#abiy_ahmed

  • Lettre d’un Tigréen à son pays en guerre

    Alors que la guerre se poursuit au Tigré, ce professeur d’université, originaire de la région, explique comment les divisions ethniques ont eu raison de son sentiment d’appartenance nationale.

    Dans les années 1980, quand j’étais enfant, à Asmara, ville alors éthiopienne [et actuelle capitale de l’Eythrée voisine], mes parents me demandaient souvent ce que je voudrais faire quand je serais grand. Invariablement, je leur répondais que je voulais être pilote de chasse ou général de l’armée de terre. La raison était simple : mon père était soldat dans l’armée éthiopienne sous le régime du Derg [régime socialiste autoritaire à la tête de l’Ethiopie à partir de 1974] et, moi aussi, je voulais tuer les « ennemis » de la nation.

    J’avais grandi en temps de guerre, le bruit des roquettes et des balles constituait la bande-son de ma vie et les médias d’Etat fournissaient le scénario. On m’a appris à voir le conflit de façon manichéenne, avec d’un côté les bons Ethiopiens patriotes et de l’autre les rebelles haineux. En 1991, dans les derniers jours du régime sanglant du Derg, je me revois en train de pleurer, tout en brandissant notre drapeau vert, jaune et rouge.

    Ce que je ne savais pas, c’est que parmi les « ennemis » combattus par mon père, il y avait des cousins à lui et les enfants de nos voisins. La #guerre_civile a rompu les liens sociaux et culturels qu’avaient tissés de nombreux groupes ethniques, dressant souvent les membres de mêmes familles les uns contre les autres. Mon père, de la région du Tigré, avait combattu des membres de sa propre ethnie appartenant au #Front_de_libération_du_peuple_du_Tigré (#TPLF). Pour ma famille, il ne faisait pas bon être à la fois tigréen et éthiopien. Parmi les partisans du régime du #Derg, on se méfiait de nous en raison de notre appartenance ethnique : on nous soupçonnait d’être des agents du TPLF. Parmi les Tigréens, nous étions perçus comme ayant trahi notre peuple en prenant parti pour le gouvernement. Comme des milliers d’autres familles, nous essuyions des insultes de différents camps.

    En 1991, le régime répressif du Derg a été vaincu et le TPLF a pris la tête de l’Ethiopie. Ma famille a quitté Asmara pour Addis Abeba [la capitale éthiopienne], où nous avons vécu dans un camp de réfugiés pendant dix ans.

    Durant les vingt-sept années qui ont suivi, la coalition menée par le TPLF a gouverné le pays. Elle a mis en oeuvre une sorte de #fédéralisme_ethnique qui a favorisé la #conscience_ethnique, au détriment de l’#identité panéthiopienne. Toutefois, avec le temps, la #résistance populaire à la domination tigréenne et à ses pratiques non démocratiques a fait tomber le régime, à la suite de manifestations monstres. En 2018, la coalition au pouvoir a choisi un nouveau dirigeant. #Abiy_Ahmed a promis lors de son investiture de promouvoir la paix, l’espoir et l’unité. Cela n’a pas duré longtemps. Le 4 novembre 2020, Abiy déclarait la guerre au Tigré.

    Le conflit a fait naître une conscience nouvelle de ce que signifie être Tigréen dans la société éthiopienne au sens large. Le gouvernement qualifie sa propre action d’" #opération_de_police " , et non de guerre contre le peuple du Tigré. Pourtant, c’est ainsi que la vivent beaucoup de gens. De nombreux Tigréens soutiennent le TPLF. En outre, dans le cadre de l’actuelle « opération de police » destinée à capturer les principaux dirigeants du parti, des milliers de citoyens lambda ont été tués ou déplacés. Entre-temps, de nombreux « non-Tigréens » ont salué la prise de #Mekele, la capitale du Tigré, et ont gardé le silence quand le gouvernement a empêché des convois d’aide de parvenir à leurs compatriotes. Le #fichage_ethnique et le #harcèlement des Tigréens s’accentuent.

    Devant l’émergence d’une #crise_humanitaire qui touche les Tigréens ordinaires, la volonté délibérée du gouvernement de refuser l’envoi d’aide, le #silence et le soutien de la majorité des Ethiopiens, sapent mon sentiment d’appartenance à l’Ethiopie. Pour moi, l’un des pires aspects de cette situation est que mon père, qui a toujours été fier d’être éthiopien, a une fois de plus été condamné à la souffrance et à l’isolement. Personnellement, il me paraît impossible d’être à la fois tigréen et éthiopien dans le contexte actuel. Le lien que je gardais avec l’Ethiopie semble définitivement rompu.

    https://www.courrierinternational.com/article/recit-lettre-dun-tigreen-son-pays-en-guerre

    #Tigré #guerre #lettre #Soudan

  • En Ethiopie, la France partagée entre business et défense des droits humains

    Pillages, possibles crimes de #guerre, destructions de sites historiques : les témoignages en provenance du #Tigré, province en guerre depuis le 4 novembre, sont très inquiétants. La France reste pourtant discrète, et espère préserver ses chances sur un marché prometteur.

    L’ambassadeur a un échange « constructif » avec le ministre de l’éducation, l’ambassadeur a un échange « productif » avec le conseiller spécial du premier ministre sur les questions économiques, l’ambassadeur est « très honoré » de recevoir le ministre de l’énergie pour évoquer la participation française à plusieurs grands projets… Sur les réseaux sociaux de l’ambassade de France à Addis-Abeba, c’est #business_as_usual.

    Pour qui suit au quotidien le calvaire des habitants du Tigré – région où l’armée éthiopienne et ses alliés sont en guerre depuis le 4 novembre –, les photos de ces rencontres policées dans la capitale, où l’on discute #qaffaires, lovés dans de confortables canapés, semblent prises dans un monde parallèle.

    Loin, très loin, d’un Tigré littéralement à feu et à sang, où plus de deux millions de personnes ont dû fuir leur habitation, où l’on manque d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments, où il est probable que la famine soit utilisée comme arme de guerre par les belligérants et où les humanitaires peinent toujours à accéder alors que 2,3 millions de personnes auraient besoin d’aide, selon les évaluations des ONG.

    Les affrontements y opposent le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) à l’armée fédérale éthiopienne, soutenue par des milices nationalistes amhara et des troupes érythréennes.

    « Nous recevons des rapports concordants à propos de violences ciblant certains groupes ethniques, d’assassinats, de pillages massifs, de viols, de retours forcés de réfugiés et de possibles crimes de guerre », a indiqué le 15 janvier le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, qui a annoncé par la même occasion la suspension de 88 millions d’euros d’aide destinée au gouvernement éthiopien.

    Dès le 13 novembre, la haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet évoquait elle aussi de possibles crimes de guerre et appelait à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour le vérifier. À la veille de sa prise de fonction, le nouveau secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est lui aussi inquiété publiquement de la situation.

    Une voix manque cependant à ce concert d’alertes : celle de la France. Le Quai d’Orsay n’a produit qu’un seul communiqué concernant le Tigré, le 23 novembre 2020. Il tient en quatre phrases convenues sur la dégradation de la situation humanitaire et la condamnation des « violences à caractère ethnique ». Exploit diplomatique, le mot « guerre » n’y apparaît pas ; celui de « crimes de guerre » encore moins. Il ne comporte ni interpellation des belligérants – qui ne sont d’ailleurs même pas cités –, ni appel à une enquête indépendante sur d’éventuelles violations des droits humains. Les mêmes éléments de langage étaient repris trois jours plus tard à l’occasion de la visite en France du ministre des affaires étrangères éthiopien Demeke Mekonnen.

    « Gênant, au minimum »

    Cette étrange pudeur française commence à interroger, voire à agacer certains alliés européens ainsi que nombre de chercheurs spécialisés sur l’Éthiopie – qui s’emploient, depuis deux mois et demi, à récolter les bribes d’informations qui parviennent du Tigré malgré la coupure des communications par les autorités.

    « J’ai des échanges réguliers avec l’#ambassade_de_France à Addis-Abeba depuis novembre. Je les ai questionnés sur leur position vis-à-vis du gouvernement éthiopien, et je les ai sentis très embarrassés », raconte le chercheur indépendant René Lefort, pour qui la #complaisance française vis-à-vis du gouvernement d’Abiy Ahmed Ali est incompréhensible : « Je crois qu’ils ne comprennent pas ce qu’est ce pays et ce qui s’y passe. »

    Au-delà des questions morales posées par le fait d’apporter un soutien tacite à un gouvernement qui a couvert ou laissé faire des violations des droits humains au Tigré, le soutien à #Abiy_Ahmed est une erreur d’analyse politique selon René Lefort : « Les Français parient tout sur lui, alors que son autorité personnelle est faible et que sa ligne politique n’est soutenue que par une minorité d’Éthiopiens. »

    La réserve française est en tout cas interprétée par l’armée fédérale éthiopienne et ses alliés comme un soutien de Paris. Le sociologue Mehdi Labzae était au Tigré, dans la région d’Humera, jusqu’à la mi-décembre : « Dans les zones conquises par les nationalistes amhara, se présenter comme Français facilite les relations avec les combattants, qui considèrent le gouvernement français comme un allié. Les déclarations françaises, ou leur absence, laissent penser que la réciproque est vraie », relève le chercheur, post-doctorant à la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH). « Avec un ambassadeur à Addis qui fait comme si de rien n’était… Je trouve cela gênant, au minimum. »

    Selon une source diplomatique étrangère, la France ne se contente pas de rester discrète sur la situation au Tigré ; elle freine également les velléités des membres de l’Union européenne qui voudraient dénoncer plus ouvertement l’attitude des autorités éthiopiennes et de leurs alliés érythréens. Une attitude « parfois frustrante », déplore cette source.

    Interrogée par Mediapart sur cette « frustration » de certains alliés européens, l’ambassade de France à Addis-Abeba nous a renvoyé vers le Quai d’Orsay, qui n’a pas répondu sur ce point (voir boîte noire).

    Refus de répondre sur la création d’une commission d’enquête

    À ses partenaires européens, mais aussi aux chercheurs et humanitaires avec qui ils échangent, les services diplomatiques français expliquent que les accusations d’exactions visant l’armée éthiopienne et ses alliés ne « sont pas confirmées ». Il en va de même concernant la présence de troupes érythréennes sur place – cette présence a pourtant été confirmée à la fois par les autorités de transition du Tigré et par un général de l’armée éthiopienne.

    Une position difficilement tenable. D’abord parce que le gouvernement éthiopien empêche, en bloquant les communications avec le Tigré et en limitant l’accès des humanitaires, la récolte de telles preuves. Ensuite parce que, malgré ce blocus, les faisceaux d’indices s’accumulent : « Nous avons des informations qui nous viennent des ONG, d’équipes des Nations unies qui parlent off the record, de citoyens européens qui se trouvent toujours au Tigré ; nous avons aussi des listes de victimes, et de plus en plus de photos et vidéos », autant d’informations auxquelles l’ambassade de France a eu accès, explique un diplomate en poste à Addis-Abeba.

    La position française est difficilement tenable, enfin, parce que si elle tenait tant aux faits, la France ne se contenterait pas de refuser de condamner les crimes tant qu’ils ne sont pas « confirmés » : elle plaiderait pour la création d’une commission d’enquête indépendante qui permettrait, enfin, de les établir et de pointer les responsabilités respectives du TPLF, de l’armée éthiopienne et de ses alliés.

    Paris est dans une position idéale pour le faire, puisque la France vient d’être élue pour siéger au Conseil des droits de l’homme des Nations unies durant trois ans. Elle pourrait donc, aux côtés d’autres États membres, demander une session extraordinaire du Conseil sur l’Éthiopie (l’accord d’un tiers des 47 États qui composent le Conseil est nécessaire) qui déciderait de la création d’une commission d’enquête sur le Tigré.

    Or, interrogé par Mediapart sur son soutien à la création d’une telle commission, le Quai d’Orsay n’a pas souhaité répondre (voir boîte noire). Il assure avoir « appelé à plusieurs reprises les autorités éthiopiennes à faire la lumière sur les allégations de crimes et autres violations des droits de l’homme », sans toutefois préciser par quel canal.

    Hypothétique médiation

    Lors d’entrevues en privé, des diplomates de l’ambassade et du Quai d’Orsay assurent que cette absence de #dénonciation publique est volontaire et stratégique. Elle viserait à ne pas froisser le gouvernement éthiopien publiquement afin de « maintenir un canal de communication » pour mieux le convaincre en privé et, éventuellement, jouer un rôle de médiateur pour trouver une issue au conflit.

    « Des diplomates français m’ont dit, en résumé : “On reste discrets parce que si un jour il y a une #médiation à faire, le gouvernement pourrait se tourner vers nous” », indique René Lefort. Une analyse « totalement erronée », selon le chercheur : « Non seulement [le premier ministre] Abiy Ahmed Ali ne veut absolument pas d’une médiation, mais surtout, même s’il en acceptait le principe, je ne vois pas pourquoi il irait chercher la France plutôt que les États-Unis, l’Union européenne ou encore l’ONU. » Accessoirement, même si le gouvernement éthiopien souhaitait que la France soit médiatrice, il n’est pas dit que son principal adversaire, le TPLF, accepte le principe d’une médiation par un État qui a passé les derniers mois à multiplier les signes d’amitié envers Addis-Abeba et pourrait donc difficilement prétendre à la neutralité.

    Un (quasi-) #silence public pour mieux faire avancer les dossiers en privé : l’hypothèse est également avancée par l’ancien ambassadeur français en Éthiopie Stéphane Gompertz. « Il est possible que nous privilégions l’action en coulisses, qui peut être parfois plus efficace que de grandes déclarations. C’est d’ailleurs généralement l’option privilégiée par la #diplomatie française. » À l’appui de cette idée, l’ancien ambassadeur – qui fut aussi directeur Afrique au Quai d’Orsay – évoque des tractations discrètes mais couronnées de succès menées en 2005 afin de faire libérer des figures d’opposition.

    Si telle est la stratégie française actuellement, ses résultats sont pour l’instant peu concrets. Le quasi-silence français semble en réalité avoir d’autres explications : ne pas gâcher l’#amitié entre Emmanuel Macron et le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali et, surtout, ne pas compromettre les #intérêts_commerciaux français dans un pays vu comme économiquement prometteur et politiquement stratégique.

    Lune de miel

    Lors de sa nomination en 2018, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali fait figure d’homme de paix et de chantre de la démocratie. Ses efforts de réconciliation avec l’Érythrée voisine lui valent le prix Nobel de la paix ; ses réformes sur la liberté de la presse ou la libération de prisonniers politiques lui attirent l’estime de nombreux chefs d’État étrangers.

    Est-ce une affaire de style ? Le fait qu’ils soient tous les deux jeunes, étiquetés comme libéraux, revendiquant une certaine manière de casser les codes ? Emmanuel Macron et Abiy Ahmed semblent en tout cas particulièrement s’apprécier. L’anecdote veut que lors d’une visite de #Macron à Addis-Abeba en 2019, Abiy Ahmed ait tenu à conduire lui-même la voiture amenant le président français à un dîner officiel.

    Lorsque le premier ministre éthiopien a pris ses fonctions, « les Allemands, les Français, l’UE, tout le monde a mis le paquet sur les aides, tout le monde s’est aligné sur lui. Sauf que, le temps passant, le malaise a grandi et la lune de miel a tourné au vinaigre, analyse une source dans les milieux économiques à Addis-Abeba. Les autres États ont rapidement déchanté. Pas les Français, pour qui la lune de miel a continué. »

    De fait, la transformation du Prix Nobel en chef de guerre ne semble pas avoir altéré sa belle entente avec le président français. Deux semaines après le début des hostilités au Tigré, et alors qu’Abiy Ahmed s’apprêtait à lancer un assaut « sans pitié » sur la ville de Mekele et ses 400 000 habitants, #Emmanuel_Macron qualifiait le premier ministre éthiopien de « role model ». Quelques semaines plus tard, toujours engagé dans ce conflit, Abiy Ahmed Ali trouvait le temps de souhaiter un prompt rétablissement à son « bon ami » Macron, atteint du Covid.

    Pour cette source, le facteur économique et commercial est essentiel : « Les Français sont restés très positifs parce qu’ils se positionnent clairement sur le secteur économique en Éthiopie : ils n’ont pas d’intérêt politique fort, ça n’est pas leur zone d’influence. Mais les #intérêts_économiques, eux, sont importants et sont grandissants. C’est potentiellement un #marché énorme. »

    Marché jugé prometteur

    Pour le conquérir, Paris a employé les grands moyens. En mars 2019, Emmanuel Macron s’est rendu en Éthiopie avec le ministère des affaires étrangères #Jean-Yves_le_Drian et sept patrons français pour y signer une flopée d’#accords visant à « promouvoir l’#attractivité de l’Éthiopie auprès des #investisseurs_français ».

    Les entreprises françaises intéressées par ce marché en voie de #libéralisation ne sont pas des moindres : #Orange (qui compte bien profiter de la privatisation de la compagnie nationale #Ethio_Telecom), le groupe #Castel (qui à travers sa filiale #BGI détient déjà 55 % des parts du marché de la #bière), #Bollore_Logistics ou encore #Canal+, qui compte développer une offre de #télévision locale.

    Les #intérêts_commerciaux français sont nombreux et variés. La #modernisation du #réseau_électrique éthiopien ? #Alstom (36 millions d’euros en 2011). La fabrication des #turbines de l’immense #barrage_hydroélectrique de la Renaissance ? Alstom encore (250 millions d’euros en 2013), qui désormais lorgne sur des projets ferroviaires. Le #bus « à haut niveau de service » qui desservira la capitale éthiopienne ? Les Français de #Razel-Bec (la filiale travaux publics du groupe #Fayat), qui ont remporté le marché en 2020.

    Peu après sa prise de poste, en octobre, l’ambassadeur français #Rémi_Maréchaux se félicitait : « Le nombre d’#entreprises_françaises en Éthiopie a doublé en cinq ans. Nous sommes prêts à travailler ensemble pour davantage d’investissements français. »

    #Contrats_militaires

    Dernier domaine stratégique pour les Français : la #coopération_militaire et les ventes d’#armes. Le dossier était en haut de la pile lors de la visite d’Emmanuel Macron en 2019. La ministre #Florence_Parly, qui était également du voyage, a signé un #accord_de_défense avec son homologue éthiopienne ainsi qu’une lettre d’intention « pour la mise en place d’une composante navale éthiopienne avec l’accompagnement de la France ».

    Une aubaine pour les fabricants d’armes et d’#équipements_militaires français, qui n’ont pas tardé, selon la presse spécialisée, à se manifester pour décrocher des contrats. Parmi eux, #Airbus, qui aimerait vendre des #hélicoptères de combat à l’Éthiopie. Le groupe a pu compter pour défendre ses intérêts sur l’attaché de défense de l’ambassade française à Addis-Abeba (jusque septembre 2020) #Stéphane_Richou, lui-même ancien commandant d’un régiment d’hélicoptères de combat.

    L’#armée de l’air éthiopienne a validé l’offre d’Airbus pour l’acquisition de 18 #hélicoptères_militaires et deux avions-cargos en octobre 2020, mais cherchait toujours des financements. Le déclenchement de la guerre au Tigré – où ces hélicoptères pourraient être utilisés – a-t-il conduit Airbus ainsi que le ministère des armées à reporter, voire annuler cette vente ?

    Ni Airbus ni le ministère n’ont souhaité nous répondre à ce sujet.

    Les affaires se poursuivent en tout cas entre la filiale civile d’Airbus et le gouvernement éthiopien : le 9 novembre, #Ethiopian_Airlines réceptionnait deux Airbus A350-900 pour sa flotte. Le 20 novembre encore, l’ambassadeur français à Addis-Abeba se félicitait d’une rencontre avec le PDG de la compagnie aérienne éthiopienne et ajoutait « Airbus » en hashtag.

    https://twitter.com/RemiMarechaux/status/1329829800031252481

    Quant à la coopération militaire France-Éthiopie, elle semble se poursuivre normalement si l’on en juge cette offre d’emploi de professeur de français à destination de militaires et policiers éthiopiens émise en décembre par la Direction de la coopération de sécurité et de défense du Quai d’Orsay (un contrat d’un an à pourvoir au 1er octobre 2021).

    Interrogé le 19 janvier sur le projet de création d’une #marine_éthiopienne, sur d’éventuelles livraisons d’armes récentes à l’Éthiopie et, plus généralement, sur la coopération militaire avec l’Éthiopie et le fait de savoir si l’évolution de la situation au Tigré était susceptible de la remettre en question, le ministère des armées a fait savoir 48 heures plus tard qu’il ne pourrait pas répondre « étant donné [les] délais ». Mediapart a proposé au ministère de lui accorder un délai supplémentaire pour fournir ses réponses. Le ministère n’a plus donné suite.

    Trop tard ?

    Le ministère des affaires étrangères, lui, n’a répondu à aucune des cinq questions précises que lui avait soumises Mediapart sur la présence de troupes érythréennes, les possibles crimes de guerres commis au Tigré et la coopération militaire avec l’Éthiopie notamment (voir boîte noire).

    Sa réponse condamne toutefois en des termes plus précis que par le passé les exactions commises au Tigré. La France est « profondément préoccupée » par la situation humanitaire sur place, « ainsi que par les allégations de violations des droits de l’homme », indique le Quai d’Orsay, avant d’appeler à la cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire par « toutes les parties au conflit ». Mais est-ce suffisant, et surtout n’est-ce pas trop tard ?

    Les dernières informations en provenance du Tigré évoquent des massacres qui auraient fait plusieurs centaines de morts. Plusieurs vidéos portent sur de possibles tueries dans la ville et l’église d’Aksoum, de la fin novembre à début décembre. Selon l’organisation belge Europe External Programme with Africa (EEPA) ainsi qu’un témoin interrogé par Le Monde, les troupes érythréennes y auraient tué plus de 750 personnes. Dans une interview mise en ligne le 17 janvier, une femme qui se dit témoin direct de ces tueries explique en amharique que « la ville entière, du dépôt de bus au parc, était recouverte de corps ».

    Les attaques et destructions concernent également des sites historiques inestimables ou jugés sacrés. La mosquée de Negash (site d’établissement des premiers musulmans éthiopiens, du temps du prophète Mahomet), datant du VIIe siècle, a été partiellement détruite et pillée. Le plus vieux monastère d’Éthiopie, le monastère orthodoxe de Debre Damo (VIe siècle), a également été attaqué.

    Enfin, Mediapart a pu consulter un témoignage de première main concernant un massacre commis dans l’église Maryam Dengelat – creusée dans la roche entre le VIe et le XIVe siècle par les premiers chrétiens d’Éthiopie –, qui estime que 80 personnes ont été tuées par l’armée érythréenne, parmi lesquelles des prêtres, des personnes âgées et des enfants. Ce témoignage fournit une liste comportant les noms de 35 victimes.

    « Si ces informations étaient confirmées, cela commencerait à ressembler à une stratégie d’anéantissement, non seulement du TPLF, mais du Tigré en tant qu’identité historique et territoriale », commente le chercheur Éloi Ficquet, de l’EHESS.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210121/en-ethiopie-la-france-partagee-entre-business-et-defense-des-droits-humain
    #Ethiopie #France #armement #commerce_d'armes #vente_d'armes

  • Das Regime in Eritrea ist so repressiv wie vor dem Friedensschluss mit Äthiopien

    Das Land am Horn von Afrika hat mit seinem Nachbarn Äthiopien nach Jahrzehnten Frieden geschlossen. Doch punkto Menschenrechte bleibt es ein repressiver Staat, wie die Uno nun analysiert hat. Und es sieht nicht so aus, als würde sich das bald ändern.

    Die Menschenrechtslage in Eritrea ist auch nach dem letztjährigen Friedensschluss mit dem Nachbarstaat Äthiopien äusserst besorgniserregend. Zu diesem Schluss kommt das Uno-Hochkommissariat für Menschenrechte. «Im vergangenen Jahr haben wir in Bezug auf die Einhaltung der Menschenrechte keine Verbesserung feststellen können», sagte Kate Gilmore, stellvertretende Uno-Menschenrechtskommissarin, letzte Woche im Menschenrechtsrat in Genf.
    «Heute so repressiv wie vor dem Friedensschluss mit Äthiopien»

    Die dringend nötige Reform des unbefristeten Nationaldienstes, zu dem alle Eritreer verpflichtet sind, sei ausgeblieben. Noch immer komme es in dessen Rahmen regelmässig zu sexueller Gewalt, Folter und Zwangsarbeit, so Gilmore. Daniela Kravetz, die Uno-Sonderberichterstatterin für Eritrea, wies zudem auf die inakzeptablen Bedingungen für Gefangene hin. Weiterhin würden Eritreer ohne Begründung und ohne Prozess während Jahren eingesperrt; Angehörige würden über den Aufenthaltsort und den Zustand der Inhaftierten oft nicht informiert. Noch immer fehle dem Land zudem ein institutioneller Rahmen, um diese Probleme überhaupt anzugehen: «Es gibt keine Verfassung, kein nationales Parlament, keine unabhängige Justiz, keine Gewaltenteilung», so Kravetz.

    Auch für Vanessa Tsehaye, die Gründerin einer NGO, hatte das Tauwetter am Horn von Afrika bisher keine Auswirkungen auf die Menschenrechtslage in Eritrea. «Das Regime ist heute so repressiv wie vor dem Friedensschluss mit Äthiopien», sagte Tsehaye vor dem Menschenrechtsrat.

    Gilmore forderte Eritrea dazu auf, die überfälligen Reformen rasch in Angriff zu nehmen. Das Argument, der unbefristete Nationaldienst müsse aufgrund des Konflikts mit Äthiopien beibehalten werden, gelte nun nicht mehr. «Der Frieden mit Äthiopien liefert jene Sicherheit, die die eritreische Regierung immer als Voraussetzung angab, um den Nationaldienst einzustellen und den Fokus von der Sicherheit auf die Entwicklung zu verlagern.» Sollte es diesbezüglich keine Fortschritte geben, sei ein Ende des Flüchtlingsstroms aus Eritrea nicht abzusehen, so die stellvertretende Uno-Menschenrechtskommissarin.

    Tesfamicael Gerahtu, der Vertreter Asmaras, ging auf die geäusserte Kritik kaum ein. «Die Erwartung gewisser Kritiker, dass sich Dinge über Nacht ändern, ist unrealistisch», sagte er. Es sei falsch, den Nationaldienst als «moderne Sklaverei» zu bezeichnen. Vielmehr solle die internationale Gemeinschaft anerkennen, dass dieser das «nationale Überleben in einer Zeit von Feindseligkeit» sichergestellt habe. Es sei, fügte Gerahtu hinzu, nicht angezeigt, die eritreische Regierung zu harsch zu kritisieren: «Es wäre kontraproduktiv, Druck auf Eritrea auszuüben.»
    Unerfüllte Hoffnungen

    Äthiopien und Eritrea hatten im vergangenen Jahr nach fast zwei Jahrzehnten Frieden geschlossen. In der Folge keimte die Hoffnung, dass sich die Menschenrechtslage in Eritrea verbessern würde. Letzten Herbst ist Eritrea zudem dem Uno-Menschenrechtsrat beigetreten.

    Schon im Januar hat die Uno indes darauf hingewiesen, dass wesentliche Fortschritte im Menschenrechtsbereich bis dato ausgeblieben sind. Weiterhin verwehrt Asmara zudem der Uno-Sonderberichterstatterin Kravetz die Einreise ins Land.

    https://www.nzz.ch/information/adblocker-fuer-nzz-abschalten-ld.10501

    #COI #Erythrée #asile #migrations #réfugiés #répression #paix (well...) #Ethiopie #processus_de_paix

    • Amid border wrangles, Eritreans wrestle with staying or going

      An unexpected rapprochement last year between Ethiopia and Eritrea, and the subsequent opening of the border, seemed to offer hope of a more lenient approach toward freedom of movement by the repressive Eritrean government.

      https://www.thenewhumanitarian.org/feature/2019/04/30/amid-border-wrangles-eritreans-wrestle-staying-or-going
      #frontières #ouverture_des_frontières #frontières_ouvertes

    • Why are Eritreans fleeing their country?

      Eritrea has accused the UN’s refugee agency of forcibly relocating some of its citizens stranded in Libya to Niger.

      In the past decade, thousands of Eritreans looking to improve their lives in Europe have become stranded in Libya.

      Detained during their illegal transit or rescued from drowning in the Mediterranean, refugees are sent to detention centres.

      But the battle for control of the capital Tripoli has left them exposed to the dangers of war with some going days without food.

      The United Nations High Commissioner for Refugees has intervened and relocated migrants to safer areas, while sending some to other countries.

      Among them, a group of 159 Eritrean nationals were sent to Niger before being relocated to a third country.

      And that hasn’t gone down well with Eritrea’s government.

      But what would happen if those Eritreans went back home?

      And is the country’s unlimited national service, a reason why many fled?

      Presenter: Richelle Carey

      Guests:

      #Suleiman_Hussein - Chairperson of Citizens for Democratic Rights in Eritrea

      #Fisseha_Teklae - Researcher for the Horn of Africa for Amnesty International

      Marie-Roger Biloa - Chief executive officer of MRB Networks

      https://www.aljazeera.com/programmes/insidestory/2019/05/eritereans-fleeing-country-190506193053215.html

    • "Für die Menschen in Eritrea hat sich nichts geändert"

      Eritrea geht harsch gegen die katholische Minderheit vor - vermutlich weil Bischöfe demokratische Reformen gefordert hatten. Im Gespräch zeigt sich der eritreische Priester Mussie Zerai besorgt über die Lage in seiner Heimat.

      Seit Jahren gehört Eritrea weltweit zu den Ländern, aus denen die meisten Menschen flüchten: Allein im Jahr 2018 stellten laut Uno-Flüchtlingswerk UNHCR 42.000 Eritreer Asylanträge. Das kleine Land am Horn von Afrika gilt als repressive Diktatur und wird seit seiner Unabhängigkeit 1993 in Alleinherrschaft von Präsident Isayas Afewerki regiert. Der Uno-Menschenrechtsrat wirft dem Regime regelmäßig schwere Menschenrechtsverletzungen vor.

      Vor einem Jahr schloss Eritrea ein historisches Friedensabkommen mit dem Nachbarland Äthiopien, viele hofften danach auf Reformen. Im Interview mit SPIEGEL ONLINE spricht der eritreische Priester Mussie Zerai darüber, warum sich für die Menschen in seiner Heimat trotzdem nichts verändert hat.

      SPIEGEL ONLINE: Herr Mussie Zerai, die eritreische Regierung hat vergangenen Monat alle 21 katholischen Krankenhäuser im Land schließen lassen. Warum?

      Mussie Zerai: Das Regime in Eritrea bezeichnet sich selbst als kommunistisch und lehnt Religionen grundsätzlich ab. Nur der Staat soll die Autorität über alle Bereiche der Gesellschaft haben. Zwar wird die katholische Kirche geduldet, aber besonders wenn sie anfängt, sich sozial zu engagieren und Freiheitsrechte einzufordern, ist das dem Regime ein Dorn im Auge.

      SPIEGEL ONLINE: Was haben die Kirchen denn konkret getan?

      Zerai: Die katholischen Bischöfe in Eritrea haben an Ostern einen offenen Brief veröffentlicht, in dem sie Gewalt und Ungerechtigkeit im Land beschreiben und Reformen einfordern. Eigentlich müssen alle Publikationen in Eritrea von der staatlichen Zensurkommission freigegeben werden. Die Bischöfe haben sich dem aber widersetzt und den Brief einfach per E-Mail und über soziale Netzwerke verbreitet. Das hat den Präsidenten sehr verärgert. Die Schließung der Krankenhäuser war die Rache dafür.

      SPIEGEL ONLINE: Nur etwa fünf Prozent der Menschen in Eritrea sind katholisch. Wieso hat die Regierung Angst vor der Kirche?

      Zerai: Die katholische Kirche ist weltweit vernetzt und hat Beziehungen, die bis nach Rom reichen. Vor diesem internationalen Einfluss hat der Diktator in Eritrea Angst. Außerdem fürchtet er, zu wenig Kontrolle über die Kirche zu haben, weil sie viele soziale Einrichtungen im Land betreibt: Krankenhäuser und Schulen zum Beispiel. Deshalb sind Christen immer wieder Repressionen ausgesetzt. Leute werden verhaftet, nur weil sie öffentlich beten oder zum Gottesdienst gehen. Das Oberhaupt der orthodoxen Kirche in Eritrea, Abune Antonios, steht seit 14 Jahren unter Hausarrest.

      SPIEGEL ONLINE: Vor einem Jahr haben Eritrea und Äthiopien nach Jahrzehnten des Kriegszustandes einen Friedensvertrag abgeschlossen. Viele haben gehofft, dass sich die Menschenrechtslage in Eritrea dadurch verbessert. Ist nichts passiert?

      Zerai: Leider nein. Für die Menschen in Eritrea hat sich nichts geändert. Es gibt weiterhin den Militärdienst, der Menschen auf Lebenszeit zwingt, für den Staat zu arbeiten - ohne richtig dafür bezahlt zu werden. Politische Gefangene und inhaftierte Journalisten wurden nicht freigelassen. Unsere Verfassung ist immer noch nicht in Kraft getreten. Außerdem steigt die Armut im Land, weil das Regime jede Form der Privatwirtschaft unterbindet. Deshalb fliehen immer noch so viele Eritreer, gerade in der jungen Bevölkerung. Die Menschen sind sehr wütend.

      SPIEGEL ONLINE: Trotzdem gibt es keine Demonstrationen im Land?

      Zerai: Öffentliche Versammlungen sind in Eritrea verboten. Sobald mehrere Leute auf der Straße zusammenstehen, kommt die Polizei. Außerdem herrscht ein großes Misstrauen zwischen den Leuten, weil der staatliche Geheimdienst überall präsent ist. In den vergangenen 20 Jahren sind mehr als 10.000 Menschen verschwunden. Die Leute haben Angst, niemand vertraut dem anderen. Das macht es sehr schwierig, Proteste zu organisieren.

      SPIEGEL ONLINE: Fürchten Sie, dass das Regime in Zukunft weiter gegen die Kirche vorgeht?

      Zerai: Ja, wir haben Angst, dass der Staat als Nächstes die katholischen Bildungseinrichtungen schließt. Es gibt etwa 50 Schulen und mehr als 100 Kindergärten in Eritrea, die von der Kirche geführt werden. Gerade in ländlichen Gegenden sind das oft die einzigen Bildungseinrichtungen, die es gibt. Wenn die wegfallen, dann können viele Kinder im Land nicht mehr zur Schule gehen.

      https://www.spiegel.de/politik/ausland/eritrea-nach-dem-frieden-mit-aethiopien-fuer-die-menschen-hat-sich-nichts-ge

    • Eritreans wait in vain for change after peace with Ethiopia

      Eritrean taxi driver Mihreteab recalls brimming with hope in July 2018 when his country reached a peace agreement with neighbour and longtime foe Ethiopia.

      But a year and a half later, that hope has given way to disenchantment.

      “I don’t see any changes so far. People are still in jail and life is the same,” he said while waiting for passengers on a main avenue in Asmara.

      Like other ordinary Eritreans who spoke to an AFP journalist during a rare visit to the famously closed-off country, Mihreteab asked that his full name not be published.

      On the streets of the Eritrean capital, he was far from alone in feeling disillusioned.

      “I like my country and I think you are also enjoying your stay. However, life is still the same for me,” said Tekie, a small trader who sells home appliances at a market in the city centre.

      Eritrea and Ethiopia fought a deadly border war beginning in 1998 that claimed nearly 80,000 lives before a stalemate took hold in 2000 and lasted nearly two decades.

      Last year’s surprise peace deal remains the signature achievement of Ethiopian Prime Minister Abiy Ahmed and is the main reason he received this year’s Nobel Peace Prize.

      During the whip-fast rapprochement that followed, embassies reopened, flights resumed and meetings were held across the region.

      But progress has since stalled and the land border between the two nations is once again closed.

      Inside Eritrea, speculation that peace would spur reforms and ease years of repression has so far proved misguided.

      The regime of Isaias Afwerki, the only president Eritrea has ever known, has given no sign of any kind of political opening, and the situation may in fact be getting worse.

      In June, officials ordered the closure of Catholic-run health centres after church leaders published a letter expressing concern over the lack of reforms.

      There are also reports of a new wave of attempts to nationalise private schools.

      Nevertheless, ordinary Eritreans appear to appreciate Abiy’s peacemaking efforts, and the Ethiopian leader seems genuinely popular on the streets of Asmara.

      “He’s a good man and really deserved the Nobel,” said Nigisti, a handicrafts vendor.

      –‘One day life will change’-

      Even if the hoped-for benefits of peace haven’t materialised, some Eritreans remain optimistic.

      Nazret, who sells cereal in Asmara, is among them.

      “The peace deal gives me hope that one day life will change. Peace is important for us,” she said.

      Buying vegetables nearby, Netsunet said she also chose to focus on the positive.

      Born in Ethiopia in 1982 to parents of Eritrean origin, she was forced out during the war and has spent half her life in a country she does not consider her own.

      She prefers not to dwell on the moment she was “separated by force” from Ethiopia, and said she is grateful that now she has an opportunity to return.

      “At least today, we can fly to see each other,” she said. “I plan to visit my old neighbours in Ethiopia in December.”

      Eritrean officials argue that it’s wrong to suggest nothing has changed in Eritrea.

      Instead, they say the pace of reform has been deliberately slow to preserve their country’s sovereignty.

      Last week, Asmara hosted a summit for the Addis Ababa-based United Nations Economic Commission for Africa that drew delegates from across the region.

      According to Mohammed Gumhed, a researcher at the Eritrean foreign ministry, this kind of event “could not have happened before the peace deal”.

      –A ‘new chapter’?-

      During his opening remarks at the conference, Eritrean Foreign Affairs Minister Osman Saleh Mohammed declared that a wave of hope and unity was washing over the Horn of Africa after decades of conflict.

      He emphasised Eritrea’s progress in expanding access to health services, water, education and transportation.

      Addressing criticism of Isaias’ iron-fisted rule during a briefing with conference delegates, Ghetachew Merhatsion, who works in the president’s office, said Isaias was merely respecting the will of the people.

      “We see multi-party systems in many African countries and that is good for democracy. However for now Eritreans have decided to have only one party and we are making progress,” he said.

      Alem Kibreab, director-general at Eritrea’s Ministry of Energy and Mines, held out hope that the peace deal could change how the world sees Eritrea and how international investors engage with the country.

      “Who would invest when there is no peace? Now a new chapter is beginning,” he said.

      Asked about progress on reopening the two countries’ land border, Ambassador Tesfamicael Gerahtu, an official at the Eritrean foreign ministry, predicted that the main crossings would soon be reopened, though he said this would have to wait until “implementation of the agreement is finalised”.

      “The dialogues are at an advanced stage and we hope it will soon be declared,” he said.

      https://eritrea-focus.org/eritreans-wait-in-vain-for-change-after-peace-with-ethiopia

    • Fuggire la pace. L’Eritrea ad un anno dallo storico accordo di pace con l’Etiopia

      In Europa, l’accordo di pace tra Etiopia ed Eritrea è stato festeggiato come una svolta inaspettata: la prova che le autorità eritree avevano finalmente voltato pagina, un’occasione unica per riconciliarsi con il regime di Afewerkie. Fondi firmati EU sono stati già stanziati per realizzazione di grandi opere, ma l’aria che si respira ad Asmara è decisamente meno entusiasmante. Mentre il numero di persone in fuga dal servizio nazionale si è quadruplicato, i confini con l’Etiopia sono stati nuovamente chiusi e la sensazione di asfissia è tornata ad impadronirsi delle strade in stile modernista di Asmara. Dalla capitale Asmara alla regione di confine del Tigrai Nancy Porsia e la fotografa Cinzia Canneri ci raccontano un’altra Eritrea, quella che non crede alla «pace esterna».

      Con lo sguardo incollato sulla stradina sterrata che conduce verso uno dei palazzoni non finiti di periferia, Genet schiva le attenzioni dei passanti. La sua tunica abbondante non riesce a far passare inosservati la parrucca dal capello lungo e mesciato e il trucco molto marcato. Genet, nome di fantasia per tutelarne l’incolumità, è una prostituta e vive poco lontano dal centro di Asmara e i suoi edifici in stile modernista firmati da architetti italiani di fine Ottocento e del Ventennio, che dal 2017 sono Patrimonio Unesco.

      “Ci campo la famiglia” dice Genet, accennando un sorriso che malcela le sofferenze. In uno stanzone, suddiviso solo da tende, Genet vive con sua figlia, sua sorella e i figli, e suo fratello. Un televisore al centro della stanza e tutto intorno le pareti sono invase da poster colorati raffiguranti Gesù e i santi, come da tradizione ortodossa. In balcone un fornelletto da campeggio funge da cucina, mentre per il bagno tocca andare nell’androne dello stabile. Per questa sistemazione pagano circa 1000 Nakfa, più o meno 50 euro al mese. Una somma importante in un paese dove il salario medio è di 450 nakfa. Genet sta preparando con sua figlia la partenza. Direzione Etiopia dove il figlio più grande ha chiesto l’asilo politico già due anni prima, in fuga dal servizio nazionale.

      In migliaia fuggono ogni mese da quello che viene definito “il regime più sanguinario” d’Africa. Una volta all’estero gli eritrei raccontano storie inenarrabili di arresti e torture perpetrati con la logica di un regime che punisce chi si rifiuta di rimanere a vita al servizio dello Stato.

      Quando nel luglio del 2018 il Presidente Isaias Afewerki accettò l’offerta del neo primo ministro etiope di firmare l’accordo di pace bilaterale, gli eritrei rimasero increduli. Dal 1998 Eritrea ed Etiopia sono rimaste in guerra, o meglio in uno stato di “nessuna guerra, nessuna pace” da quando, nel 2000, l’Etiopia rifiutò le condizioni imposte da una commissione di frontiera istituita dal Tribunale dell’Aja in virtù dell’accordo di pace. Da allora in Eritrea è rimasto in vigore lo Stato di emergenza proclamato da Asmara due anni prima, e anche il limite di 18 mesi per il servizio nazionale previsto dalla costituzione del 1993, non è mai stato ripristinato.

      Eppure in giro per le principali strade del Paese, il regime non s’incontra. Nella capitale Asmara non c’è ombra di presidi militari, se non figure esili in divisa che si muovono a passo lento e con lo sguardo disinteressato di chi ha appena smontato dal turno di lavoro. Mentre donne molto anziane, con indosso abbondanti grembiuli grigio topo, spazzano i bordi dei marciapiedi della “piccola Roma”, come la chiamano i locali con una malcelata punta d’orgoglio. Con i suoi fiori rigogliosi, le ville in stile liberty, il suo ordine e la sua pulizia maniacali, Asmara restituisce tuttavia un senso di imbarazzo e asfissia. Quelle donne, che a fatica riescono a tirarsi dietro il bidoncino della spazzatura a loro assegnato, fanno parte dell’esercito ‘non armato’ del servizio nazionale eritreo, così come chi insegna a scuola, mette timbri in aeroporto, o fa il minatore, l’ingegnere e l’architetto.

      Su viale della Libertà, che taglia il centro storico da parte a parte, sono in tante le donne sedute agli angoli dei marciapiedi che con i loro figli mendicano. “L’accattonaggio è severamente vietato qui, ma da qualche tempo la gente ha preso coraggio e chiede l’elemosina. La gente qui ha fame” ci dice un insegnante incontrato in un caffè sempre piantonato da mendicanti.

      “La pace è un buon inizio” esordisce Solomon, ancora stupito di parlare con degli europei. Solomon lavora in un ufficio governativo da sei anni ad Asmara, e negli orari extra ufficio guida il suo taxi in giro per la capitale: “Per arrotondare” spiega. Poi racconta “Mio cugino è andato via due anni fa, ora è in Germania. E’ passato per il Sudan, Libia, e poi ha preso la via del mare”. La sua voce è bassa. Solomon sa che in patria chi scappa è un disertore, e che parlare dei disertori è pericoloso. Sorride come per prendere la rincorsa, e tutto d’un fiato ci dice “Io vorrei presto sposarmi, ma con lo stipendio del servizio nazionale non riuscirò mai a costruirmi un futuro”. L’ha detto, si è sbilanciato, ha superato la cortina di silenzio imposta dalla paura di un arresto.

      Eppure le sue parole non sanno di protesta. In Eritrea è vietato protestare. Ci si arrangia e quando non ce la si fa, s’impara a sopportare la fame. Chi scappa dal regime di Isaias Afewerki, l’ex guerrigliero che combatté per l’indipendenza dell’Eritrea e dal 1993 Presidente-dittatore, in patria è un traditore. E lo è anche per chi resta, almeno nelle conversazioni in pubblico.

      In Eritrea è difficile sentirsi al sicuro dagli occhi e le orecchie indiscreti del sistema. La connessione dati sul cellulare non esiste, e per connettersi alla rete tocca comprare qualche giga in uno degli internet point dove la massa di corpi non lascia spazio alla privacy. “La rete di informatori è fittissima” ci dice un ex giornalista che nel 2009, in quella che nel paese è passata alla storia come la seconda tornata più importante di repressione politica per via di arresti eccellenti contro la stampa, lasciò Asmara. Da allora è in una sorta di ritiro nella sua capanna di zinco alla periferia di Massawa. La città sul Mar Rosso che a fine Ottocento fu anche la capitale della colonia italiana, ancora oggi si presenta come un teatro post-bellico. Sul viale principale alcuni ragazzi scattano selfie davanti ai quattro carri armati etiopi, che gli eritrei catturarono durante la guerra di Liberazione che si protrasse dal 1961 per trenta anni. Nel centro città gli edifici di epoca romana sono distrutti e abbandonati. Una legge ne impedisce l’occupazione. Tutto intorno i corvi fanno da padrone sulle bidonville dove la gente comune vive. Solo i camion che trasportano i metalli preziosi, e fanno la spola tra il porto e la capitale, restituiscono un senso di vitalità.

      Nonostante la fine della guerra fredda con l’Etiopia, la politica di repressione del Presidente Afewerki a livello domestico è rimasta identica a sé stessa. Il servizio nazionale a tempo indefinito è ancora in vigore, e nessun prigioniero politico è stato rilasciato. Nessuna notizia si ha ancora dei politici e dei giornalisti arrestati nel corso di una retata nel 2001, né del Ministero delle Finanze, Berhane Abreh, arrestato nel settembre del 2018 dopo aver pubblicato un libro con cui esortava i giovani eritrei a manifestare per uno stato di diritto in patria.

      “La pace esterna” la chiamano gli eritrei all’estero, commentando l’accordo di pace che Asmara ha firmato con Addis Abeba. E gli eritrei continuano a scappare dalla fame prima, e dalle torture nelle carceri poi. Non si contano le migliaia di eritrei in prigione. Una sorta di gioco a ‘guardia e ladri’ in cui uomini e donne poco più che adolescenti vengono chiamati a servire il paese, accettano, resistono anni patendo stenti e umiliazioni, poi scappano, vengono riacciuffati, restano per qualche anno in galera, vengono rimessi in libertà ma a condizione di tornare a servire il paese. Tornano a lavorare per lo Stato, anche nelle miniere lungo la costa dove società straniere rivendicano estraneità allo sfruttamento dei lavoratori rimandando ogni responsabilità al Governo di Asmara, loro partner ufficiale. Dopo qualche anno di servizio, gli stessi già precedentemente arrestati, fuggono per essere nuovamente riacciuffati. Ancora anni di prigione, torture e poi rimessi in libertà. A questo punto però hanno messo su famiglia, non ce la fanno a dare da mangiare ai propri figli con quanto garantisce lo Stato durante il servizio, e quindi decidono che è arrivato il momento di scappare. Una volta non pervenuti al servizio, sono le loro mogli o i loro figli ad essere cercati e imprigionati. Uno schema sempre identico a sé stesso. Secondo il rapporto 2019 di Human Rights Watch (HRW) sull’Eritrea, il servizio nazionale infinito è da considerarsi alla stregua di una forma di schiavitù, e rimane il motivo principale di fuga dal Paese.

      Quando il regime di Afewerki ha aperto il confine con l’Etiopia nel settembre del 2018, il numero delle persone in fuga, alla ricerca di asilo nel paese confinante, si è quadruplicato, secondo il rapporto della Commissione Europea per la Protezione Civile Europea e le Operazioni di Sostegno Umanitario (ECHO).

      Nei campi profughi a Nord dell’Etiopia, organizzazioni non governative e agenzie internazionali hanno dovuto tirare su decine di migliaia di baracche in alluminio nuove di zecca per far fronte al grande esodo. Questo perché al momento della firma dell’accordo di pace, il regime di Asmara non ha fatto alcun cenno alla revoca dello stato di emergenza o al ripristino dei 18 mesi per il servizio nazionale, né al rilascio dei prigionieri politici all’indomani della firma dell’accordo di pace con l’Etiopia.

      “Da settimane Asmara ha chiuso di nuovo la frontiera di Humera e gli eritrei scappano a nuoto come prima” commenta già in aprile uno dei trafficanti ad Humera, città etiope al confine con l’Etiopia e il Sudan. Accovacciato sulla riva del fiume Tekeze che disegna il confine tra i tre paesi, osserva un uomo che da ore fa la spola tra la sponda eritrea, a Nord, e quella etiope. Un eritreo – ci spiega – è andato disperso mentre tentava di attraversare il fiume. E uno dei passatori ora cerca il suo corpo perché sua madre ha promesso una ricompensa per chi riuscirà a restituirglielo.

      Lungo il fiume Takaze sono un paio le squadre di passatori, ognuna ha un capo che decide di volta in volta a chi tocca affrontare la traghettata. Con una mano impegnata nella presa sulla zattera fatta di taniche legate con dello spago, i passatori nuotano contro corrente da una sponda all’altra del fiume solo con un braccio.

      Nei giorni in cui il valico di frontiera a Humera era aperto, centinaia di eritrei si sono accalcati lungo le sponde del fiume Tekeze. “Pagavano fino a 300 dollari per ognuno” dice uno dei passatori del Tekeze. “Dicevano di non voler stare nei campi qui in Etiopia, e puntavano al Sudan, poi Libia. Insomma avevano fretta di raggiungere l’Europa” ricorda l’uomo. “Comunque ora la frontiera qui è chiusa, e pure in Libia non si passa” spiega il passatore del Tekeze.

      All’imbrunire un ragazzo sopraggiunge con una coppia tra le rocce in riva al fiume, scambia poche battute con il trafficante di turno e si dilegua. “E’ uno degli smuggler eritrei che lavorano in zona, e quei due che sono saliti sulla zattera sono eritrei in fuga. Vanno in Sudan” spiega a bassa voce uno dei Caronte del Tekeze mentre mastica del tumbako, droga locale molto popolare.

      Nel campo Mai Aini, uno dei tanti che segnano il confine tra Eritrea e Etiopia, un uomo racconta le torture subite in prigione per aver defezionato dopo sette anni di servizio nazionale come militare al confine. “Sono rimasto sul fronte per sette anni, poi sono scappato. Mi hanno preso e buttato in prigione per cinque anni” dice Mikael mostrando i segni di tortura subiti durante la detenzione. Unghie strappate, frustate sulla schiena fanno parte della lunga lista di torture subite, ricorda mentre resta seduto sul gradino della sua casa nel campo, mentre sua moglie allatta la loro bimba di un mese, nata nella casetta di fango e paglia in cui vivono da alcuni mesi.

      A fare da cordone intorno ai rifugiati resta la comunità locale etiope. Nel Tigrai la popolazione fa parte della stessa etnia degli eritrei, tutti tigrini appunto. All’indomani del grande plauso da parte della comunità internazionale nei confronti del primo ministro Abiy Ahmed Ali per lo storico accordo di pace, qui la solidarietà verso i fratelli eritrei passa per una più complessa lotta per il potere tra le varie etnie nella capitale di Addis Abeba. Abiy fa parte dell’etnia degli oromo mentre il suo predecessore, l’ex premier Hailé Mariàm Desalegn, è un tigrino. Quest’ultimo fu costretto a dimettersi in seguito allo scoppio di violente rivolte da parte degli oromo, etnia di maggioranza nel paese. Nel nord del Paese la scorsa estate si sono registrati omicidi eccellenti di uomini vicini al nuovo primo ministro. E quando lo scorso ottobre, il braccio destro di Abiy, Jawar Mohammed, ha denunciato di essere scampato ad un attentato, gli oromo sono scesi in strada a suo sostegno, e da lì a poco anche i tigrini hanno occupato le piazze in diverse città. La tensione è degenerata in scontri in cui sono morti 67 manifestanti.

      “Come fa il primo ministro a stringere la mano ad un dittatore come Afewerki?” ci chiede un ragazzo molto giovane che da anni lavora come guida turistica a Shirè, una delle città più importanti del Tigrai. Tra i rifugiati eritrei serpeggia la paura che l’accordo di pace possa di fatto tradursi in una revisione del loro status di rifugiati in Etiopia.

      Tuttavia negli ultimi mesi i numeri dei nuovi arrivi in Tigrai si sono significativamente ridotti. Da aprile tutti i confini restano chiusi. Neanche i camion merci passano più. E la sensazione di asfissia torna ad impadronirsi delle strade in stile modernista di Asmara, mentre l’Unione Europea decide che la firma dell’accordo di pace con l’Etiopia basti come prova da parte del Governo di Afewerki di aver cambiato pagina, e di aver finalmente operato la svolta progressista che ci si attendeva. Fondi firmati EU sono stati già stanziati per realizzazione di grandi opere in Eritrea. Evidente l’Unione Europea aspettava l’occasione per riconciliarsi con il dittatore, anche al costo dell’oblio delle centinaia di storie di uomini e donne che da vent’anni fuggono torture e inenarrabili sofferenze.

      https://openmigration.org/analisi/fuggire-la-pace-leritrea-ad-un-anno-dallo-storico-accordo-di-pace-con

    • L’espoir renaît dans la Corne de l’Afrique

      En juin 2018, fraîchement élu, le Premier ministre éthiopien #Abiy_Ahmed annonce accepter l’#accord_frontalier signé avec l’Érythrée en 2000. Cette décision historique met un terme à deux décennies d’hostilités. Une décision saluée par la communauté internationale et couronnée cette année par le prix Nobel de la paix.

      Après l’indépendance officielle de l’Érythrée en 1993, les tensions avec l’Éthiopie se cristallisent en 1998 à la frontière entre les deux pays, dont le tracé reste flou : l’Éthiopie accuse son voisin d’avoir violé son territoire en envahissant la petite ville de #Badmé. La guerre est déclarée, causant près de 80’000 morts. L’accord de paix signé en 2000 à Alger se révèle précaire, et deux ans plus tard, la commission indépendante chargée de délimiter une nouvelle frontière attribue la bourgade symbolique de Badmé à l’Érythrée. En premier lieu, l’Éthiopie rejette ces conclusions, continuant ainsi à alimenter les tensions. Un revirement de situation s’opère en juin 2018 lorsque, fraîchement élu (début avril), le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, annonce renoncer à Badmé et accepter l’accord frontalier. Cette décision historique, qui a mis un terme à deux décennies d’hostilités, est saluée par la communauté internationale, et couronnée par l’attribution du prix Nobel de la paix cette année.
      Le documentariste Thomas Aders explore les rouages et les enjeux d’un processus de pacification aussi complexe que fragile, qui fait souffler un vent d’espoir sur la Corne de l’Afrique.

      https://www.arte.tv/fr/videos/085424-000-A/l-espoir-renait-dans-la-corne-de-l-afrique
      #film #documentaire

    • L’esodo infinito degli eritrei. Nel limbo dei campi al confine: “Per noi non c’è pace”

      REPORTAGE dal #Tigray, zona di confine. Al primo ministro Abiy Ahmed Ali il premio Nobel per la pace, ma per chi vive sotto il regime di Afewerki la situazione non è cambiata. Si continua a scappare: in Etiopia il numero di rifugiati sfiora il milione. Da qui partito anche il primo corridoio dall’Africa di Caritas e Cei.

      La strada di terra arsa che si perde all’orizzonte è intervallata solo da qualche curva, alcune costruzioni di mattoni e una collina: a destra c’è Mereb il fiume che segna il confine, a sinistra Badamè, la zona contesa per oltre vent’anni. “Lì dopo quella curva c’è l’Eritrea: le persone passano da lì, attraversano la frontiera a piedi, ogni giorno. Camminano fino a Dabaguna, dove c’è il primo centro e lì vengono registrati. Ci sono quindi ingressi circa, si stimano fino a circa 300 passaggi al giorno”, dice Alganesh Feassaha, presidente della Fondazione Gandhi, che ci accompagna nel viaggio insieme agli operatori di Caritas Italiana. Un esodo continuo, che neanche i recenti accordi di pace hanno arrestato, anzi da quando si sono aperti i confini, a scappare è un numero maggiore di persone. Siamo nella zona del Tigray, a venti chilometri da Shire. Qui ci sono almeno 164 mila profughi, in maggioranza eritrei, nei quattro campi ufficiali e nel campo di smistamento dell’Unhcr. “Doctor Aganesh” come la chiamano qui, continua a rivolgere lo sguardo oltre la collina, al suo paese, in cui da oltre 27 anni non può rientrare. “Penso di essere un ospite non gradita, diciamo così. Ma mi manca tanto, non vedo l’ora di rientrare”, dice. Attivista, medico ayurvedico, nel Giardino dei Giusti a Tunisi un albero porta il suo nome per ricordare la sua incessante attività di aiuto verso i migranti, non solo al confine con l’Eritrea ma anche in Libia e nel Sinai. Nel campo di May Haini la sua ong si occupa di assicurare almeno un pasto al giorno ai bambini presenti. Il campo conta più di 20 mila persone, che vivono nelle tende, ma anche in casolari di mattoni e lamiere. Il tempo di permanenza è infinito, si può restare qui anche 10 anni.

      Secondo l’ultimo rapporto di Unhcr, in Etiopia ci sono quasi un milione (905,831) di rifugiati: un numero altissimo, tanto da risultare il secondo paese africano dopo l’Uganda. Solo nella zona del Tigray ci sono circa 170 mila persone, in gran parte scappate dal regime di Isaias Afewerki. “I campi più grandi sono quello di Mai Aini e Aidi Arush - spiega Oliviero Forti, responsabile immigrazione di Caritas italiana -. Le persone vivono qui, ormai da anni, con grandi difficoltà anche rispetto alla popolazione locale, perché avere numeri così alti nei campi significa gravare sulla comunità locale. Bisogna trovare le vie per alleggerire questa accoglienza - aggiunge -. L’Etiopia non è un paese che potrà proseguire con questi sforzi perché i costi, sia economici che sociali, sono elevati”.

      In una delle case di cemento incontro due ragazze appena arrivate, preparano il caffè. “Veniamo da Asmara, abbiamo passato il confine una settimana fa - dicono - per ora siamo qui nel campo, poi proviamo ad andare ad Addis Abeba”. Nella casa affianco si entra passando un piccolo cancello: nel cortile improvvisato, un filo tirato tiene su i panni stesi di bambini molto piccoli, uno zaino. Per terra, vicino alle mura ci sono alcuni sacchi, a cui una capra attinge per mangiare. “Sono eritrea, nel mio paese ero un’insegnante - racconta Farah -. Sono andata via dal paese per raggiungere mio marito, che è stato costretto a scappare, e ora è in Canada. Qui ci siamo io e i nostri tre bambini - aggiunge - non è facile, perché non è il nostro paese e le condizioni non sono ottime. Ma speriamo di ricongiungerci con lui al più presto”.

      Davanti all’ingresso del campo, sotto il manifesto di Unhcr che recita “working together to prevent suicide”, decine di persone si ammassano in fila. Oltre a chi scappa da Asmara, c’è chi arriva dal Sudan e dalla Somalia. “La frontiera è lunga e pericolosa, anche mortale, ci sono dei fiumi da attraversare e per molti il viaggio è particolarmente difficile - aggiunge Forti -. Quando riescono ad arrivare, vengono smistati in questi campi attrezzati. Ma il tempo di permanenza è molto variabile: c’è chi rimane anche oltre 10 anni. Molti giovani sono nati qui e continuano a vivere in attesa di una risposta. Ma più i tempi si allungano più si affievoliscono le speranze di trovare un’alternativa. E questo spinge molti a pensare ad altre vie: in particolare la via del deserto, della Libia e del mare”.

      In molti si affidano ai trafficanti, nelle zone di confine ci sono diversi passeur che aspettano i rifugiati per offrire un passaggio a peso d’oro. Le alternative legali e sicure sono poche: i progetti di reinsediamento verso altri paesi sono numericamente risibili, negli ultimi anni si sono ridotti in particolare i programmi di resettlement verso gli Stati Uniti, per una stretta voluta dall’amministrazione Trump. Sono stati incrementati invece i programmi privati come i corridoi umanitari, ma anche questi hanno numeri ancora bassi. In particolare, il corridoio da Addis Abeba verso l’Italia, organizzato da Caritas italiana, Fondazione Gandhi e Unhcr, da protocollo prevede l’arrivo nel nostro paese di 600 persone. Il protocollo precedente ne contava 500. “Sono numeri poco significativi se pensiamo che ogni campo ha al suo interno almeno 20 mila persone - aggiunge Forti -. Ma ovviamente importanti perché permettiamo a queste persone di arrivare con una via legale e sicura”. Oltre il limbo dei campi al confine, la situazione è complicata anche nei sobborghi delle grandi città.

      A Jemo, quartiere di Addis Abeba, c’è una comunità numerosa di rifugiati cosiddetti out of camp, fuori accoglienza. Sono passati cioè dai campi ufficiali al confine per poi spostarsi in città, uscendo di fatto dall’accoglienza. Vivono in palazzi occupati e si mantengono facendo piccoli lavoretti: la legge non gli permette ancora di lavorare. Per loro - la situazione paradossalmente è peggiorata dopo la pace firmata tra Etiopia ed Eritrea: con l’apertura dei confini molti emissari del regime sono entrati nel paese, e ora chi è scappato teme di non essere al sicuro neanche qui.

      “Molti attivisti, scappati da Asmara, hanno un problema di protezione anche in un paese di primo asilo come l’Etiopia - spiega Daniele Albanese, che per Caritas italiana segue il corridoio umanitario dal Corno d’Africa, occupandosi di tutta la parte logistica. Ogni partenza ha alle spalle una lavoro di mesi, mi racconta, mentre arriviamo nel residence di Addis Abeba, dove vivono le persone beneficiarie del progetto. “Abbiamo incontrato le persone nei campi al confine, partiamo dalla segnalazione delle Nazioni Unite che ci fornisce una lista di persone vulnerabili - aggiunge -. Tutti hanno dovuto scappare e lasciare il paese in maniera traumatica. Questo, per ora, è l’unico corridoio umanitario dall’Africa. La maggior parte dei beneficiari sono eritrei perché nel paese continua la diaspora e il movimento di persone, specialmente dopo la pace con l’Etiopia l’afflusso è diventato enorme perché si sono aperti i confini. Fuori e dentro i campi alla frontiera ci sono anche tanti trafficanti che chiedono cinque o seimila euro a persona per arrivare in Europa. La rotta più battuta è quella verso la Libia. Quello che tentiamo di fare noi è offrire una testimonianza virtuosa che vorremmo diventasse sistema”.

      Il 10 dicembre scorso il primo ministro etiope Abiy Ahmed Ali ha ritirato il premio Nobel per la Pace 2019, che gli è stato conferito per l’accordo di pace raggiunto con l’Eritrea, dopo vent’anni di guerra tra i due paesi. Ma se in Etiopia i cambiamenti sembrano procedere sia dal punto di vista economico che sociale, in Eritrea non si respira un’aria nuova. “Sono scappato dopo la firma della pace tra Eritrea ed Etiopia - racconta Mehari Haile, che fa parte del gruppo partito il 29 novembre 2019-. In Eritrea il servizio militare continua a essere definitivo, io sono stato arruolato 5 anni poi non ce la facevo più, stavo impazzendo e ho lasciato. Quando si sono aperti i confini con l’Etiopia sono riuscito a scappare, lì ho lasciato mia madre. Ma ora non posso più tornare indietro. Avevo già pensato di lasciare il mio paese in modo legale, avevo ottenuto una borsa di studio a Trento e Milano ma non mi hanno mai rilasciato il passaporto. Non puoi andartene dall’Eritrea, puoi solo scappare”. E’ per questo - aggiunge - che molti provano la rotta più pericolosa, quella del mare. “Dopo la pace tra Etiopia ed Eritrea si sono aperti i confini, ma non è cambiato niente per noi - aggiunge - Sì, non c’è più la guerra, ed è una cosa positiva, ma le nostre vite sono rimaste uguali. C’è ancora un regime dittatoriale, non c’è libertà di parola e di pensiero. E’ come se fosse una pace finta. Ho dei parenti che hanno fatto la traversata via mare e mi hanno raccontato cose orribili, mi dicono che un viaggio terribile - aggiunge -. Io ho la fortuna di arrivare con un corridoio umanitario ma in tanti non hanno altra scelta”. In tutto saranno 600 i beneficiari del progetto dal Corno d’Africa in due anni.

      Redattore Sociale ha seguito l’ultimo corridoio del 29 novembre scorso (https://www.redattoresociale.it/article/notiziario/rifugiati_da_addis_abeba_a_roma_il_nostro_primo_viaggio_sicuro_), raccontando le storie delle persone pronte a partire verso nel nostro paese (https://www.redattoresociale.it/article/notiziario/una_via_sicura_dall_africa_viaggio_tra_i_profughi_che_arriveranno_i), che ora sono accolte nelle diocesi di tutta Italia. “Nessuno ha la presunzione di risolvere i grandi problemi dell’immigrazione con i corridoi umanitari: il nostro obiettivo è mandare un messaggio chiaro, vogliamo cambiare la narrativa per cambiare anche le politiche - aggiunge Oliviero Forti -. Vogliamo spingere, cioè, le istituzioni e i governi a impegnarsi realmente a realizzare vie sicure e legali, perché le persone non debbano più tentare altre rotte, che mettono a rischio la vita di migliaia di persone come quella del Mediterraneo centrale”.

      https://www.redattoresociale.it/article/notiziario/la_diaspora_infinita_degli_eritrei_nel_limbo_dei_campi_al_confine_p
      #Annalisa_Camilli

  • Power shift creates new tensions and Tigrayan fears in Ethiopia.

    Disagreements over land and resources between the 80 different ethnic groups in Ethiopia have often led to violence and mass displacement, but a fast and unprecedented shift of power led by reformist Prime Minister #Abiy_Ahmed is causing new strains, experts say.

    “Ethnic tensions are the biggest problem for Ethiopia right now,” Tewodrose Tirfe, chair of the Amhara Association of America, a US-based advocacy group that played a significant role in lobbying the US government to censor the former regime. “You’ve got millions of people displaced – it’s a humanitarian crisis, and it could get out of control.”

    During the first half of 2018, Ethiopia’s rate of 1.4 million new internally displaced people exceeded Syria’s. By the end of last year, the IDP population had mushroomed to nearly 2.4 million.

    Tigrayans comprise just six percent of Ethiopia’s population of 100 million people but are perceived as a powerful minority because of their ethnic affinity with the Tigray People’s Liberation Front. The TPLF wielded almost unlimited power for more than two decades until reforms within the ruling Ethiopian People’s Revolutionary Democratic Front last year.

    Since coming to power in April 2018, Prime Minister Abiy – from the Oromo ethnic group, Ethiopia’s largest – has brought major changes to the politics of the country, including an unprecedented redistribution of power within the EPRDF and away from the TPLF.
    The politics of ethnic tensions

    Despite the conflicting interests and disagreements between ethnic groups, the Ethiopian government has managed to keep the peace on a national scale. But that juggling act has shown signs of strain in recent years.

    https://www.irinnews.org/analysis/2019/02/14/Ethiopia-ethnic-displacement-power-shift-raises-tensions
    #Ethiopie #terres #tensions #conflit #violence #IDPs #déplacés_internes #migrations #minorités

    In 2017, an escalation in ethnic clashes in the Oromia and the Somali regions led to a spike in IDPs. This continued into 2018, when clashes between the Oromo and Gedeo ethnic groups displaced approximately 970,000 people in the West Guji and Gedeo zones of neighbouring Oromia and the Southern Nations, Nationalities and Peoples Region.

    “The pace and scale of the change happening in Ethiopia is quite unbelievable,” said Ahmed Soliman, a research fellow with the Africa Programme at the London-based think tank Chatham House.

    “The impact of inter-communal tensions and ethnic violence presents a serious challenge for the new leadership – in Tigray and elsewhere. Abiy’s aggressive reform agenda has won praise, but shaking up Ethiopia’s government risks exacerbating several long-simmering ethnic rivalries.”

    Although clashes are sometimes fuelled by other disagreements, such as land or resources, people affected often claim that politicians across the spectrum use ethnic tensions as a means of divide and rule, or to consolidate their position as a perceived bulwark against further trouble.

    “Sadly [around Ethiopia] ethnic bias and violence is affecting many people at the local level,” said a foreign humanitarian worker with an international organisation helping Ethiopian IDPs, who wished to remain anonymous due to the sensitivity of the issue. This includes fuelling the displacement crisis and worsening the humanitarian situation.

    “The main humanitarian concern is that new displacements are occurring by the day, that due to the wide geographic scope, coordination and response in all locations is practically impossible,” the aid worker said.

    “I would like to see more transparency as to what actions the government is taking to hold regional and zonal governments responsible for addressing conflict, for supporting reconciliation, and supporting humanitarian response.”
    Tigray fears

    Although Tigrayans constitute a relatively small part of overall IDP numbers so far, some Tigrayans fear the power shift in Addis Ababa away from the TPLF leaves them more vulnerable and exposed.

    Already simmering anti-Tigrayan sentiments have led to violence, people told IRIN, from barricading roads and forcibly stopping traffic to looting and attacks on Tigrayan homes and businesses in the Amhara and Oromia regions.

    In the Tigray region’s capital of Mekelle, more than 750 kilometers north of the political changes taking place in Addis Ababa, many Tigrayans feel increasingly isolated from fellow Ethiopians.

    “The rest of the country hates us,” Weyanay Gebremedhn, 25, told IRIN. Despite the reforms, Tigrayans say what hasn’t changed is the narrative that they are responsible by association for the ills of the TPLF.

    Although he now struggles to find work, 35-year-old Huey Berhe, who does mostly odd jobs to pay the bills, said he felt safer living among his own community in Mekelle.

    Huey said he had been a student at Jimma University in western Ethiopia, until growing ethnic tensions sparked fights on campus and led to Tigrayans being targeted. “I left my studies at Jimma after the trouble there,” he said. “It was bad – it’s not something I like to discuss.”
    ‘A better evil’

    “There is a lot of [lies] and propaganda, and the TPLF has been made the scapegoat for all vice,” said Gebre Weleslase, a Tigrayan law professor at Mekelle University. He criticised Abiy for not condemning ethnic attacks, which he said had contributed to tens of thousands of Tigrayans leaving Amhara for Tigray in recent years.

    But Amhara Association of America’s Tewodrose said the feeling of “hate” that Ethiopians have toward the TPLF “doesn’t extend to Tigrayans”.

    “There is resentment toward them when other Ethiopians hear of rallies in Tigray supporting the TPLF, because that seems like they aren’t supporting reform efforts,” he said. “But that doesn’t lead to them being targeted, otherwise there would have been more displacements.”

    Tigrayans, however, aren’t as reassured. Despite the vast majority enduring years of poverty and struggle under the TPLF, which should give them as many reasons as most Ethiopians to feel betrayed, even those Tigrayans who dislike the TPLF now say that turning to its patronage may be their only means of seeking protection.

    “The TPLF political machinery extended everywhere in the country – into the judiciary, the universities… it became like something out of George Orwell’s ‘1984’,” Huey said. “But the fact is now the TPLF may represent a better evil as we are being made to feel so unsafe – they seem our only ally as we are threatened by the rest of the country.”

    Others note that Abiy has a delicate balance to strike, especially for the sake of Tigrayans.

    “The prime minister needs to be careful not to allow his targeting of anti-reform elements within the TPLF, to become an attack on the people of Tigray,” said Soliman.

    “The region has a history of resolute peoples and will have to be included with all other regions, in order for Abiy to accomplish his goals of reconciliation, socio-political integration and regional development, as well as long-term peace with Eritrea.”

    Although the government has a big role to play, some Ethiopians told IRIN it is essential for the general population to also face up to the inherent prejudices and problems that lie at the core of their society.

    “It’s about the people being willing and taking individual responsibility – the government can’t do everything,” Weyanay said. “People need to read more and challenge their assumptions and get new perspectives.”


    https://www.irinnews.org/analysis/2019/02/14/Ethiopia-ethnic-displacement-power-shift-raises-tensions

    #Tigréans