#Francesco_Sebregondi : « On ne peut pas dissocier les violences policières de la question du racisme »
Après avoir travaillé pour #Forensic_Architecture sur les morts d’#Adama_Traoré et de #Zineb_Redouane, l’architecte #Francesco_Sebregondi a créé INDEX, pour enquêter sur les #violences_d’État et en particulier sur les violences policières en #France et depuis la France. Publié plusieurs semaines avant la mort de Nahel M., cet entretien mérite d’être relu attentivement. Rediffusion d’un entretien du 22 avril 2023
C’est en 2010 que l’architecte, chercheur et activiste Eyal Weizman crée au Goldsmiths College de Londres un groupe de recherche pluridisciplinaire qui fera date : Forensic Architecture. L’Architecture forensique avait déjà fait l’objet d’un entretien dans AOC.
Cette méthode bien particulière avait été créée à l’origine pour enquêter sur les crimes de guerre et les violations des droits humains en utilisant les outils de l’architecture. Depuis, le groupe a essaimé dans différentes parties du monde, créant #Investigative_Commons, une communauté de pratiques rassemblant des agences d’investigation, des activistes, des journalistes, des institutions culturelles, des scientifiques et artistes (la réalisatrice Laura Poitras en fait partie), etc. Fondé par l’architecte Francesco Sebregondi à Paris en 2020, #INDEX est l’une d’entre elles. Entre agence d’expertise indépendante et média d’investigation, INDEX enquête sur les violences d’État et en particulier sur les violences policières en France et depuis la France. Alors que les violences se multiplient dans le cadre des mouvements sociaux, comment « faire en sorte que l’État même s’équipe de mécanismes qui limitent les excès qui lui sont inhérents » ? Si la vérité est en ruines, comment la rétablir ? OR
Vous avez monté l’agence d’investigation INDEX après avoir longtemps travaillé avec Forensic Architecture. Racontez-nous…
Forensic Architecture est né en 2010 à Goldsmiths à Londres. À l’origine, c’était un projet de recherche assez expérimental, pionnier dans son genre, qui cherchait à utiliser les outils de l’architecture pour enquêter sur les violations des #droits_humains et en particulier du droit de la guerre. La période était charnière : avec l’émergence des réseaux sociaux et des smartphones, les images prises par des témoins étaient diffusées très rapidement sur des réseaux souvent anonymes. La quantité d’#images et de #documentation_visuelle disponible commençait à augmenter de manière exponentielle et la démocratisation de l’accès à l’#imagerie_satellitaire permettait de suivre d’un point de vue désincarné l’évolution d’un territoire et les #traces qui s’y inscrivaient. La notion de #trace est importante car c’est ce qui nous relie à la tradition de l’enquête appliquée plus spécifiquement au champ spatial. Les traces que la #guerre laisse dans l’#environnement_urbain sont autant de points de départ pour reconstruire les événements. On applique à ces traces une série de techniques d’analyse architecturale et spatiale qui nous permettent de remonter à l’événement. Les traces sont aussi dans les documents numériques, les images et les vidéos. Une large partie de notre travail est une forme d’archéologie des pixels qui va chercher dans la matérialité même des documents numériques. On peut reconstituer les événements passés, par exemple redéployer une scène en volume, à partir de ses traces numériques en image.
Quels en ont été les champs d’application ?
À partir du travail sur les conflits armés, au sein de Forensic Architecture, on a développé une série de techniques et de recherches qui s’appliquent à une variété d’autres domaines. On commençait à travailler sur les violences aux frontières avec le projet de Lorenzo Pezzani et Charles Zeller sur les bateaux de migrants laissés sans assistance aux frontières méditerranéennes de l’Europe, à des cas de #violences_environnementales ou à des cas de violences policières… L’origine de notre approche dans l’enquête sur des crimes de guerre faisait qu’on avait tendance à porter un regard, depuis notre base à Londres, vers les frontières conflictuelles du monde Occidental. On s’est alors rendus compte que les violences d’État qui avaient lieu dans des contextes plus proches de nous, que ce soit en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Grèce, pouvaient bénéficier d’un éclairage qui mobiliserait les mêmes techniques et approches qu’on avait à l’origine développées pour des situations de conflits armés. Tout cela est en lien assez direct avec la militarisation de la #police un peu partout dans le Nord global, le contexte occidental, que ce soit au niveau des #armes utilisées qu’au niveau des #stratégies employées pour maintenir l’ordre.
La France vous a ensuite semblé être un pays depuis lequel enquêter ?
Je suis revenu vivre en France en 2018 en plein milieu de la crise sociale autour du mouvement des Gilets jaunes et de son intense répression policière. Dès ce moment-là, il m’a semblé important d’essayer d’employer nos techniques d’enquête par l’espace et les images pour éclairer ce qui était en train de se passer. On en parlait aussi beaucoup. En 2020, j’ai dirigé les enquêtes sur la mort d’Adama Traoré et de Zineb Redouane pour le compte de Forensic Architecture depuis la France avec une équipe principalement française. C’était une période d’incubation d’INDEX en quelque sorte. Ces enquêtes ont initié notre travail sur le contexte français en rassemblant des moyens et une équipe locale.
On est aujourd’hui dans un rapport de filiation assez clair avec Forensic Architecture même si INDEX est structurellement autonome. Les deux organisations sont très étroitement liées et entretiennent des relations d’échange, de partage de ressources, etc. Tout comme Forensic Architecture, INDEX est l’une des organisations du réseau international Investigative Commons qui fédère une douzaine de structures d’investigation indépendantes dans différents pays et qui travaillent à l’emploi des techniques d’enquêtes en sources ouvertes dans des contextes locaux.
Il existe donc d’autres structures comme INDEX ?
Elles sont en train d’émerger. On est dans cette phase charnière très intéressante. On passe d’une organisation reconnue comme pionnière dans l’innovation et les nouvelles techniques d’enquête à tout un champ de pratiques qui a encore beaucoup de marge de développement et qui, en se frottant à des contextes locaux ou spécifiques, vient éprouver sa capacité à interpeller l’opinion, à faire changer certaines pratiques, à demander de la transparence et des comptes aux autorités qui se rendent responsables de certaines violences.
On utilise depuis toujours le terme d’enquête dans les sciences humaines et sociales mais l’on voit aujourd’hui que les architectes, les artistes s’en emparent, dans des contextes tous très différents. Qu’est-ce que l’enquête pour INDEX ?
On emploie le terme d’#enquête dans un sens peut-être plus littéral que son usage en sciences humaines ou en recherche car il est question de faire la lumière sur les circonstances d’un incident et d’établir des rapports de causalité dans leur déroulement, si ce n’est de responsabilité. Il y a aussi cette idée de suivre une trace. On travaille vraiment essentiellement sur une matière factuelle. L’enquête, c’est une pratique qui permet de faire émerger une relation, un #récit qui unit une série de traces dans un ensemble cohérent et convaincant. Dans notre travail, il y a aussi la notion d’#expertise. Le nom INDEX est une contraction de « independant expertise ». C’est aussi une référence à la racine latine d’indice. Nous cherchons à nous réapproprier la notion d’expertise, trop souvent dévoyée, en particulier dans les affaires de violences d’État sur lesquelles on travaille.
Vos enquêtes s’appuient beaucoup sur les travaux d’Hannah Arendt et notamment sur Vérité et politique qui date de 1964.
On s’appuie beaucoup sur la distinction que Hannah Arendt fait entre #vérité_de_fait et #vérité_de_raison, en expliquant que les vérités de fait sont des propositions qui s’appuient sur l’extérieur, vérifiables, et dont la valeur de vérité n’est possible qu’en relation avec d’autres propositions et d’autres éléments, en particuliers matériels. La vérité de raison, elle, fait appel à un système de pensée auquel on doit adhérer. C’est à partir de cette distinction qu’Arendt déploie les raisons pour lesquelles #vérité et #politique sont toujours en tension et comment la pratique du politique doit s’appuyer sur une série de vérités de raison, sur l’adhésion d’un peuple à une série de principes que le pouvoir en place est censé incarner. Ainsi, le pouvoir, dépendant de cette adhésion, doit tenir à distance les éléments factuels qui viendraient remettre en cause ces principes. C’est ce qu’on essaye de déjouer en remettant au centre des discussions, au cœur du débat et de l’espace public des vérités de fait, même quand elles sont en friction avec des « #vérités_officielles ».
Du temps d’Hannah Arendt, le politique avait encore les moyens d’empêcher la vérité par le régime du secret. C’est beaucoup moins le cas dans les conditions médiatiques contemporaines : le problème du secret tend à céder le pas au problème inverse, celui de l’excès d’informations. Dans cet excès, les faits et la vérité peuvent se noyer et venir à manquer. On entend alors parler de faits alternatifs, on entre dans la post-vérité, qui est en fait une négation pure et simple de la dimension sociale et partagée de la vérité. Si on veut résister à ce processus, si on veut réaffirmer l’exigence de vérité comme un #bien_commun essentiel à toute société, alors, face à ces défis nouveaux, on doit faire évoluer son approche et ses pratiques. Beaucoup des techniques développées d’abord avec Forensic Architecture et maintenant avec INDEX cherchent à développer une culture de l’enquête et de la #vérification. Ce sont des moyens éprouvés pour mettre la mise en relation de cette masse critique de données pour faire émerger du sens, de manière inclusive et participative autant que possible.
L’#architecture_forensique, même si elle est pluridisciplinaire, s’appuie sur des méthodes d’architecture. En quoi est-ce particulièrement pertinent aujourd’hui ?
L’une des techniques qui est devenue la plus essentielle dans les enquêtes que l’on produit est l’utilisation d’un modèle 3D pour resituer des images et des vidéos d’un événement afin de les recouper entre elles. Aujourd’hui, il y a souvent une masse d’images disponibles d’un événement. Leur intérêt documentaire réside moins dans l’individualité d’une image que sur la trame de relations entre les différentes images. C’est la #spatialisation et la #modélisation en 3D de ces différentes prises de vue qui nous permet d’établir avec précision la trame des images qui résulte de cet événement. Nous utilisons les outils de l’architecture à des fins de reconstitution et de reconstruction plus que de projection, que ce soit d’un bâtiment, d’un événement, etc.
Parce qu’il faut bien rappeler que vos enquêtes sont toujours basées sur les lieux.
L’environnement urbain est le repère clé qui nous permet de resituer l’endroit où des images ont été prises. Des détails de l’environnement urbain aussi courants qu’un passage piéton, un banc public, un kiosque à journaux ou un abribus nous permettent de donner une échelle pour reconstituer en trois dimensions où et comment une certaine scène s’est déroulée. Nous ne considérons pas l’architecture comme la pratique responsable de la production de l’environnement bâti mais comme un champ de connaissance dont la particularité est de mettre en lien une variété de domaines de pensées et de savoirs entre eux. Lorsqu’on mobilise l’architecture à des fins d’enquête, on essaye de faire dialoguer entre elles toute une série de disciplines. Nos équipes mêmes sont très interdisciplinaires. On fait travailler des vidéastes, des ingénieurs des matériaux, des juristes… le tout pour faire émerger une trame narrative qui soit convaincante et qui permette de resituer ce qui s’est passé autour de l’évènement sous enquête.
L’historienne Samia Henni qui enseigne à Cornell University aux États-Unis, et qui se considère « historienne des environnements bâtis, détruits et imaginés », dit qu’apprendre l’histoire des destructions est aussi important que celles des constructions, en raison notamment du nombre de situations de conflits et de guerres sur la planète. Quand on fait du projet d’architecture, on se projette en général dans l’avenir. En ce qui vous concerne, vous remodélisez et reconstituez des événements passés, souvent disparus. Qu’est-ce que ce rapport au temps inversé change en termes de représentations ?
Je ne suis pas sûr que le rapport au temps soit inversé. Je pense que dans la pratique de l’enquête, c’est toujours l’avenir qui est en jeu. C’est justement en allant chercher dans des événements passés, en cherchant la manière précise dont ils se sont déroulés et la spécificité d’une reconstitution que l’on essaye de dégager les aspects structurels et systémiques qui ont provoqué cet incident. En ce sens, ça nous rapproche peut-être de l’idée d’#accident de Virilio, qui est tout sauf imprévisible.
L’enjeu concerne l’avenir. Il s’agit de montrer comment certains incidents ont pu se dérouler afin d’interpeller, de demander des comptes aux responsables de ces incidents et de faire en sorte que les conditions de production de cette #violence soient remises en question pour qu’elle ne se reproduise pas. Il s’agit toujours de changer les conditions futures dans lesquelles nous serons amenés à vivre ensemble, à habiter, etc. En cela je ne pense pas que la flèche du temps soit inversée, j’ai l’impression que c’est très proche d’une pratique du projet architectural assez classique.
Vous utilisez souvent le terme de « violences d’État ». Dans une tribune de Libération intitulée « Nommer la violence d’État » en 2020, encore d’actualité ces temps-ci, l’anthropologue, sociologue et médecin Didier Fassin revenait sur la rhétorique du gouvernement et son refus de nommer les violences policières. Selon lui, « ne pas nommer les violences policières participe précisément de la violence de l’État. » Il y aurait donc une double violence. Cette semaine, l’avocat Arié Alimi en parlait aussi dans les colonnes d’AOC. Qu’en pensez-vous ?
Je partage tout à fait l’analyse de Didier Fassin sur le fait que les violences d’État s’opèrent sur deux plans. Il y a d’une part la violence des actes et ensuite la violence du #déni des actes. Cela fait le lien avec l’appareil conceptuel développé par Hannah Arendt dans Vérité et politique. Nier est nécessaire pour garantir une forme de pouvoir qui serait remise en question par des faits qui dérangent. Cela dit, il est important de constamment travailler les conditions qui permettent ou non de nommer et surtout de justifier l’emploi de ces termes.
Vous utilisez le terme de « violences d’État » mais aussi de « violences policières » de votre côté…
Avec INDEX, on emploie le terme de « violences d’État » parce qu’on pense qu’il existe une forme de continuum de violence qui s’opère entre violences policières et judiciaires, le déni officiel et l’#impunité de fait étant des conditions qui garantissent la reproduction des violences d’État. Donc même si ce terme a tendance à être perçu comme particulièrement subversif – dès qu’on le prononce, on tend à être étiqueté comme militant, voire anarchiste –, on ne remet pas forcément en question tout le système d’opération du pouvoir qu’on appelle l’État dès lors qu’on dénonce ses violences. On peut évoquer Montesquieu : « Le #pouvoir arrête le pouvoir ». Comment faire en sorte que l’État même s’équipe de mécanismes qui limitent les excès qui lui sont inhérents ? Il s’agit a minima d’interpeller l’#opinion_publique sur les pratiques de l’État qui dépassent le cadre légal ; mais aussi, on l’espère, d’alimenter la réflexion collective sur ce qui est acceptable au sein de nos sociétés, au-delà la question de la légalité.
Ce que je voulais dire c’est que Forensic Architecture utilise le terme de « violences d’État » ou de « crimes » dans un sens plus large. Sur le site d’INDEX, on trouve le terme de « violences policières » qui donne une information sur le cadre précis de vos enquêtes.
On essaye d’être le maillon d’une chaîne. Aujourd’hui, on se présente comme une ONG d’investigation qui enquête sur les violences policières en France. Il s’agit d’être très précis sur le cadre de notre travail, local, qui s’occupe d’un champ bien défini, dans un contexte particulier. Cela reflète notre démarche : on est une petite structure, avec peu de moyens. En se spécialisant, on peut faire la lumière sur une série d’incidents, malheureusement récurrents, mais en travaillant au cœur d’un réseau déjà constitué et actif en France qui se confronte depuis plusieurs décennies aux violences d’État et aux violences policières plus particulièrement. En se localisant et étant spécifique, INDEX permet un travail de collaboration et d’échanges beaucoup plus pérenne et durable avec toute une série d’acteurs et d’actrices d’un réseau mobilisé autour d’un problème aussi majeur que l’usage illégitime de la force et de la violence par l’État. Limiter le cadre de notre exercice est une façon d’éprouver la capacité de nos techniques d’enquête et d’intervention publique à véritablement amorcer un changement dans les faits.
On a parfois l’impression que la production des observateurs étrangers est plus forte, depuis l’extérieur. Quand la presse ou les observateurs étrangers s’emparent du sujet, ils prennent tout de suite une autre ampleur. Qu’en pensez-vous ?
C’est sûr que la possibilité de projeter une perspective internationale sur un incident est puissante – je pense par exemple à la couverture du désastre du #maintien_de_l’ordre lors de la finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France qui a causé plus d’embarras aux représentants du gouvernement que si le scandale s’était limité à la presse française –, mais en même temps je ne pense pas qu’il y ait véritablement un gain à long terme dans une stratégie qui viserait à créer un scandale à l’échelle internationale. Avec INDEX, avoir une action répétée, constituer une archive d’enquêtes où chacune se renforce et montre le caractère structurel et systématique de l’exercice d’une violence permet aussi de sortir du discours de l’#exception, de la #bavure, du #dérapage. Avec un travail au long cours, on peut montrer comment un #problème_structurel se déploie. Travailler sur un tel sujet localement pose des problèmes, on a des difficultés à se financer comme organisation. Il est toujours plus facile de trouver des financements quand on travaille sur des violations des droits humains ou des libertés fondamentales à l’étranger que lorsqu’on essaye de le faire sur place, « à la maison ». Cela dit, on espère que cette stratégie portera ses fruits à long terme.
Vous avez travaillé avec plusieurs médias français : Le Monde, Libération, Disclose. Comment s’est passé ce travail en commun ?
Notre pratique est déjà inter et pluridisciplinaire. Avec Forensic Architecture, on a souvent travaillé avec des journalistes, en tant que chercheurs on est habitués à documenter de façon très précise les éléments sur lesquels on enquête puis à les mettre en commun. Donc tout s’est bien passé. Le travail très spécifique qu’on apporte sur l’analyse des images, la modélisation, la spatialisation, permet parfois de fournir des conclusions et d’apporter des éléments que l’investigation plus classique ne permet pas.
Ce ne sont pas des compétences dont ces médias disposent en interne ?
Non mais cela ne m’étonnerait pas que ça se développe. On l’a vu avec le New York Times. Les premières collaborations avec Forensic Architecture autour de 2014 ont contribué à donner naissance à un département qui s’appelle Visual Investigations qui fait maintenant ce travail en interne de façon très riche et très convaincante. Ce sera peut-être aussi l’avenir des rédactions françaises.
C’est le cas du Monde qui a maintenant une « cellule d’enquête vidéo ».
Cela concerne peut-être une question plus générale : ce qui constitue la valeur de vérité aujourd’hui. Les institutions qui étaient traditionnellement les garantes de vérité publique sont largement remises en cause, elles n’ont plus le même poids, le même rôle déterminant qu’il y a cinquante ans. Les médias eux-mêmes cherchent de nouvelles façons de convaincre leurs lecteurs et lectrices de la précision, de la rigueur et de la dimension factuelle de l’information qu’ils publient. Aller chercher l’apport documentaire des images et en augmenter la capacité de preuve et de description à travers les techniques qu’on emploie s’inscrit très bien dans cette exigence renouvelée et dans ce nouveau standard de vérification des faits qui commence à s’imposer et à circuler. Pour que les lecteurs leur renouvellent leur confiance, les médias doivent aujourd’hui s’efforcer de convaincre qu’ils constituent une source d’informations fiables et surtout factuelles.
J’aimerais que l’on parle du contexte très actuel de ces dernières semaines en France. Depuis le mouvement contre la réforme des retraites, que constatez-vous ?
On est dans une situation où les violences policières sont d’un coup beaucoup plus visibles. C’est toujours un peu pareil : les violences policières reviennent au cœur de l’actualité politique et médiatique au moment où elles ont lieu dans des situations de maintien de l’ordre, dans des manifestations… En fait, quand elles ne touchent plus seulement des populations racisées et qu’elles ne se limitent plus aux quartiers populaires.
C’est ce que disait Didier Fassin dans le texte dont nous parlions à l’instant…
Voilà. On ne parle vraiment de violences policières que quand elles touchent un nombre important de personnes blanches. Pendant la séquence des Gilets jaunes, c’était la même dynamique. C’est à ce moment-là qu’une large proportion de la population française a découvert les violences policières et les armes dites « non létales », mais de fait mutilantes, qui sont pourtant quotidiennement utilisées dans les #quartiers_populaires depuis des décennies. Je pense qu’il y a un problème dans cette forme de mobilisation épisodique contre les violences policières parce qu’elle risque aussi, par manque de questionnements des privilèges qui la sous-tendent, de reproduire passivement des dimensions de ces mêmes violences. Je pense qu’au fond, on ne peut pas dissocier les violences policières de la question du racisme en France.
Il me semble aussi qu’il faut savoir saisir la séquence présente où circulent énormément d’images très parlantes, évidentes, choquantes de violences policières disproportionnées, autour desquelles tout semblant de cadre légal a sauté, afin de justement souligner le continuum de cette violence, à rebours de son interprétation comme « flambée », comme exception liée au mouvement social en cours uniquement. Les enquêtes qu’on a publiées jusqu’ici ont pour la plupart porté sur des formes de violences policières banalisées dans les quartiers populaires : tirs sur des véhicules en mouvement, situations dites de « refus d’obtempérer », usages de LBD par la BAC dans une forme de répression du quotidien et pas d’un mouvement social en particulier. Les séquences que l’on vit actuellement doivent nous interpeller mais aussi nous permettre de faire le lien avec la dimension continue, structurelle et discriminatoire de la violence d’État. On ne peut pas d’un coup faire sauter la dimension discriminatoire des violences policières et des violences d’État au moment où ses modes opératoires, qui sont régulièrement testés et mis au point contre des populations racisées, s’abattent soudainement sur une population plus large.
Vous parlez des #violences_systémiques qui existent, à une autre échelle…
Oui. On l’a au départ vu avec les Gilets jaunes lorsque les groupes #BAC ont été mobilisés. Ces groupes sont entraînés quotidiennement à faire de la #répression dans les quartiers populaires. C’est là-bas qu’ils ont développé leurs savoirs et leurs pratiques particulières, très au contact, très agressives. C’est à cause de cet exercice quotidien et normalisé des violences dans les quartiers populaires que ces unités font parler d’elles quand elles sont déployées dans le maintien de l’ordre lors des manifestations. On le voit encore aujourd’hui lors de la mobilisation autour de la réforme des retraites, en particulier le soir. Ces situations évoluent quotidiennement donc je n’ai pas toutes les dernières données mais la mobilisation massive des effectifs de police – en plus de la #BRAV-M [Brigades de répression des actions violentes motorisées] on a ajouté les groupes BAC –, poursuivent dans la logique dite du « contact » qui fait souvent beaucoup de blessés avec les armes utilisées.
Avez-vous été sollicités ces temps-ci pour des cas en particulier ?
Il y aura tout un travail à faire à froid, à partir de la quantité d’images qui ont émergé de la répression et en particulier des manifestations spontanées. Aujourd’hui, les enjeux ne me semblent pas concerner la reconstitution précise d’un incident mais plutôt le traitement et la confrontation de ces pratiques dont la documentation montre le caractère systémique et hors du cadre légal de l’emploi de la force. Cela dit, on suit de près les blessures, dont certaines apparemment mutilantes, relatives à l’usage de certaines armes dites « non létales » et en particulier de #grenades qui auraient causé une mutilation ici, un éborgnement là… Les données précises émergent au compte-goutte…
On a beaucoup entendu parler des #grenades_offensives pendant le mouvement des Gilets jaunes. Le ministère de l’Intérieur et le gouvernement ont beaucoup communiqué sur le fait que des leçons avaient été tirées depuis, que certaines des grenades le plus souvent responsables ou impliquées dans des cas de mutilation avaient été interdites et que l’arsenal avait changé. En fait, elles ont été remplacées par des grenades aux effets quasi-équivalents. Aujourd’hui, avec l’escalade du mouvement social et de contestation, les mêmes stratégies de maintien de l’ordre sont déployées : le recours massif à des armes de l’arsenal policier. Le modèle de grenade explosive ou de #désencerclement employé dans le maintien de l’ordre a changé entre 2018 et 2023 mais il semblerait que les #blessures et les #mutilations qui s’ensuivent perdurent.
À la suite des événements de Sainte-Soline, beaucoup d’appels à témoins et à documents visuels ont circulé sur les réseaux sociaux. Il semblerait que ce soit de plus en plus fréquent.
Il y a une prise de conscience collective d’un potentiel – si ce n’est d’un pouvoir – de l’image et de la documentation. Filmer et documenter est vraiment devenu un réflexe partagé dans des situations de tension. J’ai l’impression qu’on est devenus collectivement conscients de l’importance de pouvoir documenter au cas où quelque chose se passerait. Lors de la proposition de loi relative à la sécurité globale, on a observé qu’il y avait un véritable enjeu de pouvoir autour de ces images, de leur circulation et de leur interprétation. Le projet de loi visait à durcir l’encadrement pénal de la capture d’image de la police en action. Aujourd’hui, en voyant le niveau de violence déployée alors que les policiers sont sous les caméras, on peut vraiment se demander ce qu’il se passerait dans la rue, autour des manifestations et du mouvement social en cours si cette loi était passée, s’il était illégal de tourner des images de la police.
En tant que praticiens de l’enquête en source ouverte, on essaye de s’articuler à ce mouvement spontané et collectif au sein de la société civile, d’utiliser les outils qu’on a dans la poche, à savoir notre smartphone, pour documenter de façon massive et pluri-perspective et voir ce qu’on peut en faire, ensemble. Notre champ de pratique n’existe que grâce à ce mouvement. La #capture_d’images et l’engagement des #témoins qui se mettent souvent en danger à travers la prise d’images est préalable. Notre travail s’inscrit dans une démarche qui cherche à en augmenter la capacité documentaire, descriptive et probatoire – jusqu’à la #preuve_judiciaire –, par rapport à la négociation d’une vérité de fait autour de ces évènements.
Le mouvement « La Vérité pour Adama », créé par sa sœur suite à la mort d’Adama Traoré en 2016, a pris beaucoup d’ampleur au fil du temps, engageant beaucoup de monde sur l’affaire. Vous-mêmes y avez travaillé…
La recherche de la justice dans cette appellation qui est devenue courante parmi les différents comités constitués autour de victimes est intéressante car elle met en tension les termes de vérité et de justice et qu’elle appelle, implicitement, à une autre forme de justice que celle de la #justice_institutionnelle.
Notre enquête sur la mort d’Adama Traoré a été réalisée en partenariat avec Le Monde. À la base, c’était un travail journalistique. Il ne s’agit pas d’une commande du comité et nous n’avons pas été en lien. Ce n’est d’ailleurs jamais le cas au moment de l’enquête. Bien qu’en tant qu’organisation, INDEX soit solidaire du mouvement de contestation des abus du pouvoir policier, des violences d’État illégitimes, etc., on est bien conscients qu’afin de mobiliser efficacement notre savoir et notre expertise, il faut aussi entretenir une certaine distance avec les « parties » – au sens judiciaire –, qui sont les premières concernées dans ces affaires, afin que notre impartialité ne soit pas remise en cause. On se concentre sur la reconstitution des faits et pas à véhiculer un certain récit des faits.
Le comité « La Vérité pour Adama » avait commencé à enquêter lui-même…
Bien sûr. Et ce n’est pas le seul. Ce qui est très intéressant autour des #comités_Vérité_et_Justice qui émergent dans les quartiers populaires autour de victimes de violences policières, c’est qu’un véritable savoir se constitue. C’est un #savoir autonome, qu’on peut dans de nombreux cas considérer comme une expertise, et qui émerge en réponse au déni d’information des expertises et des enquêtes officielles. C’est parce que ces familles sont face à un mur qu’elles s’improvisent expertes, mais de manière très développée, en mettant en lien toute une série de personnes et de savoirs pour refuser le statu quo d’une enquête qui n’aboutit à rien et d’un non-lieu prononcé en justice. Pour nous, c’est une source d’inspiration. On vient prolonger cet effort initial fourni par les premiers et premières concernées, d’apporter, d’enquêter et d’expertiser eux-mêmes les données disponibles.
Y a-t-il encore une différence entre images amateures et images professionnelles ? Tout le monde capte des images avec son téléphone et en même temps ce n’est pas parce que les journalistes portent un brassard estampillé « presse » qu’ils et elles ne sont pas non plus victimes de violences. Certain·es ont par exemple dit que le journaliste embarqué Rémy Buisine avait inventé un format journalistique en immersion, plus proche de son auditoire. Par rapport aux médias, est-ce que quelque chose a changé ?
Je ne voudrais pas forcément l’isoler. Rémy Buisine a été particulièrement actif pendant le mouvement des Gilets jaunes mais il y avait aussi beaucoup d’autres journalistes en immersion. La condition technique et médiatique contemporaine permet ce genre de reportage embarqué qui s’inspire aussi du modèle des reporters sur les lignes de front. C’est intéressant de voir qu’à travers la militarisation du maintien de l’ordre, des modèles de journalisme embarqués dans un camp ou dans l’autre d’un conflit armé se reproduisent aujourd’hui.
Avec la dimension du direct en plus…
Au-delà de ce que ça change du point de vue de la forme du reportage, ce qui pose encore plus question concerne la porosité qui s’est établie entre les consommateurs et les producteurs d’images. On est dans une situation où les mêmes personnes qui reçoivent les flux de données et d’images sont celles qui sont actives dans leur production. Un flou s’opère dans les mécanismes de communication entre les pôles de production et de réception. Cela ouvre une perspective vers de formes nouvelles de circulation de l’information, de formes beaucoup plus inclusives et participatives. C’est déjà le cas. On est encore dans une phase un peu éparse dans laquelle une culture doit encore se construire sur la manière dont on peut interpréter collectivement des images produites collectivement.
▻https://aoc.media/entretien/2023/08/11/francesco-sebregondi-on-ne-peut-pas-dissocier-les-violences-policieres-de-la-
#racisme #violences_policières
ping @karine4
Adama : République, pas Beaumont-sur-Oise cette année | AFP | 08.07.23
▻https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/080723/marches-de-deuil-et-colere-contre-les-violences-policieres-samedi-en-franc
Sept ans après la mort d’Adama Traoré, jeune homme noir décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016, une marche commémorative était prévue samedi après-midi à Persan et Beaumont-sur-Oise, au nord de Paris. Mais le préfet du Val-d’Oise l’a interdite jeudi et sa décision a été confirmée vendredi soir par la justice administrative, saisie en urgence par la soeur aînée d’Adama, Assa Traoré.
Les juges des référés ont motivé leur décision par « le contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel », 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris. Ces derniers « ont estimé que, bien que les violences aient diminué ces derniers jours, leur caractère extrêmement récent ne permet de présumer que tout risque de trouble à l’ordre public ait disparu », a fait valoir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
La préfecture a demandé « aux organisateurs de bien vouloir respecter cette décision de justice et d’appeler publiquement à ne pas se rendre sur les lieux ». Dans un message vidéo diffusé sur Twitter, Assa Traoré a confirmé qu’« il n’y aura pas de marche (samedi) à Beaumont-sur-Oise ».
[Et d’ajouter :] « Le gouvernement a décidé de mettre de l’huile sur le feu » et « de ne pas respecter la mort de mon petit frère », a-t-elle accusé, évoquant « un manque de respect total » et qualifiant de « prétexte » l’argument brandi par le préfet d’une pénurie de forces de l’ordre pour sécuriser le cortège.
Assa Traoré a indiqué qu’elle serait présente « samedi à 15h00 place de la République » pour crier « au monde entier que nos morts ont le droit d’exister, même dans la mort ». Elle n’a toutefois pas directement appelé ses soutiens à la rejoindre, ce qui aurait pu être assimilé à l’organisation d’une manifestation sauvage [ciel !].
]]>@Youbrak
▻https://twitter.com/Youbrak/status/1676902437599191041
Une provocation inadmissible !
La préfecture souhaite interdire la marche Adama VII ! Ils prennent cette décision suite à la publication de l’appel unitaire des forces de gauche. C’est une décision politique pour empêcher la solidarité avec les habitants des quartiers populaires !
@Prefet95
▻https://twitter.com/Prefet95/status/1676893637446172672
Compte tenu des violences survenues les jours passés et face au risque de débordements et de troubles à l’ordre public que l’évènement peut susciter, #préfet95 a informé le comité « Vérité pour Adama » qu’il envisage d’interdire la marche, le rassemblement et le concert prévus le samedi 8 juillet 2023 à Persan et à Beaumont.
]]>Au nom de la « laïcité », Valérie Pécresse veut renommer le lycée Angela-Davis
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/280323/au-nom-de-la-laicite-valerie-pecresse-veut-renommer-le-lycee-angela-davis
La présidente de la région Île-de-France doit faire voter mercredi le changement de nom du lycée Angela-Davis de Saint-Denis, qui serait rebaptisé Rosa-Parks. La droite régionale reproche notamment à la militante américaine sa défense des femmes voilées en 2013.
]]>Une instance de l’ONU s’inquiète de la « haine raciale » et des « interpellations discriminatoires » par la police en France
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/02/une-instance-de-l-onu-s-inquiete-de-la-haine-raciale-et-des-interpellations-
L’« ampleur » des discours de haine en France, mais aussi les « interpellations discriminatoires » conduites par les forces de l’ordre inquiètent le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD). Ses 18 experts indépendants ont diffusé vendredi 2 décembre une série d’observations et de recommandations après examen de la politique française concernant les minorités du pays.
Le comité se dit « préoccupé par la persistance et l’ampleur des discours à caractère raciste et discriminatoire, notamment dans les médias et sur Internet », mais aussi par « le discours politique raciste tenu par des responsables politiques » ....
ce manque de respect pour la France est scandaleux. faudrait peut-être dissoudre - dans l’acide ?- les gauchiasses de l’ONU
]]>#Eyal_Weizman : « Il n’y a pas de #science sans #activisme »
Depuis une dizaine d’années, un ensemble de chercheurs, architectes, juristes, journalistes et artistes développent ce qu’ils appellent « l’architecture forensique ». Pour mener leurs enquêtes, ils mettent en œuvre une technologie collaborative de la vérité, plus horizontale, ouverte et surtout qui constitue la vérité en « bien commun ». Eyal Weizman en est le théoricien, son manifeste La Vérité en ruines a paru en français en mars dernier.
▻https://aoc.media/entretien/2021/08/06/eyal-weizman-il-ny-a-pas-de-science-sans-activisme-2
#recherche #architecture_forensique #forensic_architecture #vérité #preuve #preuves #régime_de_preuves #spatialisation #urbanisme #politique #mensonges #domination #entretien #interview #espace #architecture #preuves_architecturales #cartographie #justice #Palestine #Israël #Cisjordanie #Gaza #images_satellites #contre-cartographie #colonialisme #Etat #contrôle #pouvoir #contre-forensique #contre-expertise #signaux_faibles #co-enquête #positionnement_politique #tribunal #bien_commun #Adama_Traoré #Zineb_Redouane #police #violences_policières #Rodney_King #Mark_Duggan #temps #Mark_Duggan #Yacoub_Mousa_Abu_Al-Qia’an #Harith_Augustus #fraction_de_seconde #racisme #objectivité #impartialité #faits #traumatisme #mémoire #architecture_de_la_mémoire #Saidnaya #tour_Grenfell #traumatisme #seuil_de_détectabilité #détectabilité #dissimulation #créativité #art #art_et_politique
]]>Trois des gendarmes mis en cause dans le décès d’Adama Traoré ont été décorés pour l’avoir interpellé - Mediapart
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/160721/trois-des-gendarmes-mis-en-cause-dans-le-deces-d-adama-traore-ont-ete-deco
Trois gendarmes ont été décorés pour avoir participé à l’interpellation d’Adama Traoré, au cours de laquelle il est décédé le 16 juillet 2016. « Cette décoration déshonore toute l’institution de la gendarmerie nationale », dénonce l’avocat de la famille, Me Yassine Bouzrou.
Alors que l’instruction est toujours en cours et qu’ils ont été auditionnés par les enquêteurs, en tant qu’auteurs de l’interpellation, Romain F., Arnaud G. et Mathias U. ont reçu le 5 septembre 2019 la décoration de la « citation sans croix simple à l’ordre du régiment » pour être « parvenus » à « localiser et interpeller » Adama Traoré le 19 juillet 2016 et pour avoir fait preuve « en la circonstance, d’un engagement remarquable et d’une détermination sans faille qui font honneur à la gendarmerie nationale ». Nulle trace au Journal officiel de ce type de récompense dont l’existence figure en revanche dans le dossier administratif des trois gendarmes, remis depuis aux enquêteurs.
Cette récompense leur a été décernée alors même que, quelques mois auparavant, en avril 2019, les juges d’instruction avaient relancé l’enquête en ordonnant une nouvelle expertise médicale et l’audition de plusieurs témoins.
Décidée par le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), cette décoration récompense habituellement un gendarme pour un service exceptionnel, un acte de bravoure au cours duquel il a dû affronter un danger. Elle peut être suivie d’une prime annuelle de 500 euros.
« Cette décoration est remise, par exemple, pour un militaire qui a sauvé une personne de la noyade », précise, auprès de Mediapart, un haut gradé de la gendarmerie. « Le message lancé par le DGGN de l’époque, Richard Lizurey, pose problème alors que l’enquête est toujours en cours », conclut-il.
D’autant que les trois gendarmes ont participé de très près à l’arrestation du jeune homme. Auditionné par les enquêteurs, l’un d’entre eux, Romain F., a reconnu qu’ils « se trouvai[ent] à trois dessus pour le maîtriser. [Adama Traoré] a pris le poids de [leurs] trois corps sur lui ». C’est au cours de ce plaquage ventral que le jeune homme montre les premiers signes de détresse respiratoire. Pour autant, et malgré ces signes d’asphyxie, les gendarmes ne lui viennent pas en aide mais le transportent menotté dans la caserne de Persan.
À leur arrivée dans la cour de la caserne, les pompiers trouvent Adama Traoré allongé sur le ventre, menotté et inconscient. Il n’a pas été mis en position latérale de sécurité et les secours doivent insister auprès des gendarmes pour que les menottes lui soient retirées afin de lui porter secours, ainsi que l’a expliqué le chef des pompiers aux enquêteurs.
La décoration des trois gendarmes livre une version mensongère des faits. Selon l’ancien DGGN, ils auraient fait face à un individu « auteur de violences sur agent de la force publique », alors même qu’il est acté par les enquêteurs qu’Adama Traoré n’a commis aucune violence à l’égard des gendarmes.
Pire, les militaires décorés le seraient pour avoir procédé « immédiatement à la surveillance des constantes vitales jusqu’à l’arrivée des secours ». Faits largement démentis par le chef des pompiers.
]]>« Nous voulons exprimer ici notre solidarité avec les universitaires français », par #Angela_Davis, #Gayatri_Spivak, #Achille_Mbembe...
Dans une tribune que nous publions en exclusivité, des intellectuels du monde entier, dont l’américaine Angela Davis, l’indienne Gayatri Spivak ou le camerounais Achille Mbembe, dénoncent les #attaques de Frédérique Vidal.
Nous voulons ici exprimer notre solidarité avec les universitaires, activistes et d’autres producteurs de savoir, qui, en France sont visés par les déclarations faites en février 2021 par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elle y dénonce « l’#islamo-gauchisme » et son effet de « #gangrène » sur la France, et appelle à une enquête au sein du CNRS et de l’université. Les travaux en question analysent et critiquent le #colonialisme et le #racisme, et soutiennent des projets décoloniaux, antiracistes et anti-islamophobes au sein de l’académie comme dans l’espace commun. Les déclarations de Vidal montrent l’embarras de l’État devant ces défis, et, partant, la volonté de les réprimer plutôt que de s’y intéresser.
Les intentions de l’État apparaissent dans le langage utilisé. Le terme relativement nouveau d’« islamo-gauchisme » reflète une convergence beaucoup plus ancienne d’#idéologies de droite, coloniales et racistes opposées aux luttes anticoloniales, anti-islamophobes et antiracistes.
Vidal affirme que la critique anticoloniale, décoloniale et postcoloniale, antiraciste, anti-islamophobie, l’#intersectionnalité, ainsi que les analyses féministes et queer décoloniales, sont des importations étrangères depuis les universités américaines.
Une image blanchie de la République
Elle ignore que la théorie décoloniale s’est développée à #Abya_Yala (Amérique latine), la théorie postcoloniale en #Inde, et que les femmes et les queers dans les luttes anticoloniales et antiracistes ont toujours pensé aux liens entre toutes ces #relations_de_pouvoir. Vidal oublie également que la théorie postcoloniale et décoloniale est redevable aux travaux antérieurs d’auteurs francophones racisés et du sud, tels que #Frantz_Fanon, #Aimé_Césaire et d’autres.
Ce faux récit et ces actes de #répression retirent effectivement la France d’un débat mondial animé et urgent. Ils soumettent les universitaires racisé.e.s - déjà peu nombreux.ses et marginalisé.e.s - qui produisent des études critiques sur le colonialisme, l’#islamophobie, le #racisme_anti-noir, etc., ainsi que leurs allié.e.s, à des risques encore plus importants.
L’attaque contre les universitaires et activistes progressistes et radicaux cherche à tout prix à préserver « l’#exceptionnalisme_français » et une image blanchie de la République lavée des vérités qui dérangent. Il s’agit notamment du fait que la #France reste une #puissance_coloniale (par exemple à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, aux Iles des Saintes, la Désirade, Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, etc.), et néocoloniale en termes de relations économiques, politiques et militaires avec les anciennes colonies.
Cette #mentalité_coloniale se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyen.ne.s et des immigré.e.s racisé.e.s, comme en témoignent des mesures comme la dissolution du #CCIF (#Collectif_contre_l’islamophobie_en _France), et un ensemble de #lois telles que : la loi contre le port du voile ; les lois sur l’immigration ; la loi islamophobe contre le « #séparatisme » qui menace toutes les formes d’autonomie ; le projet de loi en cours d’adoption sur la « sécurité globale », qui légaliserait et institutionnaliserait la surveillance de masse, y compris au moyen de drones ; la loi interdisant de filmer les brutalités policières ; la loi (maintenant abrogée) qui exigeait que le #colonialisme ne soit enseigné que comme le décidait l’État ; lois antiterroristes abusives et discriminatoires ; et d’autres. Ces mesures visent à « intégrer » de force les populations suspectes dans des rôles de subordonnés au sein de la société française.
Lois répressives et enquêtes internes
C’est précisément la critique de cette #histoire_coloniale, de ce qui s’en perpétue, avec le racisme, et l’islamophobie, que l’État souhaite censurer et rendre invisible.
Une partie de la gauche blanche, ainsi que des féministes qui ne font aucune analyse anticoloniale, anti-islamophobe et antiraciste, sont également des complices de l’#invisibilisation de l’#oppression_coloniale et du #racisme, en fournissant des #rationalisations_idéologiques au #racisme_structurel porté également par l’État. Cela aussi montre l’incohérence du terme « islamo-gauchisme ».
La répression en France n’est pas isolée. Au Brésil, en Turquie, en Hongrie, en Pologne, aux États-Unis, en Inde et dans d’autres pays, nous assistons à la montée de la #répression_du_savoir, des études, et de mouvements sociaux critiques par des gouvernements néolibéraux, de droite et autoritaires.
Mais partout où il y a de la répression, il y a également des formes de #résistance en réseau avec des chaînes mondiales de solidarité.
La déclaration de Vidal et l’enquête envisagée sont apparues dans un contexte où, à la fois à l’université et dans les rues, s’est exprimée énergiquement la volonté de lutter contre l’#injustice_coloniale, raciale et économique. Par exemple, en France, les manifestations pour la défense d’#Adama_Traoré, et d’autres manifestations antiracistes dans le monde après le meurtre de George Floyd sont des formes courageuses d’#engagement qui ne peuvent qu’inquiéter Vidal et tous ceux qui l’encouragent et la soutiennent. Les lois répressives et les enquêtes n’arrêteront ni cette production de savoir, ni ces recherches, ni ces mouvements.
En tant que chercheurs et activistes internationaux, nous nous engageons à être solidaires de nos homologues de France. Nous nous engageons à suivre attentivement la situation, à faire connaître les cas de répression à l’échelle mondiale, à inviter ceux qui sont confrontés à la répression et à la censure à s’exprimer dans nos pays, à co-rédiger des essais avec elles et eux et à les aider à traduire leur travail, à co-encadrer des étudiant.e.s et des jeunes collègues, et à s’engager dans d’autres formes de collaboration qu’elles et ils désirent.
"1. Talal Asad, Professor of Anthropology Emeritus, Graduate Center, City University of New York""2. Paola Bacchetta, Professor, UC Berkeley""3. Homi K. Bhabha, Anne F. Rothenberg Professor of the Humanities, Harvard University""4. Angela Y Davis, Distinguished Professor Emerita, University of California, Santa Cruz""5. Gina Dent, Associate Professor, Feminist Studies, History of Consciousness, and Legal Studies. University of California, Santa Cruz""6. Roxane Dunbar Ortiz, Historian and Author""7. Nick Estes, Assistant Professor of American Studies, University of New Mexico""8. Miriam Grossi, Professor at Federal University of Santa Catarina – Brazil""9. Jin Haritaworn, Associate Professor, York University, Toronto""10. Azeezah Kanji, Legal academic and Journalist""11. Robin DG Kelley, Distinguished Professor and Gary B. Nash Endowed Chair in U.S. History, UCLA""12. Nelson Maldonado-Torres, Professor and Director, Rutgers Advanced Institute for Critical Caribbean Studies, Rutgers University""13. Achille Mbembe, University of the Witwatersrand, Johannesburg""14. Walter D Mignolo, William H. Wannamaker Distinguished Professor of Romance Studies and Professor of Literature, Duke University""15. Trinh T. Minh-ha, Professor of the Graduate School, Departments of Gender & Women’s Studies and of Rhetoric, UC Berkeley""16. Chandra Talpade Mohanty, Distinguished Professor of Women’s and Gender Studies & Dean’s Professor of the Humanities, Syracuse University""17. Cherrie Moraga, Poet, Playwright-Director, Educator, Activist""18. David Palumbo-Liu, Professor, Stanford University""19. Shailja Patel, Activist, Writer. US/Kenya""20. Vijay Prashad, Executive Director, Tricontinental : Institute for Social Research""21. Jasbir Puar, Professor, Rutgers University""22. Kamila Shamsie, Novelist and Professor of Creative Writing, University of Manchester""23. Gayatri Chakravorty Spivak, University Professor, Columbia University""24. Keeanga-Yamahtta Taylor, Assistant Professor & Charles H. Mcilwain University Preceptor, Princeton University""25. Amina Wadud, National Islamic University, Yogjakarta"
Les autres signataires :
►https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSc46U844ETt0fBsq-6v9n1pcaVIx_U8LLMiU16VpMo5NwgU_w/viewform
►https://www.nouvelobs.com/idees/20210317.OBS41524/nous-voulons-exprimer-ici-notre-solidarite-avec-les-universitaires-franca
#solidarité #solidarité_internationale #université #ESR #France #recherche #Spivak #Mbembe #Vidal #Frédérique_Vidal
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Ajouté à ce fil de discussion :
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Affaire Adama Traoré : la justice annule l’expertise médicale qui disculpait les gendarmes
▻https://www.nouvelobs.com/justice/20201201.OBS36841/info-obs-affaire-adama-traore-la-justice-annule-l-expertise-medicale.html
Enquête : les dernières heures d’Adama Traoré
17 juil. 2020 par l’équipe vidéo du Monde, en partenariat avec le collectif d’experts Forensic Architecture
Que s’est-il passé le 19 juillet 2016, jour de la mort d’Adama Traoré ? Une enquête vidéo du Monde.
Le 19 juillet 2016, dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, Adama Traoré gît, inanimé. Il est 19 h 05 quand le médecin du SAMU appelé sur place déclare son décès. Depuis, au gré des expertises contestées et des témoignages contradictoires, cette affaire judiciaire hors norme ne s’est jamais refermée.
Grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, au recoupement des échanges radio des forces de l’ordre, aux récits de témoins et à des simulations 3D, l’équipe vidéo du Monde, en partenariat avec le collectif d’experts Forensic Architecture, a reconstitué les deux heures critiques qui ont précédé la mort d’Adama Traoré.
]]>INFO OBS. Adama Traoré : les échanges radio révèlent que l’interpellation « a dégénéré » et duré 7 minutes
▻https://www.nouvelobs.com/justice/20200713.OBS31144/info-obs-ca-a-degenere-ce-que-revelent-les-echanges-radio-de-l-affaire-ad
Que s’est-il vraiment passé au moment de l’interpellation d’Adama Traoré, le 19 juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise ? Combien de temps le décubitus ventral a-t-il duré ? Si les avocats des gendarmes affirment de concert que l’intervention des agents n’est pas en cause dans le processus qui a conduit Adama Traoré à la mort, les échanges téléphoniques et radio passés le jour du drame indiquent, au contraire, que c’est bien l’arrestation qui « a dégénéré ». « L’Obs » a pu consulter le procès-verbal, daté du 6 septembre 2016, qui contient la retranscription de ces communications, téléphoniques et radiophoniques, émises et reçues par le centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (Corg). Le document détaille les échanges des agents des forces de l’ordre avec leur hiérarchie entre 17h14, moment de la première interpellation « au niveau de la place centrale à Beaumont-sur-Oise », et 18h35, où un adjudant-chef déclare qu’Adama Traoré « est en arrêt cardiaque depuis cinquante minutes ».
Dès le départ, les informations échangées le 19 juillet 2016 sur les ondes apparaissent confuses. A 17h14, le peloton de surveillance et d’intervention de l’Isle-Adam annonce « objectif interpellé, objectif interpellé ». Mais demande, dans la minute qui suit, un renfort. A 17h29, c’est un équipage de Persan qui signale : « Rue de la République, un individu menotté serait en train de se cacher. » Il s’agit alors d’Adama Traoré qui se réfugie dans le logement du témoin, entendu la semaine dernière.
]]>Fresque anti « violences policières » : le maire de Stains mis en demeure de la modifier
Publié le 03/07/2020
▻https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violences/fresque-anti-violences-policieres-le-maire-de-stains-mis-en-demeure-de-
Le maire PCF de Stains (Seine-Saint-Denis) Azzédine Taïbi a été mis en demeure par le préfet de Seine-Saint-Denis de modifier la fresque « contre le racisme et les violences policières », a indiqué vendredi l’élu à l’AFP.
Le syndicat alliance s’indigne
« Monsieur le préfet me met en demeure de supprimer le mot + policières + de la fresque. Cette injonction était celle du syndicat de policiers Alliance. Je ne saisis pas le sens de cette mise en demeure infondée », a déclaré M. Taïbi qui a mandaté son avocat Arié Alimi « afin d’étudier les suites à donner au préfet ». (...)
]]>Bagui, le frère d’Adama Traoré, renvoyé aux assises pour « tentative d’assassinat »
Par V.G. avec AFP - Le 2 juillet 2019 - Le Parisien
▻https://www.leparisien.fr/faits-divers/bagui-le-frere-d-adama-traore-renvoye-aux-assises-pour-tentative-d-assass
Soupçonné d’avoir tenté d’assassiner des membres des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son frère Adama en juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) Bagui Traoré a été renvoyé aux assises par la justice, a-t-on appris ce mardi de sources proches du dossier. Il y a trois ans, le décès dans une cour de gendarmerie d’Adama Traoré, un jeune homme de 24 ans, avait généré cinq nuits d’affrontements dans le Val-d’Oise. Treize gendarmes et policiers avaient été légèrement blessés par arme à feu.
Mis en examen depuis mars 2017 pour tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique, Bagui Traoré, 27 ans, avait été renvoyé devant un tribunal par un juge d’instruction mais pour des qualifications moins graves de violences volontaires, un délit.
Le parquet de Pontoise avait alors fait appel. Mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a suivi l’analyse du ministère public et ordonné un renvoi devant une cour d’assises pour « tentative d’assassinat ». Bagui Traoré doit être jugé au côté de cinq autres personnes, mais l’arrêt de la chambre de l’instruction n’est pas définitif. Les parties ont cinq jours pour se pourvoir en cassation. (...)
]]>#Affaire_Traoré : les trois gendarmes ont-ils été « récompensés » ? - Par La rédaction | Arrêt sur images
▻https://www.arretsurimages.net/articles/affaire-traore-les-trois-gendarmes-ont-ils-ete-recompenses
Pour résumer notre enquête, voici les faits en quelques points :
– Assa Traoré a prétendu que les trois gendarmes mis en cause dans la mort de son frère avaient été médaillés par le ministre de l’Intérieur. Comme l’a expliqué Salhia Brakhlia le 3 juin, c’est faux. Ils n’ont reçu aucune médaille.
– Une supérieure hiérarchique des trois #gendarmes, Emilie Million-Brodaz, a bien reçu une #médaille en novembre 2017. Celle-ci lui a été attribuée pour son travail dans le contexte des émeutes de 2016 et 2017, consécutives à la mort d’#Adama_Traoré, en raison d’une blessure sur le terrain.
– Il est vrai que les trois gendarmes mis en cause dans l’affaire ont reçu une prime pour l’année 2016, année de l’interpellation d’Adama Traoré. Mais les critères d’attribution de cette prime ne sont pas clairement établis, et ils ne sont pas les seuls à avoir reçu une telle prime.
– Le gendarme Arnaud Gonzales, dont Assa Traoré dit qu’il a « été promu » n’a pas reçu une promotion, mais obtenu une nouvelle qualification après avoir passé un concours.
– Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a bien fait sa première visite officielle au commissariat des trois gendarmes mis en cause, à l’#Isle-Adam, mais les trois gendarmes n’étaient pas présents et n’ont donc pas pu être récompensés à cette occasion.
En clair, rien ne prouve que les récompenses obtenues par Romain Fontaine, Arnaud Gonzales, Matthias Urhin et leur supérieure Emilie Million-Brodaz soient liées à l’interpellation d’Adama Traoré. La visite de Bruno Le Roux n’a pas non plus de lien direct avec la mort du jeune homme. En revanche, ces #récompenses et cette visite interviennent toutes dans un contexte particulier : celui des émeutes qui ont suivi la mort d’Adama Traoré, en 2016 et 2017. Un contexte tendu pour les gendarmes, et lourd de sens pour la famille Traoré.
]]>Imen Mellaz
@Mellazimen
▻https://twitter.com/Mellazimen/status/1272929930611953666
Cette femme, c’est ma mère. 50 ans, infirmière, elle a bossé pendant 3 mois entre 12 et 14 heures par jour. A eu le covid. Aujourd’hui, elle manifestait pour qu’on revalorise son salaire, qu’on reconnaisse son travail. Elle est asthmatique. Elle avait sa blouse. Elle fait 1m55.
On ose me dire au téléphone, évidemment, « qu’on ne sait pas ce qu’il s’est passé avant ces vidéos, mais ayez confiance, si elle n’a rien fait on la relâche ». Oui, comme #AdamaTraore par exemple ? Bien sûr, « ayez confiance ». Elle est actuellement en garde à vue.
Rien ne justifie de TOUTE FACON une telle interpellation. Pas quand on est désarmée, pas en blouse, pas quand on fait 1m55, pas face à autant de robocop. Non, non et non.
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Remy Buisine
@RemyBuisine
▻https://twitter.com/RemyBuisine/status/1272935058630983681
Une femme en blouse blanche, tirée par les cheveux, durant une interpellation, finira évacuée le visage en sang durant la manifestation aux Invalides. Elle réclamera à plusieurs reprises sa Ventoline.
Images issue de mon direct sur @brutofficiel
(1H45). #soignants
]]>Adama Traoré : les zones d’ombre d’une affaire devenue un symbole
Par Nicolas Chapuis Publié hier, 1é juin 2020 à 20h53, mis à jour à 07h19
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/12/adama-traore-les-zones-d-ombre-d-une-affaire-devenue-un-symbole_6042694_3224
Depuis 2016, les experts médicaux se contredisent sur les causes de la mort du jeune homme, dont le nom est aujourd’hui scandé dans les manifestations contre les violences policières et le racisme. « Le Monde » retrace cette affaire judiciaire hors norme et met au jour les incohérences d’un témoin clé.
Une silhouette musculeuse débouche à vélo dans la rue du Beffroi, à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise). Vêtu d’un bermuda et d’une chemisette à carreaux, Adama Traoré pédale en direction de son frère, Bagui, assis sur un plot. Il est 17 h 05 en ce mardi 19 juillet 2016, et c’est son anniversaire. Le jeune homme a 24 ans. Très exactement deux heures plus tard, à 19 h 05, son décès sera prononcé dans la cour de la gendarmerie de Persan.
Quatre ans plus tard, le nom d’Adama Traoré est brandi dans les manifestations contre les violences policières et le racisme, qui secouent le pays depuis le 2 juin. Comme un pendant français de George Floyd, cet homme noir asphyxié le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota), dont la mort a provoqué une vague internationale de protestation.
Lire aussi « Justice pour Adama ! » : 20 000 personnes rassemblées à Paris contre les violences policières
Le décès d’Adama Traoré est beaucoup plus nébuleux que le meurtre de l’Américain, filmé en direct par des passants. Pour sa famille, il est mort en raison d’une interpellation trop musclée. Pour les gendarmes, il a été victime d’un malaise cardiaque, en raison d’un effort trop important lors de sa fuite.
Le Monde a retracé le déroulé de cette après-midi de juillet 2016, mettant au jour le parcours exact de la fuite d’Adama Traoré, les zones d’ombre de l’interpellation, les conditions très dégradées dans lesquelles les pompiers sont intervenus pour tenter de réanimer, en vain, Adama Traoré. L’examen minutieux des nombreux témoignages et des images de vidéosurveillance permet aujourd’hui de relever les incohérences dans l’audition du principal témoin de la scène, des déclarations sur lesquelles s’appuient pourtant les expertises médicales écartant toute responsabilité des gendarmes.
La course-poursuite
La photo d’un jeune homme noir est présentée aux militaires du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Persan, ce mardi après-midi. Il ne s’agit pas d’Adama Traoré mais de son frère, Bagui, recherché par les forces de l’ordre pour extorsion de fonds sur personne vulnérable. Ils ont pour mission de l’interpeller s’ils le croisent dans les rues de Beaumont-sur-Oise, où il a ses habitudes dans deux bars, le Balto et Le Paddock.
]]>Fabrice Riceputi sur Twitter : « @partisocialiste @faureolivier @CorinneNara @BorisVallaud @PatrickKanner @ArielWeilT @mdesgayets @MxSauvage @Pau_Langevin @dassouline @StephanTroussel
Pour #Rémi_Fraisse et#Adama_Traoré, vous aviez piscine ? » / Twitter
▻https://mobile.twitter.com/campvolant/status/1270455027052797952
« Ça nous dépasse et c’est ce qu’on veut » : comment le comité Adama a réussi une mobilisation surprise contre les violences policières, Abel Mestre et Louise Couvelaire
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/08/justice-pour-adama-histoire-d-une-mobilisation_6042118_3224.html
Le 2 juin, au moins 20 000 personnes manifestaient à Paris, à l’appel du comité La Vérité pour Adama Traoré, mort en 2016 après une interpellation par les gendarmes. Jeunes des quartiers, « gilets jaunes », lycéens : l’ampleur du rassemblement a pris tout le monde de court.
Les jeunes des quartiers « qui ne se mobilisent jamais », des personnalités « qu’on avait jamais vues avant », des « gilets jaunes » « qui n’imaginaient pas avoir des points communs avec cette lutte », des lycéens militants du climat « qui veulent que le monde change », des Blancs plus aisés aussi « qui commencent à comprendre qu’ils ont leur part dans ce combat ». Ils étaient tous là, le mardi 2 juin, devant le tribunal judiciaire de Paris, pour faire entendre leur voix et leur colère face aux violences policières, à l’appel du comité La Vérité pour Adama, ce jeune homme de 24 ans mort sur le sol de la caserne de Persan (Val-d’Oise) en juillet 2016, après une interpellation musclée par les gendarmes. 20 000, selon la Préfecture de police, au moins 60 000, selon les organisateurs.
Sa sœur, Assa Traoré, ne s’y attendait pas. Ni les militants aguerris qui l’entourent. « Cette mobilisation marque une rupture générationnelle, analyse Almamy Kanouté, du comité Adama. Ils sont jeunes, voire très jeunes. » Personne n’avait vu venir l’ampleur de la mobilisation, qui s’est poursuivie ce week-end dans plusieurs villes de France. Un peu plus de 23 000 personnes au total se sont rassemblées à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux…
« Conscientisation accélérée »
Dans les rangs des militants, on parle d’une conjonction d’événements participant à une « conscientisation accélérée » sur le sujet d’une génération – celle qui marche aussi pour le climat – qui ne craint pas de renverser les normes, d’une « coïncidence parfaite » après des décennies de lutte contre le racisme et quatre années de combat du comité Adama, une machine de guerre qui ne s’essouffle pas, bien au contraire.
Sans QG ni financements pérennes, mis à part la vente de tee-shirts, c’est dans le Val-de-Marne, dans le salon d’Assa Traoré, que tout se passe et se pense, autour d’un grand canapé en cuir noir qui mange la moitié de la pièce.
« Justice pour Adama », c’est avant tout un combat pour la vérité sur la mort d’Adama Traoré ; c’est une procédure judiciaire à rebondissements, jalonnée d’expertises et de contre-expertises médicales ; c’est un visage, celui d’Assa Traoré, la grande sœur charismatique, figure de proue de la lutte contre les violences policières ; c’est, en coulisses, un comité qui œuvre pour multiplier ses actions dans les quartiers populaires, faire tourner sa propre plate-forme d’informations sur les réseaux sociaux et construire des alliances stratégiques avec des organisations de la gauche extra-parlementaire.
Depuis le 2 juin, c’est un slogan, un cri de colère et de ralliement, la version française du mouvement de protestations planétaire né aux Etats-Unis le 25 mai, jour de la mort – filmée – de George Floyd, afro-américain de 46 ans, lors de son interpellation par un policier blanc. « Justice pour Adama », c’est la traduction de ses derniers mots, « I can’t breathe » (« Je ne peux pas respirer »), qui s’affichent dans toutes les manifestations. « Ce sont aussi ceux que mon frère a prononcés avant de mourir », martèle Assa Traoré. L’onde de choc mondiale provoquée par les images de la mort de George Floyd et la vague Black Lives Matter « a mis une claque à la planète » , dit-elle. Et trouvé un écho en France.
« Adama » est partout
Le confinement et la succession d’histoires de violences policières pendant cette période ont « créé une indignation qui s’est propagée sur les réseaux sociaux pendant des semaines », a observé Massy Badji, 37 ans, entrepreneur social à Châtillon (Hauts-de-Seine) et professeur dans un lycée pro. « Après tout ça, je ne pouvais plus rester derrière mon écran d’ordinateur sans rien faire », raconte Saly, la vingtaine, gestionnaire dans une entreprise des Hauts-de-Seine. Le 2 juin, elle est allée manifester pour la première fois de sa vie. Pour George Floyd et pour Adama Traoré, dont elle connaissait « évidemment ! » l’histoire.
Cela fait quatre ans que la grande sœur d’Adama scande et impose le prénom de son petit frère, « partout où il y a de l’injustice, de l’inégalité et de la répression », explique Assa Traoré, qui refuse de parler de « convergence des luttes ». « Chacun garde sa spécificité, mais on peut faire alliance, être là les uns pour les autres quand il faut. » « Adama » est partout.
On l’a vu se battre aux côtés des agents de nettoyage des gares ; défiler avec des cheminots du syndicat SUD-Rail pendant les manifestations des « gilets jaunes » en décembre 2018 ; rejoindre les jeunes de Youth for Climate en septembre 2019 ; occuper un centre commercial avec les écologistes du mouvement Extinction Rebellion (XR) un mois plus tard et apporter son soutien au collectif contre l’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse).
Le comité est surtout, de toutes les manifestations et marches blanches contre les violences policières. Et, plus discrètement, dans les quartiers populaires de France. Cela fait trois ans que, avec les membres du comité Adama, Assa Traoré arpente les cités du pays pour « discuter avec les jeunes ».
« La voix des quartiers »
Symbole le plus connu en France de la lutte contre les violences policières, « Justice pour Adama » devient aussi celui d’un combat, « la voix des quartiers » contre « le racisme, les discriminations et les inégalités », et occupe le vide laissé par les organisations antiracistes traditionnelles des années 1980 [Pas bravo Le Monde : SOS race a été crée par le PS pour faire le vide là où de nombreuses formes d’auto-organisation des premiers concernés se développaient...] Aussi bien SOS-Racisme que le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) sont en perte de vitesse depuis plusieurs années. « Le comité Adama est devenu un point d’accroche pour la communauté noire, pour les Arabes aussi, pour tous ceux qui n’avaient plus d’organisation ou de figure à laquelle se raccrocher », commente Assa Traoré.
Conscient d’avoir un rôle politique à jouer pour construire un mouvement populaire large, il n’est pas question pour autant pour le comité d’être sous la tutelle d’un parti comme le furent à leur époque SOS-Racisme (Parti socialiste) et le MRAP (Parti communiste), malgré l’appui de plusieurs d’entre eux, comme notamment le Nouveau Parti anticapitaliste, La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts, ou le Parti communiste. « Personne ne pourra nous récupérer, on a appris des erreurs de nos aînés , lance Youcef Brakni, du comité Adama. Nous sommes politisés et politiques, mais au sens noble du terme. »
Le comité accepte néanmoins le soutien d’élus à titre individuel, comme celui des députés « insoumis » Eric Coquerel et Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis), ou la sénatrice Verte de Paris Esther Benbassa. « Eux étaient bienvenus mardi. En revanche, François Ruffin aurait été reçu autrement… », souligne Madjid Messaoudene, élu municipal sur le départ à Saint-Denis et soutien actif de longue date du comité Adama. Le député de [l’IGPN de] la Somme avait, en effet, déclaré en septembre 2017 lors d’un meeting qu’il voulait « mener l’enquête d’abord » avant de « se positionner ». Des propos qui lui sont encore reprochés aujourd’hui.
« Le comité Adama dénonce un système, comme nous, les anticapitalistes, et comme beaucoup d’autres », explique Anasse Kazib, cheminot syndicaliste SUD-Rail, présent à toutes les marches pour Adama, organisées chaque été à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), où habitait le jeune homme.
Soutien aux « gilets jaunes »
C’est le cas de l’Action antifasciste Paris-banlieue (AFA). Ses militants étaient tous là mardi soir, il était même prévu qu’ils interviennent – un texte avait été écrit – mais ils ont « finalement fait la sécu ». Camille, l’un de ces antifascistes, raconte : « On est en lien avec eux depuis juillet 2016. Les ex du Mouvement de l’immigration et des banlieues [MIB] qui sont proches de nous ont joué un rôle. Et notre composition sociale et raciale fait que les choses se font naturellement. C’est une génération des quartiers populaires qui lutte avec des petits Blancs. » Les antifascistes de l’AFA estiment que ce que subissent les militants radicaux depuis les manifestations contre la loi travail en 2016 est la reproduction de ce qu’il se passe depuis des décennies dans les quartiers populaires contre « les Noirs et les Arabes ».
Autre point de convergence : le mouvement des « gilets jaunes ». Le comité Adama a soutenu les manifestants et les antifascistes ont été de tous les « actes », participant à certains points de blocage, comme au Marché international de Rungis. « Tous les “gilets jaunes” de Rungis étaient là mardi soir », assure Camille. Pour lui, il y a un point commun entre le comité Adama, les « gilets jaunes », les zadistes ou encore le cortège de tête dans les manifestations syndicales : « Assumer l’antagonisme avec la police. » Edouard (un prénom d’emprunt), militant autonome et également « gilet jaune », abonde : « On voit que la lutte contre les violences policières et la lutte contre le gouvernement est un tout, presque une continuité. »
En arrière-plan, c’est la lutte contre un système « de domination » qui se joue, avec des messages venus d’outre-Atlantique fondés sur le « privilège blanc ». Ils ont inondé les réseaux sociaux et particulièrement Instagram depuis la mort de George Floyd : « Muted, listen and educate yourself » (« Taisez-vous, écoutez et éduquez-vous »), pouvait-on lire sur de multiples comptes, très relayés dans les milieux artistiques et de la mode.
« On s’inscrit complètement dans cette logique en dénonçant le racisme systémique dans la police », acquiesce Assa Traoré. « On a longtemps été parasités par le Parti des indigènes de la République qui ne représente rien et qui n’a fait que créer des polémiques, explique Youcef Brakni. Aujourd’hui, il y a un changement de paradigme, une digue est en train de sauter. »
« Je dois être là »
Ces événements marquent le début « d’une prise de conscience, en tant que Blanche », abonde Cloé, 31 ans, réalisatrice de fictions et de films publicitaires, à Paris. « Je croyais être très au clair sur mon antiracisme, j’avais tout faux. Le 2 juin, je me suis dit : c’est le moment, je ne dois pas parler pour eux, mais je dois être là. » Pour les militants de l’antiracisme décolonial ou politique, Cloé est une « alliée ». « L’antiracisme des alliés est une transformation radicale, analyse la sociologue Nacira Guénif, proche des milieux décoloniaux. Ils sont en train de comprendre qu’il ne faut pas faire à notre place, mais avec nous. »
« La jeune génération a moins de réticences à se remettre en question, à questionner la norme, à utiliser des mots qui font peur aux générations précédentes, affirme Dawud, militante afro-féministe parisienne de 28 ans. Pour eux, parler de “blanc” ne pose aucun problème. »
Comme Gabriel, lycéen parisien de 16 ans, venu manifester samedi 6 juin place de la Concorde, à Paris, qui ne veut « plus de ce monde-là », ne veut « plus laisser passer ça ». « Ça », c’est « la violence de la police » envers les minorités ; « ça », c’est « la planète qu’on saccage » ; « ce monde-là », c’est aussi « la couleur de ma peau, blanche, qui, de fait, me confère une position dominante dans la société ». « Tout ça, c’est le même combat », conclut-il.
« Même sans nous, le mouvement continue constate, satisfait, Youcef Brakni. Le comité Adama n’était à l’origine d’aucun des appels à manifester ce week-end. « Ça ne nous appartient plus, ça nous dépasse, et c’est ce qu’on veut. A chacun de prendre part au combat. »
Face à l’événement. La classe dominante a le droit d’être informée de ce qui la menace. On en vient à ne pas dire (trop) n’importe quoi.
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]]>Mort d’Adama Traoré : les juges veulent entendre deux témoins clés
▻https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-d-adama-traore-les-juges-veulent-entendre-deux-temoins-cles-05-06-20
INFO LE PARISIEN. Parmi ces deux témoins figure la personne chez qui le jeune homme de 24 ans s’était réfugié et où il a été interpellé.
Cette demande d’auditionner ces deux témoins était réclamée depuis trois ans par la partie civile et restée jusque-là lettre morte, comme celle d’une reconstitution des faits.
C’est un coup de théâtre dans l’affaire Adama Traoré. Les juges viennent de signifier à la famille du jeune homme de 24 ans -décédé en 2016 dans la caserne de Persan (Val-d’Oise) près de deux heures après son interpellation par les gendarmes- qu’ils envisageaient d’entendre, début juillet, deux témoins du dossier. Une demande réclamée depuis trois ans par la partie civile et restée jusque-là lettre morte, comme celle d’une reconstitution des faits.
Le premier témoin est la personne au domicile de laquelle s’était réfugié Adama Traoré et où il a été arrêté après avoir échappé à une première interpellation dans la rue. Il a été entendu une seule fois par les #gendarmes dans des conditions dénoncées par la famille de la victime. Le second est une femme qui a assisté à l’interpellation avortée du jeune homme de 24 ans à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et qui n’a encore jamais été auditionnée. Les auditions de ces deux témoins, jugées capitales par la partie civile pour comprendre les circonstances de l’interpellation d’Adama Traoré, doivent se faire en présence de Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille de la victime.
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]]>La Rumeur : « L’affaire George Floyd est un miroir tendu par les Etats-Unis » , Stéphanie Binet
▻https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/06/05/la-rumeur-l-affaire-george-floyd-est-un-miroir-tendu-par-les-etats-unis_6041
Le groupe de rap La Rumeur, qui a gagné un procès contre le ministère de l’intérieur en 2010 sur les violences policières, réalise un documentaire sur Adama Traoré.
Parmi les plus de 20 000 personnes présentes lors de la manifestation du 2 juin devant le Tribunal de grande instance de Paris à l’appel du comité Vérité et justice pour Adama Traoré, il y avait le groupe de rap La Rumeur. Hamé Bourokba, un de ses deux leaders, y filmait des images pour le documentaire Pour Adama , qu’il compte diffuser en 2021 et qui retrace le combat de la famille Traoré pour déterminer les responsabilités dans la mort d’Adama en juillet 2016.
Rappeurs engagés dans les années 1990 et 2000, aujourd’hui cinéastes, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey n’ont cessé, dans leurs textes et leurs films, de dénoncer les violences policières. A la suite de la publication en 2002 d’un article titré « Insécurité sous la plume d’un barbare » dans le fanzine qui accompagnait leur premier album, L’Ombre sur la mesure , et évoquait les « centaines de [leurs] frères abattus par les forces de police, sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété » , le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, leur avait intenté un procès pour « atteinte à l’honneur et à la considération de la police nationale » . Après huit ans de procédure, la justice leur donnait raison en cassation en 2010. Dix ans plus tard, Hamé et Ekoué analysent la situation actuelle.
Comment expliquer cette mobilisation en France ? Les pancartes dans les manifestations à Paris, Toulouse et Montpellier indiquent : « Black lives matter, ici aussi, en France ».
H. B. : L’affaire George Floyd est un miroir tendu par les Etats-Unis et les gens, ici, s’y voient. Ils y reconnaissent des aspects de leur réalité qui se produisent aussi en France. Il y a eu quelque chose aussi d’assez troublant : dans les jours qui ont suivi la mort de Floyd, la première expertise a tout de suite cherché à exonérer les policiers en dépit de l’évidence et des images vues par tous. Ceux qui s’intéressent de près à l’affaire Adama Traoré ont assisté à la même volonté d’enterrer une affaire en exonérant les forces de l’ordre de leur responsabilité et en produisant des expertises douteuses. Ça n’arrive pas dans n’importe quel contexte non plus.
Pourquoi maintenant, justement ?
H. B. : Nous avons tous été mis entre parenthèses pendant deux mois et, à peine déconfinés, nous sommes face à une crise. La crise politique est consommée avec la défiance vis-à-vis du gouvernement actuel, la façon dont il a géré les débuts de la crise sanitaire, son incapacité à mettre la population en sécurité en livrant ne serait-ce que du gel et des masques, l’imbroglio de la communication, sa volonté de maintenir mordicus les élections municipales pour décréter deux jours plus tard le début du confinement… On est dans une crise de confiance politique, et nous basculons dans une crise économique et financière d’une ampleur inédite. Il y a un contexte général où on a l’impression d’être tous à poil. Il y a de quoi provoquer l’inquiétude et la colère. Avant de décréter le confinement, le gouvernement était occupé à parachever le démantèlement du système des retraites par répartition. C’est comme si, au cours de ces semaines, tout s’était vu : le visage hideux et peu reluisant de l’avenir qui nous attend. Ce rassemblement a eu une espèce de vertu cathartique, comme s’il sonnait un déconfinement populaire et militant. Ce n’est pas un hasard si c’est la question des violences policières qui cristallise cette colère, car elles sont un condensé assez flagrant de la violence sociale et politique.
Depuis combien de temps préparez-vous ce documentaire sur l’affaire Adama Traoré ?
H. B. : Depuis trois ans. C’est un projet au long cours, il s’agit à la fois de documenter un combat, d’entrer dans le détail de l’affaire et faire aussi le portrait d’une famille. Avant mon arrivée à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), le comité Vérité et justice pour Adama filmait déjà beaucoup sa lutte, postait ses vidéos, des lives sur sa page Facebook. L’idée était de rassembler cette mémoire du combat en train de se faire, de l’organiser en un film et d’y ajouter mon regard. Ce film est le nôtre et le leur.
En quoi cela résonne-t-il avec l’histoire de La Rumeur ?
E. L. : En vingt ans, il suffit de se plonger dans nos archives pour se rendre compte que nous étions à l’avant-garde de ces questions. Nous avons été en procès pendant huit ans avec l’Etat. Nous prenons le parti des gens qui n’intéressent personne, dont les vies sont tout sauf spectaculaires mais qui sont finalement les forces vives de ce pays et qui, dans une crise sociale et économique, subissent le système silencieusement mais avec la plus grande violence.
Que vous inspire aujourd’hui la présence, dans les manifestations, de célébrités comme Omar Sy, Camélia Jordana ou Sara Forestier ?
H. B. : C’est très bien qu’un maximum de monde s’empare de cette question-là. Elle ne nous appartient pas. Ce dont je me félicite, c’est qu’elle se pose aujourd’hui dans des termes qui étaient peu consensuels il y a quinze ou vingt ans. Le ministère de l’intérieur nous a attaqués en justice pour un article qui ne dévoilait pourtant aucun scoop. Nous pointions des brutalités qui avaient conduit à des morts et qui étaient jusque-là impunies. La réaction du pouvoir policier à cette époque étant disproportionnée, c’est dire la panique qui a pu les gagner devant l’ampleur du rassemblement du mardi 2 juin. Pourtant le mot d’ordre du comité Vérité et justice pour Adama est que la justice s’applique avec la même rigueur quels que soient la victime et le coupable présumés. Il ne demande pas la lune, juste l’égalité de traitement.
Quand le ministère de l’intérieur vous intente un procès pour diffamation en 2002, comment l’interprétez-vous ?
H. B. : Ils nous ont fait un grand honneur en nous permettant d’exposer nos arguments devant cinq cours différentes. Attaquer un groupe de rap, il y a quinze ans… Il y avait déjà quelque chose de bête et méchant dans la censure. Nous refuser le droit de légitimement poser des mots sur la réalité des violences policières qui touche de plein fouet les cités et les quartiers depuis des décennies ne les fait en rien disparaître.
Depuis que vous avez gagné votre procès, avez-vous vu les choses évoluer ?
H. B. : Ce qui a changé, c’est que les violences policières frappent désormais des catégories de la population qui jusque-là ne les connaissaient pas. Je pense aux récents mouvements sociaux depuis la loi travail et aux « gilets jaunes », dont certains ont même perdu un œil, une main. Il y a eu des incarcérations, puis une lenteur en revanche à instruire les plaintes de manifestants violentés. Ce qui a changé, c’est que la société française devient plus violente, dans le sens où la proportion de personnes et de familles qui sont sur la paille ou vont s’y retrouver explose.
Le député La République en marche de Paris, Hugues Renson, affirme que « notre modèle républicain est fort heureusement très éloigné du passé ségrégationniste américain ». Qu’en pensez-vous ?
E. L. : Qu’il continue de le penser, que voulez-vous que je vous dise ? Force est de reconnaître, par exemple, que la situation des Antilles n’est pas historiquement si éloignée. Il y a évidemment des différences et j’invite ce responsable politique à plus de nuance. Nous, dans nos disques, on dresse des constats et, depuis une vingtaine d’années, les faits nous donnent raison.
H. B. : Nous ne sommes pas idiots au point de dire que la France, c’est les Etats-Unis. Ce sont deux pays différents avec des histoires différentes, un rapport au rôle de l’Etat différent, etc. Ce qui nous a relativement préservés de la violence très crue du modèle américain, ce sont les quelques protections sociales qui nous restaient.
#Adama_Traoré #George_Floyd #déconfinement_populaire_et_militant #La_Rumeur #film #documentaire #racisme #police #violences_policières #cités #violence_sociale #luttes
]]>#Rokhaya_Diallo sur Twitter : « Débattre de #racisme et de #violences policières quand on est la seule personne concernée, c’était mon challenge hier sur #RTL ... » / Twitter
▻https://twitter.com/RokhayaDiallo/status/1268423411350601728
▻https://video.twimg.com/ext_tw_video/1268423300469923840/pu/vid/640x360/HcCapedIB8QiY_nt.mp4?tag=10
]]>« Lettre adressée à mes amis #blancs qui ne voient pas où est le problème... » - Virginie Despentes
▻https://www.franceinter.fr/emissions/lettres-d-interieur/lettres-d-interieur-04-juin-2020
#racisme
#racisme_institutionnel
#france
Adama Traoré. Le discours percutant d’Aïssa Maïga lors du rassemblement contre les violences policières
Publié le 03/06/2020
▻https://www.ouest-france.fr/societe/adama-traore-le-discours-percutant-d-aissa-maiga-lors-du-rassemblement-
▻https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMDA2ZTEwZmFlZjBmZGJmZWVlMjU4NGQ2YjkxNjg0NDJjM2Y?width=1260&fo photo @T_Bouhafs
Aïssa Maïga a prononcé un discours très remarqué en marge du rassemblement organisé mardi 2 juin à Paris pour dénoncer les violences policières. Près de 20 000 personnes avaient répondu à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, un homme noir de 24 ans mort en 2016 après son arrestation par les forces de l’ordre. La comédienne a pris le micro et s’est exprimée aux côtés d’Assa Traoré, la sœur du jeune Francilien.
Dans la vidéo relayée sur les réseaux sociaux et repérée par le Huffington Post, Aïssa Maïga dresse un parallèle entre « le combat que nous menons au cinéma, à la télévision et dans le théâtre en France » et celui « de toutes les familles victimes de la brutalité policière ».
L’intervention de @AissaMaiga magistrale #JusticePourAdama pic.twitter.com/6Tcpa75JFT
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) June 2, 2020 (...)
]]>« Ce n’est plus seulement le combat de la famille Traoré, c’est votre combat à vous tous »
▻https://www.bastamag.net/Adama-Assa-Traore-George-Floyd-Justice-Black-lives-matter-manifestation-re
Plus de 20 000 personnes se sont rassemblées le 2 juin à Paris contre les #Violences_policières racistes. En écho au vaste mouvement qui secoue les États-Unis, ces milliers de manifestants ont demande justice aux côtés du Comité Adama et d’autres familles endeuillées par des homicides commis par la police. Personne ne s’attendait à autant d’affluence. Le rassemblement appelé par le Comité Adama le 2 juin a réuni entre 20 000 et 40 000 personnes devant le Palais de justice de Paris, à Porte de Clichy. Adama (...) #Résister
/ #Luttes_sociales, #Reportages, Violences policières, #Discriminations, A la une
#Actu_Coronavirus – 02 juin
▻https://www.les-crises.fr/actu-coronavirus-02-juin
Ce fil d’actualités comprend des informations provenant de trois sources : Les Lives #Covid-19 du Figaro, de 20 minutes et le compte Twitter @Conflits_FR. 02 juin 17h Manifestations : malgré l’interdiction par la préfecture de #police du rassemblement pour #AdamaTraore, les organisations annoncent qu’elles maintiennent la manifestation pour 19h. (@NnoMan1) #JusticePourAdama Manifestations : malgré l’annulation par le #préfet de #police du regroupement prévu pour #AdamaTraore ce soir à 19h, la #police déploie en ce moment un bus d’arrestation, un canon à eau et des voitures banalisées. (@NnoMan1)Lire la suite
#Revue_de_Presse #SRAS-2 #Revue_de_Presse,_Actu_Coronavirus,_Covid-19,_SRAS-2
Marée humaine devant le tribunal de Paris. Justice pour Adama et toutes les victimes des violences policières et racistes
▻https://paris-luttes.info/rassemblement-justice-et-verite-14070
Mort d’Adama Traoré : une nouvelle contre-expertise met en cause les gendarmes
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/02/nouvelle-contre-expertise-independante-dans-l-affaire-adama-traore-le-plaqua
Dans ce document daté du 2 juin, que Le Monde a pu consulter, l’expert, professeur spécialiste des maladies systémiques, dont la sarcoïdose (une maladie inflammatoire avancée par certaines expertises comme étant l’une des causes possibles d’une défaillance cardiaque de la victime), conclut que le « décès fait suite à un syndrome asphyxique. Le syndrome asphyxique fait suite à un œdème cardiogénique. L’œdème cardiogénique fait suite à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral. Le plaquage ventral a entraîné “la mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position”. Aucune autre cause de décès n’est identifiée. » « L’œdème cardiogénique n’est que la conséquence de l’asphyxie et non la cause », est-il précisé. « Ce rapport démonte point par point l’expertise de la semaine dernière et désigne le plaquage ventral comme ayant causé la mort d’Adama Traoré », se félicite Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille.
– Le type est vivant
– un flic s’assied sur lui (technique qui a donné naissance au slogan « i can’t breathe » depuis… 2014)
– quand les flics le livrent aux pompiers, il est mort.
Et ça fait depuis 2016 qu’on a besoin de multiplier les expertises et les contre-expertises pour vérifier que, de fois, il ne serait pas décédé de mort naturelle.
]]>DOCUMENT RMC - La mort d’Adama Traoré causée par « un syndrome asphyxique par plaquage ventral », affirme une nouvelle expertise médicale
02/06/2020 à 18h26
▻https://rmc.bfmtv.com/emission/la-mort-d-adama-traore-causee-par-un-syndrome-asphyxique-par-plaquage-ven
(...) Cette nouvelle expertise médicale, la quatrième, demandée par la famille du jeune homme, que RMC a pu consulter ce mardi, conclut que « le plaquage ventral a entraîné la ’mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position ».
Selon le professeur de médecine d’un hôpital parisien, qui a réalisé cette expertise, « aucune autre cause de décès n’est identifiée, l’expertise est donc en faveur du décès faisant suite à un syndrome asphyxique par plaquage ventral ». Il ajoute : « Adama Traoré avait des antécédents médicaux, mais ceux-ci ne constituent pas une maladie évolutive (...) Il n’est pas démontré que ces pathologies ont contribué à causer le décès d’Adama Traoré ».
« Les conclusions de ce rapport sont très claires : le décès d’Adama Traoré résulte du plaquage ventral exercé par les trois gendarmes », explique à RMC Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré. (...)
]]>#Etats-Unis : ce que l’on sait de Derek Chauvin, le policier mis en examen après la mort de George Floyd
▻https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/mort-de-george-floyd/etats-unis-ce-que-l-on-sait-de-derek-chauvin-le-policier-mis-en-examen-
L’acte d’accusation cite également les résultats préliminaires de l’autopsie de George Floyd, qui conclut que sa mort est "probablement" le résultat d’"une combinaison" de facteurs, dont le fait qu’il ait été retenu par la police, mais aussi ses "pathologies sous-jacentes" (le document affirme qu’il souffrait d’hypertension et d’une maladie des artères coronaires) et la "potentielle" présence de stupéfiants dans son organisme. Le médecin légiste affirme qu’aucune constatation physique ne soutient l’hypothèse d’une mort par étranglement ou asphyxie traumatique.
Il a été licencié puis arrêté
Mardi, le chef de la police de Minneapolis avait annoncé le licenciement des quatre policiers présents lors de la mort de George Floyd. Leur identité n’avait alors pas encore été révélée. Les autorités locales et fédérales ont ouvert des enquêtes.
]]>Une nouvelle expertise exonère les gendarmes dans la mort d’Adama Traoré
▻https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/05/29/une-expertise-medicale-exonere-a-nouveau-les-gendarmes-dans-la-mort-d-adama-
La famille du jeune homme mort en 2016 à la suite d’une interpellation musclée conteste les conclusions de cette nouvelle pièce du dossier.
L’article du Monde équilibre avec une partie du point de vue du Comité et des avocats mais ne dit pas que
Nouvelle expertise raciste où les médecins utilisent les termes « sujets de race noire » bâclée par des médecins incompétents. Cette expertise est contraire à tous les principes de la médecine et nous allons saisir le conseil de l’Ordre pour les dénoncer.
▻https://twitter.com/laveritepradama/status/1266440348605255685
Pour qui serait dans le coin ce mardi : « Le 2 juin à 19h nous serons devant le TGI de Paris (17e) »
#Adama_Traoré #expertise_médicale #médecin_expert #sujet_de_race_noire #race-noire #animalisation #Icantbreathe #police #Justice #racisme #impunité_policière
]]>Les huit minutes de l’agonie de George Floyd
►https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/les-huit-minutes-de-lagonie-de-george-floyd
Je n’ai pas rendu la vie, ce matin, à George Floyd, en regardant ces huit minutes. Ces huit minutes ne m’ont rien" appris". D’une certaine manière, c’est toujours la même histoire. La même histoire que la mort d’Eric Garner, en 2014, à New York. La tête d’un Noir plaqué au sol, le corps du policier maintenant son cou, un autre policier impassible empêchant d’approcher les passants qui filment l’homme qui répète ""I can’t breathe""
Cette nuit j’ai très mal dormi. Je n’en ai pourtant vu que deux minutes. Je n’ai pourtant rien appris mois non plus... Mais je venais de passer deux jours à ressurgir et rassembler des témoignages de violences policieres.
Alors ce matin, une musique, UNE, litanique, obsédante, hommage qui ne ravive que la sourde sensation, trompeuse, que rien ne change.
I can’t breathe... I CAN’T BREATHE !
▻https://www.invidio.us/watch?v=PsIiwHHiT3o
▻https://www.youtube.com/watch?v=PsIiwHHiT3o
Licencié sur la base d’une photo le montrant endormi, un agent de propreté poursuit son employeur
▻https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/01/14/licencie-sur-la-base-d-une-photo-le-montrant-endormi-un-agent-de-proprete-po
Un agent de propreté, limogé en 2018 pour une photo de lui postée à son insu sur Internet alors qu’il était endormi en tenue de travail, conteste son licenciement, mardi 14 janvier, devant les prud’hommes de Créteil, a-t-on appris auprès de son avocat. Depuis 2011, Adama Cissé, 37 ans, collectait les déchets des rues de Paris. En septembre 2018, pendant une de ses tournées, il s’est arrêté « pour faire une pause », explique son avocat, Joachim Scavello – confirmant une information du Parisien –, et que (...)
]]>Des #gestes d’#immobilisation qui étouffent
Alors que l’enquête concernant la mort le 19 juillet d’#Adama_Traoré lors d’une intervention policières semble montrer que la #technique du #plaquage_ventral a joué un rôle dans sa #mort, l’ACAT revient sur l’utilisation de gestes d’immobilisation dangereux par les forces de l’ordre en #France.
Les forces de l’ordre disposent, afin d’exercer leur mission, de techniques d’intervention qui peuvent leur permettre de maîtriser une personne à interpeller. Enseignés dans les écoles de police et de gendarmerie, ces gestes sont pratiqués quotidiennement. La plupart ne posent pas de problème particulier, à condition toutefois d’être strictement nécessaires et proportionnés à la situation, sans quoi leur pratique deviendrait illégale et serait qualifiée de violence policière. Mais certaines techniques
d’immobilisation controversées peuvent entraîner la suffocation et ont déjà provoqué plusieurs décès en France.
Le #pliage : une technique dangereuse mais toujours pratiquée
La technique du pliage consiste à maintenir une personne assise, la tête appuyée sur les genoux afin de la contenir. Elle est susceptible de provoquer une asphyxie posturale et est responsable de plusieurs décès. Cette pratique a été remise en cause en France après le décès rapproché de deux personnes à l’occasion de leur reconduite à la frontière. Le 30 décembre 2002, Ricardo Barrientos décédait après avoir été attaché à son siège dans l’avion, la tête maintenue sur ses genoux et les policiers exerçant une pression sur ses omoplates, cela pendant près de quarante minutes et entièrement recouvert par une couverture. Quelques jours plus tard, Getu Hagos Mariame décédait dans les mêmes circonstances. Suite à ces drames, une instruction de police nationale est venue interdire la pratique du pliage dans le cadre des reconduites à la frontière. Pourtant, l’ACAT suit plusieurs affaires dans lesquelles la technique du pliage est suspectée d’avoir été utilisée. Dans deux cas de décès au moins, des policiers ont reconnu avoir atiqué ce geste. Wissam El Yamni est décédé en janvier 2012 après son interpellation. Selon le journal Le Monde, qui a pu consulter l’autopsie et le rapport de l’IGPN (la police des polices), la pratique d’un pliage serait en cause dans cette affaire. En 2009, c’est un homme âgé de 69 ans, Ali Ziri, qui décédait suite à une intervention de police. Dans cette affaire à nouveau, un agent de police reconnaissait avoir fait usage de la technique du pliage dans le véhicule qui conduisait Ali Ziri du lieu de son interpellation jusqu’au commissariat.
#Plaquage_ventral ou #immobilisation_en_décubitus_ventral
Ce geste consiste à plaquer et maintenir une personne ventre au sol, tête tournée sur le côté. Les forces de l’ordre ajoutent parfois à cette position d’autres moyens de contention, tels que le menottage des poignets derrière le dos et l’immobilisation des chevilles (avec parfois les genoux relevés), et peuvent aller jusqu’à exercer un poids sur le dos de la personne ainsi maintenue à terre. Du fait de la position ainsi imposée à la personne, cette technique entrave fortement les mouvements respiratoires et peut provoquer une asphyxie positionnelle. En raison des risques de décès qu’elle entraîne, la pratique du plaquage ventral a été dénoncée à plusieurs reprises par Amnesty International. Une étude médicale indépendante attire également l’attention sur cette pratique : « des cas de mort subite chez des individus maintenus en position ventrale lors d’une arrestation, entraînant une asphyxie, même sans pression exercée au niveau du cou, ont été décrits dans la littérature et de nombreux cas ont été rapportés ». Prenant en compte les risques que cette pratique a révélé, le Comité européen de prévention de la torture (CPT) estime que les moyens de contrainte susceptibles de provoquer une asphyxie posturale, comme le plaquage ventral, ne devraient constituer qu’un ultime recours. À l’occasion de l’examen de la France en 2010, un rapporteur du comité des Nations unies contre la torture (CAT) s’est quant à lui dit « préoccupé par le fait que la technique d’immobilisation dans la position dite du décubitus ventral continue d’être utilisée ». En 2007, la France a par ailleurs été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme suite au décès d’un homme résultant de cette pratique. En raison des risques qu’elle comporte, plusieurs pays, tels que la Suisse et la Belgique, ont renoncé à cette technique. En France, elle a été encadrée sans être toutefois interdite. « Lorsque l’immobilisation d’une personne est nécessaire, la compression - tout particulièrement lorsqu’elle s’exerce sur le thorax ou l’abdomen – doit être la plus momentanée possible et relâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires. » Elle est ainsi toujours pratiquée en France et est mise en cause dans plusieurs cas de décès répertoriés par l’#ACAT.
Recommandations de l’ACAT
• Proscrire l’utilisation des techniques dites du « pliage » et du « decubitus ventral ».
• Encadrer plus strictement la pratique de clés d’étranglement
►https://www.acatfrance.fr/app/items/print/actualite/des-gestes-d-immobilisation-qui-etouffent
#étouffement #violences_policières #décès #maintien_de_l'ordre
La sœur d’#Adama_Traoré va être mise en examen pour #diffamation envers des gendarmes
Deux gendarmes avaient porté plainte contre #Assa_Traoré pour les propos écrits sur un compte Facebook.
Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, va être mise en examen pour diffamation envers des gendarmes, a appris mardi 10 décembre franceinfo auprès de son avocat Me Yassine Bouzrou. Elle a reçu une lettre du juge d’instruction, faisant office d’"avis préalable à une #mise_en_examen" pour « #diffamation_publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique ».
« Ils ne tueront pas ton nom Adama »
Deux gendarmes avaient porté plainte contre Assa Traoré pour les propos écrits sur un compte #Facebook. Sur ce compte on peut lire : « Les gendarmes t’ont tué mais ils ne tueront pas ton nom Adama », et « Pas de justice pas de paix, mise en examen des gendarmes », suivi des noms de trois gendarmes. Le texte les désigne comme responsables de la mort d’Adama Traoré, jeune homme mort lors de son interpellation par les gendarmes dans le Val-d’Oise en 2016.
Le collectif « La vérité pour Adama » dénonce sur Twitter une « incroyable inversion des rôles ». "C’est la soeur de la victime qu’on met en examen, écrivent-ils.
Ils exigent le silence de la famille ainsi que le maintien de leur anonymat (…) Nous vous demandons de l’écrire partout en solidarité avec Assa Traoré et sa famille. Nous le répétons : mise en examen des gendarmes !Collectif « La vérité pour Adama »
L’avocat de la famille Traoré, Me Yassine Bouzrou, précise que cette mise en examen est la suite logique de la procédure, lorsqu’il y a dépôt de plainte avec constitution de partie civile. D’après lui, cela ne prouve pas que le juge a des éléments contre Assa Traoré. « Ces plaintes sont grotesques et n’ont aucune chance d’aboutir », commente l’avocat auprès de franceinfo. Il indique que deux autres gendarmes poursuivent Assa Traoré sous forme de citation directe.
S’il te plaît. Arrête-toi et offre nous cinq petites minutes pour écouter. Cinq toutes petites minutes et après tu pourras reprendre ta vie. Tu pourras encore faire des choix...
Qui a Tué Steve ?
Lila Zarqa : ▻https://youtu.be/FiyJdRKLYNA
(merci à l’Amie qui me l’a envoyée)
A la marche pour Adama, une convergence inédite
▻https://www.mediapart.fr/journal/france/210719/la-marche-pour-adama-une-convergence-inedite
Samedi 20 juillet, des milliers de personnes ont défilé afin de réclamer justice pour Adama Traoré, mort en 2016. Cette année, ses proches ont notamment été rejoints par des gilets jaunes.
#Violences_policières #Adama_Traoré,_Ripostons_à_l’autoritarisme,_violences_policières,_Gilets_noirs,_écologistes,_gilets_jaunes,_A_la_Une
#Taha_Bouhafs, le fumeur de chicha qui a fait tomber #Benalla | #StreetPress
▻https://www.streetpress.com/sujet/1550583313-taha-bouhafs-journaliste-chicha-benalla
À seulement 21 ans, Taha Bouhafs s’est forgé une solide réputation dans les milieux militants et politiques de gauche. Candidat aux législatives de 2017 pour la France Insoumise – à 19 ans -, activiste assidu durant les blocus étudiants de 2018, il ne manque aucun rendez-vous lié aux luttes des quartiers populaires non plus. Surtout, il a participé à lancer la saga Benalla, qui secoue le gouvernement depuis déjà huit mois. Taha est l’auteur de la vidéo où l’ex-collaborateur de Macron tabasse un couple de manifestants, place de la Contrescarpe. « Et ça n’a rien d’un coup de chance que ça soit lui : il est partout, tout le temps », assure son ami #Youcef_Brakni, membre du Comité #Adama
[...]
C’est deux mois plus tard qu’une amie lui signale que sa vidéo est sur Le Monde. « #Ariane_Chemin ne m’a jamais ni crédité, ni appelé », regrette-t-il, y voyant un mépris pour les militants de terrain. « Si j’avais été envoyé en GAV, ni elle, ni les journalistes de Médiapart ne seraient venus m’aider… »
]]>Affaire Adama Traoré : un rapport met en cause les conclusions des experts
▻https://lemediapresse.fr/societe/affaire-adama-traore-une-rapport-met-en-cause-les-conclusions-des-expe
Nouveaux rebondissements dans l’affaire Adama Traoré. Les experts médicaux mandatés par la justice avaient conclu à une mort causée par deux maladies préexistantes, écartant la responsabilité des gendarmes. Un rapport de contre-expertise contredit cette version et met en question la procédure de nomination des spécialistes. L’enquête des magistrats, close le 14 décembre 2018, favorisait l’hypothèse […]
]]>« Faire alliance à égalité, avec nos spécificités »
Anouk Essyad, Solidarités, le 20 décembre 2019
▻https://www.solidarites.ch/journal/d/article/9007
Le 26 novembre, le comité Vérité et Justice pour Adama Traoré appelait à rejoindre les Gilets jaunes. Il a pu y joindre des revendications des habitant·e·s des quartiers populaires, pour qui la question sociale est indissociable du racisme. Entretien avec Youcef Brakni, membre du comité.
Pourquoi avoir décidé de rejoindre les Gilets jaunes ?
Au départ, on a observé ça avec distance. On a d’abord vu les problèmes de racisme, de négrophobie, d’islamophobie et d’homophobie, qui ont été largement médiatisés. Ça a fait un peu peur évidemment, mais on s’est dit qu’il fallait regarder ça de plus près. En fait, c’est la France abandonnée. C’est la France périphérique, un peu comme celle qu’on peut trouver dans les quartiers populaires. Et cette France s’est levée avant tout pour la justice sociale.
La question des taxes nous parle aussi, nous qui habitons les quartiers populaires. On est confronté·e·s à la question de la mobilité, avec ce que Fatima Ouassak appelle « l’assignation à résidence ». Dans les quartiers populaires, tout est fait pour nous entraver, avec des stratégies urbaines pour nous empêcher de circuler librement. En bref, on se retrouve dans toutes les problématiques portées par les Gilets jaunes : la question des familles monoparentales, des femmes isolées qui n’arrivent pas à s’en sortir, la question de l’exploitation, de ne pas pouvoir vivre de son travail.
On a donc investi le mouvement parce qu’il nous concerne et avec l’idée de ne pas laisser le terrain à l’extrême droite, en posant nos questions et revendications spécifiques : le racisme, la persistance du fait colonial, notamment dans la gestion des quartiers populaires. Pour dénoncer tout ça, il ne faut pas rester passif : il faut construire des alliances avec le mouvement social et la gauche de façon large.
#Gilets_Jaunes #France #Youcef_Brakni #Adama_Traoré
Ma compilation sur le sujet :
►https://seenthis.net/messages/752886
1er décembre. Le Comité #Adama appelle à manifester avec les gilets jaunes
Le Comité Adama, qui lutte sans faille contre les violences policières et le racisme, appelle les quartiers populaires à manifester aux côtés des gilets jaunes samedi prochain. Ils dénoncent le régime Macron qui laisse les habitants des quartiers agoniser chaque fin de mois et expliquent les points de convergence avec ce mouvement de colère sociale qui a explosé dans le pays.
▻http://www.revolutionpermanente.fr/1er-decembre-Le-Comite-Adama-appelle-a-manifester-avec-les-gile
"Ce qui compte est d’avoir une ligne claire et de ne pas se trahir. Ne pas trahir ses idéaux politiques."
RDV 13h30 Gare Saint-Lazare pour partir direction les Champs-Elysées.
▻http://www.mizane.info/comite-adama-gilets-jaunes-nous-devons-lutter-dans-la-rue
Le comité Adama rejoint les gilets jaunes : « Ce n’est pas une alliance au prix d’un renoncement politique »
►https://www.bondyblog.fr/reportages/cest-chaud/gilets-jaunes-quartiers-comite-adama
#Comité_Adama #violences_policières #racisme #quartiers #gilets_jaunes #Macron #convergence #colère_sociale
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