• « Les putschs en Afrique de l’Ouest annoncent la fin d’un cycle qui aura duré près d’un siècle », Achille Mbembe

    (...) on n’a en effet pas suffisamment souligné, (...) à quel point l’anticolonialisme et le panafricanisme auront contribué à l’approfondissement de trois grands piliers de la conscience moderne, à savoir la démocratie, les droits humains et l’idée d’une justice universelle. Or, le néosouverainisme se situe en rupture avec ces trois éléments fondamentaux. D’abord, se réfugiant derrière le caractère supposé primordial des races, ses tenants rejettent le concept d’une communauté humaine universelle. Ils opèrent par identification d’un bouc émissaire, qu’ils érigent en ennemi absolu et contre lequel tout est permis. Ainsi, quitte à les remplacer par la Russie ou la Chine, les néosouverainistes estiment que c’est en boutant hors du continent les vieilles puissances coloniales, à commencer par la France, que l’Afrique parachèvera son émancipation.

    Le culte des « hommes forts »

    Obnubilés par la haine de l’étranger et fascinés par sa puissance matérielle, ils s’opposent, d’autre part, à la démocratie qu’ils considèrent comme le cheval de Troie de l’ingérence internationale. Ils préfèrent le culte des « hommes forts », adeptes du virilisme et pourfendeurs de l’homosexualité. D’où l’indulgence à l’égard des coups d’Etat militaires et la réaffirmation de la force comme voies légitimes d’exercice du pouvoir.

    Ces basculements s’expliquent par la faiblesse des organisations de la société civile et des corps intermédiaires, sur fond d’intensification des luttes pour les moyens d’existence et d’imbrication inédite des conflits de classe, de genre et de génération. Effet pervers des longues années de glaciation autoritaire, les logiques informelles se sont étendues dans maints domaines de la vie sociale et culturelle. Le charisme individuel et la richesse sont désormais privilégiés au détriment du lent et patient travail de construction des institutions, tandis que les visions transactionnelles et clientélistes de l’engagement politique l’emportent.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/04/achille-mbembe-en-afrique-la-stabilite-passera-par-une-demilitarisation-effe

    #Afrique #putschs #Francafrique #néosouverainisme #Mali, #Guinée, #Burkina_Faso #Niger #décolonisation_limitée #décolonisation #diasporas #femmes

    • Mue par des forces, pour l’essentiel autochtones, [l’Afrique] est en train de se retourner sur elle-même. Pour qui veut comprendre les ressorts profonds de ce pivotage, les luttes multiformes qu’il entraîne et son inscription dans la longue durée, il faut changer de grille d’analyse et partir d’autres postulats. Il faut surtout commencer par prendre au sérieux les compréhensions que les sociétés africaines elles-mêmes ont désormais de leur vie historique propre. Le continent fait en effet l’expérience de transformations multiples et simultanées. D’ampleur variable, elles touchent tous les ordres de la société et se traduisent par des ruptures en cascade. A la faveur du multipartisme, les enjeux de masse sont de retour, tandis que ne cessent de se creuser de nouvelles inégalités et qu’apparaissent de nouveaux conflits, notamment entre genres et générations.

      Lame de fond

      L’arrivée dans l’espace public de celles et de ceux qui sont nés dans les années 1990-2000, et ont grandi dans un temps de crise économique sans précédent, constitue un événement charnière. Il coïncide avec le réveil technologique du continent, l’influence grandissante des diasporas, une accélération des processus de créativité artistique et culturelle, l’intensification des pratiques de mobilité et de circulation et la quête forcenée de modèles alternatifs de développement puisant dans la richesse des traditions locales. Enjeux démographiques, socioculturels, économiques et politiques s’entrecroisent désormais, ainsi que l’attestent la contestation des formats politico-institutionnels, issus de la décennie 1990, les mutations de l’autorité familiale, la rébellion silencieuse des femmes et une aggravation des conflits générationnels.

      https://justpaste.it/2tkx4

    • Qui l’eut cru. 50 ans à pousser les politiques d’ajustement structurel du FMI et des occidentaux en général tout en prétendant à la supériorité de la démocratie et à l’universalisme et voilà où on arrive, voilà où ils nous amènent finalement, à la barbarie, et à la gouvernance la plus rétrograde.

    • A la génération sacrifiée de l’époque des ajustements structurels (1985-2000) est venue s’en ajouter une autre, bloquée de l’intérieur par une gérontocratie rapace et interdite de mobilité externe, en conséquence des politiques antimigratoires européennes et d’une gestion archaïque des frontières héritées de la #colonisation. Ainsi, aux enfants-soldats des guerres de prédation d’hier s’est substituée la foule des adolescents et mineurs, qui, aujourd’hui, n’hésite pas à acclamer les putschistes, lorsqu’elle ne se retrouve pas aux premiers rangs des émeutes urbaines et des pillages qui s’ensuivent.

      #histoire #démographie #jeunesse

  • La mainmise des entreprises sur les systèmes alimentaires et les ressources naturelles de l’Afrique

    Leonida Odongo dénonce le pouvoir des entreprises dans les pays africains et partage des alternatives populaires basées sur l’agroécologie

    Les sociétés transnationales sont, en général, des entreprises enregistrées dans les pays du Nord avec des filiales dans les pays du Sud. Ces entreprises profitent souvent de l’existence de matières premières et de main-d’œuvre bon marché dans les pays du Sud, et de la fragilité des lois du travail qui caractérisent les pays en développement.

    Le pouvoir exercé par les sociétés transnationales contribue à de nombreuses violations des droits humains.
    L’Afrique a souffert et continue de souffrir des impacts négatifs de l’action des sociétés transnationales sur le travail, l’alimentation et l’environnement, entre autres aspects. L’Afrique est considérée comme la nouvelle frontière en matière d’affaires, ce qui est évident par l’existence de nombreuses sociétés transnationales opérant sur le continent. Combien de sociétés transnationales ont établi des succursales, par exemple, en République démocratique du Congo pour extraire des minerais, et ces mêmes minerais n’apportent aucun bénéfice au peuple congolais ? Combien de réfugiés congolais et réfugiées congolaises sont dispersé.e.s à travers le monde, empêché.e.s de rentrer chez eux/elles par les conflits ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/08/03/la-mainmise-des-entreprises-sur-les-systemes-a

    #international #afrique

  • « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/50801/cela-fait-deja-3-semaines--a-bout-de-forces-des-migrants-manifestent-d

    « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie
    Par Louis Chahuneau Publié le : 02/08/2023
    Près de 150 migrants subsahariens sont toujours bloqués, depuis le début du mois de juillet, en plein désert, à Ras Jedir, dans la zone transfrontalière entre la Tunisie et la Libye. Ils ont été abandonnés là par les autorités de Tunis. Mardi, ils ont improvisé une manifestation pour réclamer leur retour en Tunisie et l’aide de la communauté internationale, pour l’instant sourde à leurs appels. La situation est toujours aussi déplorable à la frontière entre la Tunisie et la Libye, où des centaines de migrants subsahariens se sont fait expulser par les autorités de Tunis, en plein désert, au début du mois de juillet. A Ras Jdir, dans la zone transfrontalière, un groupe de 150 migrants ivoiriens, maliens ou encore nigérians, sont bloqués en pleine nature, sans eau sans nourriture et sans abris contre la chaleur depuis maintenant trois semaines.
    Face au silence assourdissant des autorités internationales et à l’inertie de la Tunisie, ils ont organisé ce mardi une manifestation en plein désert pour réclamer de l’aide, un retour en Tunisie, un accueil dans un camp de réfugiés ou même un départ vers l’Europe. « Cela fait déjà 3 semaines que nous sommes là, témoigne Kelvin un jeune nigérian de 33 ans joint au téléphone par InfoMigrants. Nous avons manifesté pour interpeller les autorités car on nous traite comme des animaux, mais le président tunisien ne veut pas répondre à nos appels ». Dans une vidéo envoyée par le jeune homme, on peut voir quelques dizaines d’exilés à la frontière tunisienne brandir des pancartes en carton indiquant en anglais ou en arabe « We need your help » ou encore « Please Tunisian government, take us back ». D’autres tapent sur des casseroles en métal à seulement quelques mètres de militaires tunisiens qui se contentent de les observer.
    Arrivé en Tunisie il y a un peu moins d’un an avec son frère pour travailler dans le bâtiment, Kelvin n’a plus de nouvelles de lui depuis leur expulsion en bus dans le désert par les forces de l’ordre tunisiennes. Selon lui, son frère a été expulsé à la frontière algérienne. D’après l’ONG américaine Human Rights Watch, au moins « 1 200 ressortissants subsahariens » ont été expulsés de Tunisie à la frontière libyenne ou algérienne, depuis début juillet.
    Le groupe de migrants a reçu il y a 5 jours quelques colis humanitaires déposés par le Croissant Rouge libyen et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais ils n’ont désormais plus rien : « Nous n’avons ni eau ni nourriture, beaucoup de gens sont malades dont des enfants », témoigne Kelvin, l’un des rares exilés à avoir réussi à charger son téléphone portable avec la complicité de « bons policiers libyens ». Les migrants ont tendu des bâches sur les rares arbres pour se protéger du soleil, mais ils souffrent également du froid pendant la nuit. « J’aimerais pouvoir revenir en Tunisie, certains d’entre nous ont de la famille là-bas, et des activités commerciales, mais les militaires nous ont prévenus qu’ils nous tireraient dessus si on essayait de franchir la frontière. On appelle n’importe qui à nous venir en aide, car on ne pourra pas se battre à mains nues contre les militaires armés », prévient Kelvin.
    Pour l’instant, quasiment aucune autorité internationale n’a réagi aux exactions qui se multiplient depuis début juillet en Tunisie, à la suite du discours xénophobe de Kaïs Saïed en février dernier. « Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie », a déclaré ce mardi Farhan Haq, le porte parole du secrétaire adjoint des Nations unies.
    Quelques jours plus tôt, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’OIM avaient réclamé des « solutions urgentes » concernant les centaines de migrants bloqués à la frontière tunisienne, mais cet appel semble être resté lettre morte, et ce malgré la vingtaine de morts décomptés par InfoMigrants dans le désert depuis début juillet. Un bilan qui pourrait être bien plus élevé en raison de l’étendue de la zone. L’Union européenne, qui vient pourtant de passer un « partenariat stratégique » avec la Tunisie à hauteur de 105 millions d’euros pour limiter les traversées maritimes vers l’Europe, n’a pour l’instant pas réagi.
    De son côté, la Tunisie a rejeté « les allégations » de mauvais traitements contre des migrants subsahariens fin juillet. La Tunisie « n’hésite pas à accomplir son devoir d’aide humanitaire aux immigrés africains et autres étrangers sur le sol tunisien », pouvait-on lire dans ce communiqué publié par le ministère de l’Intérieur.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#HCR#algerie#libye#frontiere#migrationirreguliere#expulsion#routemigratoire#afriquesubsaharienne

  • Notes de Putsch, suite, d’une certaine trahison des clercs (sur la situation au Niger) par Rahmane Idrissa (Nigérien, politiste, son profil ici > https://corafrika.org/profils/rahmane-idrissa), publiées sur son blog « La gazette perpendiculaire ».
    https://rahmane.substack.com/p/notes-de-putsch-suite-dune-certaine

    La réaction des Nigériens, en particulier, dernièrement, des intellectuels (universitaires) qui ont publié une lettre de soutien à la junte et un “J’accuse” tonitruant vis-à-vis de toutes les entités qui sont en désaccord peut surprendre hors du Niger, ou peut-être hors d’Afrique. Elle n’a rien de surprenant. D’abord, il faut remarquer que la cible principale de la haine, dans cette réaction, est la France pour des raisons contingentes. Ailleurs, au Nigeria — en particulier au Nord Nigeria — c’est plutôt les USA qui sont rendus coupables de tous les malheurs du pays. Les reproches que les Nigériens font à la France existent de manière symétrique au Nord Nigeria contre les USA. Bien avant que les Nigériens commencent à accuser la France d’armer des djihadistes, les Nigérians (encore une fois, plutôt du nord que du sud suivant mon expérience et les rapports que j’en ai) croyaient fermement que Boko Haram était une création des USA.

    Ces croyances sont idéologiques. Entre autres choses, cela revient à dire qu’il n’y a rien que les Occidentaux puissent faire pour changer l’opinion des gens. Même s’ils se retiraient complètement du terrain, ils seraient encore perçus comme tirant les ficelles à travers tout Africain qui se permettrait de ne pas suivre la directive idéologique. Cette directive est simple. C’est une histoire que se racontent les Africains et dans laquelle les rôles sont distribués une fois pour toute : les Occidentaux (Français surtout au Sahel) sont les méchants, les Africains sont les bons et les victimes, et la lutte que les deux mènent entre eux n’a pas de fin, sauf peut-être si les Russes parvenaient à détruire totalement l’Occident.

    Les observateurs étrangers ont du mal à s’apercevoir de cette idéologie parce qu’en général, ceux qui s’intéressent à l’Afrique sont des gauchistes qui éprouvent de la solidarité et de la compassion pour les Africains et sont, comme eux, mais pour des raisons différentes, anticolonialistes et anti-impérialistes. Les raisons des gauchistes occidentaux sont humanistes, celles des Africains sont nationalistes. Les uns sont effectivement à gauche, les autres sont réellement à droite. C’est un malentendu.

    #Niger

  • North Africa a ’testing ground’ for EU surveillance technology

    The EU is outsourcing controversial surveillance technologies to countries in North Africa and the Sahel region with no human rights impact assessments, reports say.

    Controversial surveillance technologies are being outsourced by the European Union to countries in North Africa and the Sahel region with no transparency or regulation, according to two new reports.

    Funding, equipment and training is funnelled to third countries via aid packages, where autocratic governments use the equipment and techniques to surveil the local population.

    Beyond the borders of Europe, the movements of asylum seekers are being policed and eventually used to assess their asylum applications.

    Antonella Napolitano, author of a report for human rights group EuroMed Rights, told Middle East Eye that the implementation of these projects is opaque and lacks proper consideration for the rights of civilians and the protection of their data.

    “There aren’t enough safeguards in those countries. There aren’t data protection laws,” Napolitano said. “I think the paradox here is that border externalisation means furthering instability [in these countries].”

    The complex web of funding projects and the diversity of actors who implement them make the trails of money difficult to track.

    “This enables states to carry out operations with much less transparency, accountability or regulation than would be required of the EU or any EU government,” Napolitano told MEE.

    The deployment of experimental technologies on the border is also largely unregulated.

    While the EU has identified AI regulation as a priority, its Artificial Intelligence Act does not contain any stringent provision for the use of the technologies for border control.

    “It’s creating a two-tiered system,” Napolitano told MEE. “People on the move outside the EU don’t have the same rights by design.”
    Asylum claims

    The surveillance of migrants on the move outside of Europe is also brought to bear back inside Europe.

    A Privacy International report published in May found that five companies were operating GPS tagging of asylum seekers for Britain’s Home Office.

    “It’s been massively expanded in the past couple of years,” Lucie Audibert, legal officer at Privacy International, told MEE.

    Other, less tangible forms of surveillance are also deployed to monitor asylum seekers. “We know, for example, that the Home Office uses social media a lot… to assess the veracity of people’s claims in their immigration applications,” Audibert told MEE.

    According to the reports, surveillance equipment and training is supplied by the EU to third countries under the guise of development aid packages.

    These include the EU Emergency Trust Fund for Africa (EUTF for Africa) and now the Neighbourhood, Development and International Cooperation Instrument.

    The reports cite multiple instances of how these funding instruments served to bolster law enforcement agencies in Algeria, Egypt, Libya and Tunisia, furnishing them with equipment and training that they then used against the local population.

    The EUTF for Africa allocated 15 million euros ($16.5m USD) in funding to these countries to train up a group of “cyber specialists” in online surveillance and data extraction from smart devices.

    A Privacy International investigation into the role of CEPOL, the EU law enforcement training agency, revealed that it had supplied internet surveillance training to members of Algeria’s police force.

    The investigation highlights a potential connection between these tactics, which contravened the EU’s own policies on disinformation, and the wave of online disinformation and censorship driven by pro-regime fake accounts in the aftermath of the 2019 Hirak protests in Algeria.
    A dangerous trend

    For journalist Matthias Monroy, the major development in border surveillance came after the so-called migration crisis of 2015, which fuelled the development of the border surveillance industrial complex.

    Prior to that, Europe’s border agency, Frontex, was wholly dependent on member states to source equipment. But after 2015, the agency could acquire its own.

    “The first thing they did: they published tenders for aircraft, first manned and then unmanned. And both tenders are in the hands of private operators,” Monroy told MEE.

    Frontex’s drones are now manned by the British company Airbus. “The Airbus crew detected the Crotone boat,” Monroy told MEE, referring to a shipwreck off the coast of Crotone, Italy, in February.

    “But everybody said Frontex spotted the boat. No, it was Airbus. It’s very difficult to trace the responsibility, so if this surveillance is given to private operators, who is responsible?”

    Almost 100 people died in the wreck.

    Since 2015, with the expansion of the border surveillance industrial complex, its digitisation and control has been concentrated increasingly in the hands of private actors.

    “I would see this as a trend and I would say it is very dangerous,” Monroy said.

    https://www.middleeasteye.net/news/eu-north-africa-surveillance-technology-testing-ground

    #surveillance #technologie #test #Afrique_du_Nord #Sahel #asile #migrations #réfugiés #frontières #intelligence_artificielle #IA #EU_Emergency_Trust_Fund_for_Africa (#EUTF_for_Africa) #développement #Emergency_Trust_Fund #Algérie #Egypte #Tunisie #Libye #complexe_militaro-industriel #contrôles_frontaliers #Frontex #Airbus #drones #privatisation

    ping @_kg_

    • The (human) cost of Artificial Intelligence and Surveillance technology in migration

      The ethical cost of Artificial Intelligence tools has triggered heated debates in the last few months. From chatbots to image generation software, advocates and detractors have been debating the technological pros and societal cons of the new technology.

      In two new reports, Europe’s Techno-Borders and Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy, EuroMed Rights, Statewatch and independent researcher Antonella Napolitano have investigated the human and financial costs of AI in migration. The reports show how the deployment of AI to manage migration flows actively contribute to the instability of the Middle East and North African region as well as discriminatory border procedures, threatening the right to asylum, the right to leave one’s country, the principle of non-refoulement as well as the rights to privacy and liberty.

      European borders and neighbouring countries have been the stage of decades-long efforts to militarise and securitise the control of migration. Huge sums of public money have been invested to deploy security and defence tools and equipment to curb arrivals towards the EU territory, both via externalisation policies in countries in the Middle East and North Africa and at the EU’s borders themselves. In this strategy of “muscling-up” the borders, technology has played a crucial role.

      EuroMed Rights’ new reports highlight how over the decades, surveillance technology has become a central asset in the EU’s migration policies with serious impacts on fundamental rights and privacy. In Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy we analyse how surveillance technology has been a crucial part of the European policy of externalisation of migration control. When surveillance technologies are deployed with the purpose of anti-smuggling, trafficking or counterterrorism in countries where democracies are fragile or there are authoritarian governments, they can easily end up being used for the repression of civic space and freedom of expression. What is being sold as tools to curb migrant flows, could actually be used to reinforce the security apparatus of repressive governments and fuel instability in the region.

      At the same time, Europe’s Techno-Borders highlights how this security obsession has been applied to the EU’s borders for decades, equipping them with ever-more advanced technologies. This architecture for border surveillance has been continuously expanding in an attempt to detect, deter and repel refugees and migrants. For those who manage to enter, they are biometrically registered and screened against large-scale databases, raising serious concerns on privacy violations, data protection breaches and questions of proportionality.

      Decades of “muscling-up” the EU’s borders keep showing the same thing: military, security, defence tools or technology do not stop migration, they only make it more dangerous and lethal. Nonetheless, the security and surveillance apparatus is only expected to increase: more and more money is being invested to research and develop new tech tools to curb migration, including through Artificial Intelligence.

      In a context that is resistant to public scrutiny and accountability, and where the private military and security sector has a vested interest in expanding the surveillance architecture, it is crucial to keep monitoring and denouncing the use of these technologies, in the struggle for a humane migration policy that puts the right of people on the move at the centre!

      Read our reports here:

      - Artificial Intelligence: the new frontier of the EU’s border externalisation strategy: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/Euromed_AI-Migration-Report_EN-1.pdf
      - Europe’s Techno-Borders: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/EuroMed-Rights_Statewatch_Europe-techno-borders_EN-1.pdf

      https://euromedrights.org/publication/the-human-cost-of-artificial-intelligence-and-surveillance-technology
      #rapport #EuroMed_rights

  • En Pologne, le chantier de la raffinerie de Plock met en lumière les contradictions du gouvernement sur la question migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/31/en-pologne-le-chantier-de-la-raffinerie-de-plock-met-en-lumiere-les-contradi

    En Pologne, le chantier de la raffinerie de Plock met en lumière les contradictions du gouvernement sur la question migratoire
    Par Jakub Iwaniuk (Plock (Pologne), envoyé spécial)
    Publié hier à 05h30, modifié hier à 09h37
    ReportageEn plein essor économique, la Pologne se voit obligée de faire appel à de la main-d’œuvre de pays toujours plus lointains. Une réalité qui, en période électorale, va à l’encontre du discours officiel du pouvoir national-populiste. Le monstre de béton et d’acier est visible de loin, au milieu des champs, avec ses imposantes grues par dizaines, ses cheminées crachant tantôt du feu, tantôt une épaisse fumée blanche. La raffinerie de Plock, à cent kilomètres de Varsovie, propriété du géant pétrolier public polonais Orlen, est l’une des plus grandes d’Europe. Le lieu est réputé pour sa production de polymères et autres matières premières issues du pétrole, exportés dans le monde entier. A l’image de la Pologne, le complexe est perpétuellement en travaux et en pleine croissance. Mais l’agrandissement de la raffinerie pour installer une troisième chaîne de production suscite un fort remous dans le pays. Le chantier vient d’être érigé en un temps record, un « village ouvrier » de 2 200 conteneurs habitables, destiné à accueillir près de 6 000 travailleurs d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, des Philippines, de Malaisie et du Turkménistan, alors même qu’à Varsovie le gouvernement est toujours prompt à instrumentaliser la question migratoire.
    Les travaux doivent durer jusqu’en 2027, et les sous-traitants d’Orlen, le coréen Hyundai Engineering et l’espagnol Tecnicas Reunidas, ont fait appel à ces travailleurs venus de l’autre bout du globe. Même le 1,5 million d’immigrants et de réfugiés ukrainiens ne suffit plus à combler la pénurie de main-d’œuvre qui touche de nombreux secteurs en Pologne. En ce mois de juillet, sous un soleil de plomb, les travaux vont bon train sur le site et le va-et-vient des poids lourds rend l’atmosphère poussiéreuse. Des employés de la sécurité d’Orlen mettent du film plastique pour camoufler le panneau « Camp » qui indique l’entrée du « village » ouvrier, terme privilégié par la communication de l’entreprise. « L’avantage, c’est que c’est un système très flexible, indique Anna Blazejewska, de la société Modular System, qui a conçu le lieu. On peut enlever ou ajouter des conteneurs en fonction des besoins. A la fin du chantier, tout disparaîtra et sera remis à l’état d’origine, c’est-à-dire un champ. »
    Les conteneurs sentent le neuf, le linge sur les lits superposés est encore sous emballage. Ils sont climatisés, mais la connexion Internet n’est pas accessible à l’intérieur. Chaque conteneur accueille une chambre de 13 mètres carrés pour quatre personnes. La cantine fournit de la nourriture des pays d’origine des ouvriers. Un magasin ouvrira bientôt et des terrains de cricket et de basket sont sur le point d’être construits. Tout est conçu pour que les travailleurs aient à quitter le lieu le moins possible. Il n’y a d’ailleurs aucun transport public vers le centre-ville, situé à une dizaine de kilomètres.
    Les ouvriers sont censés faire les trois-huit six jours par semaine. Mais il arrive que le village soit complètement désert, comme si tous les travailleurs – trois cents actuellement – étaient au travail en même temps. Les entreprises gestionnaires soulignent que ce genre d’infrastructures d’hébergement se déplace en permanence sur divers sites en Europe et dans le monde, et que les ouvriers n’en sont pas à leur premier contrat. A Plock, on note aussi la présence de plusieurs dizaines de Coréens : les ingénieurs et les cadres de chez Hyundai, hébergés, parfois avec leurs familles, dans des appartements et hôtels du centre-ville. Ici, ce ne sont pas les conditions d’hébergement ou de travail qui créent la polémique – les Polonais ont une longue tradition de migrations professionnelles dans des conditions rudimentaires –, mais les nationalités des nouveaux venus. En 2015, le parti national-populiste Droit et justice (PiS) était arrivé au pouvoir en tirant bénéfice des peurs suscitées par la crise migratoire en Méditerranée, agitant le spectre de l’arrivée massive d’« hommes issus d’autres cultures ». Lors des tensions migratoires provoquées à l’automne 2021 par le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, la propagande gouvernementale n’avait pas de mots assez durs pour déshumaniser les migrants et justifier une politique de violents refoulements aux frontières. Le gouvernement a alors décidé d’ériger une clôture de 200 kilomètres à la frontière avec la Biélorussie. Ironie de la situation, c’est à cette époque que se négociaient les contrats pour l’agrandissement de la raffinerie de Plock.
    Située en banlieue de Plock, la commune rurale de Stara Biala, 12 000 habitants, sur laquelle est installé le village de conteneurs, est typique de la Pologne périurbaine. « Il est clair qu’à l’annonce de l’arrivée des travailleurs, il y a eu une forte inquiétude de la population, souligne le maire, Slawomir Wawrzynski, porte-voix des habitants depuis près de trente-cinq ans. Les gens font le rapprochement avec la situation en Europe, les vagues migratoires d’Afrique. Ils redoutent avant tout des situations difficiles que pourrait engendrer la présence soudaine de nombreux hommes culturellement différents. » En Pologne, la question migratoire est perçue par la population à travers un prisme principalement sécuritaire. Dans les environs de Plock, à l’annonce du projet, les craintes étaient telles que le vice-ministre de l’intérieur, Maciej Wasik, a fait le déplacement au mois de mai pour annoncer un renforcement des effectifs policiers, et même l’ouverture d’un commissariat vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur le terrain du camp ouvrier. L’entreprise Orlen et les pouvoirs publics ont mis en place une politique de communication très active, multipliant les conférences pour tuer dans l’œuf diverses rumeurs sur de supposés troubles ou sur le nombre de nouveaux venus.
    (...) Dans un pays largement monoethnique où le multiculturalisme ne va pas de soi, il s’apprend. Fait inédit, les autorités ont mis en place, à l’échelle locale, une politique de sensibilisation contre les discriminations. Intitulée « Le respect n’a pas de couleur », la campagne a été confiée à la police, qui fait le tour des écoles pour discuter avec les élèves des préjugés et du langage de haine, particulièrement sur Internet. Des posters vantant la diversité ont été distribués, et Orlen organise des « pique-niques d’intégration » entre employés polonais et étrangers, avec présentation des cultures et cuisines respectives. Le géant pétrolier a également financé plusieurs centaines de traducteurs électroniques de poche mis à disposition des pouvoirs publics, de la police aux ambulanciers. Ces initiatives d’une entreprise d’Etat étroitement contrôlée par le pouvoir n’ont quasiment aucune résonance à l’échelle nationale, tant elles contrastent avec le langage virulent du gouvernement de Mateusz Morawiecki sur l’immigration, à moins de trois mois des élections législatives. Alors que, dans le débat public, la confusion entre migrants économiques et demandeurs d’asile est totale, le pays n’a officiellement ni politique ni doctrine migratoires. A Plock, la plupart des habitants semblent croire qu’à l’image de l’éphémère village de conteneurs la Pologne se dirigerait vers un modèle de « multiculturalisme provisoire ». Les expériences dans d’autres pays européens montrent pourtant que les migrations professionnelles ont, à terme, un caractère durable. Une réalité dont le pays, qui a vu son niveau de vie doubler en l’espace de dix ans, commence à peine à prendre conscience.

    #Covid-19#migrant#migration#pologne#postcovid#economie#travailleurmigrant#integration#multiculuturalisme#etranger#afrique#asie

  • #Cartographie. #Al-Zaatari, le #camp_de_réfugiés devenu la douzième ville de #Jordanie

    Il y a onze ans, près de la frontière syrienne, ce camp commençait à accueillir des réfugiés syriens. Aujourd’hui, il compte toujours plus de 80 000 habitants, dont près de 60 % ont moins de 18 ans. Voici le #plan de cette véritable ville, avec ses écoles et ses marchés. Un plan à retrouver dans notre hors-série “L’Atlas des migrations”, en vente chez votre marchand de journaux.

    https://www.courrierinternational.com/grand-format/cartographie-al-zaatari-le-camp-de-refugies-devenu-la-douziem

    #réfugiés #migrations #asile #villes #urban_refugees #camps_de_réfugiés #visualisation

  • Niger : la France « ne tolèrera aucune attaque contre ses intérêts », prévient Emmanuel Macron | AFP | 30.07.23

    https://www.mediapart.fr/journal/international/300723/niger-la-france-ne-tolerera-aucune-attaque-contre-ses-interets-previent-em

    Emmanuel Macron « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et Paris répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir dimanche l’Élysée alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey en soutien aux militaires putschistes.

    C’est Poutine qui doit trembler :-)

    « intraitable » c’est pas un élément de language de Justin Bridoux ?

    Edit : pas Justin Bridoux, mais Pierre Martinet :

    Pierre Martinet : Salades Traiteur, Taboulés, Légumières
    Intraitable depuis 1968 ... De l’ouverture de sa boucherie-charcuterie à l’agrandissement du siège social à St-Quentin Fallavier (38) [...]


    Sinon, la vraie raison, c’est l’Uranium :

    En 2020, 34,7 % de l’uranium importé en France vient du Niger, 28,9 % du Kazakhstan et 26,4 % d’Ouzbékistan. Si le Niger bascule vers la Russie, 90 % de notre uranium viendra de la sphère d’influence de Poutine.

    https://www.liberation.fr/checknews/luranium-importe-en-europe-et-en-france-provient-il-tres-largement-de-rus
    https://piaille.fr/@Arsene@mamot.fr/110804900732732892

  • Pour le Sahara Occidental, De Mistura croit à la révision de la diplomatie aux USA.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4492

    Il n’est pas nécessaire de sans-cesse préciser les éléments véridiques qui ne peuvent guère mêler l’Algérie au juste combat du front POLISARIO. D’abord, il y a la mitoyenneté avec le territoire envahi par la « marche verte » initiée par le royaume marocain. Le Makhzen avait déjà attaqué en 1963, lors de la guerre des sables, son voisin de l’est fraîchement libéré du colonialisme français, avec le même envahissement expansionniste... #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , #USA,_Maison_Blanche,_CIA, Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, diplomatie, sécurité, commerce, économie (...)

    #Maghreb,Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale

  • Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/26/un-naufrage-de-migrants-marocains-fait-au-moins-cinq-morts-au-large-du-sahar

    Un naufrage de migrants marocains fait au moins cinq morts au large du Sahara occidental
    Selon l’Association marocaine des droits humains, le bilan pourrait s’alourdir car plusieurs personnes présentes à bord de l’embarcation sont portées disparues.
    Cinq jeunes Marocains ont trouvé la mort dans un nouveau naufrage de migrants au large du Sahara occidental et le bilan pourrait s’alourdir, a indiqué une ONG locale de défense des droits humains, mardi 25 juillet. « Le naufrage a eu lieu [lundi] près de Dakhla, d’après des témoignages de rescapés qui nous sont parvenus », a déclaré à l’AFP Mohamed Zendour, un membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

    « L’embarcation, qui comptait près d’une soixantaine de migrants, a chaviré non loin de la côte à cause des vagues, a expliqué M. Zendour. Certains ont pu nager jusqu’au rivage, d’autres ont perdu la vie. Cinq à notre connaissance, mais le bilan pourrait s’alourdir car d’autres migrants sont portés disparus. » Il n’a pas été possible d’obtenir confirmation auprès des autorités marocaines.Les victimes étaient originaires du village de Tighassaline, situé dans une région rurale déshéritée du Moyen-Atlas, près de la ville de Khenifra. « L’entière responsabilité de ce drame revient aux élus et aux autorités locales, et à travers eux à l’Etat marocain », a estimé M. Zendour, président de la section de l’AMDH à Khenifra, en réclamant l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des passeurs dans tout le Maroc.
    Les tentatives de migration clandestine au départ du nord-ouest de l’Afrique et des côtes du Maroc et du Sahara occidental à destination de l’Europe se multiplient depuis début juin. En fin de semaine dernière, six candidats à l’émigration sont morts noyés lors d’une tentative de traversée vers l’Espagne au large de la province de Nador (nord du Maroc), selon les autorités locales. Une cinquantaine de rescapés avaient pu regagner le littoral à la nage. Selon l’AMDH à Nador, les six migrants décédés étaient marocains.La marine marocaine a annoncé avoir porté secours à près de 900 migrants irréguliers durant la période allant du 10 au 17 juillet, en majorité d’origine subsaharienne. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines voire en centaines de morts – dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales. Les autorités marocaines disent avoir déjoué 26 000 tentatives d’émigration irrégulière durant les cinq premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#routemigratoire#atlantique#mortalite#migrationirreguliere#afriquesubsaharienne#postcovid

  • Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    https://www.dakaractu.com/Libye-cinq-corps-de-migrants-decouverts-a-la-frontiere-avec-la-Tunisie_a2

    Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    Le gouvernement libyen a annoncé mardi dans un communiqué la découverte de cinq corps de migrants qui ont péri dans le désert dans une zone à la frontière avec la Tunisie. Les gardes-frontières libyens « ont découvert cinq corps non identifiés de migrants clandestins d’origine africaine lors d’une patrouille dans la zone de Dahr al-Khass à Tawilat al-Ratba », le long de la frontière avec la Tunisie, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur. Les corps « ont été remis aux autorités », a indiqué à l’AFP une source des gardes-frontières ayant requis l’anonymat. Depuis dix jours, les gardes-frontières libyens viennent au secours de migrants subsahariens expulsés par les autorités tunisiennes qui les ont déposés, selon eux, dans une zone inhabitée, près d’Al’Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli. Abandonnés sans eau, nourriture ou abris par des températures qui dépassent les 50 degrés, ils ont marché pendant des kilomètres, pénétrant jusqu’à 15 km à l’intérieur du territoire libyen, d’après des gardes- frontières libyens. Une équipe de l’AFP qui s’était rendue sur place a pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés. De nombreuses vidéos circulent depuis sur les réseaux sociaux, prises par les gardes eux-mêmes lors de leurs patrouilles, documentant l’arrivée à pied depuis la frontière tunisienne de femmes et d’hommes de tous âges, épuisés et assoiffés, selon eux. A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine.
    Le 18 juillet, des experts de l’ONU ont appelé la Tunisie à cesser les expulsions collectives de migrants subsahariens après des informations faisant état de l’abandon de dizaines d’entre eux par la police tunisienne dans les zones désertiques de la frontière avec la Libye. « Nous appelons les autorités à cesser immédiatement toute nouvelle expulsion et à poursuivre et élargir l’accès humanitaire à une zone dangereuse à la frontière tuniso-libyenne où de nombreuses personnes, y compris des femmes enceintes et des enfants, ont déjà été expulsées », ont-ils déclaré. La Libye, qui abrite au moins 600.000 migrants subsahariens, a été accusée à plusieurs reprises de multiples abus à leur encontre, dont des « meurtres, disparitions forcées, tortures, esclavage, viols » par des ONG et des organisations internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#politiquemigratoire#migrationirreguliere#expulsion#mortalite#postcovid

  • Les pays méditerranéens jettent les bases d’un fonds commun pour réguler les flux migratoires
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/24/migration-a-rome-les-pays-mediterraneens-jettent-les-bases-d-un-fonds-commun

    Les pays méditerranéens jettent les bases d’un fonds commun pour réguler les flux migratoires
    La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne avec la Tunisie.
    Le Monde avec AFP
    Publié le 24 juillet 2023 à 11h41, modifié le 24 juillet 2023 à 13h07
    Le sommet des dirigeants du pourtour méditerranéen réunis dimanche 23 juillet à Rome par Giorgia Meloni a esquissé les contours d’un fonds pour financer les projets d’investissements et le contrôle aux frontières, avec l’objectif à moyen terme de mieux réguler les flux migratoires. A l’origine de cette conférence rassemblant les dirigeants d’une vingtaine de pays, Mme Meloni entend promouvoir un nouveau mode de coopération entre pays d’immigration et pays d’émigration, sur le modèle de l’accord signé par l’Union européenne (UE) avec la Tunisie dans le but de freiner l’arrivée de migrants en Europe. A l’issue d’une demi-journée de pourparlers, la présidente du conseil italien a annoncé la création d’un fonds qui sera abondé par une première conférence des donateurs dont la date n’a pas été arrêtée, initiative à laquelle les Emirats arabes unis ont déjà apporté 100 millions d’euros. Si aucune autre mesure concrète n’a émergé de la conférence, « c’est le début d’un long travail » avec le lancement du « processus de Rome », dont Mme Meloni a fixé les priorités. « Lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux légaux d’immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance » des migrants, a-t-elle détaillé. Selon la dirigeante d’extrême droite, « les lignes de financement prioritaires doivent avant tout concerner les investissements stratégiques et les infrastructures, car c’est la manière la plus pérenne de faire de la coopération ».Parmi les personnalités présentes, les présidents de la Tunisie, Kaïs Saïed, des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, et des délégués des grandes institutions financières internationales.
    Pendant la campagne des législatives de 2022 qui l’ont portée au pouvoir, Giorgia Meloni avait promis de « stopper les débarquements » de migrants en Italie. Son gouvernement a depuis mis des bâtons dans les hélices des navires humanitaires, sans pour autant tarir les départs. Selon Rome, quelque 80 000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes de la péninsule depuis le début de l’année, contre 33 000 l’an dernier sur la même période, en majorité au départ du littoral tunisien.
    Face à ce constat, Mme Meloni et la Commission européenne ont intensifié leur « dialogue » avec la Tunisie en promettant des financements si le pays s’engage à combattre l’émigration à partir de son territoire. Bruxelles et Rome ont signé la semaine dernière avec le président tunisien un protocole d’accord qui prévoit notamment une aide européenne de 105 millions d’euros destinée à empêcher les départs de bateaux de migrants et lutter contre les passeurs, ainsi que plus de retours de Tunisiens en situation irrégulière dans l’UE.Un haut responsable européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat a confirmé que l’UE souhaitait négocier avec l’Egypte et le Maroc des partenariats similaires. Et selon Mme Meloni, il est d’autant plus important de soutenir les pays africains après la suspension par Moscou de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes « La Tunisie est un pays en extrême difficulté et l’abandonner à son sort peut avoir des conséquences très graves », a-t-elle averti.
    Les ONG sont en revanche vent debout. Sea-Watch déplore que « l’UE et ses Etats membres continuent de durcir leurs politiques mortelles d’isolement », tandis que Human Rights Watch (HRW) estime que « l’Europe n’a rien appris de sa complicité dans les abus atroces commis à l’encontre des migrants en Libye ». HRW a également pointé « de graves abus », ces derniers mois, chez les forces de sécurité tunisiennes contre les migrants africains, estimant que l’UE devrait « cesser son soutien » à ce pays dans la lutte contre l’immigration irrégulière.A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine. Ils ont été conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières près de la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest.Selon l’ONU, plus de 100 000 migrants sont arrivés en Europe au cours des six premiers mois de 2023 par la mer, depuis les côtes nord-africaines, la Turquie et le Liban. Ils étaient un peu plus de 189 000 en 2022.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#italie#ONU#afrique#liban#turquie#libye#migrationirreguliere#politiquemigratoire#ONG#postcovid

  • Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/17/chasses-de-tunisie-des-dizaines-de-subsahariens-secourus-dans-le-desert-par-

    Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes. Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les migrants avaient été déposés par la police tunisienne dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 09h53, modifié à 10h14
    Des gardes-frontières libyens ont secouru des dizaines de migrants subsahariens déposés selon eux par les autorités tunisiennes dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays, et laissés sans eau, nourriture ou abri, a constaté une équipe de l’AFP, dimanche 16 juillet. Ces journalistes ont pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, visiblement épuisés et assoiffés, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés, par des températures dépassant les 40 °C.A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville de Tunisie et principal point de départ pour l’émigration clandestine vers l’Europe. Ils ont été conduits par la police tunisienne, selon des ONG, et abandonnés à leur sort dans des zones inhospitalières près de la Libye à l’est et l’Algérie à l’ouest.
    Les migrants secourus par les gardes-frontières libyens erraient dans une zone inhabitée, près d’Al-Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli et une quinzaine de kilomètres à l’intérieur du territoire libyen. « Le nombre de migrants ne cesse d’augmenter chaque jour. Là, nous avons secouru entre 50 et 70 migrants. Nous leur offrons des soins médicaux, des premiers secours, considérant le trajet qu’ils ont fait dans le désert », a déclaré à l’AFP le lieutenant Mohamad Abou Snenah, membre d’une brigade qui effectue des patrouilles frontalières. L’AFP a pu rencontrer un groupe de femmes et d’enfants, dont des bébés, accueillis dans un centre où on les voit allongés sur des matelas ou manger des yaourts. « Ils nous ont raconté comment ils ont été maltraités par les autorités tunisiennes et ont dit avoir été frappés et torturés », a poursuivi l’officier, précisant que sa brigade est « chargée de sécuriser ce tronçon de la frontière ».
    Abou Kouni, un Ivoirien, a dit à l’AFP être arrivé en Tunisie il y a sept ans et avoir été brutalement interpellé avec sa femme dans la rue, la semaine passée, avant d’être embarqué dans un camion. Selon lui, les policiers leur ont dit qu’ils allaient « les jeter en Libye ». A la question de savoir pourquoi, ils lui auraient répondu : « On n’a pas besoin de vous en Tunisie », avant de lui prendre son téléphone et ceux de sa femme. M. Kouni a affirmé à l’AFP que les policiers l’ont « frappé » au torse et dans le dos, et menacé de le tuer. « Ils nous ont mis dans le désert et ils ont tiré dans notre direction en disant : “Allez en Libye !” », a-t-il dit, soulignant qu’après un périple dans le désert, ils ont croisé la police libyenne, qui leur a donné de l’eau, de la nourriture et des médicaments. « Je marche dans le désert depuis deux jours. Il y a 30 autres personnes de l’autre côté. Je ne veux plus retourner en Tunisie », a dit à l’AFP Moussa, un Malien de 20 ans.
    Selon des ONG tunisiennes, de 100 à 150 personnes se trouvaient encore abandonnées à leur sort, vendredi, dans des zones désertiques à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Les jours précédents, le Croissant-Rouge tunisien avait mis à l’abri plus de 600 migrants, lâchés après le 3 juillet près du poste-frontière libyen à Ras Jedir, à 40 km au nord d’Al-Assah. La Libye abrite au moins 600 000 migrants subsahariens et a été accusée à de nombreuses reprises de mauvais traitements à leur encontre par des ONG et des organisations internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#migrationirreguliere#expulsion#afriquesubsaharienne#frontiere#sante#postcovid

  • Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/13/les-violences-contre-les-migrants-en-tunisie-divisent-la-diaspora-tunisienne

    Les violences contre les migrants en Tunisie divisent la diaspora tunisienne
    Par Emma Larbi
    Publié le 13 juillet 2023 à 19h00
    « Quand j’arriverai en Tunisie pour les vacances, je sourirai aux migrants, ce n’est pas grand-chose, mais qu’ils ressentent qu’on n’est pas tous les mêmes », promet Mayssa Ben Abdallah, une étudiante en commerce de 22 ans qui appréhende son prochain voyage dans le pays de son père.
    Depuis la mort, le 3 juillet, d’un Tunisien, lors d’affrontements à Sfax entre habitants et migrants subsahariens, la Tunisie est en proie à des violences racistes, encouragées par les déclarations du président Kaïs Saïed. En février, le chef de l’Etat dénonçait les « hordes de migrants » dont la présence serait le fruit d’un complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». Depuis, plusieurs centaines de personnes originaires d’Afrique subsaharienne, dont des femmes et des enfants, ont été expulsées de Sfax et conduites aux frontières libyenne et algérienne.
    En France, la diaspora tunisienne, qui comptait 328 200 personnes en 2022 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), est divisée. Certains condamnent les violences à l’encontre des migrants, d’autres leur présence sur le sol tunisien et soutiennent la politique gouvernementale, voire justifient les brutalités sur les étrangers.Sur le marché de Belleville, à Paris, l’absence d’empathie envers les migrants est criante. « Y en a plus que marre ! », martèle un homme en rangeant ses marchandises. L’homme d’une trentaine d’années, qui n’a pas souhaité donner son nom, estime que le nombre de migrants a augmenté en Tunisie, les viols, les crimes, et même les actes de cruauté sur les animaux ont explosé. « Avant, on leur tendait la main, maintenant, ils violent les femmes et ils tuent », renchérit un passant anonyme. Des dénonciations sans précisions ni éléments de preuves mais qui éclairent sur l’état des relations. « Qu’on les renvoie dans le désert ! », conclut ce dernier.
    Pour l’étudiante Mayssa Ben Abdallah, le rejet des migrants serait une question d’âge : « C’est vrai qu’une partie de la génération plus âgée tient le même discours que tiennent les Français d’extrême droite. » Mohamed Bhar, ex-coordinateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, dans le 19e arrondissement de Paris, condamne sans réserve les violences racistes observées de l’autre côté de la Méditerranée. Le 6 juin, comme chaque été, il est parti à Ksour Essef, à 200 km au sud de Tunis. Quelques jours après son arrivée, dans un supermarché, « quelqu’un s’est mis à lancer que les Subsahariens nous colonisent », témoigne-t-il.
    « J’ai très peur des vacances que je vais passer en Tunisie, des discussions qui vont sans doute nous diviser », anticipe la psychiatre et écrivaine franco-tunisienne Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « En France, l’extrême droite s’exprime comme on aurait jamais imaginé il y a quinze ans, ajoute Wafa Dahman, journaliste et enseignante à Lyon. En Tunisie, il se passe exactement la même chose. » Après les violences qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin, une partie de la classe politique française a fait le lien entre immigration et émeutes. Pour certains immigrés tunisiens, leur pays d’origine répète ce schéma de stigmatisation. « Alors que les Tunisiens peuvent subir cette situation en France, nous, Tunisiens, exerçons la même chose sur nos frères Africains ? », s’indigne Fatma Bouvet de la Maissonneuve. Parmi les personnes interrogées, les difficultés économiques actuelles de la Tunisie sont mises en avant comme première piste d’explication à la dérive raciste. « Avec la pauvreté, certains ne trouvent pas un bout de pain sec pendant trois jours », assure Ali Choubani, 80 ans, installé devant un lait fraise sur la terrasse d’un café de Belleville.
    « Il y a des files d’attente pour acheter du pain et il manque des produits de base comme la semoule ou le café, poursuit Mohammed Bhar. Certains rejettent les migrants à cause de ça, mais ce n’est qu’une justification, une partie de la population est simplement tombée dans le rejet de l’autre. » Pourtant, au sein de la société civile, certains se sont mobilisés. Des vidéos, filmées notamment à Sfax, montrent des habitants distribuer eau et nourriture aux migrants.
    Par-delà la politique et les difficultés du quotidien, l’étudiante en commerce rappelle que la Méditerranée ne fait pas de préférence : « Les Tunisiens vivent la même chose vers l’Europe, ils galèrent et se noient. » Si de janvier à mai 2023, 3 432 Tunisiens, dont 864 mineurs, ont atteint les côtes italiennes, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, chaque année, des dizaines de jeunes harraga (littéralement des brûleurs de frontières) meurent en mer. Ces violences sont advenues dans un contexte de négociation de « partenariat global » entre la Tunisie et l’Union européenne, qui souhaite que Tunis renforce ses contrôles migratoires.
    L’épisode d’attaques racistes sur les migrants semble passé, mais « personne n’en sortira indemne », s’inquiète Fatma Bouvet de la Maisonneuve. « Ici, j’ai vu des Français pleurer pour les jeunes de banlieue. Nous, on pleure pour ce qu’on fait aux Noirs dans notre pays », raconte la psychiatre, « que deviendra la femme qui a accouché dans le désert ? Son enfant ? Les gamins, assoiffés, qu’on a laissés traîner dans la chaleur ? Tous auront des séquelles, que l’on ne verra pas. »

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#migrationirreguliere#racisme#discrimination#violence#UE#controlemigratoire#harraga#italie#frontiere#economie#postcovid

  • Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/des-cotes-du-maroc-aux-iles-canaries-l-autre-route-mortelle-des-migrations_6

    Des côtes du Maroc aux îles Canaries, l’autre route mortelle des migrations
    Par Emma Larbi
    Publié le 10 juillet 2023 à 18h00, modifié le 11 juillet 2023 à 07h55
    Leur naufrage n’est que le dernier d’une nouvelle série de drames. Cinquante et un migrants de nationalité indéterminée, dont trois enfants, sont morts dans les eaux de l’Atlantique, samedi 1er juillet. Ils avaient embarqué dans le sud du Maroc, avec l’espoir d’atteindre l’archipel des Canaries. Finalement, « il ne reste du bateau qui a quitté Tan-Tan que quatre rescapés », rapportait sur Twitter Helena Maleno Garzón, la fondatrice de l’ONG Caminando Fronteras, après la découverte du drame.
    Le 11 juin déjà, 51 Marocains avaient disparu dans des conditions similaires. Ils avaient commencé une traversée au départ de la ville balnéaire d’Agadir, environ 265 km plus au nord. À peine dix jours plus tard, le 21 juin, un autre naufrage est déclaré à 160 km de l’île de Grande Canarie ; deux personnes sont retrouvées mortes lors du sauvetage, 39 autres seraient portées disparues, d’après les renseignements de Caminando Fronteras, une association qui défend les droits des migrants.Si les regards sont aujourd’hui tournés vers la Tunisie – notamment vers la ville portuaire de Sfax, où des violences à l’encontre des migrants ont éclaté –, à l’autre bout du Maghreb, le sud du Maroc et le Sahara occidental, territoire que le royaume chérifien revendique, sont redevenus, eux aussi, des points de départ.
    Sur les îles Canaries, archipel espagnol situé au large des côtes marocaines et destination visée par les migrants, les entrées irrégulières étaient pourtant en baisse de 63 % au premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022, affirmait le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, en avril. Le résultat d’un accord entre Rabat et Madrid, entré en vigueur en avril 2022, après trois ans de crise diplomatique.Depuis le début de cette nouvelle coopération, les frontières des deux enclaves espagnoles en terre africaine, Ceuta et Melilla, et le détroit de Gibraltar sont davantage surveillés. Les Subsahariens et Marocains qui continuent de tenter d’y pénétrer seraient « les plus désespérés, ceux qui n’ont ni réseaux, ni contacts », indique Mehdi Alioua, enseignant-chercheur spécialiste des migrations à l’Université internationale de Rabat. Il y a un an, le 24 juin 2022, alors qu’environ 2 000 migrants subsahariens tentaient de franchir en force le mur entourant Melilla, la répression policière avait fait 27 morts, selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
    Le durcissement de la surveillance au nord du Maroc pourrait expliquer l’augmentation des tentatives par le sud, malgré les prix plus élevés des traversées. L’étendue des côtes rend la surveillance plus complexe. « Si l’Atlantique est surveillé, ce n’est pas la priorité sécuritaire, décrit Mehdi Alioua. Les forces marocaines surveillent surtout l’est du territoire », le long de la frontière avec l’Algérie. Cependant, pour le chercheur, les passages empruntés par les migrants n’obéissent pas nécessairement à une logique réfléchie. « Il y a des paramètres qui font bifurquer les routes (…), le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux. » En Espagne, à deux semaines des élections générales, certains analysent la recrudescence des flux migratoires en provenance des côtes marocaines à travers un prisme politique. « A droite particulièrement, certains pensent qu’il peut s’agir d’un avertissement pour le possible successeur de Pedro Sanchez, Alberto Nuñez Feijoo, s’il rectifiait le positionnement espagnol sur le Sahara marocain [nom donné par le Maroc au Sahara occidental] », avance comme possible piste d’explication le journaliste espagnol Ignicio Cembrero. Si l’actuel chef du gouvernement espagnol avait sorti son pays de sa neutralité sur le sujet, en mars 2022, en estimant dans un courrier au roi Mohammed VI que le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental représentait « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », son rival du Parti populaire semble moins favorable à un tel positionnement.
    Sur le territoire marocain, les autorités tenteraient de limiter les tentatives de traversées par la voie sud, témoignent des associations locales. « En ce moment, il est impossible de voyager sans carte de séjour vers le Sud », raconte Jonas Nsona, responsable à l’Arcom, une association d’aide aux migrantes. « Les contrôles préalables sont plus présents, notamment dans les bus et les transports, on demande davantage de documents administratifs », ajoute Camille Denis, directrice du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem).
    Le trajet vers les îles Canaries est considéré comme l’un des itinéraires les plus dangereux par l’Organisation internationale pour les migrations. S’il faut compter 450 km de navigation au départ de Dakhla, au Sahara occidental, certains migrants tentent une traversée encore plus longue et périlleuse. Le 4 juillet, 159 personnes secourues en mer puis débarquées à Tenerife seraient « parties de Mbour, au Sénégal, huit jours plus tôt », indique l’agence de presse espagnole EFE. Lundi 10 juillet, les sauveteurs espagnols ont annoncé avoir localisé une embarcation sur l’Atlantique qui pourrait transporter environ 200 migrants partis du Sénégal. Finalement, ce ne sont que 86 personnes, 80 hommes et 6 femmes, qui ont été sauvées plus tard dans la journée. Un navire de secours en mer les a ramenées vers l’île de Grande Canarie où elles ont été accueillies par des employés de la Croix-Rouge qui leur ont prodigué des soins médicaux. Selon Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, le navire recherché par les autorités espagnoles est parti le 27 juin de la localité sénégalaise de Kafountine, située à environ 1 700 km des côtes des îles Canaries. L’ONG assure enfin que deux autres bateaux partis du Sénégal le 23 juin sont portés disparus, avec environ 120 personnes à bord au total.

    #Covid-19#migration#migrant#routemigratoire#canarie#oim#ue#afrique#mortalite#traversee#sante#politiquemigratoire#atlantique#postcovid

  • En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/06/en-tunisie-des-subsahariens-expulses-de-sfax-vers-le-desert_6180768_3212.htm

    En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    Selon les témoignages recueillis par « Le Monde », des dizaines de migrants présents dans la ville portuaire ont été emmenés par les forces de sécurité à la frontière libyenne.
    Par Monia Ben Hamadi(Sfax, Tunisie, envoyée spéciale)
    Publié le 06 juillet 2023 à 10h51, modifié le 06 juillet 2023 à 13h21
    Des migrants subsahariens à Sfax, le 5 juillet 2023. IMED HADDAD / AFP
    « Nous sommes sur une plage au milieu du désert. » Mercredi 5 juillet vers 10 heures du matin, Ismaël, un jeune Ivoirien installé en Tunisie depuis 2019, vient d’envoyer au Monde sa localisation exacte, grâce à l’application de messagerie instantanée WhatsApp. Le repère placé sur la carte fait la jonction entre la Tunisie, à gauche, la Libye, à droite, et en face, la mer Méditerranée. La nuit précédente, Ismaël et des dizaines d’autres ressortissants d’Afrique subsaharienne ont été transférés de force de la ville portuaire de Sfax (centre-est) vers ce no man’s land, une zone tampon située à proximité du poste-frontière de Ras Jdir, à quelque 350 kilomètres de la deuxième ville du pays.
    Dans une vidéo transmise au Monde vers 17 h 30 par Isaac, un ressortissant guinéen également déplacé dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs dizaines de personnes – voire quelques centaines selon trois témoins sur place – sont toujours amassées sur cette plage, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. « On boit l’eau de la mer, on n’a rien mangé depuis hier », alerte une des femmes, son bébé dans les bras, sous le soleil.
    Militaires et agents de la garde nationale nient ces transferts forcés. « Si les migrants sont là-bas, c’est qu’ils doivent venir de Libye », assure l’un d’eux, présent dans la zone frontalière. Les autorités, elles non plus, ne reconnaissent pas ces rafles de migrants. Seul un député, Moez Barkallah, a évoqué ces opérations. Dans une déclaration à l’agence tunisienne de presse, la TAP, il s’est félicité que plus d’un millier de migrants subsahariens aient été expulsés, depuis l’Aïd-el-Kébir, vers les régions frontalières de la Libye et de l’Algérie. Des pays qui, selon lui, parrainent ces opérations.Les témoignages de ces migrants sont de plus en plus nombreux. D’après Ismaël et ses compagnons, des policiers sont venus les chercher dans leur quartier de Sfax et les ont fait monter à bord de leurs véhicules, sous les acclamations de certains habitants, en leur promettant de les mettre « en sécurité » dans la capitale, Tunis. Mais, au lieu d’aller vers le nord, ils ont roulé vers le sud et le désert.
    Cette opération fait suite à des journées d’extrême tension consécutives à la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax. Trois hommes, de nationalité camerounaise, selon les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, certains quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des habitants tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger. « On ne les veut plus chez nous, on va s’en occuper nous-mêmes, assure l’un d’eux, torse nu, son tee-shirt sur la tête pour masquer son visage, dans une vidéo partagée sur Facebook. Sortez tous, nous allons reprendre nos maisons. »
    Mardi, dans un communiqué, le président tunisien, Kaïs Saïed, a affirmé que son pays refuse d’être « une zone de transit ou d’accueil pour les arrivants de plusieurs pays africains ». A l’intention de l’Union européenne, qui veut obtenir de la Tunisie qu’elle empêche les départs en Méditerranée, il a ajouté que son pays « ne protège que ses propres frontières ».
    Cela fait des mois que la défiance s’installe dans la ville portuaire, où les migrants sont de plus en plus nombreux, y attendant de pouvoir embarquer à bord d’un bateau pour l’Europe. Fin février 2023, alors qu’une campagne contre les migrants subsahariens lancée par le Parti nationaliste tunisien était largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias, la haine s’est exacerbée après le discours de Kaïs Saïed accusant des « hordes de migrants clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».Dans les semaines qui ont suivi, des organisations de défense des droits humains ont recensé des dizaines d’agressions, d’expulsions et de licenciements de migrants. Le gouvernement tunisien s’est défendu de tout « racisme », évoquant « une campagne orchestrée et de source bien connue ».
    Déjà difficiles, les conditions de vie d’Ismaël, le jeune Ivoirien, se sont encore détériorées. Les manifestations contre les migrants à Sfax se sont multipliées, de même que les accusations de crimes et de violences, reprises une nouvelle fois par le chef de l’Etat. A à peine 30 ans, Ismaël n’a alors plus eu qu’une idée en tête : partir vers l’Europe. Il a tenté de le faire une première fois à la fin de l’hiver, mais son aventure a échoué après l’interception de son bateau par la garde maritime. Il a alors été relâché à Sfax, où il pensait faire profil bas, en attendant des jours meilleurs.
    Depuis que les informations sur les expulsions de migrants ont circulé, mercredi, des dizaines d’autres Subsahariens se sont regroupés dans les gares ferroviaires et les stations de bus pour fuir Sfax. Le soir même, la tension est redescendue d’un cran dans les rues de la ville. Dans un petit parc du centre-ville, près d’une mosquée, des dizaines de migrants sont regroupés, des femmes dorment, quelques-uns discutent, deux sont blessés à la tête.Leurs discussions sont rythmées par les sirènes de la police ou le bruit de motards tunisiens qui semblent faire des rondes. « Les policiers sont là pour nous protéger », se rassure Abdallah, même s’il craint d’être attaqué à tout moment. Expulsés de chez eux, empêchés de traverser la mer vers l’Europe, ils attendent de pouvoir fuir la ville ou retrouver des conditions de vie « acceptables ».Depuis le sud du pays, alors que le soleil s’apprête à se coucher, Ismaël rappelle, apeuré. « Beaucoup de militaires sont arrivés près de l’endroit où nous sommes, on ne sait pas ce qu’ils vont nous faire », précise-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#transit#afriquesubsaharienne#politiquemigratoire#expulsion#violence

  • En Tunisie, des centaines de migrants ont été mis à l’abri, d’autres restent abandonnés dans le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/11/en-tunisie-des-centaines-de-migrants-ont-ete-mis-a-l-abri-d-autres-restent-a

    En Tunisie, des centaines de migrants ont été mis à l’abri, d’autres restent abandonnés dans le désert
    Ces migrants subsahariens avaient été conduits vers des zones frontalières inhospitalières et laissés sur place à la suite des violences survenues à Sfax.
    Le Monde
    Publié aujourd’hui à 12h03
    Des migrants subsahariens à Sfax, le 7 juillet 2023. HOUSSEM ZOUARI / AFP
    Plusieurs centaines de migrants, abandonnés dans une zone désertique à la frontière avec la Libye après avoir été évacués de la ville tunisienne de Sfax la semaine passée, ont été mis à l’abri, lundi 10 juillet, dans des villes du sud de la Tunisie. Mais les ONG s’inquiètent du sort de dizaines d’autres, repoussés vers la frontière algérienne.(...)
    A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien, des dizaines de migrants avaient été chassés de Sfax, ville portuaire du centre-est du pays devenue le principal point de départ de l’émigration irrégulière vers l’Europe. Ils avaient été conduits, par les autorités selon des ONG, vers des zones inhospitalières frontalières de la Libye et l’Algérie. Ceux qui ont été récupérés par les autorités tunisiennes à la frontière libyenne, dans la zone tampon militarisée de Ras Jdir, ont été divisés en plusieurs groupes, selon des ONG et des médias. « Un groupe se trouve à Mednine, au niveau d’un lycée gardé par les forces de sécurité », a précisé la responsable de HRW.
    Un correspondant de l’AFP a vu arriver un autre contingent à Ben Gardane, hébergé là aussi dans un lycée sous le contrôle des forces de sécurité. dans cette ville, et d’autres ont été emmenés en autocars à Tataouine et Gabès, selon des médias.Beity, une association tunisienne d’aide aux femmes victimes de violence, avait lancé un appel pressant aux autres ONG et aux institutions publiques, lundi 10 juillet, pour se « coordonner et mutualiser les ressources » afin de fournir une aide d’urgence aux migrants subsahariens « déportés aux portes du Sahara ».
    Pour Salsabil Chellali, de HRW, « c’est un soulagement de savoir qu’ils ont pu quitter la zone frontalière avec la Libye, mais de nombreuses autres personnes expulsées près de la frontière algérienne risquent leur vie si elles ne sont pas immédiatement secourues ». Selon HRW, elles seraient au moins 150 à 200 dans cette situation.« S’il vous plaît, aidez-nous, si vous pouvez envoyer la Croix-Rouge ici, aidez-nous, sinon on va mourir, y’a rien ici, y’a pas à manger, y’a pas d’eau », a dit Mamadou, un Guinéen, par téléphone à l’AFP. Selon lui, ils sont une trentaine abandonnés à leur sort dans une zone désertique près du village algérien de Douar El Ma, à deux pas de la frontière tunisienne.
    Dans un communiqué, l’organisation d’aide aux réfugiés Refugees International a dénoncé « les arrestations violentes et expulsions forcées de centaines de migrants africains noirs » à Sfax, soulignant que certains étaient pourtant « enregistrés auprès du Haut-Commissariat aux réfugiés ou ont un statut légal en Tunisie ». L’Organisation mondiale contre la torture en Tunisie (OMCT Tunisie) a annoncé pour sa part avoir saisi le Comité des Nations unies contre la torture pour dénoncer le cas spécifique de « VF, un migrant d’origine subsaharienne déporté à la frontière entre la Tunisie et Libye le 2 juillet » après avoir été arrêté sans motif et « roué de coups avec une barre de fer dans des postes sécuritaires » à Ben Gardane (dans l’est du pays).Ces mauvais traitements, ainsi que la privation d’eau et de nourriture pour « plus de 700 migrants » retenus dans la zone tampon, « sciemment impos[ée] par des agents de l’Etat à VF et d’autres migrants en raison de leur appartenance raciale afin de les contraindre à quitter le territoire, sont constituti[fs] de torture », a ajouté l’OMCT.Un discours de plus en plus ouvertement xénophobe à l’égard des migrants subsahariens s’est répandu depuis que le président tunisien, Kaïs Saïed, a pourfendu en février l’immigration clandestine, la présentant comme une menace démographique pour son pays, en proie à une crise sociale et économique qui s’est aggravée depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021.Samedi, il a dénoncé ce qu’il a qualifié de « mensonges propagés sur les réseaux sociaux », affirmant que les migrants en Tunisie recevaient « un traitement humain conforme à nos valeurs, contrairement à ce qui se dit dans les milieux coloniaux et chez les agents qui œuvrent à leur service », selon un communiqué de la présidence. Lundi soir, il a estimé dans un nouveau communiqué que « la Tunisie a donné une leçon au monde avec la manière dont elle a pris soin de ces migrants », ajoutant toutefois qu’« elle refuse d’être une patrie de substitution pour eux et n’acceptera que ceux qui sont en situation régulière ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsarienne#xenophobie#violence#algerie#libye#migrationirreguliere#postcovid

  • Dans le port d’Ellouza, en Tunisie, les migrants entre noyade et errance
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/a-ellouza-port-de-peche-tunisien-la-mort-l-errance-et-les-retours-contraints

    Dans le port d’Ellouza, en Tunisie, les migrants entre noyade et errance
    Situé à 150 km de l’île italienne de Lampedusa, le village est un point de départ à haut risque pour les migrants subsahariens qui tentent de rallier l’Europe. Dimanche, une embarcation a fait naufrage au large des côtes tunisiennes, faisant au moins un mort et une dizaine de disparus.
    Par Monia Ben Hamadi(Ellouza (Tunisie), envoyée spéciale)
    Après cinq heures de mer, Yannick pose finalement pied sur la terre ferme. Mais du mauvais côté de la Méditerranée. Ce Camerounais de 30 ans a été intercepté, jeudi 6 juillet, avec des dizaines d’autres migrants subsahariens, par les gardes-côtes tunisiens au large d’Ellouza, un petit village de pêcheurs à 40 km au nord de Sfax. Envolés les 2 500 dinars (800 euros) que lui a coûté la traversée vers Lampedusa (Italie). Sur la plage, une unité de la garde nationale est déjà en poste pour les accueillir. Les agents tentent de contenir les quelques villageois, curieux, venus assister au débarquement. Hommes, femmes, enfants et nourrissons sont contraints de quitter leur bateau de fortune, devant des spectateurs désormais habitués à ces scènes et face à une police sur les nerfs. Un gendarme, tendu, prend son téléphone pour demander des renforts. « Vous nous laissez seuls, personne n’est arrivé », reproche-t-il à son interlocuteur. « C’est tous les jours comme ça, plusieurs fois par jour », maugrée-t-il en raccrochant.
    Les uns après les autres, les migrants quittent le bateau. « Venez ici ! Asseyez-vous ! Ne bougez pas ! », crient les agents des forces de l’ordre qui retirent le moteur de l’embarcation de métal et éloignent les bidons de kérosène prévus pour assurer la traversée d’environ 150 km qui séparent Ellouza de Lampedusa. Migrants subsahariens, villageois tunisiens et agents de la garde nationale se regardent en chien de faïence. Dans l’eau, le petit bateau des gardes-côtes qui a escorté les migrants surveille l’opération. La présence inattendue de journalistes sur place ne fait qu’augmenter la tension. Yannick, accompagné de son frère cadet, s’inquiète. « Est-ce qu’ils vont nous emmener dans le désert, ne les laissez pas nous emmener », supplie-t-il.
    Depuis une semaine, des centaines de migrants subsahariens ont été chassés de Sfax vers une zone tampon désertique bordant la mer, près de Ras Jedir, un poste-frontière avec la Libye. D’autres ont été expulsés à la frontière algérienne. Ces opérations font suite aux journées d’extrême tension qui ont suivi la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax.
    Trois hommes, de nationalité camerounaise d’après les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, des quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des Tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger de leur habitation. Yannick et son petit frère de 19 ans faisaient partie des expulsés. Les deux hommes ont fui la ville au milieu de la nuit, parcourant des dizaines de kilomètres à pied pour se réfugier « dans la brousse », près d’Ellouza.
    La région de Sfax est depuis devenue le théâtre d’un étrange ballet. Toute la journée et toute la nuit, dans l’obscurité totale, des groupes de migrants subsahariens errent sur les routes communales entourées de champs d’oliviers et de buissons. « Quelques personnes étaient chargées des courses, de l’eau et un peu de nourriture. Il fallait transporter le tout à pied sur plusieurs kilomètres », raconte Yannick. Lui et son frère ont dormi deux nuits dehors, avant que leur grande sœur, qui a réussi à rejoindre la France il y a plusieurs années, ne leur paie leur traversée, prévue le 6 juillet à midi.
    Près du port d’Ellouza, Hamza, 60 ans, repeint son petit bateau en bois bleu et blanc. Ce pêcheur expérimenté ne cache pas son émotion face au drame dont son village est le théâtre. Lui-même a dû s’improviser pêcheur de cadavres depuis quelque temps. Des corps sans vie se coincent parfois dans ses filets. « Une fois, j’ai trouvé la moitié du corps d’une femme mais elle était dans un état de décomposition tel que je n’ai pas trouvé par où la tenir. Je l’ai laissée là. Je n’ai pas pu dormir pendant des jours », dit-il, la voix tremblante.
    Dimanche 9 juillet, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large de cette région : un juge de la ville de Sfax a annoncé qu’au moins une personne était morte et qu’une dizaine d’autres, des migrants tunisiens, étaient portées disparues. En plus des corps, les filets des pêcheurs sont souvent déchirés par des épaves de bateaux qui servent à la traversée des migrants. « Je n’ai pas les moyens de racheter des filets tous les mois », regrette Hamza.
    Le long de la côte autour d’Ellouza, les bateaux métalliques échoués et rongés par la rouille sont innombrables. Ces embarcations, de « très mauvaise qualité », selon le pêcheur, sont construites en quantités importantes et coûtent moins cher que ceux en bois, les pneumatiques ou les barques en plastique qui servaient auparavant à la traversée. « Ce sont des commerçants de la mort », accuse Hamza en parlant aussi bien des passeurs que des politiques migratoires européennes et des autorités tunisiennes. La Commission européenne a annoncé en juin le déblocage de 105 millions d’euros « pour lutter contre les passeurs [et] investir dans le contrôle maritime des frontières par les Tunisiens », sans compter la coopération bilatérale venant de Paris ou Rome. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, durant le premier semestre, près de 30 000 migrants sont arrivés à Lampedusa en provenance de Tunisie.
    Sur les rochers recouverts d’algues, des centaines de pneus de voiture, servant à amarrer les navires, jonchent la côte. Depuis la falaise, on aperçoit le corps en début de décomposition d’un migrant. Un autre à quelques mètres. Et puis un autre encore, en contrebas, devenu squelette. Personne n’a cherché à les enterrer, ni à savoir qui ils étaient. Ils font partie des « disparus » en mer. Des chiens rôdent. Le paysage est aussi paradisiaque qu’infernal.
    Débarqué vers 17 heures, Yannick sera finalement relâché sur la plage avec son groupe. « C’est grâce à vous, si vous n’étiez pas restés, ils nous auraient embarqués et emmenés à la frontière », assure-t-il. Le soir même, avec son frère, ils ont parcouru à pied les dizaines de kilomètres qui séparent Ellouza de Sfax, cette fois dans l’autre sens. Après être arrivé à la gare ferroviaire à 3 heures du matin, Yannick a convaincu un vieil homme de leur acheter des tickets pour Tunis. Ils sont finalement arrivés sains et saufs dans la capitale. « Il faut que je trouve du travail, mais la situation est plus acceptable ici », dit-il. Malgré cette expérience, Yannick est toujours convaincu qu’un avenir meilleur l’attend de l’autre côté de la Méditerranée. « Quand j’aurai l’argent, je retenterai ma chance, promet-il. Retourner au pays n’est pas une option. »

    #Covid-19#ùogrant#migration#tunisie#afriquesubsaharien#frontiere#mortalite#UE#politiquemigratoire#migrationirreguliere

  • Tunisie : déferlement de haine à Sfax contre les Subsahariens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/04/tunisie-deferlement-de-haine-a-sfax-contre-les-subsahariens_6180467_3212.htm

    Tunisie : déferlement de haine à Sfax contre les Subsahariens
    Après la mort d’un Tunisien poignardé à mort par des migrants, de graves heurts ont eu lieu dans la ville portuaire.
    Par Nissim Gasteli(Tunis, correspondance)
    Publié hier à 14h50, modifié hier à 14h51
    Les images de la nuit de lundi 3 au mardi 4 juillet à Sfax, largement diffusées sur les réseaux sociaux, témoignent d’une rare violence entre Tunisiens et Subsahariens. Jets de pierre, individus masqués avec des barres de fer, cartouches de gaz lacrymogène, maisons incendiées : un nouveau niveau de violence a été franchi dans la ville du centre de la Tunisie, traversée depuis dimanche par d’importantes tensions.A l’origine de ce dernier déferlement de haine, l’agression d’un Tunisien, poignardé par des migrants africains, en banlieue nord de la ville. Une information rapidement diffusée via une vidéo postée sur Facebook par le député Tarek Mahdi aux alentours de 22 heures : on y voit un homme gisant au sol inconscient, baignant dans le sang, entouré d’habitants du quartier qui s’agglomèrent peu à peu autour de la victime. Les agresseurs sont « Africains », affirme alors Tarek Mahdi, qui leur reproche d’« être partout » et réclame une réaction de la population sfaxienne. « Il faut que les gens se bougent », enjoint-il son public.
    La vidéo récolte plusieurs milliers de « J’aime », est partagée massivement, souvent accompagnée d’appels à la vengeance. Quelques heures plus tard, l’annonce de la mort des suites de ses blessures du jeune homme agressé échauffe encore un peu plus les esprits. Dans la rue, les violences éclatent dans de nombreux quartiers de Sfax : des Tunisiens prennent à partie des Africains subsahariens et certaines sources rapportent que des groupes à moto entament une « chasse aux Noirs ». Selon le parquet de Sfax cité par l’AFP, « trois migrants soupçonnés d’implication dans ce meurtre et qui seraient de nationalité camerounaise, selon les informations préliminaires, ont été arrêtés ».Sfax, ville portuaire et pôle économique majeur du pays, a longtemps accueilli travailleurs et étudiants du reste du continent venus y chercher un avenir. Depuis le début de l’année, elle s’est transformée en plate-forme de départ majeur pour les candidats à l’exil vers l’Europe. En 2023, plus de 30 000 personnes ont déjà rejoint l’île italienne de Lampedusa depuis ses côtes.Une situation qui a accru le racisme dans la ville. Dimanche 28 mai, une nouvelle manifestation avait eu lieu devant le siège du gouvernorat pour réclamer des actions des autorités pour endiguer le phénomène migratoire et expulser les Subsahariens du pays. Un contexte qui laissait déjà envisager le pire, déclarait le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux, Romdhane Ben Amor. « Certains groupes profitent de l’absence de l’Etat pour tenter de chasser les migrants de leurs maisons en usant de la force et tout ce qui en résulte de violence », a-t-il dénoncé, qualifiant la situation de « dramatique ».
    « On croirait revivre les sombres jours de fin février 2023 mais en pire », réagi Franck Yotedje, directeur de l’association Afrique Intelligence qui œuvre pour les droits des migrants et la cohésion sociale, en référence aux vagues de violences subies par les migrants après les propos de Kaïs Saïed. Le président tunisien avait alors attribué aux « hordes de migrants clandestins » un prétendu complot « pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie ». Ces mots avaient déclenché plusieurs jours d’actes de défiance – chasse à l’homme, expulsion des logements – contre les 21 000 Subsahariens, la plupart en situation irrégulière dans le pays.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#migrationirreguliere#crise#racisme#violence#postcovid

  • Tunisie : dans la ville portuaire de Sfax, l’espoir blessé des migrants subsahariens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/29/tunisie-dans-la-ville-portuaire-de-sfax-l-espoir-blesse-des-migrants-subsaha

    Tunisie : dans la ville portuaire de Sfax, l’espoir blessé des migrants subsahariens
    Depuis le début de l’année, six fois plus de migrants qu’à la même période en 2022 sont partis de Tunisie vers l’Europe. Mais beaucoup d’Africains viennent dans le pays maghrébin pour s’y installer pour étudier et travailler.
    Par Nissim Gasteli(Sfax, Tunisie, envoyé spécial)
    Publié hier à 19h00, modifié hier à 19h00
    La lumière des projecteurs déchire le crépuscule. Sur la pelouse synthétique du stade de la faculté des sciences économiques de Sfax, Baba Car, le capitaine de la sélection estudiantine sénégalaise, dépose le ballon au point de penalty avant de faire quelques pas en arrière. L’arbitre siffle. Le jeune homme s’élance et frappe avec force et précision. Le malheureux gardien ne peut rien. Le stade exulte. En cette soirée de début mai, le Sénégal l’emporte 2 à 1 face au Tchad dans ce match de poule de la Coupe d’Afrique des nations universitaires de football.
    Au bord du terrain, un homme s’agite comme un gamin. « Bravo les gars ! Bravo ! », répète-t-il en félicitant les vainqueurs. Jogging, sweat-shirt, casquette, Franck Yotedje a troqué ses habits de membre actif de la société civile pour la tenue de coach. Ce Camerounais de 31 ans, installé à Sfax depuis sept ans, préside l’association Afrique Intelligence. C’est à son initiative qu’a été organisée la compétition dans le but de rassembler, autour du sport, les jeunes originaires d’Afrique subsaharienne venus étudier dans le pays et leurs camarades tunisiens. A travers ce type d’événement, l’association œuvre ces dernières années à favoriser l’intégration des migrants. Elle agit particulièrement à Sfax, cité portuaire à la riche tradition marchande et deuxième ville du pays, où une communauté relativement importante d’étudiants, de stagiaires et de travailleurs est établie. Mais elle se bat surtout depuis quelques mois pour préserver un semblant de cohésion sociale, fortement ébranlée par la vague de violences racistes libérée le 21 février par le discours du président Kaïs Saïed à l’encontre des « hordes de migrants clandestins ».
    En désignant la migration subsaharienne comme « un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie », le chef de l’Etat tunisien a fait de tout migrant subsaharien un complice présumé de ce prétendu complot. Tout s’est enchaîné dans la foulée de la harangue. Expulsés par leurs bailleurs, licenciés par leurs employeurs, les étrangers ont en outre dû essuyer des attaques physiques.
    « Pendant le Covid, il y a eu un énorme élan de solidarité avec les migrants. Beaucoup de choses se sont mises en place pour venir en aide aux plus précaires. Après la pandémie, ça a permis l’organisation d’activités de cohésion sociale, de plaidoyer et on a obtenu certaines avancées. » Mais aujourd’hui, « tout est à refaire ».
    Dans les semaines qui ont suivi la saillie présidentielle, Afrique Intelligence a recensé 246 agressions contre des migrants. Plus récemment, dans la nuit du 22 au 23 mai, une attaque raciste au couteau et au sabre perpétrée par des Tunisiens contre des migrants subsahariens a fait un mort et deux blessés. A Sfax, le climat est devenu électrique. Dimanche 25 juin, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues de la cité portuaire devant le siège du gouvernorat pour protester contre la présence des migrants dans la ville. Les quelques écriteaux « Live together but live in peace » (« vivre ensemble mais vivre en paix ») et « No to racism » (« non au racisme ») ne sauraient faire oublier les chants de la foule : « Sfax n’est pas à vendre ! », « Fermez les frontières ! », « Le peuple veut l’expulsion des migrants ! ». A l’issue de la manifestation, certains protestataires ont même jeté des pierres vers des migrants soudanais installés dans un parc à proximité. Nombre d’habitants de Sfax opposés à la présence de ces derniers justifient leur véhémence par une « augmentation visible du nombre de migrants », responsable selon eux d’une « explosion de la criminalité ». L’un d’eux brandit son téléphone pour montrer la vidéo de ce qui semble être une rixe intracommunautaire entre plusieurs migrants dont l’un porte une machette. Les manifestants insistent : ils ne sont pas « racistes ». Ils se soucient juste, disent-ils, de « leur sécurité ».
    « Quand on voit ça, on se sent rejetés, on se dit que la Tunisie ne veut pas de nous. C’est bien pour cela que beaucoup de gens sont partis », se désole Loïc Oyono, sept années passées à Sfax. Attablé à un café, cet entrepreneur camerounais de 29 ans à la voix suave, au style soigné, lunettes de soleil sur la tête malgré la nuit ambiante, s’affiche « solidaire avec les autres migrants ». Mais il précise que derrière les catégories globalisantes des « Africains » ou des « Subsahariens », il y a en réalité une pluralité de parcours. Les étudiants et stagiaires composent un premier groupe. Loïc Oyono en fait partie. Ils sont près de 8 000 à avoir choisi de venir poursuivre leurs études en Tunisie. A leurs côtés s’ajoutent des travailleurs et de travailleuses venus – généralement par avion – d’Afrique de l’Ouest pour occuper des emplois délaissés dans les secteurs du travail domestique, de l’agriculture, de la manufacture et du bâtiment. « Nombre d’entre eux ne sont pas en transit [vers l’Europe]. Ils ont trouvé un petit cocon, ils gagnent un peu d’argent et ils arrivent à vivre », rapporte M. Oyono. Puis, plus récemment, « il y a eu du changement » , ajoute-t-il. « On a noté une augmentation des migrants subsahariens issus de trajectoires différentes, notamment ceux arrivés par les frontières de la Libye et de l’Algérie », relève le Camerounais. Sfax, jusqu’alors port d’attache pour de nombreux citoyens du continent venus y chercher un avenir universitaire ou professionnel, s’est transformé en plateforme de départ vers l’Europe, alternative aux bases d’embarquement libyennes, sous pression croissante des garde-côtes du littoral tripolitain. La Tunisie a d’ailleurs supplanté son voisin comme premier point de départ vers le Vieux Continent : depuis le début de l’année, 30 000 personnes ont déjà rejoint les côtes italiennes, dont une grande majorité en partant du littoral nord de Sfax. C’est six fois plus qu’à la même période de 2022.
    (...) Aux abords du marché, dans un parc peu fréquenté, de nouveaux migrants sont récemment apparus : plusieurs dizaines de Soudanais arrivés à la suite de l’éclatement à la mi-avril de la guerre dans leur pays. Précaires parmi les précaires, ils attendent une traversée pour l’Europe. Certains ont déjà tenté plusieurs fois le périple, mais ont été rattrapés au large par la Garde nationale maritime et ramenés au port de Sfax. Si la variété des trajectoires migratoires peut produire une confusion auprès de la population, entretenue au sommet de l’Etat, le patronat local, lui, sait tout ce qu’il doit à une population de travailleurs qu’il ne souhaite pas voir filer. « Il est vrai qu’aujourd’hui nous avons des difficultés à trouver de la main-d’œuvre », reconnaît Slim Marrakchi, porte-parole de l’antenne sfaxienne de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica). « Ce qu’on propose, c’est la régularisation de ces migrants », lance-t-il comme un appel aux autorités. Les propositions de l’organisation sont précises : des cartes de séjour provisoires de trois ou six mois, lesquelles seraient prolongées « s’ils réussissent à trouver un emploi ». La position peut surprendre dans le contexte actuel mais elle reste pragmatique. Car Sfax est une ville industrielle, souvent qualifiée de poumon économique de la Tunisie. Et elle a besoin de bras, notamment dans des emplois non qualifiés que les Tunisiens ont tendance à délaisser, malgré le chômage.« Sfax, c’est la ville où il faut être, car il y a cette âme du travail », abonde Loïc Oyono, dont l’esprit d’entreprise a trouvé ici de quoi s’épanouir. Il est fort dommage, déplore-t-il, que nombre de résidents ne voient « la migration qu’à travers quelque chose de néfaste, de négatif ». Car, souligne-t-il, beaucoup parmi les nouveaux arrivants « apportent du positif » avec leur parcours « d’entrepreneurs, de membres de la société civile et de brillants étudiants », autant de profils qui « sont une force pour le pays ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afriquesubsaharienne#libye#immigrationirreguliere#politiquemigratoire#routemigratoire#economie#etudiant#travailleur#postcovid#regularisation

  • Croisade réactionnaire en Afrique

    La droite chrétienne des USA tente d’influencer à coups de millions de dollars les politiques africaines concernant les droits des femmes et des minorités sexuelles, en s’appuyant sur les églises évangélistes qui ont émergé sur le continent.

    La récente actualité en Ouganda où le président Museveni a promulgué la loi réprimant les homosexuelEs, met en lumière le rôle des organisations de la droite chrétienne aux USA qui n’ont cessé de soutenir les campagnes homophobes dans ce pays. Une enquête du site « openDemocracy » montre que, depuis 2007, ces organisations ont dépensé 280 millions de dollars pour financer des activités hors USA.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/22/croisade-reactionnaire-en-afrique

    #international #afrique

  • La France octroie une aide à la Tunisie pour lutter contre l’immigration irrégulière
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/19/la-france-octroie-une-aide-a-la-tunisie-pour-lutter-contre-l-immigration-irr

    La France octroie une aide à la Tunisie pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Cette enveloppe de 26 millions d’euros devra servir « à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions », a précisé le ministre de l’intérieur.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 17h44
    Les ministres de l’intérieur allemand (Nancy Faeser) et français (Gérald Darmanin), avant une conférence de presse à Tunis, en Tunisie, le 19 juin 2023. FETHI BELAID / AFP
    Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé lundi 19 juin à Tunis, en Tunisie, l’octroi par la France de près de 26 millions d’euros à la Tunisie pour l’aider à lutter contre l’immigration irrégulière. Cette « aide bilatérale de 25,8 millions [consacr]ée aux questions migratoires » va permettre à la Tunisie d’« acquérir des équipements nécessaires et [d’]organiser les formations utiles, notamment des policiers et gardes-frontières tunisiens ». Elle s’ajoutera à une enveloppe de 105 millions d’euros annoncée il y a une semaine par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour soutenir la Tunisie dans la lutte « contre l’immigration irrégulière ». Le don français devra servir « à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions », a précisé M. Darmanin. Après avoir rencontré, avec son homologue allemande, Nancy Faeser, le président Kaïs Saïed, il a repris une formule utilisée récemment par ce dernier, selon laquelle « la Tunisie n’est pas le garde-frontière de l’Europe ».
    « Ce n’est pas la vocation de la Tunisie d’être le garde-frontière de l’Europe », a-t-il ajouté, considérant qu’il revenait aux pays d’origine des migrants d’Afrique subsaharienne transitant par la Tunisie « de faire en sorte qu’il y ait un minimum de départs ». De nombreux migrants originaires d’Afrique subsaharienne arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. « La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière et nous voulons l’assurer de toute notre solidarité », a dit le ministre français. Il a défendu « une approche européenne face au défi migratoire ainsi qu’avec les pays d’Afrique », afin « de lutter contre les réseaux de passeurs » et d’« accompagner le retour et la réinstallation [des migrants] dans leurs pays d’origine ».Evoquant le récent naufrage d’un bateau de migrants en Grèce, il a jugé que « trop de personnes prennent des risques inconsidérés, souvent exploitées par des passeurs qui sont de véritables criminels qu’[ils] d[oivent] combattre ». Mme Faeser a, pour sa part, estimé indispensable de « mettre fin à ces terribles morts en mer ».
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée – orientale, centrale et occidentale – en 2022 (+ 16,7 % sur un an). Depuis début 2023, 1 166 décès ou disparitions ont déjà été répertoriés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#tunisie#afriquesubsaharienne#postcovid#politiquemigratoire#UE#transit#retour#reinstallation#italie

  • Elimination des bons candidats face au second mandat à Tebboune en Algérie.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4473

    Chose invérifiable, il est dit que certains rares hauts gradés de l’armée ne soutiennent pas un second mandat à Tebboune. Mais pour la cohésion de l’état-major, ils ne peuvent exprimer leur perception en public. Ils désignent l’incompétence du raïs dans bien des domaines et les effets périlleux de ses boutades et ses décisions qui empêtrent l’Algérie dans des situations alambiquées aux effets plus déstabilisateurs qu’apaisants. L’atmosphère de dévoiement des hiérarchies judiciaires et de l’assemblée législatives, qui, les deux livrent des traques et des persécutions autocratiques contre des citoyens déjà victimes des actes des terroristes islamistes, est criard aux yeux de toute l’humanité et des partenaires... nationale, fait politique, une et première page, médias, actualité, pays, france, afrique, (...)

    #nationale,fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Afrique,Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #fait_divers,_société,_fléau,_délinquance,_religion #Journalisme,presse,_médias #Internet,_Web,_cyber-démocratie,_communication,_société,_médias #Terrorisme_,_islamisme,Al-Qaeda,politique,_

  • Vers une plateformisation des villes africaines ?
    https://metropolitiques.eu/Vers-une-plateformisation-des-villes-africaines.html

    Les plateformes digitales ont le vent en poupe dans les villes africaines, en particulier dans le domaine des #transports. Une enquête conduite à Lomé (Togo) s’intéresse à la façon dont certaines applications, qui proposent des trajets en taxi-moto, peuvent contribuer à diminuer les problèmes de mobilité. En #Afrique_de_l'Ouest, les taxis-motos font pleinement partie du paysage et de l’identité urbaine (Aholou 2007). Au guidon de leur engin, les chauffeurs circulent en quête de client·es, qu’ils hèlent #Terrains

    / #Togo, #Afrique de l’Ouest, #pays_du_Sud, mobilité, Afrique, #économie_numérique, transports, #ville_numérique, Lomé, (...)

    #mobilité #Lomé #numérique
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_mawussi-choplin.pdf

  • Seeking asylum and work, migrants bused out of NYC find hostility | AP News
    https://apnews.com/article/immigration-new-york-asylum-shelters-hotels-3cc5949b12d5c0d155a94230f2eaebab
    https://storage.googleapis.com/afs-prod/media/b9c311b95a644bc8b27557e73d64d124/3000.webp

    Seeking asylum and work, migrants bused out of NYC find hostility
    by JAKE OFFENHARTZan hour ago
    Mohamed, a 19-year-old fleeing political persecution in the northwest African country of Mauritania, poses for a photo that obscures his face to protect his identity, outside the Crossroads Hotel, before heading into town for a work opportunity, Monday, May 22, 2023, in Newburgh, N.Y. Mohamed is one of about 400 international migrants the city has been putting up in a small number of hotels in other parts of the state this month to relieve pressure on its overtaxed homeless shelter system. (AP Photo/John Minchillo)
    NEWBURGH, N.Y. (AP) — Before he left Mauritania, the West African nation of his birth, Mohamed thought of New York as a place of “open arms,” a refuge for immigrants fleeing dire circumstances.Now that he’s here, seeking political asylum from a government he feared would kill him, he doesn’t feel welcome. The 19-year-old has become a pawn in an escalating stand-off between New York City and suburban and upstate communities, which are using lawsuits, emergency orders and political pressure to keep people like him out. Mohamed is one of about 400 international migrants the city has been putting up in a small number of hotels in other parts of the state this month to relieve pressure on its overtaxed homeless shelter system.
    Some of the relocated asylum seekers say they now regret leaving the city, pointing to a lack of job opportunities and resources to pursue their asylum cases, as well as a hostile reception.
    The Associated Press is withholding Mohamed’s full name at his request to protect the safety of his family in Mauritania. In his home country, Mohamed said he had joined a group of young people to decry the government’s corruption and human rights abuses, including allegations of ongoing slavery. Days later, he said a group of men threw him in an unmarked car, took him to a secret room, and beat him viciously for two days.After a journey that took him across the U.S. border with Mexico, he landed in a shelter system in New York City he found frightening and overcrowded. In one Brooklyn shelter, a room with 40 beds, someone stole his few remaining possessions as he slept.So when outreach workers offered him the chance to relocate earlier this month, promising more space and chances to work, Mohamed took it. He joined other asylum seekers at two hotels a few miles outside the small Hudson River Valley city of Newburgh, about two hours north of the city.
    Republican county officials there have accused the city of dumping its problems on its neighbors, while insinuating that the new arrivals pose a danger.
    Last week, Orange County Executive Steven Neuhaus won a temporary restraining order barring the city from sending additional migrants. More than two dozen other counties across New York state have declared emergencies in an attempt to block migrant arrivals, even in places where none are planned.As far as 400 miles (644 kilometers) north of the city, Niagara County officials have warned of an imminent safety threat, vowing criminal penalties for hotels found to be housing asylum seekers.
    New York City Mayor Eric Adams, a Democrat, says he will continue his efforts to disperse some of the more than 40,000 asylum seekers currently in the city’s care.Meanwhile, some who joined the initial wave of relocations have since returned to New York City’s shelter system. Those who don’t have money for transportation, such as Mohamed, say they are stuck.
    “It’s like the desert,” lamented Mohamed, who studied law and taught himself English in Mauritania. “There’s nothing here for us.”
    Some asylum seekers described a sense of being lured upstate on false pretenses, saying outreach workers described local economies in need of off-the-books migrant labor. Instead they have suffered a stream of harassment.“There are people driving by pretty constantly in big pickup trucks telling them to go back to their country,” said Amy Belsher, an attorney for the New York Civil Liberties Union, describing a phenomenon also witnessed by an AP journalist.“It’s a completely predictable outcome of the local county executives jumping on the migrant ban bandwagon,” she added. The NYCLU has brought a lawsuit against Orange and Rockland counties alleging discrimination against migrants. An attorney for Orange County, Richard Golden, said it was “utterly ridiculous” to accuse the county of fostering xenophobia. The county’s lawsuit against the city, he said, rests on a 2006 state administrative directive requiring municipalities to meet certain requirements before transferring homeless individuals.
    Misinformation among local residents has not helped, including a false allegation that migrants displaced homeless veterans inside the hotels — a widely-circulated story that has fallen apart.Peruvian Jhonny Neira offered a more mixed assessment of his time in Newburgh. The 39-year-old asylum seeker described a recent Sunday visit to a church where he felt welcomed by the congregation, even if he couldn’t understand the English sermon.
    “I’m a respectful, hard-working person,” he said in Spanish. “I think after getting to know me, they would trust me.” The number of U.S.-Mexico border crossings has declined since May 11, when the Biden administration put new rules in place intended to encourage migrants to apply for asylum online rather than enter the country illegally. But New York and other migrant destination cities are still dealing with thousands of people who entered the U.S. before the new rules.The Crossroads Hotel in Newburgh is now home to men from South and Central America, Senegal, Egypt, Mauritania, and Russia. They speak in French and English and Spanish, as they kick a soccer ball in the hotel parking lot, beside a diner and a tangle of highways. A few yards away, a man who once worked as a barber in Venezuela offers haircuts for $5, as another sweeps up.In order to gain asylum in the United States, they will have to prove they have a “well-founded fear of persecution” over their race, religion, nationality, political opinion or membership in a particular social group.
    Mohamed’s experience tracks with a report by the U.S. State Department, which found Mauritania has overseen an expanded crackdown on political dissidents since 2021 and cites allegations of torture in unofficial detention centers.If his story passes a credibility check, it would likely constitute a legitimate asylum claim, according to Jaya Ramji-Nogales, an asylum law professor at Temple University. But getting to that stage will require navigating an immigration system under severe strain.“It was always an under-resourced system but now it’s really at a breaking point,” Ramji-Nogales said. “There’s not the political will to put aside the money it needs to function.”Mohamed said his goal is building his asylum case — something he’s come to believe is not possible in Newburgh. A few days ago, he missed a key immigration appointment after a car that was supposed to take him to the city never showed up. “You can’t stay here just sleeping, eating, after that going back to sleeping,” he said. “If you make no progress in your case, they will send you back home. For me, that would be very bad.”

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#afrique#immigration#asile#politiquemigratoire#frontiere#refoulement#newyork