• Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • Detained below deck

    How asylum seekers are held in secret prisons on commercial ships to facilitate illegal pushbacks from Italy to Greece.

    As holidaymakers sip on cold beer and cocktails on the deck of a passenger ferry, a buzz of excitement in the air, a very different situation is playing out below deck. In the bowels of this vessel there are people, including children, chained and locked up in dark places against their will.

    This is Europe’s lesser known pushback practice, where secret prisons on private ships are used to illegally return asylum seekers back to where they came from.

    The systematic denial of the right to seek asylum at the EU’s land borders has been well-documented in recent years. Last year, Lighthouse Reports and partners revealed the existence of “black sites” – clandestine places of detention – where refugees and migrants are denied the right to seek asylum and illegally imprisoned prior to being forced back.

    What has received less attention is the unlawful denial of the opportunity to claim asylum at borders within the EU, and the brutal pushbacks that take place between member states – namely from Italy to Greece – at sea.

    We’ve found that asylum seekers, including children, are being detained in unofficial jails – in the form of metal boxes and dark rooms – for sometimes more than a day at a time in the bowels of passenger ships headed from Italy to Greece, as part of illegal pushbacks by the Italian authorities.

    In 2014, the European Court of Human Rights ruled that Italy had unlawfully returned asylum seekers to Greece in this way, denying them the opportunity to lodge a claim for protection. Eight years on, despite the Italian authorities having repeatedly claimed this practice has not stopped, we’ve found that it continues in full force.
    METHODS

    Lighthouse Reports, in collaboration with SRF, ARD Monitor, Al Jazeera, Il Domani and Solomon, has obtained photographs, video footage and testimony revealing that people who risk their lives stowing away on ferries bound for the Italian Adriatic ports of Venice, Ancona, Bari and Brindisi in the hope of claiming asylum are being denied the opportunity to do so.

    Instead, they are detained at the port before being locked up on the vessels they arrived on and sent back to Greece.

    In the first visual evidence of its kind, obtained during numerous reporting trips between Italy and Greece on commercial ships owned by Greek ferry giant Attica Group, we captured images of the sites that are used to detain asylum seekers on these vessels, sometimes handcuffed to metal shelves, as they are illegally deported.

    We found that on one ferry, named the Asterion II, people are locked in a former bathroom with broken showers and toilets, along with two mattresses. Names and dates of detainees are scribbled on the walls in different languages. We have visual evidence of this room, obtained with a small camera through a keyhole, which matches descriptions given by asylum seekers.

    On another commercial ship, named Superfast I, people are held in a metal box with a caged roof in the garage room on one of the lower decks. It gets extremely hot here during the summer months. We visited the room and captured footage and stills. It matches the descriptions from asylum seekers. There is only a piece of cardboard on the floor. People appear to have tried to write words in the dust on the metal wall.

    According to an Afghan asylum seeker who says he was held in this place: “It is a room the length of 2 metres and the width of 1.2 metres. It’s a small room […] You have only a small bottle of water and no food at all […] We had to stay in that small room inside the ship and accept the difficulties.”

    On a third ferry, the Superfast II, asylum seekers are kept in a room where luggage is collected. One Afghan man managed to take a selfie while he was handcuffed to metal pipes. We went to the same spot and took footage, which matches the surroundings in the selfie image.

    Among those detained are children. We have verified three cases where under-18s have been returned via ferry from Italy to Greece in this way. One 17-year-old Afghan named Baloosh told us: “They sent me back to Greece by boat, illegally. They didn’t ask me at all about my asylum claim or anything else.”

    As well as testimony and visual evidence, we got confirmation from a number of crew members that these places were being used to detain asylum seekers being returned to Greece. They referred to the sites as “prisons”. Legal experts and NGOs further corroborated the findings, saying they have heard large numbers of reports of these practices taking place in recent years.
    STORYLINES

    Under a bilateral “readmissions” agreement between the Italian and the Greek government – which has been in place since 1999 despite not having been ratified by the Italian parliament – Italy is able to return undocumented migrants who have arrived from Greece back to the country. However, this cannot be applied to those seeking asylum.

    But we found that asylum seekers from Afghanistan, Syria and Iraq have been subject to this treatment in the last 12 months. Data provided by the Greek authorities shows that hundreds have been affected in the last two years, with 157 people returned from Italy to Greece in 2021, and 74 in 2022 – although experts believe that not all cases are documented.

    Since the ECHR judgement in 2014, Italy has repeatedly claimed that this practice has stopped, and has pushed for official monitoring of its border processes at the port – which were put in place following the ECHR judgement – to be stopped on the basis that the violations are no longer occurring.

    Italian immigration lawyer Erminia Rizzi said these forced returns take place “frequently” and see asylum seekers, including minors, “prevented from accessing the territory, in violation of all the rules and with informal procedures”.

    Wenzel Michalski, director of Human Rights Watch Germany, raised the question of EU complicity, saying the findings showed how “Europe has allowed itself to tolerate such circumstances”.

    https://www.lighthousereports.nl/investigation/detained-below-deck

    #push-backs #emprisonnement #ferry #ferries #bateaux_de_croisière #Italie #Grèce #mer_Adriatique #Adriatique #mer_Méditerranée #Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #détention #mer #bateau #réadmission #Superfast

    –-

    Ajouté à la métaliste sur les liens entre migrations et #tourisme :
    ajouté à la métaliste #migrations et #tourisme :
    https://seenthis.net/messages/770799
    et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/770799#message927668

    • While tourists on ferries are sipping from their sundowners, people - including children - are chained & locked up below decks in dark places

      Refugees from Afghanistan, Syria & Iraq risk their lives stowing away on ferries bound for the Italian ports in the hope of claiming asylum

      Instead, when caught by authorities, they are locked up on ferries & sent back to Greece without any procedure, in breach of interntnl law

      Last month, @LHreports & partners revealed the existence of “black sites” – clandestine places of detention – where refugees are denied the right to seek asylum & illegally imprisoned on EU land borders before being forced back
      https://seenthis.net/messages/984470

      Now, we have captured images of unofficial “prisons” that are used to detain asylum seekers on 3 passenger ships travelling Greece and Italy, sometimes handcuffed to metal shelves, as they are illegally deported

      @saracreta interviewed a refugee from Afghanistan who managed to take a selfie while being handcuffed to metal shelves on the @SuperfastF(ast) II

      The vessel runs between the Italian port of Bari & the Greek ports of Igoumenitsa & Patras - a journey that takes around 12 hours

      “I couldn’t lie down because of the handcuffs,” the man, named Abdulmanan, said

      “Once they brought me something to eat & drink. They took off my handcuffs. After that, they chained me again.”

      He said he was put there after being denied the right to apply for asylum in Italy

      On the Superfast I ferry, refugees are locked up in a metal box with just a piece of cardboard & sheet

      Some left messages on the walls, while others appear to have tried to escape by climbing the walls

      The secret detention sites on the Superfast ferries are located next to where lorries are parked - an area that is considered unsafe for passengers to be during the journey

      Yet asylum seekers are locked up there for the duration of the trip

      A small room with a broken toilet & ceiling on the 7th floor of the Asterion II has been made into a makeshift prison

      Refugees have scribbled their names & dates of detention on the wall while tourists enjoyed hot meals just metres away

      Italy has justified these “readmissions” under a bilateral agreement with Greece - an agreement that was never ratified by the Italian parliament

      The return of asylum seekers under this agreement was ruled unlawful by @ECHR_CEDH in 2014

      https://www.asylumlawdatabase.eu/en/content/ecthr-sharifi-and-others-v-italy-and-greece-application-no-1664309

      Italy has since repeatedly claimed that this practice has stopped, & has pushed for official monitoring of its border processes at the port - which were put in place following the ECHR judgement - to be stopped on the basis that the violations are no longer occurring

      But @LHreports @AJEnglish @ARD_Presse
      #Monitor @srfnews @DomaniGiornale @we_are_solomon can reveal that the practices are still ongoing

      More than a dozen people from Afghanistan, Syria & Iraq told us they have been subject to this treatment in the last 12 months

      Among them are children. We have verified 3 cases where under-18 have been returned via ferry from Italy to Greece in this way

      One 16-yo Afghan named Baloosh said: “They sent me back to Greece by boat, illegally. They didn’t ask me at all about my asylum claim or anything else."

      Personnel on board of the ferries, all owned by the Greek company Attica, confirmed to us that they are detaining asylum seekers & directed us to the locations where people are being detained

      A number of crew members referred to the detention places as “prisons”

      Hundreds of these illegal returns have taken place in the last 2 years

      The Greek authorities confirmed that 157 people were returned from Italy to Greece in 2021, and 74 in 2022 - although experts believe that not all cases are documented

      Italy can assess whether an asylum seeker can be returned to Greece under the Dublin Regulation, which enables returns of people who have already lodged a claim in another EU state

      But this process usually takes at least 1 month, during which they cannot remove the individual

      https://twitter.com/LHreports/status/1615743769604722689

    • Angekettet auf der Fähre

      Wie Italien illegal Flüchtlinge abschiebt
      Inhalt

      Fährschiffe transportieren tausende Touristen zwischen Italien und Griechenland. Unter Deck passiert gleichzeitig Unmenschliches: Flüchtlinge werden angekettet und in Schächten oder defekten Toiletten eingesperrt.

      SRF Investigativ: «Haben Sie ein Gefängnis auf dem Schiff?»

      Fährschiff-Mitarbeiter: «Ja»

      «Ist das hier, wo die Passagiere sind?»

      «Nein, es ist in der Garage vier, dort ist das Gefängnis.»

      Italien schiebt die Flüchtlinge illegal ab, das heisst ohne die nötigen Abklärungen. Pushback nennt sich das. Die italienischen Behörden verstossen dabei gegen Verfahrensregeln und es wird teilweise auch Gewalt angewandt.

      Das zeigt eine Recherche, die SRF in Kooperation mit Lighthouse Reports, Al Jazeera,ARD Monitor und Domani durchgeführt hat. Das Rechercheteam hat mit gut einem Dutzend Pushback-Opfern gesprochen, mit Schiffsmitarbeitenden, Grenzpolizistinnen und Experten. Erstmals gibt es auch Bilder und Videos von geheimen Gefängnissen auf Passagierfähren im Adriatischen Meer.

      Die Illustrationen in diesem Artikel sind anhand zahlreicher Schilderungen von Flüchtlingen nachgezeichnet.

      https://www.srf.ch/news/pushbacks-eingesperrt-auf-der-touristenfaehre-im-mittelmeer

  • Wisconsin Death Trip encore
    https://wisconsin-death-trip-blog.tumblr.com

    v

    #photographie #suicide #adolescence

  • Cocaïne : près de 110 tonnes saisies en 2022 à Anvers, nouveau record Ambroise Carton - RTBF
    https://www.rtbf.be/article/cocaine-pres-de-110-tonnes-saisies-en-2022-a-anvers-nouveau-record-11133894

    Près de 110 tonnes de cocaïne ont été saisies par les autorités belges en 2022 dans le port d’Anvers, première porte d’entrée en Europe pour cette drogue expédiée d’Amérique latine, soit un nouveau record, ont annoncé mardi les douanes belges.


    C’est la première fois que la barre des 100 tonnes est dépassée. Les saisies s’élevaient à 89,5 tonnes l’année précédente. A Rotterdam (Pays-Bas), les interceptions pour cette même drogue ont baissé à 52,5 tonnes contre environ 70 en 2021, a-t-il été précisé lors d’une conférence de presse associant les deux pays voisins à Beveren (Belgique), près d’Anvers.

    #ue #union_européenne #drogue #drogues #cocaïne #crack #mafia #santé #addiction #société #cocaine #police #trafic #criminalité #héroïne #Anvers #Rotterdam #containers #marché

    • La fillette de 11 ans tuée dans une fusillade « venait de la famille la plus riche de la pègre anversoise » : voici ce que l’on sait :
      https://www.lalibre.be/regions/flandre/2023/01/10/qui-est-la-fillette-de-11-ans-tuee-dans-une-fusillade-a-anvers-elle-venait-d

      Tuée dans la fusillade du lundi 9 janvier, Firdaous, une filette d’à peine 11 ans, serait de la plus grande famille anversoise impliquée dans le trafic de drogue.

      Alors qu’une fusillade éclatait du côté de Merksem, la jeune Firdaous a perdu la vie. L’annonce de ce décès a choqué toute la Flandre ce lundi soir.

      Selon nos confrères de HLN, la petite Firdaous est issue d’une famille de barons de la drogue. Sa mère, Naziha, serait la sœur aînée d’Othman, Younes et Nordin El B. Les frères de Naziha ne sont pas inconnus de la police et des services de renseignements. Ils ont déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises dans le cadre d’enquêtes sur le monde de la drogue. Depuis le piratage du service de chat Sky ECC, les enquêteurs affirment qu’il est clair qu’Othman et Younes tirent les ficelles de la scène de la drogue anversoise depuis Dubaï, indiquent nos confrères flamands.


      Cependant, la famille de Naziha semble hors de tout cela. Le voisinage décrit une famille sympathique et irréprochable. A part le fils aîné, Mohamed El J., soupçonné d’être lié à son célèbre oncle Othman, possible cause de l’attaque de lundi soir. Bart de Wever avait d’ailleurs qualifié la famille du baron Othman de « la plus riche de la pègre anversoise »

      « Il y aura certainement une réaction »
      Othman E.B., l’oncle de l’enfant tuée par balle à Merksem lundi soir, affirme mardi au journal Gazet van Antwerpen que sa famille répondra au drame sans recourir à la violence. « Nous allons rechercher les auteurs avec la police et la justice », a déclaré le trentenaire recherché pour trafic de drogue, supposément depuis Dubaï. . . . . .

  • Vos données sur Adobe Creative Cloud utilisées par défaut pour entraîner des IA
    https://www.nextinpact.com/lebrief/70764/vos-donnees-sur-adobe-creative-cloud-utilisees-par-defaut-pour-entrainer

    C’est une évidence depuis la création de Gmail : ce qui est « dans le cloud » ne vous appartient plus vraiment totalement et devient un asset de l’entreprise qui gère votre activité cloud.

    En utilisant Adobe Creative Cloud, vous donnez, par défaut, l’autorisation à l’entreprise d’utiliser vos créations pour entrainer ses algorithmes d’intelligence artificielle. DPReview explique qu’une option pointée par le compte Twitter du logiciel libre de peinture numérique Krita est activée dans la partie « content analysis » des options de compte Adobe.

    Celle-ci permet à l’entreprise d’« analyser votre contenu Creative Cloud ou Document Cloud afin de fournir des fonctionnalités de produit et pour améliorer et développer nos produits et services. Le contenu Creative Cloud et Document Cloud inclut, sans s’y limiter, les fichiers image, audio, vidéo, texte ou document ainsi que les données associées », explique la FAQ d’Adobe qui précise aussi que le contenu stocké localement n’est pas analysé.

    Cette FAQ indique qu’ « Adobe utilise principalement le machine learning dans Creative Cloud et Document Cloud pour analyser votre contenu ». Lorsque cette analyse est effectuée, « nous agrégeons d’abord votre contenu avec d’autres contenus, puis utilisons le contenu agrégé pour former nos algorithmes et ainsi améliorer nos produits et services », ajoute Adobe.

    Pour désactiver cette option, il faut se connecter sur https://account.adobe.com/privacy puis dans la section Analyse de contenu, passer sur « off » le bouton « Autoriser mon contenu à être analysé par Adobe à des fins d’amélioration et de développement de produits ».

    #Cloud #Adobe #Intelligence_artificielle #Petits_caractères

  • La cyberattaque qui a touché Anvers aura un énorme impact financier pour la Ville Belga
    https://www.rtbf.be/article/la-cyberattaque-qui-a-touche-anvers-aura-un-enorme-impact-financier-pour-la-vil

    L’impact financier lié à la cyberattaque qui a touché Anvers la nuit du 5 au 6 décembre https://www.rtbf.be/article/la-ville-d-anvers-a-ete-victime-d-une-cyberattaque-des-services-perturbes-11118 menace d’être plus important que celui de la pandémie et de la crise de l’accueil des réfugiés ukrainiens, indique jeudi la Ville, confirmant une information publiée un peu plus tôt par la « Gazet van Antwerpen ».

    Outre les nombreux revenus perdus le mois dernier, la majeure partie du budget communal devrait être allouée à la réouverture des systèmes informatiques et à leur sécurisation.

    Il faudra encore attendre plusieurs mois pour avoir une estimation précise du dépassement budgétaire de la Ville, mais la somme avoisinerait les 70 millions d’euros.

    Celle-ci comprend les revenus non perçus, ainsi que les coûts de personnels et de logiciels. En termes de revenus, l’impact est déjà énorme sur la mobilité. Les automobilistes mal garés peuvent toujours recevoir une amende, mais les agents qui contrôlent les stationnements ne sont pas capables de déterminer si un conducteur a payé (et pour combien de temps) sa place de parking.

    De plus, les autorisations pour accéder aux zones à faibles émissions ne sont pas disponibles, ce qui signifie que la Ville ne peut percevoir aucune redevance pour y entrer ou qu’aucune amende ne peut être infligée aux contrevenants.

    « La différence avec la crise de la pandémie et de l’accueil des Ukrainiens se situe dans le fait que, pour ces deux cas de figure, il y avait un soutien de la part des autorités supérieures. Ici, ce n’est pas le cas » , remarque Koen Kennis, l’échevin des Finances et de la Mobilité.

    Nous devrons trouver une solution à ce problème avant la prochaine élaboration du budget communal" , conclut l’édile.

    #administration #zfe #cyberattaque #hacking #ransomware #cyberattaques #sécurité #piratage #surveillance #internet #cybersécurité #algorithme #sécurité_informatique #budget #Anvers

    • La centralisation des systèmes informatiques d’une grande organisation est une aberration.
      Mais ça permet aux guignol.e.s de dirigeant.e.s d’avoir des tableaux de bord en temps réel.

  • Climat : les huit dernières années en passe de devenir les plus chaudes jamais enregistrées | ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2022/11/1129542

    Déjà trop tard

    « Plus le réchauffement est important, plus les impacts sont graves. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont si élevées que le seuil de 1,5 °C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

    « Il est déjà trop tard pour de nombreux glaciers et la fonte va se poursuivre pendant des centaines, voire des milliers d’années, avec de lourdes conséquences pour la sécurité hydrique. Le niveau de la mer s’élève à un rythme qui a doublé en 30 ans. Bien que nous mesurions encore cette élévation en millimètres par an, elle représente un demi-mètre à un mètre par siècle, ce qui constitue une menace majeure et durable pour les pays de faible altitude et les millions de personnes vivant sur les côtes », a-t-il poursuivi.

    « Trop souvent, ce sont ceux qui contribuent le moins au changement climatique qui en souffrent le plus, comme nous l’avons vu avec les terribles inondations au Pakistan et la sécheresse meurtrière qui sévit depuis longtemps dans la corne de l’Afrique. Toutefois, cette année, même les sociétés bien préparées ont été ravagées par les extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les sécheresses prolongées dont ont pâti une grande partie de l’Europe et le sud de la Chine », a indiqué M. Taalas. « Du fait de l’intensification des conditions météorologiques extrêmes, il est plus important que jamais de veiller à ce que chaque habitant de notre planète ait accès à des alertes précoces susceptibles de sauver des vies ».

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/985598

    #climat #catastrophes_climatiques #administration_du_désastre

  • Oblique-s
    http://www.oblique-s.org/?page=documentation

    « Voici un livre sur l’histoire des idées d’un monde qui aime faire croire que ses idées n’ont pas d’histoire (…) et sont présentées comme inévitables. »
    Professeur de littérature comparée à Stanford, Adrian Daub déconstruit la narration marketing de la Silicon Valley, ses figures, ses principes et ses « entreprises qui finissent par reconfigurer vos idéaux pour justifier leur modèle économique. »
    L’enjeu est de se pourvoir en outils analytiques pour répondre à la puissance de l’amnésie et d’une soit-disante loi naturelle.
    Daub met en avant plusieurs figures historiques incontournables des années 60 (Marshall McLuhan, Richard Buckminster Fuller, Ayn Rand, Stewart Brand) qui ont fait converger contre-culture et business plan en réponse aux pouvoirs de l’État, remis partout en question à l’époque. L’informatique avait alors tous les atouts d’un outil de liberté.
    McLuhan écrivait déjà : « tout le monde doit vivre dans la proximité maximale créée par notre implication électrique dans la vie d’autrui. »
    Ayn Rand, autrice et philosophe, prônait l’individualisme héroïque avec comme figure centrale l’entrepreneur visionnaire, quasi-messie. C’est particulièrement vrai dans La Grève, œuvre essentielle pour comprendre ce qui peut passer par la tête de Zuckerberg, Thiel ou Musk.
    Plus étonnant, on trouve comme influence le français René Girard mais dont la pensée chrétienne a bon dos pour justifier la mainmise de quelques uns sur tous.
    Daub s’attaque à quelques concepts idiots comme la disruption qui prétend au radicalisme socio-économique en réduisant la pensée de Schumpeter dans Capitalisme, socialisme et démocratie en 1942 à une formule : la destruction créatrice qui justifierait tout alors qu’elle est la fin d’un système.
    « La Silicon Valley traduit des concepts informatiques en théories psychologiques et platitudes du développement personnel » écrit Daub.

    En conclusion : « Est-il possible que cette histoire ne se résume pas à une bande de geeks ne comprenant rien à la philosophie ? »

    Autres livres que je conseille : Aux sources de l’utopie numérique de Fred Turner et Du satori à la Silicon Valley de Theodore Roszak
    (Trad. Annie Lemoine)

    https://www.adriandaub.com

    C&F éditions

    #Pensée_tech #Adrian_Daub

  • TEMOIGNAGE. « J’ai vu ma fille se faire siphonner le cerveau en 3 semaines » : un père alerte sur l’addiction aux jeux vidéo
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/temoignage-j-ai-vu-ma-fille-se-faire-siphonner-le-cerve

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/_znZ2X-7wkSnW5guCllP6SQHf_c/930x620/regions/2022/12/27/63aaa8e415e1c_maxnewsworldfour577228.jpg

    Quand au bout d’un moment, la voir toujours sur son écran me fatigue, je la mets en sevrage. Le portable part au garage en mode avion et elle n’y a pas accès. Sauf que cette fois-ci, elle s’effondre !

    France 3 : elle s’effondre ?...

    Eric : Oui. Littéralement. Elle n’a plus faim, n’a plus goût à rien. Elle est complètement sonnée. Le lendemain, je la trouve en larmes sur le balcon de sa chambre, elle est complètement paumée, en pyjama alors qu’il fait froid. Prostrée. 

    J’ai des amis qui ont pris des drogues dures autour de moi quand j’étais jeune, je me retrouve face au même choc. Je me rends compte qu’elle est malade quand elle n’a pas son portable. On lui explique. Elle répond qu’elle ne peut pas faire ça aux autres. « Mes amis ne vont plus pouvoir compter sur moi ». Elle est brillante, les autres l’attendent.

    #jeux_videos #addiction #drogue #numérique #adolescents #enfants #france_2022

    • C’est arrivé à ma fille de 13 ans à l’époque, quelques semaines seulement après avoir eu son premier smartphone, elle fond en larme en disant « j’en peux plus de ce truc, je n’arrive plus à rien faire d’autre ». Alors on a fait un « nid ». Elle l’y mettait en rentrant du collège, le temps de faire les devoirs. ou le temps de faire une promenade.
      A des moments choisis elle sortait la bête de sa cage pour l’apprivoiser...

  • Comprendre les origines de la pensée tech : Plongée dans l’idéologie de la Silicon Valley avec Adrian Daub | Philonomist.
    https://www.philonomist.com/fr/entretien/comprendre-les-origines-de-la-pensee-tech
    https://www.philonomist.com/sites/default/files/styles/opengraph_preview/public/2022-12/Apple+Silicon%20Valley.jpg

    Dans la Silicon Valley, on cultive, outre les start-up à succès, une certaine forme d’idéologie qui revisite à sa sauce l’œuvre de nombreux intellectuels, de Schumpeter à René Girard. Plongée au cœur de la pensée des acteurs de la tech californienne en compagnie d’Adrian Daub, enseignant à Stanford, auteur de La Pensée selon la tech (C&F éditions, 2022).

    Propos recueillis par Nils Markwardt.

     

    Dans ses premiers temps, la Silicon Valley était fortement marquée par la contre-culture. Comment s’est installée cette étrange liaison entre le mouvement hippie et l’industrie de la tech ?

    Adrian Daub : Cette liaison forte entre les deux a, d’un côté, des raisons régionales en Californie du Nord, mais elle est aussi marquée par une culture d’entreprise spécifique. On trouve dans la Silicon Valley de nombreuses entreprises qui puisent largement dans cette éthique anti-autoritaire et anti-élitaire des années soixante, qui tenta de recréer la Corporate America selon les règles de la commune hippie. Et la plupart des entreprises s’en nourrissent encore aujourd’hui. Par exemple en soulignant l’élément horizontal, coloré et anticonformiste.

    Cela dit, l’héritage de la contre-culture n’apparaît pas seulement dans le style de ces entreprises. En contraste avec les soixante-huitards en Allemagne, la contre-culture californienne a eu pour spécificité de fonder un nombre étonnant d’entreprises et d’avoir fait du commerce. Ce qui tenait au fait que l’économie était considérée comme un contrepoids potentiel à un État américain à l’époque surpuissant, ainsi qu’au complexe militaro-industriel. Quand on dit, donc, que le libéralisme radical qu’on rencontre dans la Silicon Valley est un ajout tardif à l’héritage hippie proprement dit, ce n’est pas vrai. Le libéralisme radical était déjà inscrit dans les communes hippies, dès lors qu’on attribuait un plus grand potentiel progressiste à l’entreprise qu’à l’État.

     

    “McLuhan a tourné au positif la supposition que les nouveaux médias allaient totalement transformer la vie des gens”

     

    Vous décrivez dans votre livre toute une série de penseuses et de penseurs qui – souvent aussi par des chemins sinueux – ont exercé une influence sur la Silicon Valley. Vous commencez par le spécialiste canadien des médias et de la littérature Marshall McLuhan (1911-1980), qui a forgé la célèbre formule « The medium is the message ». Comment ses théories se sont-elles développées pour devenir une sorte de rayonnement d’arrière-plan de l’industrie tech ?

    À l’instar d’Ayn Rand ou de Hermann Hesse, McLuhan fait partie de ces penseuses et penseurs qui ont été absorbés par la contre-culture californienne et ont ensuite souvent été interprétés d’une manière un peu différente de l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes. Dans le cas de McLuhan, deux raisons expliquent pourquoi il est devenu important pour la branche de la tech. D’une part, parce qu’il a ôté aux hommes la peur des nouveaux médias en masquant l’élément conservateur de la critique culturelle. Ou plus exactement : il a tourné au positif la supposition, relevant du pessimisme culturel, que les nouveaux médias allaient totalement transformer la vie des gens. Alors que les hippies avaient vainement tenté, pendant une dizaine d’années, de créer des contenus pour bâtir une meilleure société, le message que leur adressait McLuhan leur paraissait tout à fait séduisant. Car celui-ci porte en lui la promesse suivante : au lieu de se contenter de ne fournir aux hommes que des contenus auxquels ils ne réagissent pas, on pourrait changer la polarité des gens pour l’orienter vers le média lui-même. Que les hommes soient retournés par les médias n’a donc, dans cette lecture, rien de mauvais. Au contraire.

    La deuxième raison : si l’on veut réellement comprendre ce qui se passe, il faut, selon McLuhan, se détourner du contenu et aller vers la forme – ou, justement, vers la plateforme. Chez McLuhan lui-même, ce fut dans un premier temps plutôt une intervention méthodologique. Il a souligné le fait que les spécialistes des médias comme lui ne devraient pas se concentrer autant sur les contenus, mais plutôt analyser comment sont transmis ces contenus, quels messages véhicule le média lui-même. Pourtant, cela aussi avait déjà chez McLuhan une composante légèrement morale. Selon le principe : celui qui regarde trop les contenus est naïf. Or, cela a des conséquences très concrètes dans la Silicon Valley. Seul est considéré comme du travail ce qui crée des plateformes et des médias. Les contenus, en revanche, sont là pour tous ceux qui ne sont pas assez géniaux pour écrire des codes. C’est-à-dire par exemple les « consommateurs » qui approvisionnent gratuitement Yelp en évaluations sur les restaurants, ou Facebook en posts.

     

    Un autre penseur sur lequel vous travaillez est René Girard (1923-2015), anthropologue français de la culture et ancien professeur à Stanford. Il s’est surtout fait connaître avec sa « théorie mimétique », selon laquelle tous nos souhaits sont, dans une certaine mesure, des copies : nous voulons toujours avoir ce qu’ont les autres. Il va de soi que c’est intéressant, par exemple, pour les fondateurs des réseaux sociaux. Vous décrivez tout de même le fait que l’influence de Girard repose aussi sur la nature de sa pensée. Pourquoi ?

    Ce qui est important, chez Girard, c’est le niveau formel, et avant tout l’élément contre-intuitif. Car sa théorie ne signifie pas que la majorité du désir humain est d’ordre mimétique – ça n’aurait en soi rien qui puisse susciter la controverse –, mais plutôt que cela concerne chaque désir, c’est-à-dire que tous nos souhaits sont des souhaits copiés. Or c’est justement ce caractère absolu, que beaucoup de personnes commenceraient par rejeter parce qu’ils considèrent que certains de leurs souhaits sont authentiques, qu’on considère comme une force dans la Valley. De cette manière, la théorie de Girard devient une forme de contre-savoir et de doctrine secrète, et Girard lui-même une sorte de prophète de la radicalité gratuite.

     

    Dans quelle mesure ?

    Si l’on en croit Girard, le monde est constitué d’une tout autre manière que nous le percevons en général. Et il est surtout beaucoup moins intéressant. Car avec l’idée du désir mimétique, le monde paraît tout à coup beaucoup plus homogène. Ce qui est amusant, naturellement, c’est que l’unique lieu auquel s’applique effectivement la théorie de Girard – où, donc, tous veulent la même chose –, serait une start-up de diplômés de Stanford, de jeunes gens qui sont issus du même segment très spécifique du système éducatif et d’une région spécifique. Mais ces mêmes personnes peuvent paradoxalement s’expliquer, avec l’œuvre de Girard, que l’humanité est en réalité comme eux, ce qui leur permet de dire à l’humanité ce dont elle a réellement besoin. Si l’on demandait à ces diplômés de Stanford combien d’autres personnes ils connaissent réellement, ils pourraient répondre qu’ils n’ont aucun besoin de les connaître, puisqu’ils ont leur Girard. Cette radicalité, et cette universalité en réalité intenable de la théorie de Girard, permet de tirer, à partir du cercle formé par un petit groupe homogène, des conclusions concernant la grande masse.

     

    “Tout ce qui existe mérite à présent d’être ‘disrupté’”

     

    L’une des notions centrales de la Silicon Valley est la disruption. Sur le plan de l’histoire des idées, cela remonte au concept de la « destruction créatrice », qui a été forgé par l’économiste Joseph Schumpeter (1883-1950). Si ce n’est que Schumpeter partait de l’idée que la « destruction créatrice » menait au bout du compte au socialisme, dès lors que la disruption permanente provoquait chez les hommes un besoin croissant de régulation économique. Aujourd’hui, toutefois, la disruption n’est pas un argument contre, mais pour le capitalisme. Comment en est-on arrivé là ?

    S’il s’agit de savoir quelles conséquences a le capitalisme, Marx et Engels pensaient qu’il déboucherait sur la révolution. Schumpeter croyait au contraire que le capitalisme serait de plus en plus encerclé par des réformes et déboucherait ainsi peu à peu sur le socialisme. Il ne portait même pas un regard particulièrement positif sur ce phénomène, mais à son époque, dans les années 1940, il partait justement du principe qu’on ne pourrait pas l’empêcher. Ensuite, dans les années 1980, le concept de « destruction créatrice » a été peu à peu tourné dans le sens positif et s’est élevé plus tard, dans l’industrie de la tech, au rang de véritable théodicée de l’hypercapitalisme [une théodicée est un récit permettant d’expliquer la contradiction apparente entre la bonté et la toute-puissance de Dieu d’une part, et l’existence du mal de l’autre, ndlr]. Tout ce qui existe mérite à présent d’être « disrupté ».

    Ce cas montre aussi, cependant, que ce que la Valley appelle penser ne vient pas seulement des entreprises. Car il est certes vrai que si une entreprise comme Uber maintient à un niveau élevé le culte de la disruption, c’est que ce dernier lui sert à légitimer son modèle économique. Mais il est tout aussi vrai que de telles entreprises ne pourraient pas le faire sans soutiens dans les médias, la politique et les universités, qui prolongent ce culte de la disruption. Combien de fois avons-nous dû par exemple entendre, ces quatre dernières années, que Donald Trump ne détruisait pas seulement les normes, mais qu’il était un disruptive president, ce qui présentait aussi des avantages ? Le modèle de la disruption a été transposé à tous les domaines possibles de la société, on en a fait une variante spéciale de la gouvernementalité néolibérale, variante qui permettait de tout expliquer et de tout remettre en ordre – qu’il s’agisse des sociétés de taxi ou des universités.

     

    Une métamorphose douteuse analogue a été infligée, dans la Silicon Valley, à la fameuse phrase de Samuel Beckett « Déjà essayé. Déjà échoué. […] Échoue mieux. » Dans sa nouvelle Cap au pire, publiée en 1983, l’écrivain avait formulé cette phrase pour exprimer l’idée mélancolique que l’échec est une partie intégrante de la vie, au terme de laquelle attend toujours la mort inéluctable. Dans la lecture qu’on en fait en Californie du Nord, cette sentence est au contraire devenue un impératif d’auto-optimisation.

    Tout à fait. Ici, on met l’accent sur le « mieux ». Mais ça n’a pas toujours été le cas. Après l’éclatement de la première bulle internet [bulle spéculative liée aux secteurs de l’informatique et des télécommunications à la fin des années 1990, ndlr], beaucoup de personnes dans la Valley se sont consciemment demandé ce qui leur était arrivé et quelles leçons ils pouvaient en tirer – même s’il ne devait pas y avoir de prochaine fois. Cela a changé à partir de la crise financière de 2008. Après cette date, on a en quelque sorte universalisé l’échec. Et ce, dans une situation dans laquelle rien ne pouvait en réalité échouer dans la Silicon Valley. Alors que tout s’effondrait autour de la Valley, à commencer par les banques et les compagnies d’assurances, là-bas, les choses continuaient leur ascension.

     

    “Dans la Valley, la possibilité d’échouer et manière dont on le fait dépendent fortement de qui l’on est déjà”

     

    Le culte de l’échec ne fonctionnait plus à présent que rétrospectivement. Les gens qui réussissaient racontaient qu’eux aussi avaient un jour subi un atterrissage en catastrophe. Des gens, donc, venus dans la Valley en provenance de Stanford ou de Harvard, avaient un jour eux grillé un million, en avaient reçu un autre et étaient ensuite devenus d’une richesse incroyable. C’est bien entendu un affront pour tous ceux pour qui l’échec signifie tout autre chose. Que l’on puisse échouer, et comment, dépend fortement, dans la Valley, de qui l’on est déjà. L’échec n’est rien de définitif, mais constitue uniquement un point intéressant sur notre CV.

    Je cite dans le livre l’exemple de Theranos, une start-up du secteur de la biotech qui s’est retrouvée en 2019 impliquée dans un scandale d’escroquerie. Dans sa centrale de Palo Alto se trouvait une citation du basketteur Michael Jordan dans laquelle celui-ci disait qu’il avait fait plus de 9 000 mauvais lancers dans sa carrière, perdu plus de 200 matchs et raté 26 fois le dernier jet, c’est-à-dire qu’il n’avait pas cessé d’échouer, mais que c’était la seule raison pour laquelle il y était arrivé. C’est exemplaire. Car les gens pour lesquels l’échec est intéressant ne sont jamais que des personnes comme Jordan, J. K. Rowling ou Mark Zuckerberg. Et ce, parce que cela apparaît comme le prélude d’un succès inconcevable.

     

    Vous écrivez pourtant aussi dans le livre qu’au moins, Mark Zuckerberg admet en termes résolus à quel point il a été privilégié de ce point de vue.

    Oui, cela m’a effectivement surpris de manière très positive. Dans le discours qu’il a tenu devant des diplômés d’Harvard, il a reconnu en 2017 que Facebook avait certes constitué un risque pour lui, mais pas au sens où il l’aurait été pour beaucoup d’autres. Si l’affaire avait capoté, il aurait pu revenir à Harvard et tout aurait été en ordre. Mais ça n’aurait pas été le cas pour beaucoup d’autres personnes de sa connaissance. On peut certes douter qu’il connaisse réellement autant de gens répondant à ce critère. Mais il était important qu’il le dise aussi ouvertement. Car il reconnaissait ainsi à quel point le culte de l’échec met entre parenthèses les éléments social et physique. Des facteurs comme l’appartenance ethnique, le genre ou l’âge. Car de tout cela dépend par exemple qui a la possibilité et le droit d’échouer – et qui ne l’a pas.

    #Adrian_Daub #Silicon_Valley #Disruption #Pensée_Tech

  • Liste des noms de rue berlinois à connotation antisemite
    https://img.welt.de/bin/Dossier_bn-235636290.pdf

    L’histoire allemande est inscrite dans le plan de ville de Berlin. Est-ce qu’il faut renommer les rues qui portent des noms qui nous parlent de ce passé ?

    Quand on pose cette question on rencontre systématiquement le même problème : Puisque l’antisemitisme, si on suit la définition très large en vogue actuellement, se retrouve dans les expressions et la politique de prèsque tous les contemporains du dix neuvième siècle, on risque d’arriver à la revendication absurde de renommer tous les noms de rue qui ne portent pas un nom de fleur, de ville ou d’un autre objet inoffensif au premier abord.

    Contre la volonté pleine de bonne fois qui tente d’éliminer le mal sinon dans le monde mais au moins sur les plaques de rue on oppose l’expérience qu’en ignorant son histoire on est condamné à la revivre encore et encore.

    Suivant cet argument il faudrait se battre pour préserver tous les noms de rue à l’exception peut-être de ceux portant les noms des pires crminels. Les #Adolf-Hitler-Platz ont vite disparu des plans de ville allemands en 1945. Il y en a d’autres qui survivent jusqu’aujourd’hui.

    Il reste du travail á faire.

    #Allemagne #Berlin #géographie #histoire #cartographie #antisemitisme

  • Comment l’Europe est devenue une plaque tournante du marché de la cocaïne Miroslav Mares - RTS
    https://www.rts.ch/info/monde/13642897-comment-leurope-est-devenue-une-plaque-tournante-du-marche-de-la-cocain

    Le marché mondial de la cocaïne a changé. Le Vieux Continent n’est plus seulement un marché sur lequel les criminels écoulent leurs produits, il est le nouvel eldorado des trafiquants. A tel point, qu’il y a un mois, l’agence européenne de la police criminelle reconnaissait faire face à un phénomène d’une ampleur à laquelle elle ne s’attendait pas.

    Fin novembre, après des mois d’enquête, Europol a démantelé un « super-cartel ». A partir des Emirats arabes unis, il contrôlait près d’un tiers du commerce de la cocaïne en Europe. Des arrestations de dizaines de suspects ont eu lieu en France, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas et à Dubai.

    Ce coup de filet emblématique démontre un déplacement du marché des drogues. Le Vieux Continent est non seulement une des destinations principales de la cocaïne, mais aussi une escale pour l’acheminer ailleurs dans le monde.

    Plus de 30 tonnes de cocaïne ont été saisies. Depuis cinq ans, ces mises sous séquestre augmentent de façon exponentielle, explique Laurent Laniel, analyste à l’Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie, dans l’émission de Tout un monde mardi : « Entre 2017 et 2021, chaque année a été un record de saisies ».

    Expansion et nouveaux canaux de distribution
    Selon l’Observatoire européen, la croissance s’effectue en direction de l’Europe orientale et du Nord. Historiquement ces zones ne sont pas de gros marchés : « Il y a une augmentation des cas de pays rapportant la présence de crack, de cocaïne fumée. Ceci indique que la disponibilité de la drogue est très forte », indique Laurent Laniel.

    D’autres indicateurs, tels que l’analyse des eaux usées, montrent la présence de cocaïne dans un plus grand nombre de villes européennes.

    Pour élargir leur réseau de vente, les dealers adaptent leurs techniques marketing. Aujourd’hui, il est possible de se procurer les produits au travers des réseaux sociaux. Les dealers affichent toute une gamme de produits : dès 30 euros, il est possible de trouver de la marchandise, sans doute de qualité douteuse, « mais si tu payes 100 euros, alors là, tu as le super truc, » affirme l’analyste.

    Une métamorphose liée à la volonté des cartels colombiens
    Depuis les années 2000, les cartels colombiens se sont tournés vers l’Europe pour diversifier leurs canaux de distribution. Selon David Weinberger, co-directeur de l’Observatoire des criminalités internationales à l’Institut de relations internationales et stratégiques à Paris, le but des criminels colombiens était de court-circuiter les trafiquants mexicains : « Pour atteindre les Etats-Unis, ils avaient l’obligation de passer par le Mexique, ce qui les obligeait à diminuer leurs profits. »

    Désormais, ils sont présents dans d’autres zones du monde, notamment en Océanie, où la consommation par habitant est la plus importante au monde, localisée principalement en Australie et en Nouvelle-Zélande.

    Les nouvelles techniques de dissimulation
    En Europe, la drogue arrive majoritairement dans les ports d’Anvers, de Rotterdam ou de Valence. Le commerce de containers y est si dense que la surveillance systématique est illusoire.

    Les méthodes de dissimulation de la cocaïne sont aussi très sophistiquées, affirme Laurent Laniel. Il est possible de la cacher de manière chimique, de la faire se confondre avec d’autres matériaux, par exemple du plastique, du charbon de bois. Les trafiquants arrivent également à la mélanger avec de la peinture ou du plâtre.

    C’est seulement une fois les laboratoires démantelés que la police et les douanes arrivent à comprendre quel a été le subterfuge qui a permis d’introduire des tonnes de cocaïne sur le sol européen.

    Le marché européen contrôlé par plusieurs groupes
    La N’drangheta, la mafia calabraise, a la haute main sur une partie du trafic de cocaïne. Selon David Weinberger, c’est un marché fluide, pas tenu par un seul groupe mais par une multitude de gangs, notamment albanais ou turcs.

    Dans une logique de marché globalisé, ceux qui acheminent la drogue la moins chère et la plus pure possible arrivent à occuper le terrain et à grignoter celui des autres criminels.

    Cela peut aboutir à une augmentation de la violence, à des règlements de comptes, voire à des assassinats comme celui d’un journaliste néerlandais l’an dernier.
    A tel point qu’en Belgique et surtout aux Pays-Bas - où règne la Mocro Mafia, une organisation d’origine marocaine - des personnalités comme le Premier ministre et même une princesse ont été placés sous protection.

    #ue #union_européenne #drogue #drogues #cocaïne #crack #mafia #santé #addiction #société #cocaine #police #trafic #criminalité #héroïne #Australie #Nouvelle-Zélande #Océanie #Anvers #Rotterdam #Valence #containers #marché

    • Le géant maritime MSC aurait été infiltré par un gang de trafiquants de drogue RTS - Katja Schaer/jop
      https://www.rts.ch/info/economie/13644414-le-geant-maritime-msc-aurait-ete-infiltre-par-un-gang-de-trafiquants-de

      Une affaire de trafic de drogue embarrasse le plus grand transporteur maritime au monde. Selon une enquête de Bloomberg parue vendredi, l’entreprise MSC, établie à Genève, serait infiltrée par des trafiquants et participerait indirectement à un gigantesque trafic de cocaïne.

      Selon une estimation de l’ONU, l’Europe occidentale à elle seule compterait 4,5 millions de consommateurs et consommatrices de cocaïne, soit 1,5% de la population de plus de 15 ans. Le Vieux Continent serait ainsi en passe de devenir le premier marché mondial, devant l’Amérique du Nord. De quoi générer des montant vertigineux et constituer des organisations criminelles tentaculaires.


      Dans ce contexte, les enquêteurs de l’agence de presse américaine ont décortiqué les affaires qui ont concerné MSC ces trois dernières années, et plus particulièrement son porte-conteneurs Gayane, bloqué à Philadelphie en juin 2019 après la découverte d’un volume record de 20 tonnes de cocaïne destinées au port de Rotterdam.

      Dans l’oeil du cyclone aux Etats-Unis
      Le navire entier avait alors été saisi et l’affaire avait permis de démontrer la complicité d’une partie de l’équipage. Selon l’enquête, ces marins de MSC n’étaient pas à l’origine du trafic, mais ils auraient communiqué avec les fournisseurs de drogue, via des téléphones cryptés, et auraient coordonné le chargement de drogue sur le navire. Sur 22 membres d’équipage, huit d’entre eux ont ensuite plaidé coupable et ont été condamnés.

      Mais d’après Bloomberg, l’affaire fait encore l’objet d’un bras de fer juridique entre MSC et le gouvernement américain, qui estime que la complicité des marins rend l’entreprise partiellement responsable de ce trafic, et voudrait la sanctionner à hauteur de 700 millions de dollars.

      En 2019, plusieurs autres saisies ont eu lieu : 1,6 tonne de cocaïne a été trouvée sur le MSC Carlotta dans le New Jersey (USA), puis 2,4 tonnes ont été saisies par les autorités péruviennes sur le même bateau. Cette année encore, 450kg de poudre blanche ont été saisies au port de Gênes, en Italie, à bord du MSC Adélaïde.

      MSC « particulièrement exposée »
      Bloomberg précise que l’armateur se défend de toute participation, s’estimant victime et non complice. Par communiqué de presse, le groupe rappelle que les transporteurs ne sont ni responsables ni formés pour lutter contre le crime organisé, même s’ils s’efforcent de déjouer les techniques des criminels.

      Mais surtout, MSC s’oppose à l’affirmation de Bloomberg selon laquelle la société entière serait infiltrée par un gang. Elle estime en outre avoir subi « un préjudice financier et réputationnel conséquent ».

      En définitive, l’enquête de Bloomberg https://www.bloomberg.com/news/features/2022-12-16/how-world-s-top-shipping-company-became-hub-for-drug-trafficking?leadSour montre surtout comment les gangs et cartels viennent se greffer au transport maritime international pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement. Et MSC serait particulièrement exposé, parce qu’il couvre des trajets de l’Amérique du Sud à l’Europe du Nord, décrits comme les « autoroutes » de la cocaïne. Il est aussi le premier employeur de marins issus du Monténégro, pays d’origine du « Gang des Balkans », spécialisé dans le trafic de cocaïne.

      #transport_maritime #msc #mer #transport #conteneurs #containers #container #drogue #capitalisme #alexis_kohler

  • Adhémar Schwitzguébel
    https://www.partage-noir.fr/adhemar-schwitzguebel-1247


    ❝Au mois de mars 1872, après un emprisonnement de onze mois et demi, Elisée Reclus arrive en Suisse. Ce second exil durera jusqu’à l’été 1890 et lui permet, entre autres, de retrouver ou de rencontrer les anarchistes les plus connus de l’époque : James Guillaume, Michel Bakounine, Pierre Kropotkine et #Adhémar_Schwitzguébel.

    #Adhémar_Schwitzguébel #Itinéraire #Élisée_Reclus #anarchisme #Suisse #james_guillaume

    https://bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/icon-m-2004-090
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/itineraire_reclus2.pdf

  • Eléments d’une critique de Heidegger . Textes et extraits réunis par Alexander Neumann.
    Walter Benjamin et Theodor W. Adorno
    http://journals.openedition.org/variations/2219

    1 Dès 1930, Walter Benjamin a l’intention de désintégrer Heidegger, sans se douter encore que le philosophe allait voter pour Hitler dès l’année suivante avant d’adhérer au parti nazi de 1933 à 1945 :

    Nous avons mis en place un projet consistant à désintégrer Heidegger (den Heidegger zu zertrümmern) à travers un cercle de lecture bien délimité qui devait être dirigé par Brecht et moi même au cours de l’été (1930). Malheureusement, Brecht, qui est assez mal en point, va partir en voyage prochainement, et je ne peux pas prendre en charge le projet tout seul.

    2 W. Benjamin, lettre à Gersholm Scholem (1930), in Briefe, Suhrkamp, 1993, p.512, nous traduisons.

    3 Dans les matériaux pour le Livre des passages, réunis pendant l’exil parisien de Benjamin, la perspective critique est ainsi nommée :

    Ce qui distingue les images des « essences » de la phénoménologie, c’est leur marque historique. (Heidegger cherche en vain à sauver l’histoire pour la phénoménologie, abstraitement avec la notion d’"historialité").1

    4 Il poursuit :

    La marque historique des images n’indique pas seulement qu’elles appartiennent à une époque déterminée, elle indique surtout qu’elles ne parviennent à la lisibilité qu’à une époque déterminée. Et le fait de parvenir « à la lisibilité » représente certes un point critique déterminé dans le moment qui les anime. Chaque présent est déterminé par les images qui sont synchrones avec lui (...). Avec lui, la vérité est chargée de temps jusqu’à en exploser. (...) Il ne faut pas dire que le passé éclaire le présent ou le présent éclaire le passé. Une image, au contraire est ce en quoi le l’Autrefois rencontre le Maintenant dans un éclair pour former une constellation. En d’autres termes : l’image est dialectique à l’arrêt.

    5 Benjamin conclut :

    Seules les images dialectiques sont des images véritablement historiques, c’est à dire non-archaïques. L’image qui est lue (...) porte au plus haut degré la marque du moment critique, périlleux, qui est au fon de toute lecture."

    6 Plus loin, cette question :

    Le réveil serait-il la synthèse de la thèse de la conscience du rêve et de l’antithèse de la conscience éveillée ?

    7 W. Benjamin, Paris Capitale du 19ème siècle / Le livre des passages, Les éditions du Cerf, 1989, p.479.

    8 Adorno salue cette approche :

    En lieu et place de la philosophie transcendantale, une philosophie de l’expression, grâce à l’intervention de Benjamin à l’encontre de toute définition classificatoire des concepts. Sa proposition devance à bien des égards la philosophie du discours de Heidegger ; mais au fond les deux sont irréconciliables. Selon Benjamin, la recherche de la vérité envisage un noyau historique, qui réfute le concept même d’un être pur ontologiquement.

    9 Th. W. Adorno, 1965, Vermischte Schriften, I, Suhrkamp, p.181 (nous traduisons).

    10 La notice des éditions Suhrkamp, dédiée à la publication des cours francfortois d’Adorno qui servent d’espace d’élaboration à sa critique livresque de Heidegger, constate l’affinité entre les approches de Benjamin et Adorno :

    Le cours d’Adorno de 1960/61 tient lieu d’un livre sur Heidegger qu’Adorno n’a pas écrit et n’a pas voulu écrire. Il s’agit cependant de l’exécution tardive d’un projet que Walter Benjamin avait envisagé dès les années 1930, sans le faire aboutir : « désintégrer Heidegger » (den Heidegger zertrümmern). Adorno n’avait pas besoin d’être rappelé à ce plan de son ami ; comme lui il avait réagi en refusant l’ontologie fondamentale, bien avant le redoutable discours du rectorat de Heidegger (de 1934, ndlr).

    11 Adorno, Ontologie und Dialektik, Suhrkamp,2008.

    12En cours, Adorno dit :

    Mesdames et Messieurs, lors de la dernière séance, j’avais commencé à vous exposer la structure de l’ontologie fondamentale, dont toute la méthode ne sert qu’à fournir l’occasion à sa critique qu’il s’agit de lui opposer.

    13 Adorno, Ontologie und Dialektik (1960/61), Suhrkamp, 2008, p.124 (nous traduisons).

    14 La Dialectique négative, qui s’élabore dans ces cours, débute par ce constat :

    En Allemagne, les ontologies, particulièrement celle de Heidegger, continuent d’agir sans qu’effrayent les traces du passé politique. Tacitement, l’ontologie est comprise comme une disposition prête à sanctionner un ordre hétéronome dispensé à se justifier devant la conscience. Le fait qu’en haut lieu, de telles explications soient démenties comme méprise, glissement dans l’ontique, manque de radicalité de la question, a pour seul résultat de renforcer la majesté de l’appel : moins on peut la fixer en des contenus déterminés qui permettent à l’entendement indiscret d’accrocher, et plus l’ontologie parait fascinante. L’insaisissable devient l’inattaquable. Qui refuse de faire partie des suiveurs est un suspect, spirituellement sans pays natal

    15 Adorno, Le besoin ontologique in Dialectique négative (1966), Payot poche, 2003, p.79.

    16 Adorno précise que La dialectique négative comprend, intellectuellement, un autre livre qui entend désintégrer Heidegger, Le Jargon de l’authenticité. C’est la raison qui justifie que les deux textes soient publiés en un seul volume dans les écrits d’Adorno, chez Suhrkamp.

    L’auteur a conçu le Jargon de l’authenticité comme une partie de la Dialectique négative. S’il l’en a écarté, ce n’est pas seulement parce que son étendue était disproportionné au reste de l’ouvrage. Les éléments de physiognomie et de sociologie de la langue ne s’intégraient plus très bien au plan du livre. L’opposition à la division intellectuelle du travail veut qu’on la réfléchisse au lieu de l’ignorer. Le Jargon est bien philosophique dans son intention et dans sa thématique.

    17 Notice de l’auteur, in Jargon de l’authenticité (1964), Payot poche, 2009, p.41.

    18 Ici Adorno pénètre le jargon heideggérien, et ses implications idéologiques.

    Le paragraphe 50 de Etre et temps qui s’intitulé, sans que les caractère d’imprimerie en rougissent : ’Pré-esquisse de la structure ontologico-existentiale de la mort’, contient cette phrase : Beaucoup de choses peuvent néanmoins précéder le Dasein comme être-au-monde (en français dans le texte)". On a, un jour, attribué à un aphoristicien de bistro francfortois cette parole : « Celui qui regarde par la fenêtre se rend compte de beaucoup de choses. » C’est à ce niveau que Heidegger esquisse sa conception de l’authenticité, en tant qu’être-pour-la-mort.

    19 Adorno, Jargon de l’authenticité, Payot 2009, p.165

    20 Dans ce jargon, la mort n’intervient ici qu’en tant que discours abstrait, car Adorno précise :

    La réflexion sur la mort est dénigrée de façon anti-intellectualiste, au nom de quelque chose qui est présumée plus profond, et remplacée par « l’endurance », dans un geste de silence intérieur. (...) « Le sacrifice nous rendra libres », écrivit en 1938 un fonctionnaire national-socialiste, (...). Heidegger rejoint cette parole.

    #Heidegger #philososphie #Walter_Benjamin #Adorno

  • « Déverbalisation et écrans » (lu dans le dernier Flotoir de Florence Trocmé https://poezibao.typepad.com/files/flotoir-du-15-d%C3%A9cembre-2022.pdf)

    Deux textes à rapprocher, un important passage du livre Les Irremplaçables de #Cynthia_Fleury et un édito du Figaro (samedi 3 décembre 2022) qui s’intitule « Les écrans et la caverne ». Dans cet édito Laurence de Charrette fait un rapprochement entre le sort des contemporains accrochés à leur téléphone et la caverne platonicienne : « la compulsion des #écrans est un virus contemporain » écrit-elle, ce qui en dit long sur « les transformations profondes du rapport au monde qu’engendre la #société_numérique ». Elle évoque alors la fameuses allégorie de Platon mettant en scène des hommes enchaînés dans une caverne : « tournant le dos à l’entrée, ils ne voient pas des objets, mais leurs ombres projetées sur le mur, qu’ils prennent pour la réalité, toute la réalité ». Résultat ? « Confondre ombre et vérité, voilà le syndrome que nourrit l’#addiction aux #réseaux. » Et l’on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de ce que cette dérive va devenir avec le développement du fameux métavers. La journaliste a ces mots forts : « voir la vie au travers de sa projection narcissique dans le monde liquide, penser l’instant d’abord dans sa représentation, sa mise en scène dans l’agora du vide ; et se placer ainsi dans l’attente éperdue de l’écho de soi-même. ». Elle enfonce ensuite le clou rappelant que les plateformes ne sont pas des succédanés de la Poste ou le commencement « de l’espace démocratique rêvé par les Grecs anciens » parce que « leurs #algorithmes sont faits pour transformer nos données personnelles en bénéfices »
    Et c’est là que peut s’opérer le rapprochement avec Cynthia Fleury dans la deuxième partie de son livre Les irremplaçables, partie titrée « Le Dogme du pouvoir ». Le sous-chapitre s’intitule « #désubjectivation et déverbalisation » et va montrer comment tout est fait dans le système capitalistique pour vider le sujet humain de sa substance et principalement en lui ôtant les mots, pas tant de la bouche que de la conscience. « Toute tentative de désindividuation prend appui sur la déverbalisation » qui n’est pas seulement « l’impossibilité de traduire précisément ce que l’on pense » mais « porte atteinte à la faculté même de conception intellectuelle » (p. 113) Avec ce double constat, terrifiant : 1. on ne parvient plus à penser ce que d’autres sont capables d’énoncer ; 2. on perd conscience de ce qui devrait faire réalité pour soi.. Elle ponctue cela d’une très belle formule « le langage est une naissance du monde, comme une naissance au monde ». On retrouve là sans doute une des grandes raisons d’être de la poésie ! Mais « voler au sujet sa capacité d’énonciation n’est pas suffisant. Ce qu’il faut voler c’est la condition de possibilité de cette énonciation, sa dynamique de conscientisation. Premier grand processus de la domination : ‘priver de #langage les dominés’. »

    #capitalisme #crétinisation

    Un peu plus loin, elle aborde la question centrale de l’#attention, souvent évoquée dans ce Flotoir : « L’exploitation capitalistique (...) capte, plus encore que les richesses, l’attention des individus. Les individus sont divertis, distraits au sens pascalien, ils sont occupés, pleinement occupés à ne pas penser. » (pp. 104-105). Il s’agit bien de détourner l’attention, voire de rendre cette fonction malade, voire invalide par le jeu des sauts constants de toute focalisation un peu tenue, induits par tous les médias, au sens très large. Incluant bien sûr les écrans en tous genres. Or dit encore Cynthia Fleury « l’attention est par essence l’antichambre du souci de soi et des autres ». (p. 106)

    #distraction #diversion

  • The changing ideology of Silicon Valley | The Economist
    https://www.economist.com/podcasts/2022/12/14/the-changing-ideology-of-silicon-valley

    Podcast avec Margaret O’Mara et Adrian Daub.

    STARTUP FOUNDERS in Silicon Valley are often motivated by an almost religious idealism: young tech workers, looking to move fast and break things, want to use technology to make the world a better place. But 2022 has brought about a reckoning: the business models of once-star firms, such as Uber and Meta, are under threat; the allure of the dishevelled whizz-kid has been undermined by the downfall of Sam Bankman-Fried; and the expense of Palo Alto has pushed plucky startups out. The Bay Area has often been populated by liberals, but many of tech’s heroes, like Elon Musk and Marc Andreessen, have shifted to the right.

    On this week’s podcast, hosts Mike Bird, Soumaya Keynes and Alice Fulwood ask whether Silicon Valley has lost its religion. Margaret O’Mara, professor of history at the University of Washington, reveals the Valley’s past. And Adrian Daub, the author of “What Tech Calls Thinking”, tells us that the secret of the successful founder is to bamboozle regulators while they make a bit more money. Runtime: 41 min

    #Adrian_Daub

  • Le Business du bonheur

    De la légendaire Lise Bourbeau à la reine du rangement Marie Kondo, en passant par la star du développement personnel Tony Robbins, le bonheur est une industrie qui fait des millionnaires. C’est aussi une idéologie : le culte de l’optimisme, de la résilience et de la performance individuelle. Mais alors que la consommation d’antidépresseurs ne cesse d’augmenter et que les burn-out se multiplient dans nos sociétés, que cache cette obsession contemporaine pour le bonheur ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66144
    #film #documentaire #film_documentaire
    #développement_personnel #management #positivité #bonheur #psychologie_positive #choix #marché #coaching #individualisme #science_du_bonheur #Martin_Seligman #psychanalyse #Freud #thérapie_comportementale #optimisme #pessimisme #espoir #forces_Clifton #Don_Clifton #leadership #volontarisme #self-help #protestantisme #la_recherche_du_bonheur #recherche_du_bonheur #self-made_man #méritocratie #responsabilité_individuelle #inégalités #agency (#pouvoir_d'agir) #USA #Etats-Unis #libéralisme #éducation_positive #émotions #psychologie_sociale #team-building #cache-misère #travail #chief_happiness_officer #volonté #convivialité #docilité #happiness_economics #Richard_Layard #center_of_economic_performance (#CED) #bien-être_individuel #David_Cameron #programmes_d'activation_comportementale #chômage #rapport_Stiglitz #Gallup #adaptation #privatisation_de_la_souffrance

  • Un quartier de #Berlin rebaptise des lieux avec les noms de résistants africains à la #colonisation

    Une rue et une #place portant le nom de personnalités phares du colonialisme allemand ont été débaptisées, début décembre, dans le quartier de #Wedding. Elles ont désormais le nom de résistants ayant œuvré, au début du XXe siècle, contre l’action de l’Allemagne en Afrique.

    “Fini d’honorer les dirigeants de la colonisation.” Comme le rapporte le Tagesspiegel, plusieurs lieux du “quartier africain” de Berlin ont été rebaptisés, dans le cadre d’une initiative menée par les autorités locales. “L’ancienne place #Nachtigal est devenue la place #Manga-Bell ; et la rue #Lüderitz, la rue #Cornelius-Fredericks”, détaille le titre berlinois. Le tout au nom du “travail de mémoire” et du “#décolonialisme”.

    #Gustav_Nachtigal et #Adolf_Lüderitz, dont les noms ornaient jusqu’à présent les plaques du quartier, avaient tous deux “ouvert la voie au colonialisme allemand”. Ils ont été remplacés par des personnalités “qui ont été victimes de ce régime injuste”.

    À savoir Emily et Rudolf Manga Bell, le couple royal de Douala qui s’est opposé à la politique d’expropriation des terres des autorités coloniales allemandes au #Cameroun, et Cornelius Fredericks, résistant engagé en faveur du peuple des #Nama, avant d’être emprisonné et tué dans le camp de concentration de #Shark_Island, dans l’actuelle #Namibie.

    “Indemnisation symbolique”

    “Les noms des rues du quartier africain ont fait polémique pendant plusieurs années”, assure le journal berlinois. Lorsqu’en 2018 l’assemblée des délégués d’arrondissement de ce quartier, Wedding, dans l’arrondissement de #Berlin-Mitte, avait proposé pour la première fois de changer les noms de certains lieux, près de 200 riverains étaient montés au créneau, critiquant notamment le coût de la mesure. Ils assuraient par ailleurs qu’“on ne peut pas faire disparaître l’histoire des plaques de rue”.

    Mais les associations des différentes diasporas africaines, elles, considèrent que les changements de noms sont importants, dans un pays “où les crimes du colonialisme allemand ne sont pas éclaircis systématiquement”. L’Empire allemand a en effet été responsable de diverses atrocités commises pendant sa courte période coloniale – comme le génocide des Héréro et des Nama, entre 1904 et 1908, dans ce que l’on appelait à l’époque le “Sud-Ouest africain allemand” et qui correspond aujourd’hui à la Namibie.

    Cet épisode de l’histoire n’a été reconnu par l’Allemagne qu’en mai 2021, rappellent les organisations décoloniales d’outre-Rhin. “Elles demandent de nouveaux noms de rue à titre d’indemnisation symbolique pour les victimes, mais également à titre éducatif.”

    https://www.courrierinternational.com/article/memoire-un-quartier-de-berlin-rebaptise-des-lieux-avec-les-no

    #toponymie #toponymie_politique #colonialisme #résistance #noms_de_rue #rebaptisation #colonialisme_allemand #Allemagne_coloniale #Allemagne #toponymie_coloniale #mémoire

    ping @cede @nepthys

    • Keine Ehre für Kolonialherren in Berlin: Straßen im Afrikanischen Viertel werden umbenannt

      Aus dem Nachtigalplatz wird am Freitag der Manga-Bell-Platz und aus der Lüderitzstraße die Cornelius-Fredericks-Straße. Anwohner hatten gegen die Umbenennung geklagt.

      Nach jahrelangen Protesten werden ein Platz und eine Straße im Afrikanischen Viertel in Wedding umbenannt. Aus dem bisherigen Nachtigalplatz wird der Manga-Bell-Platz und aus der Lüderitzstraße die Cornelius-Fredericks-Straße.

      „Straßennamen sind Ehrungen und Teil der Erinnerungskultur“, sagte Bezirksbürgermeisterin Stefanie Remlinger (Grüne). Daher sei es eine wichtige Aufgabe, Namen aus dem Berliner Straßenbild zu tilgen, die mit Verbrechen der Kolonialzeit im Zusammenhang stehen.

      Gustav Nachtigal und Adolf Lüderitz waren Wegbereiter des deutschen Kolonialismus, der im Völkermord an den Herero und Nama gipfelte. An ihrer Stelle sollen nun Menschen geehrt werden, die Opfer des deutschen Unrechtsregimes wurden.

      Das Königspaar Emily und Rudolf Duala Manga Bell setzte sich nach anfänglicher Kooperation mit deutschen Kolonialautoritäten gegen deren Landenteignungspolitik zur Wehr. Cornelius Fredericks führte den Widerstandskrieg der Nama im damaligen Deutsch-Südwestafrika, dem heutige Namibia, an. Er wurde 1907 enthauptet und sein Schädel zur „Erforschung der Rassenüberlegenheit“ nach Deutschland geschickt und an der Charité aufbewahrt.

      Über die Straßennamen im Afrikanischen Viertel wurde viele Jahre gestritten. Im April 2018 hatte die Bezirksverordnetenversammlung Mitte nach langem Hin und Her beschlossen, den Nachtigalplatz, die Petersallee und die Lüderitzstraße umzubenennen. Dagegen hatten 200 Gewerbetreibende sowie Anwohnende geklagt und die Namensänderungen bis jetzt verzögert. Im Fall der Petersallee muss noch über eine Klage entschieden werden.

      Geschichte könne nicht überall von Straßenschildern getilgt werden, argumentieren die Gegner solcher Umbenennungen. Denn konsequent weitergedacht: Müsste dann nicht sehr vielen, historisch bedeutenden Personen die Ehre verweigert werden, wie etwa dem glühenden Antisemiten Martin Luther?
      Klagen verzögern auch Umbenennung der Mohrenstraße

      Ein anderes viel diskutiertes Beispiel in Mitte ist die Mohrenstraße, deren Namen als rassistisch kritisiert wird. Auch hier verzögern Klagen die beschlossene Umbenennung. Gewerbetreibende argumentieren auch mit Kosten und Aufwand für Änderung der Geschäftsunterlagen.

      Vor allem afrodiasporische und solidarische Organisationen wie der Weddinger Verein Eoto und Berlin Postkolonial kämpfen für die Straßenumbenennungen. Sie fordern sie als symbolische Entschädigung für die Opfer, aber auch als Lernstätte. Denn bis heute fehlt es oft an Aufklärung über die deutschen Verbrechen. Die Debatte darüber kam erst in den letzten Jahren in Gang.

      Wenn am Freitag ab 11 Uhr die neuen Straßenschilder enthüllt werden, sind auch die Botschafter Kameruns und Namibias sowie König Jean-Yves Eboumbou Douala Bell, ein Nachfahre des geehrten Königspaares, dabei. Die Straßenschilder werden mit historischen Erläuterungen versehen. (mit epd)

      https://www.tagesspiegel.de/berlin/bezirke/keine-ehre-fur-kolonialherren-in-berlin-strassen-im-afrikanischen-viert

    • Benannt nach Kolonialverbrechern: #Petersallee, Nachtigalplatz - wenn Straßennamen zum Problem werden

      Die #Mohrenstraße in Berlin wird umbenannt. Im Afrikanischen Viertel im Wedding dagegen wird weiter über die Umbenennung von Straßen gestritten.

      Die Debatte über den Umgang mit kolonialen Verbrechen, sie verläuft entlang einer Straßenecke im Berliner Wedding. Hier, wo die Petersallee auf den Nachtigalplatz trifft, wuchert eine wilde Wiese, ein paar Bäume werfen kurze Schatten, an einigen Stellen bricht Unkraut durch die Pflastersteine des Bürgersteigs. Kaum etwas zu sehen außer ein paar Straßenschildern. Doch um genau die wird hier seit Jahren gestritten.

      Am Mittwoch hat die Bezirksverordnetenversammlung Berlin-Mitte beschlossen, die Mohrenstraße in Anton-Wilhelm-Amo-Straße umzubenennen, nach einem widerständigen afrikanischen Gelehrten. Im gleichen Bezirk hat die Organisation „Berlin Postkolonial“ in dieser Woche ein Informationszentrum zur deutschen Kolonialgeschichte in der Wilhelmstraße eröffnet – in den kommenden vier Jahren soll es von Erinnerungsort zu Erinnerungsort ziehen.

      Das Zentrum ist die erste speziell dem Thema gewidmete öffentliche Anlaufstelle in der Stadt.

      Andernorts aber kämpft man seit Jahren nach wie vor erfolglos für eine Umbenennung von Straßennamen mit Bezügen zur Kolonialzeit. In ganz Deutschland gibt es noch immer mehr als 150 – im Berliner Wedding treten sie besonders geballt im sogenannten Afrikanischen Viertel auf. Orte wie die Petersallee, der Nachtigalplatz und die Lüderitzstraße. Orte, die nach deutschen Kolonialverbrechern benannt sind.
      #Carl_Peters wurde wegen seiner Gewalttaten „blutige Hand“ genannt. Gustav Nachtigal unterwarf die Kolonien Togo, Kamerun und Deutsch-Südwestafrika.

      Carl Peters (1856–1918) war die treibende Kraft hinter der Gründung der ehemaligen deutschen Kolonie #Deutsch-Ostafrika, seine Gewalttätigkeit brachte ihm die Spitznamen „Hänge-Peters“ und „blutige Hand“ ein. Gustav Nachtigal (1834– 1885) nahm eine Schlüsselrolle ein bei der Errichtung der deutschen Herrschaft über die drei westafrikanischen Kolonien Togo, Kamerun und Deutsch-Südwestafrika, das heutige Namibia. Und der Bremer Kaufmann Adolf Eduard Lüderitz (1834–1886) gilt als der Mann, der das deutsche Kolonialreich mit einem betrügerischen Kaufvertrag in Gang setzte.

      Eine Ehrung für außergewöhnliche Leistungen

      Straßennamen sollen eine besondere Ehrung darstellen, sie sollen an Menschen erinnern, die außergewöhnlich Gutes geleistet haben. Das deutsche Kolonialreich aufgebaut zu haben, fällt nicht mehr in diese Kategorie. Aus diesem Grund wurden in der Geschichte der Bundesrepublik bislang allein 19 Straßen umbenannt, die Carl Peters im Namen trugen. Das erste Mal war das 1947 in Heilbronn. Der aktuellste Fall findet sich 2015 in Ludwigsburg. Auch nach dem Ende des Nationalsozialismus und dem der DDR hat man im großen Stil Straßen umbenannt, die als Würdigung problematischer Personen galten.

      Im Wedding ist wenig passiert, in der Welt zuletzt viel. Die Ermordung des schwarzen US-Amerikaners George Floyd hat Proteste ausgelöst, weltweit. Gegen Rassismus, gegen Polizeigewalt. Aber auch gegen die noch immer präsenten Symbole des Kolonialismus, dem diese Ungerechtigkeiten, diese Unterdrückungssysteme entspringen. Im englischen Bristol stürzten Demonstranten die Statue des Sklavenhändlers Edward Colston von ihrem Sockel und versenkten sie im Hafenbecken.

      „Krieg den Palästen“

      Ein alter Gewerbehof in Kreuzberg unweit des Landwehrkanals, Sommer 2019. Tahir Della, Sprecher der Initiative Schwarze Menschen in Deutschland, sitzt an seinem Schreibtisch in einem Co-Working-Space. Um ihn herum Bücher, Flyer. Hinter Della lehnen zwei große Plakate. Auf dem einen steht: „Black Lives Matter“. Auf dem anderen: „Krieg den Palästen“. Ein paar Meter über Dellas Kopf zieht sich eine großformatige Bildergalerie durch die ganze Länge des Raums. Fotos von Schwarzen Menschen, die neue Straßenschilder über die alten halten.

      „Die kolonialen Machtverhältnisse wirken bis in die Gegenwart fort“, sagt Della. Weshalb die Querelen um die seit Jahren andauernde Straßenumbenennung im Wedding für ihn auch Symptom eines viel größeren Problems sind: das mangelnde Bewusstsein und die fehlende Bereitschaft, sich mit der deutschen Kolonialvergangenheit auseinanderzusetzen. „Die Leute haben Angst, dieses große Fass aufzumachen.“

      Denn wer über den Kolonialismus von damals spreche, der müsse auch über die Migrations- und Fluchtbewegungen von heute reden. Über strukturellen Rassismus, über racial profiling, über Polizeigewalt, darüber, wo rassistische Einordnungen überhaupt herkommen.

      Profiteure der Ausbeutung

      „Deutsche waren maßgeblich am Versklavungshandel beteiligt“, sagt Della. In Groß Friedrichsburg zum Beispiel, an der heutigen Küste Ghanas, errichtete Preußen schon im 17. Jahrhundert ein Fort, um von dort aus unter anderem mit Sklaven zu handeln. „Selbst nach dem sogenannten Verlust der Kolonien hat Europa maßgeblich von der Ausbeutung des Kontinents profitiert, das gilt auch für Deutschland“, sagt Della.

      Viele Menschen in diesem Land setzen sich aktuell zum ersten Mal mit dem Unrechtssystem des Kolonialismus auseinander und den Privilegien, die sie daraus gewinnen. Und wenn es um Privilegien geht, verhärten sich schnell die Fronten. Weshalb aus einer Debatte um die Umbenennung von kolonialen Straßennamen in den Augen einiger ein Streit zwischen linkem Moralimperativ und übervorteiltem Bürgertum wird. Ein Symptom der vermeintlichen Empörungskultur unserer Gegenwart.

      Ein unscheinbares Café im Schatten eines großen Multiplexkinos, ebenfalls im Sommer 2019. Vor der Tür schiebt sich der Verkehr langsam die Müllerstraße entlang, dahinter beginnt das Afrikanische Viertel. Drinnen warten Johann Ganz und Karina Filusch, die beiden Sprecher der Initiative Pro Afrikanisches Viertel.
      Die Personen sind belastet, aber die Namen sollen bleiben

      Ganz, Anfang 70, hat die Bürgerinitiative 2010 ins Leben gerufen. Sie wünschen sich eine Versachlichung. Er nennt die betreffenden Straßennamen im Viertel „ohne Weiteres belastet“, es sei ihm schwergefallen, sie auf Veranstaltungen zu verteidigen. Warum hat er es dennoch getan?

      Seine Haltung damals: Die Personen sind belastet, aber die Straßennamen sollten trotzdem bleiben.

      „Da bin ich für die Bürger eingesprungen“, sagt Ganz, „weil die das absolut nicht gewollt haben.“ Und Filusch ergänzt: „Weil sie nicht beteiligt wurden.“

      Allein, das mit der fehlenden Bürgerbeteiligung stimmt so nicht. Denn es gab sie – obwohl sie im Gesetz eigentlich gar nicht vorgesehen ist. Für die Benennung von Straßen sind die Bezirksverwaltungen zuständig. Im Falle des Afrikanischen Viertels ist es das Bezirksamt Mitte. Dort entschied man, den Weg über die Bezirksverordnetenversammlung zu gehen.
      Anwohner reichten 190 Vorschläge ein

      In einem ersten Schritt bat man zunächst die Anwohner, Vorschläge für neue Namen einzureichen, kurze Zeit später dann alle Bürger Berlins. Insgesamt gingen etwa 190 Vorschläge ein, über die dann eine elfköpfige Jury beriet. In der saß neben anderen zivilgesellschaftlichen Akteuren auch Tahir Della, als Vertreter der Schwarzen Community. Nach Abstimmung, Prüfung, weiteren Gutachten und Anpassungen standen am Ende die neuen Namen fest, die Personen ehren sollen, die im Widerstand gegen die deutsche Kolonialmacht aktiv waren.

      Die #Lüderitzstraße soll in Zukunft #Cornelius-Fredericks-Straße heißen, der Nachtigalplatz in Manga-Bell-Platz umbenannt werden. Die Petersallee wird in zwei Teilstücke aufgeteilt, die #Anna-Mungunda-Allee und die #Maji-Maji-Allee. So der Beschluss des Bezirksamts und der Bezirksverordnetenversammlung im April 2018. Neue Straßenschilder hängen aber bis heute nicht.

      Was vor allem am Widerstand der Menschen im Viertel liegt. Mehrere Anwohner haben gegen die Umbenennung geklagt, bis es zu einer juristischen Entscheidung kommt, können noch Monate, vielleicht sogar Jahre vergehen.

      Eine Generation will endlich gehört werden

      Auf der einen Seite ziehen sich die Prozesse in die Länge, auf der anderen steigt die Ungeduld. Wenn Tahir Della heute an die jüngsten Proteste im Kontext von „Black Lives Matter“ denkt, sieht er vor allem auch eine jüngere Generation, die endlich gehört werden will. „Ich glaube nicht, dass es gleich nachhaltige politische Prozesse in Gang setzt, wenn die Statue eines Versklavungshändlers im Kanal landet“, sagt Della, „aber es symbolisiert, dass die Leute es leid sind, immer wieder sich und die offensichtlich ungerechten Zustände erklären zu müssen.“

      In Zusammenarbeit mit dem Berliner Peng-Kollektiv, einem Zusammenschluss von Aktivisten aus verschiedenen Bereichen, hat die Initiative kürzlich eine Webseite ins Leben gerufen: www.tearthisdown.com/de. Dort findet sich unter dem Titel „Tear Down This Shit“ eine Deutschlandkarte, auf der alle Orte markiert sind, an denen beispielsweise Straßen oder Plätze noch immer nach Kolonialverbrechern oder Kolonialverbrechen benannt sind. Wie viel Kolonialismus steckt im öffentlichen Raum? Hier wird er sichtbar.

      Bemühungen für eine Umbenennung gibt es seit den Achtzigerjahren

      Es gibt viele Organisationen, die seit Jahren auf eine Aufarbeitung und Auseinandersetzung mit dem Unrecht des Kolonialismus drängen. Zwei davon sitzen im Wedding, im sogenannten Afrikanischen Viertel: EOTO, ein Bildungs- und Empowerment-Projekt, das sich für die Interessen Schwarzer, afrikanischer und afrodiasporischer Menschen in Deutschland einsetzt, und Berlin Postkolonial.

      Einer der Mitbegründer dieses Vereins ist der Historiker Christian Kopp. Zusammen mit seinen Kollegen organisiert er Führungen durch die Nachbarschaft, um über die Geschichte des Viertels aufzuklären. Denn Bemühungen, die drei Straßen umzubenennen, gibt es schon seit den achtziger Jahren.

      Kopp erzählt auch von der erfolgreichen Umbenennung des Gröbenufers in Kreuzberg im Jahr 2010, das seitdem den Namen May-Ayim-Ufer trägt. „Vor zehn Jahren wollte niemand über Kolonialismus reden“, sagt Kopp. Außer man forderte Straßenumbenennungen. „Die Möglichkeit, überhaupt erst eine Debatte über Kolonialismus entstehen zu lassen, die hat sich wohl vor allem durch unsere Umbenennungsforderungen ergeben.“

      Rassismus und Raubkunst

      2018 haben sich CDU und SPD als erste deutsche Bundesregierung überhaupt die „Aufarbeitung des Kolonialismus“ in den Koalitionsvertrag geschrieben. Auch die rot-rot-grüne Landesregierung Berlins hat sich vorgenommen, die Rolle der Hauptstadt in der Kolonialzeit aufzuarbeiten.

      Es wird öffentlich gestritten über das koloniale Erbe des Humboldt-Forums und dem Umgang damit, über die Rückgabe von kolonialer Raubkunst und die Rückführung von Schädeln und Gebeinen, die zu Zwecken rassistischer Forschung einst nach Deutschland geschafft wurden und die bis heute in großer Zahl in Sammlungen und Kellern lagern.

      Auch die Initiative Pro Afrikanisches Viertel hat ihre Positionen im Laufe der vergangenen Jahre immer wieder verändert und angepasst. War man zu Beginn noch strikt gegen eine Umbenennung der Straßen, machte man sich später für eine Umwidmung stark, so wie es 1986 schon mit der Petersallee geschehen ist. Deren Name soll sich nicht mehr auf den Kolonialherren Carl Peters beziehen, sondern auf Hans Peters, Widerstandskämpfer gegen den Nationalsozialismus und Mitglied des Kreisauer Kreises.

      Straßen sollen vorzugsweise nach Frauen benannt werden

      Heute ist man bei der Initiative nicht mehr für die alten Namen. Für die neuen aber auch nicht wirklich. Denn diese würden nicht deutlich genug im Kontext deutscher Kolonialgeschichte stehen, sagt Karina Filusch, Sprecherin der Initiative. Außerdem würden sie sich nicht an die Vorgabe halten, neue Straßen vorzugsweise nach Frauen zu benennen.

      An Cornelius Fredericks störe sie der von den „Kolonialmächten aufoktroyierte Name“. Und Anna Mungunda habe als Kämpferin gegen die Apartheid zu wenig Verbindung zum deutschen Kolonialismus. Allgemein wünsche sie sich einen Perspektivwechsel, so Filusch.

      Ein Perspektivwechsel weg von den weißen Kolonialverbrechern hin zu Schwarzen Widerstandskämpfern, das ist das, was Historiker Kopp bei der Auswahl der neuen Namen beschreibt. Anna Mungunda, eine Herero-Frau, wurde in Rücksprache mit Aktivisten aus der Herero-Community ausgewählt. Fredericks war ein Widerstandskämpfer gegen die deutsche Kolonialmacht im heutigen Namibia.
      Bezirksamt gegen Bürger? Schwarz gegen Weiß?

      Für die einen ist der Streit im Afrikanischen Viertel eine lokalpolitische Auseinandersetzung zwischen einem Bezirksamt und seinen Bürgern, die sich übergangen fühlen. Für die anderen ist er ein Symbol für die nur schleppend vorankommende Auseinandersetzung mit der deutschen Kolonialgeschichte.

      Wie schnell die Dinge in Bewegung geraten können, wenn öffentlicher Druck herrscht, zeigte kürzlich der Vorstoß der Berliner Verkehrsbetriebe. Angesichts der jüngsten Proteste verkündete die BVG, die U-Bahn-Haltestelle Mohrenstraße in Glinkastraße umzutaufen.

      Ein Antisemit, ausgerechnet?

      Der Vorschlag von Della, Kopp und ihren Mitstreitern war Anton-W.-Amo- Straße gewesen, nach dem Schwarzen deutschen Philosophen Anton Wilhelm Amo. Dass die Wahl der BVG zunächst ausgerechnet auf den antisemitischen russischen Komponisten Michail Iwanowitsch Glinka fiel, was viel Kritik auslöste, offenbart für Della ein grundsätzliches Problem: Entscheidungen werden gefällt, ohne mit den Menschen zu reden, die sich seit Jahrzehnten mit dem Thema beschäftigen.

      Am Dienstag dieser Woche ist der Berliner Senat einen wichtigen Schritt gegangen: Mit einer Änderung der Ausführungsvorschriften zum Berliner Straßengesetz hat er die Umbenennung umstrittener Straßennamen erleichtert. In der offiziellen Mitteilung heißt es: „Zukünftig wird ausdrücklich auf die Möglichkeit verwiesen, Straße umzubenennen, wenn deren Namen koloniales Unrecht heroisieren oder verharmlosen und damit Menschen herabwürdigen.“

      https://www.tagesspiegel.de/gesellschaft/petersallee-nachtigalplatz-wenn-strassennamen-zum-problem-werden-419073

  • Abe Foxman : « Si Israël cesse d’être une démocratie, je ne le soutiendrais plus »
    Par Ron Kampeas - 4 décembre 2022 - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/abe-foxman-si-israel-cesse-detre-une-democratie-je-ne-le-soutiendr

    JTA – Abe Foxman, qui fut longtemps à la tête de l’Anti-Defamation League (ADL), avait pour coutume de dire que rien ne pourrait jamais l’éloigner d’Israël.

    (...) Foxman a indiqué que ses inquiétudes reflétaient celles de la communauté juive dans son ensemble, mais qu’il était faisait confiance à Netanyahu pour qu’il ne laisse pas les dirigeants d’Otzma Yehudit, parti extrémiste qui assumera des responsabilités de premier plan dans le futur gouvernement, mener des réformes radicales.

    « Je pense qu’il est assez sensible et intelligent pour avoir conscience des fortes préoccupations des [Juifs américains] », a déclaré Foxman, qui s’est retiré de l’ADL en 2015, après 50 ans de bons et loyaux services.

    Il a notamment évoqué une interview, donnée il y a peu par Netanyahu au journaliste Bari Weiss, dans laquelle il assurait qu’il ne laisserait pas libre cours aux projets des dirigeants des partis extrémistes, Bezalel Smotrich, Itamar Ben Gvir et Avi Maoz en tête.

    Mais Netanyahu a tout de même conclu un accord avec Ben Gvir pour lui donner autorité sur la police israélienne et fait de Maoz, chef du parti homophobe Noam, le responsable de « l’identité juive ». Il a conclu un accord pour nommer Smotrich ministre des Finances.

    Tous ces hommes ont, à un moment ou un autre, déclaré vouloir expulser les Arabes déloyaux à Israël, interdire la Gay pride et priver les Juifs non orthodoxes de certains droits.

    Il se dit que Netanyahu aurait d’ores et déjà accepté de soutenir une réforme pour cesser de reconnaître les conversions non orthodoxes. Tous ces hommes seraient en outre favorables à une limitation des pouvoirs du système judiciaire israélien. (...)

    #ADL #IsraelUSA

  • Artist #Nan_Goldin on addiction and taking on the #Sackler dynasty: ‘I wanted to tell my truth’
    https://www.theguardian.com/artanddesign/2022/dec/04/artist-nan-goldin-addiction-all-beauty-and-bloodshed-sackler-opioid

    Since then, that is in effect what she has done, becoming a high-profile activist who has used her status as an artist to radically change the landscape of the American and European art world. Goldin’s much-publicised war on the billionaire Sackler dynasty, whose company, Purdue Pharma, fuelled the deadly opioid epidemic in America, has resulted in the family’s name being removed from a raft of major galleries and museums, including the Tate, the Louvre and the Guggenheim. For a long time, the Sackler name was a byword for almost unparalleled philanthropy and largesse towards the arts; it is now synonymous with shame and misery on an even grander scale. “If that’s what a group of 12 people can do,” says Goldin, referring to the friends and assistants who form the core of her small, but dramatically effective, organisation, Pain (Prescription Addiction Intervention Now), “then anything is possible.”

    Goldin’s transformation from artist to activist is brilliantly traced in a new documentary feature film, All the Beauty and the Bloodshed, which won the Golden Lion at this year’s Venice film festival. It is directed by Laura Poitras, who is best known for her Academy Award-winning 2014 film Citizenfour, about the American whistleblower Edward Snowden. Poitras deftly weaves Goldin’s activism into the bigger story of her life and art, including the rawly intimate photographic projects such as The Ballad of Sexual Dependency and Sisters, Saints and Sibyls, that reflect how deeply the two are intertwined. From the off, her photography drew directly on her life and her circle of friends: bohemians, transexuals, addicts and fellow self-made artists in her native Boston and later in New York. Her style, often described as diaristic, has been enormously influential and made her one of the world’s most famous photographers, whose work now resides in prestigious museums and collections around the world.

    #purdue_pharma #oxycontin #laura_poitras #addiction

  • Une instance de l’ONU s’inquiète de la « haine raciale » et des « interpellations discriminatoires » par la police en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/02/une-instance-de-l-onu-s-inquiete-de-la-haine-raciale-et-des-interpellations-


    Une petite fille se maquille à l’aide de la vitre d’une cuisinière, dans un campement de Roumains majoritairement roms, près de Nantes, le 21 juin 2022. LOIC VENANCE / AFP

    L’« ampleur » des discours de haine en France, mais aussi les « interpellations discriminatoires » conduites par les forces de l’ordre inquiètent le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD). Ses 18 experts indépendants ont diffusé vendredi 2 décembre une série d’observations et de recommandations après examen de la politique française concernant les minorités du pays.
    Le comité se dit « préoccupé par la persistance et l’ampleur des discours à caractère raciste et discriminatoire, notamment dans les médias et sur Internet », mais aussi par « le discours politique raciste tenu par des responsables politiques » ....

    ce manque de respect pour la France est scandaleux. faudrait peut-être dissoudre - dans l’acide ?- les gauchiasses de l’ONU

    #racisme #police #xénophobie_d'État

    • Les cosmopolites contre la France, suite : Un Comité de l’ONU demande à la France qu’elle poursuive des policiers auteurs d’intimidations en ligne contre Assa Traoré
      https://justpaste.it/b1krq

      (...) venue témoigner à Genève le 15 novembre devant le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale. Elle a été la cible, ensuite, de nombreux messages diffamatoires et menaçants.

      L’ONG International Service for Human Rights (ISHR) a alerté l’ambassadeur de la France auprès de l’ONU, Jérôme Bonnafont (...) elle enjoint la France à protéger Assa Traoré de tout acte d’« intimation et de représailles ».
      ISHR joint à son courrier pas moins d’une trentaine de pages qui répercutent notamment les tweets de deux syndicats de police, le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) et le Syndicat France police-policiers en colère, ainsi que celui du site d’extrême droite Fdesouche.
      Ainsi, dans un tweet du 18 novembre réagissant à la présence de Mme Traoré à Genève et relayant un article de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs ......., le SCPN qualifie Assa Traoré de « militante menteuse et radicalisée qui crache sur la [France] » et déclare qu’elle « ne représente personne sauf un clan criminel familial ». Le Syndicat France police-policiers en colère a relayé le même jour sur le réseau social une photo d’Assa Traoré à Genève, la qualifiant de « sœur du gang Traoré » venue « dégueuler sur la France et la police ». Le site d’extrême droite Fde..... a à son tour commenté la venue de Mme Traoré à Genève, donnant lieu à de nombreuses réactions violentes sur les réseaux sociaux, mêlant un déchaînement d’injures racistes, d’insultes et de menaces.

      De tels événements sont de nature à figurer dans le rapport annuel des Nations unies sur les représailles dont feraient l’objet des personnes en raison de leur coopération avec l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. « Ça fait très mauvais effet de se retrouver comme un Etat qui peut ne pas protéger les personnes qui coopèrent avec les Nations unies, estime Magali Lafourcade, secrétaire générale de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). La France se veut être la patrie de la déclaration de droits de l’homme, il est important pour elle, surtout dans le contexte géopolitique actuel, de prévenir des nouvelles attaques contre Mme Traoré. Quel que soit le positionnement radical de Mme Traoré devant les Nations unies, c’est une question de principe. »

      #Adama_Traoré #Assa_Traoré #intimidations #menaces #syndicats_policiers #extrême_droite

  • 📢 RAPPEL : modification des conditions tarifaires de #Syreli, Procédure de résolution des litiges de l’Afnic à partir du 1er janvier 2023 https://www.afnic.fr/observatoire-ressources/actualites/modification-des-conditions-tarifaires-de-syreli-procedure-de-resolution-des-l

    #PARL #Abus #PointFR #Afnic

    📢 REMINDER : change to the price conditions of #Syreli, the Afnic Alternative dispute resolution procedure as of January 1st, 2023 https://www.afnic.fr/en/observatory-and-resources/news/change-to-the-price-conditions-of-syreli-the-afnic-alternative-dispute-resolut

    #ADR #disputes #dotFR #Afnic

  • Des appareils de #surveillance de #Frontex sont utilisés par les #gardes-côtes_libyens pour intercepter illégalement des migrants

    « Le Monde » a identifié l’origine de sept images aériennes publiées par les gardes-côtes libyens sur leurs pages Facebook. Elles ont été réalisées par des appareils de surveillance de Frontex, et démontrent comment les activités de l’agence européenne facilitent des #interceptions illicites par les Libyens en Méditerranée. Frontex a toujours soutenu ne pas collaborer avec les garde-côtes libyens.

    « Le patrouilleur #Fezzan a porté secours à un chalutier en feu et a sauvé son équipage de huit personnes. » Le 24 août 2021, la page Facebook « Gardes-côtes et sécurité portuaire » publie le bilan d’une opération de sauvetage menée au cours de la journée par les gardes-côtes libyens. Pour l’illustrer, la page publie une photo du chalutier en feu.


    La présence d’informations temporelles et de localisations sur l’image indique qu’il s’agit d’une prise de vue réalisée par un appareil de #surveillance_aérienne, et non par un simple appareil photo. Ce genre d’images, entre 2018 et 2022, les gardes-côtes libyens en ont publié une douzaine, sur différents comptes et réseaux. Sauf que la #Libye n’est pas dotée d’appareils capables de réaliser ces images. Qui en est à l’origine ?

    Pour identifier leur source, Le Monde a recoupé les informations qu’elles contiennent avec des données #ADS-B, un signal émis par les #avions en vol, ainsi qu’avec les journaux de bord de plusieurs ONG actives en Méditerranée, dans les airs ou en mer. Dans le cas du 24 août 2021, par exemple, les informations présentes sur l’image indiquent les coordonnées, l’altitude et l’heure précise à laquelle l’appareil se trouvait lorsqu’il a réalisé cette image. Elles donnent aussi la position approximative du chalutier observé par l’appareil.

    Nous avons reconstitué le trafic aérien au-dessus de la Méditerranée dans la matinée du 24 août 2021. En comparant les parcours des différents appareils avec les données disponibles sur l’image, nous avons ainsi pu identifier un appareil qui se trouvait précisément aux coordonnées et à l’altitude à laquelle la photo a été prise, lorsqu’elle a été réalisée : le #drone AS2132, opéré par Frontex.

    Pour d’autres images, nous avons eu accès aux observations d’ONG, comme SeaWatch ou SOS Méditerranée, consignées dans des journaux de bord. Ceux-ci sont librement accessibles ici. Au total, ce travail nous permet d’affirmer que sur cinq dates différentes les images publiées par les gardes-côtes libyens ont été réalisées par des appareils de Frontex. Au moins une autre l’a été par un appareil de l’#EunavforMed, la force navale européenne en Méditerranée, qui collabore avec Frontex.

    Des interceptions impossibles sans renseignements extérieurs

    Sollicitée, l’agence de garde-frontière l’assure : « il n’y a pas de collaboration entre Frontex et les gardes-côtes libyens », ce qu’affirmait déjà en mars 2021 son ex-directeur Fabrice Leggeri. L’agence précise, en revanche : « Chaque fois qu’un avion de Frontex découvre une embarcation en détresse, une alerte – et une image, le cas échéant – est immédiatement envoyée au centre de coordination des sauvetages régional. L’information envoyée inclut notamment la position, la navigabilité du navire et la probabilité qu’il n’atteigne pas sa destination finale. »

    De fait, dans les cinq cas identifiés par Le Monde, les images de Frontex ont pourtant bien fini entre les mains des gardes-côtes libyens. Et certaines ont vraisemblablement rendu possible l’interception d’embarcations, autrement impossibles à localiser pour les Libyens. Dans le cas du 8 mai 2019, par exemple, l’avion de Frontex découvre une embarcation en route pour l’Europe en Méditerranée centrale. Un contact est établi entre les autorités libyennes et l’agence, mais il n’émet pas de Mayday. Ce message d’urgence aurait pu être capté par tous les avions et navires à proximité à ce moment-là, dont le Mare Jonio, de l’ONG Mediterranea Saving Humans, spécialisé dans le sauvetage. Frontex dit n’envoyer des Maydays que « lorsqu’il existe un danger imminent pour la vie des occupants ».

    Les gardes-côtes libyens retrouvent finalement sans difficulté l’embarcation, pourtant située à plus d’une centaine de kilomètres de leurs côtes. A 17 heures, ils font monter les migrants à bord de leur patrouilleur avant de les rapatrier en Libye. Une interception que les informations de Frontex ont vraisemblablement facilitée, voire rendue possible. Pendant toute la durée de l’opération, l’avion de Frontex continue de survoler la zone, et de filmer la scène. Des images auxquelles les gardes-côtes ont aussi eu accès.

    Frontex souligne que, conformément au règlement européen relatif à la surveillance des #frontières_maritimes_extérieures, ses alertes ne sont pas adressées aux gardes-côtes libyens, mais au « #centre_régional_de_coordination_des_sauvetages (#RCC) [libyen] (…) internationalement reconnu ». Une fois l’alerte envoyée, « Frontex ne coordonne pas les opérations de recherche et de sauvetage (...), c’est la responsabilité des centres de secours régionaux« . Reste à savoir si ce RCC existe réellement. Frontex s’en tient à la position de l’#Organisation_maritime_internationale (#OMI), qui a reconnu officiellement l’existence d’un RCC en 2018.

    Plusieurs enquêtes ont pourtant mis en doute l’existence d’un tel RCC libyen. Derrière les adresses e-mail et les numéros de téléphone du RCC se trouvent en réalité les gardes-côtes, selon les différentes ONG impliquées dans des opérations de sauvetage en mer Méditerranée. Et le 8 novembre 2022, le vice-président de la commission européenne, Josep Borrell, lui-même affirmait : « Le centre de coordination des secours maritime n’est pas encore opérationnel. »

    Parmi les règles européennes, que Frontex dit respecter, figure le principe du non-refoulement : « Nul ne peut être (…) débarqué, forcé à entrer, conduit dans un pays ou autrement remis aux autorités d’un pays où il existe (…) un risque sérieux qu’il soit soumis à la peine de mort, à la torture, à la persécution ou à d’autres peines ou traitements inhumains ou dégradants. » Des situations courantes en Libye, de sorte qu’en 2020 la Commission européenne affirmait que le pays n’était pas un « lieu sûr » vers lequel il serait possible de renvoyer des migrants. Dans un rapport de 2018, l’ONU constatait que « les migrants subissent des horreurs inimaginables en Libye (…). Ils s’exposent à des meurtres extrajudiciaires, à la torture et à des mauvais traitements, à la détention arbitraire (…), au viol (…), à l’esclavage et au travail forcé, à l’extorsion et à l’exploitation ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/23/enquete-comment-des-appareils-de-surveillance-de-frontex-sont-utilises-par-l

    #garde-côtes_libyens #frontières #asile #migrations #Méditerranée #mer_Méditerranée