  • Qualifier les aires urbaines en forte expansion dans les Suds | Cairn.info

    https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2015-4-page-307.htm

    Les métropoles des pays du Sud marquées par une croissance économique forte, celles des émergents en particulier, sont gagnées par l’étalement urbain, indéniable, puissant (Seto et al., 2011). Il implique des mutations foncières d’une ampleur sans précédent (Denis, 2014), le plus souvent incontrôlées et parfois brutales – caractérisées par des expropriations trop faiblement compensées (Kennedy, 2014) et des « évictions par le marché » (Durand-Lasserve, 2006). Massivement, le foncier agricole, des forêts, des pacages communautaires ou des franges désertiques sont convertis en foncier urbain et industriel, que ce soit aux portes des métropoles, des villes secondaires, des petites villes ou des villages. Cette expansion est partagée sous toutes les latitudes tropicales et étroitement associée au rythme de croissance et à l’ouverture économique, tout en étant localement multiformes par les configurations que tant par les modalités et les causes.

    #urban_matter #extension_urbaine

  • Losing the Serengeti: The Maasai Land that was to Run Forever | The Oakland Institute
    https://www.oaklandinstitute.org/tanzania-safari-businesses-maasai-losing-serengeti

    Losing the Serengeti: The Maasai Land that was to Run Forever is based on field research, never publicly-seen-before documents, and an in-depth investigation into Tanzania’s land laws. This report is the first to reveal the complicity between Tanzanian government officials and foreign companies as they use conservation laws to dispossess the Maasai, driving them into smaller and smaller areas and creating a stifling map of confinement.

    The report specifically exposes the devastating impact of two foreign companies on the lives and livelihoods of the Maasai villagers in the Loliondo area of the Ngorongoro District—Tanzania Conservation Ltd (TCL), a safari business operated by the owners of Boston-based high-end safari outfitter Thomson Safaris; and the United Arab Emirates (UAE)-based Ortello Business Corporation (OBC), which runs hunting excursions for the country’s royal family and their guests.

    According to local villagers, TCL has made their lives impossible by denying them access to water and land and cooperating with local police who have beaten and arrested the Maasai. Meanwhile, for 25 years, the OBC had an exclusive hunting license, during which time there were several violent evictions of the Maasai, many homes were burnt, and thousands of rare animals were killed. Although Tanzania’s Ministry of Natural Resources cancelled OBC’s license last year, the OBC remains active in the area, while the local villagers live in fear.

    #Serengeti #Maasaï #Tanzanie #évictions_forcées #terres #plaisirs_du_prince #safari #chasse

  • Driven from home, Philippine indigenous people long for their land | PLACE
    http://www.thisisplace.org/i/?id=09b0b6cd-b48a-4024-bb44-d28d9f91ca66

    This time feels different; we have been forced to leave our homes, and we are being told we need to give up our lands for our own good. But we cannot live like this - we belong in our ancestral lands, and we want to go back," he said.

    The Lumad in Mindanao in southern Philippines are part of nearly 17 million indigenous people in the country. They are among the poorest of minority groups, with little access to social services including education and healthcare, experts say.

    They have been caught in the middle of a five-decade old insurgency, as well as a push by logging and mining companies to tap Mindanao’s rich resources including gold, copper and nickel, after President Rodrigo Duterte said he would welcome investors.

    Their vulnerability has been exacerbated by the extension of martial law imposed in Mindanao last May by Duterte, who has called the island a “flashpoint for trouble” and atrocities by Islamist and communist rebels.

    “Duterte is waging war against defenceless indigenous people in Mindanao,” said Duphing Ogan, secretary general of indigenous peoples’ alliance Kalumaran.

    #Philippines #terres #peuples_autochtones #discriminations #évictions_forcées

  • Numéro de la #revue EchoGéo dédié au #Brésil :

    Jean-Louis Chaléard
    Brésil : un écho géographique sur l’émergence [Texte intégral]

    Sur le Champ

    Un état des lieux du Brésil en 2017
    Hervé Théry
    Un état des lieux du Brésil en 2017 [Texte intégral]
    Cathy Chatel, François Moriconi-Ebrard et Maria Encarnação Beltrão Sposito
    La #croissance_urbaine au Brésil : concentration dans les métropoles ou rééquilibrage du #système_urbain ? [Texte intégral]
    Cláudio Zanotelli
    L’espace du politique ou la politique de l’espace : l’#éviction des quartiers populaires et les #Jeux_olympiques de Rio de Janeiro [Texte intégral]
    Cássio Arruda Boechat, Ana Carolina Gonçalves Leite et Carlos de Almeida Toledo
    Archéologie de la question agraire au Brésil : du labor grabbing au #land_grabbing [Texte intégral]
    Neli Aparecida de Mello-Théry
    Politiques environnementales brésiliennes : intentions et réalités [Texte intégral]
    Vincent Dubreuil, Karime Pechutti Fante, Olivier Planchon et João Lima Sant’anna Neto
    Les types de #climats annuels au Brésil : une application de la classification de Köppen de 1961 à 2015 [Texte intégral]
    François-Michel Le Tourneau
    Le Brésil et ses Indiens : une réconciliation impossible ? [Texte intégral]
    Céline Broggio et Martine Droulers
    Les effets des équipements hydroélectriques en Amazonie [Texte intégral]
    Un exemple de #résilience_territoriale
    François Laurent, Damien Arvor, Marion Daugeard, Reinis Osis, Isabelle Tritsch, Emilie Coudel, Marie-Gabrielle Piketty, Marc Piraux, Cecilia Viana, Vincent Dubreuil, Ali F. Hasan et François Messner
    Le tournant environnemental en Amazonie : ampleur et limites du découplage entre production et #déforestation [Texte intégral]
    Tatiana Schor et Gustavo S. Azenha
    Ribeirinho Food Regimes, Socioeconomic Inclusion and Unsustainable Development of the Amazonian Floodplain [Texte intégral]
    Simone Affonso da Silva
    Regional Inequalities in Brazil : Divergent Readings on Their Origin and Public Policy Design [Texte intégral]
    Renata Callaça Gadioli dos Santos, Luiz Fernando de Macedo Bessa et Magda de Lima Lúcio
    The Brazilian National Policy for Regional Development and the RIDE-DF Management opposite the Governance vs Brasília’s Metropolitan Area [Texte intégral]

    https://echogeo.revues.org/14998
    #villes #urban_matter #géographie_urbaine #JO #terres #accaparement_de_terres #peuples_autochtones #Amazonie #barrages_hydroélectriques #inégalités

    Pour toi, @odilon :
    Archéologie de la question agraire au Brésil : du labor grabbing au land grabbing
    https://echogeo.revues.org/15112

  • #Philippine palm oil plan ‘equals corruption and land-grabbing,’ critics say : Conservation news
    https://news.mongabay.com/2017/08/philippine-palm-oil-plan-equals-corruption-and-land-grabbing-critics-

    If the street Pedro Arnado was looking down was on the Philippine government’s roadmap for future palm oil development, critics say it would be one highly dangerous to navigate, lined with the hazards of unfair labor practices, land poverty, militarization and environmental degradation.

    Arnado is the Secretary General of Kilusang Magbubukid ng Pilipinas (Peasant Movement of the Philippines) in Southern Mindanao, or KMP, and a spokesperson for the Farmer’s Association in Davao City. On January 26, 2017, he stood on the edge of a crowded rally of peasants, trade union members and indigenous people at Rizal Park in Davao City, Mindanao, describing how the palm oil industry has affected the farmers and communities in other provinces of Mindanao where plantations have already been operating. He says that the business-oriented development of palm oil “equals corruption and land-grabbing.”

    #industrie_palmiste #terres #peuples_autochtones #militarisation #évictions_forcées va falloir que je m’attèle à ce gros !

  • La rage : une étude dénombre plus de 200 000 logements vides dans Paris via @paris

    https://paris-luttes.info/plus-de-200-000-logements-vides-a-8559

    Un chiffre à lire les poings serrés. Il n’y a pas de crise du logement à Paris, seulement des apparts gardés de côté par leurs riches propriétaires. C’est le bilan qu’on peut tirer de la dernière étude parue en juillet de l’Atelier parisien d’urbanisme, signalée par France info.

    L’association a dénombré 205 000 logements inoccupés ou occupés exceptionnellement dans un rapport de 50 pages qui donne plein d’infos sur la ville. La proportion de logements vacants atteint 25 % dans les arrondissements du centre, mais elle dépasse aussi les 15 % sur l’ensemble de la ville.

    Y s’énervent, y s’énervent mais je suis sûr certain que c’est dû au « blocage » des loyers dans le bled que les proprios y louent pas.

    Le doc source de l’#APUR, 50p., vue d’ensemble des arrondissements, plus détaillée surf les 1er, 2ème, 3éme, 4éme (plus que le besoin de logement, c’est avant l’inégalité des profits entre propriétaires - Airbnb and so on - qui ont permis l’existence d’une telle étude... )
    http://www.apur.org/sites/default/files/documents/recueil_thematique_1234_arr_paris_0.pdf

    #rente_foncière #Paris #logements_vides #propriété #gabegie #éviction

  • #Buenos_Aires veut transformer un célèbre #bidonville en quartier

    La #Villa_31 est le bidonville le plus célèbre d’Argentine. Situé en plein centre-ville, collé au très chic quartier de Recoleta, il devrait subir un profond lifting dans les prochains mois : la mairie de Buenos Aires veut le transformer en quartier.


    http://www.courrierinternational.com/depeche/buenos-aires-veut-transformer-un-celebre-bidonville-en-quarti
    #urban_matter #quartier #gentrification #expulsion #éviction #rénovation

  • MARSEILLE SOCIAL CLUB
    Expulsion des pauvres pour la saison touristique

    http://jefklak.org/?p=4112

    "Derrière l’action d’occupation menée ce vendredi 7 juillet, il y a de nombreuses associations regroupées sous la houlette d’un collectif : Délinquants Solidaires. Parmi elles : Médecins du monde, la Fondation Abbé Pierre, la Cimade, Emmaüs, etc. De grosses structures, qui pèsent dans ce petit monde. Constatant la situation d’urgence sociale à Marseille (entre 12 000 et 15 000 personnes à la rue, système d’hébergement et 115 complètement dépassés, hausse du nombre de migrants mineurs isolés, familles séparées dès lors qu’elles sont prises en charge, etc.), elles ont décidé de passer à l’offensive, ciblant des bâtiments inoccupés pour y loger des familles et mettre les pouvoirs publics devant le fait accompli. Le terme utilisé : « réquisition citoyenne ». Une façon de ne pas se réclamer du « squat », qui se rattache à un univers politique plus radical. Il faut dire que si la méthode d’ouverture est la même, la suite est différente : le but est de négocier un loyer avec la mairie pour entrer dans la légalité.

    « Face à l’urgence et à l’inertie de l’état, on a décidé d’expérimenter de nouvelles formes d’action, fondées sur l’idée de réquisitions négociées », résume Jean-Régis Rooijackers, de Médecins du Monde, très impliqué dans la démarche. « On a écrit un manifeste en ce sens qui a été signé par des fondations, associations et fédérations engagées. C’est une grande avancée : des gens pas forcément radicaux politiquement se positionnent sur de nouveaux types d’actions, se montrent prêts à avancer différemment. Avec cette conviction : c’est l’État qui est délinquant, pas nous. »"