#385-172ka

  • La culture du Paléolithique moyen ancien en Inde autour de 385-172 ka redéfinit les modèles de migrations dit « Out of Africa ».
    Early Middle Palaeolithic culture in India around 385–172 ka reframes Out of Africa models | Nature
    https://www.nature.com/articles/nature25444

    La découverte, présentée dans la revue Nature, jeudi 1er février, par une équipe indo-française, repose la question épineuse de l’origine de ce type d’innovation technique.

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/01/31/des-outils-sophistiques-vieux-de-385-000-ans-decouverts-en-inde_5250039_1650

    Que dit l’article ?

    La datation par luminescence sur le site préhistorique stratifié de Attirampakkam en Inde a montré que les processus étudiés montrent la fin de la culture acheuléenne et l’émergence de la culture du paléolithique moyen vers 385 ± 64 ka, soit beaucoup plus tôt que prévu pour l’Asie du Sud.
    Le paléolithique moyen s’est poursuivi à Attirampakkam jusque vers 172 ± 41 ka.

    Notes : la chronologie des technologies du Paléolithique moyen dans les régions éloignées d’Afrique et d’Europe sont cruciales pour :
    1/ tester les théories sur la origines et l’évolution précoce de ces cultures
    2/ comprendre leur association avec les humains modernes ou homininés archaïques
    3/ comprendre leur liens avec les cultures acheuléennes précédentes et la propagation de la technique Levallois.

    La situation géographique de l’Inde et de ses riches archives du Paléolithique moyen sont idéales pour traiter ces problèmes. Cependant, les progrès dans les connaissances ont été limités par la rareté des sites et des fossiles homininés ainsi que par les contraintes géochronologique.

    Qu’a-t-on relevé à Attirampakkam ? Une désaffection progressive pour les bifaces, une prédominance des petits outils, l’apparition de flocons Levallois distinctifs et diversifiés... Tout cela souligne de façon notable qu’on s’éloigne des technologies précoces acheuléennes à grandes flocons.
    Ces résultats montre qu’un changement de comportement s’est produit en Inde vers 385 ± 64 ka, contemporain avec des processus similaires enregistrés en Afrique et L’Europe.

    Ainsi, cela suggère donc qu’il y a eu des interactions complexes entre un développement local et des transformations globales en cours. Toutes ces observations appelleraient donc une reformulation des modèles qui font débuter les origines de la culture indienne du Paléolithique moyen au moment de la dispersions des hommes modernes vers 125 ka même si

    Yanni Gunnell et ses collègues ne vont pas jusqu’à écrire qu’Homo sapiens était le fabricant des Levallois d’Attirampakkam. « Cela relèverait plus du sentiment que de la preuve », admet-il.

    Quelques éléments en faveur de la diffusion d’une telle invention, au gré des déplacements des populations humaines :

    Les fourchettes très larges des datations pourraient rendre un tel scénario envisageable : si l’on prend la marge haute de la datation des fossiles marocains (315 000 ans + 34 000 ans) et la plage basse pour le site indien (385 000 ans – 64 000 ans), les incompatibilités temporelles s’effacent.

    Sachant qu’à la même époque, on a enregistré un épisode de « Sahara vert », le tableau se complète : « Les chasseurs-cueilleurs auraient ainsi rencontré entre l’Afrique et l’Asie du Sud un continuum d’écosystèmes de steppe et de savane sans interruption majeure par une barrière désertique, favorable à la dispersion des faunes cynégétiques avec lesquelles ils ont co-évolué

    Yanni Gunnell (dans le communiqué de presse qui accompagne la publication dans Nature).

    Maintenant, qu’en disent les contradicteurs ?

    Une technologie comme le débitage Levallois [a pu être] « inventée » de façon indépendante dans diverses régions du monde, par des espèces tout aussi diverses. « Cette hypothèse de la convergence technologique correspond à l’opinion dominante

    Jean-Jacques Hublin (Collège de France, Institut Max-Planck, Leipzig)

    Les pierres taillées présentées « ne sont pas du Levallois ». [ Eric Boëda, spécialiste de la taille des outils lithiques (université Paris-X Nanterre) ] estime qu’elles correspondent à « une analogie non contrôlée » avec cette méthode de taille, à « un début de production normalisée, un débitage même pas suivi de façonnage, une simple recherche de tranchant ». Mais pas au fruit de l’anticipation subtile qui permet de débiter une série d’outils à partir d’un bloc initial.

    Mais , Vincent Mourre (Institut national des recherches archéologiques préventives), lui aussi spécialiste de la production des industries lithiques,

    estime que les doutes émis par Eric Boëda « ne sont pas justifiés » - même si la qualification de « laminaires » de certaines production « pourrait sans doute être tempérée ». La critique de son confrère « ne tient pas compte de la variabilité des méthodes Levallois dans le temps et dans l’espace ni de la nécessaire adaptation aux matières première locales, en l’occurrence, du quartzite ». Une des planches présentant des « nucléus », ces noyaux de pierre dont sont tirées les lames, lui semble « particulièrement convaincante ». « En l’absence de fossile humain ancien bien daté dans le sous-continent indien, les retombées immédiates sont peut-être un peu plus modestes que ce que laisse entendre le titre de l’article de Nature », tempère cependant le chercheur.

    Affaire à suivre...

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