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  • « Qu’avons-nous à gagner à envoyer ces migrants derrière les barreaux ? » - Journal Numérique - Articles locaux - www.lavoixdunord.fr
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    Dans le box, trois migrants érythréens. Deux hommes de 34 et 23 ans et, pour la première fois, une femme de 27 ans. Tous trois interpellés dans la nuit du 26 au 27 mars par la police aux frontières sur l’aire de Saint-Hilaire, sur l’A26. Un lieu privilégié pour les migrants implantés à Norrent-Fontes et qui rêvent d’Angleterre. Les policiers n’ont aucun doute : ces trois-là (plus un mineur, aussi interpellé et placé en foyer) ont aidé les migrants en ouvrant et en fermant les portes de camions, l’un d’eux était même le donneur d’ordre. Pourtant lui, Anday Hayle, a déjà été condamné en 2012 pour des faits similaires et sait qu’il risque gros. Mais comme les deux autres prévenus, il a nié être un passeur. Les trois ont répété « être là pour monter et partir ». Leur rêve ? L’Angleterre pour laquelle ils ont tout quitté à l’image de la jeune femme qui a laissé, en 2004, son enfant né un an plus tôt et qui a vu son mari être enrôlé dans l’armée et ne plus jamais avoir de nouvelles. Ou d’un des hommes qui a fui un régime qui l’a obligé à servir l’armée durant 8 ans. S’ils ne nient pas la présence de passeurs, ils ont réfuté toute participation dans le but d’obtenir un avantage quelconque.
    « Naufragés du Tiers-monde »

    Le procureur est conscient de leur situation : « Il est difficile de les juger parce qu’on n’ignore pas la situation en Érythrée, la guerre, la famine, l’un des pires régimes en matière de liberté de la presse, où l’enrôlement dans l’armée n’a pas de limite... ». S’il reconnaît que ce sont surtout « des naufragés du Tiers-monde », il répète qu’il y a « une organisation et une traite d’être humains organisée avec des passeurs qui en tirent profit. Il serait illusoire de penser que le camp de Norrent-Fontes est autogéré, sans passeurs ». Ces trois-là sont « au bas de l’échelle des passeurs, mais ils y contribuent ». Il a requis 8 mois de prison ferme pour le récidiviste, 4 mois pour les deux autres.

    Revenant à son tour sur la situation de ses clients forcés à l’exil pour fuir un pays qu’il qualifie de « Corée du Nord africaine », M e Dennetière a demandé aux juges de ne pas rester insensibles face à leur misère. Oui ils ont aidé d’autres migrants à monter dans les camions, comme d’autres les auraient aidés plus tard. Pour lui, « l’entraide sur le camp ne s’arrête pas en arrivant sur l’aire de Saint-Hilaire ». Regrettant qu’on ne voit jamais les passeurs qui sont à l’échelon juste au-dessus devant le tribunal de Béthune, il s’est adressé aux juges avant leur délibéré : « Qu’avons-nous à gagner à envoyer ces migrants derrière les barreaux ? ». Une plaidoirie entendue par les juges qui ont condamné Anday Hayle, récidiviste à 8 mois de prison ferme (la peine plancher a été écartée). O. M. et S. M. ont écopé d’une peine de six mois avec sursis. Eux ont pu quitter le tribunal avec la quinzaine de migrants présents dans la salle d’audience au côté de membres de l’association Terre d’errance.

    #migrations #Erythrée #Pas_de_Calais #A26