• "Nos logements sont indignes, nos salaires dérisoires" : les bergers dépités par l’arrêt des négociations sur leurs #conditions_de_travail

    Dans les #Alpes, les #bergers dénoncent l’arrêt des négociations sur leurs conditions de travail. Depuis deux ans, ils luttent pour une meilleure #rémunération mais aussi des #habitats plus dignes. Alors que des pourparlers devaient se tenir, les représentants des éleveurs ont annulé les discussions.

    « Pas de gaz pour cuisiner, pas d’chauffage sans incendier, pas de place pour se relever, un matelas pour tout plancher » : il y a un peu moins d’un an, Pastor X & the Black PatouX dénonçait dans un clip de rap montagnard, les conditions dans lesquelles certains bergers travaillent en #estive, notamment en #Savoie, dans le parc national de la #Vanoise.

    Ils vivent dans des #cabanes de 4 mètres carrés, sans toilettes, ni gaz, ni eau potable. Des #abris_d'urgence dans l’attente de construction de chalets d’#alpage. Mais ces solutions, censées être temporaires, sont devenues insoutenables pour les premiers intéressés (voir notre reportage ci-dessous).

    90 heures de travail au lieu des 44 réglementaires

    « On estime qu’on a des conditions de logement qui sont indignes en alpage mais aussi ailleurs », déclare Tomas Bustarret, membre du syndicat de gardiens de troupeaux de l’Isère.

    #Promiscuité et #insalubrité viennent s’ajouter à des conditions de travail que les bergers jugent intolérables.

    « Les #salaires varient entre 1500 et 2500 euros, la moyenne est autour de 1900-2000 euros pour 44 heures de travail légales. Mais, dans les faits, on fait 70 à 90 heures de travail. Donc, rapporté au nombre d’heures travaillées, ces salaires sont dérisoires », poursuit-il.

    Des #frais_professionnels s’élevant à 1000 euros

    D’autant que les bergers fournissent leurs propres « équipements » en alpage : les vêtements pour résister aux conditions météo mais aussi les chiens de conduite des troupeaux (Border collie).

    « L’utilisation des #chiens n’est pas reconnue au niveau de nos frais », déplore Tomas Bustarret. « C’est nous qui payons la nourriture, les frais de vétérinaire des chiens et aussi nos vêtements qui nous servent pour le travail », dit-il, estimant que ces frais professionnels s’élèvent à un millier d’euros par saison.

    La pilule a d’autant plus de mal à passer que l’#élevage ovin est subventionné dans le cadre du #plan_loup, pour faire face au prédateur.

    Un secteur très subventionné par l’Etat

    « On pourrait être payés plus, ça ne ferait pas s’effondrer l’économie de nos employeurs », ajoute le jeune homme. « Les salaires sont subventionnés par le plan #loup pour les gardiens d’ovins à 80%, jusqu’à 2 500 euros. Du coup, nous, on tombe un peu des nues quand on nous refuse 200 euros ou 400 euros de plus par mois », dit-il.

    Les gardiens de troupeaux, grands oubliés de la colère agricole ?

    Cohabitation avec les usagers de la #montagne, retour du loup, mesures environnementales, le métier de berger évolue. Pour toutes ces raisons, les gardiens de troupeaux se sont regroupés en syndicat, affilié à la CGT, pour faire entendre leur voix.

    « L’idée, c’est d’améliorer par la réglementation les conditions de travail des bergers en empêchant les mauvaises pratiques de certains employeurs », avance Tomas Bustarret.

    En avril 2023, ils avaient mené une action devant la maison des agriculteurs de l’Isère.

    Les négociations au point mort

    « C’est une négociation. On ne peut pas leur donner satisfaction à 200 % mais on essayera d’aller dans leur sens le plus possible », assurait alors Guy Durand, éleveur et représentant pour l’Isère de la FDSEA, au micro de France 3 Alpes.

    Mais ces négociations n’ont abouti à rien de concret pour l’instant. Pire, celles qui devaient avoir lieu le 7 mars, ont été annulées par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles. Les rendez-vous à l’échelle départementale et nationale sur le statut des ouvriers agricoles sont également au point mort.

    La remise en cause des #conventions_collectives ?

    Une commission paritaire devrait avoir lieu le 14 mars avec la fédération départementale de l’Isère, « mais la dernière a été annulée deux jours avant donc on ne sait pas si elle va se tenir », dit encore le jeune homme.

    Dans chaque département, une convention collective territoriale est établie. « Dans l’Ain, la FNSEA tente de supprimer des accords territoriaux qui assurent des droits spécifiques aux salariés agricoles », indique Tomas Bustarret.

    Les bergers et les gardiens de troupeaux se disent prêts à multiplier les actions pour obliger les exploitants agricoles à revenir à la table des négociations.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/temoignage-nos-logements-sont-indignes-nos-salaires-der
    #travail #montagne #logement

  • Le #Logement_d'abord saisi par ses destinataires

    « Le Logement d’abord saisi par ses destinataires » est une recherche en sciences sociales engagée en 2019 par l’équipe de la Chaire PUBLICS des politiques sociales (laboratoire de sciences sociales Pacte, Université Grenoble Alpes) : https://cpublics.hypotheses.org. Elle a suivi, par des entretiens répétés, des personnes accompagnées dans le cadre de dispositifs et actions développées dans le cadre de la mise en œuvre accélérée du Logement d’abord sur les métropoles de Grenoble et Lyon. De manière originale, elle éclaire les expériences et donne à entendre les points de vue des destinataires de cette nouvelle orientation de l’action publique à destination des personnes sans domicile.

    Pour télécharger le rapport :
    https://cpublics.hypotheses.org/files/2023/05/Rapport_LDAdestinataires_VF.pdf

    https://ldadestinataires.sciencesconf.org
    #logement #rapport #recherche #Grenoble #Lyon #housing_first #accès_au_logement #sans-abris #sans-abrisme #logement_à_soi #habitat #bailleurs #meubles #accompagnement #appropriation #tranquillité #solitude #SDF #habitat_précaire #système_d'habitat_précaire #débrouille #abris_de_fortune

  • Le gouvernement s’accorde sur une capacité d’#urgence via la Défense pour l’accueil des demandeurs d’asile

    Le gouvernement s’est accordé mercredi sur des mesures qui doivent soulager le réseau d’accueil des demandeurs d’asile saturé depuis plusieurs semaines, a annoncé la secrétaire d’État à l’Asile, Nicole de Moor, en commission de la Chambre. “La situation est urgente”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

    Pour permettre un accueil d’urgence, la Défense sera mise à contribution à court terme pour fournir une capacité de 750 places d’urgence dans les quartiers militaires et ensuite, à plus long terme, 750 places dans des villages de #conteneurs. Un appel sera par ailleurs lancé à l’adresse des communes et aux ONG afin qu’elles fournissent des #initiatives_locales d’accueil et des places collectives.

    750 #abris_temporaires

    Dans la première phase, la Défense fournira 750 #abris temporaires dans des #hangars, avec des installations sanitaires mobiles si nécessaire, a précisé la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder. Les hangars seront compartimentés afin d’offrir un #confort_de_base aux demandeurs d’asile. La #restauration sera assurée provisoirement par la #Défense, dans l’attente d’un contrat structurel de restauration. Dans cette phase, la Défense fournit l’infrastructure, Fedasil en coopération éventuelle avec des ONG sera responsable de l’exploitation des centres d’accueil temporaires avec du personnel qualifié.

    Village de conteneurs

    Dans la deuxième phase, la Défense utilisera des contrats-cadres existants pour construire un #village_de_conteneurs de 750 places d’accueil. L’emplacement de ce village de conteneurs sera bientôt déterminé en fonction de la présence de commodités de base telles que l’eau et l’électricité. La Défense assurera la coordination de la logistique et de la construction du village de conteneurs. Là encore, Fedasil se chargera du fonctionnement du centre d’accueil.
    Structures adaptées ou adaptables

    Dans la troisième et dernière phase, la Régie des bâtiments est chargée de trouver des infrastructures adaptées ou adaptables pour accueillir des familles.

    “Aujourd’hui, la Défense est à nouveau sollicitée pour désamorcer une crise. Même si la Défense fait aujourd’hui face à des défis internes majeurs et qu’elle est en pleine reconstruction et transformation, le département est toujours présent pour définir une méthode de travail et un cadre pour désamorcer la crise d’accueil”, a souligné la ministre. Celle-ci a rappelé que son département fournissait déjà 6.000 places d’accueil, soit 20% de la capacité d’accueil totale du pays.
    Dissuader des demandeurs présents en Europe

    Le gouvernement intensifiera par ailleurs les #campagnes cherchant à dissuader des demandeurs qui se trouvent dans d’autres États membres de l’UE d’entamer une nouvelle procédure en Belgique. Plus de 50 % des demandes d’asile ont déjà une demande correspondante dans un autre État membre de l’UE, dont les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. Un centre “Dublin” -en référence à la procédure européenne qui détermine le pays européen, et lui seul, compétent pour examiner une demande d’asile- sera aménagé dans un centre existant à #Zaventem, avec une capacité de 220 personnes. Il devra faciliter le #retour des demandeurs dans le pays de leur premier enregistrement.

    “La pression de l’asile devient énorme dans notre pays si les demandeurs d’asile ne retournent pas dans le premier pays d’arrivée de l’UE”, a insisté Mme de Moor.

    Afin d’accélérer le flux sortant de demandeurs, ceux qui ont un emploi pourront sortir des centres d’accueil et libérer de la sorte de la place pour les autres. Le Commissariat Général aux Réfugiés et Apatrides (CGRA) est appelé à prendre davantage de décisions. Leur nombre devrait se situer entre 2.200 et 2.500 par mois alors qu’il s’établissait à une moyenne de 1.600 entre janvier et mai. L’instance qui se prononce sur les demandes d’asile œuvrait déjà à un plan visant augmenter les décisions. Des recrutements sont également en cours.

    Grâce à ces mesures, le gouvernement entend éviter le paiement d’astreintes prononcées par la justice parce que des demandeurs d’asile resteraient à la rue, a encore précisé la secrétaire d’État. “Le contribuable ne veut pas voir son argent servir à payer des astreintes”.

    https://www.7sur7.be/belgique/le-gouvernement-s-accorde-sur-une-capacite-d-urgence-via-la-defense-pour-laccu

    #renvois #Dublin #centre_Dublin #règlement_Dublin #armée

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    Commentaire reçu via la mailing-list Migreurop :

    La Belgique, condamnée depuis la fin de l’année 2021 par la justice pour le non-accueil des demandeur.se.s d’asile, a finalement trouvé une « solution d’urgence » afin de faire face à cette crise.

    La solution ? Passer par l’armée belge et utiliser les hangars disponibles de la Défense afin de les aménager sommairement et de fournir un toit à plusieurs centaines de personnes.

    Cette réponse est censée être de courte durée et restera en place le temps d’installer un village de containers pouvant abriter 750 personnes. Une sorte d’encampement organisé et voulu par les autorités belges...

    Autre mesure prévue : le rassemblement des demandeur.se.s d’asile Dublin en un lieu unique, à proximité de l’aéroport de Bruxelles, et ce afin de faciliter leur expulsion vers le pays de prise en charge. Il deviendra bientôt difficile de faire la différence entre les centres d’accueil, supposés être des lieux ouverts pour demandeur.se.s d’asile et les centres fermés, ces lieux de détention administrative, entourés de barbelés et surmontés de miradors.

    #encampement #Belgique #accueil #réfugiés #migrations #asile #campagne #dissuasion

    ping @isskein @karine4

  • L’Union européenne exhorte la Bosnie à loger plus de 3 300 migrants qui subissent le #froid et la #neige

    L’Union européenne a exhorté mercredi la Bosnie à loger au chaud plus de 3 300 migrants menacés par des températures glaciales, alors que le pays connait une vague de froid. L’UE met en garde les autorités contre une « crise humanitaire ».

    « La crise humanitaire devient une réalité en raison du manque d’action (...). Nous exhortons les autorités à agir d’urgence pour sauver des vies. » Par ces mots, la délégation de l’Union européenne (UE) en Bosnie hausse le ton contre les autorités du pays.

    Dans la région de #Bihac, à la frontière avec la Croatie, où la plupart des migrants sont massés dans l’espoir d’entrer sur le territoire européen, la température descendra à 0°C dans les prochains jours, selon les prévisions météorologiques. Le froid, accompagné de neige, met « sérieusement en danger la vie de plus de 2 000 personnes qui dorment dehors, dans des conditions désastreuses », insiste la délégation dans un communiqué publié mercredi 9 décembre : http://europa.ba/?p=70989

    Ces personnes vivent soit en #forêt, sous des #tentes, soit dans des #abris_de_fortune, des #bâtiments_abandonnés et des #squats.

    « Rien n’a été prévu pour l’hiver »

    Par ailleurs, 1 300 migrants sont logés dans un centre d’accueil à #Lipa, près de Bihac, qui n’a pas été préparé pour les conditions hivernales, selon la même source. Le site n’est équipé ni d’électricité, ni d’eau courante.

    « Le camp de tentes a été construit pour le printemps et l’été en réponse au Covid-19. Rien n’a été prévu pour l’hiver », signalait déjà fin novembre sur Twitter Peter Van der Auweraert, coordinateur de la mission de l’Organisation internationale pour les Migration (OIM) en Bosnie-Herzégovine. « Une solution alternative est nécessaire rapidement », réclamait-il.


    https://twitter.com/PeterAuweraert/status/1329927548264964097

    La délégation, qui affirme que les moyens de l’Union européenne mis à la disposition des autorités locales existent, appelle le gouvernement à loger de nouveau un certain nombre de migrants dans un centre d’accueil de #Bira, non loin de la ville de Bihac.

    Ce centre a été fermé fin septembre par les autorités locales, un mois et demi avant les élections municipales, pour répondre à une pression croissante des habitants. Deux migrants avaient été tués dans des affrontements entre des exilés afghans et pakistanais lors du démantèlement du camp de Bira.

    Une baisse de près de 50% des arrivées cette année

    La construction d’un autre centre d’accueil, envisagé à un moment dans la région de #Tuzla (nord-est), est également nécessaire afin de loger tout le monde, selon la délégation.

    Le ministère bosnien de la sécurité avait indiqué début décembre que plus de 6 600 migrants étaient logés dans plusieurs centres d’accueil, dans la région de Bihac, de Sarajevo et de Mostar (sud).

    Depuis 2018, la Bosnie est traversée chaque année par des milliers de migrants fuyant les guerres et la pauvreté dans leurs pays au Proche-Orient, en Asie et en Afrique. Selon les statistiques du ministère de la sécurité, environ 15 000 migrants ont été enregistrés à leur arrivée dans le pays depuis le début de l’année, soit une baisse de près de 50% par rapport à la même période en 2019.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/29020/l-union-europeenne-exhorte-la-bosnie-a-loger-plus-de-3-300-migrants-qu

    #hypocrisie #UE #EU #Union_européenne #asile #migrations #réfugiés #Balkans #route_des_balkans #Bosnie #logement #hébergement #hiver

    • EU in BiH statement on migration: Authorities need to act with the utmost urgency

      The EU in Bosnia and Herzegovina expresses concern about the migration situation in the country. The humanitarian crisis is becoming a reality because of the lack of action of the authorities of Bosnia and Herzegovina.

      The current weather conditions seriously put at risk the lives of over 2,000 persons sleeping outside in dire conditions and of the 1,300 persons located at the temporary Lipa facility, which is unsuitable for winter as the authorities failed to ensure that the necessary conditions are in place.

      This risks further impacting the overall security situation as well as the humanitarian crisis, in times of the COVID-19 pandemic.

      Solutions exist and the EU is ready to support Bosnia and Herzegovina in the necessary actions.

      As an immediate priority, we urge the authorities of Bosnia and Herzegovina to temporarily relocate the refugees and migrants currently in Lipa to the EU-funded reception centre “Bira” in Bihać, which was unlawfully emptied by the Cantonal authorities on 30 September 2020 and which is ready to host them.

      In addition, the authorities of Bosnia and Herzegovina should fulfil their commitment to open an additional reception centre in Ciljuge near Tuzla in order to ensure shelter for all persons in need in the coming winter.

      The EU has provided considerable financial and technical support to Bosnia and Herzegovina to better manage migration and asylum and assist citizens in coping with the challenging situation.

      We urge the authorities to act with the utmost urgency to save lives. The EU will continue to stand by all citizens and support the authorities of Bosnia and Herzegovina in coping with the challenging situation.

      http://europa.ba/?p=70989

  • Enfants entre exil et asile

    En Suisse, la lutte continue pour assurer des conditions dignes et humaines aux mineurs non accompagnés (#MNA), qu’ils soient requérants (#RMNA) ou non. Malheureusement, selon #Mohammad_Jadallah, ce combat pour la #dignité est loin d’être terminé. L’activiste pointe dans ce dossier les dysfonctionnements du système suisse et les manquements de l’État, notamment à #Genève.

    Le mercredi 11 mars 2019, j’ai ancré mon navire à la Maison Vaudagne à Meyrin. Dans le cadre des projections scolaires du FIFDH autour de la migration et malgré le début de l’épidémie du Covid-19, j’ai eu le plaisir de rencontrer des élèves (de 11 à 14 ans environ) et leur professeur et d’échanger sur le sujet. Nous avons regardé un film sur le parcours des enfants réfugiés (Afghanistan : enfant de l’exil : https://www.arte.tv/fr/videos/081145-000-A/afghanistan-enfant-de-l-exil) puis Jasmine Caye et moi-même avons partagé notre expertise et notre expérience sur la question de la migration sous la modération de Charlotte Frossard, membre du comité de Jet d’Encre.

    J’essaie de porter un regard analytique et critique sur la question de l’immigration, de la résistance et des réussites des mouvements ainsi que sur les chemins migratoires individuels. Je pense qu’il est fondamental de rendre visibles et de mettre l’accent à la fois sur les mineurs non accompagnés, car ces jeunes mineurs n’ont rien si ce n’est leur motivation d’avoir une vie digne à Genève et, bien sûr, les soutiens de collectifs genevois qui sensibilisent les politiciens.

    En lien avec la thématique du film Afghanistan : Enfant de l’exil, nous avons abordé la question des requérants d’asile, mais surtout celle des mineurs non accompagnés (MNA), qu’ils demandent l’asile ou non. Notre discussion nous a menés à rappeler à quel point il est important à Genève de ne pas oublier ces #jeunes qui se retrouvent démunis : pas de papiers, pas d’hébergement, pas d’aide financière, etc. Et, après l’obtention de leur majorité, ils sont généralement renvoyés dans leur pays d’origine.

    De plus, qu’ils soient RMNA ou MNA, ce sont avant tout des enfants qui ont le droit d’être protégés – ce qui n’est pas le cas à Genève ! Ces enfants sont traumatisés car ils n’ont pas d’accès au permis, ni renouvelable ni provisoire, pour leur permettre de bien s’intégrer sur le long terme. Et bien que ce ne soit pas son devoir officiel, il faut relever que la communauté d’origine en exil de ces enfants n’est pas toujours présente pour leur apporter un soutien moral et culturel, et leur permettre d’aspirer à un avenir meilleur.

    Avant d’aller plus loin, je tiens à soulever que personne n’est plus apte à revendiquer ses besoins de base et exprimer son ressenti que les personnes directement concernées. Les #mineurs s’organisent pour sortir de l’#invisibilité et être entendus. Individuellement ou collectivement, leur voix est puissante. Bereket Gebrihwet disait dans le premier épisode du reportage de Nouvo, Les enfants de l’exil (https://www.youtube.com/watch?v=5tChg_zX4iA

    ) : « J’en ai marre. Pourquoi on m’a dit de retourner dans mon pays [Érythrée]. Je ne veux pas et je ne peux pas. » Il n’a rien de plus clair que cette phrase ! Très fort, on le voit plein d’enthousiasme, le regard porté vers l’avenir.

    Les MNA ne manifestent pas pour manifester, mais pour rappeler et sonner l’alarme. Ils cherchent à mettre fin à leur situation précaire indéterminée et inacceptable. Dans le film Bunkers (http://www.bunkersfilm.com/fr/accueil), je disais « C’est la prison. En prison, au moins, on sait qu’on sortira un jour… mais dans le bunker, … on ne sait pas quand on sortira ».

    Les #bunkers : une lutte sans fin pour des conditions dignes

    Il y a un peu plus de deux mois, face à cette situation préoccupante, Solidarité, le Collectif de soutien aux mineurs non-accompagnés a occupé le Grütli pendant plus d’une semaine, lors du Festival Black Movie avec pour but de revendiquer la mise en place de mesures de protection pour les mineurs non accompagnés et la prise en charge de ces jeunes par l’État de Genève. La question de l’occupation du Grütli n’est pas nouvelle. Cette fameuse maison des arts genevoise a également été occupée, en 2015 pendant la Fête de la musique, sous la forme d’un squattage par le Collectif de l’occupation du Grütli. L’#occupation a toujours eu pour but de sortir la question de l’asile des griffes de la « Ville de paix » qu’est prétendument Genève.

    La politique migratoire genevoise est une partie de la politique d’immigration suisse. Et malgré son statut international de Capitale de la paix, lieu où la Convention relative au statut des réfugiés a été signée et où le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme est situé, il semblerait que les sous-sols de Genève ne fassent pas partie du monde et que les personnes qui les habitent soient gravement discriminées et invisibles. La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a clairement indiqué en 2013 dans un rapport que les « installations militaires [que sont les abris PC ou bunkers] ne sont adaptées qu’à des séjours de courte durée, de trois semaines au maximum », et ce, pour des raisons de santé physique et mentale.

    En 2014-2015, le collectif #Stop_Bunkers, dont j’ai fait partie, s’est extirpé des sous-sols (les abris de la protection civile, ou #abris_PC) de Genève pour atterrir au sommet de la Vieille-Ville où le Grand Conseil genevois est situé. Ce mouvement de requérants d’asile luttait contre des conditions de vie qui leur étaient imposées. C’est la première fois en Suisse qu’un tel mouvement s’exprimait en son propre nom et qu’il a manifesté et clamé ses revendications dans la motion 2259-A, basée sur les droits humains : une vie humaine et digne, « On veut de l’air pas du vent ». Durant l’audition de la motion, un commissaire UDC disait : « En venant en Suisse, ils ont fait une erreur de parcours, car la Suisse est le pays des bunkers et des montagnes ». Et malheureusement, il semblerait que la xénophobie ne soit pas qu’une caractéristique exclusive de l’UDC, mais bien celle d’autres partis politiques qui œuvrent également dans ce sens.

    Suite à la lutte sans précédent de ce collectif, les bunkers à Genève ont fermé depuis deux ans, mais ce n’est pas le cas dans les autres cantons suisses. Il y a quelques semaines, j’ai appris que la Suisse continuait sa tradition contradictoire d’accueillir de nouveaux arrivants au #Tessin dans deux bunkers à #Stabio. En effet, un jeune homme « habitant » d’un de ces bunkers m’a confirmé que celui dans lequel il vivait était composé de trois dortoirs, 40 personnes, 4 toilettes, 2 salles de bain, des hommes de sécurité qui fouillaient les requérants. Selon ce jeune homme, les collaborateurs sont sympas mais « c’est pour couvrir le fait qu’on est mis sous terre (14 jours-4 mois) ». Aujourd’hui, les deux bunkers du Tessin ont été fermés et tous les habitants ont été déplacés dans un nouveau centre à Balerna dans lequel est apparu un cas de coronavirus parmi les requérants. Autre canton mais situation identique : « À #Urdorf par exemple, 40 personnes vivent dans un bunker de protection civile, jusqu’à dix partagent un dortoir souterrain », selon Autonome Schüle Zürich.

    Tant pour les mineurs non accompagnés que pour les requérants d’asile vivant dans des bunkers, la question de la #visibilité est fondamentale pour amener aux yeux de tous leurs revendications. L’occupation d’un lieu est ainsi un moyen non négligeable (et qui a fait ses preuves à Genève) de sensibiliser la population aux conditions de vie inhumaines qu’ils endurent mais également de confronter les politiciens à une réalité à laquelle ils contribuent : la violation des #droits_humains.

    État des lieux : où en est-on aujourd’hui ?

    En ce qui concerne la lutte contre les autorités, il faut savoir que les revendications des MNA n’ont toujours pas abouti. Bien au contraire, le Grand Conseil tente de les éloigner les uns des autres afin d’amoindrir leur force et d’empêcher leur mouvement de #résistance. En effet, les autorités suisses ont modifié la loi sur l’asile en 2019 en créant des centres de détention administrative pré-renvoi afin d’éviter que des personnes déboutées s’installent avec de faux papiers (papier blanc)1. Est-ce que le Grand Conseil va prendre ces mesures pour casser leur capacité de résistance jusqu’à ce qu’ils atteignent 18 ans et ensuite les renvoyer ?

    La fermeture, ou plutôt le « contrôle », des frontières suisses décrétée par le Conseil fédéral en date du 13 mars 2020 sur la base de mesures de santé contre le Covid-19 affecte directement les demandeurs d’asile qui eux sont interdits d’entrer en Suisse en ces temps de pandémie mondiale. Le 1er avril 2020, le Conseil fédéral a prononcé une ordonnance COVID-192 sur les mesures prises en matière d’asile : en raison de la mesure d’exception, toutes les procédures administratives et judiciaires ainsi que les audiences ont été interrompues partout en Suisse, à l’exception du domaine de l’asile. Les auditions sont maintenues, malgré une distanciation sociale pas toujours respectée ou un représentant juridique absent. Les décisions de renvoi sont maintenues, et les délais pour faire recours raccourcis3. Néanmoins, on peut noter un certain paradoxe quand nous voyons que les frontières restent ouvertes pour les travailleur-ses essentiel-les pour la Suisse, et que les vols de renvoi sont maintenus en dépit de la suspension de la majorité des vols internationaux.

    Aujourd’hui, malgré la lutte contre les processus fastidieux de l’État dans l’étude des revendications et leur mise en place, les bunkers sont toujours ouverts en Suisse. Il y a là une contradiction entre la fermeture des bunkers pour les personnes vulnérables en mettant en avant l’argumentaire de l’#insalubrité et l’ouverture de ces mêmes bunkers pour les réfugiés en mettant en avant la crise du logement.

    Et si la Suisse, qui se dit engagée pour la promotion et le respect des droits humains et la protection des enfants, procède ainsi, que fera le reste du monde ?

    https://www.jetdencre.ch/enfants-entre-exil-et-asile

    #enfants #enfance #Suisse #asile #migrations #réfugiés #Momo #in/visibilité #invisibilité #visibilité

  • Les abris d’Athènes 1936-1940

    Le régime du « 04 août » de Ioannis Metaxas, qui s’empara du pouvoir en 1936, avait le sentiment qu’une guerre généralisée en Europe était une sérieuse éventualité. Parallèlement à cela, il avait intégré l’idée que l’avion de combat constituerait l’arme dominante des futurs champs de bataille, et que les bombardements frappant le tissu urbain (avec des pertes prévisibles parmi les civils), seraient hautement probables (Εθνική Ένωσις Αεροχημικής Προστασίας/ Union nationale de protection aérochimique 1936). Face à ce risque, le gouvernement Metaxas se lança dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un vaste programme de Protection Civile (Βλάσσης 2013), La principale composante de ce programme fut la construction du plus grand nombre possible d’abris souterrains anti-aériens. La nature, ainsi que la dimension de ces abris, variait selon les cas : de simples galeries de quelques mètres ou des caves de quelques mètres carrés, jusqu’à des abris aménagés de centaines de mètres carrés, disposant de sanitaires, de réservoirs d’eau, et composés d’une grande quantité de compartiments et d’espaces annexes (Κυρίμης 2017).

    https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/les-abris-dathenes-1936-1940

    #abris #souterrain #bunkers #Athènes #Grèce #photographie
    ping @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere

  • Calais : des migrants refusent les repas de l’Etat par « colère de voir leurs abris détruits »
    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/calais-des-migrants-refusent-les-repas-de-l-etat-par-colere-de-voir-leu

    Certains des 500 à 600 migrants de #Calais (Pas-de-Calais) refusent d’aller chercher leurs repas depuis que l’État en assure la #distribution. Christian Salomé, président de L’auberge des migrants a dénoncé dimanche 11 mars sur franceinfo la « maladresse » de l’État, qui détruit les #abris des #migrants en même temps qu’il distribue ces repas après avoir mandaté une association pour le faire. « Il y a une colère de voir leurs #abris_détruits, et du coup les repas ils n’en veulent pas », a-t-il expliqué. Christian Salomé a aussi justifié le fait de distribuer des repas de substitution le soir si des migrants ont #faim. « On ne peut pas affamer des gens même pour une raison d’Etat ce n’est pas possible, on n’est quand même pas dans un monde pareil », a réagi le président de l’association L’auberge des migrants qui appelle les autorités à « débloquer la situation ».

    #nourriture #dignité #violences_policières

  • Cours des comptes GE | Audit de gestion relatif à l’aide apportée aux migrants par l’Hospice général
    https://asile.ch/2017/06/23/cours-comptes-ge-audit-de-gestion-relatif-a-laide-apportee-aux-migrants-lhospi

    Le 23 juin 2017, la Cour des comptes du canton de Genève a publié un nouveau rapport : “Audit de gestion relatif à l’aide apportée aux migrants par l’Hospice général”.

  • Situation de l’hébergement des migrants au 30.04.2017
    http://hospicegeneral.ch/sites/default/files/Point%20sur%20l%27hebergement%20des%20migrants%20au%2030.04.2017.pdf

    #hébergement #logement #Genève #réfugiés #asile #migrations #statistiques #chiffres

    Le point sur les #abris_PC (#bunkers) :

    Le 12 mai 2017, l’Hospice général fermera son sixième abri de protection civile (PCi), celui d’Annevelle à Lancy. Trois abris resteront alors ouverts : deux à Genève (Coudriers et Châtelaine) et un à Versoix. Au 30 avril 2017 , 139 personnes y logeaient encore. Sur un an, le nombre de résidents dans des structures souterraines a diminué de deux tiers (un maximum de 553 résidents logés dans 9 abris PCi a été atteint fin janvier 2016).

    • Fermeture des bunkers : l’Hospice général et l’art de la récupération politique

      Genève, le 23 janvier 2018 – Avec trois ans de retard, l’Hospice général annonce la fermeture des abris PCi dans un communiqué cynique et mensonger.

      Rappelez-vous janvier 2015, quand Genève découvrait que l’accueil et l’hébergement des personnes en exil dans le canton consistaient en des dortoirs sous-terrains surpeuplés et insalubres dans les bunkers de la Protection civile. « Nous vivons sous terre, entassés, sans fenêtres, sans air, sans soleil, pour certains depuis plus d’une année. Nous avons de gros problèmes d’hygiène, de nourriture et de sommeil, qui altèrent gravement notre santé tant physique que psychique. » C’est ainsi que 117 personnes dénonçaient leurs conditions de vie dans une lettre ouverte datée du 23 janvier 2015. Les personnes en exil rassemblées au sein du collectif Stop Bunkers déclenchaient un mouvement de plusieurs mois qui allait ébranler la tranquillité genevoise et mettre en lumière le traitement réservé à des centaines de personnes déjà profondément affaiblies.

      L’Hospice général, en charge de l’hébergement et dirigé par Christophe Girod, reconnaissait le 26 février 2015 dans sa réponse les conditions « humainement insatisfaisantes » qu’il imposait aux personnes à sa charge. Mauro Poggia, le magistrat de tutelle de l’Hospice, renchérissait en insistant sur les efforts des autorités pour trouver des solutions à cette situation.
      Stop Bunkers, 2015 : « On veut de l’air pas du vent ». 2018 : Christophe Girod et Mauro Poggia n’ont cessé d’en brasser.

      Afin de neutraliser une première fois le mouvement de grogne, les autorités trouvent peu à peu des hébergements hors des abris sous-terrains pour les membres du collectif Stop Bunkers. Mais rien n’avance concrètement vers leur fermeture, aucun projet n’est annoncé, et le nombre d’abris ouverts ne cesse de grimper. L’occupation du Grütli, en juin 2015, suite à l’annonce du transfert sous-terre d’habitants du foyer des Tattes pour les remplacer par des familles syriennes qui arriveront des années plus tard, fait monter la tension d’un cran. Un été chaud, avec des milliers de personnes solidaires dans la rue et plus d’une dizaine de manifestations sauvages, oblige les autorités à prendre des engagements clairs : une fermeture définitive des abris PCi pour la fin 2016. Il faut dire que de Human Rights Watch à Amnesty, en passant par les médecins et psychiatres, les condamnations pleuvent sur la Genève internationale soucieuse de son image.
      « Mettre des gens longtemps dans des abris PCi n’est pas humainement acceptable et il faut trouver d’autres solutions. […] On aurait dû et pu anticiper. » Mauro Poggia, 26 juin 2015 ( dans le « 24 heures »)

      Au sortir du mouvement No Bunkers de l’été 2015, tout en menant une répression policière féroce et en couvrant des "bavures" à répétition, les autorités sont bien obligées de sortir la tête du sable. Après des mois de luttes, la politique de l’autruche doit laisser place à l’action. De nombreux projets sont annoncés et la fameuse Task Force du Conseil d’État est formée. Un bâtiment vide dans le quartier des institutions internationales est indiqué aux autorités par le mouvement, preuve que des solutions d’urgence existent. Le futur foyer Appia permettra ainsi à 180 personnes d’échapper aux bunkers.

      Mais le réveil va être difficile, et longue la gueule de bois. Alors que les autorités communales et cantonales sont incapables de s’entendre et que 7 bunkers sont toujours ouverts, l’Hospice général annonce la larme à l’œil la prochaine destruction du foyer Frank-Thomas. Bien que la rénovation de ce centre d’hébergement de 135 places s’impose comme une évidence voire une formalité, il faut un nouvel été de mobilisation, et l’occupation du bâtiment par ses résidents, pour que la situations se débloque. Et pendant ce temps, toujours aucun nouveau projet en vue.
      L’Hospice général et l’urgence de ne rien faire

      Que s’est-il donc passé entre le 23 janvier 2015 et le 23 janvier 2018 ? En reprenant éhontémment une date symbolique de la lutte contre les conditions d’hébergement pour pondre son communiqué victorieux, l’institution n’hésite pas à manipuler les faits, voire à tout simplement mentir.

      On peut ainsi lire que cette fermeture serait due tout d’abord à « la nette baisse du nombre d’arrivées de migrants » dès 2017. Or un rapide coup d’œil sur les statistiques de la Confédération, nous montre dès l’année 2016 une baisse régulière des nouvelles demandes, lesquelles sont en 2017 à leur chiffre le plus bas depuis 7 ans. Durant ces trois années, en même temps qu’elles regrettent le manque d’anticipation et reconnaissent qu’elles imposent des conditions de vies inhumaines aux personnes en exil, les autorités se contentent d’attendre.

      Ou alors, sont-elles absorbées par « la recherche de logements et l’ouverture de nouveaux centres d’hébergement » tel qu’affirmé plus loin ? Le cynisme étant de mise dans ce dossier, Christophe Girod n’a jamais hésité à s’approprier l’ouverture du foyer Appia et la rénovation de Frank-Thomas comme des victoires personnelles. Il a pourtant mis plus d’énergie à punir les résidents qui avaient osé se mettre en lutte, plutôt que de reconnaître sa dette à leur égard. Quant au « centre d’hébergement collectif ouvert à Satigny », il s’agit dans les faits de modules préfabriqués temporaires installés dans un ancien camping et pouvant accueillir seulement 20 familles.
      Trois ans de travail résumés en une page vierge

      Difficile de tirer un quelconque bilan de trois ans d’action de Christophe Girod comme directeur de l’Hospice général, et de Mauro Poggia en charge des questions d’hébergement face à cette « crise sans précédent ». On est ainsi en droit d’accueillir avec une certaine retenue les chiffres des nouveaux centres prévus, et du « début des chantiers possible entre 2018 et fin 2019 ». Mais surtout, on est en droit d’être surpris de lire qu’ils « ont pour point commun d’être provisoires » et visent à « compenser les futures pertes de lieux d’hébergement. » Ainsi, rien de neuf mais du remplacement ; rien de durable, mais du temporaire.
      Faute avouée, à moitié pardonnée ?

      Ce communiqué sonne donc comme un aveu. L’aveu que l’inaction crasse des autorités sur la question de l’hébergement et les 3 ans qu’il a fallu attendre pour que les bunkers ferment, sont le résultat d’une attitude délibérément attentiste. Serrer les dents jusqu’à ce que le nombre d’arrivées baisse, et s’accommoder de l’indigne et de l’inhumain sans jamais assumer ses responsabilités.

      Plus qu’un aveu, c’est aussi une caresse dans le sens du poil de celles et ceux qui condamnent l’invasion étrangère de la Suisse. En insistant sur l’aspect temporaire de ces constructions, en limitant leur nombre au strict minimum, on inscrit la politique d’hébergement comme ce qu’elle est en réalité : une construction ségrégationniste et raciste, où les personnes en exil sont traitées comme un problème, et où l’asile n’est pas un devoir d’humanité mais un fardeau à éliminer. Que cette politique conduise inévitablement à une nouvelle crise et à une réouverture des bunkers dans les années à venir ne semble émouvoir aucun de ses promoteurs.
      « On fait le bilan, calmement, se remémorant chaque instant... »

      Au sein du collectif Sans Retour, nous avons vu passer ces trois ans à une vitesse folle. Mais si dans la chanson, le temps passe et les choses changent, c’est la grimace qui est de mise sur le front de l’exil. La seule constante qu’il faut reconnaître aux autorités est celle de leur mépris à l’égard des personnes en exil en lutte, et vis-à-vis de leurs engagements : des membres du collectif No Bunkers traités de délinquants multi-récidivistes, aux habitants de Frank-Thomas qu’on remercie d’avoir sauvé leur foyer en les empêchant d’y retourner une fois celui-ci rénové, en passant par les renvois violents, la négation des violences policières et des responsabilités dans des drames comme l’incendie mortel du foyer des Tattes.

      L’évolution la plus notable qu’il nous faut remarquer est la refonte complète de la communication de l’Hospice général : soirées d’information, chargés de communication, nouveau site internet ; on sent que l’institution a peiné à répondre aux attaques dont elle a fait l’objet.

      Mais en ce qui concerne les conditions d’accueil des personnes en exil, c’est la consternation. Les baisses massives de nouvelles et nouveaux arrivant.e.s en Suisse sont le résultat d’une politique de verrouillage de l’Europe, d’une intensification de la guerre de basse intensité faite aux personnes qui tentent le voyage ou encore de politiques de plus en plus restrictives quant à l’accueil, notamment avec la reconnaissance de l’Érythrée comme "État sûr" et donc éligible aux renvois. La Suisse ne doit pas être un Eldorado pour l’immigration, il faut que cela se sache, et qu’aucun doute ne subsiste.

      Quant à la question de l’hébergement, c’est le provisoire à tous les niveaux qui domine. En attendant, la mise en œuvre de la nouvelle loi sur l’Asile instaure le centre fermé, entouré de barbelé, comme nouveau standard de « l’accueil ». Construits directement aux abords des aéroports, ces nouveaux centres fédéraux, largement gérés par des entreprises privées, répondent ainsi à la première préoccupation de la Suisse : améliorer la gestion technique et optimiser les renvois des personnes en exil.

      Pour une approche humaine, on repassera.

      Genève, le 9 février 2018
      Le collectif Sans retour
      sanretour@riseup.net

      https://renverse.co/Fermeture-des-bunkers-l-Hospice-general-et-l-art-de-la-recuperation-politiq

  • ’Sulla pelle dei profughi hanno mangiato in tanti’

    Per evitare che il sospetto spazzi via anche ciò che di buono viene fatto, e non è poco, il Cantone dovrebbe togliere quel velo opaco che finora ha coperto i mandati ad associazioni e privati che si occupano dei migranti". A sfogarsi è una persona che conosce bene ciò che succede nelle stanze dell’Ufficio cantonale del sostegno sociale e dell’inserimento (Ussi). Una «gola profonda» nauseata da certe situazioni e che ora ha deciso di raccontare cosa, a suo dire, non va. Un racconto che il Caffè riporta tutelando, per ovvie ragioni, la sua identità. Alcune delle accuse riguardano l’#Ussi, il cui capoufficio negli scorsi giorni, per decisione del Dipartimento sanità e socialità, è stato esautorato di ogni responsabilità sul Servizio richiedenti l’asilo. Una conseguenza dello scandalo per il mandato diretto, e non registrato nella lista delle commesse pubbliche, assegnato ad #Argo1, la società di sicurezza privata finita nella bufera giudiziaria, che aveva ottenuto un incarico milionario per la sorveglianza in tre centri per i richiedenti l’asilo (la cifra ipotizzata sarebbe di oltre 3 milioni di franchi sull’arco degli ultimi due anni e mezzo).


    http://www.caffe.ch/stories/cronaca/57256_sulla_pelle_dei_profughi_hanno_mangiato_in_tanti
    #asile #migrations #réfugiés #économie #business #privatisation #Suisse #Tessin

    –-
    sur ce bunker voir aussi:

    sur ce bunker voir aussi:
    https://seenthis.net/messages/789186
    https://seenthis.net/messages/926614

  • Memorie dal sottosuolo. I rifugiati nei bunker di Ginevra

    Durante la guerra fredda, la Svizzera costruì migliaia di bunker sotterranei per proteggere la propria popolazione da un eventuale attacco nucleare. Attualmente, alcuni vengono utilizzati per le esercitazioni militari, molti altri sono rimasti in disuso. Negli anni ‘90 un certo numero di sotterranei vennero utilizzati per ospitare le persone che fuggivano dalla guerra nei Balcani, in una situazione di emergenza temporanea. Ma in anni recenti l’uso dei bunker per accogliere richiedenti asilo è diventata una pratica abituale.

    http://wots.eu/2016/11/22/rifugiati-nei-bunker-di-ginevra
    #bunkers #asile #migrations #réfugiés #abris_pc #logement #hébergement #Suisse #Genève

  • #8 / Contraints de vivre sous terre à Genève. Les exilés et la société civile face à l’accueil indigne : Urbanités

    http://www.revue-urbanites.fr/8-contraints-de-vivre-sous-terre-a-geneve-les-exiles-et-la-societe-c

    par Cristina Del Biaggio & Raphaël Rey

    Sous une école, entre deux édifices publics, à côté d’un parking ou sous un hôpital, des structures souterraines sont disséminées un peu partout en Suisse. Appelées tantôt « abris de la protection civile (abris PC) », tantôt « bunkers », il en existe environ 360 000 dans tout le territoire. Ils sont de différents types et leur structure interne dépend du nombre de personnes qu’ils sont susceptibles d’accueillir. Si certaines de ces structures sont privées et se trouvent dans des immeubles ou maisons individuelles, une grande partie est publique et gérée par les communes, tenues de les équiper et de les entretenir.

    À Genève, entre 400 et 500 personnes vivent aujourd’hui dans ces structures, soit 12 % à 16 % des exilés1 logés en hébergement collectif2) [2]. Ils sont demandeurs d’asile, personnes en procédure de renvoi (déboutés de l’asile ou personnes frappées d’une non-entrée en matière dans le cadre du Règlement Dublin3 ), réfugiés statutaires ou encore titulaires d’une admission provisoire4 . À l’automne 2014, certains d’entre eux, regroupés dans le collectif « Stopbunkers », sont sortis de l’ombre et ont manifesté contre cet accueil considéré comme indigne. Par leurs actions et leur mobilisation, ils sont devenus visibles dans l’espace public et, en créant des coalitions avec d’autres groupes politiques ou citoyens, ils ont réussi à s’imposer comme une nouvelle voix dans la question de l’hébergement à Genève. Dans le même élan, de nombreux collectifs d’habitants se sont emparés de la question et ont constitué, dans les quartiers abritant ces abris, des groupes de soutien aux exilés vivant sous terre.

    #suisse #Asile #réfugiés #migrations #bunker

  • Savoirs en Prisme | Article sur l’utilisation rhétorique des termes “afflux” et “invasion” d’exilés pour justifier la gestion en urgence de leur hébergement en Suisse
    http://asile.ch/2016/11/08/savoirs-prisme-article-lutilisation-rhetorique-termes-afflux-invasion-dexiles-

    Le manque de places d’hébergement pour demandeurs d’asile a été une thématique récurrente dans les médias en Suisse en 2014. Pour expliquer cette crise du logement, la « hausse des demandes d’asile » a systématiquement été invoquée par les autorités et répétée en boucle par les médias. L’ouverture d’abris de protection civile, souterrains, est, sauf dans de […]

  • Un document qui date du 19 mars 2016, que je publie ici pour archivage :

    #Lettre_ouverte : Fermeture des #abris_PC et amélioration des conditions de vie
    Monsieur le Président du Conseil d’Etat, Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat,

    Il y a un an, des habitants des abris PCi ont adressé une première lettre à Mme Ariane Daniel Merkelbach, directrice de l’AMIG au sein de l’Hospice Général, dénonçant leurs conditions d’habitation dans ces derniers. Un an après, non seulement la situation ne s’est pas améliorée mais elle a même empiré : de deux abris initialement ouverts en 2015 nous en comptons bientôt onze. Nous, personnes en exil logées par le service d’hébergement de l’AMIG, nous unissons pour dénoncer une nouvelle fois des conditions de vies indignes et inhumaines que nous avons connues, que nous connaissons ou que nous risquons à tout moment de connaître. Une part importante du contenu de la lettre du 23 janvier 2015 reste malheureusement d’actualité et est donc reprise dans celle-ci.
    Dans nos pays, nous avons connu l’emprisonnement, la torture, la guerre, la dictature, le terrorisme, l’injustice sociale et la misère. Nous avons fui pour sauver nos vies. Nous avons dû quitter nos familles, nos amis, nos maisons, nous avons dû tout laisser. Sur la route, nous avons connu de nombreux dangers : nous avons subi de multiples formes d’agressions, nous avons été enfermés, nous avons traversé le désert, la montagne, la mer, au péril de nos vies. Beaucoup de nos compatriotes et amis sont morts en chemin. Aujourd’hui, nous sommes en Suisse, « terre d’asile » et nous sommes reconnaissants à ce pays et à ses habitants de nous accueillir. Pourtant ici aussi, on nous empêche de mener une vie digne.

    Dans les abris PCi, nous avons vécu, nous vivons ou nous vivrons sous terre, entassés, sans fenêtres, sans air, sans soleil, pour certains pendant plus d’une année. Nous avons de gros problèmes d’hygiène, de nourriture et de sommeil, qui altèrent gravement notre santé tant physique que psychique.

    Les toilettes et les douches sont en nombre totalement insuffisant et de ce fait sont la plupart du temps dans un état de propreté déplorable. La promiscuité nous expose sans cesse aux maladies et à la contagion, d’un simple rhume à la grippe intestinale en passant par la gale. Sans parler des punaises de lit. L’air est difficile à respirer. Nous souffrons de problèmes oculaires et de maladies de peau.

    Nous n’avons pas la possibilité d’avoir accès à des espaces où nous pourrions cuisiner et sommes donc dépendants de la nourriture qui nous est servie : aucun légume frais ; couscous, riz ou spaghetti au quotidien ; nourriture préparée depuis des jours, qui stagne dans les frigos, et qui est régulièrement avariée quand on nous la sert ; même le pain est souvent dur.

    La lumière, allumée 24 heures sur 24, nous empêche de dormir. Tout comme le bruit, la ventilation, le fait que les lits soient connectés entre eux, les ronflements des uns et les cauchemars des autres. Nous n’avons aucune intimité.

    Le manque de sommeil nous épuise et nous fragilise. Nous ne pouvons pas non plus voir nos amis car nous ne pouvons pas recevoir de visites. Nous n’avons plus aucune énergie et n’entrevoyons aucune perspective.

    Ces conditions d’ « accueil » se répercutent sur notre quotidien dans son ensemble, créent de graves difficultés à différents niveaux et nous rappellent les sévices que nous avons subis dans nos pays. Ces traumatismes nous hantent.

    Beaucoup d’entre nous, à bout de force, doivent régulièrement s’adresser aux urgences pour tenter de trouver de l’aide. Nous sommes venus dans ce pays à la recherche de protection. N’avons-nous pas droit, au minimum, à ce que notre état de santé ne se détériore pas pendant notre séjour ?

    Suite à l’incendie qui s’est déclaré aux foyer des Tattes le 17 novembre 2014, tuant une personne et en blessant grièvement plusieurs autres, la justice n’a toujours pas été rendue et malgré cela de nombreuses victimes ont été renvoyées ou risquent de l’être. Depuis, nous vivons tous dans l’inquiétude. Si un incendie se déclarait dans un abri PCi, par où pourrions-nous sortir pour échapper aux flammes ?

    Cet état d’angoisse et de tension permanentes, les difficultés matérielles, la promiscuité, les conditions de vie qui nous sont imposées, génèrent des tensions et des conflits. La richesse qui devrait découler de la rencontre avec d’autres personnes, d’autres cultures, est rendue impossible par les problèmes de survie qui préoccupent chacun.

    Nous portons à votre attention le fait que la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) a conclu que les abris PCi ne sont adaptées qu’à des séjours de courte durée, de trois semaines au maximum, et que le conseiller d’Etat M. Mauro Poggia a reconnu que cette « solution » pose des problèmes de « dignité humaine ».

    Certains camarades en exil se sont mobilisés durant l’été 2015, cherchant collectivement à faire évoluer la situation, allant même jusqu’à proposer des solutions de logement en surface, en concertation avec l’Etat. Aujourd’hui, nous constatons que malgré les promesses obtenues, des nouveaux abris PCi ont été ouverts et que la réponse de la police et de l’Hospice Général face à ce mouvement de solidarité a été essentiellement répressive (interdictions de se rendre dans certains foyers, nombreuses arrestations, parfois même dans les locaux de l’OCPM à Bandol). Cela signifie-t-il qu’en prenant la parole publiquement pour dénoncer les conditions de vie qui nous sont imposées nous prenons le risque de nous exposer à la répression ? Nous refuse-t-on le droit de chercher collectivement à faire évoluer une situation dont nous souffrons ?

    En attendant la fermeture définitive des abris PCi promise pour fin 2016, nous vous demandons de prendre les mesures suivantes afin d’améliorer au plus vite les conditions de vie des habitants de leurs habitants :

    Mettre à disposition des personnes logées en abris PCi des espaces pour pouvoir cuisiner de façon autonome.

    Baisser le nombre de personnes par dortoirs.

    Améliorer les conditions d’hygiène dans les abris PCi notamment en ce qui concerne la propreté des douches et des w-c.

    Améliorer l’information auprès des habitants des abris PCi concernant les différents lieux d’accueil et de formation qu’ils peuvent fréquenter à Genève.

    Donner la possibilité aux habitants des abris PCi de recevoir des visites, non pas dans les dortoirs, mais dans les salles communes qui sont à l’entrée des abris et de visiter leurs connaissances en foyers.

    Comprenez bien que si nous proposons des pistes pour chercher à « améliorer » de façon urgente le quotidien des camarades logeant actuellement dans les abris PCi, nous n’abandonnerons pas la lutte tant que les abris ne seront pas définitivement fermés et que l’idée même de pouvoir y loger des personnes pour des périodes plus longues que quelques jours n’aura pas été enterrée.

    Personne ne doit (sur-)vivre sous terre !

    Dans l’attente de votre rapide réaction, nous vous prions de croire, Monsieur le Président du Conseil d’Etat, Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat, à l’assurance de notre haute considération.

    #bunkers #logement #hébergement #asile #migrations #réfugiés #Genève #lettre #abris_de_la_protection civile

  • Tra i migranti accolti nei bunker antiatomici. “Neanche gli animali vorrebbero stare qui”

    In Svizzera centinaia di richiedenti asilo vivono sottoterra, nei rifugi della protezione civile. Restano lì anche per sette mesi. Mentre crescono le proteste delle associazioni


    http://www.lastampa.it/2016/06/30/esteri/tra-i-migranti-accolti-nei-bunker-antiatomici-neanche-gli-animali-vorrebbero-stare-qui-zCLoS6bzdP8H6LiwQPRbQJ/pagina.html

    #bunkers #abris_pc #asile #migrations #réfugiés #logement #hébergement #Suisse