• «The Crime of the Century»: le crime des opioïdes | Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/culture/ecrans/600256/le-crime-des-opioides

    Une crise, c’est quelque chose qui arrive. Et la crise des opioïdes n’est pas simplement « arrivée », dit Alex Gibney. Elle a été fomentée, réfléchie avec attention, élaborée avec le consentement, la complicité ou l’ignorance des institutions, alimentée par la permissivité des lois, le manque d’éthique et l’arrogance de personnages tout-puissants. « Ce n’est pas une crise. C’est une escroquerie. »

    Sans jamais critiquer ceux qui consomment, mais bien ceux qui poussent à consommer, il enchaîne les images d’ambulanciers, de matelas souillés, de chambres vides de tout, sauf de corps inertes. Tandis que, dans leurs bureaux aussi immaculés que leurs costards, les responsables de ce carnage se frottent les mains, impunis.

    Ayant eu accès à des courriels internes censés rester secrets, le réalisateur expose à la face du monde la douleur exploitée pour le profit, la détresse pour les milliards, le désespoir pour l’opulence.

    Milliardaires magouilleurs

    Il montre comment des milliardaires ont magouillé pour prescrire un médicament, l’OxyContin, au plus grand nombre de personnes possible. Même, et surtout, à ceux qui n’en avaient pas besoin. Pour « créer une drogue blockbuster ». Pour la proposer en doses trop élevées non pas comme dernier recours, mais bien comme première option. Portée par le slogan sinistre « OxyContin, le médicament avec lequel vous commencez — et avec lequel vous resterez ».

    « Ce sont de bons médicaments pour calmer les souffrances après une chirurgie grave, après un accident. Pour calmer les douleurs en fin de vie, celles du cancer, explique à l’écran le Dr Andrew Kolodny, directeur exécutif des Physiciens pour la prescription responsable d’opioïdes. Mais pas pour une douleur chronique commune. Pas pour des ados ayant mal au genou. »

    Si un journaliste est présent, et ce, sporadiquement, c’est Patrick Radden Keefe. Posé, professionnel, le reporter de talent du New Yorker retrace sobrement l’historique de la dynastie Sackler. Comme il l’avait fait en 2017 dans The Family that Built an Empire of Pain.

    Cette incroyable enquête, qu’il a depuis transformée en livre, relate le parcours d’un clan qui s’est bâti une renommée tout en bâtissant, dans l’ombre, un « empire de douleur ».

    Philanthropes dont le patronyme a coiffé des salles de cours d’université, comme des ailes du Guggenheim et du Louvre, les Sackler, bonzes de la compagnie Purdue Pharma, ont fait rouler le marketing médical sans arrière-pensées. « Faites affaire avec ceux qui prescrivent. C’est là que se trouve le fric. »

    Invité récemment dans le balado The Book Review, Patrick Radden Keefe faisait d’ailleurs remarquer ceci : « C’est l’histoire d’une saga familiale. Mais c’est surtout l’illustration de la façon dont, aux États-Unis, l’argent pollue toute chose. »

    En détail, Alex Gibney décortique le dédain des patrons de Purdue. Il révèle leurs messages méprisants qui pressent les équipes à écouler ce qu’ils nomment de la « hillbilly heroin ». En quantité industrielle, à qui en voudrait bien, et tant pis pour les morts.

    Il raconte les partys de la compagnie. Une mascotte de pilule géante qui danse sur un classique de Van Halen modifié pour vanter le Fentanyl. Des vendeurs qui chantent avec enthousiasme une relecture de Taking Care of Business. « Selling OxyContin, everyday ! Selling OxyContin, every way ! »

    Ce serait caricatural si ce n’était pas aussi tragique.

    #Opioides #Patrick_Radden_Keefe #Addiction_sur_ordonnance

  • Ebene Magazine – Certains membres de la famille Sackler critiqués pour des liens avec des opioïdes | EBENE MAGAZINE
    https://news.ebene-magazine.com/ebene-magazine-certains-membres-de-la-famille-sackler-critiqus-
    https://i2.wp.com/news.ebene-magazine.com/wp-content/uploads/2021/04/Ebene-Magazine-Certains-membres-de-la-famille-Sackler-critiqueacutes-pour-des

    Le nom Sackler est peut-être partout, a déclaré Keefe, mais il est étrangement absent de la société qui les a rendus riches. « Eh bien, pour moi, c’était le paradoxe qui a lancé tout ce projet », a-t-il déclaré. « C’est une fortune dont la grande majorité provient de cette société, Purdue Pharma, qui n’a pas leur nom. »

    Purdue Pharma, propriété privée de certains membres de la famille Sackler, est le fabricant de médicaments qui a développé et commercialisé le puissant analgésique OxyContin. La société a été accusée d’avoir contribué à déclencher l’épidémie d’opioïdes qui a tué près d’un demi-million de personnes dans ce pays au cours des deux dernières décennies.

    Et pourtant, pendant une grande partie de ce temps, les Sackler – l’une des familles les plus riches d’Amérique (telle que compilée par le magazine Forbes) – ont largement évité l’examen public du rôle qu’ils auraient joué.

    Ils font maintenant l’objet du nouveau livre de Keefe : « Empire of Pain : The Secret History of the Sackler Dynasty » (Doubleday).

    « Isaac Sackler, le patriarche originel, il perd en quelque sorte sa chemise dans la dépression », a déclaré Keefe. « Et il convoque ses trois fils auprès de lui, et il dit :« Le plus important est le bon nom de famille, ce bon nom de famille. Si vous perdez une fortune, vous pouvez toujours en faire une autre. Mais si vous perdez votre bonne réputation, vous ne pourrez jamais le récupérer. ‘ »

    Les trois frères – Mortimer, Raymond et Arthur – sont devenus médecins. Mais c’est le plus âgé, Arthur, qui s’est fait le premier nom (et sa fortune) en tant que pionnier de la publicité.

    « Arthur devient une sorte de Don Draper de la publicité médicale », a déclaré Keefe. « C’est cet incroyable pionnier visionnaire qui conçoit toutes ces nouvelles façons de vendre des médicaments, et plus particulièrement de vendre des médicaments aux médecins. »

    Moriarty a demandé, « Vous écrivez dans le livre que la première fortune Sackler a été construite sur Valium. Il n’a pas créé ce médicament, il est juste de la publicité ? »

    « Juste de la publicité. Mais quand il a négocié son accord pour ce faire, il a dit : » Ecoutez, je veux avoir une série de bonus croissants en fonction de la quantité de drogue que vous vendez. » Le valium devient alors la drogue la plus rentable au monde, et ainsi, il le rend fabuleusement riche. « 

    #Patrick_Radden_Keefe #Sackler #Addiction_sur_ordonnance #Opioides

  • Book Review: ‘Empire of Pain,’ by Patrick Radden Keefe - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/04/09/books/review-empire-of-pain-sackler-dynasty-patrick-radden-keefe.html

    Taking cover under complexity has been a common strategy for tobacco companies and big oil — entities that have profited from disaster while seeking ways to avoid any moral opprobrium and expensive accountability. But even the most elaborately complex phenomena can still have relatively simple beginnings, a kernel that requires only the ingenuity and ruthlessness of people who are ready to exploit it.

    Since 1996, 450,000 Americans have died from opioid overdoses, making them the leading cause of accidental death in the country. In “Empire of Pain,” Patrick Radden Keefe tells the story of how the Sackler family became a decisive force in a national tragedy. “Prior to the introduction of OxyContin, America did not have an opioid crisis,” Keefe writes. “After the introduction of OxyContin, it did.”

    Throughout his career, Arthur maintained that he wasn’t trying to influence physicians, just to “educate” them. Among his biggest triumphs as an adman was the marketing of the tranquilizers Librium and Valium, beginning in the 1960s. The drugs’ manufacturer, Roche, insisted they weren’t addictive — even though the company had evidence showing they were. Once the patents on the tranquilizers were about to expire, Roche finally relented to government controls. By then, 20 million Americans were taking Valium, and Arthur was rich. “The original House of Sackler was built on Valium,” Keefe writes, but Arthur would spend the rest of his life trying to downplay the connection.
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    Keefe nimbly guides us through the thicket of family intrigues and betrayals — how Arthur purchased the patent medicine company Purdue Frederick for his brothers, Mortimer and Raymond, in 1952, before he grew apart from them; and how Arthur’s heirs sold their shares to the surviving brothers after he died in 1987. Arthur’s descendants have tried to distance themselves from their cousins, protesting that they weren’t involved in the creation of OxyContin, but Keefe suggests they can’t get away from Purdue’s origin story. Arthur had created a fortune and a template.

    Even when detailing the most sordid episodes, Keefe’s narrative voice is calm and admirably restrained, allowing his prodigious reporting to speak for itself. His portrait of the family is all the more damning for its stark lucidity.

    #Patrick_Radden_Keefe #Addiction_sur_ordonnance #Opioides #Oxycontin

  • For Him, the Delight Is in the Digging - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/04/08/books/patrick-radden-keefe-empire-of-pain.html

    Patrick Radden Keefe has investigated human smuggling, government espionage and the Northern Ireland conflict. With “Empire of Pain,” he takes on the Sackler family and the opioid crisis.

    Un portrait de Patrick Radden Keefe en journaliste issu des études juridiques, et passionné pour découvrir les secrets qu’on cache.

    J’ajouterais à l’ensemble des remarques laudatives de l’article que Patrick est un formidable conteur. Qu’il sait nous prendre par la main et nous guider, nous donner envie d’aller encore plus loin dans ses recherches.

    Je suis finalement assez fier d’avoir repéré et publié son article sur les Sackler avant qu’il ne devienne célèbre.
    voir Addiction sur ordonnance https://cfeditions.com/addiction

    #Patrick_Radden_Keefe #Portrait #Addiction_sur_ordonnance

  • Recension : Patrick Radden Keefe, Frédéric Autran, Cécile Brajeul, Addiction sur ordonnance. La crise des antidouleurs
    https://journals.openedition.org/lectures/33475

    Ce livre interroge à la fois le fonctionnement des administrations de la santé publique et l’éthique médicale. Patrick Radden montre bien comment la cupidité et le profit permettent de corrompre des personnes haut placées qui vont ensuite travailler pour Purdue Pharma. Il dénonce également le fait que les institutions culturelles et universitaires qui reçoivent des dons de la part de l’entreprise pharmaceutique continuent à les accepter, sans remettre en question l’origine de ces financements.

    #C&F_éditions #Addiction_sur_ordonnance