• Le meilleur remède contre l’éco-anxiété

    https://bonpote.com/le-meilleur-remede-contre-leco-anxiete

    #kevin_jean
    https://mesurs.cnam.fr/laboratoire-mesurs/kevin-jean--1398727.kjsp#

    “Ne soyez plus éco-anxieux, soyez éco-furieux”
    C’est donc peut-être en mettant l’accent, dans les titres de presse ou dans les sujets du 20h, plus sur les causes des #dégradations_environnementales que sur leurs impacts présents ou attendus, qu’on peut espérer transformer l’éco-anxiété, forme d’angoisse face à une menace floue et mal cernée, en éco-colère. C’est le fameux “ne soyez plus #éco-anxieux, soyez #éco-furieux” de Frédéric Lordon, qui fait, au-delà de la formule, l’objet de travaux de #recherche récents.

    Car en effet, l’#éco-anxiété ou la colère climatique semble bien être un tremplin à l’engagement pour les causes environnementales. Dans une étude conduite en 2022 par l’université de Yale, les personnes qui exprimaient un sentiment de détresse climatique (près de 10% de l’échantillon d’étude, en gardant en tête que cette proportion est très dépendante de la formulation de la question posée) rapportaient bien plus fréquemment être passées à l’action pour la cause climatique, de la signature de pétition à l’investissement personnel dans des organisations environnementales. 

    Source : https://climatecommunication.yale.edu/publications/distress-about-climate-change-and-climate-action

    L’éco-anxiété peut donc constituer un tremplin à l’action collective, mais, et c’est là une bonne nouvelle qu’il ne faut pas se lasser de partager, l’action collective pourrait bien être le meilleur remède à l’éco-anxiété. En effet, une étude conduite en 2022 auprès de jeunes américains suggérait que l’engagement au sein d’actions collectives pouvait jouer le rôle de tampon face au risque que l’éco-anxiété peut représenter pour la santé mentale.

    Dans l’étude en question, parmi les jeunes déclarant être affectés par l’éco-anxiété, celles et ceux qui par ailleurs étaient engagé(e)s dans des actions collectives en faveur du climat étaient moins affecté(e)s par des troubles dépressifs. Si ces premiers résultats méritent d’être confirmés dans d’autres études, ils corroborent largement les témoignages de nombreux activistes ou scientifiques engagés pour le climat, de Cyril Dion à Jean Jouzel. 
    [...]

    L’éco-anxiété : un tremplin vers l’action ?
    Rappelons-le, l’éco-anxiété constitue une #réaction saine et justifiée face à l’ampleur des #menaces_écologiques. C’est bien plus la réaction inverse, le déni ou le #cynisme, qui se rapproche du #pathologique

    La succession des événements climatiques extrêmes, et sans doute encore plus les renoncements répétés des élites à répondre à l’ampleur des crises écologiques, constituent le moteur de la diffusion de l’éco-anxiété, y compris chez les populations vulnérables ou défavorisées. 

    Il peut être tentant de chercher des manières individuelles de gérer ce trouble, mais il ne faut pas s’y tromper : c’est bien l’action collective, et elle seule, qui est à même de s’attaquer au moteur du mal.

    Le mouvement écologique a tout intérêt à s’efforcer de faire de l’éco-anxiété un tremplin vers l’action, en communiquant sur les causes ou les freins à l’action plutôt que sur les désastres à venir. Il semblerait d’ailleurs au passage que cibler les opposants à l’action climatique – pétroliers, lobbyistes, politiques – dans des messages en faveur du climat soit particulièrement efficace.

    Il est d’autant plus justifié de le faire car l’#action_collective pourrait bien apporter une certaine forme de soulagement à l’éco-anxiété, et ainsi s’avérer être également une forme de remède à l’échelle individuelle.

  • F.T.C. Bans Noncompete Clauses - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/04/23/business/noncompete-clause-ban.html

    The rule would prohibit companies from limiting their employees’ ability to work for rivals, a change that could increase competition and boost wages.
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    J. Edward Moreno

    By J. Edward Moreno
    April 23, 2024, 3:42 p.m. ET

    The Federal Trade Commission on Tuesday banned employers from limiting their workers’ abilities to work for rivals, a sweeping change that the agency says could help raise wages and increase competition among businesses.

    The move bars contracts known as noncompetes, which prevent workers from leaving for a competitor for a certain amount of time, in most circumstances. The agency has said the proposal would raise wages and increase competition.

    The proposal was approved by the agency in a 3-2 vote. Commissioners Melissa Holyoak and Andrew N. Ferguson, two Republicans, voted against the measure.

    This is a developing story. Please check back for updates.

    #Droit_travail #FTC #Lina_Khan #Action

  • Les réfractaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie (13ème partie • avril 2024)
    https://www.obsarm.info/spip.php?article648

    Depuis octobre 2022, Guy Dechesne recense longuement les actes de désertion, d’insoumission, de désobéissance et d’exil posés pour refuser de combattre, les actions de désobéissance civiles pour entraver la guerre et les appuis que les réfractaires reçoivent tant dans les pays concernés qu’à l’étranger dans le prolongement d’un dossier paru dans le numéro 164-165 de « Damoclès ». Cette rubrique est rédigée à partir d’un suivi méticuleux des médias. 13ème épisode, avril 2024. Retrouvez (...) #Résistances

    / #Guerres, #Actions_contre_la_guerre, #Antimilitarisme, #La_deux

  • Political Instincts ?
    https://newleftreview.org/sidecar/posts/political-instincts

    V.O. de https://seenthis.net/messages/1049118 L’échec des protestations de masse à l’ère de l’atomisation

    19.3.2024 by Anton Jäger - Two men flank each other in shabby paramilitary attire, their MAGA caps hovering above the swirling tide of flags and megaphones. ‘We can take that place!’, exclaims the first. ‘And then do what?’, his companion asks. ‘Heads on pikes!’ Three years later, these rocambolesque scenes from the Capitol riot on January 6th – now firmly encrusted on liberalism’s political unconscious – have become a revealing historical hieroglyph. Above all, they epitomize a culture in which politics has been decoupled from policy. The protest galvanized thousands of Americans to invade the headquarters of the world hegemon. Yet this action had no tangible institutional consequences. America’s Winter Palace was stormed, but the result was not a revolutionary coup or a dual power stand-off. Instead, most of the insurgents – infantrymen for the American lumpenbourgeoisie, from New York cosmetics salesmen to Floridian real estate agents – were swiftly arrested en route home, incriminated by their livestreams and social media posts. Today little remains of their Trumpian fronde, even as the mountain king prepares for his next crusade. A copycat putsch in Brazil also came to naught.

    The same disarticulation afflicts campaigns across the political spectrum, from the BLM protests in summer 2020, which saw nearly twenty million Americans rail against police violence and racial inequity, to France’s gilets jaunes and the current Palestinian solidarity movement. Compared to the long period of relative demobilization and apathy during the 1990s and 2000s, in which citizens protested, petitioned and voted less, the events that followed the 2008 financial crash signalled a clear shift in Western political culture. The Economist informed its readers in the early summer of 2020 that ‘political protests have become more widespread and more frequent’, and that ‘the rising trend in global unrest is likely to continue.’ Yet these eruptions had little effect on the spectacularly skewed class structure of Western societies; BLM has failed to defund the police or curb their brutality; and the regular marches against Western sponsorship of Israel’s punishment campaign have not stopped the unrestrained bloodshed in Gaza. As James Butler recently remarked in the London Review of Books, ‘Protest, what is it good for?’

    This is partly an effect of state repression. Yet we can further delineate the present situation by examining a different, downward rather than upward-sloping curve. Throughout the recent ‘decade of protest’, the secular decline in mass membership organizations, which began in the 1970s and was first anatomised by Peter Mair in the pages of this journal, only accelerated. Unions, political parties, and churches continued to bleed members, exacerbated by the rise of a new digital media circuit and tightening labour laws, and compounded by the ‘loneliness epidemic’ that metastasized out of the actual one of 2020. The result is a curiously K-shaped recovery: while the erosion of organized civic life proceeds apace, the Western public sphere is increasingly subject to spasmodic instances of agitation and controversy. Post-politics has ended, but what has taken its place is hardly recognizable from twentieth-century mass political templates.

    Contemporary political philosophy seems ill-equipped to explain the situation. As Chantal Mouffe points out, we still live in an age of ‘apolitical’ philosophy, where academics are reduced to pondering why certain people decide to become activists or join political organizations given the prohibitive costs of ideological commitment. By contrast, Aristotle once dared to suggest that humans displayed an inborn instinct for socialisation: a feature shared with other herd animals, such as bees or ants, which also exhibit strong cooperative traits. As exceptionally gregarious creatures, he contended, men also had a spontaneous urge to unite within a πολις, a term only meagrely translated by the Germanic compound ‘city state’ – the highest form of community. Anyone surviving outside such a community was ‘either a beast or a god’.

    The classical Aristotelian assumption of man as a zoön politikon was called into question by modern political philosophy, starting with Hobbes, Rousseau and Hume (the latter two idiosyncratic Hobbesians). It was fiercely contested in Leviathan, where man appears as an instinctively antisocial animal who must be coerced into association and commitment. Yet even Hobbes’s pessimistic anthropology hoped to re-establish political association on a higher plane. For him, man’s antisocial instincts opened a vista onto even sturdier collective structures. This was an implicit appeal to Europe’s republican nobility: they should no longer get involved in murderous civil wars and, out of self-interest, submit to a peace-abiding sovereign. Similarly for Rousseau, antisocial amour propre offered the prospect of a higher political association – this time in the democratic republic, where the lost freedom of the state of nature could be regained. For Kant, too, ‘unsociable sociability’ functioned as a dialectical harbinger of perpetual peace. In each case, the apolitical postulate implied a potentially political conclusion: a lack of strong sociability served to temper political passions, guaranteeing the stability of state and society.

    The nineteenth century saw a more pressing need to assure generalized political passivity. As Moses Finley has noted, to be a citizen in Aristotle’s Athens was de facto to be active, with little distinction between civil and political rights, and with rigid lines between slaves and non-slaves. In the 1830s and 40s, the suffrage movement made such demarcations impossible. Proletarians sought to transform themselves into active citizens, threatening the propertied order built up after 1789. To neutralize this prospect, it was necessary to construct a new cité censitaire, in which the masses would be shut out of decision-making while elites could continue to enact the so-called democratic will. The plebiscitary regime of Louis Bonaparte III, famously characterized as ‘potato sack politics’ in The Eighteenth Brumaire, offered an exemplar. This ‘creative anti-revolution’, as Hans Rosenberg called it, was an attempt to redeem general suffrage by placing it within authoritarian constraints that would enable capitalist modernization.

    Walter Bagehot – luminary of The Economist, central bank theorist and eulogist of the English Constitution – defended Bonaparte’s 1851 coup d’état as the only means to reconcile democratization with capital accumulation. ‘We have no slaves to keep down by special terrors and independent legislation’, he wrote. ‘But we have whole classes unable to comprehend the idea of a constitution, unable to feel the least attachment to impersonal laws.’ Bonapartism was a natural solution. ‘The issue was put to the French people . . . “Will you be governed by Louis Napoleon, or will you be governed by an assembly?” The French people said, “We will be governed by the one man we can imagine, and not by the many people we cannot imagine.”’

    Bagehot asserted that socialists and liberals who complained about Bonaparte’s authoritarianism were themselves guilty of betraying democracy. Commenting on the result of an 1870 plebiscite which ratified some of Bonaparte’s reforms, he argued that such critics ‘ought to learn . . . that if they are true democrats, they should not again attempt to disturb the existing order at least during the Emperor’s Life’. To them, he wrote, ‘democracy seems to consist as often as not in the free use of the people’s name against the vast majority of the people’. Here was the proper capitalist response to mass politics: the forcible atomization of the people – nullifying organized labour to secure capital’s interests, with semi-sovereign support from a demobilized society.

    Richard Tuck has described the further modulations of this tradition in the twentieth century, visible in the work of Vilfredo Pareto, Kenneth Arrow and Mancur Olson among others. For these figures, collective action and interest-pooling were demanding and unattractive; voting in elections was usually carried out with reluctance rather than conviction; trade unions were equally beneficial to members and non-members; and the terms of the social contract often had to be forcibly imposed. In the 1950s, Arrow recycled an insight originally proffered by the Marquis de Condorcet, stating that it was theoretically impossible for three voters to ensure perfect harmony between their preferences (if voter one preferred A over B and C, voter two B over C and A, and three C over A and B, the formation of a majority preference was impossible without dictatorial intervention). Arrow’s ‘impossibility theorem’ was seized upon as evidence that collective action itself was bursting with contradictions; Olson radicalized it to advance his claim that free riding was the rule rather than the exception in large organizations. The conclusion that man was not naturally inclined to politics thus came to dominate this field of sceptical post-war literature.

    Towards the end of the twentieth century, with the drastic decline in voter turnout, the plunge in strike days and the wider process of withdrawal from organized political life, human apoliticism seemed to mutate from an academic discourse into an empirical reality. Whereas Kant spoke of ‘ungesellige Geselligkeit’, one could now speak of ‘gesellige Ungeselligkeit’: a social unsociability which reinforces rather than sublates atomization.

    As the decade of protests made clear, however, Bagehot’s formula no longer holds. Passive support for the ruling order cannot be assured; citizens are willing to revolt in significant numbers. Yet fledgling social movements remain crippled by the neoliberal offensive against civil society. How best to conceptualize this new conjuncture? Here the concept of ‘hyperpolitics’ – a form of politicization without clear political consequences – may be useful. Post-politics was finished off by the 2010s. The public sphere has been repoliticized and re-enchanted, but on terms which are more individualistic and short-termist, evoking the fluidity and ephemerality of the online world. This is an abidingly ‘low’ form of politics – low-cost, low-entry, low-duration, and all too often, low-value. It is distinct both from the post-politics of the 1990s, in which public and private were radically separated, and from the traditional mass politics of the twentieth century. What we are left with is a grin without a cat: a politics without policy influence or institutional ties.

    If the hyperpolitical present appears to reflect the online world – with its curious mix of activism and atomization – it can also be compared to another amorphous entity: the market. As Hayek noted, the psychology of planning and mass politics were closely related: politicians would bide their time over decades; Soviet planners read human needs across five-years plans; Mao, keenly aware of the longue durée, hibernated in rural exile for more than twenty years; the Nazis measured their time in millennia. The horizon of the market, however, is much nearer: the oscillations of the business cycle offer instant rewards. Today, politicians wonder whether they can launch their campaigns in a matter of weeks, citizens turn out to demonstrate for a day, influencers petition or protest with a monosyllabic tweet.

    The result is a preponderance of ‘wars of movement’ over ‘wars of position’, with the primary forms of political engagement as fleeting as market transactions. This is more a matter of necessity than of choice: the legislative environment for durable institution-building remains hostile, and activists must contend with a vitiated social landscape and an unprecedentedly expansive Kulturindustrie. Beneath such structural constraints lie questions of strategy. While the internet has radically lowered the costs of political expression, it has also pulverized the terrain of radical politics, blurring the borders between party and society and spawning a chaos of online actors. As Eric Hobsbawm observed, collective bargaining ‘by riot’ remains preferable to post-political apathy. The jacquerie of European farmers in the last months clearly indicates the (right-wing) potential of such wars of movement. Yet without formalized membership models, contemporary protest politics is unlikely to return us to the ‘superpolitical’ 1930s. Instead, it may usher in postmodern renditions of ancien régime peasant uprisings: an oscillation between passivity and activity, yet one that rarely reduces the overall power differential within society. Hence the K-shaped recovery of the 2020s: a trajectory that would please neither Bagehot nor Marx.

    #politique #philosophie #libéralisme #société #organisations #mouvement_ouvrier #activisme #individualisme

  • L’échec des protestations de masse à l’ère de l’atomisation
    https://lvsl.fr/lechec-des-protestations-de-masse-a-lere-de-latomisation

    L’époque est marquée par une résurgence des protestations, et une radicalisation de leur mode opératoire. Paradoxalement, elles ont une prise de moins en moins forte sur la réalité politique. Que l’on pense à l’invasion du Capitole aux États-Unis à l’issue de la défaite de Donald Trump, ou aux manifestations de masse qui secouent aujourd’hui l’Europe sur la question palestinienne, un gouffre se creuse entre les moyens déployés et l’impact sur le cours des choses. Pour le comprendre, il faut appréhender les décennies d’atomisation qui ont conduit à la situation actuelle, où la politique de masse semble condamnée à l’impuissance. Par Anton Jäger, traduction Alexandra Knez.
    Cet article a été originellement publié sur Sidecar, le blog de la New Left Review, sous le titre « Political Instincts ? ».

    Deux hommes en tenue paramilitaire de piètre qualité se tiennent l’un à côté de l’autre, leurs casquettes MAGA dépassant la marée tourbillonnante de drapeaux et de mégaphones. « On peut prendre ce truc », s’exclame le premier. « Et après, on fera quoi ? », demande son compagnon. « On mettra des têtes sur des piques ». Trois ans plus tard, ces scènes rocambolesques de l’émeute du Capitole du 6 janvier, désormais bien ancrées dans l’inconscient politique, apparaissent comme un miroir grossissant de l’époque. Elles illustrent surtout une culture dans laquelle l’action politique a été découplée de ses résultats concrets.

    Ce soulèvement a incité des milliers d’Américains à envahir le siège de l’hégémonie mondiale. Pourtant, cette action n’a pas eu de conséquences institutionnelles tangibles. Le palais d’hiver américain a été pris d’assaut, mais cela n’a pas débouché sur un coup d’État révolutionnaire ni sur un affrontement entre deux pouvoirs. Au lieu de cela, la plupart des insurgés – des fantassins de la lumpenbourgeoisie américaine, des vendeurs de cosmétiques new-yorkais aux agents immobiliers floridiens – ont rapidement été arrêtés sur le chemin du retour, incriminés par leurs livestreams et leurs publications sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de cette fronde trumpienne, alors que l’ex-président se prépare à sa prochaine croisade. Un putsch similaire au Brésil n’a pas non plus abouti.

    • Le XIXè siècle a été marqué par un besoin plus pressant de garantir une passivité politique généralisée. Comme l’a fait remarquer Moses Finley, être citoyen dans l’Athènes d’Aristote c’était de facto être actif, avec peu de distinction entre les droits civiques et politiques, et des frontières rigides entre les esclaves et les non-esclaves. Dans les années 1830 et 1840, le mouvement pour le suffrage universel a rendu ces démarcations impossibles. Les prolétaires ambitionnaient de se transformer en citoyens actifs, menaçant ainsi l’ordre établi du règne de la propriété privée construit après 1789. Pour enrayer cette perspective, il fallait construire une nouvelle cité censitaire, dans laquelle les masses seraient exclues de la prise de décision, tandis que les élites pourraient continuer à mettre en œuvre la soi-disant volonté démocratique. Le régime plébiscitaire de Louis Bonaparte III, qualifié de « politique du sac de pommes de terre » dans Le 18 Brumaire de Marx, en est une manifestation. Cette « antirévolution créative », comme l’a appelée Hans Rosenberg, était une tentative de cadrer le suffrage universel en le plaçant dans des contraintes autoritaires qui permettraient la modernisation capitaliste.

      Walter Bagehot – sommité du magazine The Economist, théoricien de la Banque centrale et chantre de la Constitution anglaise – a défendu le coup d’État de Bonaparte en 1851 comme le seul moyen de concilier démocratisation et accumulation du capital. « Nous n’avons pas d’esclaves à contenir par des terreurs spéciales et une législation indépendante », écrivait-il. « Mais nous avons des classes entières incapables de comprendre l’idée d’une constitution, incapables de ressentir le moindre attachement à des lois impersonnelles. Le bonapartisme était une solution naturelle. La question a été posée au peuple français : « Voulez-vous être gouvernés par Louis Napoléon ? Serez-vous gouvernés par Louis Napoléon ou par une assemblée ? » Le peuple français répondit : « Nous serons gouvernés par le seul homme que nous pouvons imaginer, et non par le grand nombre de personnes que nous ne pouvons pas imaginer ».

      Bagehot affirmait que les socialistes et les libéraux qui se plaignaient de l’autoritarisme de Bonaparte étaient eux-mêmes coupables de trahir la démocratie. Commentant le résultat d’un plébiscite de 1870 qui a ratifié certaines des réformes de Bonaparte, il a affirmé que ces critiques « devraient apprendre […] que s’ils sont de vrais démocrates, ils ne devraient plus tenter de perturber l’ordre existant, au moins pendant la vie de l’empereur ». Pour eux, écrivait-il, « la démocratie semble consister le plus souvent à utiliser librement le nom du peuple contre la grande majorité du peuple ». Telle était la réponse capitaliste appropriée à la politique de masse : l’atomisation forcée du peuple – réprimant le syndicalisme pour garantir les intérêts du capital, avec le soutien passif d’une société démobilisée.

      Richard Tuck a décrit les nouvelles variantes de cette tradition au XXè siècle, dont témoignent les travaux de Vilfredo Pareto, Kenneth Arrow et Mancur Olson, entre autres. Pour ces personnalités, l’action collective et la mise en commun des intérêts étaient exigeantes et peu attrayantes ; le vote aux élections était généralement exercé avec réticence plutôt qu’avec conviction ; les syndicats profitaient autant aux membres qu’aux non-membres ; et les termes du contrat social devaient souvent être imposés par la force.

      Dans les années 1950, Arrow a recyclé une idée proposée à l’origine par le marquis de Condorcet, affirmant qu’il était théoriquement impossible pour trois électeurs d’assurer une harmonie parfaite entre leurs préférences (si l’électeur un préférait A à B et C, l’électeur deux B à C et A, et l’électeur trois C à A et B, la formation d’une préférence majoritaire était impossible sans une intervention dictatoriale). Le « théorème d’impossibilité » d’Arrow a été considéré comme une preuve que l’action collective elle-même était pleine de contradictions ; Olson l’a radicalisé pour promouvoir sa thèse selon laquelle le parasitisme était la règle plutôt que l’exception dans les grandes organisations. Ainsi la conclusion selon laquelle l’homme n’est pas naturellement enclin à la politique a fini par dominer ce domaine de la littérature sceptique de l’après-guerre.

      Vers la fin du vingtième siècle, avec la baisse drastique de la participation électorale, la forte baisse du nombre de jours de grève et le processus plus large de retrait de la vie politique organisée, l’apolitisme humain a semblé passer d’un discours académique à une réalité empirique. Alors que Kant parlait d’une « insociable sociabilité », on pourrait désormais parler d’une « insociabilité sociable » : une insociabilité qui renforce l’atomisation au lieu de la sublimer.

      Toutefois, comme l’a montré la décennie de contestations, la formule de Bagehot ne tient plus. Le soutien passif à l’ordre en place ne peut être assuré ; les citoyens sont prêts à se révolter en grand nombre. Pourtant, les mouvements sociaux naissants restent paralysés par l’offensive néolibérale contre la société civile. Comment conceptualiser au mieux cette nouvelle conjoncture ? Le concept d’ « hyperpolitique » – une forme de politisation sans conséquences politiques claires – peut s’avérer utile. La post-politique s’est achevée dans les années 2010. La sphère publique a été repolitisée et réenchantée, mais dans des termes plus individualistes et court-termistes, évoquant la fluidité et l’éphémérité du monde en ligne. Il s’agit d’une forme d’action politique toujours « modique » – peu coûteuse, accessible, de faible durée et, trop souvent, de faible valeur. Elle se distingue à la fois de la post-politique des années 1990, dans laquelle le public et le privé ont été radicalement séparés, et des politiques de masse traditionnelles du vingtième siècle. Ce qui nous reste, c’est un sourire sans chat (ndlr. Le chat de Cheshire d’Alice aux pays des merveilles) : une action politique sans influence sur les politiques gouvernementales ni liens institutionnels.

      Si le présent hyperpolitique semble refléter le monde en ligne – avec son curieux mélange d’activisme et d’atomisation – il peut également être comparé à une autre entité amorphe : le marché. Comme l’a noté Hayek, la psychologie de la planification et la politique de masse sont étroitement liées : les politiciens guettent leurs opportunités sur des décennies ; Les planificateurs soviétiques évaluaient les besoins humains au travers de plans quinquennaux ; Mao, très conscient de la longue durée, a hiberné en exil rural pendant plus de vingt ans ; les nazis mesuraient leur temps en millénaires. L’horizon du marché, lui, est beaucoup plus proche : les oscillations du cycle économique offrent des récompenses instantanées. Aujourd’hui, les hommes politiques se demandent s’ils peuvent lancer leur campagne en quelques semaines, les citoyens manifestent pour une journée, les influenceurs pétitionnent ou protestent avec un tweet monosyllabique.

      Il en résulte une prépondérance des « guerres de mouvement » sur les « guerres de position », les principales formes d’engagement politique étant aussi éphémères que les transactions commerciales. Il s’agit plus d’une question de nécessité que de choix : l’environnement législatif pour la mise en place d’institutions durables reste hostile, et les militants doivent faire face à un paysage social vicié et à une Kulturindustrie d’une ampleur sans précédent. Sous ces contraintes structurelles se cachent des questions de stratégie. Si l’internet a radicalement réduit les coûts de l’expression politique, il a également pulvérisé le terrain de la politique radicale, brouillant les frontières entre le parti et la société et engendrant un chaos d’acteurs en ligne. Comme le remarquait Eric Hobsbawm, la négociation collective « par l’émeute » reste préférable à l’apathie post-politique.

      La jacquerie des agriculteurs européens au cours des derniers mois indique clairement le potentiel (conservateur) de ces guerres de mouvement. Cependant, en l’absence de modèles d’adhésion formalisés, il est peu probable que la politique de protestation contemporaine nous ramène aux années « superpolitiques » de la décennie 1930. Au contraire, elle pourrait donner lieu à des reproductions postmodernes de soulèvements paysans de l’ancien régime : une oscillation entre la passivité et l’activité, mais qui réduit rarement le différentiel de pouvoir global au sein de la société. D’où la reprise en forme de K des années 2020 : une trajectoire qui n’aurait agréé ni à Bagehot, ni à Marx.

    • Texte original (EN) https://seenthis.net/messages/1049204

      Très intéressant.

      Le sujet mérite qu’on s’intéresse à ses raisons et expressions matérielles précises. Le texte en qustion ne mentionne jamais les relations entre les classes économiques et nous prive ainsi d’une compréhention effective du problème.


      Là on nous décrit des phénomènes et indique quelques penseurs non-matérialistes historiques qui ont travaillé sur la philosophie politique. Bref c’est le point de vue des puissants . Il faudra développer les idées en attaquant la réalité.

      cf. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A8ses_sur_Feuerbach

      Le titre français de l’article est intéressant parce qu’il n’a rien à faire avec le sens de l’article. « Political Instinct ? » est le titre du text anglais. On y apprend qu’il y a « atomisation » et baisse des journées de grève mais c’est tout. On le savait déjà. On peut aller plus loin en passant de la théorie à la pratique.

      Conséquence de la réflexion : il faut défendre les organisations ouvrières et travailler pour la constitution de structures acceuillantes, solidaires et solides qui seront adaptées à notre existence à l’ère de l’internet.

      #politique #philosophie #libéralisme #société #organisations #mouvement_ouvrier #activisme #individualisme

  • John Sinclair, 82, Dies; Counterculture Activist Who Led a ‘Guitar Army’ - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/04/04/us/john-sinclair-dead.html

    They gave him ten for two
    What else can the bastards do ?

    John Sinclair, a counterculture activist whose nearly 10-year prison sentence for sharing joints with an undercover police officer was cut short after John Lennon and Yoko Ono sang about his plight at a protest rally, died on Tuesday in Detroit. He was 82.

    His publicist, Matt Lee, said the cause of his death, in a hospital, was congestive heart failure.

    As the leader of the White Panther Party in the late 1960s, Mr. Sinclair spoke of assembling a “guitar army” to wage “total assault” on racists, capitalism and the criminalization of marijuana. “We are a whole new people with a whole new vision of the world,” he wrote in his book “Guitar Army” (1972), “a vision which is diametrically opposed to the blind greed and control which have driven our immediate predecessors in Euro-Amerika to try to gobble up the whole planet and turn it into one big supermarket.”

    He also managed the incendiary Detroit rock band the MC5. Their lyrics — “I’m sick and tired of paying these dues/And I’m finally getting hip to the American ruse” — were a kind of ballad for the cause.

    Malheureusement, l’histoire a donné tort à son très beau programme :

    “We thought,” Mr. Sinclair wrote in “Guitar Army,” “that political organization and political theory were things of the past which had no relevance to the contemporary situation, that whatever happened would have to happen spontaneously if it was going to mean anything at all, and that all we had to do was to keep pumping out our propaganda as hard as we could and then just wait for the right moment to present itself, at which time there would be a huge apocalyptic flash and the future of the world would be settled in a matter of days.”

    Le monde n’a malheureusement pas autant changé que cela, et la nécessité de faire voter des lois protectrices reste d’actualité, et pour cela les activistes ont besoin de relais institutionnels. C’est la contradiction de la période qui a suivi l’espoir des années 1960 et 1970 (mais aussi la désespérance de l’ère Mitterrand, qui a montré que sans les activistes, le pouvoir restait bien gentiment derrière les déjà puissants).

    #John_Sinclair #Contre-culture #Activisme

  • Un pour cent des #foyers_fiscaux français perçoivent-ils 96% des #dividendes ?

    En pleine polémique autour du #déficit plus important que prévu de la France, le gouvernement fait la chasse aux économies. Le ministre de l’Economie #Bruno_Le_Maire refuse de taxer les dividendes. Mais Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, assure que seulement 1% des ménages touchent 96% des dividendes. C’est vrai, plus précisément 1% des foyers fiscaux.

    Bruno Le Maire n’en démord pas : pas question d’envisager une #taxe sur les dividendes. Alors que le gouvernement cherche des économies à réaliser, sur fond de déficit plus important que prévu, le ministre de l’Economie affirme que taxer les dividendes reviendrait à pénaliser trois millions de salariés actionnaires. Mais pour #Cécile_Duflot, la directrice d’Oxfam France, les dividendes vont surtout aux plus #riches : « 96% des dividendes vont à 1% des ménages », affirme-t-elle. Vrai ou faux ?

    Un pour cent des foyers fiscaux concentrent bien 96% des dividendes

    C’est vrai, ou plus précisément 1% des foyers fiscaux. Les chiffres mis en avant par Cécile Duflot se trouvent dans un #rapport officiel de #France_Stratégie (https://www.vie-publique.fr/en-bref/291443-impot-de-solidarite-sur-la-fortune-isf-le-cout-de-son-remplaceme), un organe rattaché à Matignon. En 2021, 400 000 foyers fiscaux sur 40 millions concentraient bien 96% des dividendes versés.

    Le document montre même que 0,01% des foyers fiscaux captent à eux seuls un tiers des dividendes. Concrètement, cela veut dire que 4 000 foyers fiscaux perçoivent chacun plus d’un million d’euros. Ces proportions sont en hausse depuis 2018.

    Changement de #fiscalité en 2018 et dividendes record en 2023

    Depuis 2018, les dividendes sont en effet moins taxés qu’avant, car à partir de cette année-là, les revenus du capital sont soumis à un #prélèvement_forfaitaire unique de 30%. Emmanuel Macron en avait fait une promesse de campagne : c’est la « #flat_tax », qui concerne les revenus du capital, les intérêts et les dividendes. Le rapport de France Stratégie montre que depuis la mise en place de cette nouvelle fiscalité, les versements de dividendes ont augmenté.

    L’an dernier, le versement des dividendes a battu des records en France, pour atteindre un peu plus de 67 milliards d’euros. Un niveau inédit, dans le sillage de la tendance mondiale.

    La France est le pays de l’Union européenne où les entreprises versent le plus de dividendes aux #actionnaires. Ces sommes records sont liées aux #superprofits de certaines entreprises, des superprofits qu’une partie de la classe politique veut taxer, notamment au sein de l’opposition de gauche. Le Premier ministre Gabriel Attal assure ne pas avoir de dogme à ce sujet, alors que le déficit de la France est à 5,5% du PIB, soit 154 milliards d’euros.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/1-des-foyers-fiscaux-francais-percoivent-ils-96-des-dividendes_6424687.
    #France #fisc

  • Les réfractaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie (12ème partie • mars 2024)
    https://www.obsarm.info/spip.php?article645

    Depuis octobre 2022, Guy Dechesne recense longuement les actes de désertion, d’insoumission, de désobéissance et d’exil posés pour refuser de combattre, les actions de désobéissance civiles pour entraver la guerre et les appuis que les réfractaires reçoivent tant dans les pays concernés qu’à l’étranger dans le prolongement d’un dossier paru dans le numéro 164-165 de « Damoclès ». Cette rubrique est rédigée à partir d’un suivi méticuleux des médias. 12ème épisode, mars 2024. Retrouvez (...) #Résistances

    / #Actions_contre_la_guerre, #Antimilitarisme, #Guerres, Service national / conscription, #La_trois

    #Service_national_/_conscription

  • France : second exportateur mondial d’armes ! Les autorités se dérobent à leurs obligations de contrôle démocratique et de transparence. Jusqu’à quand ?
    https://www.obsarm.info/spip.php?article644

    Selon le dernier communiqué du Sipri, la France s’élève au rang de deuxième exportateur d’armes au monde après les États-Unis. L’augmentation des exportations d’armes est faramineuse : plus de 47 % entre les périodes 2014-2018 et 2019-2023. Alors que la contestation monte contre les ventes d’armes et de composants à double usage à Israël et à la Russie, le gouvernement fait traîner la mise en place de la Commission parlementaire d’évaluation de la politique d’exportation d’armement. (...) #Armements

    / Transferts / exportations, #Contrôle_des_exportations, #Biens_à_double_usage, #Droit_international_humanitaire, #Actions_contre_la_guerre, La (...)

    #Transferts_/_exportations #La_une
    https://www.obsarm.info/IMG/pdf/cp_france_second_exportateur_2024-02-11.pdf

  • « Polluants éternels » : des centaines de militants écologistes se sont introduits sur le site de l’usine Arkema à Pierre-Bénite
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/02/polluants-eternels-des-centaines-de-militants-ecologistes-se-sont-introduits

    Les militants, membres d’Exctintion Rebellion et du collectif Youth for Climate, sont entrées de force samedi après-midi dans le site industriel du chimiste, pour dénoncer la pollution aux #PFAS. La préfecture du Rhône a annoncé huit interpellations.

    Plus de 300 personnes ont participé à cette #action coup de poing, selon le porte-parole des organisateurs. Certaines sont arrivées en train, d’autres en bus. A l’issue de cette action, la préfecture du Rhône, qui a, elle, comptabilisé 150 manifestants, a signalé huit interpellations.
    [...]
    Cette action survient alors que le chimiste Daikin, également basé à Pierre-Bénite, a reçu l’autorisation de construire une nouvelle unité de production, suscitant la colère des habitants.

  • Monsieur Bruno Le Maire, le Livret A ce n’est pas pour l’armement, mais pour le logement social !
    https://www.obsarm.info/spip.php?article642

    Monsieur le Ministre de l’Économie et des Finances, Des parlementaires ont multiplié, ces derniers mois, les propositions de loi visant à amener les banques commerciales à financer des activités d’armement à partir de l’épargne populaire (Livret A et Livret de développement durable et solidaire – LDDS). Deux propositions de loi seront débattues, l’une au Sénat le 5 mars prochain et l’autre à l’Assemblée nationale le 14 mars. Nous refusons catégoriquement que l’épargne populaire de (...) #Armements

    / #Industrie_d'armement, #Économie_de_guerre, #Actions_contre_la_guerre, #La_une

  • [Les Promesses de l’Aube] Faire mouvement(s) en économie sociale
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/faire-mouvements-en-economie-sociale

    Ce mercredi matin nous aurons le plaisir de recevoir François Welter (CARHOP) et Pierre Georis (ancien secrétaire général du #moc) pour nous parler l’histoire de l’économie sociale et du mouvement coopératif en Belgique, et en particulier, sa place au sein du #mouvement_ouvrier Chrétien. Il sera également question des convergences entre les différentes formes d’économie sociale et des différents obstacles rencontrés.

    #mémoire #syndicats #carhop #action_sociale #histoire_sociale #économie_soicale #mémoire,syndicats,carhop,moc,mouvement_ouvrier,action_sociale,histoire_sociale,économie_soicale
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/faire-mouvements-en-economie-sociale_17375__1.mp3

  • Les #Enfants traumatisés par les conflits de guerre
    https://www.obsarm.info/spip.php?article640

    À l’heure où de nombreux enfants, et leurs parents bien entendu, sont sous les bombes à Gaza, en Ukraine, et dans d’autres contrées, ce livre court mérite le détour. Zygmunt L. Ostrowski est pédiatre, ex-conseiller de l’Organisation mondiale de la Santé, et président de l’ADE (en anglais, Association for Studies on Nutrition and Child Developpement), une ONG humanitaire. Cette ONG humanitaire a travaillé sur de nombreux conflits, sur de nombreux enfants traumatisés. Elle s’appuie sur « (...) #Fiches_de_lecture

    / #Guerres, Enfants, #Actions_contre_la_guerre, #La_trois

  • #Bluesky and #Mastodon users are having a fight that could shape the next generation of social media
    https://techcrunch.com/2024/02/14/bluesky-and-mastodon-users-are-having-a-fight-that-could-shape-the-next-

    Software developer Ryan Barrett found this out the hard way when he set out to connect the AT Protocol and #ActivityPub with a bridge called Bridgy Fed.

    The conflict harks back to blogging culture in the early 2000s, when people worried about their innermost thoughts and feelings being indexed on Google. These bloggers wanted their posts to be public, so that they could try to form communities with like-minded people on platforms like LiveJournal, but they didn’t want their intimate musings to accidentally fall into the wrong hands.

  • Les entrepôts logistiques, le Far West du marché de l’immobilier
    https://reporterre.net/Entrepots-logistiques-un-etalement-en-toute-opacite

    Investi par des sociétés financières et internationales, le marché de l’entrepôt logistique français prospère. Il reçoit des milliards d’euros d’investissement chaque année, dans une certaine opacité.

    J’ai fait cette carte pour l’article de Reporterre mais ce dernier préfère des photos moyennement intéressantes

  • Turning Grief into Action: Families of Dead and Disappeared Migrants in Morocco

    “Elach Jina Wehtajjina?” Rhetorically asking why they are here to protest. “Wladna li Bghina,” they answer, with a breast-beating shriek for their lost sons. Xeroxed pictures of their missing sons dangle on red ribbons from their necks. They march behind the vinyl-printed banners, making light-footed steps towards the Saidia beach—a seaside bordering Algeria. After rehearsing a suite of slogans, they lower themselves into a crouch and repot the shoreline with flowers in commemoration of dead and disappeared migrants. And yet, in their minds, their sons are never dead.

    These are families of dead and disappeared migrants in Morocco. On this Global Day of Commemorating Migrant Death and Disappearance—which marks the Tenth Anniversary of the Tarajal Massacre, they demand truth and justice about the fate of their loved ones. Those attending are mostly from the Oriental region; some had an all-night trip from Beni-Mellal to Oujda to participate in the commemoration in Saidia, organized by the indefatigable borderland militant, Hassan Ammari, and other members of AMSV (Association d’Aide aux Migrants en Situation Vulnérable). Amid efforts to bring solidarity groups down to size, AMSV, created in 2017, started its work with families of missing and dead migrants in 2018. The shift in migratory dynamics, mapped out below, drove its members to shift their focus on the (im)mobilities of West and Central African migrants to Moroccan migrants. Other families are unable to afford transport fares to attend the sit-in, or simply emotionally weary after attending dozens of sit-ins to no avail.

    I had countless conversations and stays with these families. Singular as they are, their stories of loss are proof of the EU’s deadly anti-migration policies. They also speak of extended collusion with a national system that has abdicated its responsibility towards the dead, disappeared and their families. Europe’s border regimes offshore not only border control to their southern neighbours; they outsource border violence, migrant death and disappearance, and the management thereof. Fortress Europe seeks not only to keep undesirable populations at bay, but its hands spick and clean from preventable, or rather willful, migrant death and disappearances. Such gory consequences are meant to be a memento mori for prospective migrants.

    Trajal Massacre, leaving at least 15 migrants dead and dozens missing and maimed as they waded their way to the shore, staged an obscene spectacle of border violence that, after ten years, let the Spanish Guardia Civil off scot-free. A new lawsuit, however, has recently been filed against Spain by a Cameroonian survivor.

    Now let me draw a broad sketch of migrant death and disappearance at the EU-Moroccan borders. In 2018, the Western Mediterranean Route had many twists and turns. After a series of incessant expulsions and deportations in the north of Morocco, West and Central African smugglers relinquished their grip over the “illegality industry”. The growth of such industry has a history of at least two decades, from the late 1990s up to the so-called ‘migration crisis’ in 2015. During this period, North Africa had been (and still is) carrefour migratoire for West and Central African migrants fleeing poverty and warfare in their home countries. After 2018, Moroccans have held the mantle, quickly placing Moroccan migrants atop of the nationalities intercepted. No sooner had the year come to close than this route shut down owing to the run-up in migrant arrivals. And there is the rub. Old routes have reactivated, new ones are activated. New tactics are embraced to outwit the militarization seaming easier routes.

    Such geopolitical buildups gave way to a new and complex edge to migrant death, disappearance, and incarceration. In mid-2020, countless fishing boats started to leave Morocco’s southern shorelines, bound to disembark at any of the Canary Islands in sight. Unsurprisingly, death and disappearance tolls have seen an uptick. When common departure points have been militarized, new departure points have been activated in cities such as Sidi Ifni, Agadir and further north on the Rabat and Casablanca coastlines. Such routes have never been sailed by migrant boats to reach the Canary Islands, in the case of Sidi Ifni and Agadir, or mainland Spain, in the case of Rabat and Casablanca. While boats may escape the mandibles of border surveillance, they get lost into the doldrums of the Atlantic Sea before they find their ways to the Spanish archipelago. The ‘count regime’ of the IOM may chronicle some of these fatalities, but their exactitude is always blatantly compromised—counting on media reports to count migrant death and disappearance.

    Most families taking part in this commemoration are from the Oriental region. Their sons took riskier routes which have been activated following the striation of the Western Mediterranean Route. They crossed the Moroccan-Algerian border trenches before they could set sail from Algeria, Tunisia, or Libya. Some get lost at sea, while others are incarcerated in Algeria or Libya. These geopolitics are crucial to understand how death and disappearance, the twin technologies of the EU’s border deterrence, are marshalled along these routes. The EU’s security-driven approach, laying financial focus on border management, spares no efforts to engage with migrant death and disappearance.

    Families remain clueless about the whereabouts of their loved ones. Loss and unresolved grief trap them in a ghostly vertigo. Amid total disengagement with migrant death and disappearance, their individual, at times collective, efforts to look for their loved ones pale into insomniac waiting and statis. Consequently, families are left embattled with their loss, falling into a spiral of scam, hope and disappointment.

    Yet their efforts to mobilize shame against the death juggernaut of the EU’s external borders are tireless. Their efforts to search for their lost ones never cease to haunt the perpetrators. They turn their individual pain into collective grief, and collective grief into collective action to search for their missing sons. They never stop looking for their sons, even in dreams.

    https://africanarguments.org/2024/02/turning-grief-into-action-families-of-dead-and-disappeared-migrant

    #Maroc #disparus #réfugiés #migrations #frontières #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #décès #commémoraction #commémoration #2024 #deuil #action

  • Le « #bien_vivre » en petite ville : le rôle des pouvoirs publics locaux
    https://metropolitiques.eu/Le-bien-vivre-en-petite-ville-le-role-des-pouvoirs-publics-locaux.ht

    À travers l’étude des politiques publiques menées à Foix, Pamiers, Auch et Figeac, quatre chercheuses analysent comment se fabrique la notion de « bien vivre » dans ces agglomérations de petite taille. « Bonheur brut », « qualité de vie », « bien-être », « bien vivre » : ces termes reflètent la préoccupation montante d’envisager le développement territorial sous d’autres auspices que la dimension économique et fonctionnelle. Depuis quelques années, les sciences sociales mobilisent de nouveaux indicateurs #Terrains

    / #action_publique, #ingénierie_territoriale, #petites_villes, bien vivre

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_barthe-etal.pdf

  • Les réfractaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie (11ème partie • février 2024)
    https://www.obsarm.info/spip.php?article637

    Depuis octobre 2022, Guy Dechesne recense longuement les actes de désertion, d’insoumission, de désobéissance et d’exil posés pour refuser de combattre, les actions de désobéissance civiles pour entraver la guerre et les appuis que les réfractaires reçoivent tant dans les pays concernés qu’à l’étranger dans le prolongement d’un dossier paru dans le numéro 164-165 de « Damoclès ». Cette rubrique est rédigée à partir d’un suivi méticuleux des médias. 11ème épisode, février 2024. Retrouvez (...) #Résistances

    / #Actions_contre_la_guerre, #Antimilitarisme, #Guerres, Service national / conscription, #La_deux

    #Service_national_/_conscription

  • L’Action directe (1908) - [Fragments d’Histoire de la gauche radicale]
    https://archivesautonomies.org/spip.php?article5452

    L’Action directe (1908)
    Article mis en ligne le 5 février 2024

    par ArchivesAutonomies

    Nous mettons en ligne le journal L’Action directe (1908) dont le premier numéro est daté du 15 janvier 1908, le dernier du 30 septembre 1908. Ce journal se voulait réagir contre la volonté de différents acteurs politiques et syndicaux de ramener l’action de la CGT dans un cadre légaliste. On va y retrouver des militants - P. Delesalle, A. Dunois, V. Griffuelhes, H. Lagardelle, A. Merrheim, P. Monatte, E. Pouget - ayant participé à la fondation de la CGT et ayant contribué par des nombreux articles dans la Voix du Peuple à défendre l’idéal du syndicalisme révolutionnaire. Voir les sommaires de #L’Action_directe.

    • Si on en croit les définitions « encyclopédiques », l’#action_directe n’est pas la #propagande_par_le_fait :

      La « propagande par le fait », à ne pas confondre avec l’« action directe », est une stratégie d’action politique développée par une partie des militants anarchistes à la fin du XIXe siècle, en association avec la propagande écrite et verbale. Elle proclame le « fait insurrectionnel » « moyen de propagande le plus efficace » et vise à sortir du « terrain légal » pour passer d’une « période d’affirmation » à une « période d’action », de « révolte permanente », la « seule voie menant à la révolution ».

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Propagande_par_le_fait

      Une action directe, dans les domaines politiques et sociaux, est le mouvement d’un individu ou d’un groupe qui agit par lui-même, afin de peser directement sur un rapport de force pour changer une situation et ceci, sans déléguer le pouvoir à un intermédiaire (« représentant », professionnel de la politique, bureaucrate, etc.)1. Principalement rattachée à la mouvance anarchiste dont elle est issue, l’action directe peut être pacifique ou non.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Action_directe_(th%C3%A9orie_politique)

    • L’action directe, pour le faire simple, telle qu’elle a été théorisée par les syndicalistes révolutionnaires de la CGT, consiste à préconiser tout type de pratiques de lutte de classe, gérées par la classe ouvrière elle-même, sur le « terrain économique », c’est à dire essentiellement en entreprise, sans délégation parlementaire. À l’époque ces pratiques étaient en particulier identifiées comme étant, la grève, le sabotage (qui ne correspond pas exactement au sens qu’on donne à ce terme aujourd’hui) le boycott, le label.

      La "propagande par le fait", sans être totalement contradictoire avec l’action directe, désigne en fait, certaines pratiques anarchistes - les attentats – qui se sont surtout déroulées en France, pendant la période précédant celle du syndicalisme révolutionnaire.

      Le cas d’Émile Pouget, prenant d’abord la défense des attentats anarchistes dans son Père Peinard, puis théorisant ensuite l’action directe à la direction de la CGT (pour enfin terminer dans l’union sacrée) est assez emblématique de cette évolution.

  • The Damage - Aftermath
    https://aftermath.site/microsoft-activision-blizzard-layoffs-survival-report

    As of now, news reports and comments from laid-off employees suggest that many parts of the company were hard hit: Activision Blizzard’s six-years-in-the-making survival game was canceled, and much of its team, including its director, was laid off. The Overwatch 2 team lost dozens of employees, including its lead narrative designer, in a round of cuts that did not seem to factor in seniority or talent. Activision subsidiaries like Sledgehammer, High Moon, and Toys for Bob – which have all contributed to Call of Duty in recent years – reportedly lost significant percentages of their workforces. Current and former Activision Blizzard employees tell Aftermath that community and customer service departments across the company wound up in especially bad shape, with “almost all” Game Masters – employees who oversee and moderate World of Warcraft servers – being let go.

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #business #activision_blizzard #abk #microsoft #cwa #ressources_humaines #licenciements

  • Microsoft Cancels Big New Blizzard Game After Six Years of Development - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2024-01-25/microsoft-cancels-big-new-blizzard-game-after-six-years-of-development

    Video-game maker Blizzard Entertainment canceled one of its biggest projects on Thursday as part of a reorganization under new owner Microsoft Corp. that led to mass layoffs of 1,900 people, or 8% of the gaming division’s total staff. The cancelation of the game, codenamed Odyssey, left Blizzard employees reeling as some lost their jobs and others were left wondering about the future of the studio.

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #business #activision_blizzard #microsoft #acquisition #rachat #ressources_humaines #licenciements #annulation #jeu_vidéo_odyssey #moteur_de_jeu #unreal_engine

  • Microsoft lays off 1,900 Activision Blizzard and Xbox employees - The Verge
    https://www.theverge.com/2024/1/25/24049050/microsoft-activision-blizzard-layoffs

    Microsoft is laying off 1,900 employees at Activision Blizzard and Xbox this week. While Microsoft is primarily laying off roles at Activision Blizzard, some Xbox and ZeniMax employees will also be impacted by the cuts.

    24 Days Into 2024 And 3,900+ Video Game Layoffs Have Been Announced
    https://kotaku.com/game-industry-layoffs-how-many-2024-unity-twitch-1851155818

    Within the last few years, video game industry layoffs have unfortunately become more commonplace. In 2023, we saw near-weekly layoffs across the entire industry. When the dust had settled, at least 6,000 jobs across publishers, developers, and other video game-related companies had been terminated. Sadly, it appears 2024 will outpace that, if the first few weeks of the year are any indication.

    Most folks didn’t expect 2024 to be much better, but I’m not sure anyone was ready for it to be possibly worse—yet this year has kicked off with a string of big and small layoffs signaling that the corporate bloodletting rituals aren’t ending anytime soon. So Kotaku is going to try and track all of 2024’s layoffs as they happen. Hopefully, we don’t have to update this post that much.

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #business #microsoft #activision_blizzard #zenimax #king #xbox #acquisition #rachat #ressources_humaines #licenciements

  • C’est « marrant »...

    Tu changes ta photo de profil, pour des #snipers qui tirent vers l’Est, ça marche...

    Tu changes ton visuel de profil pour un logo d’#Action_Directe, ça marche pas.
    Sûrement un bug... :-D :-D :-D #mort_de_rire

    Comme le #bizness, je suis un #opportuniste, rien à foutre du film, le visuel sert mon propos.

    #art #culture#société #propagande #humour #intox #vilain_pas_beau #gentil_mignon #seenthis #vangauguin

  • Les Cahiers de captivité 1940-1945
    https://www.obsarm.info/spip.php?article636

    Cinq ans de captivité. Pendant cinq ans, Joseph Robert va écrire, « au crayon, sur de minuscules carnets. ». Quatre-vingts ans plus tard, ses textes destinés en premier lieu à ses parents, à ses nombreux frères et sœurs viennent d’être publiés en autoédition familiale. Proposés à tous. Le maître d’œuvre est Philippe Dujardin, politologue, chercheur CNRS, époux de Marie Robert-Dujardin nièce de Joseph Robert. Il a relu, complété, corrigé en tandem avec Jean-Michel de Tarragon, religieux dominicain. La mise en (...) #Fiches_de_lecture

    / #Guerres, #La_quatre, #Actions_contre_la_guerre