• La directive européenne sur les travailleurs « ubérisés » rejetée par plusieurs Etats membres, dont la France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/22/la-directive-europeenne-sur-les-travailleurs-uberises-rejetee-par-plusieurs-

    Plusieurs gouvernements des pays de l’UE ont décidé de ne pas valider un texte prévoyant de reconnaître le statut de salariés à plusieurs millions de chauffeurs VTC ou livreurs à vélo. La réglementation avait pourtant fait l’objet d’un accord européen dix jours plus tôt.

    https://archive.is/RQwnT

    #travail #chauffeurs #livreurs #uberisation #autoentrepreneurs #sans-papiers #droit #salaire

    • Interrogé sur le sujet cette semaine au Sénat, le ministre du travail, Olivier Dussopt, avait marqué son désaccord : « cette directive est très différente du projet du Conseil adopté le 12 juin dernier. Quand vous passez de trois critères sur sept à deux critères sur cinq, quand vous allez vers une directive qui permettrait des requalifications massives, y compris de travailleurs qui tiennent à leur statut d’indépendants, nous ne pouvons pas la soutenir. » Le ministre a mis en avant la troisième voie proposée par la France, qui consiste en une instance de dialogue social réservée à ces autoentrepreneurs.

  • « L’ubérisation, on ne sait toujours pas si ça va devenir rentable »

    https://www.liberation.fr/resizer/mmHZAL575_nP_IOHmjcDaAdcxZQ=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(3900x2396:3910x2406)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/DVJCVBT2IJESRFE4DGB2ZH2HMM.jpg

    Flink, Weezy, Getir, Gorillas… Arrivées en France il y a deux ans, profitant du contexte de la pandémie de Covid-19, ces plateformes de quick commerce (« commerce rapide ») qui promettent la livraison de courses à domicile en un temps record ont disparu cet été, aussi vite qu’elles étaient arrivées, laissant sur le carreau des milliers de salariés sans emploi. Dernières fermetures en date : les sociétés Getir et Gorillas, mises en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris le 19 juillet 2023, après que plusieurs municipalités (Lyon, Toulouse, Paris…) ont contesté l’implantation des « #dark_stores » en centre-ville. Que dit cet échec de « l’ubérisation » de notre société ? Pour la sociologue Sophie Bernard, autrice de l’essai #Uberusés. Le capitalisme racial de plateforme (PUF, 2023), si l’opinion porte un regard plus critique sur les conditions de travail des employés, les plateformes sont loin de fournir des réponses satisfaisantes.

    Comment expliquer un échec si rapide du quick commerce en France ?

    Avant de parler de l’échec, il faut comprendre la stratégie de ces sociétés. Le modèle économique d’Uber et des sociétés de quick commerce comme Gorillas ou Getir est toujours le même, celui de la croissance à tout prix : pour s’imposer rapidement face à la concurrence, elles proposent des prestations à bas coût, permis par des investissements très importants. L’objectif est d’obtenir une position de quasi-monopole pour ensuite augmenter les tarifs. Là où ça coince systématiquement, c’est que ces sociétés adoptent une stratégie du « fait accompli », consistant à ne pas se préoccuper de la législation en vigueur ou de la contourner.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/luberisation-on-ne-sait-toujours-pas-si-ca-va-devenir-rentable-20230829_K
    https://justpaste.it/czj79

    #emploi #capitalisme_de_plateforme #quick_commerce #ubérisation

  • Coup de projecteur sur une gabegie honteuse : la livraison "gratuite" des plateformes de commerce en ligne.

    « Un système illégal » : face aux dérives de la sous-traitance, une alliance inédite entre livreurs et petits patrons - Basta !
    https://basta.media/un-systeme-illegal-face-aux-derives-de-la-soustraitance-l-alliance-inedite-

    Les petites entreprises de livraisons constituent le dernier maillon d’une chaîne logistique massive, qui a permis à 1,7 milliard de colis d’arriver à bon port en 2021. Selon les estimations de l’économiste Pétronille Rème-Harnay, 70 000 personnes travaillent comme livreurs sous-traitants en France. Ces dernières années, les délais de livraison n’ont cessé de raccourcir pour atteindre un à deux jours.

    La majorité des sites de vente en ligne proposent la livraison gratuite. « Mais elle ne l’est pas pour tout le monde, précise Alexandre Dol, ancien responsable chez TNT-FedEx, licencié par l’entreprise. C’est la part que va économiser le vendeur sur le sous-traitant. » L’homme dénonce désormais un système passé « de l’immoral à l’illégal ».

    #logistique #fret #uberisation #bilan_carbone

  • Le #business des #sous-locations de comptes #Stuart, #UberEats et #Deliveroo

    Pour travailler, des centaines de sans-papiers sous-louent à prix d’or des comptes UberEats ou Deliveroo. Enquête sur ces forçats de la route, qui pédalent jour et nuit pour gagner de quoi tout juste se nourrir.

    Il est 18 heures passées. Un groupe d’hommes encercle un thermos fumant. Chacun tient dans la main un petit verre en plastique rempli de thé chaud. Ils sont livreurs à vélo ou en scooter, de repas à domicile. Certains attendent la prochaine course, d’autres sont juste là pour passer un moment avec leurs anciens camarades de livraison. Début septembre, UberEats, la principale plateforme de livraison de repas, annonçait avoir déconnecté près de 2.500 comptes après avoir « identifié des utilisations frauduleuses » de l’application, explique à l’AFP un porte-parole. Il s’agit essentiellement de faux livreurs, soupçonnés de sous-louer leurs comptes à des travailleurs en situation irrégulière. Depuis, l’entreprise a procédé à des nouvelles déconnexions. Elles concernent désormais aussi des livreurs sans papiers, passés par l’Italie, qui s’étaient créés un statut d’auto-entrepreneur, nécessaire sur les plateformes, en s’appuyant sur des cartes d’identité italiennes non-valables à l’étranger. La sous-location de comptes n’a pas pour autant disparu. Sur Facebook, on trouve même des groupes dédiés à ce business. Désormais, la demande a dépassé l’offre. Les prix explosent.

    Le prix des sous-locations explose

    Affaissés sur leurs scooters, Sabri et Ahmed, deux jeunes de 24 ans venus d’Algérie, racontent en avoir fait les frais. « Pas le choix », soupire le second, derrière son cache-cou qui lui couvre à moitié la bouche. Sabri, livreur depuis un an, a trouvé une sous-location de compte UberEats sur Facebook. Il paie 150 euros par semaine. Ahmed, qui a commencé il y a deux ans à travailler sur la même plateforme, s’est débrouillé avec le bouche-à-oreille. Le marché des sous-locations est aussi souterrain et se fait souvent au sein même des communautés, par des « grands frères » ou « cousins », comme ils aiment les appeler. Ahmed quant à lui, débourse 130 euros par semaine. Un bon prix, assure-t-il. Certains reverseraient jusqu’à 200 euros. La vente de comptes est aussi possible, mais semble plus rare. Il faudrait compter 2.000 à 3.000 euros, contre 1.000 il y a quelques mois. Parfois, les livreurs paient aussi un pourcentage sur ce qu’ils gagnent : jusqu’à 50%, selon des livreurs. Et comme les comptes restent au nom du loueur, le locataire est sous contrôle. « Parfois, quand tu travailles plus, ils te demandent plus. Plus 20, plus 30, plus 40 euros maximum », détaille Ahmed. Sabri, en train de ranger un sac McDonald’s derrière son deux-roues, abonde :

    « Quand je travaille beaucoup, il me demande jusqu’à 170 euros. »

    Avec l’explosion des prix, certains ont décidé de s’orienter vers d’autres plateformes. C’est le cas de Bourema, qui, en se réveillant un matin de septembre, a appris après cinq ans de travail, par un simple mail, que son compte UberEats avait été déconnecté. « J’avais fait 15.000 courses avec ce compte-là. Je le payais chaque semaine 100 euros. Quand ça ne l’a plus arrangé, d’un coup Uber m’a banni de la plateforme », se rappelle-t-il. « Je me suis dit que la seule solution était d’aller faire la même chose encore. J’ai loué le compte d’un ami chez Deliveroo, mais un jour, il m’a dit qu’il voulait augmenter le prix à 150 euros. Je n’ai pas accepté. J’ai été obligé de prendre un compte chez Stuart, à 120 euros la semaine. » Mais Stuart compte moins d’utilisateurs. « Ça ne sonne pas. Si tu ne te réveilles pas à 7h du matin, tu n’as rien de la journée », explique le trentenaire originaire du Mali. Cela fait plus de trois heures qu’il a commencé à travailler et il vient tout juste de recevoir sa première commande.

    Dans la livraison depuis 2017, Bourema ne sait même plus combien de comptes il a utilisés. Les livreurs sont en effet soumis au bon vouloir des loueurs, et donc aux arnaques : « Parfois, la personne décide du jour au lendemain d’arrêter, ou de donner le compte à quelqu’un qui peut payer plus. Donc tu es obligé de relouer encore. D’autres fois, tu peux travailler des semaines et le propriétaire du compte, au moment de te payer, disparaît. Il change les coordonnées et tu n’as pas l’argent ni rien. Tu ne peux même pas aller voir la police, donc tu te tais », raconte-t-il.

    Tout est à leurs frais

    Le téléphone de Sabri sonne : « 3,4 kilomètres, 5,60 euros. Moi ça me fait deux euros d’essence », se désole-t-il. À peine 3,60 euros de bénéf. Mais il accepte, résigné. Alors que depuis la fin des restrictions sanitaires les commandes se font moins fréquentes, ces prix permettent à peine aux livreurs de survivre. Ceux interrogés expliquent faire plus ou moins 1.000 euros par mois en moyenne de chiffre d’affaires. Un peu plus en scooter. Mais il faut payer le véhicule, l’assurance et le prix de l’essence. « C’est entre 10 et 15 euros par jour le gasoil », confirme Ahmed qui a commencé sa journée à 8 heures du matin mais va rester travailler jusqu’à minuit au moins. « J’habite avec un ami et je paye 350 euros par mois de loyer. 520 euros le compte, 10 euros le gasoil la journée… quand ça sonne pas il te reste 20 euros [par semaine] dans la poche pour manger et c’est tout », résume-t-il. Et les amendes ? Impossible de les payer. « Comment je peux payer ça ? » se demande le jeune qui vient quand même d’offrir un paquet de cigarettes à son ami. Lui, qui, en Algérie, évoluait dans les sélections jeunes de l’équipe nationale de basket, a aujourd’hui « arrêté de jouer à cause du travail ».

    Pour ne pas avoir à payer l’essence, Bourema, lui, loue aujourd’hui un vélo électrique à 80 euros par mois. Les plateformes, comme Uber Eats ou Deliveroo, proposent des réductions en partenariat avec des marques de vente et de location de vélos, ainsi que d’accessoires et d’outils de réparation. Un pansement sur une jambe de bois pour les livreurs sans papiers, soumis à tous les aléas du métier et peu protégés par les assurances. « Cette semaine, on m’a volé mon vélo », raconte Bourema. « J’ai été obligé de payer 200 euros, les 200 euros que j’ai fait la semaine passée, pour en récupérer un autre. Maintenant comment manger et comment payer ma maison ? Il me faut un vélo en premier, pour m’occuper des autres problèmes », pointe-t-il en rangeant son sac Picard, moins cher et plus résistant que ceux des plateformes que l’on peut trouver à 50 euros en moyenne en vente sur Facebook.

    Il y a aussi les frais médicaux. Renversé par une voiture il y a un mois, Bourema a aussi dû prendre en charge sa visite à l’hôpital. Sans assurance maladie, beaucoup de livreurs victimes d’accidents évitent d’aller chez le toubib et préfèrent se soigner eux-mêmes. Mais le livreur malien, « crachait du sang partout », se souvient-il.
    La peur au quotidien

    Chaque jour, avant de se connecter sur l’application, les livreurs UberEats sont aussi obligés d’aller voir leur loueur pour qu’il se prenne en photo sur l’application. Uber Eats a en effet mis en place depuis 2019 un système d’identification en temps réel qui demande aléatoirement aux livreurs de se prendre en « selfie », désormais plusieurs fois par semaine. La plateforme peut aussi détecter si la reconnaissance faciale est effectuée à partir d’un autre téléphone. Les livreurs doivent donc pouvoir rencontrer régulièrement le propriétaire du compte car, si les photos ne correspondent pas, ce dernier est suspendu et puis désactivé. La plateforme Deliveroo a aussi commencé depuis peu à utiliser ce système, d’après les livreurs.

    Avec les contrôles d’identité, les contrôles policiers sont aussi une source de stress majeure pour les livreurs, en particulier depuis le début des suppressions de comptes cet été. « Il suffit de voir la police pour que tout bascule. On a peur mais on fait avec, c’est notre quotidien », confie Bourema qui a été contrôlé plusieurs fois ces derniers mois mais n’a jamais été retenu. Sabri et Ahmed n’ont pas eu la même chance et ont passé quelques nuits au commissariat. Dans ce cas-là, il y a le risque d’être expulsé mais celui aussi de voir son compte sauter. Ahmed explique :

    « S’ils voient les coordonnées du compte, ils le signalent et le compte est bloqué directement. Et le lendemain je n’ai pas de travail. »

    Alors par deux fois, il a fait le choix de casser son téléphone avant qu’il ne tombe entre les mains des fonctionnaires de police. Leur seule arme, des groupes sur les réseaux sociaux qui leur permettent de se tenir informés sur les contrôles dans les différents quartiers de Paris.

    Depuis septembre, le collectif « #UberEats_En_Colère », aux côtés du #Clap (#Collectif_des_Livreurs_Autonomes_des_Plateformes) a manifesté cinq fois pour demander la #régularisation des livreurs sans papiers. Sans succès pour l’instant. Entre les conditions de sous-locations et les conditions de travail, beaucoup de livreurs ont le moral en berne. Beaucoup ont entendu parler de la « loi Darmanin » qui permettrait d’instaurer un titre de séjour temporaire pour les « métiers en tension ». Pour toutes ces raisons, ils sont nombreux à tenter de se reconvertir dans la cuisine, le ménage ou le BTP, comme Aboubakar. L’Ivoirien a arrêté la livraison depuis qu’UberEats a désactivé son compte en novembre, car il utilisait une carte d’identité italienne. Il a travaillé un peu dans le bâtiment mais il n’a pas été gardé. Mais aujourd’hui, il a le sourire. Ce soir, il vient fêter avec ses amis #livreurs la naissance, le matin même, de ses deux jumeaux. « On attend que Dieu nous donne les papiers », confie-t-il.

    Contacté par StreetPress, UberEats assure avoir « attiré l’attention du Gouvernement sur comment faciliter la régularisation des travailleurs indépendants », qui aujourd’hui n’est possible que pour « les travailleurs illégaux employés en tant que salariés ».

    https://www.streetpress.com/sujet/1678707095-business-sous-locations-comptes-livreurs-stuart-ubereats-del
    #uber #ubérisation #travail #conditions_de_travail #sans-papiers #exploitation

    ping @karine4

  • Uber condamné à verser plusieurs millions d’euros à des chauffeurs
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/20/uber-condamne-a-verser-plusieurs-millions-d-euros-a-des-chauffeurs_6158711_3

    Le tribunal des prud’hommes de Lyon a condamné la société Uber à verser près de 17 millions d’euros à 139 chauffeurs lyonnais, a annoncé leur avocat, Stéphane Teyssier, vendredi 20 janvier. « On a eu une décision assez historique aujourd’hui. Uber a été condamnée à requalifier les contrats de 139 chauffeurs », a-t-il déclaré, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

    La firme américaine a annoncé son intention de faire appel de la décision, qu’elle qualifie d’« isolée », « en opposition d’une décision prise le 22 novembre 2022 ». « Depuis l’arrêt de la Cour de cassation requalifiant un chauffeur en salarié en mars 2020, les demandes de requalification en salariat de chauffeurs n’ont pas abouti dans plus de 65 % des cas », a réagi Uber dans les colonnes de la Tribune de Lyon. « Cette décision vient à rebours de la position largement partagée par les conseils de prud’hommes et les cours d’appel qui confirment l’indépendance des chauffeurs VTC utilisant l’application, jugeant notamment qu’il n’existe aucune obligation de travail, ni d’exclusivité vis-à-vis d’Uber ou encore que les chauffeurs demeurent totalement libres dans l’organisation de leur activité », poursuit l’entreprise.

    #Uber #uberisation #travail #présomption_de_salariat #subordination #droit_du_travail

  • « Militants dans le brouillard – Deuxième partie »

    Travail et révolte dans l’impasse du Brésil

    https://dndf.org/?p=20423#more-20423
    https://illwill.com/work-and-revolt-at-brazils-dead-end-ii

    Traduction DeepL relue par nos soins. Dndf

    Dans la deuxième partie de leur portrait expansif de la lutte des classes informelle au Brésil, les auteurs passent de considérations sur les suicides de travailleurs, les grèves d’apps et Bolsonaro à un bilan plus large des révoltes de notre époque. En s’engageant avec d’autres théoriciens révolutionnaires tels que Endnotes, Temps critiques, Chuang, Torino & Wohlleben, Nunes, et plus encore, le collectif militant de Sāo Paulo nous présente un monde de “révoltes juste à temps” qui éclatent en même temps qu’une condition de travail sans forme dans laquelle “tout le monde est pleinement mobilisé dans un effort sans fin dans lequel ne sont produites que des “expériences négatives”.

    Abandonnez tout espoir

    À l’approche de la grève nationale des routiers du 1er février 2021, une vidéo a circulé dans les groupes WhatsApp montrant un chauffeur qui s’était pendu à un arbre au bord de l’autoroute, à côté de son camion. La scène a été partagée avec des messages de deuil et des avertissements sur la situation désespérée des camionneurs indépendants, coincés entre les faibles taux de fret et les pics des coûts de conduite, en particulier du carburant. Malgré cela, le mouvement est loin d’avoir atteint la force de la grève de mai 2018, au cours de laquelle les chaînes d’approvisionnement de tout le pays ont été étranglées en quelques jours et le gouvernement, terrifié, a offert un certain soulagement immédiat, par le biais de mesures qui allaient perdre leur effet dans les années suivantes.1 Dépourvue de la large – et ambiguë – coalition de la mobilisation précédente, qui impliquait des camionneurs propriétaires-exploitants, des propriétaires de petites flottes et même plusieurs grandes entreprises de transport, l’irruption du début de 2021 s’est résumée à l’initiative éparse de camionneurs indépendants qui ont monté des blocages d’autoroutes dans plusieurs États, mais qui ont été rapidement démantelés par la police routière.2

    Bien que la grève n’ait pas décollé, les troubles ont contaminé d’autres travailleurs qui dépendent aussi directement du carburant pour gagner leur vie dans les villes. Entre février et avril, des manifestations de coursiers, de conducteurs d’apps et de chauffeurs de bus scolaires indépendants ont eu lieu presque quotidiennement dans tout le Brésil. Parallèlement aux nouvelles manifestations des camionneurs, tout cela a donné un contour insurrectionnel aux rues dont la circulation quotidienne avait été réduite par le pic de la deuxième vague de coronavirus. Ce mouvement de travailleurs motorisés a bloqué les autoroutes et les centres de distribution de Petrobrás ; il s’est entassé dans les stations-service, avec la tactique de ne remplir qu’au prix d’un real pour produire des files d’attente et causer des pertes aux détaillants ; il a relancé l’organisation des grèves de coursiers, et a alimenté le plus grand cortège de chauffeurs Uber de l’histoire de São Paulo, qui a bloqué l’accès à l’aéroport international de Guarulhos pendant toute une nuit, exigeant la fin des trajets promotionnels mal payés.3Alors que l’inflation se traduit traditionnellement par des revendications sur le coût de la vie, à l’ère de l’Uberisation, elle conduit principalement à des manifestations sur le coût du travail, c’est-à-dire à des luttes sur la capacité à travailler. La reproduction de la force de travail se transforme en gestion de la micro-entreprise de soi-même – d’où le rapprochement fréquent entre les manifestations contre les hausses des prix du carburant et les campagnes anti-blocage des propriétaires de magasins durant les premiers mois de l’année. Pour beaucoup, ces grèves étaient la dernière ressource avant d’abandonner le combat et de rendre toutes les armes, c’est-à-dire avant de rendre la voiture aux loueurs (dans certaines villes, les associations de chauffeurs d’apps estiment que plus de la moitié des chauffeurs inscrits sur les plateformes ont renoncé à travailler au cours de l’année 2021).4

    Entre le travail indépendant de plus en plus invivable financièrement, d’une part, et l’effritement de l’emploi formel, d’autre part, il n’y a nulle part où fuir. La seule alternative est la course sans fin du rat, viraçāo [se débrouiller] dans des conditions de plus en plus défavorables. Cette sensation d’être confiné dans un travail épuisant et sans avenir a trouvé son écho à l’autre bout du monde dans le mot à la mode nèijuǎn (内卷), utilisé par les utilisateurs des réseaux sociaux chinois “pour décrire les maux de leur vie moderne.”5 Avant d’être tendance dans le pays le plus peuplé du monde, le terme a été utilisé par des universitaires, au milieu des années 2020, pour traduire le concept d’“involution”, une dynamique de stagnation des sociétés agraires – mais aussi des grandes villes des périphéries du capitalisme mondial – dans laquelle l’intensification du travail ne s’apparente pas à une modernisation.6 Composée par les caractères ” in ” [内] et ” to roll “ [卷], l’expression peut être ” intuitivement comprise comme un ” retournement vers l’intérieur “.7Alors que “développement”, en anglais, porte l’image d’un déploiement vers l’extérieur, vers quelque chose, nèijuǎn suggère une vis dépouillée tournant sur elle-même : un mouvement incessant sur place. N’est-ce pas, après tout, le quotidien sans fin de la viração ? En écho au désespoir de l’expérience quotidienne des étudiants et des travailleurs des métropoles chinoises, le terme condense

    le sentiment d’être pris au piège dans un cycle misérable de travail épuisant qui n’est jamais suffisant pour atteindre le bonheur ou des améliorations durables, mais dont personne ne peut sortir sans tomber en disgrâce. Ils le ressentent lorsqu’ils se plaignent que la vie ressemble à une compétition sans fin et sans vainqueur, et ils le ressentent lorsqu’ils rêvent du jour qui viendra où ils gagneront enfin. Mais ce jour n’arrive jamais. Les dettes s’accumulent, les demandes d’aide sont ignorées, les options restantes commencent à s’amenuiser. Dans une époque d’involution, où même les plus petites réformes semblent impossibles, il ne reste que des mesures désespérées.8

    Si une partie du même désespoir traverse les luttes des chauffeurs indépendants au Brésil, il prend des contours encore plus dramatiques dans les rues et les routes chinoises. En janvier 2021, un livreur qui s’est vu refuser son paiement par l’application s’est immolé devant sa station de livraison à Taizhou. En avril, un camionneur de Tangshan, dont le véhicule avait été saisi par la police pour cause de surpoids, a bu une bouteille de pesticide et envoyé un message d’adieu à ses collègues conducteurs via les médias sociaux. Au cours du même mois, un homme de São Caetano do Sul confiné dans un fauteuil roulant a attaché de faux explosifs sur son corps et a menacé de faire sauter le bâtiment de l’Institut de sécurité sociale s’il n’avait pas accès à sa pension d’invalidité, tandis que l’habitant d’un village du district de Panyu, dans le sud de la Chine – où l’État avait exproprié les terres collectives pour les vendre à des entreprises touristiques – est entré dans un bâtiment de l’administration locale avec de vraies bombes et s’est fait exploser, tuant cinq employés.9 Début juin, un maçon a pénétré la maison de son ancien employeur sur la côte de Santa Catarina, a pris sa famille en otage pendant dix heures avant d’être tué par la police après l’avoir libérée.10 La pandémie a entraîné encore plus de pression et de désespoir, comme le montre le cas de cet homme qui a écrasé sa voiture contre la réception d’un hôpital public surpeuplé de la région métropolitaine de Natal après que sa femme, infectée par le Covid, s’était vu refuser des soins.11

    Lorsqu’un soldat de la police militaire de Bahia a abandonné son poste et conduit seul pendant plus de 250 kilomètres jusqu’au Farol da Barra (un lieu touristique du Salvador) et a ouvert le feu en l’air avec son fusil tout en dénonçant la violation de la “dignité” et de “l’honneur du travailleur”, son emportement a été célébré sur les réseaux anti-blocage comme un geste héroïque contre les “ordres illégaux” des gouverneurs.12 La fin tragique du soldat, qui a été tué lors d’une fusillade avec ses propres collègues, a été instrumentalisée par des membres d’extrême droite du Congrès pour inciter à une mutinerie parmi les troupes. Cependant, le cortège de police qui quitte les lieux le lendemain se heurte directement à un embouteillage provoqué par une autre manifestation : des coursiers dénoncent la mort d’un collègue livreur, écrasé par un conducteur ivre qui roulait à contresens la veille. Accidentellement unis par le deuil de leurs camarades tombés dans une guerre sociale sans forme définie, les itinéraires de manifestation convergent vers le siège du gouvernement de l’État.13

    En même temps qu’elle aggrave la crise, ou plutôt qu’elle élargit le cloaque dans lequel nous nous débattons depuis des décennies sans bouger d’un pouce, la politique de la terre brûlée de Bolsonaro lui permet de mobiliser le désespoir en des bouffées suicidaires sous la promesse d’une décision14 – l’idée de prendre “un dernier coup”.15 Même si le mécontentement lié à la hausse du prix des carburants a réduit le soutien du président auprès de l’une de ses “bases” clés (les camionneurs), le bolsonarisme reste la principale force politique capable de contester les turbulences sociales de ces temps apocalyptiques, en transformant les divers mécontentements en une “révolte dans l’ordre”, en les détournant soit vers des cibles alignées sur l’ordre du jour, soit vers des objectifs plus ambitieux.16 En les détournant soit vers des cibles alignées sur l’agenda institutionnel – qu’il s’agisse des maires, des gouverneurs, du pouvoir judiciaire, des médias, du vaccin ou des urnes électroniques – soit en imitant simplement les luttes concrètes par le biais de rituels esthétiques, comme ses voyages dominicaux en moto.

    Au plus fort de la tourmente, la Cour suprême a remis sur l’échiquier une pièce décisive que ses juges avaient retirée du jeu quelques années auparavant. En annulant les condamnations de Lula et en lui permettant de se présenter à nouveau aux élections, la décision a signalé qu’il n’est peut-être pas possible de contenir les assauts de l’insurrection bolsonariste sans se tourner vers le commandant de la grande opération de pacification qui n’a pratiquement pas été remise en cause jusqu’au coup de juin 2013 – sans doute dans l’espoir que tout revienne à son fonctionnement normal. Cependant, dans le contexte actuel d’escalade de la guerre sociale, il convient de se demander “quels outils il aura en main pour pacifier” une masse urbaine dans une trajectoire accélérée de “prolétarisation vers le bas” ?17 Autant la manœuvre judiciaire peut raviver le vain espoir de la gauche de restaurer les droits démantelés, autant les responsables politiques du programme économique du Parti des travailleurs pour 2022 non seulement reconnaissent la perte de forme du travail, mais se font l’écho des dirigeants d’iFood pour ” sortir les travailleurs des plateformes numériques des limbes réglementaires “, ce qui ” ne veut pas dire encadrer les travailleurs des plateformes numériques “.18 ce qui “ne signifie pas les encadrer sous l’ancien droit du travail mais ni les laisser tels qu’ils sont aujourd’hui.”19

    “Un nouveau gouvernement Lula signifiera, au mieux, que les gens pourront continuer à travailler comme chauffeurs Uber”.20, avec un “partenariat” réglementé entre la plateforme et les chauffeurs et davantage de “sécurité juridique” pour les entreprises. Même si le gouvernement incendiaire de Bolsonaro offre un terrain fertile pour l’expansion des entreprises, la food tech brésilienne ne rejette pas l’expertise en matière de dialogue et de médiation des conflits accumulée dans le pays au cours des gouvernements ” démocratiques populaires “. Afin de minimiser l’impact négatif des manifestations sur sa marque, iFood – qui, soit dit en passant, célèbre “l’objectif de diversité et d’inclusion raciale et de genre” au sein de ses bureaux21 – a recruté des cadres forgés dans des ONG et des projets sociaux dans les favelas afin d’apaiser la rébellion de ses “partenaires” motorisés.22 Tout au long de l’année 2021, les coursiers impliqués dans des grèves dans tout le pays ont été recherchés par un “gestionnaire de communauté” engagé par l’entreprise, mais ce n’était pas pour répondre à leurs revendications mais pour engager le dialogue, annonçant l’organisation d’un “Forum des livreurs”23 avec des influenceurs numériques et des chefs de grève présumés, dans le plus beau style des conférences participatives du Brésil d’hier.

    Un retour de l’ancien métallurgiste au palais présidentiel ne signifierait pas un moment de reconstruction nationale, mais une occasion d’enterrer les débris et de consolider de nouveaux terrains d’accumulation dans le pays ; en d’autres termes, de normaliser le désastre en lui donnant le goût de la victoire – et, pour cette raison, de le rendre “plus parfait que ce qui serait jamais possible sous un politicien conservateur.”24 Les attentes pour les élections de 2022 approfondissent ainsi l’état d’attente des grands partis de gauche et des petits collectifs, qui pendant la pandémie ont trouvé dans l’impératif de l’isolement social l’excuse de sa quarantaine politique. En incarnant la défense des recommandations de santé publique, la gauche s’est conformée à la réalité du travail à distance, dans une attente paralysante aux attentes réduites : l’attente du décompte quotidien des morts, en espérant la baisse des chiffres de contamination ; l’attente de l’arrivée des vaccins au Brésil, suivie de l’attente – et de la dispute – d’une place dans la file d’attente ; l’attente de l’arrivée de l’agent de santé.25 – pour une place dans la file d’attente ; l’attente de la fin du “gouvernement Bozo”, animée par chaque nouvelle impasse avec la Cour suprême ou témoignage dans la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie ; bref, l’attente que le pire passe et que tout redevienne un peu moins mauvais, comme avant. Au milieu de l’année 2021, avec le ralentissement de la pandémie, cet espoir inerte a quitté le nid et est devenu une photographie aérienne. Mais si les défilés de la gauche ont démontré l’ampleur de la désapprobation du président dans les principales villes du pays, ils ont aussi rendu flagrante l’impuissance de cette opposition. Après avoir rassemblé des centaines de milliers de personnes, les rassemblements se sont progressivement tassés, entrant dans le schéma d’attente des entités organisatrices.

    La léthargie de la gauche contraste avec l’insurrection de l’extrême droite, qui se nourrit de la mobilisation de ceux qui ne nourrissent plus aucun espoir. Et s’il n’est pas possible d’exclure une victoire inattendue de Bolsonaro dans les urnes, on ne peut pas non plus écarter les menaces d’une rupture de l’ordre institutionnel, toujours repoussées afin de maintenir son militantisme dans une disponibilité quasi paranoïaque tout en maintenant l’opposition sur une position défensive, hypnotisée par l’imminence d’un coup décisif qui ne viendra jamais. La politique reste en transe, dans une préparation éternelle à un conflit qui n’éclate jamais, qui est, en soi, déjà une tactique de guerre dans l’arsenal de la gestion “hybride” des territoires et des populations.

    Bien que ne comptant que sur la même foule toujours fidèle, les manifestations bolsonaristes du 7 septembre, jour de l’indépendance du Brésil, représentaient moins un signe d’impuissance26 qu’un terrain d’essai pour des exercices de mobilisation militaire. À l’aube du jour suivant, lorsque les autoroutes de quinze États du pays ont été bloquées par les camionneurs – qui, jusqu’alors, s’étaient montrés incapables de soutenir un mouvement autour des prix du fret et du carburant, témoignant du soutien considérable à l’offensive stratégique du président contre les bulletins de vote électroniques et la Cour suprême27 – le gouvernement a dû reconnaître que l’appel n’était rien d’autre qu’une répétition générale, provoquant la colère de nombreux manifestants et laissant entrevoir un bolsonarisme qui va déjà au-delà de Bolsonaro lui-même. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’État, qu’elle soit commandée par le capitaine ou non, “la révolution que nous vivons”28 – qui “positionne la violence, et l’utilisation de la force armée, comme une ressource politique essentielle” – se fera sentir bien au-delà de 2022, comme dans les scènes presque surréalistes de l’assaut du Capitole des États-Unis et d’autres législatures d’État après la défaite de Donald Trump.29

    Prévue pour le 11 septembre, une nouvelle grève nationale de l’app delivery a fini par se confondre avec l’actualité de la grève des routiers – moins en raison du soutien au président qu’en raison de l’importance que la dernière grande grève de cette autre catégorie centrale du secteur logistique a acquise dans l’imaginaire des coursiers à moto.30 Sans avoir les mêmes répercussions que l’App Strike de l’année précédente, la grève de 2021 s’est prolongée, ici et là, au-delà de la date prévue. Dans une entreprise de distribution de boissons de l’app Zé Delivery, dans la zone sud de São Paulo, les motards ont décidé de commencer la grève deux jours plus tôt pour réclamer des retards de paiement.31 Et à São José dos Campos, dans la campagne de São Paulo, les livreurs sont restés en grève pendant les cinq jours suivants, dans le cadre de la plus longue grève de l’appli que le pays ait jamais connue.32

    Inspirés par une vidéo dans laquelle des coursiers à moto de la capitale montraient pas à pas “comment piqueter un centre commercial”.33 les livreurs de la cinquième municipalité de l’État se sont répartis en petits groupes pour bloquer les principaux établissements de la ville, tandis que d’autres circulaient dans les rues pour intercepter les briseurs de grève, ainsi que pour distribuer de l’eau et de la nourriture aux grévistes. Chaque soir, tout le monde se réunissait sur une place pour discuter des orientations du mouvement et voter sur la poursuite de la grève. Alors qu’une application plus petite, nouvelle dans la ville, a cédé à la pression en annonçant une augmentation de ses tarifs, iFood a organisé une contre-offensive et a promis une rencontre aux leaders locaux, par l’intermédiaire de l’un de ses “médiateurs communautaires.” La nouvelle que la plus grande plateforme de livraison de nourriture d’Amérique latine avait ouvert une négociation – aussi limitée soit-elle – face à la persistance héroïque des ” trois cents de São José dos Campos “, comme le décrivaient les mèmes sur les réseaux de coursiers à moto, a donné à cette défaite le goût de la victoire et en a fait un exemple pour les badauds. Dans les semaines qui suivent, l’arrière-pays de São Paulo est balayé par une série de grèves non coordonnées, qui se poursuivent pendant plusieurs jours à Jundiaí, Paulínia, Bauru, Rio Claro, São Carlos et Atibaia.34

    Dans les moments de tension qui ont marqué la fin de la mobilisation à São José dos Campos, cependant, les promesses de dialogue ont été combinées avec une autre négociation d’iFood avec les restaurateurs et les opérateurs logistiques locaux qui, sur un ton menaçant, a envoyé un message aux coursiers selon lequel la continuité du mouvement pourrait conduire à des “actes de violence” dans la ville.35 En recourant à des stratégies de démobilisation à la fois participationnistes et miliciennes, la plus grande application de livraison du Brésil laisse entrevoir l’avenir du pays entre Lula et Bolsonaro – ou nous rappelle simplement que les pelegos [peaux de mouton, bureaucrates syndicaux] et les jagunços [hommes de main, brutes] se sont toujours croisés dans la greyzone des intermédiaires populaires.36

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    #brésil #coronavirus #ubérisation #non_mouvements #grèves

  • « Travail et révolte dans l’impasse du Brésil » Première partie

    https://dndf.org/?p=20411#more-20411
    https://illwill.com/work-and-revolt-at-brazils-dead-end

    Traductions DeepL relues par nos soins de deux textes qui nous paraissent intéressants parus sur le site « Ill Will ».

    Nous publions le premier, le second le sera dans quelques jours. dndf

    Militants dans le brouillard – Première partie

    Travail et révolte dans l’impasse du Brésil

    Dans la première partie de cette remarquable note sur la lutte des classes “informelle”, nos camarades de Sāo Paulo explorent les nouveaux styles hybrides de guerre et de travail qui ont généré une vague de révoltes motorisées, de grèves inversées et de blocages itinérants pendant la pandémie au Brésil.

    *

    “Le Brésil n’est pas un terrain ouvert où nous pouvons construire des choses tout de suite pour notre peuple. Il y a beaucoup de choses que nous devons d’abord démanteler, beaucoup de choses que nous devons défaire, avant de pouvoir commencer à construire quelque chose. J’espère que je pourrai au moins servir de point de bascule dans ce sens.” C’est avec ces mots que Jair Bolsonaro s’est adressé au banquet réuni à l’ambassade du Brésil lors de sa première visite à Washington en mars 2019. [1]

    Exactement un an plus tard, le premier décès lié au Covid-19 était confirmé au Brésil. Le panorama apocalyptique des nouvelles qui affluaient de l’étranger sur la propagation de la pandémie contrastait avec la continuité ininterrompue de la routine quotidienne ici. Un scénario flou, qui a créé une atmosphère d’appréhension qui a grandi de jour en jour. La foule inévitable dans les lieux de travail fermés comme les usines, les centres commerciaux et les bureaux, ainsi que dans les bus et les wagons invariablement bondés, a fourni les conditions délétères pour la propagation d’une maladie encore inconnue. C’est dans une entreprise de télémarketing de Bahia que les tensions ont débordé pour la première fois : les travailleurs ont abandonné leur poste de travail et sont descendus dans la rue pour réclamer des mesures de quarantaine. En quelques heures, la scène s’est reproduite dans les centres d’appels de Teresina, Curitiba, Goiânia et d’autres villes. Les images des débrayages sont devenues virales dans les groupes WhatsApp et Facebook, révélant une solution concrète à une situation désespérée : littéralement, « il suffit de partir ! » [2]

    Le coronavirus a donné un ton prémonitoire à une lettre anonyme – ou plus exactement à un “dernier appel à l’aide” – rédigée par les travailleurs d’une chaîne de librairies en février 2020 suite à un incident de harcèlement éhonté. Il est symptomatique qu’un mois avant la pandémie, ils aient déjà décrit leur expérience dans l’entreprise comme celle d’assister à la “masterclass de la fin du monde”. Le “problème avec la fin du monde”, ont-ils conclu, “c’est que quelqu’un doit toujours faire le ménage après. “ [3] En fait, lorsque nous nous sommes retrouvés face à une calamité biologique quelques semaines plus tard, les “bullshit jobs” ont continué à prendre des otages pour faire tourner l’entreprise.

    La comparaison entre les centres d’appels et les quartiers d’esclaves et les prisons, si courante dans les blagues des travailleurs, a soudainement trouvé une confirmation brutale. Pour beaucoup, s’échapper du travail est apparu comme un dernier recours pour ne pas mourir sur le lieu de travail. [5] Malgré un décret présidentiel peu après le début des confinements déclarant qu’il s’agissait de “services essentiels”, dans les semaines qui ont suivi, de nombreux centres d’appels se sont retrouvés vides. De nombreux travailleurs ont commencé à présenter des certificats médicaux (réels ou faux), à manquer le travail sans justification ou à simplement démissionner. Les entreprises ont répondu par des solutions inadéquates telles que le travail à distance, les vacances collectives et les licenciements. [6] La pression des manifestations a été absorbée par la désintégration de l’industrie qui était déjà en cours ici et qui a simplement été accélérée par le virus. [7]

    Aussi rapidement que la pandémie a érodé les conditions de travail dans les domaines les plus divers, la vie s’est adaptée à la “nouvelle normalité”. Nous avons vu des travailleurs revenir de leur licenciement pour faire face à l’infection, tout en étant reconnaissants d’avoir encore un emploi dans un contexte de fermetures d’usines. Nous avons vu des enseignants qui s’opposaient initialement à l’apprentissage à distance s’engager de manière proactive dans la nouvelle routine. Après l’avalanche de licenciements, beaucoup de ceux qui sont restés dans le secteur des services ont dû se soumettre à des réductions de salaires et d’heures de travail conçues par le gouvernement fédéral (bien qu’en vérité, les heures de travail dans les entreprises n’aient pas vraiment changé). Et si les grèves des chauffeurs de bus et des receveurs sont devenues plus récurrentes dans le pays tout au long de l’année 2020, c’est parce que les grèves étaient le seul moyen restant pour garantir les salaires dans un contexte de réduction du nombre de passagers et de crise dans le secteur des transports. [8]

    Le pouvoir destructeur du coronavirus s’est combiné, ici, avec la vague de dévastation qui était déjà en cours. Ce “mouvement de destruction des forces productives”, une sortie d’urgence déclenchée par le capital en réponse à la révolte sociale déclenchée en 2013, a trouvé une incarnation dans la figure incendiaire d’un capitaine de l’armée à la retraite lors des élections de 2018. [9] Lorsqu’une crise s’avère impossible à gérer, c’est la crise elle-même qui devient un modèle de gestion. Là où certains pourraient voir un gouvernement inefficace, notre agent autoproclamé de la déconstruction révèle l’efficacité de la négation : tout comme le chaos est une méthode, “ne pas gouverner est une forme de gouvernement.” [10] En dressant systématiquement des barrages aux recommandations des scientifiques pour le contrôle de la pandémie, Bolsonaro n’a jamais été à proprement parler un “négationniste” ; au contraire, “il est lui-même un vecteur du virus, il est pleinement identifié au virus”. [11] Comme il l’a déclaré en 2017, “Je suis un capitaine de l’armée, ma spécialité est de tuer, pas de sauver qui que ce soit”. [12]

    En août 2020, alors que le Brésil s’approchait encore des cent mille décès enregistrés de la COVID, des enquêtes ont mis en garde contre un autre indice inquiétant révélant que moins de la moitié de la population en âge de travailler travaillait réellement. [13] Si la diminution du ratio emploi/population au niveau plus bas de l’histoire récente pouvait être considérée comme une accélération de l’élimination des travailleurs jetables, sous un autre angle, cependant, le même tableau dévastateur produisait quelque chose de nouveau : “nous observions déjà au Brésil un scénario prometteur pour cette nouvelle façon de travailler et la pandémie a poussé davantage de personnes à chercher d’autres moyens de mener leurs activités et de générer des revenus”, a expliqué le vice-président de l’extension internationale d’une application utilisée par les entreprises pour embaucher des freelances dans 160 pays, qui arrive maintenant au Brésil. [14] Après l’apocalypse, Uber ?

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    #brésil #coronavirus #ubérisation #brésil #non_mouvements #grèves

  • Nella città delle piattaforme

    Sullo sfondo del lavoro precario del #delivery ci sono parchi, piazze e marciapiedi: i luoghi di lavoro dei rider. Dimostrano la colonizzazione urbana operata dalle piattaforme

    Non ci sono i dati di quanti siano i rider, né a Milano, né in altre città italiane ed europee. L’indagine della Procura di Milano che nel 2021 ha portato alla condanna per caporalato di Uber Eats ha fornito una prima stima: gli inquirenti, nel 2019, avevano contato circa 60mila fattorini, di cui la maggioranza migranti che difficilmente possono ottenere un altro lavoro. Ma è solo una stima, ormai per altro vecchia. Da allora i rider hanno ottenuto qualche piccola conquista sul piano dei contratti, ma per quanto riguarda il riconoscimento di uno spazio per riposarsi, per attendere gli ordini, per andare in bagno o scambiare quattro chiacchiere con i colleghi, la città continua a escluderli. Eppure i rider sembrano i lavoratori e le lavoratrici che più attraversano i centri urbani, di giorno come di notte, soprattutto a partire dalla pandemia. Dentro i loro borsoni e tra le ruote delle loro bici si racchiudono molte delle criticità del mercato del lavoro odierno, precario e sempre meno tutelato.

    Esigenze di base vs “capitalismo di piattaforma”

    Per i giganti del delivery concedere uno spazio urbano sembra una minaccia. Legittimerebbe, infatti, i fattorini come “normali” dipendenti, categoria sociale che non ha posto nel “capitalismo di piattaforma”. Questa formula definisce l’ultima evoluzione del modello economico dominante, secondo cui clienti e lavoratori fruiscono dei servizi e forniscono manodopera solo attraverso un’intermediazione tecnologica.

    L’algoritmo sul quale si basano le piattaforme sta incessantemente ridisegnando la geografia urbana attraverso nuovi percorsi “più efficienti”. Per esempio – in base al fatto che i rider si muovono per lo più con biciclette dalla pedalata assistita, riconducibili a un motorino – le app di delivery suggeriscono strade che non sempre rispondono davvero alle esigenze dei rider. Sono percorsi scollati dalla città “reale”, nei confronti dei quali ogni giorno i lavoratori oppongono una resistenza silenziosa, fatta di scelte diverse e soste in luoghi non previsti.

    Le piattaforme non generano valore nelle città unicamente offrendo servizi, utilizzando tecnologie digitali o producendo e rivendendo dati e informazioni, ma anche organizzando e trasformando lo spazio urbano, con tutto ciò che in esso è inglobato e si può inglobare, in una sorta di area Schengen delle consegne. Fanno in modo che gli spazi pubblici della città rispondano sempre di più a un fine privato. Si è arrivati a questo punto grazie alla proliferazione incontrollata di queste società, che hanno potuto disegnare incontrastate le regole alle quali adeguarsi.

    Come esclude la città

    Sono quasi le 19, orario di punta di un normale lunedì sera in piazza Cinque Giornate, quadrante est di Milano. Il traffico è incessante, rumoroso e costeggia le due aiuole pubbliche con panchine dove tre rider si stanno riposando. «Siamo in attesa che ci inviino un nuovo ordine da consegnare», dicono a IrpiMedia in un inglese accidentato. «Stiamo qui perché ci sono alberi che coprono dal sole e fa meno caldo. Se ci fosse un posto per noi ci andremmo», raccontano. Lavorano per Glovo e Deliveroo, senza un vero contratto, garanzie né un posto dove andare quando non sono in sella alla loro bici. Parchi, aiuole, marciapiedi e piazze sono il loro luogo di lavoro. Gli spazi pubblici, pensati per altri scopi, sono l’ufficio dei rider, in mancanza di altro, a Milano come in qualunque altra città.

    In via Melchiorre Gioia, poco lontano dalla stazione Centrale, c’è una delle cloud kitchen di Kuiri. È una delle società che fornisce esercizi commerciali slegati dalle piattaforme: cucine a nolo. Lo spazio è diviso in sei parti al fine di ospitare altrettante cucine impegnate a produrre pietanze diverse. I ristoratori che decidono di affittare una cucina al suo interno spesso hanno dovuto chiudere la loro attività durante o dopo la pandemia, perché tenerla in piedi comportava costi eccessivi. Nella cloud kitchen l’investimento iniziale è di soli 10mila euro, una quantità molto minore rispetto a quella che serve per aprire un ristorante. Poi una quota mensile sui profitti e per pagare la pubblicità e il marketing del proprio ristorante, attività garantite dall’imprenditore. Non si ha una precisa stima di quante siano queste cucine a Milano, forse venti o trenta, anche se i brand che le aprono in varie zone della città continuano ad aumentare.

    Una persona addetta apre una finestrella, chiede ai rider il codice dell’ordine e gli dice di aspettare. Siccome la cloud kitchen non è un “luogo di lavoro” dei rider, questi ultimi non possono entrare. Aspettano di intravedere il loro pacchetto sulle sedie del dehors riservate ai pochi clienti che ordinano da asporto, gli unici che possono entrare nella cucina. I rider sono esclusi anche dai dark store, quelli che Glovo chiama “magazzini urbani”: vetrate intere oscurate alla vista davanti alle quali i rider si stipano ad attendere la loro consegna, sfrecciando via una volta ottenuta. Nemmeno di questi si conosce il reale numero, anche se una stima realistica potrebbe aggirarsi sulla ventina in tutta la città.
    Un posto «dal quale partire e tornare»

    Luca, nome di fantasia, è un rider milanese di JustEat con un contratto part time di venti ore settimanali e uno stipendio mensile assicurato. La piattaforma olandese ha infatti contrattualizzato i rider come dipendenti non solo in Italia, ma anche in molti altri paesi europei. Il luogo più importante nella città per lui è lo “starting point” (punto d’inizio), dal quale parte dopo il messaggio della app che gli notifica una nuova consegna da effettuare. Il turno di lavoro per Luca inizia lì: non all’interno di un edificio, ma nel parco pubblico dietro alla stazione di Porta Romana; uno spazio trasformato dalla presenza dei rider: «È un luogo per me essenziale, che mi ha dato la possibilità di conoscere e fare davvero amicizia con alcuni colleghi. Un luogo dove cercavo di tornare quando non c’erano molti ordini perché questo lavoro può essere molto solitario», dice.

    Nel giardino pubblico di via Thaon de Revel, con un dito che scorre sul telefono e il braccio sulla panchina, c’è un rider pakistano che lavora nel quartiere. L’Isola negli anni è stata ribattezzata da molti «ristorante a cielo aperto»: negli ultimi 15 anni il quartiere ha subìto un’ingente riqualificazione urbana, che ha aumentato i prezzi degli immobili portando con sé un repentino cambiamento sociodemografico. Un tempo quartiere di estrazione popolare, ormai Isola offre unicamente divertimento e servizi. Il rider pakistano è arrivato in Italia dopo un mese di cammino tra Iran, Turchia, Grecia, Bulgaria, Serbia e Ungheria, «dove sono stato accompagnato alla frontiera perché è un paese razzista, motivo per cui sono venuto in Italia», racconta. Vive nel quartiere con altri quattro rider che lavorano per Deliveroo e UberEats. I giardini pubblici all’angolo di via Revel, dice uno di loro che parla bene italiano, sono «il nostro posto» e per questo motivo ogni giorno si incontrano lì. «Sarebbe grandioso se Deliveroo pensasse a un posto per noi, ma la verità è che se gli chiedi qualunque cosa rispondono dopo tre o quattro giorni, e quindi il lavoro è questo, prendere o lasciare», spiega.

    Girando lo schermo del telefono mostra i suoi guadagni della serata: otto euro e qualche spicciolo. Guadagnare abbastanza soldi è ormai difficile perché i rider che consegnano gli ordini sono sempre di più e le piattaforme non limitano in nessun modo l’afflusso crescente di manodopera. È frequente quindi vedere rider che si aggirano per la città fino alle tre o le quattro del mattino, soprattutto per consegnare panini di grandi catene come McDonald’s o Burger King: ma a quell’ora la città può essere pericolosa, motivo per il quale i parchi e i luoghi pubblici pensati per l’attività diurna sono un luogo insicuro per molti di loro. Sono molte le aggressioni riportate dalla stampa locale di Milano ai danni di rider in servizio, una delle più recenti avvenuta a febbraio 2022 all’angolo tra piazza IV Novembre e piazza Duca d’Aosta, di fronte alla stazione Centrale. Sul livello di insicurezza di questi lavoratori, ancora una volta, nessuna stima ufficiale.

    I gradini della grande scalinata di marmo, all’ingresso della stazione, cominciano a popolarsi di rider verso le nove di sera. Due di loro iniziano e svolgono il turno sempre insieme: «Siamo una coppia e preferiamo così – confessano -. Certo, un luogo per riposarsi e dove andare soprattutto quando fa caldo o freddo sarebbe molto utile, ma soprattutto perché stare la sera qui ad aspettare che ti arrivi qualcosa da fare non è molto sicuro».

    La mozione del consiglio comunale

    Nel marzo 2022 alcuni consiglieri comunali di maggioranza hanno presentato una mozione per garantire ai rider alcuni servizi necessari allo svolgimento del loro lavoro, come ad esempio corsi di lingua italiana, di sicurezza stradale e, appunto, un luogo a loro dedicato. La mozione è stata approvata e il suo inserimento all’interno del Documento Unico Programmatico (DUP) 2020/2022, ossia il testo che guida dal punto di vista strategico e operativo l’amministrazione del Comune, è in via di definizione.

    La sua inclusione nel DUP sarebbe «una presa in carico politica dell’amministrazione», commenta Francesco Melis responsabile Nidil (Nuove Identità di Lavoro) di CGIL, il sindacato che dal 1998 rappresenta i lavoratori atipici, partite Iva e lavoratori parasubordinati precari. Melis ha preso parte alla commissione ideatrice della mozione. Durante il consiglio comunale del 30 marzo è parso chiaro come il punto centrale della questione fosse decidere chi dovesse effettivamente farsi carico di un luogo per i rider: «È vero che dovrebbe esserci una responsabilità da parte delle aziende di delivery, posizione che abbiamo sempre avuto nel sindacato, ma è anche vero che in mancanza di una loro risposta concreta il Comune, in quanto amministrazione pubblica, deve essere coinvolto perché il posto di lavoro dei rider è la città», ragiona Melis. Questo punto unisce la maggioranza ma la minoranza pone un freno: per loro sarebbe necessario dialogare con le aziende. Eppure la presa di responsabilità delle piattaforme di delivery sembra un miraggio, dopo anni di appropriazione del mercato urbano. «Il welfare metropolitano è un elemento politico importante nella pianificazione territoriale. Non esiste però che l’amministrazione e i contribuenti debbano prendersi carico dei lavoratori delle piattaforme perché le società di delivery non si assumono la responsabilità sociale della loro iniziativa d’impresa», replica Angelo Avelli, portavoce di Deliverance Milano. L’auspicio in questo momento sembra comunque essere la difficile strada della collaborazione tra aziende e amministrazione.

    Tra la primavera e l’autunno 2020, momento in cui è diventato sempre più necessario parlare di sicurezza dei lavoratori del delivery in città, la precedente amministrazione comunale aveva iniziato alcune interlocuzioni con CGIL e Assodelivery, l’associazione italiana che raggruppa le aziende del settore. Interlocuzioni che Melis racconta come prolifiche e che avevano fatto intendere una certa sensibilità al tema da parte di alcune piattaforme. Di diverso avviso era invece l’associazione di categoria. In quel frangente «si era tra l’altro individuato un luogo per i rider in città: una palazzina di proprietà di Ferrovie dello Stato, all’interno dello scalo ferroviario di Porta Genova, che sarebbe stata data in gestione al Comune», ricorda Melis. La scommessa del Comune, un po’ azzardata, era che le piattaforme avrebbero deciso finanziare lo sviluppo e l’utilizzo dello spazio, una volta messo a bando. «Al piano terra si era immaginata un’area ristoro con docce e bagni, all’esterno tensostrutture per permettere lo stazionamento dei rider all’aperto, al piano di sopra invece si era pensato di inserire sportelli sindacali», conclude Melis. Lo spazio sarebbe stato a disposizione di tutti i lavoratori delle piattaforme, a prescindere da quale fosse quella di appartenenza. Per ora sembra tutto fermo, nonostante le richieste di CGIL e dei consiglieri comunali. La proposta potrebbe avere dei risvolti interessanti anche per la società che ne prenderà parte: la piattaforma che affiggerà alle pareti della palazzina il proprio logo potrebbe prendersi il merito di essere stata la prima, con i vantaggi che ne conseguono sul piano della reputazione. Sarebbe però anche ammettere che i rider sono dipendenti e questo non è proprio nei piani delle multinazionali del settore. Alla fine dei conti, sembra che amministrazione e piattaforme si muovano su binari paralleli e a velocità diverse, circostanza che non fa ben sperare sul futuro delle trattative. Creare uno spazio in città, inoltre, sarebbe sì un primo traguardo, ma parziale. Il lavoro del rider è in continuo movimento e stanno già nascendo esigenze nuove. Il rischio che non sia un luogo per tutti , poi, è concreto: molti di coloro che lavorano nelle altre zone di Milano rischiano di esserne esclusi. Ancora una volta.

    https://irpimedia.irpi.eu/nella-citta-delle-piattaforme

    #ubérisation #uber #géographie_urbaine #urbanisme #villes #urban_matters #espace_public #plateformes_numériques #Milan #travail #caporalato #uber_eats #riders #algorithme #colonisation_urbaine #espace_urbain #Glovo #Deliveroo #cloud_kitchen #Kuiri #dark_store #magazzini_urbani #JustEat #starting_point

  • Délivrés de l’ubérisation ? L’encourageante condamnation du géant de la livraison au pénal

    Du 8 au 16 mars 2022 a eu lieu le « procès Deliveroo » au Tribunal correctionnel de Paris. Le verdict s’est tenu un mois plus tard, le 19 avril, sous les feux des projecteurs. Cette décision était très attendue : c’est la première fois qu’une plateforme est jugée au pénal, pour travail dissimulé et fraude aux cotisations sociales.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/07/29/delivres-de-luberisation-lencourageante-condam

    #travail #ubérisation

  • Un livreur Deliveroo fait reconnaître en appel qu’il aurait dû être salarié | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/130722/un-livreur-deliveroo-fait-reconnaitre-en-appel-qu-il-aurait-du-etre-salari

    Il avait été le premier à obtenir gain de cause aux prud’hommes face à Deliveroo, en février 2020. Il est désormais le premier à avoir fait condamner la plateforme de livraison de repas devant la cour d’appel de Paris. Le 6 juillet, la cour a condamné Deliveroo pour « travail dissimulé » face à un livreur ayant exercé avec son application entre septembre 2015 et avril 2016.

    #deliveroo #travail_dissimulé #harcèlement

    • Les juges ont estimé que ce travailleur censément indépendant a réussi à « caractériser la fictivité de son indépendance à l’égard de la société Deliveroo et l’existence d’une véritable relation de travail ». Il aurait donc dû être employé sous le statut de salarié, et bénéficier des avantages qui y sont attachés : congés payés, paiement des heures supplémentaires, protection sociale complète.

      L’entreprise, qui n’a pas encore indiqué si elle allait aller en cassation, devra lui verser environ 30 000 euros, au motif de la rupture de son contrat, assimilée par la justice à un licenciement illicite, du rappel des heures supplémentaires, du paiement de ses frais professionnels, de l’indemnité de six mois de salaire pour « travail dissimulé », mais aussi en réparation du harcèlement moral qu’il a subi.

      « C’est une décision très réaliste par rapport à nos conditions de travail à cette époque, réagit auprès de Mediapart le jeune homme, qui ne souhaite pas que son identité soit divulguée. Avant Deliveroo, j’étais déjà livreur salarié. Et je suis passé de ce statut de salarié à un état où j’étais soi-disant mon propre patron, mais où toutes les décisions étaient prises par l’entreprise, de façon unilatérale, sans aucune discussion. »

      Cet arrêt est une sérieuse épine dans le pied pour l’entreprise, qui a déjà été condamnée en avril au pénal à 375 000 euros d’amende, pour « le détournement planifié et généralisé » du statut d’indépendant sur la période 2015-2017 – le livreur victorieux était partie civile dans ce dossier.

      Deliveroo met en effet souvent en avant ses six victoires judiciaires face à d’anciens coursiers sur ce thème, dont deux arrêts de la cour d’appel de Paris. Laquelle vient donc de modifier sa vision de ce type de dossiers.

      « Quand Deliveroo gagne, c’est surtout qu’il y a un problème de manque de preuves, car les coursiers ne disposent souvent pas de tous les éléments pour appuyer leur témoignage », déclare Kevin Mention, l’avocat du travailleur. Il relève par exemple que la cour a contredit ses deux précédentes décisions, en convenant que la géolocalisation des coursiers permettait leur surveillance étroite.

      Les critères permettant d’établir l’existence d’une situation de salariat sont connus, et avaient fait l’objet de vifs débats lors du procès pénal. Pour la cour d’appel, ils étaient dans ce cas également tous réunis. Elle a retenu que Deliveroo avait donné au livreur « des directives sur sa façon de se vêtir, de procéder à la prise en charge des commandes et à leur livraison, ainsi que sur la gestion de son emploi du temps et sur le lieu d’exercice de la prestation ». L’entreprise a aussi « contrôlé l’application » de ces directives, et elle « elle exerçait un pouvoir de sanction ».

      L’entreprise ne partage pas cette analyse, et répète que « les livreurs partenaires de Deliveroo bénéficient de conditions qui sont celles des travailleurs indépendants » : « Ils sont libres de se connecter quand ils le souhaitent, d’où ils le souhaitent, d’accepter ou de refuser chaque prestation qui leur est proposée, de travailler avec d’autres plateformes s’ils le souhaitent, ne sont pas tenus de porter des vêtements siglés Deliveroo. »

      Un ton « agressif et menaçant »

      Le coursier victorieux se dit particulièrement satisfait d’avoir obtenu la condamnation de l’entreprise pour harcèlement moral. « C’est un bonus, dit-il. Je pensais que sans justificatif médical décrivant l’impact sur la santé, il était impossible d’obtenir ce type de condamnation. Mais les juges ont dû estimer que c’était très flagrant. Je ne suis pas celui qui a subi le pire, mais j’ai gardé des preuves, contrairement à d’autres. »

      Parmi ces preuves, plusieurs SMS et mails, individuels ou collectifs, décrivant les règles à observer pendant les livraisons et menaçant très régulièrement de pénalités financières ou de rupture de collaboration tous les récalcitrants. « Le ton agressif et menaçant employé par les personnes en charge de la coordination des coursiers », ainsi que « les pressions exercées » ont « excédé l’exercice d’un pouvoir normal de direction », a tranché le tribunal.

      « Des coursiers nous disent que des échanges de ce type sont assez fréquents, rapporte Kevin Mention. C’est une pression permanente, qui va beaucoup plus loin que les ordres classiques, et la précarité ne fait qu’accentuer les choses, avec la menace de mettre fin aux contrats. »

      Pour l’entreprise, la décision de justice « porte sur une relation ancienne, différente du modèle actuel » et n’entraîne donc pas de conséquence sur son modèle actuel. Le danger se rapproche pourtant. Fin juin, Deliveroo a été condamnée pour la première fois en première instance pour des faits intervenus après 2017, et donc sur une période qui n’avait pas été couverte par la condamnation au pénal.

      Et selon Kevin Mention, une seconde enquête pénale est en cours, pour la période courant depuis 2018. « Des coursiers ont déjà été auditionnés un peu partout en France », glisse l’avocat. Il annonce aussi avoir été mandaté « par une centaine de livreurs » pour préparer le dépôt d’une plainte sur la période 2018-2021.

      Enfin, le 1er septembre, le tribunal judiciaire de Paris devrait donner le montant auquel sera condamnée à payer Deliveroo à l’Urssaf, au titre de ses manquements dans le versement des cotisations sociales à l’État : puisque ses coursiers sont des salariés, l’entreprise doit payer les cotisations, et des pénalités. L’Urssaf lui réclame près de 10 millions.

  • DÉFENDRE NOS SPECIFICITÉS
    DANS LE FUTUR SYSTÈME DE RETRAITE

    #rions_un_peu

    reperes227mars2019.pdf
    https://ligue.auteurs.pro/wp-content/uploads/2019/03/reperes227mars2019.pdf

    Caisse nationale de retraite complémentaire des artistes-auteurs
    Défendre nos spécificités professionnelles dans le futur système de retraite8 |#2
    REPÈRES# est une publication gérée par le bureau des publications
    et de la communication de l’IRCEC. Ce numéro a été finalisé le 27 mars 2019.
    Reproduction autorisée sous réserve de la mention des sources.

    Les augmentations de charges sociales pesant sur les artistes- auteurs ne se répercuteront pas de la même manière dans le secteur culturel que dans d’autres marchés concurrentiels, par exemple ceux qui dépendent des professions indépendantes. Le risque, en appliquant le même taux de cotisation sur leurs revenus que sur ceux des salariés ou des indépendants, est d’entraîner la paupérisation d’une grande partie des artistes-auteurs qui ne pourront pas répercuter cette augmentation sur les « clients finaux » ou les sociétés de production, diffuseur ou éditeurs. Cette situation irait à l’encontre de l’objectif de la loi du 31 décembre 1975 qui rattachait les artistes-auteurs au régime général pour leur retraite de base, pour leur assurer un niveau de couverture sociale convenable. L’exonération pour leur retraite de base, de l’équivalent d’une part patronale sans diminution des droits à la retraite devait permettre, « dans le cadre d’une juste répartition des charges, d’assurer à un groupe peu nombreux mais essentiel au rayonnement de notre pays, une protection sociale élargie et unifiée, et d’éviter que des règles administratives conçues pour d’autres professions n’aboutissent à entraver ou à écraser l’action de la création (Loi n° 75-1348) ». L’adoption d’un régime universel aveugle aux spécificités professionnelles de ce secteur d’activité risque de remettre en cause l’équilibre auquel était parvenu la loi de 1975. Ce système n’avait pourtant plus jamais été discuté. Les accords de l’Organisation mondiale du commerce eux-mêmes reconnaissent à la culture une place spécifique dans l’économie. La culture n’étant pas une « marchandise comme les autres », elle se trouve exclue des accords commerciaux internationaux, au titre de « l’exception culturelle ». Si, à l’échelle mondiale, chaque pays reste libre d’appliquer des règles autonomes pour gérer ce secteur économique particulier, constitutif de sa propre identité, sans avoir à se plier aux accords internationaux régulant tous les autres types d’échanges, il semble possible de mettre en place un système de retraite adapté aux artistes-auteurs en France, se distinguant pour certains aspects du système applicable à l’ensemble des salariés. Nous attendons une décision politique forte, visant à maintenir la création et la diversité culturelle dans notre pays.

    #auteurs #IRCEC #retraite #ubérisation #paupérisation #macron #arnaque

  • https://www.lvmt.fr/wp-content/uploads/2021/06/Instant-delivery-Paris-survey-2021.pdf

    Dablanc L. (Dir.), Aguiléra A., Krier C., Adoue F. et Louvet N., (2021). Étude sur les livreurs des plateformes de livraison
    instantanée du quart nord-est de Paris. Rapport final, 98 p.

    Etude (en francais) portant sur 500 livreurs

    Some data from the 2021 survey: who are Paris instant delivery workers?
    – 93% men and 7% women
    – An average age of 31 years old, 66% of delivery workers are under 35 years old
    – 59% live in the City of Paris and 23% in Seine-Saint-Denis (poor suburbs in the North of
    Paris)
    – 10% of delivery workers have French nationality
    – 38% of delivery workers have no diploma, 26% have a post high-school degree
    – 18% are students (9% in 2020) and 12% have another job
    – 54% are self-employed, 28% are employees, 11% are cooperators (2% in 2020)
    – Typology of delivery workers according to activity and status: 41% self-employed delivery
    workers, 18% salaried delivery workers, 12% delivery workers with another status, 11%
    delivery workers with multiple professional activities, 18% student delivery workers
    How do delivery workers work?
    – 67% of delivery workers have been working in this activity for less than a year, and for 27%
    of them it is their first professional activity in France
    – 11% of delivery workers work simultaneously for several platforms, 34% work solely for
    Deliveroo, 31% for Uber Eats, 10% for Just Eat and 9% for Stuart
    – 46% deliver by bicycle and 36% by motorized two-wheeler, 19% also use a shared-bike
    – On average, a delivery driver works 5 ½ days a week, nearly 7 hours a day, and makes 18
    deliveries a day (a higher figure among employees), with the average distance of the last
    delivery being 3.2 km
    - 80% of the delivery workers earn less than 1,500€ per month from this activity

    – 5% declare that they sometimes lend/rent their account to another driver and 8% that they
    sometimes use another driver’s account (in total, 12% of our sample is concerned by this
    practice) (this is most probably underestimated).

    How do delivery workers view their activity?
    – The delivery workers deplore the difficult working conditions, especially regarding the risk
    of accidents (25% having already suffered an accident), the weather conditions and the
    physical difficulty of the delivery activity
    – Self-employed delivery workers are the most dissatisfied with their working conditions,
    while employees are the most satisfied (protective nature of this employment status)
    – Autonomy is an advantage appreciated by the delivery workers but, if only 7% are currently
    members of a union or a collective (23% among salaried delivery workers), 36% say they are
    interested in joining such structures
    – 30% of delivery workers still imagine doing this activity in three months and 25% in one
    year (more than in 2020, which may be the result of uncertainties about employment caused
    by the crisis)
    – 37% of the delivery workers declare that they are unable to find other work
    – 34% of delivery workers have turned to this activity because of the pandemic (61% among
    students)
    – The pandemic has led to a decrease in the number of trips and income for more than half
    of the delivery workers, and an increase for only one fifth to one quarter of them
    – 57% of delivery workers say that the pandemic has worsened their working conditions
    – Self-employed delivery workers have suffered the most from the crisis, while employed
    delivery workers have been the most spared, confirming the protective nature of this status.

    #uberisation #independants #auto_entreprise #deliveroo qui fait appel de la décision de justice … à voire si celle-ci est de l’entre2toux vu que bcp profiterait avec raison de la jurisprudence qui en sortira …

  • #Deliveroo et trois de ses anciens dirigeants jugés au pénal pour « travail dissimulé »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/08/deliveroo-et-trois-de-ses-anciens-dirigeants-juges-au-penal-pour-travail-dis

    Une première en matière de droit pénal s’ouvre en France, mardi 8 mars à 13 h 30, devant le tribunal correctionnel de Paris. Deliveroo et trois de ses anciens dirigeants vont être jugés pour avoir employé en tant qu’indépendants des #livreurs qui auraient dû être salariés.
    Ce procès du système dit de l’« #ubérisation » doit établir s’il existe un « lien de subordination » entre Deliveroo France et plus de 2 000 livreurs qui ne disposaient d’« aucune liberté » dans leur organisation. Les gendarmes de l’Office central de lutte contre le travail illégal se sont penchés sur des faits concernant la période 2015-2017.

    • Au procès Deliveroo, un réquisitoire implacable contre « l’instrumentalisation » du statut des livreurs par la plate-forme

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/03/16/au-proces-deliveroo-un-requisitoire-implacable-contre-l-instrumentalisation-

      Mercredi 16 mars, c’est une « instrumentalisation en toute connaissance de cause du statut d’autoentrepreneur » et une « dissimulation systémique » qu’a dénoncée la procureure Céline Ducournau, en requérant la condamnation de Deliveroo France au maximum de la peine encourue, 375 000 euros d’amende, assortie à titre complémentaire d’une obligation de publication de la décision au Journal officiel et sur la page d’accueil du site Deliveroo, ainsi que la confiscation des 3 millions d’euros, d’ores et déjà saisis pendant l’enquête. Elle a demandé des peines de douze mois d’emprisonnement avec sursis et 30 000 euros d’amende contre les deux anciens dirigeants de l’entreprise à la date de la prévention, Adrien Falcon et Hugues Decosse, et quatre mois avec sursis contre l’ex-directeur des opérations, Elie de Moustier.

      A l’adresse du tribunal, la procureure a observé : « Votre rôle n’est pas de décider si les livreurs étaient ou s’ils sont aujourd’hui satisfaits de leur statut. S’ils se sentent libres ou s’ils auraient préféré un autre statut. Les avis sur cette question sont divergents. Votre rôle est de déterminer si la relation qu’entretenait Deliveroo avec ses livreurs établit un lien de subordination permanente », constitutif du délit de « travail dissimulé ».

    • Deliveroo condamnée à une amende de 375 000 euros pour travail dissimulé
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/19/deliveroo-condamne-a-une-amende-de-375-000-euros-pour-travail-dissimule_6122

      Cette amende est conforme aux réquisitions. Deux anciens dirigeants de la plate-forme ont également été condamnés à douze mois de prison avec sursis.

      Une dizaine de livreurs à vélo ou à scooter, beaucoup désormais engagés contre le « système », avaient défilé à la barre pour raconter leur arrivée à Deliveroo, attirés par les promesses de « liberté » et de « flexibilité », mais avaient découvert la « guerre » pour obtenir les meilleurs « créneaux » horaires, la « pression », la « surveillance » et les réprimandes de Deliveroo. Plus d’une centaine de livreurs sont parties civiles au procès.

      #subordination_salariale #droit_du_travail #logistique #e-commerce

    • Coursiers « variables d’ajustement », « habillage juridique fictif » : le jugement qui condamne Deliveroo France

      Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, mardi 19 avril, la plateforme et trois de ses anciens dirigeants pour « travail dissimulé. » Il relève l’existence d’un « lien de subordination permanent » entre Deliveroo et les coursiers de 2015 à 2017.

      Sur la page d’accueil de Deliveroo France va s’afficher pendant un mois, la mention suivante : « La SAS Deliveroo France, prise en la personne de ses représentants légaux entre avril 2015 et décembre 2017, a été condamnée pour le délit de travail dissimulé au paiement d’une amende délictuelle de 375 000 euros et à indemniser au titre des préjudices subis les livreurs qui se trouvaient être en réalité ses salariés. » Cette publication, d’application immédiate, a été exigée, mardi 19 avril, par le tribunal correctionnel de Paris, dont le jugement constitue la première décision pénale sur « l’ubérisation » du travail.

      Le tribunal a considéré que l’organisation mise en place par la société sur une période courant de 2015 à 2017 constituait bel et bien une atteinte volontaire au droit du travail, par l’utilisation de milliers de coursiers officiellement indépendants mais, en réalité, subordonnés à la plate-forme. Ces livreurs, estiment les juges, ne constituaient qu’« une variable d’ajustement permettant de disposer d’une flotte adaptée et réactive face au nombre de commandes enregistrées chaque jour. Seule la très grande flexibilité générée par les pratiques délictuelles commises et imposée assurait la pérennité du modèle. » Un système qui a permis à Deliveroo d’éluder, derrière « un habillage juridique fictif » les cotisations sociales que la société aurait dû verser à l’Etat.

      Les juges ont suivi intégralement les réquisitions prononcées le 16 mars par la procureure Céline Ducournau. Outre la société Deliveroo France, deux de ses anciens dirigeants, Adrien Falcon et Hugues Decosse, ont été condamnés à une peine d’un an avec sursis et 30 000 euros d’amende, assortie de l’interdiction de diriger une entreprise pendant cinq ans. Une peine de quatre mois avec sursis et une amende de 10 000 euros a été retenue contre Elie de Moustier. La société et les trois prévenus ont également été condamnés solidairement au paiement de dommages et intérêts pour l’ensemble des coursiers qui s’étaient constitués partie civile – environ 120 – qui se voient attribuer des sommes de 1 000 à 4 000 euros au titre de leur préjudice civil ou moral. Ils devront aussi verser des dommages et intérêts aux syndicats CGT, SUD, Union syndicale solidaire et Syndicat national des transports légers, ainsi qu’à l’URSSAF.

      Contraintes imposées

      Le jugement balaie l’argumentation soutenue tout au long de l’audience par les prévenus, selon laquelle Deliveroo France ne serait qu’une « plateforme de mise en relation » et pas une société de services. Les juges relèvent que, contrairement à d’autres plateformes de vente de biens (Vinted ou Ebay) ou de fournitures de services (Airbnb), qui mettent en relation deux personnes physiques dans la transaction finale, l’organisation de Deliveroo exclut tout contact direct entre le restaurateur et le client final, la plateforme se chargeant de la livraison.

      Pour retenir le délit de « travail dissimulé », le tribunal devait ensuite établir l’existence d’un « lien de subordination permanent » entre la plateforme et les livreurs autoentrepreneurs. Le jugement énumère la liste des contraintes qui leur étaient imposées : port obligatoire de la tenue siglée Deliveroo, formation théorique et pratique technique dispensée avant de commencer leur activité, interventionnisme et contrôle pendant la durée de la prestation, définition unilatérale des modalités d’exercice de la prestation, de sa tarification ou de l’attribution des zones de livraison, pouvoir de sanction.

      Plusieurs exemples de ces atteintes à la liberté de « prester » sont cités à l’appui du jugement. Tout d’abord, les livreurs ont « de façon majoritaire, créé leur statut d’autoentrepreneur pour pouvoir “prester” pour Deliveroo et n’avaient pas de réelle volonté de créer une entreprise avant que cela ne leur soit demandé par cette société. » De même, « les différentes vidéos, les “dix commandements du biker” et les messages collectifs réguliers rappelant les différents modes opératoires avant, pendant et après les livraisons, établissent l’intervention de Deliveroo et la définition par cette société du mode opératoire sans aucune marge de manœuvre pour le livreur, qui, s’il était réellement un prestataire indépendant, devrait pouvoir décider de la façon de réaliser son activité. »

      Autre indice avancé dans le jugement, « l’interventionnisme de Deliveroo durant la réalisation de la prestation se manifeste à travers la “gestion des absences” et des zones de connexion. Ainsi, un livreur ne peut pas modifier librement l’emploi du temps qu’il a initialement choisi ou même sa zone géographique d’action. »

      C’est également Deliveroo qui « détermine unilatéralement les bonus intempéries », décide « de passer d’une tarification à l’heure avec majoration par course, à une tarification uniquement à la course, ou la mise en place pendant une période de retenue et de bonus tarifaires avant de les supprimer ». Le jugement dénonce encore un usage de la géolocalisation, allant au-delà de la nécessaire gestion des flux pour devenir un « outil de surveillance et de contrôle. » Il cite, à ce titre, plusieurs extraits des centaines de mails ou de messages WhatsApp et Telegram, versés au dossier.
      « Il faudrait améliorer la qualité de ta prestation, tu as été désassigné de 13 courses, tu as mis 30 % de commandes en retard, tu as mis + de 5,9 minutes à passer tes commandes en “livrées”, « Je vois que tu t’es connecté de la rue Brunel, normalement il est mieux de te connecter tout de suite prêt de l’épicentre », « Tu dois être joignable tout le temps sur tes shifts », « Tu auras une retenue de 10 € car tu as manqué plusieurs shifts », « Il ne faut aucun retard sur 14 jours de shifts, même 1mn de retard est pénalisée. » « Ces messages individuels ne sont que la déclinaison de la politique globale, générale et systématisée », souligne le jugement.

      « Il découle de l’ensemble de ces éléments qu’en raison de la situation de subordination juridique dans laquelle se trouvaient les livreurs pendant la période de prévention, ceux-ci doivent être qualifiés de salariés et non de travailleurs indépendants. » Une omission intentionnelle, affirme le tribunal, qui porte un « trouble majeur à l’ordre social. » D’une part, parce que « le recours à une main-d’œuvre non déclarée génère de facto une situation de concurrence déloyale avec les salariés déclarés pour lesquels l’employeur doit payer des charges sociales et qui eux-mêmes paient des impôts, mais aussi avec les autres entreprises du secteur de la livraison courte distance qui, elles, respectent la législation sociale et celle relative au transport. Ces salariés non déclarés ne disposent pas de la même couverture sociale par exemple en cas d’accident. »

      Et, d’autre part, en raison du manque à gagner que ces cotisations sociales éludées génèrent pour l’Etat. « Les fraudes sociales et fiscales viennent creuser une dette publique déjà très élevée. Pour la seule question des cotisations sociales éludées dans le cadre de travail dissimulé, ce manque à gagner est de 7 à 9 milliards d’euros par an », rappelle le tribunal.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/19/coursiers-variables-d-ajustement-habillage-juridique-fictif-le-jugement-qui-

  • Livreurs UberEats ou Deliveroo, ils risquent leurs vies pour un burger | Lina Rhrissi
    https://www.streetpress.com/sujet/1646309485-livreurs-ubereats-deliveroo-morts-route-accident-uberisation

    Poussés par des algorithmes, les livreurs UberEats et Deliveroo risquent leurs peaux, forcés d’aller toujours plus vite pour des revenus de plus en plus bas. Depuis trois ans, 11 sont morts sur les routes. Et les blessés se comptent par milliers. Source : StreetPress

  • #Ubérisation : « Les travailleurs sont bien sous la #subordination de la plateforme » | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/uberisation-les-travailleurs-sont-bien-sous-la-subordination-de-la-plate

    la délégation sénatoriale aux entreprises a organisé jeudi 6 mai une audition « sur les travailleurs des plateformes du #numérique », réunissant autour de la table des représentants d’#Uber mais aussi des spécialistes de la question. L’objectif affiché, organiser un « débat sur les fragilités économiques de ces travailleurs, que la crise a rendu visible », comme l’a expliqué Serge Babary, sénateur LR d’Indre-et-Loire et président de la délégation sénatoriale aux #entreprises.

    #autonomie contre #indépendance
    Lien vers la vidéo de la table ronde : http://videos.senat.fr/video.2271292_6091ffa4de918.audition-pleniere---table-ronde-sur-les-tra

  • Travail à la demande - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/075833-000-A/travail-a-la-demande
    https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/075833-000-A/1920x1080?ts=1619444271&watermark=true&text=true

    Livraison de repas à domicile, voitures avec chauffeur, participation rémunérée à des sondages : « l’économie des #petits_boulots » ou « #gig_economy » génère un chiffre d’affaires planétaire de 5 000 milliards de dollars, en constante expansion. Des États-Unis au Nigeria, de la France à la Chine, un voyage à la rencontre des travailleurs « #à_la_tâche » de l’économie numérique mondialisée.

  • Plus d’une centaine de livreurs licenciés du jour au lendemain à Genève Delphine Gianora et Céline Brichet/aes
    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/12149924-plus-dune-centaine-de-livreurs-licencies-du-jour-au-lendemain-a-geneve.

    Suite à un litige entre deux sociétés, plus d’une centaine de livreurs viennent d’être licenciés à Genève, un épisode qui démontre la vulnérabilité de ce type d’emplois en ces temps de pandémie.

    Pour répondre à la demande qui explose depuis le début de la pandémie, plusieurs centaines de livreurs ont été engagés en masse, avec des contrats souvent temporaires.

    Mais il y a trois semaines, une centaine d’entre eux ont été licenciés du jour au lendemain, victimes d’un litige entre les sociétés qui les emploient. Ils étaient en effet engagés par le sous-traitant AlloService pour le compte de la plateforme Smood.

    Interrogé au 19h30, l’un d’entre eux témoigne des conditions précaires rencontrées dans cet emploi : « Il y a beaucoup de questions sans réponses, au niveau des heures travaillées, du paiement des pourboires. On a essayé de faire des retours, mais sans avoir reçu de réponse ».

    Litige lié à l’introduction du salaire minimum.
    AlloService adapte alors ses contrats, mais aucun accord n’est trouvé avec Smood. Le sous-traitant paie donc la différence. Estimant ses pertes à plus de 120’000 francs, il rompt alors le contrat qui le lie à Smood. Une procédure de licenciement collectif est lancée.

    Smood dément toutefois l’existence de tout litige. L’entreprise a répondu par écrit à la RTS : « AlloService est un prestataire de transport qui semble connaître des difficultés. Des discussions sont en cours et Smood est dans l’attente d’un retour de ce prestataire. S’agissant des pourboires, ceux-ci sont intégralement reversés aux livreurs et une clarification est en cours ».

    Les syndicats inquiets
    Ce cas de licenciement collectif est symptomatique des problèmes de la branche. Les syndicats s’inquiètent de cette précarisation du monde du travail.

    « Notre crainte, c’est qu’en sortant de la pandémie, on ait tout une catégorie d’emplois précaires qui se soient créés au détriment d’emplois protégés par des CCT. Si c’est ça le bilan de la pandémie, il y a des catastrophes sociales qui se préparent pour l’avenir », regrette ainsi le responsable communication de l’Union syndicale suisse Benoît Gaillard.

    Dans le cas de ce licenciement collectif, les syndicats SIT et UNIA ont prévu d’ouvrir une consultation du personnel pour tenter de préserver les emplois.

    En octobre dernier, Genève adopte une nouvelle législation qui oblige tout employeur à verser un salaire minimum de 23,14 francs de l’heure.

    #deliveroo #travail #salaire #salaire_minimum #sous-traitance #licenciements #prestataire #uber #gigeconomy #ubereats #foodtech #amazon #précarité #conditions #livreurs #ubérisation #conditions_de_travail #exploitation #alloService #smood

  • Livreurs : ils établissent un rapport de force dans la lutte contre les plateformes | Guillaume Bernard
    https://rapportsdeforce.fr/classes-en-lutte/livreurs-ils-etablissent-un-rapport-de-force-dans-la-lutte-contre-le

    La lutte contre les plateformes s’amplifie depuis l’automne. Mais il reste compliqué de faire plier un employeur quand ce dernier refuse de se considérer comme tel. Des trottoirs des MacDo aux sièges de l’assemblée en passant par les bancs des tribunaux, les livreurs et leurs alliés multiplient les actions pour tenter de contre balancer la toute puissance des plateformes. Etat des lieux de leur lutte. Source : Rapports de Force

  • Comment des livreurs de Saint-Etienne ont fait plier Uber Eats
    https://www.bfmtv.com/economie/comment-des-livreurs-de-saint-etienne-ont-fait-plier-uber-eats_AD-20210101005

    L’article est pourri, la chute minable, mais j’étais passé à côté de cette info...

    Rémunération minimum, prime de nuit : les avancées obtenues par les livreurs d’Uber Eats à Saint-Etienne pourraient essaimer dans d’autres villes, espèrent des représentants de travailleurs, selon qui la plateforme veut éviter cet « effet boule de neige ».

    Deux jours de forte mobilisation, les 13 et 18 décembre, ont suffi aux livreurs stéphanois pour obtenir des concessions de la part d’Uber Eats : une rémunération minimum, à certaines heures et sous conditions, et le retour d’une « prime de pluie », à hauteur d’un euro par commande.

    Ces avancées ont permis à la plateforme de passer Noël sans perturbation dans la préfecture de la Loire, alors que 180 livreurs, soit 90% des effectifs stéphanois travaillant pour les plateformes Uber Eats, Deliveroo et Stuart, s’étaient mobilisés les 13 et 18 décembre, assure Pierre, l’un des porte-paroles du mouvement.

    #Uber #Uberisation

  • Control shift: why newspaper hacks are switching to Substack | Digital media | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/dec/26/control-shift-why-newspaper-hacks-are-switching-to-substack
    https://i.guim.co.uk/img/media/1b41deb95272f2ec119b99766d14dc8bfc761e83/0_189_4000_2400/master/4000.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Control shift: why newspaper hacks are switching to Substack
    John Naughton
    John Naughton

    An online platform where journalists sell content directly to subscribers is luring eminent voices away from traditional media
    glenn greenwald working in his study in rio de janeiro
    A new way of reaching people: the writer Glenn Greenwald, who has 1.5 million Twitter followers, has moved to Substack. Photograph: Léo Corrêa/AP

    Sat 26 Dec 2020 16.00 GMT

    Way back in March, at the beginning of the first lockdown, I fell to wondering what a columnist, academic and blogger under house arrest might usefully do for the duration of his imprisonment. My eye fell on my blog, Memex 1.1, which has been a harmless presence on the web since the mid-1990s and a source of puzzlement to journalistic and academic colleagues alike. The hacks unanimously shared Dr Johnson’s view that “No man but a blockhead ever wrote except for money”, while my academic colleagues thought it peculiar to waste one’s energy writing anything that would not figure in scholarly citation indices. The idea that one might maintain a blog simply because one enjoyed doing it never crossed their minds.

    So there it was, with a modest readership, which occasionally spiked as it caught some brief wave of attention. Given that many people were going to be locked down like me, I wondered if the regularity of receiving the blog as an email every morning might be welcome. The thought came from observing how Dave Winer’s wonderful blog, Scripting News, drew an even wider readership after he offered it as a daily email to subscribers. So I began looking for an easy way of doing something similar.

    The obvious solution would be an email list service like Mailchimp, but that looked like hard work, so I opted for Substack, which made it really easy. My blog would be published and available on the web every day as usual, but every night the day’s version would be neatly packaged into an email and delivered at 7am the following morning to anyone who had subscribed. The only change I made was to include a daily five-minute audio diary – something I’d never done before.

    It was such an obvious thing to do. But the results were surprising – and often gratifying. Two things in particular stood out. The first was that the level of reader “engagement” (the holy grail of surveillance capitalists) dramatically increased. People were reading the email version more intensively than its online counterpart: I could see that, because Substack told me which links had been most popular; and they signalled their reactions by “liking” things or by emailing me directly, pointing out errors or making suggestions about how a particular topic could be expanded or extended.

    The biggest surprise, though, was how popular the audio diary was: it was consistently the most clicked-on link. And slowly, it dawned on me that audio seems to reach parts of the human psyche that other media cannot. Because the email was coming from a mailing-list server, some subscribers’ spam filters would occasionally block it, and on several occasions I received alarmed emails from readers who wondered if I had succumbed to Covid. But there was clearly something about the regularity of hearing a familiar voice every morning that was important.

    It was founded in 2018 and backed by the big venture-capital firm Andreessen Horowitz. As of July this year it had around 100,000 people paying various sums for at least one of the newsletters on its books. Its sudden prominence may be a portent of significant changes in our media, as traditional journalistic outlets decline and most of those that thrive online tend to be driven by clickbait. Given that, Substack offers a new option for journalists.

    Suppose you have 1,000 paid subscribers, each paying $5 a month. That’s an annual income of $60,000, less the 10% that Substack levies. Then imagine you’re Glenn Greenwald, who has 1.5m Twitter followers and has just moved to Substack. Even if only a fraction of them sign up, well… do the maths. Lots of other prominent journalists and writers have – for example Andrew Sullivan and Zeynep Tufekci, to name just two I know: they have seen a way of being liberated from the demands of editorial gatekeepers or advertising-led clickbait while getting paid. “If you charge $10 a month or $5 a month, or $50 a year – if you can get 1,000 or 2,000 people to pay for that,” one of Substack’s founders told Buzzfeed, “you’ve suddenly got enough to go as an individual.”

    #Blog #Newsletter #Substrack #Néo_journalisme #Editorialistes

  • un concentré de #bullshit en hommage à David Graeber :

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/23/avec-une-levee-de-fonds-de-300-millions-de-dollars-mirakl-devient-une-licorn

    Valorisée désormais à 1,5 milliard de dollars, la start-up française de « solutions logicielles de marketplaces » a vu son volume d’activité bondir durant le confinement.

    Tu t’en fous ? Moi aussi.

    #marchandisation #valorisation_de_la_crétinerie #obsession_mercantile #peignes_cul

    • complètement et en plus, j’en ai marre d’accepter leur protocole de merde au Monde.

      Le Monde et des tiers selectionnés, notamment des partenaires publicitaires, utilisent des cookies ou des technologies similaires. Les cookies nous permettent d’accéder à, d’analyser et de stocker des informations telles que les caractéristiques de votre terminal ainsi que certaines données personnelles (par exemple : adresses IP, données de navigation, d’utilisation ou de géolocalisation, identifiants uniques).

      va fanculo ! le monde

    • La « marketplace » de Darty et la Fnac, est-ce qu’il y a des articles qui se demandent si vraiment c’est une bonne idée ?

      L’année dernière, le porte-filtre de mon percolateur, acheté chez Darty, pète. Je vais donc au service après-vente, ou le gentil monsieur m’informe que c’est pas couvert par la garantie (j’ignore pourquoi une poignée de porte-filtre mal branlée et qui pète quand on l’utilise, n’est pas couverte par la garantie, mais c’est pas la question).

      Donc faut que j’en achète une nouvelle. Et le monsieur m’annonce d’un air désolé que c’est pas donné : de mémoire, dans les 40 euros chez Darty.

      Mais, me dit-il en tapotant sur un ordinateur, ça doit être moins cher sur la marketplace de Darty.fr. Hé oui dis-donc : 25 euros ! Moi, comme un con, je demande pourquoi Darty vend les choses moins chères sur son site que dans le magasin : « ah mais non c’est pas Darty, là, qui vend le porte-filtre sur le site de Darty… ».

      Donc j’ai pas acheté chez Darty, parce que chez Darty on m’a dit que c’était moins cher sur l’internet-by-Darty.

      Alors je rentre chez moi, et tant qu’à faire, je découvre que c’est encore moins cher sur l’internet-by-Amazon. Parce que le port est gratuit, et en plus ça sera livré chez moi hier.

      Alors je veux bien la licorne française qui rend nos journalistes si fiers de vivre dans une startup nation, mais je dois avouer que comme stratégie commerciale, pour Darty et la Fnac, ces « marketplaces » qui vendent leur propre concurrence, j’aurais tendance à les classer dans la catégorie « balle dans le pied ».

    • Alors je rentre chez moi, et tant qu’à faire, je découvre que c’est encore moins cher sur l’internet-by-Amazon. Parce que le port est gratuit, et en plus ça sera livré chez moi hier.
      dans un colis préparé avant-hier ?
      _De la publicité comme contre-propagande_Lignes de force
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2020/09/24/de-la-publicite-comme-contre-propagande
      https://www.youtube.com/watch?v=RzjeLcP0Iek&feature=emb_logo

      N’en voulons pas à ce comédien (ou à ce travailleur convaincu de jouer son propre rôle) : il faut bien vivre . Mais observons qu’Amazon, « géant de la vente en ligne », outre l’effet de sidération déjà évoqué, montre simplement sa force.

      Je répondrai à Claude Guillon (anarchiste en retraite) : plutôt crever !

  • L’#Université, le #Covid-19 et le danger des #technologies_de_l’éducation

    La crise actuelle et la solution proposée d’un passage des enseignements en ligne en urgence ont accéléré des processus systémiques déjà en cours dans les universités britanniques, en particulier dans le contexte du Brexit. Même si l’enseignement en ligne peut avoir une portée radicale et égalitaire, sa pérennisation dans les conditions actuelles ouvrirait la voie à ce que les fournisseurs privés de technologies de l’éducation (edtech d’après l’anglais educational technology) imposent leurs priorités et fassent de l’exception une norme.

    Mariya Ivancheva, sociologue à l’université de Liverpool dont les recherches portent sur l’enseignement supérieur, soutient que nous devons repenser ce phénomène et y résister, sans quoi le secteur de l’enseignement supérieur britannique continuera d’opérer comme un outil d’extraction et de redistribution de l’argent public vers le secteur privé.

    *

    Avec la propagation mondiale du coronavirus et la désignation du COVID-19 comme pandémie par l’Organisation mondiale de la santé le 11 mars, les universités de nombreux pays ont eu recours à l’enseignement en ligne. Rien qu’aux États-Unis, dès le 12 mars, plus de 100 universités sont passées à l’enseignement à distance. Depuis, rares sont les pays où au moins une partie des cours n’est pas dispensée en ligne. Les prestataires de services d’enseignement privés ont été inondés de demandes de la part des universités, qui les sollicitaient pour faciliter le passage à l’enseignement à distance.

    Au Royaume-Uni, la réticence initiale du gouvernement et des directions de certaines institutions d’enseignement supérieur à imposer des mesures de distanciation sociale et à fermer les établissements ont mené plusieurs universités à prendre cette initiative de leur propre chef. Le 23 mars, lorsque les règles de confinement et de distanciation sociale ont finalement été introduites, la plupart des universités avaient déjà déplacé leurs cours en ligne et fermé la plus grande partie de leur campus, à l’exception des « services essentiels ». Si un débat sur les inégalités face à l’université dématérialisée a eu lieu (accès aux ordinateurs, à une connexion Internet sécurisée et à un espace de travail calme pour les étudiant.e.s issus de familles pauvres, vivant dans des conditions défavorables, porteurs de responsabilités familiales ou d’un handicap), l’impact sur le long terme de ce passage en ligne sur le travail universitaire n’a pas été suffisamment discuté.

    Ne pas laisser passer l’opportunité d’une bonne crise

    Étant donnée la manière criminelle dont le gouvernement britannique a initialement répondu à la crise sanitaire, un retard qui aurait coûté la vie à plus de 50 000 personnes, les mesures de confinement et de distanciation prises par les universités sont louables. Toutefois, la mise en ligne des enseignements a également accéléré des processus déjà existants dans le secteur universitaire au Royaume-Uni.

    En effet, surtout depuis la crise de 2008, ce secteur est aux prises avec la marchandisation, les politiques d’austérité et la précarisation. Désormais, il doit également faire aux conséquences du Brexit, qui se traduiront par une baisse des financements pour la recherche provenant de l’UE ainsi que par une diminution du nombre d’étudiant.e.s européens. Entre l’imminence d’une crise économique sans précédent, les craintes d’une baisse drastique des effectifs d’étudiant.e.s étranger/ères payant des frais de scolarité pour l’année académique à venir et le refus du gouvernement de débourser deux milliards de livres pour renflouer le secteur, la perspective d’une reprise rapide est peu probable.

    Le passage en ligne a permis à de nombreux étudiant.e.s de terminer le semestre et l’année académique : pourtant, les personnels enseignants et administratifs n’ont reçu que de maigres garanties face à la conjoncture. Pour les enseignements, les universités britanniques dépendent à plus de 50% de travailleurs précaires, ayant des contrats de vacation souvent rémunérés à l’heure et sur demande (« zero-hour contract » : contrat sans horaire spécifié). Si certaines universités ont mis en place des systèmes de congé sans solde ou de chômage partiel pour faire face à la pandémie, la majorité d’entre elles envisage de renvoyer les plus vulnérables parmi leurs employés.

    Parallèlement, les sociétés prestataires d’edtech, qui sollicitaient auparavant les universités de manière discrète, sont désormais considérées comme des fournisseurs de services de « premiers secours » voire « palliatifs ». Or, dans le contexte actuel, la prolongation de ces modes d’enseignements entraînerait une précarisation et une externalisation accrues du travail universitaire, et serait extrêmement préjudiciable à l’université publique.

    Les eaux troubles de l’enseignement supérieur commercialisé

    Au cours des dernières décennies, le domaine universitaire britannique a connu une énorme redistribution des fonds publics vers des prestataires privés. Les contributions du public et des particuliers à l’enseignement supérieur se font désormais par trois biais : les impôts (budgets pour la recherche et frais de fonctionnement des universités), les frais d’études (frais de scolarité, frais de subsistance et remboursement des prêts étudiants) et par le port du risque de crédit pour les prêts étudiants (reconditionnés en dette et vendus aux investisseurs privés)[1].

    Lorsque les directions des universités mettent en œuvre des partenariats public-privé dont les conditions sont largement avantageuses pour le secteur privé, elles prétendent que ces contrats profitent au « bien public », et ce grâce à l’investissement qu’ils permettraient dans les infrastructures et les services, et parce qu’ils mèneraient à la création d’emplois et donc à de la croissance. Mais cette rhétorique dissimule mal le fait que ces contrats participent en réalité à un modèle d’expansion de l’université fondé sur la financiarisation et le non-respect des droits des travailleurs dont les conditions de travail deviennent encore plus précaires.

    À cet égard, les retraites des universitaires ont été privatisées par le biais d’un régime appelé Universities Superannuation Scheme (USS), dont il a été divulgué qu’il s’agissait d’un régime fiscal offshore. Par ailleurs, les universités britanniques, très bien notées par les agences de notation qui supposent que l’État les soutiendrait le cas échéant, ont été autorisées à emprunter des centaines de millions de livres pour investir dans la construction de résidences étudiantes privées, s’engageant à une augmentation exponentielle du nombre d’étudiant.e.s.

    Le marché de la construction des résidences universitaires privées atteignait 45 milliards de livres en 2017, et bénéficiait souvent à des sociétés privées offshores. Les étudiant.e.s sont ainsi accueillis dans des dortoirs sans âme, fréquentent des infrastructures basiques (par exemple les installations sportives), alors qu’ils manquent cruellement d’accès aux services de soutien psychologique et social, ou même tout simplement de contact direct avec leurs enseignants, qu’ils voient souvent de loin dans des amphithéâtres bondés. Ces choix ont pour résultat une détérioration dramatique de la santé mentale des étudiant.e.s.

    Avec des frais universitaires pouvant aller jusqu’à £9 000 par an pour les études de premier cycle et dépassant parfois £20 000 par an en cycle de masters pour les étudiant.e.s étranger/ères (sans compter les frais de subsistance : nourriture, logement, loisirs), la dette étudiante liée à l’emprunt a atteint 121 milliards de livres. La prévalence d’emplois précaires et mal payés sur le marché du travail rend à l’évidence ces prêts de plus en plus difficiles à rembourser.

    Enfin, le financement de la recherche provient toujours principalement de sources publiques, telles que l’UE ou les comités nationaux pour la recherche. Candidater pour ces financements extrêmement compétitifs demande un énorme investissement en temps, en main d’œuvre et en ressources. Ces candidatures sont cependant fortement encouragées par la direction des universités, en dépit du faible taux de réussite et du fait que ces financements aboutissent souvent à des collaborations entre université et industrie qui profitent au secteur privé par le biais de brevets, de main-d’œuvre de recherche bon marché, et en octroyant aux entreprises un droit de veto sur les publications.

    Les edtech entrent en scène

    Dans le même temps, les sociétés d’edtech jouent un rôle de plus en plus important au sein des universités, profitant de deux changements du paradigme véhiculé par l’idéologie néolibérale du marché libre appliquée à l’enseignement supérieur – ainsi qu’à d’autres services publics.

    D’abord, l’idée de services centrés sur les « utilisateurs » (les « apprenants »selon la terminologie en cours dans l’enseignement), s’est traduite concrètement par des coûts additionnels pour le public et les usagers ainsi que par l’essor du secteur privé, conduisant à l’individualisation accrue des risques et de la dette. Ainsi, la formation professionnelle des étudiant.e.s, autrefois proposée par les employeurs, est désormais considérée comme relevant de la responsabilité des universités. Les universitaires qui considèrent que leur rôle n’est pas de former les étudiant.e.s aux compétences attendues sur le marché du travail sont continuellement dénigrés.

    Le deuxième paradigme mis en avant par les sociétés edtech pour promouvoir leurs services auprès des universités est celui de l’approche centrée sur les « solutions ». Mais c’est la même « solution » qui est invariablement proposée par les sociétés edtech, à savoir celle de la « rupture numérique », ou, en d’autres termes, la rupture avec l’institution universitaire telle que nous la connaissons. En réponse aux demandes en faveur d’universités plus démocratiques et égalitaires, dégagées de leur soumission croissante aux élites au pouvoir, les sociétés edtech (dont la capitalisation s’élève à des milliards de dollars) se présentent comme offrant la solution via les technologies numériques.

    Elles s’associent à une longue histoire où le progrès technologique (que ce soit les lettres, la radio, les cassettes audio ou les enregistrements vidéo) a effectivement été mis au service d’étudiant.e.s « atypiques » tels que les travailleurs, les femmes, les personnes vivant dans des zones d’accès difficile, les personnes porteuses de handicap ou assumant des responsabilités familiales. L’éducation ouverte par le biais par exemple de webinaires gratuits, les formations en ligne ouvertes à tous (MOOC), les ressources éducatives disponibles gratuitement et les logiciels open source suivaient à l’origine un objectif progressiste d’élargissement de l’accès à l’éducation.

    Toutefois, avec le passage en ligne des enseignements dans un secteur universitaire fortement commercialisé, les technologies sont en réalité utilisées à des fins opposées. Avant la pandémie de COVID-19, certaines universités proposaient déjà des MOOC, des formations de courte durée gratuites et créditées et des diplômes en ligne par le biais de partenariats public-privé avec des sociétés de gestion de programmes en ligne.

    Au sein du marché général des technologies de l’information, ces sociétés représentent un secteur d’une soixantaine de fournisseurs, estimé à 3 milliards de dollars et qui devrait atteindre 7,7 milliards de dollars d’ici 2025 – un chiffre susceptible d’augmenter avec les effets de la pandémie. Le modèle commercial de ces partenariats implique généralement que ces sociétés récoltent entre 50 à 70% des revenus liés aux frais de scolarité, ainsi que l’accès à des mégadonnées très rentables, en échange de quoi elles fournissent le capital de démarrage, la plateforme, des services de commercialisation et une aide au recrutement et assument le coût lié aux risques.

    L’une des différences essentielles entre ces sociétés et d’autres acteurs du secteur des technologies de l’éducation proposant des services numériques est qu’elles contribuent à ce qui est considéré comme le « cœur de métier » : la conception des programmes, l’enseignement et le soutien aux étudiant.e.s. Une deuxième différence est que, contrairement à d’autres prestataires d’enseignement privés, ces sociétés utilisent l’image institutionnelle d’universités existantes pour vendre leur produit, sans être trop visibles.

    Normaliser la précarisation et les inégalités

    Le secteur de la gestion des programmes en ligne repose sur une charge importante de travail académique pour les employés ainsi que sur le recours à une main-d’œuvre précaire et externalisée. Ceci permet aux sociétés bénéficiaires de contourner la résistance organisée au sein des universités. De nombreux MOOC, formations de courte durée et des diplômes en ligne en partenariat avec ces sociétés font désormais partie de l’offre habituelle des universités britanniques.

    La charge de travail académique déjà croissante des enseignants est intensifiée par les enseignements en ligne, sans rémunération supplémentaire, et alors même que de tels cours demandent une pédagogie différente et prennent plus de temps que l’enseignement en classe. Avec la transformation de l’enseignement à distance d’urgence en une offre d’« éducation en ligne », ces modalités pourraient devenir la nouvelle norme.

    L’université de Durham a d’ailleurs tenté d’instaurer un dangereux précédent à cet égard, qui en présage d’autres à venir. L’université a conclu un accord avec la société Cambridge Education Digital (CED), afin d’offrir des diplômes entièrement en ligne à partir de l’automne 2020, sans consultation du personnel, mais en ayant la garantie de CED que seules six heures de formation étaient nécessaires pour concevoir et délivrer ces diplômes.

    Dans le même temps, les sociétés de gestion de programmes en ligne ont déjà recruté de nombreux·ses travailleur/euses diplômé·e·s de l’éducation supérieure, souvent titulaires d’un doctorat obtenu depuis peu, cantonné·e·s à des emplois précaires, et chargés de fournir un soutien académique aux étudiant.e.s. Il s’agit de contrats temporaires, sur la base d’une rémunération à la tâche, peu sécurisés et mal payés, comparables à ceux proposés par Deliveroo ou TaskRabbit. Ces employés, qui ne sont pas syndiqués auprès du même syndicat que les autres universitaires, et qui sont souvent des femmes ou des universitaires noirs ou issus de minorités racisées, désavantagés en matière d’embauche et de promotion, seront plus facilement ciblé·e·s par les vagues de licenciement liées au COVID-19.

    Cela signifie également qu’ils/elles seront utilisé·e·s – comme l’ont été les universitaires des agences d’intérim par le passé – pour briser les piquets de grève lors de mobilisations à l’université. Ce système se nourrit directement de la polarisation entre universitaires, au bénéfice des enseignant·e·s éligibles aux financements de recherche, qui s’approprient les recherches produites par les chercheur/ses précaires et utilisent le personnel employé sur des contrats uniquement dédiés à l’enseignement [pour fournir les charges d’enseignement de collègues déchargés]. Il s’agit là de pratiques légitimées par le mode de financement de l’UE et des comités nationaux pour la recherche ainsi que par le système de classements et d’audits de la recherche.

    Avec le COVID-19, le modèle proposé par les entreprises de gestion de programmes en ligne, fondé sur l’externalisation et la privatisation des activités de base et de la main-d’œuvre de l’université, pourrait gagner encore plus de terrain. Ceci s’inscrit en réalité dans le cadre d’un changement structurel qui présagerait la fin de l’enseignement supérieur public. Le coût énorme du passage en ligne – récemment estimé à 10 millions de livres sterling pour 5-6 cours en ligne par université et 1 milliard de livres sterling pour l’ensemble du secteur – signifie que de nombreuses universités ne pourront pas se permettre d’offrir des enseignements dématérialisés.

    De plus, les sociétés de gestion de programmes en ligne ne travaillent pas avec n’importe quelle université : elles préfèrent celles dont l’image institutionnelle est bien établie. Dans cette conjoncture, et compte tenu de la possibilité que de nombreux/ses étudiant.e.s annulent (ou interrompent) leur inscription dans une université du Royaume-Uni par crainte de la pandémie, de nombreuses universités plus petites et moins visibles à l’échelle internationale pourraient perdre un nombre importante d’étudiant.e.s, et le financement qui en découle.

    En dépit de tous ces éléments, l’appel à une réglementation et à un plafonnement du nombre d’étudiant.e.s admis par chaque institution, qui permettraient une redistribution sur l’ensemble du secteur et entre les différentes universités, semble tomber dans l’oreille d’un sourd.

    Un article sur le blog de Jo Johnson, ancien ministre de l’Éducation et frère du Premier ministre britannique, exprime une vision cynique de l’avenir des universités britanniques. Sa formule est simple : le gouvernement devrait refuser l’appel au soutien des universités moins bien classées, telles que les « instituts polytechniques », anciennement consacrés à la formation professionnelle et transformés en universités en 1992. Souvent davantage orientées vers l’enseignement que vers la recherche, ceux-ci n’ont que rarement des partenariats avec des sociétés de gestion de programmes en ligne ou une offre de cours à distance. Selon Johnson, ces universités sont vouées à mourir de mort naturelle, ou bien à revenir à leur offre précédente de formation professionnelle.

    Les universités du Groupe Russell[2], très concentrées sur la recherche, qui proposent déjà des enseignements dématérialisés en partenariat avec des prestataires de gestion des programmes en ligne, pourraient quant à elles se développer davantage, à la faveur de leur image institutionnelle de marque, et concentreraient ainsi tous les étudiant.e.s et les revenus. Ce qu’une telle vision ne précise pas, c’est ce qu’il adviendrait du personnel enseignant. Il est facile d’imaginer que les nouvelles méga-universités seraient encore plus tributaires des services de « soutien aux étudiant.e.s » et d’enseignement dispensés par des universitaires externalisés, recrutés par des sociétés de gestion des programmes en ligne avec des contrats à la demande, hyper-précaires et déprofessionnalisés.

    Lieux de lutte et de résistance

    Ce scénario appelle à la résistance, mais celle-ci devient de plus en plus difficile. Au cours des six derniers mois, les membres du syndicat « University and College Union » (UCU) ont totalisé 22 jours de grève. L’une des deux revendications portées par cette mobilisation, parmi les plus longues et les plus soutenues dans l’enseignement supérieur britannique, portait sur les retraites.

    La seconde combinait quatre revendications : une réduction de la charge de travail, une augmentation des salaires sur l’ensemble du secteur (ils ont diminué de 20% au cours de la dernière décennie), s’opposer à la précarisation, et supprimer les écarts de rémunération entre hommes et femmes (21%) et ceux ciblant les personnes racisées (26%). Les employeurs, représentés par « Universities UK » et l’Association des employeurs « Universities and Colleges », n’ont jusqu’à présent pas fait de concessions significatives face à la grève. La crise du COVID-19 a limité l’option de la grève, alors que l’augmentation de la charge de travail, la réduction des salaires et la précarisation sont désormais présentées comme les seules solutions pour faire face à la pandémie et aux crises économiques.

    Dans ce contexte, le passage vers l’enseignement en ligne doit devenir un enjeu central des luttes des syndicats enseignants. Toutefois, la possibilité de mener des recherches sur ce processus – un outil clé pour les syndicats – semble limitée. De nombreux contrats liant les universités et les entreprises de gestion de programme en ligne sont conclus sans consultation du personnel et ne sont pas accessibles au public. En outre, les résultats de ces recherches sont souvent considérés comme nocifs pour l’image des sociétés.

    Pourtant, un diagnostic et une réglementation des contrats entre les universités et ces entreprises, ainsi que celle du marché de l’edtech en général, sont plus que jamais nécessaires. En particulier, il est impératif d’en comprendre les effets sur le travail universitaire et de faire la lumière sur l’utilisation qui est faite des données collectées concernant les étudiant.e.s par les sociétés d’edtech. Tout en s’opposant aux licenciements, l’UCU devrait également se mettre à la disposition des universitaires travaillant de manière externalisée, et envisager de s’engager dans la lutte contre la sous-traitance du personnel enseignant.

    Bien que tout cela puisse aujourd’hui sembler être un problème propre au Royaume-Uni, la tempête qui y secoue aujourd’hui le secteur de l’enseignement supérieur ne tardera pas à se propager à d’autres contextes nationaux.

    Traduit par Céline Cantat.

    Cet article a été publié initialement sur le blog du bureau de Bruxelles de la Fondation Rosa Luxemburg et de Trademark Trade-union.
    Notes

    [1] La réforme de 2010 a entraîné le triplement des droits d’inscriptions, qui sont passés de 3000 à 9000 livres (soit plus de 10 000 euros) par an pour une année en licence pour les étudiant.e.s britanniques et originaires de l’UE (disposition qui prendra fin pour ces dernier.e.s avec la mise en œuvre du Brexit). Le montant de ces droits est libre pour les étudiant.e.s hors-UE, il équivaut en général au moins au double. Il est également bien plus élevé pour les masters.

    [2] Fondé en 1994, le Russell Group est un réseau de vingt-quatre universités au Royaume-Uni censé regrouper les pôles d’excellence de la recherche et faire contrepoids à la fameuse Ivy League étatsunienne.

    https://www.contretemps.eu/universite-covid19-technologies-education

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  • Quand des villes refusent d’être vendues à des multinationales

    Écrasées de #dettes, poussées à la #marchandisation, les villes sont sommées de se vendre aux multinationales. Mais partout dans le monde, des municipalités cherchent à se réapproprier leur #pouvoir_d’agir.

    Comment les élus locaux et les citoyens peuvent-ils s’opposer à la main-mise grandissante des firmes ? C’est tout l’objet d’une publication inédite, parue ce jeudi 27 février, intitulée Villes contre multinationales, éditée par Ritimo. De la privatisation de l’eau à l’essor d’Airbnb en passant par la « smart city » connectée en 5G, « les villes sont devenues un champ de bataille face au poids croissant des grandes entreprises », peut-on lire en introduction.

    La publication réunit une série d’articles rédigés par des journalistes, des militants, des élus et des chercheurs européens, membres d’Enco, un réseau de médias et d’ONG « qui se consacrent à enquêter et informer sur les entreprises multinationales et leur pouvoir ».

    Un travail qui tombe à pic, à deux semaines des élections municipales : « On espère donner des idées aux candidats et futurs élus, casser ce sentiment qu’il n’y a pas d’alternatives, pas de possibilités de s’opposer aux multinationales », explique Olivier Petitjean, membre de l’Observatoire des multinationales, joint par Reporterre. De l’Espagne au Royaume-Uni, en passant par la Tchéquie et la France, de nombreuses municipalités ont en effet cherché à se réapproprier leur pouvoir d’agir.

    Car il s’agit bien d’une reconquête démocratique. Depuis la crise financière de 2008, « la pression économique et politique sur les villes s’est considérablement accrue, soulignent les auteurs. Nombre d’entre elles se sont retrouvées écrasées de dettes, poussées à vendre des biens, privatiser des services publics, réduire leurs dépenses. » Les fonds financiers en quête de nouveaux placements profitables ont investi le secteur du tourisme et de l’immobilier, mais également celui des nouvelles technologies.

    Laia Forné, sociologue espagnole spécialiste des questions d’urbanisme, de démocratie et de communs, évoque ainsi une « marchandisation des villes » :

    La gouvernance urbaine de nos villes a été basée sur une coopération entre les secteurs public et privé qui a mené à la privatisation de biens fondamentaux comme la terre, le logement, l’eau et le patrimoine municipal, tout en créant des structures de gouvernance opaques et antidémocratiques. Le modèle de gouvernance qui a prévalu était celui de la concession public-privé, où le secteur privé engrange les bénéfices de grands projets spéculatifs tandis que le secteur public en assume les risques. »

    L’un des principaux leviers des firmes réside ainsi dans la spéculation immobilière, comme le raconte Max Carbonell, membre de l’Observatoire de la dette dans la globalisation (ODG), et militant espagnol du mouvement pour le logement. Blackstone, une des multinationales qui possèdent le plus de propriétés (ou « actifs financiers ») au monde, a acquis de nombreux bâtiments à Barcelone, notamment un immeuble dans le quartier de Raval, l’un des plus pauvres de la ville.

    « Blackstone n’y voyait qu’un actif financier sur lequel spéculer et se préparait à mettre les familles à la rue pour pouvoir le revendre – ou le relouer – à un prix bien plus élevé, écrit-il. [Pour Blackstone et d’autres sociétés du même type, le] mode opératoire commun se résume à "buy it, fix it, sell it", acheter, réparer, revendre). »

    Aujourd’hui, les villes du monde sont sommées d’entrer en compétition les unes avec les autres sur le marché international pour attirer le maximum de touristes et d’opportunités d’affaires financières et immobilières possibles (avec tous les secteurs d’activité qui leur sont liés). En d’autres termes : on vend des villes, on vend notre ville, à des investisseurs du secteur du tourisme et de l’immobilier.

    À Barcelone, une mobilisation populaire portée par le Syndicat des habitants du Raval (SHR) a finalement contraint Blackstone à négocier : en 2019, l’entreprise a fini par accepter que les familles restent et paient un loyer modéré, en partie financé par la municipalité.

    Ainsi, la publication Villes contre multinationales diffuse des exemples de luttes locales, souvent longues et difficiles, tant la puissance des firmes apparaît illimitée. En Croatie, le journaliste Igor Lasic explique comment la société Razvoj Golf, porteuse d’un projet de golf géant dans la ville touristique de Dubrovnik, a porté plainte en 2017 contre l’État auprès d’un tribunal d’arbitrage dans le cadre d’un accord de libre-échange, réclamant 500 millions d’euros de compensation pour le blocage de ses projets par un mouvement citoyen.

    À Bruxelles, le chercheur Kenneth Haar relate les manœuvres d’Airbnb auprès de la Commission européenne « pour reprendre la main » face à la contestation croissante des métropoles comme Amsterdam ou Berlin : « La Commission fait depuis lors pression sur les États membres [leur] faisant savoir que les restrictions trop strictes aux activités d’Airbnb et des autres plateformes peuvent contrevenir à la législation européenne ».
    « La "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée »

    Nouveau cheval de Troie des multinationales, le concept de « smart cities » a le vent en poupe. Selon Olivier Petitjean, « la "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée ». Pour les entreprises comme Suez et Veolia, « la "smart city" est surtout promue comme un moyen d’intégrer la gestion des services publics locaux comme l’eau, les déchets, le transport public, le chauffage urbain, l’éclairage, la gestion des équipements, pour rendre le tout plus "efficient" ». Au-delà, ces « smart cities » sont une aubaine pour les géants du numérique et les plateformes comme Google, Uber, Amazon, Airbnb ou Deliveroo car elles permettent non seulement « une collecte massive de données sur les habitudes individuelles et les tendances urbaines, mais aussi de ce fait une capacité d’influencer la fabrique même des villes (par exemple ses flux de trafic, le développement économique de certains quartiers, etc.) sans contrôle par les élus locaux ».

    Le combat des David citadins contre les Goliath multimillionnaires serait-il perdu d’avance ? « La bataille est en cours, dit Olivier Petitjean. Il existe des marges de manœuvre, mais il y a besoin que les villes créent des alliances, échangent leurs idées, fassent contre-poids aux multinationales. » Pour lui, « la transition écologique et sociale est une opportunité pour que les villes sortent de la dépendance aux multinationales. Pour réduire ses déchets, une ville peut décider de s’engager dans une démarche zéro déchet, en impliquant les citoyens, plutôt que de s’en remettre à la construction d’un nouvel incinérateur par une multinationale comme Suez. »

    De fait, les 200 pages de la publication regorgent d’initiatives portées par des villes. Hazel Sheffield, journaliste anglaise, détaille l’histoire de Preston, petite ville de 140.000 habitants dans le nord de l’Angleterre, fortement touchée par la désindustrialisation, qui « a réorienté radicalement ses achats publics pour favoriser le tissu économique et social local, plutôt que les grandes entreprises ». « Les gros contrats, par exemple pour la rénovation du marché de Preston, sont divisés en lots plus petits pour permettre aux PME de répondre aux appels d’offres, et des clauses sociales y sont attachées, comme de garantir aux travailleurs des salaires décents », raconte-t-elle. Bien que les règles européennes, d’inspiration néolibérale, ne soient pas favorables à de telles clauses, « tant que les autorités assurent une procédure équitable, elles peuvent sélectionner les fournisseurs en fonction d’une série de critères dont le prix, mais aussi la qualité, le risque, la valeur sociale et d’autres facteurs », précise la journaliste. Les achats de services, de travaux et de fournitures des villes de l’Union européenne représentent près de 2.000 milliards d’euros par an, soit environ 14 % du PIB de l’Union. « Le potentiel de transformation de ces nouvelles politiques progressistes de marchés publics est donc énorme », note aussi Olivier Hoedeman, co-fondateur du Corporate Europe Observatory.
    L’eau à Grenoble, la gestion des ordures à Naples... Autant d’exemples de remunicipalisation

    Outre les achats publics, la publication met en avant de multiples exemples de (re)municipalisation : l’eau à Paris et Grenoble, les terres agricoles à Mouans-Sartoux ou Vannes, la gestion des ordures à Naples ou la distribution d’électricité dans certaines communes espagnoles.

    Pour la sociologue Laia Forné, cette reconquête n’est possible et durable qu’à travers la mise en place d’un « municipalisme public-citoyens », alliant élus et mouvements sociaux. À Barcelone, le nouveau système qui oblige les grandes développeurs immobiliers à consacrer 30 % de leurs opérations à du logement social, en fournit un bon exemple : « Tandis que la municipalité apportait le savoir-faire technique pour rédiger une législation adaptée, les mouvements sociaux pour le logement ont mobilisé l’opinion publique et exercé une pression politique suffisante pour dépasser les logiques partisanes. » Elle parle également de « co-responsabilité », illustrée par la création du programme barcelonais de « Patrimoine citoyen », dont l’objectif est « de créer des cadres innovants associant citoyens et institutions pour gérer les ressources publiques, y compris les édifices publics, les vergers urbains, l’espace public et certains services sociaux. »

    « Les élus ne peuvent pas tout, les villes sont face à des pouvoirs puissants et riches, conclut Olivier Petitjean. Il est donc essentiel que les municipalités volontaristes soient soutenues par des mouvements sociaux. Il est aussi nécessaire que ces villes se mettent en réseau, s’allient pour peser face aux multinationales. Et surtout, il faut une bonne dose de courage. »

    https://reporterre.net/Quand-des-villes-refusent-d-etre-vendues-a-des-multinationales

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    Pour @etraces :

    Nouveau cheval de Troie des multinationales, le concept de « smart cities » a le vent en poupe. Selon Olivier Petitjean, « la "ville intelligente" n’est qu’un nouveau nom pour la ville privatisée ». Pour les entreprises comme Suez et Veolia, « la "smart city" est surtout promue comme un moyen d’intégrer la gestion des services publics locaux comme l’eau, les déchets, le transport public, le chauffage urbain, l’éclairage, la gestion des équipements, pour rendre le tout plus "efficient" ». Au-delà, ces « smart cities » sont une aubaine pour les géants du numérique et les plateformes comme Google, Uber, Amazon, Airbnb ou Deliveroo car elles permettent non seulement « une collecte massive de données sur les habitudes individuelles et les tendances urbaines, mais aussi de ce fait une capacité d’influencer la fabrique même des villes (par exemple ses flux de trafic, le développement économique de certains quartiers, etc.) sans contrôle par les élus locaux ».

  • Le temps des ouvriers. Le temps de l’#usine (1/4)

    Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des « damnés de la terre ».

    Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie « industrielle et commerciale », portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d’ouvriers, sur des métiers appartenant à des marchands devenus industriels. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage.
    Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière primitive, qui oppose à la main de fer de l’industrie naissante des révoltes spontanées et sporadiques, va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte, dans une alliance parfois malaisée avec les républicains anglais, inspirés par la Révolution française de 1789. Ses revendications sont sociales et politiques : réglementation du travail des enfants, salaires, durée du temps de travail, liberté syndicale, droit de grève, suffrage universel... Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, une classe ouvrière anglaise puissante et combative semble en mesure de faire la révolution.

    Temps complet
    La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lénine, Gorki – La révolution à contre-temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’informations. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

    https://www.arte.tv/fr/videos/082189-001-A/le-temps-des-ouvriers-1-4

    #documentaire #film_documentaire #film
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    Sur le silent monitor :

    This small four-sided wooden block was known as a ’silent monitor’ and was used by Robert Owen as a means of imposing discipline at his #New_Lanark_Mills.

    Robert Owen was strongly opposed to the use of corporal punishment, so in order to keep discipline at the New Lanark Mills, he devised his own unique system. The ’silent monitors’ were hung next to each worker in the mills, with each side displaying a different colour. ’Bad’ behaviour was represented by the colour black; ’indifferent’ was represented by blue; ’good’ by yellow; and ’excellent’ by white. The superintendent was responsible for turning the monitors every day, according to how well or badly the worker had behaved. A daily note was then made of the conduct of the workers in the ’books of character’ which were provided for each department in the mills.


    https://www.peoplescollection.wales/items/10456

    New Lanark :

    • Le temps des ouvriers (4/4)Le temps de la destruction

      Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen. Dernier volet : dans les années 1930, la classe ouvrière semble plus puissante que jamais. Le succès, en 1936, du Front populaire en France témoigne de cette force. Pourtant, les ouvriers européens vont de défaite en défaite...

      En Espagne, la dictature franquiste, soutenue par Hitler et Mussolini, triomphe en 1939. Puis dans l’Europe asservie, l’Allemagne nazie fait des ouvriers des pays vaincus des « esclaves du XXe siècle » : « travail obligatoire » pour les ouvriers de l’ouest de l’Europe, « extermination par le travail » des juifs, des Tsiganes et des prisonniers de guerre soviétiques.
      Après 1945, la guerre froide génère de nouvelles fractures. En Occident, on achète la paix sociale en améliorant les conditions de vie et de travail dans la plus pure tradition fordiste. À l’Est, le pouvoir est confisqué par des partis uniques qui prétendent représenter les ouvriers tout en les privant des libertés syndicales avec le soutien de l’URSS et de ses tanks. L’espoir renaît dans les années 1970, qui voient fleurir les utopies révolutionnaires, des Lip à Solidarnosc. Mais c’est un chant du cygne. Avec son cortège de misère et de chômage, la désindustrialisation a commencé.

      Temps complet
      La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann ("Austerlitz", « Lénine »", ""Gorki"" – ""La révolution à contre-temps") livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’information. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

      https://www.arte.tv/fr/videos/082189-004-A/le-temps-des-ouvriers-4-4

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