M. Moritz Erhardt, stagiaire de la banque d’investissement Merrill Lynch, propriété de Bank of America, a été retrouvé mort dans son appartement londonien. Le surmenage du jeune homme, après huit nuits blanches en deux semaines, pourrait avoir provoqué son décès. En 2002, dans un article sur la « religion » du #travail aux Etats-Unis, Ibrahim Warde évoquait une précédente innovation de la banque, qui suggérait à ses employés d’« adopter » un distributeur à billets.
Slavery in the City, The Independent (20/08/13)
▻http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/slavery-in-the-city-death-of-21yearold-intern-moritz-erhardt-at-merri
▻http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/20/un-stagiaire-de-bank-of-america-mort-d-epuisement_3464062_3234.html
Surexploitation joyeuse aux Etats-unis, par Ibrahim Warde (#2002/03)
▻http://www.monde-diplomatique.fr/2002/03/WARDE/16195
Jusqu’à la fin de l’année 2000, l’euphorie boursière a poussé les #entreprises à rivaliser d’ingéniosité pour conjuguer baisse des coûts, « responsabilisation » et épanouissement des « associés ». L’une des innovations sociales les plus hardies eut lieu à la #Bank_of_America. En décembre 1999, après avoir annoncé qu’il y aurait quelque dix mille suppressions d’emplois dans les mois à venir, la banque adressa à ses employés une brochure leur suggérant d’« adopter » un distributeur à billets (automated teller machines ou ATM). A titre volontaire, en dehors des heures de travail et à leurs propres frais, les employés étaient invités à choisir le distributeur, en zone urbaine ou rurale, dont ils assureraient l’entretien hebdomadaire... Une brochure expliquait comment « maintenir votre ATM sur la voie du succès ». Il fallait par exemple « ramasser les ordures », « remplacer les ampoules » et « débroussailler les arbustes ». Le programme portait toutes les marques de ces initiatives win-win (tout le monde sort gagnant), propres à la nouvelle économie. Il devait en effet permettre aux clients de bénéficier de distributeurs rutilants, aux employés d’accomplir leur tâche avec amour et fierté (et hors de toute préoccupation mercantile), et aux actionnaires de s’enrichir.