• Soutenue par l’UE, Giorgia Meloni investit en Afrique pour limiter l’émigration
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/20/soutenue-par-l-ue-giorgia-meloni-investit-en-afrique-pour-limiter-l-emigrati

    Soutenue par l’UE, Giorgia Meloni investit en Afrique pour limiter l’émigration
    Le Monde avec AFP
    Giorgia Meloni, première ministre italienne, promeut vendredi 20 juin son « plan Mattei », aux ambitions jugées par certains irréalistes. Son but : soutenir les économies africaines pour limiter l’émigration venant d’Afrique, tout en y étendant l’influence de l’Italie. Lors de ce sommet coprésidé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne est à Rome pour soutenir ce dispositif porté à bout de bras par la cheffe du gouvernement italien ultraconservateur.
    Au dire de la présidente du conseil des ministres italien, cette initiative mobilisera 5,5 milliards d’euros pour des initiatives éparpillées sur quatorze pays (principalement ceux du Maghreb – sauf la Libye – le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’Ethiopie), mais selon un rapport officiel de novembre 2024, moins de 2 milliards d’euros ont déjà été assignés par l’Italie à des projets précis, sous forme de dons, de prêts ou de garanties sur plusieurs années.
    A l’occasion de ce sommet, Bruxelles cherchera à faire converger le plan italien et sa stratégie Global Gateway annoncée en 2021, qui inclut de nombreux investissements en Afrique en réponse au programme chinois des « nouvelles routes de la soie ». Interrogée jeudi 19 juin, une porte-parole de la Commission européenne a estimé que le plan Mattei est une « contribution importante » à ce projet européen, dont les financements à hauteur de 150 milliards d’euros font pourtant pâlir les 5,5 milliards avancés par Rome.
    Pour « supprimer les causes » de l’immigration clandestine en Italie, Giorgia Meloni avait annoncé un mois après son élection en 2022 vouloir soutenir les économies des pays africains. D’où ce plan qui porte le nom d’Enrico Mattei, père fondateur du géant italien des hydrocarbures Eni, connu pour avoir mis en place des contrats d’extraction de pétrole plus avantageux pour les pays producteurs.
    C’est précisément cet héritage que revendique Rome, qui promet des relations avec l’Afrique dénuées de « paternalisme ». Une allusion à peine dissimulée à la France, qui a vu son influence en Afrique reculer, plusieurs pays du Sahel ayant sommé Paris de retirer ses forces militaires. De fait, d’un point de vue diplomatique, l’Italie peut s’afficher comme un acteur plus « présentable » que la France pour porter les intérêts européens, selon le professeur à l’Université de Milan et chef du programme Afrique de l’Institut pour les études de politique internationale, Giovanni Carbonne.
    Ce plan permet également de renforcer les relations commerciales entre l’Italie et le continent dans l’énergie, alors que l’invasion russe en Ukraine a forcé l’Italie à chercher de nouveaux fournisseurs de l’autre côté de la Méditerrannée – en Algérie notamment. Il y a certes l’énergie et les matières premières mais d’autres fonds sont destinés à l’éducation, la santé et l’accès à l’eau. Rome compte par exemple participer au financement d’une voie ferrée entre la Zambie et l’Angola, et investir 65 millions d’euros dans la production de biocarburants au Kenya.
    Mais le gouvernement « a trop promis » en faisant miroiter que ces investissements pourraient réduire le nombre de migrants en créant des emplois et de la croissance. « Les financements que l’Italie peut mettre à disposition ne sont pas à la bonne échelle », a jugé Giovanni Carbone. Il ajoute que « le suivi » des projets « sera important » et note que « les efforts sur le sujet ne sont pas encore suffisants ».
    Le « plan Mattei » a globalement été bien reçu par les gouvernements partenaires. Toutefois, bien que le président kényan, William Ruto, avait salué l’ambition de ce plan, il avait prévenu que « l’investissement seul n’est pas suffisant ». Il rappelait les obstacles pour les économies africaines qui doivent payer « cinq fois plus leur dette » que les pays européens. Pour l’ONG ReCommon, qui « travaille pour contrer le pouvoir des multinationales », les investissements du « plan Mattei » pourraient servir avant tout les intérêts des « grandes entreprises de l’industrie italienne des combustibles fossiles », a expliqué Simone Ogno qui s’occupe des sujets liés à la finance et au climat pour l’organisation. D’importantes sociétés italiennes sont impliquées dans le plan – comme Eni, le transporteur d’électricité Terna ou encore le groupe agro-industriel Bonifiche Ferraresi.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#afrique#UE#developpement#sante#economie#migrationirreguliere

  • Les fondements structurels de la violence sexiste en Afrique du Sud

    Toutes les dix minutes, quelque part dans le monde, une femme meurt de la main de quelqu’un qui prétendait l’aimer. En Afrique du Sud, ces morts se succèdent à un rythme particulièrement soutenu. Sur 100 000 femmes, 5,5 sont tuées chaque année par leur compagnon, un chiffre qui reflète des siècles de brutalité et semble tourner en dérision tous les chants de liberté jamais entonnés. Depuis le début de cet article, les noms se sont multipliés : Ntokozo Masilela Ngwenya (21 ans), Motlalepule Kai (43 ans), Thabisa Kula-Peter (49 ans), Shelma Malesa (30 ans), Londeka Mbhele (24 ans), Nomsa Sheila Maile (37 ans), Zazile Rose Magubane-Nhlabathi (43 ans), Nolusapho Eunice Yola (75 ans), Neliswa Cele, Nhlonipho Ntombi Maseko (31 ans), Olorato Mongale (30 ans). Chacun de ces décès vient s’ajouter aux statistiques d’une crise que la société sud-africaine a appris à mesurer avec une précision dévastatrice mais qu’elle peine toujours à traiter par une transformation structurelle.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/17/les-fondements-structurels-de-la-violence-sexi

    #feminisme #violence #afriquedusud

  • #Dakar, portrait d’une ville capitale
    https://metropolitiques.eu/Dakar-portrait-d-une-ville-capitale.html

    Dakar, métamorphoses d’une capitale, ouvrage des architectes Carole Diop et Xavier Ricou, offre l’occasion de retracer la trajectoire de la capitale sénégalaise, depuis les villages Lebu antérieurs à la colonisation jusqu’au laboratoire urbain d’aujourd’hui. Un livre-capital(e). Voilà ce que proposent les architectes sénégalais Carole Diop et Xavier Ricou avec l’ouvrage Dakar, métamorphoses d’une capitale. Grâce à un minutieux travail d’archives et une iconographie particulièrement soignée, les auteurs #Commentaires

    / Dakar, #histoire, #Sénégal, #croissance_urbaine, #planification, #logement, #politique_de_logement, #culture, #patrimoine, (...)

    #Afrique
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_choplin2.pdf

  • La World Boxing s’excuse à l’Algérie et pour sa boxeuse Imane Khelif.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4764

    La controverse entourant la participation de la boxeuse Imane Khelif aux Jeux Olympiques de Paris 2024, en France, n’a jamais existé. Pourtant, cette athlète avait participé sans remous aux compétitions de sa catégorie du sport de ring dit « noble art ». Elle a été accusée à tort d’être un athlète transgenre, par des cercles inavoués, accusation diffusée par les colporteurs de ces médisances qui se livrent aussi à une hostilité à ce qui est en lien avec l’Algérie. Sport : Le corps et l’esprit.

    / #Sport_et_compétitions_sportives, Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , Sciences & Savoir, #Data_-_Données, Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, (...)

    #Sport_:Le_corps_et_l’esprit. #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Sciences_&_Savoir #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient,

  • En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/06/en-afrique-le-travel-ban-a-geometrie-variable-de-donald-trump_6610817_3212.h

    En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
    Par Christophe Châtelot
    A Kinshasa et Brazzaville, les capitales des deux Congos qui se font face sur les rives opposées du fleuve éponyme, on doit se demander à partir de quels critères Donald Trump a établi sa liste de 12 pays – dont sept en Afrique – soumis à son nouveau travel ban, principe interdisant l’accès au territoire américain.
    La République démocratique du Congo (RDC) échappe à cette fermeture alors que son voisin, le Congo-Brazzaville, est frappé d’interdiction. A compter du 9 juin, plus aucun visa ne sera délivré aux ressortissants de ce pays, comme à ceux des autres Etats bannis : Afghanistan, Birmanie, Haïti, Iran, Yémen, Tchad, Guinée équatoriale, Erythrée, Libye, Somalie et Soudan. Le Burundi, la Sierra Leone et le Togo figurent sur une deuxième liste de « suspension partielle ».
    Dans un communiqué publié mercredi 4 juin, la Maison Blanche justifie sa décision en termes réglementaires. Elle se base sur la proportion de visa overstay, autrement dit les détenteurs de visas de type B1/B2 (affaires ou tourisme) ou F, M, J (études, échanges scolaires…) arrivés par avion ou bateau et qui sont demeurés sur le territoire américain après l’échéance du délai légal de leur séjour. Le Congo-Brazzaville affiche des taux de 29,63 % et de 35,14 %, respectivement, pour le premier et le deuxième groupe de visas. Des proportions « inacceptables » pour Washington.
    La RDC, quant à elle, échappe au couperet de l’administration américaine. Pourtant, plus d’un étudiant sur deux (les visas F, M, J) prolonge illégalement son séjour aux Etats-Unis, selon les données contenues dans le rapport daté du 5 août 2024 du Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis (CBP), chargé notamment de la lutte contre l’immigration illégale. La note « explicative » de la Maison Blanche ne précise pas, évidemment, si les négociations actuelles menées avec Kinshasa pour accéder aux minerais stratégiques rares dont le pays regorge expliquent cette mansuétude.
    La lecture du rapport des douanes, qui a servi de base de référence, montre que la décision américaine s’applique quasiment mécaniquement aux pays qui affichent le plus haut taux de visa overstay – sans tenir compte des valeurs absolues. Le Burundi se retrouve ainsi inscrit sur la deuxième liste à cause de 24 étudiants restés trop longtemps sur le sol américain après y être entrés légalement. Dans cette même situation, il y a 7 081 étudiants indiens, plus 12 882 touristes ou hommes d’affaires originaires du même pays. Mais compte tenu du nombre total d’Indiens entrés aux Etats-Unis, la proportion est moindre que pour le Burundi. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
    Ce travel ban n’est pas une surprise. Lorsqu’il a pris ses fonctions, le 20 janvier, Donald Trump a publié un décret demandant au département d’Etat d’identifier les pays pour lesquels « les informations relatives à l’examen et au filtrage sont si insuffisantes qu’elles justifient une suspension partielle ou totale de l’admission des ressortissants de ces pays ». Durant sa campagne, il avait également promis de « restaurer » le travel ban qu’il avait imposé à plusieurs pays – la plupart musulmans – durant son premier mandat (2017-2021).
    Le président américain estime que les cas de visa overstay constituent un « danger extrême ». Mais les chiffres contenus dans le rapport des douanes soulèvent des questions sur les cibles touchées. Les sept pays africains sanctionnés ne représentent ainsi que 0,5 % des quelque 314 110 cas enregistrés sur douze mois de mai 2023 à mai 2024. Sur une vidéo mise en ligne sur le réseau social X, Donald Trump a également évoqué l’attaque à Boulder (Colorado), survenue dimanche, pour justifier sa décision. Ce jour-là, un Egyptien entré légalement en 2022, mais dont le visa avait expiré depuis des mois, a lancé des engins incendiaires sur des participants à une marche hebdomadaire en soutien aux otages israéliens retenus depuis le 7 octobre 2023 par le Hamas dans la bande de Gaza. L’attentat a fait au moins 12 blessés.
    Quelque 2 700 Egyptiens sont en visa overstay. « Nous ne laisserons pas entrer dans notre pays les gens qui veulent nous faire du mal », a averti Donald Trump. L’Egypte échappe toutefois au travel ban, destiné également à « combattre le terrorisme par des normes de sécurité fondées sur le bon sens ». La Libye et la Somalie – ainsi que Cuba – sont en revanche épinglées comme des Etats soutenant le terrorisme.
    Amnesty International ne partage pas les mêmes valeurs normatives de « bon sens ». L’organisation de défense des droits humains juge que « la nouvelle interdiction de voyager est discriminatoire, raciste et carrément cruelle ». Tous les pays africains listés sont, à l’exception de la Sierra Leone, sous le joug de pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux. Certains sont ravagés, tel le Soudan, par la guerre. Mais ce n’est pas au nom de la défense des valeurs démocratiques ou humanistes que les Etats sont sanctionnés.
    En termes mesurés, l’Union africaine (UA) s’est dite « préoccupée par le possible impact négatif de telles mesures sur les relations interpersonnelles, les échanges éducatifs, les échanges commerciaux et plus largement les relations diplomatiques soigneusement entretenues depuis des décennies ».
    Parmi les pays « bannis », le Tchad, accusé de « mépris flagrant des lois américaines sur l’immigration », a été le plus prompt à réagir. Le président, Mahamat Idriss Deby, a averti sur sa page Facebook avoir « instruit le gouvernement à agir conformément aux principes de réciprocité et suspendre l’octroi de visas aux citoyens américains ». « Le Tchad n’a ni avion à offrir, ni des milliards de dollars à donner, mais le Tchad a sa dignité et sa fierté », a-t-il ajouté, en référence aux cadeaux donnés par certains Etats à Donald Trump pour le convaincre d’abaisser les nouveaux taux de douane exorbitants.
    Le président américain a quant à lui averti que « de nouveaux pays peuvent être ajoutés [à la liste des travel ban”] au fur et à mesure que des menaces émergent dans le monde ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#travelban#visas#afrique#droit#sante

  • Jihadistes au Sahel : « L’erreur serait de croire que cela n’arrive qu’aux autres »

    Les groupes jihadistes intensifient leurs assauts contre les centres urbains des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, « on assiste à une expansion continue », constate François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans La Semaine de JA, sur RFI.

    https://www.jeuneafrique.com/1695227/politique/jihadistes-au-sahel-lerreur-serait-de-croire-que-cela-narrive-quaux-au

    #international #afrique

  • #Marie_Cosnay : « Dans l’#imaginaire_collectif pour la migration, la #fosse_commune, c’est la #Méditerranée »

    L’écrivaine et activiste Marie Cosnay a consacré aux routes migratoires une trilologie - Des îles, parue aux éditions de l’Ogre - qui replace l’océan en son centre. Et pourtant, l’Atlantique reste un #impensé dans nos représentations de la mer-cimetière, en dépit des évidences et des chiffres.

    Marie Cosnay, pourquoi dites-vous qu’on résiste à penser l’#océan_Atlantique lorsqu’on parle de la #mer-cimetière, et des routes migratoires maritimes ?

    Quand on parle des morts en mer et des morts de la migration - et on n’en parle pas souvent -, la fosse commune, c’est la Méditerranée. C’est à la Méditerranée qu’on est sans cesse ramené. Or c’est quand même étrange, parce que le plus grand nombre de morts ce sont ceux de l’Atlantique, en tout cas depuis 2018. Or cela invisibilise des choses, des imaginaires, mais aussi du réel. Car la route la plus empruntée, c’est celle des #Canaries. Il y a un mort toutes les demi-heures : en 2024, on compte sur cette route-là, de la façade atlantique depuis le #Sénégal jusqu’au #Sahara_occidental, au #Maroc, vers les Canaries - rien que ça -, un mort toutes les demi-heures l’année dernière. C’est énorme. Alors, invisibiliser l’océan atlantique ça veut dire que ces morts qui sont les plus nombreuses, personne n’en parle jamais. Ce sont les morts de l’#Afrique_de_l'Ouest.

    Comment décririez-vous cette route migratoire atlantique ?

    Depuis le Sénégal, ce sont des bateaux en bois, des #pateras, qui contiennent cinquante, soixante personnes, parfois davantage. Tous les gens qui connaissent cette route-là, jusqu’aux Canaries, c’est-à-dire les militants espagnols, et aussi, évidemment, les gens qui prennent cette route et leurs familles, tout comme la Croix-Rouge, appellent ça des “#convois”. Ces convois sont nommés par le nombre de personnes à l’intérieur. Le nombre de femmes, le nombre d’enfants. C’est pour pouvoir savoir nommer le bateau, par exemple : “Convoi 56, huit femmes, deux bébés, Tan-Tan” ; “Convoi 62, quatre femmes, trois enfants, Dakhla”... C’est comme ça que la Croix-Rouge peut savoir qui est arrivé.

    Dans quelle mesure l’imaginaire de ces convois a-t-il quelque chose à voir spécifiquement avec l’Atlantique ?

    Cette question m’évoque l’exemple d’un dessin d’enfant aux Canaries. Un enfant qui était arrivé par un de ces convois. Les gens qui s’en occupaient, la Croix-Rouge, et d’autres, et qui s’en occupaient plutôt pas mal, lui avaient demandé de dessiner son voyage, son exil, parce qu’il avait été extrêmement chahuté. Durant sa traversée, il y avait eu des morts, et notamment des enfants morts sur ce bateau. Et cet enfant qui avait survécu avait dessiné un bateau incroyablement ressemblant à un bateau négrier. C’est de cette histoire-là, et de cette mémoire-là aussi, qu’on se prive quand on ignore cette route-là, quand on habite à Marseille ou à Paris, et en tout cas en France.

    C’est spécifiquement français ?

    Ce qui est étrange, c’est que les militants en Espagne savent très bien l’importance de la route atlantique, et en Espagne, cette perception n’a rien à voir. On n’est pas du tout déconnecté, comme en France.

    Comment est venue l’écriture sur ces routes migratoires, et notamment de raconter la migration depuis les Canaries ?

    Au départ, je faisais de l’activisme aux frontières, à la frontière basque notamment. Je vivais au Pays basque et les gens passaient par là. J’écrivais des choses qui étaient plutôt de l’ordre de la chronique, du petit texte informatif. Lorsque j’avais une grosse colère ou quelque chose que je n’arrivais pas à démêler, c’était le texte qui m’aidait à démêler. J’appelais ça des chroniques. Par exemple, j’ai beaucoup écrit sur les mineurs isolés, sur le non accueil, et puis des réflexions sur : qu’est ce que l’enfance ? Est-ce que l’âge protège ? Et pourquoi l’âge protégerait-il plus qu’autre chose, en fait ?

    Auparavant, j’avais une autre activité d’écriture qui était beaucoup plus fictionnelle ou documentaire, mais davantage tournée vers le passé. Mais la question migratoire était devenue tellement prégnante, tellement importante dans ma vie, que je ne pouvais plus séparer les deux. Ce sont les morts qui m’ont poussée à écrire sur eux. Car avant d’aller aux Canaries pour rencontrer les gens, je me trouve à l’endroit où ils arrivent en fait, c’est-à-dire exactement à Irun, en Espagne, à côté de Bayonne, à la frontière basque. C’est là que je rencontre des gens pour qui je mets en place qu’il faut mettre en place comme militante. Je ne suis pas encore certaine d’écrire, je me dis même que j’écrivais si ça vient à moi. Et là, je rencontre des gens qui attendent des gens. Et ces gens qu’ils attendent n’arrivent pas. Alors on commence à me demander : “Mais va ! Va sur les îles ! Va chercher ma sœur, va chercher mon frère, va chercher ma fille. Ils sont arrivés tel jour dans le convoi 57, trois enfants, quatre femmes et et trois morts…” Parce qu’on sait un peu. C’est comme ça que les morts arrivent à la porte. Les premiers morts, ceux dont je me rends compte. Et donc j’y vais. Je vais sur les îles Canaries et il y a urgence.

    On est en 2019 et le premier tome de cette série qui s’intitulera “Des îles” (aux éditions de l’Ogre”) démarre…

    J’ai des noms, j’ai des photos, j’ai quelquefois des vidéos. Je ne suis pas toute seule, évidemment : il y a des relais. Et je cherche. J’ai des noms, j’ai des dates de naissance, j’ai des lieux de départ. J’ai des choses comme : “la dernière fois qu’on l’a vu”. Alors je cherche et je me rends compte assez vite que je ne trouverai pas. Car les gens meurent énormément. On sait, mais en fait concrètement, on ne sait pas. Je me rappelle de ce garçon qui s’appelle Amadou, qui m’a le premier demandé d’aller chercher sa sœur sur les îles Canaries. Selon lui, elle était arrivée tel jour, à tel endroit, etc. Cinq ou six ans après, lui dont je racontais l’histoire dans le premier volume de la trilogie Des îles, il la cherche encore. J’ai encore reçu la photo de sa sœur récemment sur Whatsapp. La même photo.

    Vous vous mettez donc à chercher des disparus, avant d’écrire l’histoire de ces gens qui voyagent sans visa…

    J’ai trouvé une petite fille qui avait disparu. Une seule : Fatou. Elle était donnée pour disparue sur un bateau sur lequel on disait qu’il y avait eu beaucoup d’enfants morts sur ce bateau qui avait tourné dans l’océan très longtemps. Et donc on m’avait dit de ne pas donner d’espoir à la maman. Mais la maman m’avait donné sa photo et j’étais sur les îles Canaries pour essayer, pour voir, au cas où… J’ai montré la photo de cette petite fille à un médecin urgentiste qui intervenait à l’arrivée des bateaux, parce que beaucoup de gens sont dans des états incroyables. Ils ont bu de l’eau de mer, ils ont perdu la tête, ils ne savent plus qui ils sont… Je lui ai montré la photo, et ce médecin-là, Alban, a poussé un cri : “Mais elle est arrivée, elle est vivante !” Après, on a mis un an à ce qu’elle puisse se rapprocher de sa maman. C’est très compliqué, mais c’est la seule histoire qui soit heureuse.

    Quelle empreinte l’Atlantique a-t-il laissé sur ces années d’enquête à remonter le fil d’histoires qui passent par l’océan ?

    Certaines images de l’océan m’ont beaucoup hantée. Notamment cet imaginaire, d’être seul sur l’océan en fait. Car même si on peu d’histoires, même si parfois les gens sont morts les uns après les autres, on a quelques images, et même quelques vidéos. Parce que c’est l’Atlantique ! C’est-à-dire que si on rate les Canaries, on arrive aux Etats-Unis ! “#Bosa”, ça veut dire quitter son pays, et rater les Canaries, ça s’appelle “Bosa États-Unis”. Si on rase les Canaries, on fait “#Bosa_Amérique” et en effet, on a retrouvé des bateaux complètement de l’autre côté de l’Atlantique, avec des corps desséchés, avec des squelettes. Mais on a trouvé aussi des bateaux vides ou alors avec un survivant. Vous imaginez ? Un seul survivant, au milieu de l’Atlantique. Comment on survit à ça, quand on est avec sa bouée et que finalement le secours maritime espagnol vient te sauver sur ta bouée ? Tu as vu mourir les uns après les autres tous tes copains.

    On a cherché comme cela un jeune Marocain, à la demande de sa sœur. Nous étions deux ou trois, à le chercher, ensemble, parce qu’on entendait dire qu’il était vivant or il n’apparaissait pas. En général, quand les gens n’apparaissent pas, ils ne vont pas apparaître trois mois après… mais il peut y avoir des exceptions, comme pour Fatou, la petite fille retrouvée aux Canaries. Donc, on cherche.

    Et de ce garçon, on a trouvé une vidéo, parce qu’on avait des photos de lui et on comparait avec les vidéos qu’on trouvait sur les réseaux. Sur cette vidéo, il parle en arabe sur un bateau au milieu de l’Atlantique. Le bateau n’était pas très loin des Canaries, mais perdu. On a fait traduire cette vidéo. C’était très compliqué de comprendre ce qu’il disait avec le bruit de l’océan mais on voyait sur la vidéo qu’il se passait un truc très important, sans savoir dire si c’était intense d’euphorie ou de désespoir. C’était impossible à dire. Et lui est là, il est debout, et il parle, avec intensité. En fait, il disait le nom de toutes les victimes du bateau. Il était en fait l’avant-dernier témoin, puisque le dernier, c’est celui qui va mettre la vidéo sur internet. Ce garçon n’est pas arrivé. Ça veut dire que ce garçon, debout, qui parle, est mort alors même qu’il était en train de nommer, lui, les gens qui venaient de mourir au milieu de l’océan.

    Puis l’écriture s’est poursuivie, et un deuxième volume, puis un troisième, sont venus compléter cette triologie, Des îles… Mais l’écriture s’est un peu déplacée, entre-temps…

    En 2022, la frontière entre la France et l’Espagne se ferme complètement suite à une attaque dans une église, près de Nice, par un jeune homme tunisien qui sortait de Lampedusa et qui a attaqué le curé d’une paroisse. Or ce moment où la frontière avec l’Espagne se ferme a coïncidé exactement avec le moment où les gens quittaient les #île_ Canaries pour remonter vers la France. Pendant un an, elle est restée fermée. Et pendant un an, il y a eu dix morts.

    Alors ce n’était plus des disparus qu’on cherchait, puisque l’on avait des corps. C’était exactement le contraire. On avait des #corps, mais pas de nom, pas d’histoire. Juste des corps ramassés dans la #Bidassoa alors qu’avant, j’avais des histoires mais pas de corps. Si bien qu’il fallait faire le chemin opposé. Malgré tout, il y a toujours quelqu’un qui a vu quelqu’un qui sait que quelqu’un est passé par là ce jour-là. Mais c’est très difficile d’être le témoin de cela et de vouloir bien en témoigner.

    Les gens ne voulaient pas, même les amis les plus proches. Parce que tu ne vas pas commencer à arriver dans un pays que tu essaies de rejoindre depuis trois ans en arrivant avec des problèmes. Des problèmes avec la police, avec la justice… alors que tu as passé ton temps à essayer de te désidentifier, tu ne vas pas t’identifier immédiatement, et surtout pas pour arriver avec un mort. Arriver avec un mort, c’est compliqué. Et donc même les amis qui passaient et qui, eux, avaient survécu, ne parlaient pas. C’était très compliqué de remonter le fil de ces histoires.

    Qu’est-ce qui a changé dans l’écriture de ces histoires, au fil des tomes et des enquêtes ?

    Moi, j’ai changé. C’est surtout moi. La manière de travailler a changé entre le tome un, le deux, et le trois de la trilogie, mais je m’en rends compte après coup. Dans le un, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’histoires. Beaucoup de récits, parce que beaucoup de gens parlent, prennent la parole. C’est beaucoup d’oralité et moi, j’essaye de prendre tout ça et de suivre les fils pour pour accompagner, pour aider, pour suivre et donc faire l’enquête.

    Dans le deuxième tome, Des Iles 2, c’est plutôt une question : comment on rend un corps qui est non-identifié par un juge espagnol, à un papa guinéen ? Et comment on le fait franchir l’Atlantique jusqu’en Guinée, mais en avion, et mort. On a réussi. Le travail change parce qu’il est d’un extrême piétinement. C’est le contraire des histoires qui arrivent. C’est beaucoup plus d’écrit puisque ce doit être conforme, signé à l’ambassade de ceci, de cela en Guinée, en Espagne, etc.

    Et donc c’est forcément une autre façon d’écrire puisqu’elle suit l’archive. L’archives qui est en train de se faire, qui est en train de s’écrire, qui est en train de s’élaborer. Il faut écrire sans céder à la simplification parce que c’est hyper complexe. L’écriture suit le réel, et donc elle panique parfois parce que le réel panique tout le temps. Parce que quand on a tous les papiers pour que le corps reparte en Guinée, et bien il manque le certificat de non-Covid et donc tout va foirer. L’écriture suit ça, et donc elle change de forme parce qu’elle est bousculée tout le temps par le réel. Tout le temps.

    Et puis vient l’écriture du troisième volume de la trilogie. Et là encore, l’écriture change…

    Oui, elle change de forme aussi, un peu volontairement, un peu à dessein, parce que je suis épuisée. Je me dis alors qu’il faut faire un pas de côté. Et ce pas de côté, c’est de dire qu’il y a en effet les bateaux qui arrivent qu’en ce moment depuis l’Algérie. mais aussi ces bateaux qui ont traversé dans l’autre sens. Evidemment, au moment de la chute de Séville, pendant la guerre civile, puisque des bateaux sont partis en Algérie, à Oran, et c’était exactement la même route, les mêmes ports. Mais cette route-là en appelle une autre : celle de l’exil morisque du début du XVIIᵉ siècle.

    En fait, ce pas de côté historique me garantit quelque chose. Ce pas de côté m’intéresse parce qu’il montre aussi que ce n’est pas toujours du Sud vers le Nord que vont les exils et qu’il y a eu d’autres histoires et d’autres bateaux sur ces routes-là. Tout ça m’intéresse politiquement, historiquement, mais aussi me déplace moi dans l’écriture. Cela me calme, c’est-à-dire je suis obligée de suivre un autre rythme qui est le rythme historique. Le rythme du document qui est déjà écrit, de l’archive que je n’ai pas besoin d’écrire moi, et qui n’est pas en train de se créer sous mes yeux, mais qui est déjà là : c’est celle des historiens, c’est celle des récits antérieurs. Et ça, ça me sauve un peu, un peu.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/comme-personne/marie-cosnay-dans-l-imaginaire-collectif-pour-la-migration-la-fosse-comm
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  • Afrique du Sud : des femmes mineurs forcées de se dévêtir à la mine d’or de Kopanang

    Le Syndicat national des mineurs (NUM), affilié à IndustriALL Global Union, condamne les fouilles au corps déshumanisantes que les femmes mineurs doivent subir quotidiennement à la mine d’or de Kopanang, à 170 km au sud-est de Johannesburg.

    La mine de Kopanang a été vendue en 2018 par Anglogold Ashanti à la société Heaven-Sent SA Sunshine Investment basée à Hong Kong.

    12 femmes au moins ont dénoncé des violations sous forme de fouilles corporelles avilissantes, les obligeant à se présenter complètement nues devant les agents de sécurité sous le prétexte de la recherche d’or volé. Ce chiffre pourrait être plus élevé, certaines travailleuses ayant subi des intimidations et craignant de parler. Celles qui ont contesté ces fouilles humiliantes à la fin de leur service ont été suspendues. L’une d’elles, par exemple, l’a été après avoir refusé d’enlever ses sous-vêtements et d’écarter les jambes pendant la fouille.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/31/afrique-du-sud-des-femmes-mineurs-forcees-de-s

    #feminisme #afriquedusud

  • Les affaires troublantes du groupe pétrolier Perenco en Afrique, entre cadences infernales et soupçons de corruption
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/05/21/les-affaires-troublantes-du-groupe-petrolier-perenco-en-afrique-entre-cadenc

    https://seenthis.net/messages/1007169
    Décès de travailleurs, siège fantôme et accusations de corruption : le groupe pétrolier Perenco dans les faits
    https://eia.org/press-releases/mort-a-huis-clos-perenco
    #Afrique #pétrole #Perenco

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Perenco#Agn%C3%A8s_Pannier-Runacher

      En novembre 2022, une enquête du site Disclose relève des liens familiaux très proches entre Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et le monde du pétrole[45],[46]. Le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, a été jusqu’au 15 juin 2020 administrateur de la société pétrolière Perenco[47]. Il décide en 2016 de créer la société Arjunem, basée sur des fonds domiciliés en partie dans des paradis fiscaux, pour transmettre une partie de son patrimoine à ses petits-enfants alors âgés de 13 ans, 10 ans et 5 ans. Agnès Pannier-Runacher signe en leur nom et est leur mandataire. L’ensemble de cet argent provient de fonds spéculatifs dans lesquels l’entreprise Perenco détient ses propres investissements[46],[47].

      Ces liens n’ont pas été déclarés auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Celle-ci annonce le 8 novembre 2022 avoir lancé « des vérifications » sur la situation de la ministre. À l’issue de ces vérifications la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) constate « l’absence de manquement » dans les déclarations de la ministre[48].

      Par un décret paru dans le Journal officiel (JO) le 15 novembre 2022, Agnès Pannier-Runacher est déclarée incompétente pour connaître les dossiers concernant Perenco et d’autres sociétés pétrolières avec lesquelles elle a des liens personnels[49].

      Et bien sûr, se reporter aux nombreuses notes et références mentionnées dans cet article, tout ça archivé par les bons soins de Wikipédia.

  • Trafic illicite de migrants : Le Sénégal renforce sa lutte avec le lancement de la 5e phase du projet PROMIS
    https://www.dakaractu.com/Trafic-illicite-de-migrants-Le-Senegal-renforce-sa-lutte-avec-le-lancemen

    Trafic illicite de migrants : Le Sénégal renforce sa lutte avec le lancement de la 5e phase du projet PROMIS
    La migration irrégulière constitue un défi croissant, non seulement pour les pays de départ comme le Sénégal, mais aussi pour les pays de transit et de destination. Ce phénomène est souvent lié à d’autres activités criminelles transnationales telles que le trafic de drogue, le blanchiment d’argent ou la cybercriminalité. Selon Carmen Regenaars, ambassadrice des Pays-Bas, seule une approche ferme, coordonnée et fondée sur les droits humains permettrait d’endiguer efficacement ces pratiques. Elle s’est exprimée dans le cadre du lancement de la cinquième phase du projet PROMIS (Protection des migrants Stratégies intégrées), une initiative conjointe portée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
    Ce programme, soutenu financièrement par le Royaume des Pays-Bas, vise à appuyer les pays d’Afrique de l’Ouest dans leur réponse aux violations des droits humains liées au trafic illicite de migrants. L’ambassadrice a également salué les avancées juridiques et institutionnelles du Sénégal, notamment la loi de 2005 sur la traite des personnes, ainsi que la mise en place de structures telles que le Comité d’administration de lutte contre la traite. Elle a insisté « sur la portée régionale du projet PROMIS, qui s’est étendu depuis 2016 à plusieurs pays ouest-africains, dont le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Nigeria, la Guinée et la Mauritanie ».
    Représentant le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Ayeda Robert Kotchani a abondé dans le même sens en soulignant que « PROMIS est né d’une volonté collective et d’un partenariat opérationnel fort ». Il a évoqué « la migration comme une réalité structurelle, inscrite désormais au cœur des enjeux de droits humains et des politiques nationales, et a insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes de détection, d’assistance et de réintégration des victimes ». L’objectif, selon lui, est de protéger la dignité humaine, quelles que soient les circonstances. M. Kotchani a salué l’engagement constant du Royaume des Pays-Bas dans ce domaine ainsi que la mobilisation des autorités sénégalaises. « Le succès du projet repose sur la coopération entre les agences onusiennes, les institutions nationales et les communautés locales » dit-il.
    Modou Diagne, secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), a pour sa part mis en exergue les efforts structurels du Sénégal, tels que la mise en œuvre d’une stratégie nationale accompagnée d’un plan d’action opérationnel. Il a insisté sur la nécessité de territorialiser la lutte contre la migration irrégulière, en impliquant toutes les régions et départements du pays. Pour lui, « le projet PROMIS constitue un levier précieux pour mutualiser les ressources, les expertises et les expériences dans un combat qui transcende les frontières ».
    Concernant Mody Ndiaye, secrétaire permanent du Conseil national de lutte contre la traite des personnes, il a expliqué que « la dimension humaine de cette lutte est sensible » Et a insisté sur le fait que malgré les efforts déployés, le phénomène persiste, ce qui impose un engagement encore plus ferme et plus concerté. Selon lui, « les réponses doivent tenir compte des réalités sociales, économiques et juridiques, et s’inscrire dans une logique de dignité et de protection des plus vulnérables, en particulier les jeunes ».
    Ainsi, il a convié, « les parties prenantes à converger vers la nécessité de bâtir une stratégie inclusive et durable et de prendre en compte le rôle de catalyseur du projet PROMIS qui, par sa couverture régionale, son approche fondée sur les droits humains et son souci de cohérence entre les différents maillons de la chaîne pénale ». « C’est un outil précieux dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des personnes en Afrique de l’Ouest » a-t-conclu.

    #Covid-19#migrant#migration#afrique#senegal#trafic#PROMIS#CILMI#ONUDC#protection#sante

  • Fatou Sow : Les femmes, l’État et le sacré

    Introduction
    Dans le débat sur la laïcité, c’est devenu une habitude dans le raisonnement d’associations islamiques, à propos des revendications sur les libertés de la personne et singulièrement celles de la femme, de voir opposer, au citoyen et à la citoyenne qui revendiquent des droits, comme aux décideurs et à l’État qui cherchent à gérer et légiférer sur ces mêmes préoccupations, l’argument péremptoire et absolu du sacré. La polygamie ou l’inégalité filles et garçons en matière d’héritage : on ne peut en réviser les dispositions car elles relèvent du sacré. Pour prendre un exemple extrême, le trafic contemporain des esclaves entre le Nigeria du Nord, la Mauritanie, le Niger, le Soudan, l’Arabie Saoudite ou les pays du Golfe, bien que régulièrement dénoncé par les organisations de droits humains tels que SOS-Esclaves-Mauritanie [2], American Anti-Slavery Group (AASG) ou Amnesty International, est rarement discuté par les autorités.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/26/fatou-sow-les-femmes-letat-et-le-sacre

    #feminisme #afrique

  • « Les faux réfugiés de Trump » : alors que les États-Unis accueillent des Sud-Africains blancs, Trump dénonce à tort un « génocide »

    L’administration Trump a suspendu la réinstallation des réfugiés dans la plupart des pays du monde, mais a accueilli lundi 59 Afrikaners sud-africains blancs à qui le statut de réfugié a été accordé. Le président Trump affirme que les Afrikaners sont victimes de discrimination raciale — alors même que la minorité blanche en Afrique du Sud possède toujours la majorité des terres agricoles, plusieurs décennies après la fin de l’apartheid — et prétend qu’ils fuient un « génocide ». « Il s’agit d’une théorie du complot et d’un mythe qui circulent depuis des décennies dans les cercles populistes de droite et suprémacistes blancs », affirme Andile Zulu, essayiste politique et chercheur au Centre d’information alternative et de développement au Cap. Nous nous entretenons également avec Herman Wasserman, professeur de journalisme à l’Université de Stellenbosch, qui estime que l’administration Trump utilise les Afrikaners comme « des pions, des figurants dans une campagne qui prétend promouvoir la suprématie blanche ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/24/les-faux-refugies-de-trump-alors-que-les-etats

    #international #usa #afriquedusud

  • Attention à ces vidéos prétendant montrer un soutien international à #Ibrahim_Traoré | Factuel
    https://factuel.afp.com/doc.afp.com.46RX4NP

    Des publications propagandistes en faveur des trois régimes ouest-africains de l’Alliance des États du Sahel (AES) se multiplient sur les réseaux sociaux. Trois vidéos virales en #Afrique francophone prétendent ainsi montrer de gigantesques rassemblements aux États-Unis, à Paris et en Russie en soutien à la politique du président burkinabè Ibrahim #Traoré. Mais c’est faux : ces séquences n’ont aucun lien avec le #Burkina_Faso et son président. Elles montrent en réalité une manifestation anti-corruption en Serbie et un concert au Brésil du groupe américain Imagine Dragons.

    Un bon dirigeant se doit d’être impopulaire. Et il doit aussi faire les frais du régime soviétique , en faisant l’objet de fake news de la part des usines à trolls du tsar du Kremlin.

    Et donc, heureusement que l’AFP veille, sinon, on pourrait croire qu’il se passe des choses au Sahel sans la France.

  • La dangereuse route migratoire des Ethiopiens vers l’Afrique du Sud : « Certains n’y survivent pas »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/15/la-dangereuse-route-migratoire-des-ethiopiens-vers-l-afrique-du-sud-certains

    La dangereuse route migratoire des Ethiopiens vers l’Afrique du Sud : « Certains n’y survivent pas »
    Par Marlène Panara (Addis-Abeba, correspondance)
    Ce sont leurs cris et leurs appels à l’aide qui ont permis de les repérer. Début mai, 44 Ethiopiens retenus dans une maison de la banlieue de Johannesburg ont été découverts par la police sud-africaine. Très amaigris et, pour certains, seulement vêtus d’une couverture autour de la taille, ces jeunes hommes ont déclaré que leurs passeurs les avaient conduits là à leur arrivée en Afrique du Sud. Parti il y a plusieurs mois d’Ethiopie, le groupe avait traversé par la route plusieurs pays avant d’arriver à Johannesburg.
    Cette route dite « du sud » est une voie d’exil de plus en plus empruntée par les Ethiopiens à la recherche d’une vie meilleure. Entre janvier et mars 2025, 15 000 mouvements y ont été détectés, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Entre 2023 et 2024, ils avaient déjà augmenté de 26 %, passant de 11 613 à 14 568.
    La plupart des Ethiopiens qui effectuent ce voyage sont originaires du sud et du centre du pays. « Le Sud est l’une des régions les plus densément peuplées, où la propriété foncière par habitant est l’une des plus faibles. La concurrence est donc rude pour accéder à des terres, explique Yordanos Estifanos, chercheur sur les migrations à l’université du Sussex. Les perspectives économiques étant minces, cette population considère l’Afrique du Sud comme une bonne alternative pour réussir. »
    Teshale, originaire de la ville de Hosaena (centre), est parti pour ce pays il y a douze ans après avoir vendu ses terres. « Il n’avait pas eu le concours pour entrer à l’université et il disait qu’il pouvait gagner plus d’argent là-bas, raconte son cousin à Addis-Abeba. Et puis son grand frère était déjà installé en Afrique du Sud, ça l’a rassuré. »
    Première escale sur cette route pour les migrants éthiopiens : Moyale, à la frontière kényane. Ils empruntent ensuite des itinéraires secondaires plus confidentiels. Pour éviter les contrôles, ils s’entassent dans des véhicules réservés par des passeurs ou dans des camions de marchandises, parfois mélangés au bétail. Une fois passée la Tanzanie, les itinéraires se divisent entre le Malawi, le Mozambique et la Zambie. Restent ensuite plusieurs milliers de kilomètres supplémentaires jusqu’en Afrique du Sud. Le périple coûte en moyenne 4 800 dollars dans un pays où le revenu moyen est de 94 dollars par mois selon la Banque mondiale.
    Sur ce parcours qui peut durer de deux mois à un an et qui fait intervenir de multiples intermédiaires, les dangers sont nombreux. « On marchait beaucoup la nuit pour ne pas être repérés, raconte Tibebu, originaire de la région Oromia (centre) et aujourd’hui installé dans un township du Cap. Je me souviens surtout d’avoir eu très faim, on n’avait rien. On demandait de la nourriture à des fermiers. Il y avait le manque d’eau aussi. Certains n’y survivent pas. Sur cette route, on perd des amEntre 2012 et 2019, au moins 5 972 migrants éthiopiens sont morts ou ont disparu en tentant ce voyage, selon le Bureau éthiopien du travail et des affaires sociales. L’OIM, elle, a recensé 340 décès le long de cette route depuis 2015. Cette divergence des chiffres s’explique par le manque de documentation sur cette voie migratoire. « De nombreuses disparitions ne sont pas signalées, ni par les autorités, ni par la presse. Ce qui conduit à une sous-estimation du nombre réel de décès », reconnaît le bureau régional de l’OIM en Afrique de l’Est. Les accidents de la route, les asphyxies dans des camions insuffisamment ventilés », sont les principales causes de décès, d’après le projet Missing Migrants de l’OIM. En octobre 2023, 29 Ethiopiens âgés de 25 à 40 ans ont été retrouvés morts étouffés dans un camion au Malawi. Trois ans plus tôt, 64 jeunes Ethiopiens avaient péri dans les mêmes circonstances dans le conteneur d’un camion à un poste de contrôle au Mozambique.
    Pour ceux qui finissent par arriver, exténués, en Afrique du Sud, commence alors la difficile étape de l’installation. Pour les personnes souhaitant demander l’asile, il faudra attendre entre huit et quinze mois pour obtenir un rendez-vous avec l’administration. Les chances d’obtenir le statut de réfugié sont minces. En 2023, le taux d’acceptation des demandes d’asile de ressortissants venus d’Ethiopie – premier pays demandeur en Afrique du Sud – était de 4,7 %, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
    Pour les Ethiopiens qui ne demandent pas la protection internationale, obtenir un titre de séjour est « quasiment impossible », affirme Rodolphe Demeestère, doctorant en sciences politiques à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et auteur de plusieurs articles sur la xénophobie en Afrique du Sud. « Le ministère de l’intérieur est en lutte ouverte contre les candidats à l’exil, dit-il. Intégrer légalement ces Ethiopiens n’est absolument pas au programme des responsables politiques, dont le discours à l’égard de la diaspora africaine s’est fait de plus en plus hostile et ouvertement xénophobe depuis le début des années 2000. »
    Le secteur informel reste la première solution qui s’offre aux exilés pour survivre. Depuis une quinzaine d’années, les « spaza », ces épiceries tenues par des migrants éthiopiens, fleurissent dans les townships des grands centres urbains sud-africains. Si le business est rentable, la xénophobie latente complique le quotidien des commerçants. Par peur des attaques, ceux-ci passent leurs journées à l’intérieur de leur local aux fenêtres grillagées, délivrant leurs produits aux clients par une petite trappe.
    Les commerçants subissent aussi le racket des gangs du quartier. « Tous les mois, on me demande de payer, confirme Tibebu, propriétaire d’une épicerie au Cap. Je n’ai pas le choix, je donne. Parfois, je dois même verser des commissions à plusieurs gangs à la fois. J’ai peur, mais à qui demander de l’aide ? La police n’ouvre jamais d’enquête pour les étrangers. » Le commerçant éthiopien confie être « épuisé » par la peur d’être assassiné : « J’y pense tous les jours, car c’est arrivé à beaucoup d’épiciers que je connaissais. »
    Teshale a lui aussi possédé, durant plusieurs années, une boutique prospère à Johannesburg. « Il s’était acheté une voiture et avait même fait construire une maison à Hoseana, raconte son cousin. Il est mort il y a deux mois, tué par trois braqueurs. » D’après lui, les tireurs « savaient qu’il avait de l’argent car il avait reçu l’equb », un système d’épargne collective équivalent des tontines en Afrique de l’Ouest. Bras croisés et regard fixe, le cousin de Teshale soupire : « Il n’y a pas eu d’enquête. On a juste récupéré son corps, comme ça, un matin. »

    #Covid-19#migrant#migration#afriquedusud#ethiopie#routemigratoire#migrationirreguliere#sante#violence#vulnerabilite

  • Les #parcs africains ou l’histoire d’un #colonialisme_vert

    Derrière le mythe d’une Afrique #sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la #nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux. L’historien #Guillaume_Blanc raconte.

    Vous avez longuement enquêté sur les politiques de #protection_de_la_nature mises en place en #Afrique depuis la fin du XIXe siècle. Comment, dans l’esprit des experts occidentaux de la conservation de la nature, a germé cette idée que le continent africain constituait le dernier éden sauvage de la planète, qu’il s’agissait de préserver à tout prix ?

    Guillaume Blanc1 Mon enquête historique s’appuie en effet sur plus de 130 000 pages de documents issus de 8 fonds d’archives répartis entre l’Europe et l’Afrique. Pour comprendre ce mythe de la nature sauvage, il faut se mettre à la place des #botanistes et des #forestiers qui partent tenter l’aventure dans les #colonies à la fin du XIXe siècle, et laissent derrière eux une Europe radicalement transformée par l’industrialisation et l’urbanisation. En arrivant en Afrique, ils sont persuadés d’y retrouver la nature qu’ils ont perdue chez eux.

    Cette vision est en outre soutenue par un ensemble d’œuvres relayées par la grande presse. C’est par exemple #Winston_Churchill qui, en 1907, publie Mon voyage en Afrique, dans lequel il décrit le continent africain comme un « vaste jardin naturel » malheureusement peuplé d’« êtres malhabiles ». Dans les années 1930, c’est ensuite #Ernest_Hemingway qui évoque, dans Les Neiges du Kilimandjaro, un continent où les #big_five – ces mammifères emblématiques de l’Afrique que sont le #lion, le #léopard, l’#éléphant, le #rhinocéros noir et le #buffle – régneraient en maîtres. Depuis, le #mythe de cette Afrique édénique a perduré à travers les reportages du #National_Geographic et de la BBC ou, plus récemment, avec la sortie du célèbre film d’animation #Le_Roi_Lion.

    Qui sont les principaux acteurs des politiques de protection de la nature en Afrique, depuis les premières réserves de faune sauvage jusqu’à la création des parcs nationaux ?
    G. B. En Afrique, la création des #réserves_de_chasse à la fin du XIXe siècle par les colonisateurs européens vise surtout à protéger le commerce des troupeaux d’éléphants, déjà largement décimés par la #chasse. À partir des années 1940, ces #réserves deviennent ensuite des espaces dédiés presque exclusivement à la contemplation de la #faune_sauvage – une évolution qui témoigne d’une prise de conscience de l’opinion publique, qui considère comme immoral le massacre de la grande #faune.

    Les principaux acteurs de cette transformation sont des écologues administrateurs, à l’image de #Julian_Huxley, le tout premier directeur de l’#Unesco, nommé en 1946. On peut également citer #Edgar_Worthington, qui fut directeur scientifique adjoint du #Nature_Conservancy (une orga­ni­sa­tion gouvernementale britannique), ou l’ornithologue #Edward_Max_Nicholson, l’un des fondateurs du #World_Wildlife_Fund, le fameux #WWF. À partir des années 1950, ces scientifiques issus de l’administration impériale britannique vont s’efforcer de mettre la #science au service du gouvernement, de la nature et des hommes.

    À l’époque coloniale, la nature africaine semble toutefois moins menacée qu’elle ne l’est aujourd’hui. N’y a-t-il pas comme une forme de contradiction de la part des experts de la conservation à vouloir présenter ce continent comme le dernier éden sauvage sur Terre et, dans le même temps, à alerter sur le risque d’extinction de certaines espèces ?
    G. B. Si on prend l’exemple des éléphants, ce sont tout de même 65 000 animaux qui sont abattus chaque année à la fin du XIXe siècle en Afrique de l’Est pour alimenter le commerce de l’#ivoire. À cette époque, les administrateurs coloniaux sont pourtant incapables de réaliser que le massacre auquel ils assistent relève de leur propre responsabilité. Car, tout autour des espaces de protection qu’ils mettent en place pour protéger la nature, la destruction des #ressources_naturelles se poursuit – ce sont les #plantations de #cacao en #Côte_d’Ivoire qui empiètent toujours plus sur la #forêt_tropicale, ou le développement à grande échelle de la culture du #café en #Tanzanie et au #Kenya.

    À mesure que ce #capitalisme_extractiviste s’intensifie, la protection de la faune et de la flore se renforce via la multiplication des #zones_protégées. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux qui entendent préserver la nature en établissant des réserves de chasse, puis des parcs nationaux, sont aussi ceux qui la détruisent en dehors de ces espaces de protection.

    Une initiative baptisée « #Projet_spécial_africain » illustre bien cette vision de la nature africaine. En quoi consiste cette grande #mission_écologique, largement promue par les experts internationaux de la conservation ?
    G. B. Le Projet spécial africain est lancé à Varsovie en 1960 par l’#Union_internationale_pour_la_conservation_de_la_nature (#UICN), sous l’égide des Nations unies. En septembre 1961, une grande conférence internationale est organisée à Arusha, en Tanzanie, afin de promouvoir les programmes de conservation auprès des dirigeants africains arrivés au pouvoir après les indépendances. Elle réunit une centaine d’experts occidentaux ainsi qu’une trentaine de dirigeants africains.

    D’un commun accord, ces derniers déclarent vouloir poursuivre les efforts accomplis par les colons européens dans les parcs nationaux africains qui ont vu le jour depuis la fin des années 1920. Pour, je cite, « aider les gouvernements africains à s’aider eux-mêmes », des experts internationaux sont alors envoyés en Afrique. Le Projet spécial africain, qui se poursuivra jusqu’à la fin des années 1970, prend donc la forme d’une alliance entre les dirigeants africains et les experts internationaux.

    Dans le livre que vous avez publié il y a peu, La Nature des hommes, vous rappelez que les institutions internationales ont fortement incité les pays africains à exclure leurs populations des territoires de ce qui allait devenir les parcs nationaux…
    G. B. Parmi les institutions impliquées, il y a, d’un côté, les agences des Nations unies comme l’Unesco et la FAO, mais aussi des organisations non gouvernementales comme l’UICN, le WWF ou la Fauna & Flora International (FFI). Ces deux grandes catégories d’institutions ont tout d’abord servi de machine à reconvertir les administrateurs coloniaux en experts internationaux de la conservation. Ce sont elles qui vont ensuite imposer les mesures conservationnistes à l’intérieur des parcs.

    La FAO va, par exemple, conditionner son aide au Kenya, à l’Éthiopie ou à la Tanzanie pour l’achat de matériel agricole à l’acceptation des règles édictées par l’Unesco – à savoir que soient expulsées les populations qui vivent dans les parcs pour préserver les grands mammifères. C’est donc un véritable système international qui se met en place, dans lequel les agences des Nations unies vont avoir recours à des experts qu’elles vont mandater auprès de l’UICN, du WWF ou de la #FFI.

    Dans les années qui suivent la #décolonisation, les dirigeants africains participent eux aussi à cette #mythification d’un continent foisonnant de vie, car préservé des activités humaines. Quelle est leur part de responsabilité dans la construction de cet #imaginaire ?
    G. B. S’ils n’ont pas choisi ce cadre culturel imposé par les experts internationaux de la conservation, selon lequel l’Afrique serait le dernier refuge mondial de la faune sauvage, ils savent en revanche le mettre au service de leurs propres intérêts. Au #Congo, rebaptisé Zaïre en 1971 par le président Mobutu, ce dernier explique lors d’une conférence de l’UICN qui se tient à Kinshasa que son pays a créé bien plus de parcs que le colonisateur belge qui l’a précédé.

    En 1970, soit près de 10 ans après son indépendance, la Tanzanie a de son côté quadruplé son budget dédié aux parcs nationaux, sous l’impulsion de son Premier ministre #Julius_Nyerere, bien conscient que le parc national représente une véritable #opportunité_économique. Si Julius Nyerere n’envisage pas de « passer (s)es vacances à regarder des crocodiles barboter dans l’eau », comme il l’explique lui-même dans la presse tanzanienne, il assure que les Occidentaux sont prêts à dépenser des millions de dollars pour observer la faune exceptionnelle de son pays. Julius Nyerere entend alors faire de la nature la plus grande ressource économique de la Tanzanie.

    Certains responsables politiques africains mettent aussi à profit le statut de parc national pour contrôler une partie de leur population…
    G. B. Pour une nation comme l’Éthiopie d’#Hailé_Sélassié, la mise en parc de la nature donne la #légitimité et les moyens financiers pour aller planter le drapeau national dans des territoires qui échappent à son contrôle. Lorsque l’UICN et le WWF suggèrent à l’empereur d’Éthiopie de mettre en parc différentes régions de son pays, il choisit ainsi le #Simien, dans le Nord, une zone de maquis contestant le pouvoir central d’Addis-Abeba, l’#Awash, dans l’Est, qui regroupe des semi-nomades vivant avec leurs propres organisations politiques, et la #vallée_de_l’Omo, dans le Sud, où des populations circulent librement entre l’Éthiopie et le Kenya sans reconnaître les frontières nationales.

    En Afrique, la mise sous protection de la nature sauvage se traduit souvent par l’#expulsion des peuples qui vivent dans les zones visées. Quelles sont les conséquences pour ces hommes et ces femmes ?
    G. B. Ce #déplacement_forcé s’apparente à un véritable tremblement de terre, pour reprendre l’expression du sociologue américain Michael Cernes, qui a suivi les projets de #déplacement_de_populations menés par les Nations unies. Pour les personnes concernées, c’est la double peine, puisqu’en étant expulsées, elles sont directement impactées par la création des parcs nationaux, sans en tirer ensuite le moindre bénéfice. Une fois réinstallées, elles perdent en effet leurs réseaux d’entraide pour l’alimentation et les échanges socio-économiques.

    Sur le plan environnemental, c’est aussi une catastrophe pour le territoire d’accueil de ces expulsés. Car, là où la terre était en mesure de supporter une certaine densité de bétail et un certain niveau d’extraction des ressources naturelles, la #surpopulation et la #surexploitation de l’#environnement dont parlent les experts de la conservation deviennent réalité. Dans une étude publiée en 20012, deux chercheurs américain et mozambicain ont tenté d’évaluer le nombre de ces expulsés pour l’ensemble des parcs nationaux d’Afrique. En tenant compte des lacunes statistiques des archives historiques à ce sujet, les chercheurs ont estimé qu’entre 1 et 14 millions de personnes avaient été contraintes de quitter ces espaces de conservation au cours du XXe siècle.

    Depuis la fin des années 1990, les politiques globales de la #conservation_de_la_nature s’efforcent d’associer les populations qui vivent dans ou à côté des #aires_protégées. Comment se matérialise cette nouvelle philosophie de la conservation pour les populations ?
    G. B. Cette nouvelle doctrine se traduit de différentes manières. Si l’on prend l’exemple de l’#Ouganda, la population va désormais pouvoir bénéficier des revenus du #tourisme lié aux parcs nationaux. Mais ceux qui tirent réellement profit de cette ouverture des politiques globales de conservation sont souvent des citadins qui acceptent de devenir entrepreneurs ou guides touristiques. Les habitants des parcs n’ont pour leur part aucun droit de regard sur la gestion de ces espaces protégés et continuent de s’y opposer, parfois avec virulence.

    En associant les populations qui vivent dans ou à proximité des parcs à la gestion de la grande faune qu’ils abritent, la conservation communautaire les incite à attribuer une valeur monétaire à ces animaux. C’est ce qui s’est produit en #Namibie. Plus un mammifère est prisé des touristes, comme l’éléphant ou le lion, plus sa valeur pécuniaire augmente et, avec elle, le niveau de protection que lui accorde la population. Mais quid d’une pandémie comme le Covid-19, provoquant l’arrêt de toute activité touristique pendant deux ans ? Eh bien, la faune n’est plus protégée, puisqu’elle n’a plus aucune valeur. Parce qu’il nie la singularité des sociétés auxquelles il prétend vouloir s’adapter, le modèle de la #conservation_communautaire, qui prétend associer les #populations_locales, se révèle donc souvent inefficace.

    Des mesures destinées à exclure les humains des espaces naturels protégés continuent-elles d’être prises par certains gouvernements africains ?
    G. B. De telles décisions restent malheureusement d’actualité. Les travaux de l’association Survival International l’ont très bien documenté au #Cameroun, en #République_démocratique_du_Congo ou en Tanzanie. En Éthiopie, dans le #parc_du_Simien, où je me suis rendu à plusieurs reprises, les dernières #expulsions datent de 2016. Cette année-là, plus de 2 500 villageois ont été expulsés de force à 35 km du parc. Dans les années 2010, le géographe américain Roderick Neumann a pour sa part recensé jusqu’à 800 #meurtres liés à la politique de « #shoot_on_sight (tir à vue) » appliquée dans plusieurs parcs nationaux d’Afrique de l’Est. Selon cette doctrine, toute personne qui se trouve à l’intérieur du parc est soupçonnée de #braconnage et peut donc être abattue par les éco-gardes. Dans des pays où le braconnage n’est pourtant pas passible de peine de mort, de simples chasseurs de petit gibier sont ainsi exécutés sans sommation.

    En Europe, les règles de fonctionnement des parcs nationaux diffèrent de celles qui s’appliquent aux espaces de protection africains. Si on prend l’exemple du parc national des Cévennes, l’agriculture traditionnelle et le pastoralisme n’y sont pas prohibés, mais valorisés en tant qu’éléments de la culture locale. Comment expliquer ce « deux poids, deux mesures » dans la façon d’appréhender les espaces de protection de la nature en Europe et en Afrique ?
    G. B. Le parc national des Cévennes, créé en 1970, abrite plus de 70 % du site des Causses et Cévennes, inscrit sur la liste du Patrimoine mondial depuis 2011. Or la valeur universelle exceptionnelle qui conditionne un tel classement est, selon l’Unesco, « l’agropastoralisme, une tradition qui a façonné le paysage cévenol ». C’est d’ailleurs à l’appui de cet argumentaire que l’État français alloue des subventions au parc pour que la transhumance des bergers s’effectue à pied et non pas en camions, ou bien encore qu’il finance la rénovation des toitures et des murs de bergeries à partir de matériaux dits « traditionnels ».

    En revanche, dans le parc éthiopien du Simien, la valeur universelle exceptionnelle qui a justifié le classement de ce territoire par l’Unesco est « ses #paysages spectaculaires ». Mais si les #montagnes du Simien ont été classées « en péril3 » et les populations qui y vivaient ont été expulsées, c’est, selon les archives de cette même organisation internationale, parce que « l’#agropastoralisme menace la valeur du bien ».

    À travers ces deux exemples, on comprend que l’appréciation des rapports homme-nature n’est pas univoque en matière de conservation : il y a une lecture selon laquelle, en Europe, l’homme façonne la nature, et une lecture selon laquelle, en Afrique, il la dégrade. En vertu de ce dualisme, les activités agropastorales relèvent ainsi d’une #tradition à protéger en Europe, et d’une pratique destructrice à éliminer en Afrique.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/parcs-Afrique-colonialisme-histoire-nature-faune
    #colonialisme #animaux #ingénierie_démographique

    • La nature des hommes. Une mission écologique pour « sauver » l’Afrique

      Pendant la colonisation, pour sauver en Afrique la nature déjà disparue en Europe, les colons créent des parcs en expulsant brutalement ceux qui cultivent la terre. Et au lendemain des indépendances, avec l’Unesco ou le WWF, les dirigeants africains « protègent » la même nature, une nature que le monde entier veut vierge, sauvage, sans hommes.
      Les suites de cette histoire sont connues : des millions de paysans africains expulsés et violentés, aujourd’hui encore. Mais comment a-t-elle pu advenir ? Qui a bien pu organiser cette continuité entre le temps des colonies et le temps des indépendances ? Guillaume Blanc répond à ces questions en plongeant le lecteur au cœur d’une étrange mission écologique mondiale, lancée en 1961 : le « Projet spécial africain ».
      L’auteur raconte l’histoire de ce Projet, mais, plutôt que de suivre un seul fil narratif, il redonne vie à quatre mondes, que l’on découvre l’un après l’autre : le monde des experts-gentlemen qui pensent l’Afrique comme le dernier refuge naturel du monde ; celui des colons d’Afrique de l’Est qui se reconvertissent en experts internationaux ; celui des dirigeants africains qui entendent contrôler leurs peuples tout en satisfaisant les exigences de leurs partenaires occidentaux ; celui, enfin, de paysans auxquels il est demandé de s’adapter ou de disparaître. Ces hommes ne parlent pas de la même nature, mais, pas à pas, leurs mondes se rapprochent, et ils se rencontrent, pour de bon. Ici naît la violence. Car c’est la nature des hommes que d’échanger, pour le meilleur et pour le pire.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_nature_des_hommes-9782348081750
      #livre

  • Une cinquantaine d’Afrikaners accueillis avec le statut de réfugiés aux Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/12/une-cinquantaine-d-afrikaners-accueillis-avec-le-statut-de-refugies-aux-etat

    Une cinquantaine d’Afrikaners accueillis avec le statut de réfugiés aux Etats-Unis
    Par Mathilde Boussion (Johannesburg, correspondance)
    A peine quatre-vingt-dix jours. C’est le temps extraordinairement court qu’il aura fallu aux Etats-Unis pour accueillir les premiers « réfugiés » sud-africains invités par Donald Trump. Début février, alors qu’il venait de suspendre le programme américain d’accueil, le président des Etats-Unis faisait une exception en signant un décret visant à « promouvoir la réinstallation de réfugiés afrikaners fuyant la discrimination raciale ». Une annonce qui avait stupéfié l’Afrique du Sud, où trente ans après la fin de l’apartheid, la minorité blanche reste, de loin, la plus favorisée du pays le plus inégalitaire au monde.
    D’après les autorités sud-africaines, dimanche 11 mai, aux alentours de 20 heures, 49 personnes ont donc embarqué pour Washington. A l’aéroport international OR Tambo de Johannesburg, plus d’une douzaine de familles, parfois accompagnées d’enfants en bas âge, ont été aperçues enregistrant leurs bagages pour un vol charter affrété par le département d’Etat américain. Conformément aux instructions de l’ambassade des Etats-Unis, aucune ne s’est adressée aux médias.
    On ne connaît ni leur nom ni la raison exacte de leur départ, mais d’après le Washington Post, les familles devraient être installées à travers dix Etats différents. Le New York Times assure que l’administration américaine aurait reçu la consigne d’examiner en priorité les demandes d’agriculteurs, alors que, depuis plusieurs mois, Donald Trump ainsi que le milliardaire d’origine sud-africaine Elon Musk accusent l’Afrique du Sud de vouloir confisquer les terres de fermiers blancs.
    Interrogé sur l’arrivée de ces familles sur le sol américain, lundi, Donald Trump a évoqué un « génocide » dont seraient victimes les agriculteurs blancs sud-africains. « Des fermiers sont tués. Il se trouve qu’ils sont blancs, mais qu’ils soient blancs ou noirs, cela ne change rien pour moi », a-t-il assuré, en expliquant que les Etats-Unis avaient « essentiellement étendu la citoyenneté » aux agriculteurs sud-africains afin de leur permettre d’échapper à la violence.
    « Ce qui se passe en Afrique du Sud répond parfaitement à la définition pour laquelle le programme d’aide aux réfugiés a été créé », a assumé Stephen Miller, le chef de cabinet adjoint de Donald Trump et architecte de sa politique migratoire, vendredi 9 mai. Assurant que les Afrikaners étaient confrontés à une « persécution fondée sur la race », le conseiller situé à l’extrême droite a expliqué que Donald Trump ramenait le programme d’aide aux réfugiés à « sa raison d’être ».
    Ce n’est pas l’avis des autorités sud-africaines, qui ont de nouveau vivement contesté les accusations de l’administration américaine. « Nous réitérons que les allégations de discriminations sont sans fondement », a expliqué le ministère des affaires étrangères sud-africain dans un communiqué daté du 9 mai estimant « extrêmement regrettable » une initiative qui « semble être entièrement motivée par des raisons politiques et conçue pour remettre en question la démocratie constitutionnelle de l’Afrique du Sud ».
    Balayant le mythe d’un « génocide blanc » cher à l’extrême droite, les autorités sud-africaines rappellent qu’aucune statistique ne vient étayer l’idée selon laquelle les agriculteurs d’une quelconque origine seraient la cible particulière de crimes violents en Afrique du Sud. « Même s’il existe des allégations de discrimination, nous estimons qu’elles ne répondent pas au seuil de persécution requis par le droit national et international des réfugiés », ajoute le ministère des affaires étrangères sud-africain.
    Trente ans après la chute de l’apartheid, la minorité blanche, qui représente environ 7 % de la population, possède encore 72 % des terres et les revenus des foyers blancs sont près de cinq fois supérieurs, en moyenne, à ceux des foyers noirs.
    Héritière des premiers colons néerlandais, français et allemands, la minorité afrikaner, à l’origine de la création de l’apartheid, représente un peu moins de la moitié de la minorité blanche sud-africaine, composée également d’anglophones. Elle compterait environ 2,5 millions de personnes.D’après l’American Immigration Council, une association américaine de soutien aux migrants, avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, les demandes de réfugiés prenaient en moyenne de dix-huit à vingt-quatre mois avant d’être approuvées. Des centaines de collaborateurs de l’armée américaine en Irak ou en Afghanistan ont dû patienter des années avant de pouvoir s’installer aux Etats-Unis.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#afriquedusud#afrikaner#politiquemigratoire#sante

  • Sans titre
    https://nantes.indymedia.org/tumbles/145497/145497

    [Mali] Ce 13 mai 2025, vers le lever du soleil, des compagnons et compagnes libertaires et anarcha-féministes ont été harcelé ou attaqué par des forces du gouvernement dans une dizaines de municipalités dont à Bamako (et environs), Koulikoro, Sikasso, Ségou, Koutiala, Kimparana et San.

    #Anarchisme #Afrique #Mali

  • Adhésions africaines aux BRICS : entre visées géopolitiques et attentes économiques

    Avec l’élargissement aux pays africains, les BRICS peuvent plus légitimement prétendre parler au nom du Sud global. En dépit de la rhétorique géopolitique, les motivations de ces nouveaux membres font la part belle aux enjeux économiques. Rejoindre la coalition d’émergents est synonyme de diversification des alliances plutôt que d’alignement sur les puissances anti-occidentales.

    Le Nigeria, l’Algérie et l’Ouganda ont récemment rejoint le groupe des BRICS en tant que pays « partenaires ». Avec l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Éthiopie, qui sont membres « effectifs », la représentation africaine au sein de cette coalition du Sud global s’élève désormais à six pays, sur un total de vingt-trois membres. L’engouement des pays africains pour cette initiative diplomatique réformiste est un des faits marquants des recompositions internationales à l’œuvre depuis la guerre d’Ukraine. Quelles sont les motivations – du côté des membres initiaux (l’offre) comme du côté des membres africains (la demande) – de cette participation africaine aux BRICS ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/05/10/adhesions-africaines-aux-brics-entre-visees-ge

    #international #afrique #brics

  • Die Apartheid-Dividende
    https://www.akweb.de/politik/die-apartheid-dividende-pretoria-elon-musk-peter-thiel-david-sachs-die-weissen

    Ist es noch Rassismus oder schon Wirtschaftspolitik? Elon Musk (l.) und Peter Thiel (r.) sind die bekanntesten Gesichter der rechten Tech-Welt. Fotos: Gage Skidmore, CC BY-SA 2.0 (l.), Gage Skidmore, CC BY-SA 2.0 (r.)

    15.4.2025 von Johannes Tesfai - In Trumps Umfeld gibt es einige weiße Südafrikaner, die anscheinend noch eine Rechnung mit dem neuen Südafrika offen haben

    Zwischen den globalen Börsengewittern, der rabiaten Abwicklung ganzer Bundesbehörden und der Inszenierung brutaler Abschiebungen ist eine der vielen Verordnungen Donald Trumps etwas untergegangen. Diese Verordnung verurteilte die mögliche Enteignung weißer Farmer*innen in Südafrika als »regierungs-gesponserte rassen-basierte Diskriminierung«. Die südafrikanische Regierung hatte im Januar dieses Jahres ein Gesetz verabschiedet, dass die Enteignung weißer Farmer*innen ermöglicht, die ihren Landbesitz während der Apartheid erworben oder signifikant vergrößert haben. Die US-Regierung toppte ihren Vorstoß, indem sie möglichen betroffenen Landbesitzer*innen aus Südafrika Asyl in den Vereinigten Staaten anbot. Warum ist Südafrika zum Steckenpferd der Trump-Regierung geworden?

    Elon Musk, offiziell ein »Berater« in einer eigens für ihn erstellten Kürzungsabteilung im Weißen Haus, sprach von einem »offensichtlich rassistischen Eigentumsgesetz«. Viele spekulieren, dass der weiße Südafrikaner und Tech-Milliardär, für den Trump stets ein offenes Ohr hat, das Thema auf die Agenda des Präsidenten gesetzt habe.

    Das Südafrika, in dem Musk aufgewachsen ist, war der letzte offizielle rassistische Staat der Erde. Bis 1994 hatte eine weiße Minderheit die politische und wirtschaftliche Macht. Die Schwarze Mehrheitsbevölkerung war einem rigiden rassistischen Regime, Apartheid genannt, unterworfen, das den gesamten Alltag durchzog. In der Regel lebte sie in sogenannten Homelands, kleine Gebiete innerhalb Südafrikas, die nur die rassistische Republik als eigenständige Pseudo-Staaten anerkannte. Damit waren Schwarze Südafrikaner*innen in der weißen Gesellschaft fast rechtlos und dienten als billige Arbeitskräfte in den Minen des Landes. Das öffentliche Leben glich der entwürdigenden Trennung in den Südstaaten der USA.

    Im Buch von Thiel und Sacks ist schon die neurechte Entgegensetzung von Freiheit und Antirassismus angelegt.

    Das aktuelle Enteignungsgesetz der südafrikanischen Regierung adressiert eine systemische Ungleichheit, die trotz dem Ende der Apartheid unangetastet blieb. In den 30 Jahren seit dem Ende des rassistischen Regimes hat es vor allem auf dem Gebiet der Umverteilung keine Fortschritte gegeben. Immer noch besitzt eine weiße Minderheit (sieben Prozent der Bevölkerung) mehr als siebzig Prozent des Agrarlandes.

    Musk ist aber nicht der einzige Tech-Unternehmer mit Bezügen zum weißen Südafrika der viel Einfluss auf Trump ausübt. Neben Musk ist das zum Beispiel Peter Thiel, ein gebürtiger Deutscher, der seine Kindheit in Südafrika und im heutigen Namibia verbrachte. Namibia war lange von Südafrika militärisch besetzt, seine Bevölkerung wurde ebenfalls dem rassistischen Apartheidsystem unterworfen. Ebenfalls Teil der Tech-Clique sind Südafrikaner aus der zweiten Reihe des neuen rechten Establishments wie der präsidiale Berater für Wissenschaft und Technologie, David Sachs, aber auch Roelof Botha, Enkel des letzten Apartheid-Außenministers Pik Botha. Sie gehören alle zur sogenannten Paypal-Mafia, einer Gruppe von Tech-Investoren und Gründer der Bezahlplattform. Sie teilen aber auch Kindheit und Jugend in einem Land, in dem man als Angehöriger der weißen Mittel- und Oberschicht von der Ausbeutung der Schwarzen Mehrheit profitierte.
    Staat der Segregation

    Elon Musk wuchs in Südafrikas Hauptstadt Pretoria auf. Nicht zufällig ist es die Stadt mit der größten weißen Bevölkerung. Hier wohnten, aufgrund der Jobs im Staatsapparat, viele Weiße aus der gehobenen Mittelschicht. Der Historiker Stephan van Wyk bezeichnete Pretoria als »Zitadelle der Apartheid«. Eine Zitadelle ist eine Festung innerhalb einer größeren Festung und gilt als letzter Rückzugsort bei einem Angriff von außen. Das weiße Südafrika gab oft vor, aus Angst vor der Schwarzen Bevölkerung zu handeln, aber eigentlich ging es um den Erhalt der ungleichen Macht im Staat. So veränderte sich die Karte der Stadt im Laufe der Apartheid immens. Die Schwarze Bevölkerung, die durch die Konstruktion der Homelands kein Wohnrecht in der Stadt hatte, aber als Arbeitskraft gebraucht wurde, wurde von der Stadtverwaltung an die urbanen Ränder verschoben. Pretorias Geografie sollte die Idee einer Gesellschaft zeigen, in der Weiße im politischen und geografischen Zentrum lebten. Niemand in der Stadt sollte sich dieser Logik entziehen können.

    Elons Vater, Errol Musk, arbeitete als Ingenieur und Berater, handelte mit Immobilien – auch in den Handel mit Smaragden soll er involviert gewesen sein. Musk wuchs also in einer wohlhabenden Familie auf und besuchte die Pretoria Boys High School, eine teure und prestigeträchtige Privatschule.

    Errol Musk wurde 1972 in den Stadtrat Pretorias gewählt. Lange saß er in diesem Parlament als Parteiloser – zwischenzeitlich war er auch Mitglied der Progressive Party. Sie galt als weiß bürgerliche Opposition gegen das Apartheidsystem. Er verließ die Partei nach zwei Jahren, weil er gegen die vertretene komplette Abschaffung der Apartheid war. Vor allem ein Wahlrecht für alle Einwohner*innen wollte Errol Musk nicht.

    Auch die anderen Mitglieder der Paypal-Mafia mit südafrikanischem Bezug kommen aus wohlhabenden Familien. So arbeitete der Vater von Peter Thiel in der für Südafrika wohl typischsten Industrie, dem Bergbau. Thiel besuchte die deutsche Privatschule von Swakopmund im heutigen Namibia. Jener berüchtigten Stadt, die vielen Fans des deutschen Kolonialismus bis heute eine Heimat bietet. (ak 709) In den 1970er Jahren, als Thiel in Swakopmund seine Kindheit verbrachte, veranstalteten Bewohner*innen Feiern zu Hitlers Geburtstag, einige pflegten sich noch mit erhobenem rechten Arm in aller Öffentlichkeit zu grüßen, wie die New York Times damals recherchierte.

    Während Thiels Schulzeit zog seine Familie mit ihm in die Vereinigten Staaten. Er nahm ein Studium an der Elite-Universität Stanford auf. Laut einer Biografie soll er dort als Student die Apartheid als »wirtschaftlich solide« bezeichnet haben. Doch es blieb nicht bei einzelnen Äußerungen. Thiel und sein Investorenkumpel Sachs veröffentlichen 1996, nur zwei Jahre nach dem Ende der Apartheid, das Buch »The Diversity Myth«. Vordergründig adressieren sie die US-amerikanische Gesellschaft und behaupten, »Race« sei schon immer eine Obsession dieser Gesellschaft gewesen. Aber im Buch ist schon die neurechte Entgegensetzung von Freiheit und Antirassismus, die den Siegeszug der extremen Rechten in den letzten Jahren begleitete, angelegt.

    Dass sie aber auch mit Südafrika eine Rechnung offen hatten, darauf deutet der Zeitpunkt hin, an dem sie das Buch veröffentlichten. Die Neuordnung Südafrikas unter Beteiligung der Kommunistischen Partei und von Nelson Mandelas African National Congress (ANC) war explizit unter dem Banner des Multikulturalismus geplant worden. Der Begriff der Rainbow Nation war in aller Munde.
    Rechte Seilschaften

    In Pretoria gibt es immer noch jene, die die Festungsmentalität weiter in sich tragen. Und sie richten ihre Augen auf die USA, wo einige ihrer emigrierten Landsleute den Diskurs mitbestimmen. Kurz nachdem Donald Trump sein Südafrika-Dekret unterschrieben hatte, versammelten sich ein paar hundert weiße Südafrikaner*innen vor der US-Botschaft. Sie dankten dem US-Präsidenten und monierten den Rassismus, der gegen sie gerichtet sei. Einige Plakate feierten auch Elon Musk.

    Dass Musks Kindheit in der Festung des weißen Rassismus spurlos an ihm vorbeigegangen wäre, kann wohl als ausgeschlossen gelten. Die Verhinderung der Aufarbeitung der Apartheid benutzt Musk vermehrt als politisches Faustpfand. Gerade verhandelt Südafrikas Regierung mit Musks Firma Starlink, damit diese dem Land schnelles Internet über Satelliten zur Verfügung stellt. Musk hat kürzlich die Verhandlungen unterbrochen, weil ihm ein südafrikanisches Gesetz nicht passt. Es schreibt ausländischen Firmen, die in Südafrika aktiv sind, vor, Communities, die unter der Apartheid benachteiligt waren, durch Anteile an der Firma zu beteiligen. Der Druck scheint zu wirken. Die Regierung in Pretoria ließ verlauten, dass sie sich für Starlink eine Ausnahme bei dem Gesetz vorstellen könnte.

    In der Causa Starlink bekam Musk öffentlich Unterstützung vom AfriForum. Die rechte Gruppe weißer Südafrikaner*innen ließ sich mit der »Kritik« zitieren, Südafrikas Politik blockiere Starlinks Zugang zum Land, weil das Unternehmen »zu weiß« sei. Die Gruppe sieht die Apartheid nicht als historisches Unrecht an und wendet sich gegen die »Verfolgung von Südafrikas Minderheiten«, gemeint sind hier weiße Landbesitzer*innen. Diese Parteigänger*innen der weißen Vorherrschaft behaupten öffentlich, dass ein Genozid an weißen Landbesitzer*innen bevorstehen würde. Ein durchsichtiges Manöver, um die minimalen Landreformen gegen die Besitzverhältnisse aus der Apartheid zu diskreditieren. Musk findet die These vom Genozid plausibel und verbreitet sie auch auf seiner Plattform X.

    Schon 2018 wurde der Anführer des AfriForum, Kallie Kriel, in Washington vorstellig und versuchte, sein Anliegen der ersten Trump-Regierung schmackhaft zu machen. Er traf Trumps Nationalen Sicherheitsberater und eine Reihe konservativer Thinktanks. Mit Trumps aktueller Verordnung gegen Südafrika scheinen Musks Anliegen und die der organisierten Apartheid-Fans in der US-Außenpolitik angekommen zu sein. Den offensichtlichen Rassismus und das reaktionäre Besitzstandsdenken teilen die rassistischen Südafrikaner*innen und Trumps neue Regierung wohl ohnehin, nun auch ganz offen.

    #USA #Afrique_duSud #racisme #apardheit #trumpisme

  • Menace sur le bol alimentaire à Tindouf où vivent 172 000 Sahraouis.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4755

    Les nouveautés sur la question sahraouie en Afrique du Nord, dont le conflit date de 1975, donc il y a cinquante ans, sont diverses. Ils étaient 130 000 personnes à leur arrivée et leur répartition sur six camps au sud-ouest algérien, ils sont 172 000 selon les derniers chiffres de l’ONU. Le rapport 2024 sur l’approvisionnement alimentaire, par les structures humanitaires, alarme sur les difficultés de subvenir aux besoins de cette population. #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, (...)

    #Afrique,Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société

  • DES ONG AFRICAINES CONTRE BOLLORÉ

    Bolloré à nouveau dans la tourmente judiciaire ! Le milliardaire, son fils Cyrille et leur groupe sont visés par une nouvelle plainte, déposée le 18 mars devant le Parquet national financier (PNF). Le collectif Restitution Afrique (Raf), regroupant onze associations au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, y accuse la multinationale de recel et blanchiment d’actifs à propos des concessions portuaires acquises « de manière illicite » en Afrique de l’Ouest par sa filiale Bolloré Africa Logistics – concessions vendues en 2022 à l’armateur MSC, pour 5,7 milliards d’euros. Une coquette somme que Bolloré réinvestira notamment dans son empire médiatique au service de l’extrême droite.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/30/le-systeme-bollore/#comment-66764

    #international #afrique