• 120 minutes de colère

    Je vais faire ici l’hypothèse que ce public faisait à l’époque partie de ceux qui laissaient mourir les personnages qu’ils pleurent aujourd’hui au cinéma.
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    Voici le cœur de ma colère envers #120_Battements_par_minute : en ne représentant pas (ou trop peu) ces personnes, le film leur permet non seulement de ne pas avoir à rendre de compte sur leur comportement pendant l’épidémie mais aussi de partager ces larmes et de faire le deuil de morts dont ils sont complices. Où sont, dans le film, les homophobes (ils ne peuvent pas se limiter à l’homophobie ordinaire d’une lycéenne) ? Les élus qui refusaient les campagnes de prévention qu’#ACT_UP_Paris faisait elle-même ? Où sont les familles qui abandonnaient les leurs ? Assis dans la salle de cinéma, à pleurer.
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    J’ai envie qu’il soit répété ce qui est si justement écrit dans Une colère noire de Ta-Nehisi Coates : que nous vivons dans un monde dont l’idéologie de la blanchité qu’il appelle le Rêve « pèse sur notre dos, repose sur le lit de nos corps » et où le racisme « détruit les cerveaux, empêche de respirer, déchire des muscles, éviscère des organes, fend des os, brise des dents », où il se demande « comment vivre avec un corps noir dans un pays perdu dans le Rêve ?

    http://friction-magazine.fr/120-minutes-de-colere

    #HIV #cinéma #sida #homophobie #public