• Aux origines du 1er Mai : Les Martyrs de Chicago
    https://www.partage-noir.fr/aux-origines-du-1er-mai-les-martyrs-de-chicago

    Un meeting se tient au Haymarket Square de Chicago le 4 mai 1886. Les orateurs anarchistes #Albert_Parsons, #August_Spies et #Samuel_Fielden soutiennent la revendication de la journée de huit heures pour les travailleurs. Les «  Chevaliers du Travail  » viennent de lancer une grande campagne de mobilisation afin d’obtenir ce droit. Les manifestants commencent à se disperser lorsque les forces de l’ordre chargent. Une bombe explose parmi les policiers, ceux-ci tirent alors sur la foule. MLT & OLT

    / August Spies, #George_Engel, Albert Parsons, #Louis_Lingg, #Adolph_Fischer, #Michael_Schwab, #Oscar_Neebe, Samuel (...)

    #MLT_&_OLT

    • https://www.arte.tv/fr/videos/082189-001-A/le-temps-des-ouvriers-1-4

      Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des « damnés de la terre ».

      Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie « industrielle et commerciale », portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d’ouvriers, sur des métiers appartenant à des marchands devenus industriels. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage.
      Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière primitive, qui oppose à la main de fer de l’industrie naissante des révoltes spontanées et sporadiques, va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte, dans une alliance parfois malaisée avec les républicains anglais, inspirés par la Révolution française de 1789. Ses revendications sont sociales et politiques : réglementation du travail des enfants, salaires, durée du temps de travail, liberté syndicale, droit de grève, suffrage universel... Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, une classe ouvrière anglaise puissante et combative semble en mesure de faire la révolution.

      Temps complet
      La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lénine, Gorki – La révolution à contre-temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, célébrissimes ou méconnues, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’informations. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix à la fois présente et discrète de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un temps à l’autre : celui du travail, compté hier comme aujourd’hui minute par minute, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies, comme le processus de légalisation des syndicats ou du travail à la chaîne. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes, hommes et femmes, « personnages » à part entière dont la passion communicative rythme le récit. On peut citer Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, avec Xavier Vigna comme conseiller scientifique de l’ensemble des épisodes. Cette série documentaire virtuose, où l’expérience intime coexiste avec la mémoire collective, au risque parfois de la contredire, révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.

      #travail #lutte_des_classes #1er_mai

  • Les réseaux sociaux, un chaos informationnel pour les ados | la revue des médias
    http://larevuedesmedias.ina.fr/chaos-information-reseaux-sociaux-adolescents-sophie-jehel

    Cela fait quinze ans que nous savons que les adolescents vont sur des plateformes numériques très peu régulées et qu’ils publient des éléments de leur vie dont ils ne perçoivent pas toujours les conséquences. Ils ont avant tout besoin d’espaces de parole libre dans lesquels ils pourront évoquer tous les problèmes qu’ils rencontrent sur les plateformes. Je pense que la priorisation actuelle des pouvoirs publics sur la question de l’information n’est pas tout à fait en phase avec la réalité vécue par les adolescents. Aujourd’hui, les jeunes réalisent eux-mêmes un grand travail éthique qui nécessite une énergie importante. Il s’agit pour eux de traiter tous les messages qu’ils reçoivent et de réfléchir à la manière dont ils doivent y répondre. J’appelle cela le travail émotionnel. Ce travail n’est pas lié au fait de savoir si une information est vraie ou fausse, mais à la manière dont son partage, la réponse ou non-réponse des publics va être reçue, à leur pertinence. Le travail de vérification de l’information me semble très loin des réalités que vivent les adolescents.

    #RéseauxSociaux #Violence #Images #EMI #SNT #Adolescence #Numérique #Information

  • Gestes suicidaires chez les adolescentes : SOS d’une jeunesse en détresse – Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/gestes-suicidaires-chez-les-adolescentes-sos-dune-jeunesse-en-detresse-20

    Chez les filles de moins de 15 ans, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont très fortement augmenté, progressant sur les 43 premières semaines de 2021 de plus de 40 % par rapport à la moyenne des admissions sur la même période lors des trois années précédentes. Le nombre d’admissions chez les garçons de moins de 15 ans sur les 43 premières semaines de 2021 est quant à lui parfaitement stable par rapport aux trois dernières années.

  • Le passe vaccinal détruit l’avenir des adolescents

    « Tu veux retourner au ciné ? Aller en soirée ? Pense à te faire vacciner. » Le bout de papier date de cet été, mais il est déjà un peu jauni. Je l’ai accroché sur le mur de la cuisine, pour mémoire. C’est un flyer pour les adolescents qui fait la promotion d’un vaccinodrome ouvert dans la salle polyvalente du coin, avec les logos de la préfecture, de l’Agence régionale de santé et de l’hôpital. Dans une petite bulle, au-dessus d’un dessin représentant une infirmière et un enfant avec une seringue sur le bras, il est même écrit : « 1 entrée offerte à la base de loisirs pour toute personne vaccinée lors de cette opération. »

    Au moment où ce flyer a atterri dans ma cuisine, on savait depuis longtemps que les adolescents en bonne santé ne couraient qu’un très faible risque d’être atteints d’une forme grave de Sars-Cov-2, comme l’a constaté la Haute autorité de santé. En juin 2021, le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) rendait son avis au ministère de la Santé sur l’extension de la vaccination aux 12-18 ans. Il rappelait que « les formes graves de l’infection par la Covid-19 sont très rares chez les moins de 18 ans » et que « le recul existant ne permet pas d’assurer la pleine sécurité de ces nouveaux vaccins chez l’adolescent ». Selon le CCNE, les adolescents n’auraient donc aucun bénéfice médical à être vaccinés et ne le feraient que pour contribuer à un bénéfice collectif, celui de renforcer l’immunité au sein de la population. Aussi, « il semble souhaitable […] d’accepter de vacciner contre la Covid-19 les adolescents qui le demandent, mais après avoir reçu une information claire et adaptée à cette tranche d’âge sur les incertitudes liées à la maladie, au vaccin lui-même et à son efficacité à moyen et long terme. Avec cette mise en garde : « Si la vaccination leur était présentée comme leur seule chance de retour à une vie normale, cette pression effective poserait la question de la validité de leur #consentement. »

    Consentement extorqué

    Un mois après l’avis du CCNE, le gouvernement a annoncé l’entrée en vigueur du passe sanitaire : les #adolescents #non_vacciné s sont interdits de sport, de bibliothèque, de piscine, de cinéma, de musée, de train, de concerts, de café et de restaurant. Sur la base des informations fournies par les entreprises pharmaceutiques, on a martelé que les vaccins sont sans risques. Le gouvernement a méprisé les recommandations éthiques les plus élémentaires et bafoué le consentement des adolescents.

    Six mois plus tard, en pleine vague Omicron, on constate que les vaccins disponibles n’offrent pas une immunité durable et n’ont qu’une efficacité modérée sur la contagion. Pour les jeunes sans comorbidité, la balance #bénéfice-risque est devenue très discutable. Il n’y a pas de retour à la vie normale. Et il semblerait qu’en plus d’avoir extorqué leur consentement par la culpabilisation et le chantage au passe sanitaire, on ait exposé la santé de près de 3,8 millions d’adolescents (76,6 % des 12-17 ans sont vaccinés [1]). Impossible de savoir quelles répercussions ces deux doses pourraient avoir sur leur santé. Peut-être aucune, espérons-le. Sinon, il y a de fortes chances pour que personne n’en endosse jamais la responsabilité.

    [...]

    Peut-être avons-nous tellement refoulé notre impuissance et notre culpabilité face à ce futur impensable que nous n’arrivons plus à défendre quoi que ce soit au présent. Mais nous ne pouvons assumer la responsabilité du présent que si nous réussissons à nous ressaisir de notre responsabilité vis-à-vis de l’avenir. Si nous voulons trouver la force de lutter contre ce que le quotidien offre de décisions ineptes et injustes, nous sommes obligés d’affronter les perspectives les plus sombres et de construire, face à elles, de vraies alternatives politiques, sensées et concrètes.

    https://reporterre.net/Le-passe-vaccinal-detruit-l-avenir-des-adolescents

    #Celia_Izoard #Reporterre

    • #Belgique : Rentrée particulière pour des centaines d’élèves : « On n’a plus eu cours depuis un mois et demi »
      https://www.rtbf.be/info/regions/hainaut/detail_rentree-particuliere-pour-des-centaines-d-eleves-on-n-a-plus-eu-cours-de

      C’est la conséquence d’un concours de circonstances fâcheux : plusieurs centaines d’élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles n’ont plus eu cours depuis six semaines.

      A l’école communale Pascal Hoyaux, à Manage, dès le début du mois de décembre, des classes ont dû être fermées pour cause de cas positifs. Malgré ces fermetures, la flambée des contaminations s’est poursuivie, contraignant l’établissement à fermer entièrement ses portes durant dix jours, à partir du 7 décembre. A ce moment-là, une cinquantaine d’enfants étaient positifs au coronavirus, sur 438 élèves.

      Fermetures et congés en cascade
      L’école devait donc rouvrir le 17 décembre. Mais c’était sans compter sur la semaine de congés anticipés dans tout le pays, décidée par le Codeco en raison de la situation sanitaire. Les cours ont donc été suspendus une semaine de plus, avant le début des vacances de Noël.

      Ce lundi 10 janvier signe donc enfin la reprise pour ces élèves, après un mois et demi de congés forcés. . . . . . . .

  • « Revenge porn », comptes « fisha » : les ados face aux nouvelles cyberviolences
    https://theconversation.com/revenge-porn-comptes-fisha-les-ados-face-aux-nouvelles-cyberviolenc

    Si le fait de réaliser des images de manière consentie peut relever d’un jeu de séduction auquel on se livre dans le cadre d’une relation de confiance, les diffuser sans le consentement de la personne représentée constitue une cyberviolence. Bien qu’elle ne soit pas juridiquement considérée comme telle, la pornodivulgation est une violence sexiste et sexuelle qui peut toucher des hommes, mais cible principalement des jeunes filles et des femmes.

    Dans le cadre d’une étude exploratoire menée dans quatre lycées du Grand Est entre 2018 et 2020, 18 élèves (7 garçons et 11 filles) ont été interrogés sur leur expérience du harcèlement scolaire et de la cyberviolence. Les résultats montrent que la pornodivulgation y occupe une place importante.

    En 2017, une enquête européenne chiffrait à 6 % la proportion d’adolescentes et adolescents ayant été victimes de pornodivulgation, et à 51 % le nombre de témoins. Parmi les 18 élèves que nous avons rencontrés, 2 filles en ont été victimes, 14 (dont les 2 filles) ont déclaré en avoir été témoins et 4 n’ont jamais expérimenté aucune forme de cyberviolence. Cette forme d’agression leur vient spontanément à l’esprit quand on les interroge sur leur expérience de la cyberviolence :

    « Le revenge porn, c’est une réalité, il y a eu un cas dans ma classe. Il y a un garçon qui a publié des photos de son ex. Et ça a fait le tour de la classe, mais ça a aussi fait le tour de la ville. » (Baptiste)

    Quand une jeune fille est victime de pornodivulgation, il n’est pas rare qu’elle subisse une campagne de déconsidération orchestrée par ses camarades l’accusant d’être responsable de ce qui lui arrive (« il ne fallait pas poser nue »), voire par ses amies qui se désolidarisent pour ne pas entacher leur réputation (« il ne faut pas être l’amie d’une fille facile »).

    J’aime bien cet article avec beaucoup de verbatim

    Léo a cherché à venir en aide à une fille de sa classe dont les photos ont été publiées, mais s’est rapidement senti impuissant :

    « Elle a essayé de se suicider. […] Je me voyais pas la laisser toute seule avec ça, je ne le supportais pas […] Franchement, il y a pas beaucoup de possibilités à part supprimer les images, mais ça reste ancré. À part la soutenir, parler à sa famille pour qu’ils la comprennent. Franchement, je sais pas quoi faire. »

    Ces violences ont de terribles conséquences pour les victimes mais ont également un impact sur les témoins qui sont souvent impuissants face à la viralité avec laquelle les contenus se propagent et qui, affectés par la situation, deviennent des victimes collatérales :

    « Quand on voit des personnes qu’on connaît ou même qu’on connaît pas, et que du jour au lendemain ça va pas, ça fait mal. » (Arisa)

    #Bérengère_Stassin #Pornodivulgation #Adolescences

  • Le passé trouble des liens entre l’aristocratie allemande et le parti nazi Robert Philpot - Time of Israel
    https://fr.timesofisrael.com/le-passe-trouble-des-liens-entre-laristocratie-allemande-et-le-par
    Des faits rapportés dans une réclamation d’indemnisation de la famille royale allemande pourraient relancer la polémique sur le rôle de la noblesse sous le régime de Hitler

    LONDRES – Aucun moment de l’histoire de la résistance allemande au nazisme n’a fait l’objet d’autant d’attention – ou n’a été autant mythifié – que le « complot de juillet » de 1944, lorsque la bombe du comte Claus von Stauffenberg a failli assassiner Adolf Hitler. Les conspirateurs, comme l’avait dit l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl en 1994, étaient « les plus nobles et les plus grands » individus « qui aient jamais été produits dans l’histoire de l’humanité ».

    La bravoure de Stauffenberg et de ses compagnons de conspiration – et leurs origines aristocratiques – a cimenté dans l’imaginaire populaire l’idée selon laquelle la noblesse allemande était à l’avant-garde de l’opposition intérieure au national-socialisme.

    Mais, selon le Dr Stephan Malinowski, auteur de Nazis & Nobles : The History of a Misalliance, la réalité est un peu plus complexe. Non seulement l’écrasante majorité des conspirateurs ont apporté « une contribution substantielle à l’ascension de la dictature nazie », écrit-il, mais nombre de ceux qui ont tenté de tuer Hitler au cours de l’été 1944, alors que l’Allemagne se dirigeait vers la défaite, avaient eux-mêmes eu auparavant une relation profondément ambiguë avec le Troisième Reich.

    Le rôle des échelons supérieurs de la société allemande dans l’accession au pouvoir des nazis est un pan de l’Histoire souvent négligé et oublié.

    « Il est fascinant de constater que… nous avons des livres sur l’histoire de la paysannerie, des femmes et des commerçants, mais que très peu a été écrit sur la noblesse et sur ces familles encore très puissantes et très influentes », explique Malinowski dans une interview au Times of Israël . « C’est difficile à expliquer. »

    Le livre de Malinowski, qui vient d’être publié en anglais pour la première fois, arrive donc à point nommé. Les médias allemands se penchent actuellement sur les démarches juridiques entreprises par l’ancienne famille royale allemande pour réclamer une compensation pour les biens qui lui ont été confisqués par les Soviétiques après 1945.

    Mais pour que sa demande aboutisse, la famille Hohenzollern doit prouver que le prince héritier Wilhelm, fils du Kaiser qui s’est exilé à la fin de la Première Guerre mondiale, n’a pas apporté de « soutien substantiel » aux nazis.

    Malinowski, dont les recherches ont mis en évidence le soutien public du « petit Willie » aux premières mesures prises par les nazis contre les Juifs en Allemagne en mars 1933, est l’un des quatre experts chargés de fournir des avis confidentiels dans cette affaire.

    « Mon sentiment personnel est qu’en suscitant l’intérêt des historiens, la famille a ouvert une boîte de Pandore qu’elle pourrait, avec le recul, regretter. Ce que les historiens vont découvrir sur la famille après 1919 n’est pas très agréable », estime Malinowski.


    L’historien Stephan Malinowski, auteur de ‘Nazis & Nobles.’ (Crédit : Manfred Thomas/ Autorisation)

    Bien sûr, comme le dit Malinowski, la noblesse allemande n’était pas un groupe homogène, mais divisée selon des critères de richesse, de religion et de géographie. L’aristocratie catholique du sud, par exemple, s’est avérée bien plus insensible à l’appel des nazis que la noblesse protestante de Prusse. De même, la « petite noblesse » – ceux qui se situent aux échelons inférieurs de l’aristocratie sur le plan social et économique – a adopté le national-socialisme avec plus d’enthousiasme que la « grande noblesse », ancienne propriétaire terrienne et toujours immensément riche.

    Néanmoins, les haines partagées – et l’opportunité de gain personnel que les nazis leur faisaient miroiter – ont contribué à forger ce que Malinowski appelle une « mésalliance », terme aristocratique désignant un mariage scandaleux entre un membre de la noblesse et une personne de rang inférieur. Ces haines – vis-à-vis de Weimar et de sa démocratie, du libéralisme, de la gauche, de la classe moyenne supérieure, des intellectuels et des villes – étaient soudées par la « colle symbolique » d’un antisémitisme enragé.

    Au lendemain de la révolution de 1918, qui a renversé l’ordre social et politique de l’Allemagne impériale et inauguré la république démocratique de l’entre-deux-guerres, il n’y a pas eu de « Terrorisme rouge » dirigé contre la noblesse, comme celui qui sévissait alors en Russie.

    Mais la révolution a déclenché un processus crucial de déclin social et de radicalisation politique au sein d’une grande partie de l’aristocratie. La noblesse a subi des pertes concrètes de pouvoir et de statut.



    « Nazis & Nobles, » écrit par le docteur Stephan Malinowski. (Autorisation)

    Les « réseaux de vieux garçons » aux plus hauts niveaux de la fonction publique se sont effondrés et, surtout, le traité de Versailles a décimé le corps des officiers allemands, frappant particulièrement la petite noblesse. Sur les quelque 10 000 nobles qui avaient servi dans l’armée du Kaiser, seuls 900 environ ont trouvé un emploi dans la nouvelle Reichswehr.

    Parallèlement, la fuite du Kaiser et la fin de la monarchie laissent la noblesse à la dérive sur le plan idéologique, créant un vide symbolique et politique fatal. Ce vide a laissé l’aristocratie à la merci de la pensée radicale de la « Nouvelle Droite » des intellectuels de la classe moyenne, avec lesquels elle partageait le désir de renverser ce que l’un des leurs, l’avocat et journaliste Edgar Julius Jung, appelait le « règne des inférieurs » de la république démocratique.

    Les DAG de la guerre
    Principalement, mais pas exclusivement, issue des rangs de la petite noblesse, la Société noble allemande (DAG) – à laquelle appartenait, selon les estimations, un tiers de tous les aristocrates adultes à son apogée en 1925 – a à la fois illustré et contribué au processus de radicalisation. En 1919, la société a été la première organisation aristocratique à déclarer son désir de « se débarrasser de l’esprit juif et de sa culture ».

    Un an plus tard, alors que le futur président de Weimar, le maréchal général Paul von Hindenburg, occupait le poste de président d’honneur, la conférence annuelle de l’organisation a adopté un « paragraphe aryen » dans ses statuts excluant les futurs membres d’ascendance juive. Cette disposition fut rapidement étendue à l’adhésion de tout aristocrate qui « est ou était » marié à une personne qui n’était pas « racialement pure ». (Bien que les sociétés nobles catholiques aient tenu des débats similaires, les principales organisations telles que l’Association des aristocrates catholiques ont choisi de ne pas suivre l’exemple de la DAG).

    Les premières années de la République sont également marquées par la décision de commencer à compiler un registre de tous les membres de la noblesse éligibles sur le plan racial. Lors d’une conférence tenue en 1920, il a été décidé que pour être admis, un aristocrate devait fournir « une déclaration écrite selon laquelle le demandeur… n’a, à sa connaissance, aucun ou, tout au plus, un individu sémite ou de couleur parmi ses 32 ancêtres paternels ou maternels en ligne directe ou ceux de son conjoint ».



    Le président Paul von Hindenburg et Adolf Hitler en 1933. (Crédit : Bundesarchiv bild/via Wikimedia Commons)

    « Ce qui m’a frappé lorsque je me suis penché pour la première fois sur le sujet il y a une vingtaine d’années, c’est le degré et la rapidité avec lesquels la noblesse allemande, et notamment prussienne, s’était adaptée aux aspects raciaux et biologiques [de l’antisémitisme] », explique Malinowski. Ces débats, affirme-t-il, préfigurent à certains égards « la logique » appliquée dans les lois de Nuremberg. »

    Néanmoins, comme l’explique Malinowski, le discours national-socialiste sur la « révolution » et – pour ceux qui répondaient à ses critères raciaux stricts – sur une « Volksgemeinschaft » (ou « communauté nationale ») égalitaire « a dû paraître assez horrible aux oreilles des nobles » et le langage parfois « opaque » du parti sur la propriété a constitué un point de tension réel entre l’aristocratie et les nazis.

    Conscient du danger que représentent de tels sentiments lorsqu’il cherche à séduire les élites de la classe moyenne supérieure et de l’aristocratie, Hitler se veut rassurant en affirmant qu’il ne cherchera « jamais » à démanteler ou à confisquer les grands domaines et que la propriété privée est en sécurité entre ses mains.

    La méfiance, la suspicion et le ressentiment mutuels étaient également à la base des relations entre une aristocratie qui croyait en son droit inné à gouverner et la revendication véhémente du pouvoir exprimée par le mouvement nazi, composé essentiellement de membres issus de la classe moyenne inférieure. En 1932, par exemple, Hindenburg qualifia Hitler de « caporal bohémien » qu’il ne nommerait jamais chancelier, tandis que le chef nazi lui-même s’en prenait publiquement aux « dames et messieurs de haut rang qui appartiennent à une humanité complètement différente du fait de leur rang ».

    L’ennemi de mon ennemi…
    Mais pour autant, Malinowski estime que les affinités entre les nazis et les nobles – principalement leurs ennemis communs – l’emportaient finalement sur les différences. De plus, le succès d’Hitler aux élections de 1930 et 1932 a clairement montré que les nazis étaient les mieux placés pour combattre ces ennemis et aider l’aristocratie à remplacer Weimar par un État autoritaire dans lequel ils joueraient le rôle principal.



    Franz von Papen. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Leur attitude est résumée par Franz von Papen, qui, après son propre passage éphémère au pouvoir en 1932, persuade Hindenburg de nommer Hitler chancelier. Von Papen – « le plus puissant, le plus pompeux et le plus malavisé de tous les représentants de l’aristocratie allemande », selon les termes de l’auteur – a d’abord été vice-chancelier d’Hitler dans un cabinet qui ne comptait que trois nazis. Sa conviction que les vieilles élites avaient engagé le leader national-socialiste à leur service, et qu’il l’aurait bientôt « poussé si loin dans un coin qu’il grincerait », s’est avérée être l’une des erreurs les plus fatales et les plus tragiques de l’Histoire.

    La noblesse a applaudi la destruction de la gauche par les nazis – se sentant soulagée que, comme l’a dit le grand-duc Friedrich Franz von Mecklenburg-Schwerin, Hitler ait « promu un état d’esprit nationaliste parmi de larges couches de la population qui, autrement, seraient tombées dans le camp marxiste ou communiste » – et a montré peu de scrupules à propos de leur persécution des Juifs. En fait, c’est tout le contraire.

    En 1933, par exemple, le DAG renforce une fois de plus sa clause aryenne, l’alignant ainsi sur les règles de pureté raciale des SS. Cette mesure a déclenché une vague d’expulsions d’aristocrates – et la colère des branches catholiques du sud de l’organisation – mais a suffisamment impressionné les nazis pour qu’elle soit autorisée à poursuivre ses activités dans l’État totalitaire en pleine émergence.

    « La notion populaire selon laquelle la noblesse cultivait des formes ‘modérées’ d’antisémitisme et laissait de côté les souches les plus brutales de l’idéologie, écrit Malinowski, n’est pas du tout étayée par les sources historiques. »

    La carotte, pas le bâton
    Ces affinités idéologiques avaient été renforcées par les gains matériels offerts par les nazis à la noblesse. Les purges dans les services civils et la vaste expansion dans les rangs de la Wehrmacht et chez les SS offraient des perspectives de carrière qui avaient disparu sous la république de Weimar.



    Adolf Hitler et le président Paul von Hindenburg lors de la Journée de Postdam, au mois de mars 1933. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Le prince Otto von Bismarck (petit-fils du chancelier allemand du même nom), par exemple, avait écrit avec excitation une lettre à sa mère, trois jours avant l’arrivée au pouvoir de Hitler, où il évoquait les nouvelles opportunités qui, pensait-il, se présenteraient bientôt à lui. Il devait ensuite connaître une ascension rapide dans le domaine de la diplomatie.

    Les quartiers de noblesse les plus modestes n’avaient pas été les seuls à embrasser avec enthousiasme les opportunités offertes par le Troisième Reich : Le prince Christoph von Hessen, qui avait rejoint le parti nazi en 1931 mais qui n’avait jamais été à l’université, s’était rapidement hissé à un poste de haut-fonctionnaire et il devait finir directeur de recherche au sein du ministère des Forces aériennes.

    L’aristocratie avait aussi épousé avec ferveur les ambitions impérialistes dans l’Est et, une fois la guerre enclenchée, elle avait commencé à exercer des pressions pour toucher sa part du butin. Des requêtes de terres ou de biens immobiliers gratuits avaient néanmoins été occasionnellement rejetées avec dédain.

    « Votre intention de reprendre possession de cette propriété sans un centime en échange ne me paraît guère satisfaisante », avait écrit sèchement Himmler à un certain Ludolf von Alvensleben au mois de septembre 1940.



    Le comte Albrecht von Bernstorff-Stintenburg. (Crédit : Domaine public)

    Malinowski estime que seule une petite partie de la noblesse – principalement composée de membres inférieurs de l’aristocratie qui s’étaient sentis désavantagés au niveaux social et économique sous la république de Weimar, mais pas seulement – avait rejoint le parti nazi.

    Toutefois, une « large majorité » avait apporté son soutien au régime. L’auteur utilise le terme de « collaboration » pour décrire le soutien apporté par les aristocrates à la coalition nazie conservatrice arrivée au pouvoir en 1933. Mais, note-t-il, et contrairement au gouvernement français en 1940, les collaborateurs issus de la noblesse n’avaient subi aucune pression – ils avaient tous été volontaires.

    La légende de la résistance
    Comme le souligne Malinowski, certains membres de l’aristocratie devaient servir Weimar avec loyauté et ils s’étaient opposés aux nazis dès le début. Le comte Albrecht von Bernstorff-Stintenburg, par exemple, qui ne cachait pas ses convictions de gauche, avait été renvoyé de son poste à l’ambassade allemande de Londres, en 1933, et il avait ensuite apporté son aide aux émigrants et aux réfugiés juifs. Arrêté en 1940, il avait été assassiné par les SS quelques jours avant la fin de la guerre. De tels exemples, explique l’auteur, sont néanmoins restés « extrêmement atypiques » dans la noblesse en général.

    Il n’est pas non plus possible, dit Malinowski, de retrouver un lien « décisif, ininterrompu » attestant d’une résistance des aristocrates face aux nazis qui aurait remonté à la république de Weimar et qui aurait connu son apogée avec l’explosion de la bombe de Stauffenberg. Tandis que ceux qui ont été à l’origine du complot méritent « le plus grand respect », ajoute-t-il, une majorité des conspirateurs appartenant à la noblesse avait soutenu l’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933.



    Claus von Stauffenberg, à l’extrême gauche, avec Hitler. (Crédit : Bundesarchiv bild/ via Wikimedia Commons)

    Le comte Fritz-Dietlof von der Schulenburg, un acteur déterminant de ce complot du mois de juillet, avait, par exemple, intégré le parti nazi en 1932 comme l’avaient fait, jusqu’au mois de janvier suivant, 16 autres membres de sa famille – et en 1945, d’une manière qui caractérise certains « clans » de l’aristocratie allemande, 41 membres de la famille Schulenberg étaient des adhérents du parti nazi. Stauffenberg lui-même avait formé des « chemises brunes » de 1930 à 1932 et il aurait pris la parole devant une foule de partisans de Hitler dans la soirée où ce dernier était devenu chancelier.

    Bien sûr, au vu de la capacité des nazis à étouffer toute opposition, un complot visant à éliminer Hitler et à renverser le régime, en 1944, ne pouvait venir que de l’intérieur des institutions du Troisième Reich lui-même, en particulier de la Wehrmacht.

    La « légende de la résistance » qui se rattache à la noblesse s’est révélée très tenace. Elle est apparue rapidement après la guerre, dans un discours prononcé par le président Theodor Heuss à l’occasion du dixième anniversaire du complot de juillet, en 1954 – une allocution dans laquelle il avait déclaré que « l’aristocratie chrétienne de la nation allemande » avait été une composante déterminante de cette conspiration.

    Cette légende a été, de plus, « l’un des récits les plus importants sur lequel l’identité politique toute entière de l’État d’Allemagne de l’ouest a été fondé », écrit Malinowski. Il estime que la culpabilité allemande, dans l’après-guerre – ce sentiment que tout, dans le passé, avait « dépassé l’horreur » – avait entraîné le désir de créer un modèle positif, un « garde-corps auquel s’accrocher » alors même que le pays cherchait à se construire une nouvelle identité positive.

    Dans ce contexte, Malinowski le reconnaît, un grand nombre n’avaient pas souhaité se pencher de trop près sur les antécédents et sur les actions passées de certains des comploteurs.



    Martin Bormann, Hermann Göring et Bruno Loerzer dans la salle de conférence endommagée de Hitler, le 20 juillet 1944. (Crédit : Bundesarchiv bild)

    Malheureusement pour la famille Hohenzollern et ses initiatives visant à obtenir des indemnités pour les trésors royaux saisis en 1945 dans l’Est de l’Allemagne, les actions du prince semblent sans équivoque.

    Enthousiasmé très tôt par la « brutalité ingénieuse » de l’Italie fasciste, il avait exhorté Hindenburg à utiliser la « force impitoyable » pour « éliminer » les gêneurs politiques et, dans une lettre adressée à Hitler, il avait salué son « mouvement merveilleux ».

    En 1932, le prince avait ouvertement apporté son soutien à Hitler face à Hindenburg pour les élections présidentielles et, une fois les nazis au pouvoir, il avait pris part aux cérémonies de la « Journée de Potsdam » qui avaient été organisées au mois de mars 1933. Cet événement auquel avait assisté Hindenburg, écrit Malinowski, avait représenté « une propagande réussie pour le régime » qui, en parvenant à convaincre que le Troisième Reich saurait maintenir et respecter « le meilleur des traditions prusses », avait aidé à persuader les membres conservateurs du Reichstag de voter pour la législation qui devait finalement entraîner la destruction de la démocratie allemande.



    Georg Friedrich Ferdinand, Prince de Prusse avec son épouse Sophie en 2011 ? (Crédit : Wikimedia commons/ CC BY-SA 4.0/ Rainer Halama)

    Le prince – qui était apparu en public à plusieurs occasions en portant un brassard à croix gammée et qui, en 1933, avait écrit à des amis américains en niant toute persécution nazie à l’encontre des Juifs – n’avait pas été le seul, au sein de sa famille, à offrir son soutien à Hitler. Son frère, le prince August Wilhelm von Preussen, avait adhéré au parti et il faisait des apparitions lors de ses rassemblements.

    De tels soutiens – tous comme ceux offerts par d’autres membres de la haute noblesse – avaient aidé à donner une image plus acceptable et respectable aux nazis dans les cercles conservateurs.

    Les actions du prince ont-t-elles constitué un « soutien substantiel » ? Son arrière-petit-fils, Georg Friedrich Prinz von Preussen, a déclaré au mois de mars au New York Times que si le prince avait assurément manqué de « force morale et de courage », il n’était pas sûr néanmoins que ce comportement s’était apparenté à un « soutien substantiel ».

    Les historiens eux-mêmes sont largement en désaccord avec la famille. La décision finale en reviendra aux juges – qui ont été aux prises avec des milliers d’autres dossiers de ce type au cours des deux dernières décennies.

    Malinowski, de son côté, a peu de doute. « S’il ne s’agit pas là d’un soutien substantiel, alors je ne sais pas comment on peut définir cette formule », s’exclame-t-il.

    Cette affaire pourrait toutefois avoir une signification bien plus large que la famille Hohenzollern, ses peintures, ses livres et ses porcelaines, estime Malinowski.

    « Je pense que c’est une chance qui nous est offerte de redécouvrir la constellation en 1933 – la coalition entre les conservateurs et les nazis, et la responsabilité politique qui est intervenue dans la fabrication du Troisième Reich. Une relecture des faits très intéressante, réalisée à travers cette famille et ses pairs, à partir d’un point de vue qui a rarement été examiné », continue-t-il.

    #allemagne #résistance au #nazisme de la #noblesse_allemande #aristocratie #prusse #von_stauffenberg #adolf_hitler #noblesse #aristocratie #dictature #hohenzollern #collaboration #juifs #antisémitisme #races #national-socialisme #Weimar #DAG #hindenburg #butin #hohenzollern #haute_noblesse

    • Manquent pas d’air les hohenzollern !
      Les médias allemands se penchent actuellement sur les démarches juridiques entreprises par l’ancienne famille royale allemande pour réclamer une compensation pour les biens qui lui ont été confisqués par les Soviétiques après 1945.

  • « Pour les adolescents, l’#obésité est une #maladie_sociale »

    Docteure en sociologie, Charlène Letoux s’est intéressée aux adolescents en obésité dans le Nord et le Pas-de-Calais. Elle décrit, dans sa thèse soutenue en janvier 2021, les #inégalités, la #stigmatisation et les conséquences sur les premiers concernés.

    (#paywall)
    https://www.mediacites.fr/interview/lille/2021/09/30/pour-les-adolescents-lobesite-est-une-maladie-sociale/?mc_cid=69d730af7e&mc_eid=623bab7b87
    #maladie #adolescents #jeunes #alimentation

  • Au pays des ados shifteurs

    Recluses dans leurs chambres, deux adolescentes, Emma et Clara, racontent comment elles s’envolent dans des mondes parallèles, par le biais d’une pratique proche de l’#auto-hypnose : le shifting. De #TikTok à Poudlard, l’imaginaire fait voyager.

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/les-pieds-sur-terre-emission-du-mercredi-22-septembre-2021

    #shifting #hypnose #meditation #adolescence #covid-19 #reseaux_sociaux #podcast #radio #france_culture

  • "Facebook est parfaitement au courant de la toxicité, pour les adolescentes, de son application Instagram, accuse le Wall Street Journal dans le deuxième volet, publié mercredi, de ses révélations sur le géant de l’Internet.

    Selon une étude menée en interne en mars 2020, “32 % des adolescentes disent que lorsqu’elles se sentent mal dans leur corps, ce sentiment empire en allant sur Instagram. La comparaison avec les corps montrés sur Instagram peut changer l’image que les jeunes femmes ont d’elles-mêmes et la façon dont elles se décrivent.”"

    "Facebook mène “depuis trois ans des études sur l’impact de son application de partage de photos sur ses millions de jeunes utilisateurs”, détaille le quotidien économique. Et les chercheurs de l’entreprise ont découvert “à plusieurs reprises qu’Instagram était néfaste pour un pourcentage non négligeable d’entre eux, notamment les adolescentes”".

    https://www.courrierinternational.com/article/enquete-instagram-est-malsain-pour-les-adolescentes-et-facebo

    #Instagram #RéseauxSociaux #Facebook #Adolescence

  • La Chine va limiter les jeux en ligne à 3 heures par semaine pour les mineurs
    https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/la-chine-va-limiter-les-jeux-en-ligne-a-3-heures-par-semaine-pour-les-mineu

    Le gouvernement chinois sévit contre ce qu’il qualifie d’ « opium mental », et alerte sur ses risques pour la santé et l’éducation.

    La Chine a annoncé lundi qu’elle allait interdire aux moins de 18 ans de jouer plus de trois heures par semaine aux jeux vidéo en ligne, avec l’objectif affiché de lutter contre l’addiction des jeunes.


    Certains enfants chinois peuvent passer des journées entières scotchés à leur écran. Ce phénomène est décrié depuis longtemps en Chine pour ses conséquences négatives : baisse de la vision, impact sur les résultats scolaires, manque d’activité physique ou risque d’addiction.

    La réglementation interdisait déjà aux mineurs de jouer en ligne entre 22h et 8h. Le régulateur de l’audiovisuel, de l’édition et de la radiodiffusion a annoncé lundi que les moins de 18 ans ne pourront plus jouer en ligne qu’une heure par jour, et uniquement les vendredi, samedi et dimanche - soit trois heures maximum par semaine.

    Seulement entre 20h et 21h
    Les mineurs ne pourront par ailleurs jouer « qu’entre 20h et 21h », précise le texte. Les autres jours de la semaine, les jeux vidéo en ligne seront en revanche inaccessibles aux moins de 18 ans. Pendant les vacances scolaires, ils pourront jouer une heure par jour.

    Pour empêcher les mineurs de contourner l’interdiction, ces derniers devront se connecter avec une pièce d’identité. Le calendrier d’application de la mesure n’a pas été précisé. Elle ne s’applique a priori qu’aux jeux vidéo en ligne, soit la grande majorité d’entre eux, et pas à ceux ne nécessitant pas d’accès à internet.

    Début août, un influent journal gouvernemental avait jugé que les jeux vidéo étaient devenus « un opium mental ». L’article épinglait notamment Tencent, le poids lourd du secteur, et son populaire jeu en ligne multijoueurs « Honor of Kings », qui compte plus de 100 millions d’utilisateurs actifs quotidiens.

    Marché en dizaines de milliards de dollars
    Sous pression, le groupe, qui imposait déjà des limitations de temps de jeu et la reconnaissance faciale pour empêcher les moins de 18 ans de jouer la nuit, a depuis encore durci les règles. Tencent limite désormais ses jeux à une heure par jour pour les mineurs.

    Ces mesures interviennent au moment où les autorités se montrent particulièrement intransigeantes contre les pratiques des géants du numérique. Plusieurs mastodontes du secteur ont ainsi été épinglés ces derniers mois pour des pratiques jusque-là tolérées et largement répandues, notamment en matière de données personnelles et de droits des utilisateurs.
    Les jeux vidéo représentent en Chine une importante manne financière : ils ont généré 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires rien qu’au premier semestre 2021.

    #Chine #control_social #Internet #Web #jeux_vidéo #jeux_vidéos #jeux_video #jeu #jeu_vidéo #jeux #santé #actualités_informatiques #gamification #cultures_numériques #surveillance #social #contrôle #enfants #adolescents #Tencent #fric #argent #bénéfices

  • Le cinéma comme art de la baffe ? - Ép. 4/4 - Philosophie de la gifle
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-jeudi-24-juin-2021

    En l’occurrence, il s’agit de baffes infligées à des actrices

    Le cinéma est le lieu-même où une pensée du corps est mise en scène : que nous dit alors la #gifle au #cinéma ? Ou que dit-elle du cinéma ? De la relation entre #réalisateur et #actrice, acteur ? Celui qui gifle semble vouloir faire taire une #monstruosité, est-elle pourtant plutôt en lui ?

    Hélène Frappat, écrivaine et critique de cinéma

    #misogynie #adolescence #parentalité #pédocriminalité

    • J’ai pris une gifle dans ma vie, c’était ado et c’est mon père qui me l’a collée. J’avais (et j’ai toujours) à peu près le gabarit d’Adjani et mon père celui de Ventura. Moins violente que celle de Ventura, je suis néanmoins passée de station debout à la station assise.
      Je ne sais plus quel était le motif de la discorde, je crois que mon père me demandait de faire un truc que je ne voulais pas faire en lui disant :
      – ça m’emmerde
      – répète
      – ça m’emmerde
      et vlan
      En fait il avait mal compris ce que je disais et entendu « tu m’emmerde ».

      La gifle donnée et moi assise, j’ai lu dans l’expression de mon père un immense désarroi, celui de quelqu’un de désarmé et de blessé.

  • La petite photo d’un autre jour : les pavés nantais prennent la poussière...
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/51187781000

    Flickr

    ValK. a posté une photo :

    14 mai 2021, #Nantes. . série [presque riens] : frama.link/valk-presqueriens ¤ autres photos : vu.fr/valkphotos ¿ infos audios : frama.link/karacole ☆ oripeaux : frama.link/kolavalk ◇ rdv locaux : 44.demosphere.net ○ réseaux : twitter.com/valkphotos ♤ me soutenir : liberapay.com/ValK . #photo #petitephoto #photodujour #pictureoftheday #photooftheday #picoftheday #fotodeldia #presqueriens #pavé #cobblestone #adoquín

  • Le Droit à l’oncle, par Anselm Jappe - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2021/04/le-droit-a-l-oncle-par-anselm-jappe.html

    A peu près toutes les forces en présence – les partis politiques, les associations en tout genre, les manifestants dans les rues, les média généraux et spécialisés – s’écharpent uniquement sur les détails de l’application de la PMA : pas du tout sur le principe.

    […]

    On a proclamé le « droit à l’enfant ». Quelle drôle d’idée ! Existe-t-il le droit à avoir un oncle ? Puis-je demander à la technoscience de me créer un oncle, parce que la nature ne m’en a pas donné et ma vie est incomplète sans un oncle ? Et un autre être humain peut-il constituer un « droit » pour moi ?

    […]

    On sait qu’actuellement il est assez difficile et coûteux d’adopter un enfant. Mais ne serait-il pas, tout compte fait, plus facile de changer les lois humaines que les lois biologiques ? On dirait que la préférence accordée à la PMA plutôt qu’à l’adoption cache un désir très archaïque, très « essentialiste » ou « naturaliste » : avoir un enfant « de son propre sang », avec son propre ADN. Il est étrange que des gens qui fustigent à longueur de journée les mentalités « rétrogrades » ou « traditionalistes » de leurs adversaires pratiquent eux-mêmes une attitude qui est on ne peut plus bourgeoise et « biologique ». Un enfant qui ne soit pas de mon sperme ou de mes ovocytes ne m’intéresse pas…

    […]

    Mais on peut aussi en conclure que le recours à des solutions médicales témoigne, pour le moins, d’un terrible manque d’imagination : plutôt que de recourir au symbolique – à des enfants acceptés comme « fils » même si génétiquement ils ne le sont pas – on pratique de la zoologie médicalement assistée. Une« zoologie appliquée » : les êtres humains sont réduits, comme un cheptel, à leurs caractéristiques biologiques qu’il s’agit de transmettre. C’est le principe fondamental de l’élevage, dont la résurgence chez des gens qui passent leur vie à tonitruer contre l’« essentialisme » et le « naturalisme » en prônant la « déconstruction » est pour le moins surprenante…

    #PMA #Anselm_Jappe #essentialisme #enfants #adoption #droit_à_l'enfant #solutionnisme_technologique #critique_techno

    • Déjà signalé par PMO ici :

      https://seenthis.net/messages/912044

      Si vous n’avez pas le temps de lire Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine, ni Le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (toujours en vente), vous pouvez lire le fidèle résumé qu’en fait Anselm Jappe, théoricien reconnu de la critique de la valeur et bloggeur sur Médiapart (ici et en PDF ci-dessous).

      Blague à part, c’est une sorte d’événement que sept ans après nos alertes contre La Reproduction artificielle de l’humain , un authentique anti-capitaliste rejoigne publiquement notre critique, quitte à nous rejoindre également sur les listes noires des petites meutes techno-progressistes. Vous verrez que, à ce rythme, un François Ruffin qui vient de se découvrir une hostilité « métaphysique » au progrès, ou l’anti-capitaliste Hervé Kempf et ses « collaborateur-ice-s » pro-PMA de Reporterre, finiront par rallier l’écologie radicale et anti-industrielle avant 2050.

      Jappe se met enfin un peu sérieusement à la #technocritique. Vieux motard que j’aimais...

  • La sociologue et l’ourson

    De septembre 2012 à mai 2013 la #France s’enflamme autour du projet de loi sur le mariage pour tous. Tout le pays en parle. Quoi ? Juste pour quelques unions ? Non, non, non, le débat s’avère complexe et ouvre de nombreuses questions. Durant ces neuf mois Etienne Chaillou et Mathias Théry ont enregistré les conversations téléphoniques entre la sociologue de la #famille #Irène_Théry et son fils Mathias. De ces enregistrements ils ont fait leur cinéma : un cinéma d’ours en peluches, de jouets, de bouts de cartons... et d’humains. Portrait intime et feuilleton national, ce film nous fait redécouvrir ce que nous pensions tous connaître parfaitement : la Famille.

    https://lcp.fr/programmes/la-sociologue-et-l-ourson-60971

    #famille #mariage_pour_tous #mariage #homosexualité #homoparentalité #manif_pour_tous #code_civil #lien_de_couple #insémination_artificielle #PMA #fécondation_in_vitro #gestation_pour_autrui #adoption #modèles_familiaux #modèle_familial #mystère_de_paternité #présomption_de_paternité #lien_de_sang
    #documentaire #film #film_documentaire (en partie #film_d'animation)

  • Misère du philologisme (la méthode à Martin), Le Moine Bleu
    http://lemoinebleu.blogspot.com/2021/04/misere-du-philologisme-la-methode-martin.html

    « Bien que Heidegger ait parfaitement perçu le moment rationaliste, éclairé chez Aristote, il cherche, dans des proportions qu’on a du mal à se représenter, à le rendre présentable. Avant de passer à Aristote, je crois qu’il me faut encore vous dire quelques mots critiques à propos de cette lecture. J’aimerais le faire, même si en procédant ainsi je m’engage dans une interprétation très précise, parce que je crois que ce genre de choses se révèle mieux dans les détails concrets qu’au niveau des propositions générales. Il s’agit donc ici d’une interprétation de la première phrase de la Métaphysique d’Aristote. Je ne m’intéresse qu’à cette phrase. Je vais l’écrire en grec au tableau. Je suis bien conscient que beaucoup d’entre vous ne connaissent pas le grec, mais il n’y a pas d’autres façons de procéder. Je vais vous expliquer tout ce que vous avez besoin de savoir pour la comprendre. Cette phrase est la suivante :
    Πάντες ἄνθρωποι τοῦ εἰδέναι ὀρέγονται φύσει ( Métaphysique Α1, 980a21).
    D’après les traductions courantes, cela signifie : "Tous les hommes désirent par nature savoir." Dans la traduction la plus récente, il est écrit : "Tous les hommes s’efforcent naturellement avec ardeur de savoir". Cette phrase est citée dans Être et Temps de Heidegger de la façon suivante (retenez bien, s’il vous plaît, la traduction courante : Tous les hommes désirent par nature et avec ardeur savoir). Heidegger dit - avec précaution, puisqu’il ne présente pas cette phrase comme une citation : "Le traité qui se trouve en tête du recueil qu’Aristote a consacré à l’ontologie commence par la phrase : Πάντες ἄνθρωποι τοῦ εἰδέναι ὀρέγονται φύσει. Dans l’être de l’homme réside essentiellement le souci de voir" (traduction française : E. Martineau, Authentica, 1985). Je n’ai pas l’intention de ridiculiser cette traduction à cause de sa préciosité, car donner à un texte étranger un côté affecté et étrange peut aussi avoir une fonction très salutaire. En procédant ainsi, Heidegger oppose une résistance au style brillant dans lequel on restitue les textes grecs dans notre langue moderne, car il existe bien une telle tradition entre l’Antiquité et nous. Mais son interprétation ne produit pas un effet de distanciation salutaire : elle se contente de passer à côté du texte. Quand il dit, par exemple, "dans l’être de l’homme", il met l’homme au singulier et suppose ce faisant une priorité de l’essence de l’homme, c’est-à-dire une sorte d’ontologie anthropologique, dont il est question thématiquement [sous-entendu : à titre de thème seulement, de thème non-développé conceptuellement-note du MB] pour la première fois chez Aristote. Aristote ne dit jamais "l’homme" ou "l’être-là" ou "l’existence". Il dit "tous les hommes", "les hommes" et non "l’homme isolé". Ensuite, "εἰδέναι" signifie tout simplement "savoir" et "ἄνθρωποι τοῦ εἰδέναι ὀρέγονται" , "les hommes désirent savoir". Maintenant, il est juste, comme j’ai eu l’occasion de vous l’indiquer, que cet "εἰδέναι" contient la racine -ιδ qui figure aussi dans ιδεα et caractérise cette relation sensible qu’est la vue. Mais dans son interprétation, Heidegger refuse de tenir compte de l’histoire d’une langue qui, partie des représentations sensibles et pleines associées à l’origine aux mots, les a peu à peu conceptuellement sublimées. Il en est allé de la langue grecque comme de la nôtre. Il ne peut y avoir aucun doute : au degré d’évolution où était parvenue la langue à l’époque d’Aristote, "εἰδέναι" voulait déjà dire "savoir" au sens d’une conscience émancipée de la présence sensible. Mais puisque, dans un geste destiné à le rendre présentable, on suppose constituée chez lui une ontologie qui ne s’y trouve qu’à titre de thème, l’être ou les essences ― peu importe le nom qu’on leur donne ― doivent être physiquement présents devant les yeux de la conscience comme une chose existant en soi. Voilà pourquoi Heidegger retraduit cet "εἰδέναι" par sa racine, une racine faisant référence à la présence sensible, alors que, au degré d’évolution où était arrivée la langue à l’époque d’Aristote, "εἰδέναι" avait déjà complètement perdu cette signification.

    #philosophie #ontologie #Martin_Heidegger #Adorno

    • c’est chelou parce que personne ne peut piffrer Hilgeugeu mais tout le monde s’en sert. L’utilisation du mot « dispositif » par exemple. Le pire dans le genre ça doit Foucault non ?

      Marcel Détienne dans « les grecs et nous » p.103 :

      Il faut rappeler pourquoi le champ entier du politique reste absent des analyses de Heidegger et de ses émules en « dépassement de la métaphysique ». Il y a va d’une étymologie, celle de polis. Un beau jour de séminaire, Heidegger a dit et puis écrit que le mot polis vient de polein , « une forme ancienne du verbe être ». Etymologie entièrement gratuite : polis n’a pas de « vrai sens » plausible et vérifiable. Ces informations scolaire n’avaient pas lieu de retarder l’envol de la pensée : la cité, la polis , fondée sur le verbe « être » soi-même, désigne d’évidence le lieu du dévoilement total de l’Etre. Elle ne peut donc rien avoir de commun avec « le politique » au sens trivial de to politikon en grec ou en quoi que ce soit. Exit le politique.

  • Les messes noires de Michel Foucault, le bullshit de Guy Sorman
    https://lundi.am/Les-messes-noires-de-Michel-Foucault-le-bullshit-de-Guy-Sorman

    Dans son récent dictionnaire du bullshit, un essayiste franco-américain du nom de Guy Sorman, jusque-là connu pour son apologie du néo-libéralisme et sa défense de Reagan, Thatcher et Pinochet, a accusé Michel Foucault d’avoir violé des enfants de huit ans lors d’un séjour en Tunisie. Cette accusation fut reprise par le Sunday Times puis par différents médias français et sur les réseaux sociaux, sans jamais qu’il soit demandé davantage de précisions quant aux faits allégués à cet étrange accusateur. Quelques vérifications, les démentis de témoins directs de la vie de Foucault en Tunisie et de ses relations avec de jeunes adultes, puis le refus de Guy Sorman de répondre aux témoignages qui contredisaient ses accusations, ont vite porté à croire qu’il s’agissait là d’une simple calomnie lancée par un auteur réactionnaire en quête de buzz, mais on sait le destin des rumeurs de nos jours : sans un soupçon de preuve autre que les déclarations vagues de Sorman, la nouvelle a tôt fait le tour de l’internet. Cet article revient sur ces accusations, les raisons de croire qu’elles sont complètement fausses, le combat de Guy Sorman (contre l’héritage de 68 et pour une « révolution conservatrice »), la pensée de Michel Foucault sur la question de la sexualité et son rapport aux lois, et enfin la récente fièvre médiatique et législative qui permet à l’État (en France) d’encadrer de plus en plus la sexualité, et notamment celle des mineurs.

    [...]
    Quelques jours après la publication de l’article du Sunday Times, ces allégations ont été démenties grâce à une enquête rapidement menée par des journalistes du magazine Jeune Afrique dans le village en question. Depuis plusieurs jours, sur les réseaux sociaux, des personnes originaires du Maghreb insistaient déjà sur le caractère peu plausible des allégations de Sorman, en rappelant que les cimetières y sont généralement très surveillés afin d’éviter les profanations. Dans Jeune Afrique, des témoins ayant fréquenté Michel Foucault rappelaient que « comme dans tout village, on n’est jamais seul et le cimetière, surtout sur cette terre maraboutique, est un lieu sacré que nul n’oserait profaner pour ne pas contrarier la baraka de Sidi Jebali, saint patron des lieux. » Quant aux garçons fréquentés par Michel Foucault, on apprend finalement qu’ils n’étaient pas âgés de 8 ou 9 ans comme l’affirmait Sorman, mais de 17 ou 18 ans, selon le témoignage « catégorique » de « Moncef Ben Abbes, véritable mémoire du village ». Il ne s’agissait pas non plus de « les violer allongés sur des tombes », mais de « les retrouver brièvement dans les bosquets sous le phare voisin du cimetière ».

    En plus de se baser sur la seule déclaration de Guy Sorman, et de n’effectuer aucune enquête journalistique, l’article du Sunday Times comporte plusieurs erreurs factuelles. L’article situe les faits en Tunisie en 1969, affirmant que Foucault y vivait, alors qu’il est en rentré en France à la fin de l’année 1968 pour enseigner à Vincennes. Une pétition écrite par Gabriel Matzneff et publiée en 1977 est mentionnée, alors que Foucault ne l’a pas signée. (...)

    (...) interrogée (...) à propos de la notion de majorité sexuelle, Foucault répond qu’une « barrière d’âge fixée par la loi n’a pas beaucoup de sens », et qu’il doit s’agir, plutôt que de se baser uniquement sur l’âge ou sur le discours des psychiatres, d’écouter les mineurs à propos des différents régimes de violence, de contrainte ou de consentement qu’ils ont vécus. Peu après, Guy Hocquenghem reprend les termes de Michel Foucault et affirme la nécessité d’« écouter l’enfant et lui accorder un certain crédit ». Comme l’écrira Jean Bérard, historien du droit, en 2014 :

    « les expressions militantes des années 1970 (...) n’ont pas manqué de faire une place au questionnement sur l’articulation entre consentement et rapports de pouvoir. Eric Fassin montre que Foucault voit bien le problème et exprime un « dilemme » davantage qu’une position. Les militants s’interrogent sur ce qui doit être considéré comme relevant de la ‘‘libération sexuelle’’ »

    #adolescence #sexualité #Michel_Foucault #Guy_Hocqueghem #néo-cons

    • la nécessaire différentiation entre les viols de mineurs, considérés comme des crimes, et les rapports non contraints avec des adolescents de moins de quinze ans, considérés jusqu’aujourd’hui comme des délits.

      je ne sais pas en quel langue il va falloir le dire, mais un majeur avec un moins de 15 ans, c’est niet, rien de rien, même si le mineur t’envois des photos X, même si c’est lui ou elle qui vient te chercher, même s’il n’y a « pas de contraintes » (pur vocable pédomilitant des années 70/80).

      Rien à foutre des lois, c’est juste le bon sens. Faut attendre et se comporter en adulte. Au pire tu nique dans un an ou deux, si c’est ça qui te défrise.

      Ce texte est naze, encore une fois. J’imagine que c’est le même bernard qui passe arroser les plantes, chaque mois, dans cette turne de Lundimidi.

      Pauvre type, ce serait drôle si ça ne faisait pas autre chose que de répéter les mêmes conneries, dangereuses.

      Entre les gâteux pseudo libertaire et les mères la morale légalistes, on est bien !

      Et foucault qui se tape des petits tapins de « au moins » 17/18 ans au maroc, c’est vraiment pas un argument pour contrer les débilités pédosatanistes. C’est juste dégueulasse.

    • et soit dit en passant, je suis des « comptes twitter féministes et queer » qui ont discuté des conneries du sorman sans les valider du tout, en contrant même les envolées fachos. C’est vraiment trop classe d’y aller à la louche et de mettre tout le monde au même niveau que Fdesouche.

    • C’est bien la loi qui cause du bons sens, est supposée le soutenir (et c’est comme ça qu’on s’offusque de la loi, tant il est rare qu’elle tienne sa promesse). Le sexe, l’amour, le désir, la rencontre, c’est pas le bons sens (le bon gros bon sens).
      J’ai pas de théorie toute prête, ce que je sais d’expérience c’est que dans un sens ou dans l’autre, au delà de 10 ans de différence, les mondes qui se rencontrent ont toute chance de se rater, et que plus l’un.e des deux protagonistes est jeune plus ces 10 ans ont toute chance de pas être une mesure possible. On fait quoi de celles qui font la paire et qui sont millésimés 14/19 ? de cet écart plus grand que 20/30 ou 25/40. On dit à 19 tu n’a pas le droit c’est un crime et à 14 tu ne dois pas c’est pour ton bien ? Ça marche pas cette affaire, ces généralisations ont débiles, et méchantes.
      Supprimer tous les dilemmes c’est tout savoir. Est-ce confortable ? Je ne crois pas.
      Nous avons à protéger les enfants et à prendre soin des ados. À quoi ça engage ? C’est pas écrit par Moïse ou le code pénal, Freud, Foucault ou quiconque.

      Ce que montrent ces procès post mortem (à part la lâcheté) c’est pas valeurs actuelles ou de l’arbre dont on fait les flutes = féminisme ou je sais pas quoi, c’est que les détournements patronaux et managériaux de Foucault (Kessler, la fondation du Medef), et sa neutralisation académique, auront pas suffit. Il faut aussi le criminaliser par contumace. On le dénonce en tant que « critique de la vérité » en pratiquant le déni des faits. On fait mine de cracher sur sa tombe dans le sens du vent, sans jamais risquer l’opprobre, avec le choeur, on dit qu’on désacralise, qu’on en fini avec la duperie du grand homme, ça fait chic. De l’usage des tapins (si c’était ça) au refus de la prison, de la critique de la psychiatrie à l’histoire (une histoire) de la sexualité, Foucault a été plusieurs. Faudrait cracher sur Michaux parce quil a été d’extrême droite ? Ridicule. Tant pis pour qui ne sait ni ne veut rien faire de quelque bout que ce soit des analyses offertes par Foucault.

      Un des meilleurs exemples de ces vues par le petit bout de la lorgnette agrémentées de mensonges éhontés nous a été offert par Onfray sur Freud (tant de fois critiqué et « dépassé » dès avant sa mort sur le terrain clinique et théorique). La forme si complaisamment adoptée ne plane pas indépendamment de ce fond de veulerie

      Si on veut des critiques de Foucault, la moindre des probité serait de lire, au moins un peu, et autre chose que des phrases par extraits. Et ensuite de regarder ce qu’en ont fait des « marxistes » (avec ou contre) et d’autres, ou de lire des mises en cause sérieuses, celles de Bouveresse par exemple. Mais ce bain de lisier, faut se le garder, le déposer quelque part, y réfléchir, envisager de le recycler.

    • Jean STERN
      https://twitter.com/Jean55/status/1390222825869520900

      Dans l’@lobs, une enquête fouillée met en pièces les accusations de Guy Sorman contre Michel Foucault et raconte comment il était alors sous haute surveillance policière à Sidi Bou Saïd pour son soutien aux opposants. Du simple journalisme contre la rumeur nauséabonde.

      https://www.nouvelobs.com/idees/20210506.OBS43714/michel-foucault-accuse-de-pedocriminalite-notre-enquete-en-tunisie-aux-or

      #paywall

  • Ce que le Covid-19 fait à nos ados
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/ce-que-le-covid-19-fait-a-nos-ados

    Profondément marquée par la crise du #coronavirus mais longtemps négligée, la jeunesse confinée a souffert. Le #confinement a pu s’annoncer comme une bonne nouvelle, mais beaucoup ont déchanté. Des ados lèvent le voile sur leurs traumatismes.

    Les mômes ont juste envie de se flinguer :( #solitude #isolement

  • Quant-UX - Prototype, Test and Learn - 3.0.60
    https://quant-ux.com/#

    Quant UX is a free research, usability & UI prototyping/wireframing tool to quickly test your design and analyse interactive prototypes. Our visual analysis makes it easy for you to find and quickly fix pain points in your UI design.

    Un outil open-source de maquettage avec possibilités d’interactions utilisateurs et d’analyses de celles-ci

    Le repo Github : https://github.com/KlausSchaefers/quant-ux

    #prototype #maquette #web_dev #outil_web #conception #ergonomie #UX #interface #adobe_XD

  • L’oublieuse mémoire coloniale italienne

    Commencée avant le fascisme, galvanisée par Mussolini, la colonisation par l’Italie de la Libye, de la Somalie et de l’Ethiopie fut marquée par de nombreuses atrocités,loin du mythe d’une occupation douce. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir

    Tout commence dans le centre de Rome, sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines antiques. Plus précisément dans la cage d’escalier d’un immeuble sans ascenseur, situé à deux pas de la piazza Vittorio. Dans ce quartier à deux pas de la gare Termini, les prix de l’immobilier sont beaucoup plus modestes que dans le reste du centre, si bien que l’Esquilin est devenu, depuis une vingtaine d’années, un lieu de concentration de l’immigration africaine et asiatique, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions le squat, occupé depuis 2003 par les militants néofascistes de CasaPound, est juste à côté.

    C’est donc là, en rentrant chez elle, épuisée, dans la touffeur d’une après-midi de fin d’été 2010, qu’Ilaria Profeti se retrouve nez à nez avec un jeune homme arrivé d’Ethiopie par la route des migrants. Dans un italien presque sans accent, celui-ci lui assure, documents à l’appui, qu’il est le petit-fils de son père, Attilio, un homme de 95 ans qui est resté, sa longue vie durant, plus que discret sur ses jeunes années de « chemise noire » fasciste, en Abyssinie.

    Levons toute ambiguïté : la scène qui vient d’être décrite est tout à fait vraisemblable, mais elle est issue d’une oeuvre de fiction. Il s’agit en réalité des premières pages d’un roman, le superbe Tous, sauf moi (Sangue giusto), de Francesca Melandri (Gallimard, 2019), qui dépeint avec une infinie subtilité les angles morts de la mémoire coloniale italienne. Le fil conducteur de la narration est le parcours sinueux d’un vieil homme dont le destin finalement assez ordinaire a valeur d’archétype.

    Issu d’un milieu plutôt modeste, Attilio Profeti a su construire à sa famille une position plutôt enviable, en traversant le mieux possible les différents mouvements du XXe siècle. Fasciste durant sa jeunesse, comme l’immense majorité des Italiens de son âge, il est parti pour l’Ethiopie, au nom de la grandeur impériale. Après la chute de Mussolini et la fin de la guerre, il parviendra aisément à se faire une place au soleil dans l’Italie du miracle économique, jouant de son physique avantageux et de ses amitiés haut placées, et enfouissant au plus profond de sa mémoire le moindre souvenir de ses années africaines, les viols, les massacres, les attaques chimiques. C’est ce passé, refoulé avec une certaine désinvolture, qui revient hanter ses enfants, trois quarts de siècle plus tard, sous les traits d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, arrivé à Rome après une interminable traversée.

    Comme l’héroïne de Tous, sauf moi, Francesca Melandri vit sur l’Esquilin, au dernier étage d’un immeuble à la population mélangée. Et à l’image d’Ilaria, c’est sur le tard qu’elle a découvert ce pan escamoté de l’histoire italienne. « Quand j’étais à l’école, on ne parlait pas du tout de ce sujet-là, confie-t-elle depuis sa terrasse dominant les toits de la ville. Aujourd’hui ça a changé, il y a eu une prise de conscience, et de nombreux travaux universitaires. Pourtant cette histoire n’est jamais rappelée par les médias. Lorsqu’on parle du dernier attentat à la bombe à Mogadiscio, qui se souvient des liens entre Italie et Somalie ? Quand des bateaux remplis de migrants érythréens sont secourus ou coulent avant d’être sauvés, qui rappelle que l’Erythrée, nous l’appelions "l’aînée des colonies" ? »

    Le plus étrange est qu’à Rome, les traces du passé colonial sont légion, sans que personne n’ait jamais pensé à les effacer. Des stèles près desquelles personne ne s’arrête, des bâtiments anonymes, des noms de rue... rien de tout cela n’est explicité, mais tout est à portée de main.

    Comprendre les raisons de cette occultation impose de revenir sur les conditions dans lesquelles l’ « Empire » italien s’est formé. Création récente et n’ayant achevé son unité qu’en 1870, alors que la plus grande partie du monde était déjà partagée en zones d’influence, le royaume d’Italie s’est lancé avec du retard dans la « course » coloniale. De plus, il ne disposait pas, comme l’Allemagne qui s’engage dans le mouvement à la même époque, d’une puissance industrielle et militaire susceptible d’appuyer ses prétentions.

    Visées impérialistes

    Malgré ces obstacles, l’entreprise coloniale est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité absolue, à même d’assurer une fois pour toutes à l’Italie un statut de grande puissance, tout en achevant le processus d’unification du pays nombre des principaux avocats de la colonisation viennent de la partie méridionale du pays. Les visées impérialistes se dirigent vers deux espaces différents, où la carte n’est pas encore tout à fait figée : la Méditerranée, qui faisait figure de champ naturel d’épanouissement de l’italianité, et la Corne de l’Afrique, plus lointaine et plus exotique.

    En Afrique du Nord, elle se heurta vite à l’influence française, déjà solidement établie en Algérie. Ses prétentions sur la Tunisie, fondées sur la proximité de la Sicile et la présence sur place d’une importante communauté italienne, n’empêcheront pas l’établissement d’un protectorat français, en 1881. Placé devant le fait accompli, le jeune royaume d’Italie considérera l’initiative française comme un véritable acte de guerre, et la décennie suivante sera marquée par une profonde hostilité entre Paris et Rome, qui poussera le royaume d’Italie à s’allier avec les grands empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie plutôt qu’avec sa « soeur latine .

    Sur les bords de la mer Rouge, en revanche, la concurrence est plus faible. La première tête de pont remonte à 1869, avec l’acquisition de la baie d’Assab (dans l’actuelle Erythrée) par un armateur privé, pour le compte de la couronne d’Italie. Cette présence s’accentue au cours des années 1880, à mesure du recul de l’influence égyptienne dans la zone. En 1889, est fondée la colonie d’Erythrée, tandis que se structure au même moment la Somalie italienne. Mais l’objectif ultime des Italiens est la conquête du my thique royaume d’Abyssinie, qui s’avère plus difficile que prévu.

    En 1887, à Dogali, plusieurs centaines de soldats italiens meurent dans une embuscade menée par un chef abyssin, le ras Alula Engida. Cette défaite marque les esprits, mais ce n’est rien à côté de la déconfiture des forces italiennes lors de la bataille d’Adoua, le 1er mars 1896, qui porte un coup d’arrêt durable aux tentatives italiennes de conquête.

    Seul pays africain indépendant (avec le Liberia), l’Ethiopie peut désormais se targuer de devoir sa liberté à une victoire militaire. Le négus Menelik II y gagne un prestige considérable. Côté italien, en revanche, cette défaite est un électrochoc. Ressentie comme une honte nationale, la déroute des troupes italiennes entraîne la chute du gouvernement Crispi et freine durablement l’im périalisme italien.

    Adoua est un tournant. L’historien et ancien sénateur de gauche Miguel Gotor est l’auteur d’une remarquable synthèse sur le XXe siècle italien, L’Italia nel Novecento. Dalla sconfitta di Adua alla vittoria di Amazon (« L’Italie du XIXe siècle. De la défaite d’Adoua à la victoire d’Amazon » Einaudi, 2019, non traduit). Pour lui, c’est là-bas, sur les hauteurs de la région du Tigré, par cette humiliation retentissante, que le XXe siècle italien a commencé.

    L’aventure coloniale italienne s’est ouverte de façon peu concluante, mais l’aspiration à l’empire n’a pas disparu. La décomposition de l’Empire ottoman offrira à Rome une occasion en or, en lui permettant, en 1911-1912, de s’implanter solidement en Cyrénaïque et en Tripolitaine. « Souvent la conquête de ce qui allait devenir la Libye est évacuée un peu vite, mais c’est un moment très important. Pour l’armée italienne, c’est une répétition, un peu comme a pu l’être la guerre d’Espagne, juste avant la seconde guerre mondiale », souligne Miguel Gotor. Ainsi, le 1er novembre 1911, un aviateur italien lâche quatre grenades sur des soldats ottomans, réalisant ainsi le premier bombardement aérien de l’histoire mondiale.

    « La conquête des côtes d’Afrique du Nord est importante, certes, mais la Libye est juste en face de la Sicile, au fond c’est du "colonialisme frontalier". La colonie au sens le plus "pur", celle qui symboliserait le mieux l’idée d’empire, ça reste l’Abyssinie », souligne Miguel Gotor. Aussi les milieux nationalistes italiens, frustrés de ne pas avoir obtenu l’ensemble de leurs revendications territoriales au sortir de la première guerre mondiale, continueront à nourrir le rêve de venger l’humiliation d’Adoua.

    Le fascisme naissant ne se privera pas d’y faire référence, et d’entretenir le souvenir : les responsables locaux du parti se feront appeler « ras », comme les chefs éthiopiens. A partir de la fin des années 1920, une fois le pouvoir de Mussolini solidement établi, les prétentions coloniales deviendront un leitmotiv des discours officiels.

    Aussi la guerre de conquête déclenchée contre l’Ethiopie en 1935 est-elle massi vement soutenue. L’effort est considérable : plus de 500 000 hommes sont mobilisés. Face à un tel adversaire, le négus Haïlé Sélassié ne peut résister frontalement. Le 5 mai 1936, les soldats italiens entrent dans la capitale, Addis-Abeba, et hissent le drapeau tricolore. Quatre jours plus tard, à la nuit tombée, depuis le balcon du Palazzo Venezia, en plein coeur de Rome, Mussolini proclame « la réapparition de l’Empire sur les collines fatales de Rome » devant une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes.

    « C’est bien simple, à ce moment-là, en Italie, il est à peu près impossible d’être anti fasciste », résume Miguel Gotor. Dans la foulée de ce succès, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d’Ethiopie ; Benito Mussolini peut désormais se targuer d’avoir bâti un empire. La faillite d’Adoua avait été causée par un régime parle mentaire inefficace et désorganisé ? La victoire de 1936 est due, elle, aux vertus d’une Italie rajeunie et revigorée par le fascisme. La machine de propagande tourne à plein régime, l’assentiment populaire est à son sommet. « Ce moment-là est une sorte d’apogée, et à partir de là, la situation du pays se dégrade, analyse Miguel Gotor. Ar rivent les lois raciales, l’entrée en guerre... tout est réuni pour nourrir une certaine nostalgie de l’épopée éthiopienne. »

    Mécanisme de refoulement

    Le rêve impérial sera bref : il ne survivra pas à la défaite militaire et à la chute du fascisme. L’Ethiopie est perdue en 1941, la Libye quelques mois plus tard... Le traité de Paris, conclu en 1947, met officiellement un terme à une colonisation qui, dans les faits, avait déjà cessé d’exister depuis plusieurs années. Tandis que l’Ethiopie indépendante récupère l’Erythrée, la Libye est placée sous la tutelle de la France et du Royaume-Uni. Rome gardera seulement une vague tutelle sur la Somalie, de 1949 à 1960.

    Le projet d’empire colonial en Méditerranée et en Afrique, qui fut un des ciments de l’assentiment des Italiens à Mussolini, devient associé pour la plupart des Italiens au régime fasciste. L’un et l’autre feront l’objet du même mécanisme de refoulement dans l’Italie de l’après-guerre. Les dirigeants de l’Italie républicaine font rapidement le choix de tourner la page, et ce choix est l’objet d’un profond consensus qui couvre tout le spectre politique (le premier décret d’amnistie des condamnations de l’après-guerre remonte à 1946, et il porte le nom du dirigeant historique du Parti communiste italien Palmiro Togliatti). Les scènes de liesse de la Piazza Venezia ne seront plus évoquées, et avec elles les faces les plus sombres de l’aventure coloniale. Même la gauche transalpine, qui prendra fait et cause pour les mouvements anticoloniaux africains (notamment le FLN algérien) n’insistera jamais sur le versant italien de cette histoire.

    « Cela n’est pas étonnant, la mémoire est un phénomène sélectif, et on choisit toujours, consciemment ou non, ce qu’on va dire à ses enfants ou ses petits-enfants », remarque le jeune historien Olindo De Napoli (université de Naples-Frédéric-II), spécialiste de la période coloniale. « Durant l’immédiat après-guerre, ce sont les témoins qui parlent, ce sont eux qui publient », remarque l’his torien. Ainsi de la collection d’ouvrages L’Italia in Africa éditée sous l’égide du ministère des affaires étrangères, emblématique de la période. « Ces volumes sont passionnants, mais il y a certains oublis, qui vont vite poser des problèmes. »

    Parmi ces « oublis », la question la plus centrale, qui fera le plus couler d’encre, est celle des massacres de civils et de l’usage de gaz de combat, malgré leur interdiction par les conventions de Genève, lors de la guerre d’Ethiopie. Dans les années 1960, les études pionnières d’Angelo Del Boca et Giorgio Rochat mettront en lumière, documents officiels à la clé, ce pan occulté de la guerre de 1935-1936. Ils se heurteront à l’hostilité générale des milieux conservateurs.

    Un homme prendra la tête du mouvement de contestation des travaux de Del Bocaet Rochat : c’est Indro Montanelli (1909-2001), considéré dans les années 1960 comme le journaliste le plus important de sa géné ration. Plume du Corriere della Sera (qu’il quittera pour fonder Il Giornale en 1974), écrivain d’essais historiques à l’immense succès, Montanelli était une figure tutélaire pour toute la droite libérale.

    Comme tant d’autres, il avait été un fasciste convaincu, qui s’était porté volontaire pour l’Ethiopie, et il n’a pris ses distances avec Mussolini qu’en 1943, alors que la défaite était apparue comme certaine. Ra contant « sa » guerre à la tête d’une troupe de soldats indigènes, Montanelli la décrit comme « de longues et belles vacances », et qualifie à plusieurs reprises d’ « anti-Italiens » ceux qui font état de massacres de civils et d’usage de gaz de combat. La polémique durera des années, et le journaliste sera bien obligé d’admettre, à la fin de sa vie, que les atrocités décrites par Rochat et Del Bocaavaient bien eu lieu, et avaient même été expressément ordonnées par le Duce.

    A sa manière, Montanelli incarne parfaitement la rhétorique du « bon Italien » (« Italia brava gente »), qui sera, pour toute une génération, une façon de disculper l’homme de la rue de toute forme de culpabilité collective face au fascisme. Selon ce schéma, contrairement à son allié allemand, le soldat italien ne perd pas son humanité en endossant l’uniforme, et il est incapable d’actes de barbarie. Ce discours atténuant la dureté du régime s’étend jusqu’à la personne de Mussolini, dépeint sous les traits d’un chef un peu rude mais bienveillant, dont le principal tort aura été de s’allier avec les nazis.

    Ce discours trouve dans l’aventure coloniale un terrain particulièrement favorable. « Au fond, on a laissé s’installer l’idée d’une sorte de colonisation débonnaire, analyse Olindo De Napoli, et ce genre de représentation laisse des traces. Pourtant la colonisation italienne a été extrêmement brutale, avant même le fascisme. En Ethiopie, l’armée italienne a utilisé des soldats libyens chargés des basses oeuvres, on a dressé des Africains contre d’autres Africains. Et il ne faut pas oublier non plus que les premières lois raciales, préfigurant celles qui seront appliquées en 1938 en Italie, ont été écrites pour l’Ethiopie... Il ne s’agit pas de faire en sorte que des enfants de 16 ans se sentent coupables de ce qu’ont fait leurs arrière-grands-pères, il est seulement question de vérité historique. »

    Désinvolture déconcertante

    Malgré les acquis de la recherche, pour le grand public, la colonisation italienne reste souvent vue comme une occupation « douce », par un peuple de jeunes travailleurs prolétaires, moins racistes que les Anglais, qui se mélangeaient volontiers avec les populations locales, jusqu’à fonder des familles. L’archétype du colon italien tombant amoureux de la belle Abyssine, entretenu par les mémoires familiales, a lui aussi mal vieilli. Là encore, le parcours d’Indro Montanelli est plus qu’éclairant. Car aujourd’hui, si sa défense de l’armée italienne apparaît comme parfaitement discréditée, ce n’est plus, le concernant, cet aspect de sa vie qui fait scandale.

    En effet, on peut facilement trouver, sur Internet, plusieurs extraits d’entretiens télévisés remontant aux années 1970 et 1980, dans lesquelles le journaliste raconte avec une désinvolture déconcertante comment, en Ethiopie, il a « acheté régulièrement » à son père, pour 350 lires, une jeune fille de 12 ans pour en faire sa femme à plusieurs reprises, il la qualifie même de « petit animal docile », devant un auditoire silencieux et appliqué.

    Célébré comme une gloire nationale de son vivant, Indro Montanelli a eu l’honneur, à sa mort et malgré ces déclarations sulfureuses, de se voir dédié à Milan un jardin public, au milieu duquel trône une statue de lui. Au printemps 2019, cette statue a été recouverte d’un vernis de couleur rose par un collectif féministe, pour rappeler cet épisode, et en juin 2020, la statue a de nouveau été recouverte de peinture rouge, en lointain écho au mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») venu des Etats-Unis.

    Indro Montanelli mérite-t-il une statue dans l’Italie de 2021 ? La question a agité les journaux italiens plusieurs jours, au début de l’été, avant que la polémique ne s’éteigne d’elle-même. Pour fondée qu’elle soit, la question semble presque dérisoire eu égard au nombre de témoignages du passé colonial, rarement explicités, qui subsistent un peu partout dans le pays.

    Cette situation n’est nulle part plus visible qu’à Rome, que Mussolini rêvait en capitale d’un empire africain. L’écrivaine italienne Igiaba Scego, née en 1974 de parents réfugiés somaliens, y a dédié un passionnant ouvrage, illustré par les photographies de Rino Bianchi (Roma negata, Ediesse, réédition 2020, non traduit).

    Passant par la stèle laissée à l’abandon de la piazza dei Cinquecento, face à la gare Termini, dont la plupart des Romains ignorent qu’elle a été baptisée ainsi en mémoire des 500 victimes italiennes de l’embuscade de Dogali, ou l’ancien cinéma Impero, aujourd’hui désaffecté, afin d’y évoquer l’architecture Art déco qui valut à la capitale érythréenne, Asmara, d’être classée au patrimoine de l’Unesco, la romancière fait une station prolongée devant le siège romain de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), construit pour abriter le siège du puissant ministère de l’Afrique italienne.

    Devant ce bâtiment tout entier dédié à l’entreprise coloniale, Benito Mussolini avait fait ériger en 1937 un obélisque haut de 24 mètres et vieux d’environ seize siècles, ramassé sur site d’Axoum, en Ethiopie. Il s’agissait, rappelle Igiaba Scego, de faire de ce lieu « le centre de la liturgie impériale .

    La république née sur les ruines du fascisme s’était engagée à restituer cette prise de guerre à la suite des traités de 1947, mais après d’innombrables vicissitudes, le monument est resté en place jusqu’en 2003, où le gouvernement Berlusconi choisit de le démonter en trois morceaux avant de le renvoyer à Axoum, à ses frais.

    En 2009, la mairie de Rome a fait installer sur la même place, à deux pas de cet espace vide, une stèle commémorative afin « de ne pas oublier le passé . Mais curieusement, celle-ci a été dédiée... à la mémoire des attentats du 11-Septembre. Comme s’il fallait enfouir le plus profondément possible ce souvenir du rêve impérial et de la défaite, la ville a choisi de faire de ce lieu le symbole d’une autre tragédie. « Pourquoi remuer ces his toires horribles ? Pensons plutôt aux tragédies des autres. Le 11-Septembre était parfait », note, sarcastique, Igiaba Scego.

    A une quinzaine de kilomètres de là, dans le décor grandiose et écrasant du Musée de la civilisation romaine, en plein centre de ce quartier de l’EUR où la mémoire du fascisme est omniprésente, l’ethno-anthropologue Gaia Delpino est confrontée à un autre chantier sensible, où s’entrechoquent les mémoires. Depuis 2017, elle travaille à fusionner en un même lieu les collections du vieux musée ethnologique de Rome (Musée Pigorini) et du sulfureux Musée colonial inauguré en 1923, dont les collections dormaient dans des caisses depuis un demi-siècle.

    D’une fascinante complexité

    Lorsqu’on lui parle de l’odyssée de l’obélisque d’Axoum, elle nous arrête tout de suite : « C’est bien simple : ce qui a été réalisé là-bas, c’est exactement l’inverse de ce qu’on veut faire. » Restituer ces collections dans leur contexte historique tout en articulant un message pour l’Italie d’aujourd’hui, permettre à toutes les narrations et à toutes les représentations de s’exprimer dans leur diversité... L’entreprise est d’une fascinante complexité.

    « Les collections du MuséePigorini ont vieilli bien sûr, comme tous ces musées ethnographiques du XIXe siècle qui véhiculaient l’idée d’une supériorité de la civilisation occidentale. Le Musée colonial, lui, pose d’autres problèmes, plus singuliers. Il n’a jamais été pensé comme autre chose qu’un moyen de propagande, montrant à la fois les ressources coloniales et tout ce qu’on pourrait en tirer. Les objets qui constituent les collections n’ont pas vu leur origine enregistrée, et on a mis l’accent sur la quantité plus que sur la qualité des pièces », expliqueGaia Delpino.

    Sur des centaines de mètres de rayonnages, on croise pêle-mêle des maquettes de navires, des chaussures, des outils et des objets liturgiques... L’accumulation donne le vertige. « Et ce n’est pas fini, nous recevons tous les jours des appels de personnes qui veulent offrir des objets ayant appartenu à leur père ou à leur grand-père, qu’ils veulent nous confier comme une réparation ou pour faire un peu de place », admet l’anthropologue dans un sourire.

    Alors que le travail des historiens peine à se diffuser dans le grand public, où les représentations caricaturales du système colonial, parfois instrumentalisées par la politique, n’ont pas disparu, le futur musée, dont la date d’ouverture reste incertaine pour cause de pandémie, risque d’être investi d’un rôle crucial, d’autant qu’il s’adressera en premier lieu à un public scolaire. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parallèlement à ce difficile travail de mémoire, la population change. Aujourd’hui, dans nos écoles, il y a aussi des descendants de victimes de la colonisation, italienne ou autre. Nous devons aussi penser à eux », précise Gaia Delpino.

    Retournons maintenant au centre de Rome. En 2022, à mi-chemin du Colisée et de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une nouvelle station de métro doit ouvrir, dans le cadre du prolongement de la ligne C. Depuis le début du projet, il était prévu que celle-ci soit baptisée « Amba Aradam », du nom de la large artère qui en accueillera l’entrée, appelée ainsi en souvenir de la plus éclatante des victoires italiennes en Ethiopie.

    Ce nom était-il opportun, alors que les historiens ont établi que cette victoire écrasante de l’armée fasciste avait été obtenue au prix de 10 000 à 20 000 morts, dont de nombreux civils, et que les troupes italiennes avaient obtenu la victoire en faisant usage d’ypérite (gaz moutarde), interdit par les conventions de Genève ? Le 1er août 2020, la mairie a finalement fait savoir que la station serait dédiée à la mémoire de Giorgio Marincola.

    Pour le journaliste Massimiliano Coccia, qui a lancé cette proposition avec le soutien de collectifs se réclamant du mouvement Black Lives Matter, « revenir sur notre passé, ce n’est pas détruire ou incendier, mais enrichir historiquement notre cité . Et on peut choisir de célébrer la mémoire d’un résistant italo-somalien tué par les nazis plutôt que celle d’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale italienne.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/05/libye-somalie-ethiopie-l-oublieuse-memoire-coloniale-italienne_6068846_3232.

    #Italie #colonialisme #colonisation #Mussolini #fascisme #Libye #Somalie #Ethiopie #atrocités #occupation_douce #mémoire #mémoire_coloniale #occultation #impérialisme #Corne_de_l'Afrique #baie_d'Assab #royaume_d'Abyssinie #Alula_Engida #bataille_d'Adoua #Menelik_II #Crispi #Adoua #Tigré #Cyrénaïque #Tripolitaine #colonialisme_frontalier #Abyssinie #Haïlé_Sélassié #propagande #traité_de_Paris #refoulement #mémoire #massacres #gaz #Indro_Montanelli #gaz_de_combat #bon_Italien #Italia_brava_gente #barbarie #humanité #lois_raciales #vérité_historique #culpabilité #viol #culture_du_viol #passé_colonial #Igiaba_Scego #monuments #toponymie #toponymie_politique #Axoum #stèle #Musée_Pigorini #musée #Musée_colonial #Amba_Aradam #ypérite #gaz_moutarde #armes_chimiques #Giorgio_Marincola #Black_Lives_Matter

    L’article parle notamment du #livre de #Francesca_Melandri, « #sangue_giusto » (traduit en français par « Tous, sauf moi »
    https://seenthis.net/messages/883118

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @cede

  • Valeur-dissociation, sexe et crise du capitalisme : Interview de Roswitha Scholz par Clara Navarro Ruiz
    http://www.palim-psao.fr/2019/12/valeur-dissociation-sexe-et-crise-du-capitalisme-interview-de-roswitha-sc

    Alors que vient de paraître aux éditions Crise & Critique l’ouvrage de Roswitha Scholz, Le Sexe du capitalisme. « Masculinité » et « féminité » comme piliers du patriarcat producteur de marchandises, nous faisons paraître ci-dessous une traduction inédite par Sarah d’un entretien de l’auteure avec la philosophe et féministe espagnole Clara Navarro Ruiz.

    #Roswitha_Scholz #critique_de_la_valeur #wertkritik #valeur-dissociation #féminisme #philosophie #théorie_critique #Adorno

  • They Stormed the Capitol. Their Apps Tracked Them.
    https://www.nytimes.com/2021/02/05/opinion/capitol-attack-cellphone-data.html

    Times Opinion was able to identify individuals from a trove of leaked smartphone location data. In 2019, a source came to us with a digital file containing the precise locations of more than 12 million individual smartphones for several months in 2016 and 2017. The data is supposed to be anonymous, but it isn’t. We found celebrities, Pentagon officials and average Americans. It became clear that this data — collected by smartphone apps and then fed into a dizzyingly complex digital (...)

    #Adobe #Google #TikTok #Facebook #Instagram #algorithme #Bluetooth #CCTV #smartphone #WiFi #GPS #anonymat #biométrie #géolocalisation #facial #reconnaissance #vidéo-surveillance #délation #extrême-droite #marketing (...)

    ##surveillance

  • Penpot - Design Freedom for Teams
    https://penpot.app

    Penpot is the first Open Source design and prototyping platform meant for cross-domain teams. Non dependent on operating systems, Penpot is web based and works with open web standards (SVG).

    (= un remplaçant d’Adobe XD open-source)

    Le repo Github : https://github.com/penpot/penpot (comprend aussi un docker pour installation serveur)

    #penpot #adobe_XD #prototype #maquette #web_dev #outil_web