Strategic #wealth #accumulation Under Transformative AI Expectations
▻https://arxiv.org/abs/2502.11264
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#automation #economy #finance #income #wages #work #interest #artificialintelligence
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Tourisme : La Rochelle coupe les boîtes à clés, symbole du conflit entre les villes et Airbnb
▻https://objectifaquitaine.latribune.fr/business/immobilier/2024-12-30/tourisme-la-rochelle-coupe-les-boites-a-cles-symbole-du-
La Rochelle est la dernière ville d’une longue série à avoir interdit l’accrochage de boîtes à clés dans l’espace public. Cette régulation municipale va de pair avec la loi votée début novembre au Parlement pour encadrer l’effervescence des locations meublées touristiques dans certains territoires.
Entre Noël et le Nouvel An, il n’est de meilleur moment pour flâner sur le Vieux Port de La Rochelle : la mairie a décidé d’en faire un éphémère havre de quiétude en empêchant la circulation. Seul le rugissement strident d’une disqueuse vient briser le tableau maritime. Autre conséquence de l’action municipale, ce trouble est l’œuvre de la police de l’environnement qui supprime les boîtes à clés des arceaux vélo et autres bancs publics.
A quelques jours des fêtes de fin d’année, ces petits écrins à code disparaissent progressivement du paysage urbain. Au grand dam des touristes. Car ces boîtes renferment les précieuses clés qui leur permettent d’accéder au logement meublé loué sur des plateformes telles qu’Airbnb ou Abritel. « L’espace public n’est pas un support pour l’activité commerciale », balaye Marie Nédellec, adjointe au maire. Comme Rome, Florence, Marseille, Nice, Lille et Annecy, la première ville française à l’avoir fait dès 2022, le conseil municipal de La Rochelle a signé début novembre un arrêté interdisant l’accrochage de ces boîtiers sur le mobilier urbain.
« On pose des autocollants et les propriétaires ont quinze jours pour retirer leur boîte, explique l’élue rochelaise, dont l’action a entraîné la suppression de quelques dizaines de boîtiers. La boite à clés est un symbole de ce tourisme qui ne fait que grandir et pour lequel il faut un encadrement. »
Réglementations variables
Un nouveau tour de vis pour les propriétaires, alors que depuis septembre les plaisanciers du port des Minimes n’ont déjà plus le droit de louer leur bateau pour des nuitées sur Airbnb. Leurs représentants comprennent pourtant la décision municipale. « Installer des boîtes à clés sur le domaine public c’est illégal. Je trouve anormal que des propriétaires en mettent sur les bancs et dans l’espace public », adresse Jean-Louis Racaud, président de la chambre syndicale des propriétaires de La Rochelle. Pour les copropriétés, la boîte à clé devra être installée en façade d’immeuble ou dans les parties communes... à condition d’obtenir l’accord du syndicat de copropriété comme l’impose désormais la loi. Pour permettre d’adapter le curseur des réglementations locales, l’Assemblée nationale et le Sénat ont voté début novembre ce texte donnant davantage de pouvoir aux communes pour réguler Airbnb.
Les villes qui souhaitent le plus limiter le nombre de meublés de tourisme pourront par exemple appliquer des quotas drastiques ou encore réserver des zones à la construction de résidences principales. Une façon d’ajuster le curseur d’un territoire à l’autre, alors que la location de courte durée fait aussi le bonheur de certains espaces ruraux ou plus isolés.
« Cette réglementation donne un certain nombre d’outils aux communes et leur laisse le choix, mais elle ne sert à rien, juge pourtant Jean-Louis Racaud. Dans d’autres pays, cette même loi n’a eu aucun effet sur la fluidification du marché locatif... » A la mairie de La Rochelle en revanche, on se satisfait de la nouvelle panoplie législative mais on s’impatiente toujours de connaître l’avis de la justice sur la réglementation locale suspendue provisoirement en mars 2023. Celle-ci visait carrément à brider la location des logements de moins de 35m2 sur Airbnb. En attendant, « on perd encore des logements qui étaient loués à l’année pour les populations locales », regrette Marie Nédellec. Une telle restriction n’a pour l’heure été introduite nulle part en France.
Alors oui ok c’est abusé d’utiliser le mobilier public pour mettre des boites à clé de location de merde qui volent les logements aux gens, et il faut les virer… mais clairement ça sert à rien de rien, ça va juste être déplacé et ça ne change strictement rien aux locations elles-mêmes… il faut interdire Airbnb dans les zones denses, les métropoles, ou au minimum ne l’autoriser QUE pour sa résidence principale (avoir le droit de louer son propre logement quand on part en vacances soi-même), et uniquement ça !
oui, c’est ce qui se vote, pas toujours facilement, avec des débats intenses sur le niveau de la limitation au niveau local. Chez moi, ça a été un par foyer fiscal, dans la commune voisine la « limitation » est assez délirante : un autorisé puis un sur deux supplémentaires…
mais la « vraie » question, avec là aussi des retournements inattendus - en plus de la dissolution - se joue au niveau fiscal où le meublé (classé) de tourisme bénéficiait d’un abattement forfaitaire de 71 % sur les revenus de la location, ramené à 50 % en 2025, avant dissolution, on était à 30 %
pour les meublés non classés, l’abattement passe de 50 % à 30 %.
▻https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A17883
pour avoir un petit aperçu de la castagne législative (les #chargés_d'affaires_publiques, vulgairement #lobbyistes sont à la fête), voir p. ex. cet article de Capital (de juillet 2024, donc dépassé) avec ses erreurs de rédaction bienvenues
À quoi s’attendre pour la fiscalité des meublés de tourisme en 2025 ?
▻https://www.capital.fr/immobilier/a-quoi-sattendre-pour-la-fiscalite-des-meubles-de-tourisme-en-2025-1499951
Au cœur des débats lors de l’adoption de la loi de finances 2024, le régime fiscal des loueurs de meublés de tourisme déclarant au régime micro-BIC a connu un premier bouleversement dès le début de l’année. En effet, les meublés de tourisme non classés, qui bénéficiaient jusqu’à présent d’un régime équivalent à celui de la location de longue durée (50% d’abattement dans la limite de 77 700 € de chiffre d’affaires annuel), ont fait l’objet d’une importante révision. Leur abattement n’est aujourd’hui plus que de 30%, dans la limite de 15 000 € de revenus, ce qui implique une imposition 40% supérieure par rapport aux anciens chiffres.
Les meublés de tourisme classés, dont le régime fiscal est encore plus avantageux, avec un abattement de 71% dans la limite de 188 700 €, devaient suivre le même chemin. Mais une erreur dans la rédaction de la loi de finances en a décidé autrement, permettant aux contribuables de conserver leur abattement, et même, dans certains cas, de bénéficier d’un abattement de 21% supplémentaires, soit 92%, sous certaines conditions.
À l’heure actuelle, les chiffres en vigueur pour les meublés de tourisme en 2024, classés ou non, sont donc ceux que nous venons d’évoquer, mais cela devrait changer d’ici à la déclaration des revenus 2024 qui aura lieu à la fin du printemps 2025.
Fiscalité des meublés de tourisme : qu’est ce qui pourrait changer d’ici 2025 ?
Deux textes seront à scruter avec attention. Le premier est la proposition de loi visant à remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue. Après avoir été votée par l’Assemblée nationale et le Sénat, respectivement fin janvier et fin mai 2024, le texte définitif doit encore être adopté, mais les récents bouleversements pourraient largement reporter la date de ce vote. Or, le texte de cette loi comporte, exceptionnellement, un volet fiscal. Qu’il s’agisse de la version des députés, ou de celle des sénateurs, les meublés de tourisme classés voient leur abattement réduit, à 50% dans le meilleur des cas.
Le second sera tout simplement celui de la loi de finances 2025, qui sera élaboré en fin d’année 2024. Il sera l’occasion, pour le gouvernement, de corriger l’erreur de rédaction faite dans le texte de la loi de finances 2024, et qui avaient permis aux loueurs de meublés de tourisme classés de ne pas voir leur fiscalité remise en question.
sachant que tout le monde s’interroge sur la proportion de locations qui ne passent pas par les plateformes et échappent donc aux radars de l’enregistrement des meublés de tourisme (et à la taxe de séjour)
D’après le tableau donné par @simplicissimus, on s’aperçoit que « plus tu es propriétaire », plus tu as la possibilité de proposer tes logements à la location courte pour des séjours touristiques, beaucoup plus lucratifs qu’un loyer de base. Ce genre de rente qui permet de louer hors saison à des tarifs avantageux pour le bailleur mais où le locataire est obligé de remballer ses gaules pendant la saison « haute ». Mais non, mais non, ils ne favorisent pas du tout l’#accumulation_du_capital dans ta commune ...
#rentes #rentiers
« Excédent et déplacement, réfugiés et migrants » - des nouvelles du front
▻http://dndf.org/?p=21568#more-21568
Cet article vise à développer la notion de “population excédentaire” en tant que caractérisation des masses sans emploi. Il s’agit notamment des masses de travailleurs précaires exclus de la relation salariale formelle et des masses de personnes qui, en raison de la paupérisation capitaliste, ne sont visibles que sous des catégories générales (réfugiés, migrants). Les catégories générales de réfugiés et de migrants sont des catégories descriptives abstraites qui nécessitent une analyse concrète des “populations excédentaires” dans la dynamique différentielle du capitalisme mondial.
Traduction en français d’un article diffusé sur cette page :
▻https://globaldialogue.isa-sociology.org/articles/surplus-and-displacement-refugees-and-migrants
#populations_excédentaires #surnuméraires #capitalisme #colonisation #mondialisation #prolétarisation #analyse_marxiste #valorisation #accumulation #reproduction (du #Capital)
#Université, service public ou secteur productif ?
L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.
L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).
Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.
La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.
Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.
Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État
Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.
À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche
La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).
Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).
Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.
C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.
Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.
La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.
La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.
La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :
"Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."
La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).
Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).
On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).
Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste
L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.
La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.
C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.
La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.
C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.
Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.
Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.
Un régime face à ses contradictions
Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.
Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels
Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.
La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.
La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.
Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.
Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs
Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.
La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.
Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.
Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.
Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire
En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.
Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.
La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.
Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).
Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.
►https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
#ESR #facs #souffrance
« Affirmer que la #transition_énergétique est impossible, c’est le meilleur moyen de ne jamais l’engager »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/22/affirmer-que-la-transition-energetique-est-impossible-c-est-le-meilleur-moye
Partant du double constat selon lequel il n’y a jamais eu, par le passé, de remplacement d’une source d’énergie par une autre ; et que les transformations énergétiques se sont toujours faites de manière additive (les énergies s’ajoutant les unes aux autres), certains historiens en déduisent, à tort selon nous, qu’il n’y aurait aucun horizon pour une sortie des fossiles. Cette sortie des fossiles (le « transitioning away from fossil fuels », dans le langage forgé à la COP28) serait donc condamnée par avance.
Tel est le message récurrent de Jean-Baptiste Fressoz [chroniqueur au Monde] notamment, dans ses ouvrages ou tribunes, qui visent toutes à réfuter ce qu’il considère comme « la fausse promesse de la transition ».
Or, ce déclinisme écologique est non seulement grandement infondé, mais également de nature à plomber les ambitions dans la lutte contre le changement climatique. Affirmer que la transition est impossible, c’est le meilleur moyen de ne jamais l’engager. A rebours de ce défaitisme, nous voulons ici affirmer, avec force, qu’il est possible de réussir cette transition.
Certes, à l’exception des années de crise – financière en 2008-2009, sanitaire en 2020-2021 –, les émissions de CO2 n’ont jamais cessé d’augmenter, bien que sur un rythme ralenti, d’environ + 1 % annuel au cours des années 2010, contre + 3 % annuels dans les années 2000. Car, dans le même temps, la population mondiale continuait à augmenter, tout comme la satisfaction des besoins énergétiques d’une part croissante de cette population.
Pourtant le désempilement des énergies a déjà lieu dans certaines régions du monde : c’est le cas en Europe, par exemple, qui a engagé sa transition énergétique. Parallèlement, des acteurs de plus en plus nombreux – Etats, entreprises, chercheurs, citoyens – intègrent aujourd’hui la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans leurs stratégies et comportements. L’ambition n’est pas encore assez affirmée, la mise en œuvre des transformations pas assez rapide et efficace, mais le mouvement est enclenché. Comment l’ignorer ?
Sobriété, efficacité et investissements
Le 11 janvier, Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), indiquait que les capacités installées dans l’année en énergies renouvelables avaient augmenté de 50 % entre 2022 et 2023. Pour la part des renouvelables dans la production d’électricité, l’AIE attend le passage de 29 % à 42 % en 2028 (de 12 % à 25 % pour les seules énergies éolienne et solaire). Depuis 1975, le prix des panneaux photovoltaïques est passé de 100 dollars par watt à moins de 0,5 dollar par watt aujourd’hui, soit une réduction de 20 % du coût pour chaque doublement des capacités installées ; c’est la mesure du taux d’apprentissage de la technologie. Et alors que la question du stockage de l’électricité devient de plus en plus cruciale, on constate le même taux d’apprentissage pour les batteries : depuis 1992, chaque fois que double le nombre de batteries produites, leur coût diminue de 18 %.
Il est clair que ces progrès spectaculaires ne contredisent pas la thèse de l’additivité des énergies : si depuis 2016 les investissements dans les énergies décarbonées dépassent largement les investissements dans les énergies fossiles, ces derniers ont à nouveau augmenté après la baisse de 2020. Et la sortie des fossiles ne se vérifiera vraiment que le jour où l’augmentation de la production d’énergie décarbonée sera supérieure en volume à celle de la consommation totale d’énergie.
Pour atteindre cet objectif, sobriété et efficacité énergétique sont indispensables afin de maîtriser la croissance de la demande. Mais il est également évident que sobriété et efficacité ne suffiront pas. Pour atteindre le plafonnement des émissions avant 2030, il faudra décupler les investissements dans ces énergies décarbonées, et notamment dans les pays du Sud, afin de faire baisser le volume des énergies fossiles : c’est la condition sine qua non pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un processus long et difficile, mais osons le dire : il n’y a pas d’autre solution, et nous pouvons y arriver.
De nouvelles alliances s’imposent
Serions-nous condamnés par l’histoire ? Faut-il prendre acte de notre impuissance supposée, ou poser un renversement complet du système comme condition préalable à la transition ? Dans les deux cas, cela serait très risqué, et franchement irresponsable.
Car il n’y a pas de fatalité ! On trouve sur le site du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) une citation d’Albert Camus : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prédire, mais de le faire. » C’est dans cette perspective que s’inscrivent tous les acteurs des COP et des négociations internationales – que certains stigmatisent comme un « grand cirque » –, pour qui « dire, c’est faire ».
Evidemment, dire ne suffit pas, et il faut aussi mobiliser des moyens puissants, politiques et financiers. Il faut également affronter ceux – lobbys industriels et politiques – qui, par fatalisme ou par intérêt, freinent cette transformation. Enfin, comme le suggère le philosophe Pierre Charbonnier, la création de nouvelles alliances s’impose entre ceux qui ont compris que la transition servait leurs intérêts, et surtout ceux de leurs enfants.
La démarche des sciences de la nature et de la physique consiste à s’appuyer sur des constats d’observation pour en tirer des lois immuables. Elle s’applique mal cependant aux sciences sociales. Mais ces obstacles ne doivent pas empêcher de penser l’avenir, à la manière de Gaston Berger, le père de la prospective, qui ne cessait de rappeler : « Demain ne sera pas comme hier. Il sera nouveau et il dépendra de nous. Il est moins à découvrir qu’à inventer. »
Signataires : Anna Creti, économiste, chaire Economie du climat, université Paris-Dauphine ; Patrick Criqui, économiste, CNRS, université Grenoble-Alpes ; Michel Derdevet, président de Confrontations Europe, Sciences Po ; François Gemenne, politiste, HEC Paris ; Emmanuel Hache, économiste, IFP énergies nouvelles et Institut de relations internationales et stratégiques ; Carine Sebi, économiste, chaire Energy for Society, Grenoble Ecole de Management.
mais surtout l’interview de #JB_Fressoz sur blast où il explique son bouquin et son propos très clairement :
perso je le trouve très clair et ne comprend pas ce qu’ils n’acceptent pas (ils ne discutent pas la thèse, mais donne leur point de vue, sans avoir lu le bouquin ?)
Oui ce sont des mercenaires « Pourtant le désempilement des énergies a déjà lieu dans certaines régions du monde : c’est le cas en Europe, par exemple, qui a engagé sa transition énergétique ».
N’importe quoi, l’Europe ne l’a pas engagé, elle a délocalisé la production carbonée. Bref, ce contrefeu prouve une chose, l’offensive de Fressoz ébranle l’édifice de la croyance transitionnelle et croissanciste. La guerre des croyances bat son plein et la religion de la croissance joue désormais en défense, c’est la seule bonne nouvelle.
(@ant1 juste sur la forme, tu peux mettre entre citation Maj+Tab ou le bouton au dessus du champ de texte, tout ce qui est la citation de l’article ? ça permet de mieux distinguer ce qui vient d’ailleurs, de tes phrases à toi)
Les signataires : que des économistes en gros haha 😂
Publié en même temps que l’interview de Fressoz dans le même journal du même jour :
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/22/jean-baptiste-fressoz-le-discours-sur-la-transition-energetique-contribue-a-
#Jean-Baptiste_Fressoz #transition #écologie #décroissance #énergie #histoire #économie
Merci, va falloir que je fasse plus attention et que j’acquière les automatismes.
@rastapopoulos c’est fait.
...economistes : personne n’est parfait.
Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences : « Le décalage entre les dynamiques techniques et économiques et le discours de la transition est gigantesque »
.... toutes les énergies croissent pendant l’industrialisation : l’hydraulique, le muscle humain et animal, de même que la consommation de bois. Pour étayer les galeries de ses mines de charbon, l’Angleterre utilise plus de bois en 1900 qu’elle en brûlait en 1800. Et comme c’est du bois d’œuvre, on parle de surfaces forestières bien plus importantes.
De même, au XXe siècle, le pétrole stimule la consommation de charbon. Il est extrait avec des tubes en acier, brûlé dans des moteurs en acier, qui font avancer des machines en acier, et tout cet acier dépend au premier chef du charbon. Un dernier exemple : même si l’électricité souffle les mèches des lampes à pétrole au XXe siècle, les seuls phares des voitures consomment actuellement plus de pétrole que le monde entier en 1900.
.... on a eu tendance à plaquer l’histoire des techniques où des substitutions peuvent exister (du pétrole à l’électricité, pour reprendre l’exemple précédent) sur l’histoire matérielle qui, elle, est strictement additive.
.... L’histoire environnementale, telle que je la racontais, n’était pas celle d’une prise de conscience, mais celle de la fabrication d’une certaine inconscience modernisatrice, d’une forme de « désinhibition » face au risque. L’idée de transition énergétique en fournit sans doute un excellent exemple.
#Capitalisme_vert #futurologie #histoire #présentisme #accumulation_symbiotique_des_énergies
Le retour de la fée #Electricité n’empêche pas la #consommation des #énergies_fossiles d’augmenter
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/23/le-retour-de-la-fee-electricite-n-empeche-pas-la-consommation-des-energies-f
Depuis le début du XXe siècle, les #experts dressent un tableau de l’#histoire_matérielle fait non pas de phases et d’âges, mais d’#empilement, de #stratification et de #symbioses. Avec le #changement_climatique, la persistance d’une vision « phasiste » des #dynamiques_matérielles peut être dangereuse. La notion de « #transition » s’est imposée comme une évidence solide et rassurante, alors qu’elle s’ancre dans une #futurologie ancienne décrivant un avenir en réalité sans passé.
Gaza: A Ghastly Window into the Crisis of Global Capitalism - The Philosophical Salon
▻https://thephilosophicalsalon.com/gaza-a-ghastly-window-into-the-crisis-of-global-capitalism
As the world watches in horror over the mounting death toll of Palestinian civilians and Israel faces charges before the International Court of Justice for the Crime of Genocide, the carnage in Gaza gives us a ghastly window into the rapidly escalating crisis of global capitalism. Connecting the dots from the merciless Israeli destruction of Gaza to this global crisis requires that we step back to bring into focus the big picture. Global capitalism faces a structural crisis of overaccumulation and chronic stagnation. But the ruling groups also face a political crisis of state legitimacy, capitalist hegemony, and widespread social disintegration, an international crisis of geopolitical confrontation, and an ecological crisis of epochal proportions.
Global corporate and political elites are in a drunkard’s hangover from the world capitalist boom of the late twentieth and early twenty-first centuries. They have had to acknowledge that the crisis is out of control. In its 2023 Global Risk Report, the World Economic Forum warned that the world confronts a “polycrisis” involving escalating economic, political, social, and climactic impacts that “are converging to shape a unique, uncertain and turbulent decade to come.” The Davos elite may be clueless as to how to resolve the crisis but other factions of the ruling groups are experimenting with how to mold interminable political chaos and financial instability into a new and more deadly phase of global capitalism.
Traduction disponible ici : ▻http://dndf.org/?p=21248#more-21248
#accumulation_capitaliste #génocides #barbarie #surnuméraires (élimination des)
Transition énergétique : pour Agnès Pannier-Runacher, « la transformation à engager est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle »
▻https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/11/21/transition-energetique-pour-agnes-pannier-runacher-la-transformation-a-engag
Transition énergétique : pour Agnès Pannier-Runacher, « la transformation à engager est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle »
Pour qui voulait encore en douter, une preuve supplémentaire que le capitalisme est à la recherche de sa sauvegarde à travers la "transition énergétique" (qui succède bien entendu au "développement durable" en attendant la prochaine trouvaille des élites dirigeantes). Où est la prochaine source d’accumulation, viiiiite !
Pannier-Runacher, si parfait exemple de la déconnexion des hauts fonctionnaires avec le monde réel.
#capitalisme #accumulation #panique (on la sent un peu quand même)
#paywall (mais en fait à ce stade je crois bien que je m’en fous)
Ah mais non, pas question : tu vas boire le calice jusqu’à la lie. Et pouvoir t’endormir en rêvant de voitures électriques (qui consommeront moins de carburant) pilotées par Agnès Pannier-Nulle-à-chier qui fera rien qu’à demander gentiment à Patrick Pouyanné d’éviter de produire davantage d’hydrocarbures à l’horizon 2030.
On ne saurait trop conseiller à la ministre (de la trahison énergétique) de se déguiser en éolienne : cela lui donnera un prétexte pour pouvoir continuer à brasser du vent.
Ah mais tiens, ça me revient : on lui dit aussi de rapatrier les avoirs qu’elle détient dans des établissements financiers de Guernesey, de Hong Kong et de l’état américain du Delaware et de nous raconter une belle histoire de décarbonation ?
►https://disclose.ngo/fr/article/petrole-et-paradis-fiscaux-les-interets-caches-de-la-ministre-de-la-transi
♫♪ Perenco, raconte-nous histoire. Perenco, raconte-nous une histoire ...♪♫
Le capitalisme : un système économique à l’agonie, un ordre social à renverser
Cercle Léon Trotsky n°159 (22 février 2019)
Le texte : ▻https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/le-capitalisme-un-systeme-economique-lagonie-un-ordre-social-renvers
Sommaire :
La dynamique du capitalisme… et ses contradictions
– Le travail humain, source de la valeur ajoutée
– Le secret du #capital
– La #reproduction_du_capital et ses #contradictions
– La baisse du #taux_de_profit
– Le capital, un produit collectif
– La révolution sociale, une nécessité
– L’#accumulation_du_capital… et de ses contradictions
– Sans révolution sociale, la putréfaction continue
Le #capitalisme aujourd’hui
– Une courte phase de reconstitution des forces productives
– Un #taux_de_profit restauré au détriment des travailleurs
– La financiarisation de l’économie
– La politique des banques centrales
– L’#endettement général de la société… et ses conséquences
– La #finance draine la plus-value créée dans la production
– La flambée de la bourse et les #Gafam
– La faiblesse des #investissements productifs
– Baisse de la #productivité du travail
– L’#intelligence_artificielle (#IA) et la fin du travail ?
– La #Chine, moteur de la croissance mondiale ?
– L’#informatique, nouvelle révolution industrielle ?
La #révolution_sociale, seule voie pour sortir de l’impasse
– Les forces productives sont plus que mûres pour le #socialisme
– Réimplanter une #conscience_de_classe, reconstruire des partis révolutionnaires
#lutte_de_classe #parti_ouvrier #parti_révolutionnaire #communisme #classe_ouvrière
Ralentir ou périr. L’#économie de la #décroissance
Loin d’être le remède miracle aux crises auxquelles nous faisons face, la croissance économique en est la cause première. Derrière ce phénomène mystérieux qui déchaine les passions, il y a tout un #système_économique qu’il est urgent de transformer.
Dans cet essai d’économie accessible à tous, #Timothée_Parrique vient déconstruire l’une des plus grandes mythologies contemporaines : la poursuite de la #croissance. Nous n’avons pas besoin de produire plus pour atténuer le #changement_climatique, éradiquer la #pauvreté, réduire les #inégalités, créer de l’#emploi, financer les #services_publics, ou améliorer notre #qualité_de_vie. Au contraire, cette obsession moderne pour l’#accumulation est un frein au #progrès_social et un accélérateur de l’#effondrement écologique.
Entre produire plus, et polluer moins, il va falloir choisir. Choix facile car une économie peut tout à fait prospérer sans croissance, à condition de repenser complètement son organisation.
C’est le projet de ce livre. Explorer le chemin de #transition vers une économie de la #post-croissance.
▻https://www.seuil.com/ouvrage/ralentir-ou-perir-timothee-parrique/9782021508093
signalé aussi par @olivier_aubert ici :
▻https://seenthis.net/messages/973364
Origine(s) de la #violence
▻https://fr.unesco.org/courier/2020-1/origines-violence
Le changement d’économie (de la prédation à la production), qui très tôt engendra un changement radical des structures sociales, semble avoir joué un rôle majeur dans le développement des conflits. Contrairement à l’exploitation des ressources sauvages, la production d’aliments permet l’option d’un surplus de nourriture qui a fait naître le concept de « propriété » et, par conséquent, l’apparition des inégalités. Très vite, les denrées stockées suscitèrent des convoitises et provoquèrent des luttes internes mais aussi, butins potentiels, des conflits entre communautés.
Comme en témoigne, au cours du néolithique, l’émergence en Europe des figures du chef et du guerrier (visibles dans l’art rupestre et les sépultures), ce changement d’économie a également entraîné une hiérarchisation au sein des sociétés agropastorales avec l’apparition d’une élite et de castes, dont celle des guerriers et son corollaire, celle des esclaves nécessaires notamment aux travaux agricoles. De plus, l’apparition d’une élite avec ses intérêts et ses rivalités propres provoqua des luttes internes pour le pouvoir et des conflits intercommunautaires.
Ce n’est qu’à partir de 5 500 ans avant notre ère, avec l’arrivée de nouveaux migrants, que les traces de conflits entre villages deviennent nettement plus fréquentes. Elles vont se multiplier à l’âge du bronze, qui débute 3 000 ans avant notre ère. C’est durant cette période, marquée par l’apparition de véritables armes de guerre en métal, que celle-ci s’institutionnalise.
Deux démontages en règle du concept de "transition" extrêmement sourcés et chiffrés, comme toujours avec Jean-Baptiste Fressoz.
Jean-Baptiste Fressoz, Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles, 2021
▻https://sniadecki.wordpress.com/2022/08/11/fressoz-symbioses
Ces dernières années ont vu paraître de nombreux ouvrages portant sur l’histoire de l’énergie. On peut se réjouir de ce renouveau d’intérêt, on peut aussi regretter que ces ouvrages se soient placés sous la bannière de la « transition ». Avec l’urgence climatique, ce mot a acquis un tel prestige, une telle centralité, que les historiens en sont venus à l’employer pour décrire toutes sortes de processus, y compris ceux qui furent, à rigoureusement parler, des additions énergétiques
Jean-Baptiste Fressoz, La « transition énergétique », de l’utopie atomique au déni climatique, 2022
▻https://sniadecki.wordpress.com/2022/08/12/fressoz-utopie-atomique
Cet article propose une généalogie de la « transition énergétique » aux États-Unis, après la seconde guerre mondiale. Comme s’est construite cette vision particulière du passé et du futur de l’énergie ? Quels experts l’ont portée ? Dans quel contexte politique, scientifique et industriel a-t-elle émergé ? Et quel rapport entretient-elle avec l’histoire de l’énergie ? En répondant à ces questions, cet article contribue à trois historiographies. La première est celle de la fabrique de l’ignorance ou « agnotologie ». Les campagnes climatosceptiques des compagnies pétrolières ont déjà été bien étudiées par les historiens des sciences [3] et je voudrais contribuer à cette question en décalant le regard. Je m’intéresse moins au climatoscepticisme stricto-sensu qu’à une forme plus subtile, plus acceptable et donc beaucoup plus générale de désinhibition face à la crise climatique : la futurologie de « la transition énergétique ». Or au sein de cette dernière, l’histoire, un certain type d’histoire de l’énergie, a joué et continue de jouer un rôle crucial.
[…]
Cet article montre que si la notion de transition n’est pas un bon descripteur des transformations passées c’est tout simplement parce que ce n’était pas son but : l’idée ne vient pas d’une observation du passé, mais de l’anticipation du futur ; elle ne vient pas des historiens, mais du milieu de la prospective énergétique.
Enfin, cet article propose une histoire – partielle car centrée sur la généalogie de la transition – d’un domaine encore peu exploré par les historiens : celui de la futurologie énergétique [10]. Il se base sur l’étude de rapports d’experts, de discours et de visualisations qui traitent à la fois du passé et du futur de l’énergie.
#Jean-Baptiste_Fressoz #transition #énergie #Histoire #climat #écologie #nucléaire #accumulation #capitalisme
Le Covid-19, la #crise écologique et le « #capitalisme de catastrophe » – CONTRETEMPS
▻https://www.contretemps.eu/covid19-capitalisme-catastrophe
Depuis la fin du XXe siècle, la #mondialisation capitaliste a de plus en plus adopté la forme de chaînes de #marchandises interconnectées contrôlées par des sociétés transnationales, reliant diverses zones de production, principalement dans le « Sud global », avec un pic de la #consommation, de la #finance et de l’#accumulation mondiales, principalement dans le « Nord global ». Ces chaînes de marchandises constituent les principaux circuits matériels du capital à l’échelle mondiale qui constituent le phénomène de l’impérialisme tardif caractérisé par la montée du capital financier monopolistique généralisé.[1]
Dans ce système, les #rentes impériales exorbitantes provenant du contrôle de la production mondiale sont obtenues non seulement par la domination/distribution (arbitrage) mondiale du #travail, par laquelle les transnationales ayant leur siège au centre du système surexploitent le travail industriel à la périphérie, mais aussi, de plus en plus, par l’arbitrage mondial des #terres, par lequel les transnationales de l’#agroalimentaire exproprient des terres (et de la main-d’œuvre) bon marché dans le Sud global afin de produire des cultures d’exportation destinées principalement à être vendues dans le Nord global[2].
Melting glaciers, gullied seas, the financial markets are about to collapse. Spectacular images of how growth continues to be blinding. Outside you can hardly see anything because of the smog and the smoke screen.
site du film, en allemand :
►http://www.systemerror-film.de
#film #film_documentaire #croissance #croissance_économique #capitalisme #croissance_illimitée #accumulation #PIB #effort_de_guerre #accumulation #progrès #Club_de_Rome #rapport_Meadows (Les limites de la croissance : ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Limites_%C3%A0_la_croissance) #industrie_agro-alimentaire #agriculture #glyphosates #pesticides #soja #fertilisants #Brésil #Mato_Grosso #élevage_industriel #autoroute_de_l'agro-business #destruction #Amazonie #JBS #austérité #politique_d'austérité #système_informatique_cognitif #nouvelles_technologies #algorithmes #flash_crash #trading_algorithmique #déforestation #spéculation #finaciarisation #finance #marchés_financiers #Allianz #secteurs_d'investissement #investissements #PIMCO #dette #dérégulation_du_marché #City_of_London #crédit #consumérisme #Donald_Trump #capitalisme_financier #Bloomberg #Tim_Jackson (▻https://www.surrey.ac.uk/people/tim-jackson) #Airbus #Chine #Lehman_Brothers #2008 #crise_financière #Wall-Street #Watson #robot #robotisation #système_adaptatif_complexe #complexité #économie
Silvia Federici : « Le capitalisme est structurellement sexiste » par Olivier Doubre | Politis
▻https://www.politis.fr/articles/2019/05/silvia-federici-le-capitalisme-est-structurellement-sexiste-40458
Silvia Federici : Non, je ne peux pas dire cela ! J’ai beaucoup lu Marx et je considère qu’il est l’auteur absolument fondamental pour comprendre le #capitalisme jusqu’à aujourd’hui, ce système fondé sur l’exploitation du travail humain, le travail aliéné et le travail non payé. Je reconnais également sa contribution à la théorie féministe, avec sa conception de la nature humaine comme produit social et historique. J’admets tout cela, mais je demeure en désaccord avec lui sur bien des points. En particulier, le fait qu’il considère le capitalisme comme un mal nécessaire et que celui-ci aurait même une mission historique (par rapport aux périodes précédentes) de libération de l’humanité, avec le développement de l’industrie et de la productivité du travail. Mais je crois que cette conception s’est révélée ensuite tout à fait aveugle, puisqu’on sait aujourd’hui que l’industrialisation est en train de détruire la richesse sociale et non de produire la base matérielle d’une société plus juste.
De même, la croyance de Marx dans le développement du capitalisme comme un facteur d’unification de la population mondiale et de nivellement des inégalités sociales est erronée : il n’a pas été capable de comprendre que le capitalisme est structurellement raciste et sexiste. Car il ne s’agit pas d’une anomalie ou d’une période temporaire lors d’une phase de son développement. Le capitalisme, ou plutôt l’accumulation capitaliste, est une accumulation de hiérarchies et d’inégalités intrinsèquement nécessaires à l’organisation et à la division du travail dans la production. Et celles-ci sont nécessaires au capitaliste pour son accumulation du travail non payé, qui n’existe pas seulement durant la journée de travail rémunérée. Car, au moyen du salaire qui fait vivre tout un foyer, le capitalisme parvient à mobiliser et à exploiter les non-salariés (dont les femmes sont une grande part) dans toute l’économie productive. Pour toutes ces raisons, je ne peux pas me définir comme marxiste !
Le capitalisme est aussi structurellement raciste...
Pas de capitalisme sans racisme
Mostafa Henaway, Le Devoir (Montréal), le 3 janvier 2017
►https://seenthis.net/messages/558237
Land Grabs Are Partly To Blame For Skyrocketing Violence In Central America | HuffPost
▻https://www.huffpost.com/entry/landgrabs-central-america_b_586bf1a6e4b0eb58648abe1f
onduras is not the only country where this is happening. Large corporations have been taking control of rural land in many parts of the world over the last decade. That access is sometimes lawful but other times shadowy, and it is sometimes accompanied by brutal armed conflict against unarmed peasants. Globally, land grabs accelerated in the mid-2000s, putting a large number of smallholders in crisis. Large foreign corporations joined in, and there have been killings and terrorizing of smallholders who fight back.
Fêtes himalayennes, les derniers #Kalash
L’exposition présente le peuple Kalash, une communauté vivant dans un rapport sacré à la nature au cœur de trois étroites vallées de l’#Himalaya, au nord-ouest du #Pakistan. Au nombre de trois mille, ces #éleveurs de chèvres et cultivateurs de céréales partagent leur territoire avec des esprits invisibles, des « fées ». Ils demeurent l’ultime société polythéiste de l’arc himalayen. D’un solstice à l’autre, les saisons se succèdent au fil du parcours, fidèle à la conception cyclique du temps des Kalash.
#polythéisme
▻http://www.museedesconfluences.fr/fr/evenements/f%C3%AAtes-himalayennes-les-derniers-kalash
#exposition #musée_des_confluences #Lyon
Je partage avec vous un petit extrait de l’expo :
The Darker Side of Western Modernity: Global Futures, Decolonial Options
During the Renaissance and the Enlightenment, coloniality emerged as a new structure of power as Europeans colonized the Americas and built on the ideas of Western civilization and modernity as the endpoints of historical time and Europe as the center of the world. Walter D. Mignolo argues that coloniality is the darker side of Western modernity, a complex matrix of power that has been created and controlled by Western men and institutions from the Renaissance, when it was driven by Christian theology, through the late twentieth century and the dictates of neoliberalism. This cycle of coloniality is coming to an end. Two main forces are challenging Western leadership in the early twenty-first century. One of these, dewesternization is an irreversible shift to the East in struggles over knowledge, economics, and politics. The second force is decoloniality Mignolo explains that decoloniality requires delinking from the colonial matrix of power underlying Western modernity to imagine and build global futures in which human beings and the natural world are no longer exploited in the relentless quest for wealth accumulation.
Interview avec Silvia Federici dans la Wochenzeitung :
▻https://www.woz.ch/1822/durch-den-mai-mit-karl-marx-5/die-halten-uns-wirklich-fuer-bloed
Also ich bezeichne mich nicht als marxistische Feministin, auch wenn andere das tun. Von Karl Marx trennen mich elementare Unterschiede, dennoch hat seine Analyse meine Arbeit stark geprägt. Wir brauchen Marx, um unsere gegenwärtige Welt und die Dynamiken des sich perpetuierenden Kapitalismus zu verstehen. Marx hat einen grossen Beitrag an die feministische Theorie geleistet – zum Beispiel mit seiner zentralen These, dass es keine «menschliche Natur» gibt, sondern dass sich Menschen durch gewisse Kämpfe und in Abhängigkeit von den historischen Bedingungen zu dem machen, was sie sind. Dies hat uns Feministinnen geholfen, das Bild der ewigen Weiblichkeit und eine essenzialistische Auffassung des Frauseins zu durchbrechen.
Les routes de l’#esclavage (1/4)
476-1375 : au-delà du désert
Domination, violence, profit : le système criminel de l’esclavage a marqué l’histoire du monde et de l’humanité. Au fil de ses routes, cette série documentaire retrace pour la première fois la tragédie des traites négrières. Captivant et implacable. Premier volet : de la chute de Rome en 476 à la fin du XIVe siècle.
Après la chute de Rome en 476, les peuples (Wisigoths, Ostrogoths, Berbères, Slaves, Byzantins, Nubiens et Arabes) se disputent les ruines de l’Empire. Tous pratiquent l’asservissement – « esclave » viendrait du mot « slave ». Mais au VIIe siècle émerge un Empire arabe. Au rythme de ses conquêtes se tisse, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, un immense réseau de traite d’esclaves, dont la demande ne cesse de croître et qui converge vers Bagdad, nouveau centre du monde. Après la révolte des Zanj – des esclaves africains –, qui s’achève dans un bain de sang, le trafic se redéploie vers l’intérieur du continent. Deux grandes cités commerciales et marchés aux esclaves s’imposent : Le Caire au nord, et Tombouctou au sud, place forte de l’Empire du Mali d’où partent les caravanes. Au fil des siècles, les populations subsahariennes deviennent la principale « matière première » de ce trafic criminel.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-001-A/les-routes-de-l-esclavage-1-4
#film #documentaire #Afrique #Empire_romain #histoire #pratique_généralisée #traite #Fustat #économie #Nubie #guerre #violence #butins_de_guerre #Bagdad #main-d'oeuvre #Islam #Berbères #dromadaires #Sahara #Tombouctou #Empire_du_Mali #or #altérité #Touareg #essentialisme #fatalité #Basora #Le_Caire #esclaves_domestiques #paternalisme #négation_de_l'être #domination #esclavage_doux #oasis #Atlas_catalan
#Catherine_Coquery-Vidrovitch :
Dans l’Empire arabo-musulman, « l’#esclave n’était pas différencié par sa couleur, ça ne comptait pas. L’esclave était différencié par sa #culture. Il n’avait pas la culture du dominant »
#géographie_culturelle #domination
#Ibrahima_Thioub, université Cheickh Anta Diop, Sénégal :
« Pour mettre en esclavage un individu, un des phénomènes importants c’est de le construire comme autre, de construire une #altérité. Les sociétés humaines ont des registres assez larges. On peut utiliser la différence de #couleur_de_peau, la différence de #religion. Dans la #traite_trans-saharienne, on va combiner les deux ».
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibrahima_Thioub
Ibrahima Thioub :
« L’intérêt des maîtres, c’est de faire croire à l’individu qu’il est esclave non pas parce qu’un jour on lui a opposé un rapport de force qui est réversible, mais parce que, par sa nature, il est destiné à être un esclave. C’est une #idéologie extrêmement forte. Si votre sang est considéré comme un sang servile, et que cette nature vous la transmettez à votre descendance, il devient impossible de sortir du phénomène esclavagiste »
Selon ce qui est dit dans ce reportage, 3,5 millions d’Africains ont circulé sur les routes de l’esclavage entre le 7ème et le 14ème siècle.
Les routes de l’esclavage (2/4)
1375-1620 : pour tout l’or du monde
Deuxième volet : 1375-1620. À l’issue des croisades, l’Europe à son tour se tourne vers l’Afrique, source d’immenses richesses...
À l’issue des croisades, l’Europe à son tour se tourne vers l’Afrique, source d’immenses richesses. Contournant les musulmans en Méditerranée, les navigateurs portugais, qui convoitent l’or du continent, entreprennent en pionniers de le conquérir, et reviennent avec des milliers d’esclaves, issus notamment du royaume Kongo, pour les vendre en Europe du Sud, avec la bénédiction de l’Église. Sur l’île de São Tomé, sorte de « laboratoire » de l’esclavage situé au large du Gabon, ils passent du négoce de captifs à la production d’esclaves au service d’une plantation sucrière à la rentabilité inégalée, et mettent en place la première société esclavagiste. À partir de 1516, la découverte du Brésil ouvre de nouvelles routes de traite, inaugurant le commerce triangulaire entre les continents – or, esclaves, sucre. Bientôt apparaissent les premières communautés armées de #fugitifs, les #mocambos.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-002-A/les-routes-de-l-esclavage-2-4
#Portugal #caravelle #archéologie_de_l'esclavage #Lagos #Eglise_catholique #Pape_Nicolas_V #esclavage_perpétuel #Sao_Tomé #Royaume_Kongo #Alfonso_Ier, #Roi_du_Congo #Elmina #Akan #commerce_triangulaire #plantations_sucrières #sucre #plantations #canne_à_sucre #Brésil #Caraïbes #traite_négrière #traite_trans-atlantique #Luanda #métissage #viol #métisses
#Toponymie :
#Rua_Poço_dos_Negros à #Lisbonne, au #Portugal
▻https://www.youtube.com/watch?v=-C2XLnSg9Aw
Les routes de l’esclavage (3/4)
1620-1788 : du sucre à la révolte
Troisième volet : de 1620 à 1789, de la guerre du sucre aux premières voix qui s’élèvent contre la barbarie de la traite.
Imitant le modèle portugais, Espagne, Hollande, France et Angleterre, en quête de colossaux profits, se disputent les Caraïbes pour y cultiver la canne. L’Atlantique devient le champ de bataille de la guerre du sucre, laquelle va multiplier les routes de l’esclavage à grand renfort d’investissements, avec la complicité des banques et des compagnies d’assurances. Alors que les méthodes s’industrialisent et que la terreur s’intensifie – razzias, tortures et décapitations publiques pour prévenir toute rébellion –, près de 7 millions d’Africains sont entraînés dans la tourmente, vendus par des marchands locaux à des flibustiers et armateurs négriers, tandis que s’élèvent en Europe les premières voix contre la barbarie de la traite, socle du capitalisme émergent.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-003-A/les-routes-de-l-esclavage-3-4
#Guadeloupe #Plage_de_raisins_clairs #guerre_du_sucre #Caraïbes #Londres #banques #Angleterre #City_of_London #Bank_of_England #Loyd's_of_London #Nantes #Louis_XIV #race #catégorisation #race #torture #terreur #code_noir #résistance #Nègres_marrons #résistance_dans_les_montagnes #montagne #odeur #abolitionnisme #Gustave_Vassa #accumulation_de_richesse
Sur la #construction_de_la_race, #Myriam_Cottias, CNRS :
"Ce qui se construit dans l’esclavage transatlantique, et ce qui marque la différence par rapport aux autres systèmes d’esclavage, c’est la construction de la race. C’est cette superposition qui se construit entre une apparence physique, est est décrite par un terme, et un statut. Donc, aux deux extrêmes de ce continuum de statut et de couleur, il y a le Blanc maître et l’esclave noir. Ce terme de #Blanc n’existe pas avant les sociétés esclavagistes. Le terme « blanc » se construit précisément dans les #Antilles. Cet espace esclavagiste atlantique est essentiel dans la construction de #catégories_raciales que nous utilisons actuellement et que nous utilisons comme des choses immuables et qui ne le sont pas".
Les routes de l’esclavage (4/4)
1789-1888 : les nouvelles frontières de l’esclavage
Le dernier volet débute en 1789. À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain...
À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain. Après la révolte des esclaves de Saint-Domingue, la Grande-Bretagne abolit la traite transatlantique en 1807. Mais l’Europe, en pleine révolution industrielle, ne peut se passer de la force de travail des esclaves. Pour satisfaire son besoin de matières premières, elle repousse les frontières de l’esclavage, fermant les yeux sur les nouvelles formes d’exploitation de l’homme au Brésil et aux États-Unis. En Afrique, l’Europe se lance dans de nouvelles conquêtes coloniales. À l’heure où la traite légale est enfin interdite, la déportation des captifs africains va exploser, plus importante que jamais. En cinquante ans, près de 2,5 millions de personnes sont déportées.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-004-A/les-routes-de-l-esclavage-4-4
#Rio_de_Janeiro #Brésil #Saint-Domingue #woodoo #Voodoo #Toussaints_l'Ouverture #Haïti #New_Orleans #viol #Zanzibar #guerre_de_sécession #discipline #émancipation #couleur_de_peau #occupation_coloniale #évangélisation #Tippo_Tip #travail_forcé #supériorité_de_la_race / #infériorité_de_la_race #Livingstone
Tippo Tip :
Tippo Tip, variantes Tippo Tib ou Tippu Tip ou selon les langues locales Tippo Tipo1, de son vrai nom Hamed bin Mohammed el Marjebi, né et mort à Zanzibar (1837 - 1905), est un marchand d’esclaves originaire de Unguja, île principale de l’archipel de Zanzibar. Il fut également propriétaire de plantations et gouverneur de province au Congo. Successeur des sultans de Zanzibar, il conduisit de nombreuses expéditions commerciales en Afrique centrale orientale, dont certaines esclavagistes.
#Abdu_Sheriff, Université Dar Es Salaam :
« Il y a une certaine ironie dans le fait que les britanniques soient intervenus dans l’abolition de l’esclavage et de la traite. Cela forcé les gens à se dire : si on ne peut pas exporter les esclaves, alors on les utilisera pour produire des marchandises à exporter. »
–-> "Galvanisés par ses grands principes moraux (abolition de l’esclavage), des dizaines d’Européens partent à l’aventure prêts à investir dans les #matières_premières dont l’Europe a besoin. Le missionnaire Livingstone devient la figure de proue de ces explorateurs abolitionnistes.
#Abdu_Sheriff, Université Dar Es Salaam :
"Ceux qui soutenaient ces missions étaient des hommes d’affaires, des gens qui avaient de l’argent. Ils avaient probablement une idée derrière la tête, ils n’étaient pas juste intéressés par la découverte des monts enneigés d’Afrique. Concernant les missionnaires, Livingstone était très clair, il savait ce qui intéressait les capitalistes. Il a dit à l’UMCA, l’organisation missionnaire qu’il s’agissait d’une mission philanthropique + 5%. Ils y trouveraient un intérêt financier. Il a dit très explicitement : « Vous, les philanthropes, aidez-nous à abolir l’esclavage parce que ça sera bénéfique pour vous. Vous produirez du tissu que vous vendrez à la population »
« Dans ce système de travaux forcés, les missionnaires sont désormais les témoins impuissants des exactions des exploitants. Les armées à la solde des Belges terrorisent les villageois et matent les révoltes. Chaque balle est comptée et pour prouver la bonne utilisation de leurs fusilles, les soldats doivent rapporter la main de leurs victimes. Il suffit d’une balle perdue pour couper la main d’un innocent. »
#Léopold_II #Belgique
Ibrahima Thioub :
« Il fallait justifier la domination, la violence, la conquête militaire, c’était insupportable pour toute opinion dite civilisée. A partir de là on a enseigné aux Africains, on a inculqué aux Africains, pour leur faire accepter la suprématie européenne, pour leur faire accepter la #mission_civilisatrice que l’Europe a eu la prétention de conduire en Afrique »
« Avec sa cohorte de médecins, d’anatomistes et de cadres coloniaux, l’Europe se sert de la race comme d’un outil scientifique pour justifier sa domination. L’Afrique devient un tout homogène relégué en bas de l’échelle de l’humanité. Principe de race et lutte contre l’esclavage sont les deux mamelles de la colonisation »
#Catherine_Hall, UCL :
« Le fait que les hiérarchies raciales aient persisté après l’émancipation, n’a vraiment rien d’étonnant, parce que c’était le mode de penser des abolitionnistes. Ceux d’entre eux qui appréciaient réellement la culture africaine, et qui considéraient les Africains et les Africaines comme leurs égaux, étaient peu nombreux. Même les plus égalitaires partaient du principe que la culture britannique était civilisée, évoluée, etc. C’était leur vision des choses. »
Silvia Hunold Lara, Université d’Etat de Campinas, Brésil :
« Le mouvement abolitionniste au Brésil était un mouvement conservateur, mené par des Blancs. Ce n’était pas un mouvement radical dans lequel étaient impliqués des Noirs. L’idée était avant tout que le Brésil devait se civiliser, progresser. L’idée du #progrès et de la #civilisation était directement lié à l’élimination de la #barbarie pratiquée avec l’esclavage. Mais en éliminant l’esclavage, ce mouvement abolitionniste voulait aussi éliminer les Noirs de l’histoire du Brésil, parce qu’ils étaient considérés comme barbares, d’une certaine manière. »
Les ports négriers face à leur histoire
Une sociologie des politiques mémorielles à #Nantes, #Bordeaux et #Liverpool
Dans Saison brune, #Philippe_Squarzoni tisse un récit inédit, qui entremêle analyses scientifiques et interviews de spécialistes, considérations personnelles et hommages au cinéma, enquête politique et essai engagé.
Le #livre est découpé en six chapitres. Les trois premiers sont précédés de trois interludes portant sur les commencements d’une oeuvre. Les trois derniers sont suivis de trois interludes sur les fins.
Les deux premiers chapitres sont consacrés aux aspects scientifiques du réchauffement : le fonctionnement du climat, la description de l’effet de serre, l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère durant l’époque moderne. Mais aussi l’expertise menée par le GIEC, l’attribution du réchauffement aux activités humaines, les différents scénarios d’augmentation des températures à venir, les risques d’effets de seuil, les risques de rétroactions positives.
Dans les deux chapitres suivants, Philippe Squarzoni alterne entre l’examen des conséquences à venir du #réchauffement_climatique (fonte des glaciers, montée des eaux, multiplication des tempêtes, risques de sécheresse dans certaines régions...) et les questionnements du narrateur et de sa compagne face à cette situation inédite. Que faire à un niveau individuel ? Que faire quand ce qui est en cause est la production d’énergie, l’industrie, les transports, le bâtiment, l’agriculture ? Par où, par quoi commencer ? Nécessaire mais dérisoire, sans proportion par rapport à l’ampleur de ce qu’il faudrait accomplir, le niveau individuel semble largement insuffisant.
Dans les deux derniers chapitres, Squarzoni élargit son questionnement et examine les possibilités de réduction des émissions et les différents scénarios énergétiques qui s’offrent à nos sociétés (énergies renouvelables, nucléaire, progrès technologiques, maîtrise de l’énergie...).
Entre les insuffisances des unes, et les faux espoirs des autres, il décrit une alternative possible qui permettrait d’éviter les conséquences les plus graves du réchauffement climatique. Et les choix politiques, les modèles de société, que ces scénarios impliquent. Une porte s’ouvre. Saurons-nous la franchir ?
Saurons-nous inventer une civilisation plus sobre capable de prendre en compte les questions écologiques ? Nos sociétés sauront-elles éviter les conséquences les plus graves du réchauffement climatique, tout en préservant la liberté et la démocratie ?
Dans un album chargé de nostalgie, qui est probablement le plus personnel de ses livres politiques, Philippe Squarzoni livre un essai qui donne à espérer, mais reste très pessimiste sur la réalisation de cet espoir au vu de la nature de la crise, de l’ampleur des changements à accomplir, et du fonctionnement de nos sociétés.
#Nouvelle_Orléans #New_Orleans
–-> cette double page me fait penser au livre de #Naomi_Klein « La #stratégie_du_choc »
Sortir les parasols par Frédéric Lordon
▻https://lundi.am/Sortir-les-parasols
[« Tout le monde déteste le travail »]
Dans le pipeline de la pensée managériale, qui crache du bullshit à jet continu, la dernière trouvaille à la con a pour nom la « holacratie ». Comme les penseurs du management sont pressés et ne regardent pas trop au détail, ils ont cru pouvoir décalquer à l’identique, et à leur propre usage, la holarchie d’Arthur Koestler, mais sans voir que le mot procédait par contraction pour éviter le hiatus holo-archie – le pouvoir (archie) du tout (holon). Dans l’entreprise holocrate (et non holacrate – il ne s’agit pas du pouvoir de la holà...), il n’y a supposément plus de pouvoir central, car le pouvoir appartient à tous : plus de de hiérarchie, plus de commandement, autonomie partout. Les plus idiots se sont empressés de conclure qu’on avait enfin trouvé la formule vraie du capitalisme à visage humain. Il faudrait leur demander d’imaginer ce qui se passera au moment où un retournement de conjoncture enverra l’entreprise dans le rouge, et où et comment les actionnaires, et le dirigeant nommé par eux, suggéreront aux salariés de s’administrer la holocratie.
[…]
On pouvait pourtant trouver, et de longue date, de quoi nous prévenir de cette épouvante en marche, et plus généralement des prétentions contemporaines de l’entreprise de fonctionner à la joie, à l’amour et à la concorde. On peut ainsi lire ceci dans les Pensées de Pascal : « Es-tu moins esclave pour être aimé et flatté de ton maître ? Tu as bien du bien esclave, ton maître te flatte. Il te battra tantôt ».
Plus près de nous, voici ce que Marguerite Yourcenar met dans la bouche d’un de ses personnages antiques dans Les mémoires d’Hadrien : « Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l’esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses : soit qu’on réussisse à transformer les hommes en machine stupides et satisfaites, qui se croient libres alors qu’elles sont asservies, soit qu’on développe chez eux, à l’exception des loisirs et des plaisirs humains, un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre chez les races barbares. À cette servitude de l’esprit ou de l’imagination humaine, je préfère encore notre esclavage de fait ».
[…]
Et ça c’est ce que je dis depuis des années à propos des coopératives VS toutes les autres entreprises (mais sans oublier que ça reste dans le capitalisme, du capitalisme plus ou moins démocratique donc) :
Il y a ainsi de quoi rire beaucoup à l’expérience de pensée qui imagine Laurent Joffrin ou l’éditorialiste du Monde, dont les suites de mots ne sont qu’un long gargarisme sur le thème de la « démocratie », sommés de se prononcer sur ce fait étonnant que, dans la société de leur gargarisme, les hommes passent la moitié de leur temps éveillé sous des rapports d’obéissance, et puis, ceci aperçu, qui leur demanderait ce qu’ils pensent d’un projet politique, somme toute logique, d’extension réelle de la pratique démocratique à toutes les sphères de la vie commune – y compris, donc, la sphère de la production.
[…]
Mais la difficulté de ces questions offre peut-être la raison même de commencer à les poser, et à les poser avec insistance, comme le seul moyen de hâter quelque chose qui nous ferait échapper à cette fulgurante prédiction, qui ne sort pas de quelque traité théorique mais d’un ouvrage d’un tout autre genre, célébrant à sa manière la préscience, pour ne pas dire les vertus oraculaires, du Côtes du Rhône, je veux bien sûr parler des Brèves de Comptoir, dans le millésime 1995 desquelles on trouve ceci : « On finira qu’on nous dira de nous torcher le cul les uns les autres, et ils diront on leur a donné du boulot ». 1995… Et qui ne voit que nous y sommes quasiment. Car, logiquement, en prolongeant la série : après Uber Drive et Uber Eat devraient venir Uber Poop ou Uber Wipe. Heureusement, ce tome 1995, particulièrement riche, ne nous laisse pas complètement désespéré, puisqu’on peut aussi y lire ceci : « À partir de dix millions de chômeurs, je crois qu’on peut sortir le soleil et les parasols ». L’idée générale, donc, ce serait bien ça : qu’on n’ait pas à attendre d’en arriver là pour sortir les parasols.
#Lordon #Frédéric_Lordon #Bernard_Friot #capitalisme #travail #critique_du_travail éventuellement #critique_de_la_valeur mais sous un autre angle (et là il s’agit plutôt de proposition d’un autre mode de calcul de la valeur et non pas d’une abolition de la valeur)
À chacun des trois régimes d’#accumulation observables depuis la fin du XIXe siècle correspondent donc trois régimes d’affects de la mobilisation salariale. D’un point de vue analytique, le plus important, c’est le premier : le régime de la mobilisation par les peurs basales, les peurs de ne simplement pas pouvoir survivre – l’aiguillon de la #faim, disait Marx. Ce régime n’est pas un régime avant d’autres régimes, et comme les autres régimes. C’est le régime fondement de tous les régimes, le régime qui dit l’essence, la vérité ultime du rapport salarial comme rapport de #chantage à la survie même. S’employer ou crever : les capitalistes ont longtemps poursuivi de ramener la donnée du #travail telle qu’elle se présente aux individus à la pureté, à l’exclusivité, de cette alternative. Et comme ils n’y sont jamais complètement parvenus, ils ont été conduits à emprunter d’autres voies passionnelles, en apparence tout à fait contraires – en apparence seulement.
#salariat #précariat #esclavage #survie #travail
Peut-être conseiller à Lordon de lire ceci : ►http://cqfd-journal.org/Une-femme-a-l-heure-des-LIP et ceci :
▻http://www.autogestion.coop/spip.php?article23
« Nul ne peut vouloir détruire sans avoir au moins une imagination lointaine, vraie ou fausse, de l’ordre des choses qui devrait, selon lui, succéder à celui qui existe présentement » Bakounine
Jeff Bezos’ $100 billion: The case for expropriation - World Socialist Web Site
▻https://www.wsws.org/en/articles/2017/11/27/pers-n27.html
Jeff Bezos’ $100 billion: The case for expropriation
27 November 2017
After a Black Friday surge in Amazon’s stock value, CEO Jeff Bezos’ wealth surpassed the $100 billion mark, making him over $10 billion dollars richer than the world’s second wealthiest man, Microsoft CEO Bill Gates.
The rise of the $100 billion man is a further milestone in the unprecedented growth of social inequality worldwide. Bezos’ wealth would make the robber barons of the 19th century green with envy.
Paradise Papers, le seuil franchi ? | La plume d’un enfant du siècle
▻https://marwen-belkaid.com/2017/11/15/paradise-papers-le-seuil-franchi
Ces circuits nébuleux et opaques par lesquels s’évaporent l’#argent des Etats, ainsi que l’a très bien démontré Gabriel Zucman dans La #richesse cachée des nations : Enquête sur les paradis fiscaux, est consubstantiel de ce #capitalisme néolibéral financiarisé devenu complètement fou au sein duquel l’#accumulation illimité du capital est la seule religion de ces fêlés qui se croient sages. Loin d’être une dérive qu’il s’agit de corriger, l’évasion et la #fraude fiscales font partie intégrante du modèle politico-économique actuellement en place si bien que les Etats protègent de facto les fraudeurs – on pense ici au verrou de Bercy par exemple – ou favorisent cette optimisation fiscale qui, rappelons-le, est légale. C’est précisément dans la légalité de ces procédés d’évitement de l’impôt que réside le véritable scandale à l’heure où les Etats, en particulier ceux de l’Union Européenne, se sont liés les mains face aux grandes transnationales.
Les migrations, le Capital et l’État - via @paris
▻https://paris-luttes.info/les-migrations-le-capital-et-l-8877
La crise de reproduction des rapports sociaux capitalistes et la « crise des réfugiés »
La publication de cette brochure a pour but de contribuer à l’analyse et à la critique de la politique de l’UE et de l’État grec pour le contrôle et la gestion biopolitique des migrations d’un point de vue prolétarien.
Au cours des deux dernières années, l’accroissement important des migrations vers l’Union Européenne, dont la cause principale est l’intensification des conflits armés en Syrie, en Irak et en Afghanistan, s’est heurté d’une part à une intensification de la surveillance des frontières aboutissant à leur militarisation et d’autre part à la formation d’un nouveau cadre politique et légal grâce à l’accord conclu entre l’UE et la Turquie le 18 mars 2016 niant les principes de base du droit d’asile international. L’intérêt que nous portons au problème des migrations en tant que forme de la mobilité internationale des travailleurs, en tant qu’accumulation primitive permanente et en tant que forme autonome de l’activité du prolétariat, n’a rien d’académique. Nous cherchons au contraire à nous doter d’outils théoriques susceptibles de se révéler utiles dans l’élaboration de luttes communes aux prolétaires locaux et immigrants, en tant que partie intégrante du mouvement de classe en lutte contre le capital et l’État.
Cette brochure contient un texte que nous avons rédigé en nous concentrant sur le cas de la Grèce, un texte de Wildcat [1], groupe radical allemand, se concentrant sur le cas de l’Allemagne en tant que pays d’accueil des migrants, et un article théorique rédigé par Nicholas De Genova, universitaire radical qui propose une analyse du contrôle de la liberté de mouvement en tant que fondement de la puissance souveraine de l’État capitaliste. [2]
Le titre initial de la brochure est « Vogelfrei, migration, deportations, capital and its state » [3]
#migrants #capitalisme #accumulation_primitive_permanente #luttes #théorie #brochure
De la #nature comme #stratégie d’#accumulation – CONTRETEMPS
▻http://www.contretemps.eu/smith-nature-strategie-accumulation
À un certain niveau, ceux que l’on appelle les conservateurs n’ont simplement pas encore compris les possibilités qu’offrait le #capitalisme environnemental, et c’est ce que l’histoire retiendra d’eux. Ils se placent, par ailleurs, du côté d’une industrie énergétique qui réalise des profits sans précédent tout en communiquant sur le terrain de l’#écologie. Tout comme l’exploitation de la main d’œuvre à bas coûts prolifère dans de nombreuses industries d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique, l’expansion du capital étendue à la nature constitue encore une solide frontière de l’accumulation du capital, qu’il s’agisse de la prospection sur le vivant en Amazonie ou du forage dans l’Arctique états-unien. L’avant-garde de cette expansion envahissante, est aujourd’hui transplanétaire, avec bientôt la colonisation, l’exploration scientifique et l’exploitation de l’espace, que l’on considère encore couramment comme extérieur à l’ordre planétaire du monde humain.