• « Il y a des violences que l’Etat affronte et d’autres auxquelles il consent »


    Le choix de la dissolution témoigne d’abord d’une certaine imperméabilité aux alertes de cénacles peu suspects de menées « écoterroristes ». Le 15 juin, sept rapporteurs spéciaux des Nations unies publiaient à l’adresse de la France une alerte s’inquiétant d’une « tendance à la stigmatisation et à la criminalisation des personnes et organisations (…)œuvrant pour la défense des droits humains et de l’environnement », justifiant un « usage excessif, répété et amplifié de la force ».

    Longue liste de violences aux personnes

    Un recours à la force que le gouvernement justifie par la violence de certains militants – violence au cœur des motifs avancés pour dissoudre le mouvement. Mais, en l’espèce, il y a des violences que l’Etat affronte et d’autres auxquelles il consent.

    Mi-juin, dans Le Point, Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), exigeait la mise hors circuit du réseau écologiste, précisant qu’à défaut il n’était « pas sûr de tenir longtemps [s]es troupes ». Injonction délicate à gérer : lutter contre la violence d’une organisation en cédant aux menaces de violence d’une autre organisation, cela ne manque pas de sel.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/16/il-y-a-des-violences-que-l-etat-affronte-et-d-autres-auxquelles-il-consent_6
    https://justpaste.it/5nd4b

    #SLT #écologie #dissolution #État #répression #agriculture_productiviste

  • Muttersholtz. Les ruisseaux du Ried sont à sec, le maïs pointé du doigt
    https://www.dna.fr/amp/environnement/2023/07/06/les-ruisseaux-du-ried-sont-a-sec-le-mais-pointe-du-doigt

    « Mais la sécheresse toute seule ne cause pas un rabaissement généralisé du toit de la nappe phréatique de plusieurs dizaines de centimètres. La principale cause, c’est l’irrigation agricole par aspersion ( les grands jets d’eau visibles dans les champs ) », avance Patrick Barbier. « 80 % des prélèvements d’eau entre juin et août correspondent à l’irrigation, dont la grande majorité relève de la culture de maïs », ajoute Serge Dumont, biologiste et enseignant-chercheur. Il s’appuie sur plusieurs études dont une du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de 2019, qui a déterminé que les prélèvements agricoles représentent entre 30 et 70 % de la baisse du niveau de la nappe en été, selon les points.

    Pour le chercheur, c’est simple : « Si on arrête l’irrigation du maïs, il n’y a plus de problème d’eau dans le Ried ». Il rappelle qu’en 2020, d’après le BNPE (Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau), l’irrigation représentait 131 millions de mètres cubes, alors que tous les Alsaciens en consommaient 136 millions. Et même si la nappe phréatique d’Alsace représente 35 milliards de mètres cubes et 100 mètres de profondeur, « la biodiversité dépend des 50 premiers centimètres », alerte le scientifique.

  • Echangeur autoroutier Vinci Drôme Provençale : un projet mal ficelé, retoqué, reporté... à zapper !
    https://ricochets.cc/Echangeur-autoroutier-Vinci-Drome-Provencale-un-projet-mal-ficele-retoque-

    Echangeur autoroutier de la Drôme Provençale : un projet mal ficelé, retoqué, reporté... à zapper ! Le 16 juin 2023 s’est tenu un comité de pilotage du projet. Depuis, ni l’Etat ni Vinci ni les collectivités financeuses, dont les communes de Saint Paul Trois Châteaux et de Pierrelatte, n’ont informé la population du contenu de cette réunion. Alors que le premier projet d’échangeur a été jugé non réalisable, les services de l’Etat ont retoqué sa deuxième version au cours de l’année 2022. Ainsi la mise en (...) #Les_Articles

    / #Saint-Paul-Trois-Châteaux, #Ecologie, #Agriculture, #transport

  • I #villani

    2018, dans un monde dominé par l’agriculture et la pêche industrielle, nous allons suivre aux quatre coins de l’Italie, quatre #paysans et deux #pêcheurs qui ont décidé de pratiquer leur métier comme autrefois, dans le respect de la nature. Depuis #Alcamo en #Sicile nord occidentale avec Salvatore, à #Baselice au cœur de la #Campanie avec Modesto, à #Trambileno dans le #Trentin avec Luigina, jusqu’au port du vieux #Tarente avec les frères Galasso, nous découvrons des réalités d’aujourd’hui qui nous sont totalement inconnues. Des paysans libres qui ne suivent pas les règles imposées par l’Union européenne et ses lois liberticides qui assassinent la biodiversité, pour produire leurs fromages, leurs tomates, leurs confitures ou bien leurs moules. Le point commun entre tous ces travailleurs, c’est cette volonté de bien faire, cet amour pour leur métier, ce respect pour la nature dont ils dépendent ainsi que les conditions de vie bien difficiles qui en découlent. Il y a en filigrane la voix off de ce vigneron Lombard, Lino Maga, qui relie les destins croisés de ces survivants dont il faut espérer qu’ils feront des émules.

    « Pour bien manger, il faut respecter un certain rythme : celui de la cuisine, des saisons. Il faut aussi respecter la terre et la mer, tout ce que la modernité en réalité ne fait plus. C’est ainsi que naît cette nouvelle exigence : vivre comme autrefois dans notre temps présent. En quinze ans de travail, à travers mes livres et mes spectacles, j’ai essayé de montrer les liens entre la cuisine et l’art, de dire ce que représentait pour moi la cuisine. Ce qui m’émeut et que je veux partager, c’est l’existence de ces personnes qui sont capables de créer des gestes et de construire autour un savoir vivant. Leur existence est primordiale. Le documentaire est l’instrument qui peut permettre que cette rencontre se réalise : je ne renonce pas à mon point de vue mais celui-ci se fond dans leur réalité. »

    https://festival-villerupt.com/title-item/i-villani

    #film #documentaire #film_documentaire
    #Italie #agriculture #portraits #

  • Quand les #tomates rencontrent #Wagner

    Elias, petit village d’agriculteurs dans le centre de la Grèce, se meurt. Face à cette situation, deux cousins font équipe avec les grand-mères du village pour planter les graines de tomates qu’elles perpétuent depuis des siècles. Aidés par la musique de Wagner, censée encourager les tomates à pousser, ils parviennent à exporter aux quatre coins du monde des petits pots contenant des recettes à base de ces tomates biologiques. Le film suit les protagonistes de cette quête improbable, dans leurs efforts pour survivre et réaliser leurs rêves. Cette chronique nous rappelle l’importance de se réinventer en temps de crise et le pouvoir des relations humaines.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/32381_0
    #film #documentaire #film_documentaire

    #agriculture #musique #Grèce #rural #campagne #monde_rural #conserves #néo-ruraux #musique_traditionnelle #musique_classique #exode_rural #dépeuplement #Alexandros_Gousiaris

    • Our family’s activity in the area of beekeeping began in 1890 with beehives kept in our garden by my Great-great grandmother Evangelia Barbarousi for the family’s honey needs.

      In 1989, our activities were semi-professional, and in 1996 our Company was founded, after which our aims were clearly professional, regarding the number of hives as and their transfer within Greece (from Kalamata to Thassos), as well as the establishment of our storage and packaging facilities.

      In 1997 we began exporting our products, with the help of the “Odysea Ltd”, Company, with whom we continue to collaborate today.

      In 1998 our first investment plan was realized, with a program sponsored by the Greek Ministry of Agriculture for Countryside Restructuring. The plan was completed in 2000.

      ΤIn the same year, and together with the Taka family, we slowly began cultivating tomatoes on a large scale in the village of Fyllo, outside Kardista. The seed we use, then and still today, has been cultivated since 1900 by our extended family, and the pasteurization method is the same as that first implemented in the period between the two World Wars.

      In 2001 we exported the first tomato products, and in 2004 we began the certification process for the production of organic products on our estate in accordance with the DIO Certification Organization . In 2005 we began furnishing high-end hotels with our honey, offered both at breakfast and used in their kitchens.

      In 2007 we began our second investment plan with joint funding for Agricultural Development from the Greek Ministry of Agriculture and the European Union, and our packing and processing procedures were certified by the ISO Food Safety Management System (ISO 22000:2005).

      In 2008 we produced our first completely organic tomato products ("Tomata Stragisti" and tomato sauces), which were introduced onto the Greek market by the “Biotos”.

      We have inherited the knowledge of “how not to be afraid of bees” and we have developed a positive cooperation with them so as to produce an exceptional product with guaranteed safety to the consumer.

      We inherited a sack of seeds and we came to love the earth in which they grow, we respected the cultivating and production methods implemented before industrialized farming came into practice, and with great effort, know-how and experimentation we are able to offer products which bring back the flavours of yesterday.

      We will continue our efforts to prepare products of high quality and safety, giving particular importance to protecting the environment and to developing the human resources of our region.

      http://www.gousiaris.gr/main_en.html

  • Moi, agricultrice

    Des années d’après-guerre à aujourd’hui, des #pionnières agricultrices vont mener un long combat de l’ombre pour passer de l’#invisibilité_sociale, d’un métier subi, à la reconnaissance pleine et entière de leur statut. Trop longtemps considérées « #sans_profession », sous la #tutelle juridique et économique de leurs époux, ces militantes de la première heure livrent le récit intime d’une conquête restée dans l’oubli de l’histoire de l’#émancipation_des_femmes. La nouvelle génération, héritière de cette lente marche vers l’égalité des droits, témoigne également, bien décidée à garantir les acquis gagnés de haute lutte par leurs mères et leurs grands-mères.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64524_0

    –—

    Anne-Maire Crolais (à partir de la min 40’09) :

    « Les places, ça se gagne. Est-ce qu’on veut, nous, les femmes, en gagner ou pas ? Il faut le savoir, c’est tout. C’est simple. Un homme ne laissera jamais sa place. (...) Si on veut le pouvoir, on y va. »

    #femmes #vocation #agriculture #reconnaissance #émancipation #injustice_sociale #luttes #cohabitation #travail #agricultrices #Jeunesse_agricole_catholique (#JAC) #profession #identité_professionnelle #existence_sociale #paysannerie #mai_68 #paysannes #paysans-travailleurs #permis_de_conduire #histoire #féminisme #indépendance_financière #statut #droits_sociaux #droits #congé_maternité #clandestinité_sociale #patriarcat #égalité_des_droits #sexisme_ordinaire
    #film #film_documentaire #documentaire

  • Première version d’un texte débutant par une critique de Lordon. Commentaires bienvenus !

    Vers un socle de subsistance

    Sous le nom de « salaire à vie » ou bien de « revenu de base », des propositions politiques entendent libérer l’individu de la servitude au marché de l’emploi. Les justifications à ces propositions sont diverses mais il nous semble qu’elles conduisent toutes à des bizarreries.

    Prenons comme exemple la proposition de « garantie économique générale » de Lordon, dans l’article « La transition dans la transition » paru en 2020 (1).

    Lordon défend sous ce terme les mêmes propositions que Bernard Friot sous l’expression de « salaire à vie ».
    Passons, dans un premier temps, sur le fait que Lordon défend l’argent et le marché comme ne devant pas être abolis, au motif qu’ils seraient les seuls moyens d’organiser le minimum de division du travail encore nécessaire dans une société communiste.

    Le salaire à vie, nous dit l’auteur, « délivre de toute obligation d’aller s’insérer dans la division du travail sous l’impératif reproductif de l’emploi ». Dès lors, « la question se pose notamment de savoir comment pourvoir les places à faire tenir dont personne ne voudra ».
    Les problèmes de pénuries et de désorganisations matérielles étant les pires ennemis de la révolution, « il faudra envisager une période transitoire (...) qui « gèlera » temporairement les assignations présentes à ces segments « indispensables » de la division du travail ». Dès lors comment différencier la période de transition de la marche normale du capitalisme ?

    Cette « assignation obligatoire » et transitoire à ne pas pouvoir quitter son emploi, est faite « au nom des nécessités de la division du travail, c’est-à-dire des intérêts de tous : il doit alors y avoir une contrepartie spéciale ». A savoir, nous dit Lordon, un salaire plus élevé.

    Mais qu’est-ce que cette « garantie économique générale », qui oblige -en période de transition- certains individus à tenir certains postes, en lieu et place de « la double tyrannie de la valeur d’échange et de l’emploi capitaliste » dans un monde où il y a toujours des salaires, et donc toujours des marchandises à acheter ? Certains devront absolument garder leur emploi pour que d’autres puissent refuser le leur sans crainte (la fameuse garantie), pour que ce soit le cas pour tout le monde, mais plus tard (la fameuse transition). On n’y comprend pas grand chose, si ce n’est que cette « garantie économique générale » est avant tout du pur verbiage. Prévoir et légitimer, comme le fait Lordon, l’obligation « transitoire » des gens à travailler pour une garantie générale en dit long sur le potentiel politique d’une telle proposition.

    Les incohérences qui en découlent devraient démontrer par l’absurde que les postulats de départ sont à reconsidérer.

    Un des ces postulats est à mon avis la nécessité d’imaginer une alternative générale au capitalisme, imposant d’élaborer une proposition située à un même niveau d’abstraction. D’où les problématiques de division de travail, par exemple, comme si les révolutionnaires devaient obligatoirement prendre en charge l’intégralité de la production capitaliste. La proposition de restreindre la question à la « subsistance » est une tentative pour gagner en concrétude et ne pas prendre le problème par n’importe quel bout. La question alimentaire et agricole est en la matière centrale. Nous y reviendront plus loin.

    J’aurais plutôt envie de questionner la notion même de « garantie ». Sous prétexte que le capitalisme précarise les gens en les soumettant au règne de la valeur marchande, le communisme a-t-il pour but de délivrer l’individu de l’inquiétude de la subsistance et de lui garantir « la plus grande tranquillité matérielle sur toute la vie », comme le dit Lordon (2) ? On le voit, dans le raisonnement absurde de Lordon à propos de la « transition », cette garantie est difficile à concevoir sans de puissants mécanismes de coercition, sinon d’obligation sociale. Il est en effet difficile de vouloir ne pas s’occuper des choses importantes de la vie, sans que d’autres s’en occupent par ailleurs. Et comme il y a des chances que cela ne se fasse pas de façon spontanée, Lordon n’hésite pas à substituer au marché capitaliste de l’emploi des propositions de « transition » aussi bizarres que rédhibitoires pour boucler logiquement un système politique bancal à la base.

    En fait, le communisme ne ressemble certainement pas à une vie de retraité généralisée à tous, comme le laisse entendre Friot, mais plutôt à une vie sociale où les moyens de subsistance essentiels ne sont jamais très loin de tout un chacun. Aussi bien en tant que consommateur qu’en tant que producteur. Si garantie il y a, elle relève bien plus de l’existence de cette « proximité » matérielle et sociale d’un tel socle de subsistance, que de l’abstraction d’un salaire à vie, gros d’une logique d’irresponsabilité à tous les niveaux. Irresponsabilité du consommateur qui en veut pour son argent, irresponsabilité du producteur qui -sans la contrainte capitaliste- a intérêt à en faire le moins possible, irresponsabilité du planificateur qui dispose d’un accès privilégié aux ressources en cas de pénurie.

    En la matière, la façon de produire sa nourriture de façon non-marchande est une source d’inspiration essentielle. Dès lors que des personnes participent sans coercition, dès à présent, au fait de se nourrir et de nourrir les autres, on visualise beaucoup mieux de quoi sera faite une « garantie non-économique générale », qui se passerait du marché de l’emploi capitaliste. L’abolition complète de l’argent et du marché n’est sans doute pas un préalable à cela, mais plutôt une conséquence logique d’une organisation se concentrant sur l’accès à tous aux biens essentiels. Refuser l’économie capitaliste n’impose peut-être pas, en effet, d’abolir l’argent et le marché. Par contre, dès lors que le société s’organise autour de l’accès de tous à la subsistance et à la sa production, nous ne sommes plus dans le cadre d’une société marchande faite de producteurs séparés, et que seule la monnaie ou un autre équivalent général permet de relier. Précisément, comme l’a montré André Orléan, pour des producteurs isolés, l’accès à la monnaie est une question existentielle (3). La valeur abstraite est ce qui caractérise les relations marchandes, comme ce qui motive au plus profond les sujets économiques parce qu’il y va de leur existence même.

    Dès lors, soit on accepte la société marchande dans son principe, et il faut donc accepter que la précarité de l’existence passe par l’accès à la monnaie. Soit on refuse cette forme de précarité comme fondement sociétal, mais alors on ne peut pas rester en société marchande. Il faut inventer autre chose.

    Les propositions du salaire à vie ou de garantie économique générale sont présentées comme l’aboutissement d’une transition post-capitaliste. Au contraire, ne sont-elles pas essentiellement, de même que celles du revenu de base, des solutions précaires et transitoires, qui permettent à une partie de la population de s’extirper du marché de l’emploi, afin de transiter vers des formes de société non-marchandes ?

    Par delà l’actualité contemporaine, gros d’inquiétudes quant à la pérennité de la vie quand diverses limites planétaires physiques sont déjà dépassées, l’existence est précaire et l’a toujours été. En déléguant à un petit nombre d’acteurs la production des biens essentiels, disposant dans les étals de quantités de denrées injustement bon marché, une partie privilégiée du monde a peut-être être eu le sentiment que son existence était garantie. A l’inverse, faire pousser ses propres légumes, s’occuper concrètement de quoi l’on tire sa subsistance, que l’on soit amateur ou professionnel, en bio ou pas, c’est toujours se confronter à maints incertitudes d’un monde non-humain, qu’il s’agisse du climat, des maladies ou des ravageurs.

    Est-ce un privilège que de ne pas être relié à ce monde vivant-là, de ne pas y être un minimum immergé ? Pour la majeure partie de la population, pour qui l’accès à une alimentation saine en quantité suffisante est devenu impossible, cela pourrait bien apparaître comme la question essentielle. Notre objectif n’est plus d’obtenir de l’argent indépendamment d’un emploi, mais de mettre en place un accès inconditionnel à un socle de subsistance. En nature, et non en valeur monétaire. Et de plus, cet accès doit impérativement être couplé à un accès, tout aussi inconditionnel, à son mode de production (4).

    Dès lors, l’accès inconditionnel à un socle de subsistance et à sa production devient une revendication concrète et précise : il s’agit d’accéder aux terres agricoles autour des villes et au-delà, à des savoirs-faire, des moyens matériels, ce qui demande une autre organisation de l’espace compatible avec cet accès, soit une abolition de la distinction entre ville et campagne (5). C’est dans cette optique que le temps arraché au marché de l’emploi a un sens, et c’est dans les marges de l’emploi, et non au centre (6), que s’expérimentent les balbutiements d’un socle de subsistance. C’est d’ailleurs assez logique : comment espérer une validation marchande de pratiques non-marchandes, quand l’économie verrouille toutes les initiatives en vue de prendre soin du vivant ?

    C’est ce mouvement vers une réappropriation de la production alimentaire, par tout un chacun, qui nous paraît constituer un chemin désirable, cohérent, possible.

    Ce socle ne reposera pas uniquement sur une autarcie alimentaire locale (7). Celui-ci devant être articulé avec un fonds commun de réserves et de ressources de sécurité en cas d’urgence. C’est ce que l’on pourrait appeler une cotisation sociale en nature, pour une distribution de l’aide également en nature suivant les besoins. Les institutions existantes de sécurité sociale pourraient donc être une source d’inspiration, non pas pour en étendre le fonctionnement, mais pour le transformer sous une forme pertinente pour notre époque. Il est temps de réfléchir et débattre de la nature marchande, et pas seulement capitaliste, de notre société.

    (1) https://blog.mondediplo.net/transition-dans-la-transition

    (2) https://blog.mondediplo.net/ouvertures

    (3) Monnaie, séparation marchande et rapport salarial, 2006
    http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf

    (4) C’est par exemple l’objectif des non-marchés de l’association le Jardin de Kodu, inspiré de _Bolo’bolo écrit en 1983. https://kodu.ouvaton.org/?NonMarches http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/bolo.html

    (5) Pour approfondir cette question, on lira le passionnant article de Jasper Bernes, "Le ventre de la révolution : L’agriculture, l’énergie, et l’avenir du communisme – Jasper Bernes", 2020
    https://choublanceditions.noblogs.org/post/2022/01/13/le-ventre-de-la-revolution-lagriculture-lenergie-et-laven

    (6) Nous partageons ici pleinement les constats faits dans le livre Reprendre la terre aux machines de l’Atelier paysan (2021) de l’impasse de l’agriculture labellisée bio, en tant qu’alternative à l’intérieur de l’économie de marché, intrinsèquement incapable de nourrir toute la population et laissant s’installer une agriculture duale (une chimique pour la majeure partie de la population, une autre plus saine pour ceux qui un pouvoir d’achat suffisant). Pour des raisons économiques, la situation restera bloquée : il ne sera pas possible de sortir de l’agriculture industrielle et chimique dans ce monde marchand. Cependant, les auteurs n’imaginent pas d’autre porte de sortie qu’une captation de la valeur économique par les agriculteurs (au détriment des industries agro-alimentaire et de la distribution), par le biais d’une nouvelle sécurité sociale alimentaire, qui serait une nouvelle branche de la sécurité sociale, à financer par de nouvelles cotisations sociales (proposition directement inspirée de celle du salaire à vie de Friot et Lordon).

    (7) On sait que les flux, en matière alimentaire, sont actuellement totalement irrationnels quels qu’en soient les critères (ils sont rationnels d’un point de vue économique cependant, bien entendu, sans quoi ils n’existeraient pas). Même si chaque territoire a ses caractéristiques propre qui l’amène à s’orienter vers certaines cultures spécifiques, cela ne justifie aucunement le fait que, en France par exemple, n’importe quel territoire autour d’une ville donné alimente à 95 % celui des autres villes.

    #Lordon #Friot #post-capitalisme #post-monétaire #agriculture #subsistance #BoloBolo

  • La terre de Chamarges raclée jusqu’à l’os
    https://ricochets.cc/La-terre-de-Chamarges-raclee-jusqu-a-l-os.html

    « La fenêtre d’opportunité se referme rapidement pour offrir un avenir durable et vivable pour toustes » GIEC 2023. Et pourtant, la terre de Chamarges a été raclée jusqu’à l’os... La vue de cette terre déserte aujourd’hui est désolante... Sauf pour les dirigeants de la Comcom qui suivent leur plan d’aménagement, quoi qu’il en coûte, sans jamais avoir pris le temps d’écouter les motivations de celles et ceux qui demandaient un moratoire pour réfléchir avant la destruction irréversible de terres fertiles... Nous (...) #Les_Articles

    / #Die, #CCD, #Agriculture, #Ecologie

  • La Région AuRA réduit les aides à l’installation agricole, à rebour des annonces et nécessités
    https://ricochets.cc/La-Region-AuRA-reduit-les-aides-a-l-installation-agricole-a-rebour-des-ann

    Au delà des blabla communicationnels en mode novlangue et des plaquettes colorées à la gloire de AuRA et de son président, la réalité est que la région Auvergne-Rhône-Alpes dézingue les possibilités d’installation agricole. S’agit-il de favoriser l’aggrandissement des gros et l’agro-industrie ? Alors que de nombreux.ses agricultrices et agriculteurs vont partir à la retraite et qu’on besoin de très nombreux.ses paysannes/paysans, la région de Wauquiez persiste à favoriser une voie désastreuse à tout point de (...) #Les_Articles

    / #Agriculture

  • Riprendiamoci il cibo !

    Sovranità e democrazia alimentare: la ricerca di diversità dal seme alla tavola.

    Il cibo è una scelta, non solo quando si va a far la spesa. Attraverso le nostre azioni di cittadini e le nostre scelte agro-alimentari, infatti, possiamo decidere insieme ai contadini che cosa e come seminare e coltivare e – alla fine della filiera – che cosa portare in tavola.

    Questo libro spiega i concetti di sovranità alimentare e di democrazia alimentare raccontando le buone pratiche e le reti già esistenti in Italia e non solo: dalle CSA – le comunità di sostegno all’agricoltura che mettono in relazione diretta tra gli agricoltori e la comunità locale -, ai PGS – il Sistema di Garanzia Partecipata territoriale che certifica in modo collaborativo i prodotti e le pratiche agricole-. Fino alle FoodCoop – i supermercati collettivi – e ai Gruppi d’acquisto solidale.

    Per ribadire che il cibo – from fark to fork, dalla terra alla tavola – è (anche) una questione politica, di giustizia sociale e alimentare.

    Un libro essenziale per capire il rapporto tra agricoltura e cibo oggi e che si rivolge non solo a singoli lettori, ma alle organizzazioni della società civile e alle amministrazioni locali.

    https://altreconomia.it/prodotto/riprendiamoci-il-cibo
    #alimentation #souveraineté_alimentaire #démocratie_alimentaire #livre #justice_sociale #justice_alimentaire #agriculture

  • #Die : la marche pour la terre s’est heurtée à un mur
    https://ricochets.cc/Die-la-marche-pour-la-terre-s-est-heurtee-a-un-mur.html

    Ce dimanche 18 juin, à l’appel de La Tulipe Sauvage et de la Confédération Paysanne, 400 personnes se sont retrouvées Place de la République à Die pour manifester leur opposition au projet d’aménagement de la Z.A. et défendre les terres fertiles de Chamarges. Des banderoles et pancartes ont été confectionnées sur place et après plusieurs prises de paroles, le cortège s’est élancé en direction de la Plaine de Chamarges dans une ambiance déterminée et joyeuse. Suivant l’itinéraire déclaré et validé par la (...) #Les_Articles

    / Die, #CCD, #Agriculture

  • #Die 18 juin : plus de 400 personnes ont manifesté pour les terres de Chamarges
    https://ricochets.cc/Die-plus-de-400-personnes-ont-manifeste-pour-la-terre.html

    Dimanche, plus de 400 personnes ont manifesté à Die pour la défense des terres agricoles à Chamarges et ailleurs, pour un avenir vivable. Après des prises de parole place de la Cathédrale, la manifestation est partie en direction de Chamarges. 400 citoyen·nes et paysan·nes 👩‍🌾👨‍🌾 étaient mobilisés ce dimanche 18 juin à Die 📢 400 citoyen·nes et paysan·nes 👩‍🌾👨‍🌾 étaient mobilisés ce dimanche 18 juin à Die à l’appel de la Confédération Paysanne de la Drôme et la Tulipe Sauvage pour la MARCHE POUR LA TERRE. Ils (...) #Les_Articles

    / #CCD, Die, #Agriculture, #Démocratie_locale, #Ecologie

    https://latulipesauvage.org/2023/06/14/marche-pour-la-terre
    https://blogs.mediapart.fr/nicolas-haeringer/blog/190623/renoncer-l-artificialisation-des-sols-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard

  • Nantes : l’agro-industrie chougne quand elle est égratignée
    https://ricochets.cc/Nantes-l-agro-industrie-chougne-quand-elle-est-egratignee.html

    Les partisans de l’agro-industrie poussent les hauts cris quand leur business chéri est légèrement attaqué, mais font silence radio sur tous leurs méfaits et sur les multiples conséquences néfastes de leurs activités. A Nantes comme ailleurs, l’agro-industrie doit disparaître avec les cendres du capitalisme. En Drôme, l’agro-industrie, c’est le maïs pour l’export sous un climat qui s’assèche, les pesticides pour les vignes et les vergers, les terres tuées par les systèmes intensifs, les subventions pour (...) #Les_Articles

    / #Agriculture, #Ecologie, #Luttes_sociales

  • #Die : ICI et MAINTENANT ! rdv 17-18 juin - Marche pour la terre
    https://ricochets.cc/Die-ICI-et-MAINTENANT-rdv-17-18-juin-Marche-pour-la-terre.html

    Alain Matheron, président de la Communauté de Communes du Diois, fait preuve de cynisme et d’irresponsabilité ! En « fêtant », lundi prochain à 18h à Chamarges, l’extension d’une économie aveugle et écocidaire, il donne en spectacle son mépris envers les écosystèmes riches et fertiles et envers les personnes qui les défendent. En fin de carrière politique, devant qui aura-t-il à répondre de ces actes ? Pour celleux qui veulent reprendre leur pouvoir pour stopper l’enfouissement de la terre sous des caveaux (...) #Les_Articles

    / Die, #Agriculture, #Ecologie

  • Terres de Chamarge : ville de #Die et #CCD ignorent copieusement les études qu’elles financent ?
    https://ricochets.cc/Terres-de-Chamarge-ville-de-Die-et-CCD-ignorent-copieusement-les-etudes-qu

    La Confédération paysanne Drôme faisait récemment le post suivant : 📢#Die / projet d’extension de la ZA de Chamarges La commune a conduit une étude avec l’École nationale supérieure du Paysage (Marseille) qui montre l’importance de préserver les terres de Chamarges ! 🧐Source : hhttps://www.mairie-die.fr/wp-content/uploads/2022/10/4-restitution-paysages-agricole-et-naturels-de-Die-Elise-Rouge-.pdf 🧐Extraits : "Le secteur de la zone artisanale de Chamarges fait également grand débat au sein de la (...) #Les_Articles

    / Die, CCD, #Agriculture, #Démocratie_locale

  • #Die : marche pour la terre dimanche 18 juin
    https://ricochets.cc/Die-marche-pour-la-terre-dimanche-18-juin.html

    MARCHE POUR LA TERRE

    DIMANCHE 18 JUIN · 15h

    Place de la République · Die

    On s’habille en feuilles, branches, argile... · Début des travaux prévus le 20 juin · Appel à toute personne concernée par le vivant

    · contre la bétonisation ·

    à venir occuper le terres fertiles de Chamarges jusqu’à l’abandon total

    du projet d’aménagement par la #CCD.

    Contre Matheron, Macron et leur monde !

    Nous sommes le ruisseau, les arbres, les champs qui se défendent. Pour une terre vivable, chaque hectare compte ! Bienvenu·e·s ZADie (...) #Les_Articles

    / CCD, Die, #Agriculture, #Ecologie

  • Agricultrices dans la solitude des champs d’oignons - imago mundi
    https://www.imagomundi.fr/article8.html

    Les inégalités entre sexes seraient apparues à l’avènement de l’agriculture et de la sédentarisation permanente des communautés, quand s’opéra une distinction très nette entre le rôle des femmes et celui des hommes dans tous les domaines de la vie sociale. Les hommes à la création et à la production, les femmes à la reproduction et au foyer [1]. Les femmes ont pourtant activement participé à la domestication des plantes qu’elles étudiaient, testaient, cueillaient, séchaient pour des usages aussi divers que l’alimentation, la médecine, la teinture, le textile ou la vannerie en des temps où il conviendrait de parler de jardinage plutôt que d’agriculture. L’invention de la charrue a par la suite enraciné, et pour longtemps, les discriminations envers les femmes. Enfin, la privatisation de la terre et les « révolutions vertes » ont concentré les moyens matériels et financiers essentiellement entre les mains des hommes. Au XXIe siècle, le statut des femmes exerçant une activité agricole a peu évolué ; à travers les époques et les aires géographiques leurs contributions restent peu reconnues.

    par Agnès Stienne, artiste cartographe

    #cartographie #art #agricultrices #inégalités_genrées #FAO #data

  • Lettre ouverte à M.Matheron, président de la communauté de commune du Diois
    https://ricochets.cc/Lettre-ouverte-a-M-Matheron-president-de-la-communaute-de-commune-du-Diois

    Lettre ouverte à M.Matheron, président de la communauté de commune du Diois Monsieur Matheron, Il y a peu, vous avez publié par voie de presse un communiqué s’intitulant « Die : Zone Artisanale de CHAMARGES : les élus.es vous donnent rendez-vous ! » (Voir le communiqué à la suite de mon courrier, relayé notamment par le Média Citoyen Diois, média de propagande au service de la communauté de commune). A la lecture du titre, j’avoue avoir été enthousiaste et de me dire que vous proposiez un rdv ouvert à tous (...) #Les_Articles

    / #Démocratie_locale, #Agriculture, #Ecologie

  • La pollution généralisée contamine aussi les aliments bio, partout
    https://ricochets.cc/La-pollution-generalisee-contamine-aussi-les-aliments-bio-partout.html

    Celleux qui pensaient être préservé.es de la chimie toxique en mangeant bio et en buvant de l’eau « contrôlée » vont déchanter. Les multiples pollutions/poisons (et notamment les pesticides) utilisés massivement par la civilisation industrielle, et l’agro-industrie française tout particulièrement, se diffusent partout au fil du temps, transportés par l’air et l’eau. Et leurs résidus persistants sont dangereux également, et l’effet cocktail est là pour rappeler la dangerosité de ces produits même à faible (...) #Les_Articles

    / #Agriculture, #La_civilisation,_la_civilisation_industrielle

    https://reporterre.net/Les-sols-massivement-contamines-aux-pesticides

  • Sous le soleil de l’#Andalousie, misères et #racisme dans les #bidonvilles

    https://i.imgur.com/tzhNMT7.png

    #Palos_de_la_Frontera, Espagne, mai 2023. Pour les uns, l’origine de l’incendie est accidentelle : une marmite oubliée sur un réchaud aurait mis le feu. Pour les autres, comme Adama* qui se fait régulièrement traiter de « sale nègre », elle est criminelle, elle serait l’œuvre « des racistes ».

    « Les Espagnols veulent qu’on retourne en Afrique – ils nous le disent –, alors ils brûlent nos #chabolas [abris de fortune – ndlr]. Ce n’est ni la première fois, ni la dernière », assure le jeune homme, en montrant du doigt l’étendue du désastre : une grande partie du bidonville où il vivote dans la zone industrielle de Palos de Frontera dans la région de Huelva, dans le sud de l’Espagne, au cœur du « potager de l’Europe », a été ravagée par les flammes le 13 mai. Heureusement, il n’y a eu cette fois ni blessés, ni morts brûlés vifs.

    Des cabanes ont échappé au drame, celles qui se trouvent de l’autre côté des talus et de la végétation calcinée. C’est là que les victimes se rabattent pour reconstruire un nouveau toit précaire. « Il ne faut pas perdre de temps, sinon c’est la rue qui nous attend », dit Adama.

    Dans ce #campement insalubre, sans eau ni électricité, ni installations sanitaires, où « on crève de froid l’hiver, de chaud l’été », des dizaines de travailleurs et travailleuses survivent dans des conditions indignes au milieu des ordures et des chiens errants. Des Africains subsahariens et des Marocaines sans papiers principalement, employées à récolter, dans les champs et les serres alentour, les fruits et les légumes de l’agriculture intensive qui alimentent l’Europe en poussant sur la misère.

    Parfois, une ONG passe avec son camion, comme cet après-midi de mai durant lequel la Croix-Rouge distribue des sacs de couchage. Souvent, des activistes espagnol·es révolté·es de voir « un tel bidonville en Europe, dans une démocratie », apportent un peu d’aide, de réconfort, matériel, administratif.

    « Je vais t’aider à déposer une demande de régularisation. Normalement, après trois ans de résidence en Espagne, tu peux demander un permis de travail. » Aujourd’hui, c’est une institutrice à la retraite, reconvertie dans le journalisme citoyen, qui s’arrête. Elle prépare un article pour dénoncer « l’indignité des autorités espagnoles » : « D’incendies criminels en démolitions officielles, elles ne font rien pour les reloger dignement. État et collectivités locales se renvoient la responsabilité. »

    Elle salue une militante qui a épousé un exilé avant de divorcer quelques mois après, en apprenant qu’il avait une femme au pays. Chacune vadrouille avec sa petite voiture. Autour, des champs de fraises, un océan de plastique à perte de vue.

    Adama a « tout perdu » pour la sixième fois en quelques années. Il épandait des pesticides dans un champ de fruits rouges quand le bidonville a brûlé. Une pensée l’obsède depuis : aurait-il pu sauver sa cabane s’il avait répondu à l’appel téléphonique de Moussa* qui cherchait à le prévenir, quitte à perdre son contrat de travail, inespéré, de quelques jours ?

    Il sait bien que non, pourtant. Une étincelle suffit à embraser leurs habitations faites de bric et de broc, avec des matériaux hautement inflammables : des palettes en bois, des plastiques (souvent les bâches des serres), des cartons, des tôles.

    Chaque jour, plusieurs fois par jour, il faut marcher – ou prendre le vélo, une richesse quand on en possède un –, pour aller à plusieurs kilomètres se ravitailler en eau, remplir les bidons de plastique.

    Adama, la quarantaine, vient de Bamako au Mali, où une famille, des enfants, des frères, des sœurs attendent qu’il les nourrisse. Il a d’abord séjourné en Italie puis en France mais « il n’y avait pas de travail ». Il a fini en Andalousie en Espagne et il pense que « l’enfer est ici ». Depuis 2019, il vit dans le bidonville, alternant chômage et travail au noir.

    Au prix de 2 euros la palette, la nouvelle maison va lui coûter une bonne centaine d’euros. Il n’avance pas aussi vite qu’il le voudrait. Il raconte, en enfonçant les clous, qu’aucun propriétaire ne veut leur louer un logement, ni même une chambre, « parce qu’[ils sont] des Noirs et des Arabes, même s[’ils ont] des papiers ».

    ll vit avec Noura*. Ils sont ensemble mais il ne le dit pas. C’est elle qui le dit. Elle débarque, un sac de viande surgelée à la main, vêtue d’un pyjama sale et troué, la chevelure hirsute. Elle rêve qu’Adama, qui a une épouse au Mali, la demande en mariage, mais il ne veut pas.

    Cela ne la dérange pas d’être sa deuxième femme : « Il me protège. C’est très dur d’être une femme dans le bidonville. On force celles qui sont seules à la prostitution, on les agresse sexuellement, on les viole. » Elle n’a rien dit de leur union à sa famille au Maroc : « Épouser un homme noir, c’est mal vu, dégradant, à cause du racisme, de la négrophobie. Mais pas ici, au contraire, on préfère fréquenter des Noirs, car ils ne prennent pas notre salaire comme les Marocains. »

    Là-bas, à Midlet, explique-t-elle, elle a divorcé d’un mari violent qui la battait à la ceinture. Ils ont eu ensemble deux enfants qu’elle n’a pas vus depuis quatre ans. Un jour, elle a appris qu’elle pouvait être recrutée pour la récolte des fraises en Espagne dans le cadre de l’accord de migration circulaire entre les deux pays (lire ici notre reportage). Elle a postulé. Au lieu de rentrer une fois la cueillette terminée, elle est restée, basculant dans l’illégalité.

    Un généreux donateur a laissé des matelas au bord de la route. Premiers arrivés, premiers servis. Malika retrouve le sourire. La nuit passée, elle a dormi à même la pierraille. Si au Maroc la famille connaissait ses conditions de vie et d’hébergement, elle lui demanderait de rentrer aussitôt, confie-t-elle. « C’est la honte de vivre ainsi comme des animaux. »

    Elle est originaire de Marrakech, ses deux enfants en bas âge sont restés avec ses parents. Quant à son mari, il a sombré dans l’alcoolisme et n’a « jamais ramené un sou à la maison ». Il ne lui manque pas. Ses enfants, en revanche, si, « énormément ».

    « C’est la pire des douleurs, être arrachée à ses enfants. Je les appelle tous les jours et je les pleure toutes les nuits. » Elle aimerait retourner au pays mais compte tenu de sa situation administrative irrégulière, elle craint de ne plus pouvoir remettre les pieds en Espagne. « C’est quand même notre gagne-pain. Nous n’avons pas d’avenir au Maroc. »

    L’illusion d’un confort tient à peu, à une cabane marquée « salle de bains » qui, une fois la porte entrouverte, consiste en un stockage de bidons d’eau avec lesquels on peut se laver en toute intimité.

    « Cette année, il y a beaucoup moins de travail à cause de la sécheresse. Si ça continue ainsi, on court vers la catastrophe. »

    Le coin détente d’une cabane aménagée en restaurant.

    « Ce n’est pas une vie, convient Houria*, mais que peut-on faire ? Retourner au Maroc ? Jamais. Notre pays est riche mais l’État est voleur. »

    Au lendemain de l’incendie qui a détruit une partie du campement. Les bidonvilles se concentrent dans le poumon agricole de la région de Huelva, dans les villes de Palos de la Frontera, Lepe, Moguer et Lucena del Puerto, une des régions où le parti d’extrême droite fait ses plus gros scores. Les associations de soutien aux exilé·es en dénombrent plus d’une quarantaine, abritant plusieurs milliers de migrant·es.

    La cabane de Fatema* est partie en fumée. Elle erre avec sa copine d’infortune dans le bidonville, à la recherche d’un homme qui les aiderait à reconstruire un toit.

    Elle n’est pas arrivée en Espagne avec « un contrat en origine » comme tant de Marocaines pour la saison des fraises. Elle a traversé le détroit de Gibraltar dans une patera arrivée à bon port, ces embarcations de fortune qui coulent en mer et coûtent la vie, par milliers, à des migrant·es, chaque année.

    Elle travaille souvent la nuit tombée : « Comme on est des sans-papiers, les patrons nous font travailler la nuit pour échapper aux inspections. On ramasse les fraises avec une lampe frontale. »

    Baba* travaillait dans le garage informel qui avait prospéré à l’entrée du bidonville. Une vie dans l’illégalité. Aujourd’hui, il aide à reconstruire le restaurant de son compatriote sénégalais, le lieu où les exilés aimaient se retrouver après une journée de labeur ou de chômage. Nombre d’entre eux noient détresse et problèmes dans l’alcool ou la drogue.

    Baba aurait préféré rebâtir sur les cendres près de la route, mais les tractopelles de la municipalité ont soulevé la terre et formé des montagnes pour empêcher toute nouvelle édification. « Ils veulent nous éloigner, nous tenir à distance, sous la pression des patrons des entreprises du coin et de la population. Nous sommes des rats pour eux. »

    Les prénoms suivis d’un astérisque sont des prénoms d’emprunt, à la demande des personnes interrogées.

    https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/sous-le-soleil-de-l-andalousie-miseres-et-racisme-dans-les-bidonvilles
    #Espagne #industrie_agro-alimentaire #photographie #migrations #exploitations #travail #agriculture #conditions_de_travail
    #racisme

  • Zahra, morte pour quelques #fraises espagnoles

    Le 1er mai, un bus s’est renversé dans la région de #Huelva, au sud de l’Espagne. À son bord, des ouvrières agricoles marocaines qui se rendaient au travail, dont l’une a perdu la vie. Mediapart est allé à la rencontre des rescapées, qui dénoncent des conditions de travail infernales.
    Aïcha* s’installe péniblement à la table, en jetant un œil derrière le rideau. « Si le patron apprend qu’on a rencontré une journaliste, on sera expulsées et interdites de travailler en Espagne. On a peur qu’un mouchard nous ait suivies, on est sous surveillance permanente. »

    Aïcha sait le risque qu’elle encourt en témoignant, même à visage couvert, sous un prénom d’emprunt. Mais elle y tient, pour honorer Zahra. Foulard assorti à sa djellaba, elle est venue clandestinement au point de rendez-vous avec Farida* et Hanane*, elles aussi décidées à parler de Zahra. « Elle était comme notre sœur. » Deux images les hantent.

    Sur la première, la plus ancienne, Zahra sourit, visage net, rond, plein de vie, lèvres maquillées de rouge, regard foncé au khôl. Sur la seconde, elle gît devant la tôle pliée dans la campagne andalouse, corps flou, cœur à l’arrêt. « Elle avait maigri à force de travailler, on ne la reconnaissait plus. Allah y rahmo [« Que Dieu lui accorde sa miséricorde » – ndlr] », souffle Aïcha en essuyant ses larmes avec son voile.

    Zahra est morte juste avant le lever du soleil, en allant au travail, le 1er mai 2023, le jour de la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs. Elle mangeait un yaourt en apprenant des mots d’espagnol, à côté de Malika* qui écoutait le Coran sur son smartphone, quand, à 6 h 25, le bus qui les transportait sans ceinture de sécurité s’est renversé.

    Elles étaient une trentaine d’ouvrières marocaines, en route pour la « finca », la ferme où elles cueillent sans relâche, à la main, les fraises du géant espagnol Surexport, l’un des premiers producteurs et exportateurs européens, détenu par le fonds d’investissement Alantra. Le chauffeur roulait vite, au-dessus de la limite autorisée, dans un épais brouillard. Il a été blessé légèrement.

    Zahra est morte sur le coup, dans son survêtement de saisonnière, avec son sac banane autour de la taille, au kilomètre 16 de l’autoroute A484, à une cinquantaine de kilomètres de Huelva, en Andalousie, à l’extrême sud de l’Espagne, près de la frontière portugaise. Au cœur d’une des parcelles les plus rentables du « potager de l’Europe » : celle qui produit 90 % de la récolte européenne de fraises, « l’or rouge » que l’on retrouve en hiver sur nos étals, même quand ce n’est pas la saison, au prix d’un désastre environnemental et social.

    Cet « or rouge », qui génère plusieurs centaines de millions d’euros par an, et emploie, d’après l’organisation patronale Freshuelva, 100 000 personnes, représente près de 8 % du PIB de l’Andalousie, l’une des régions les plus pauvres d’Espagne et d’Europe. Et il repose sur une variable d’ajustement : une main-d’œuvre étrangère saisonnière ultraflexible, prise dans un système où les abus et les violations de droits humains sont multiples.

    Corvéable à merci, cette main-d’œuvre « bon marché » n’a cessé de se féminiser au cours des deux dernières décennies, les travailleuses remplaçant les travailleurs sous les serres qui s’étendent à perte de vue, au milieu des bougainvilliers et des pins parasols. Un océan de plastique blanc arrosé de produits toxiques : des pesticides, des fongicides, des insecticides...

    À l’aube des années 2000, elles étaient polonaises, puis roumaines et bulgares. Elles sont aujourd’hui majoritairement marocaines, depuis le premier accord entre l’Espagne, l’ancien colonisateur, et le Maroc, l’ancien colonisé, lorsqu’en 2006 la ville espagnole de Cartaya a signé avec l’Anapec, l’agence pour l’emploi marocaine, une convention bilatérale de « gestion intégrale de l’immigration saisonnière » dans la province de Huelva.

    Une migration circulaire, dans les clous de la politique migratoire sécuritaire de Bruxelles, basée sur une obligation contractuelle, celle de retourner au pays, et sur le genre : l’import à moindre frais et temporairement (de trois à neuf mois) de femmes pour exporter des fraises.

    Le recrutement se fait directement au Maroc, par les organisations patronales espagnoles, avec l’aide des autorités marocaines, des gouverneurs locaux, dans des zones principalement rurales. Ce n’est pas sans rappeler Félix Mora, cet ancien militaire de l’armée française, surnommé « le négrier des Houillères », qui sillonnait dans les années 1960 et 1970 les villages du sud marocain en quête d’hommes réduits à leurs muscles pour trimer dans les mines de la France, l’autre ancienne puissance coloniale.

    Même état d’esprit soixante ans plus tard. L’Espagne recherche en Afrique du Nord une force de travail qui déploie des « mains délicates », des « doigts de fée », comme l’a montré dans ses travaux la géographe Chadia Arab, qui a visibilisé ces « Dames de fraises », clés de rentabilité d’une industrie agro-alimentaire climaticide, abreuvée de subventions européennes.

    Elle recherche des « doigts de fée » très précis. Ceux de femmes entre 25 et 45 ans, pauvres, précaires, analphabètes, mères d’au moins un enfant de moins de 18 ans, idéalement célibataires, divorcées, veuves. Des femmes parmi les plus vulnérables, en position de faiblesse face à d’éventuels abus et violences.

    Zahra avait le profil type. Elle est morte à 40 ans. Loin de ses cinq enfants, âgés de 6 à 21 ans, qu’elle appelait chaque jour. Loin de la maison de fortune, à Essaouira, sur la côte atlantique du Maroc, où après des mois d’absence, elle allait bientôt rentrer, la récolte et le « contratación en origen », le « contrat en origine », touchant à leur fin.

    C’est ce qui la maintenait debout lorsque ses mains saignaient, que le mal de dos la pliait de douleur, lorsque les cris des chefs la pressaient d’être encore plus productive, lorsque le malaise menaçait sous l’effet de la chaleur suffocante des serres.

    L’autocar jusqu’à Tarifa. Puis le ferry jusqu’à Tanger. Puis l’autocar jusqu’au bercail : Zahra allait revenir au pays la valise pleine de cadeaux et avec plusieurs centaines d’euros sur le compte bancaire, de quoi sauver le foyer d’une misère aggravée par l’inflation, nourrir les proches, le premier cercle et au-delà.

    Pour rempiler la saison suivante, être rappelée, ne pas être placée sur « la liste noire », la hantise de toutes, elle a été docile. Elle ne s’est jamais plainte des conditions de travail, des entorses au contrat, à la convention collective.

    Elle l’avait voulu, ce boulot, forte de son expérience dans les oliveraies et les plantations d’arganiers de sa région, même si le vertige et la peur de l’inconnu l’avaient saisie la toute première fois. Il avait fallu convaincre les hommes de la famille de la laisser voyager de l’autre côté de la Méditerranée, elle, une femme seule, mère de cinq enfants, ne sachant ni lire ni écrire, ne parlant pas un mot d’espagnol. Une nécessité économique mais aussi, sans en avoir conscience au départ, une émancipation, par le travail et le salaire, du joug patriarcal, de son mari, dont elle se disait séparée.

    Et un certain statut social : « On nous regarde différemment quand on revient. Moi, je ne suis plus la divorcée au ban de la société, associée à la prostituée. Je suis capable de ramener de l’argent comme les hommes, même beaucoup plus qu’eux », assure fièrement Aïcha.

    Elle est « répétitrice » depuis cinq ans, c’est-à-dire rappelée à chaque campagne agricole. Elle gagne de 1 000 à 3 000 euros selon la durée du contrat, une somme inespérée pour survivre, améliorer le quotidien, acheter une machine à laver, payer une opération médicale, économiser pour un jour, peut-être, accéder à l’impossible : la propriété.

    Cette saison ne sera pas la plus rémunératrice. « Il y a moins de fraises à ramasser », à cause de la sécheresse historique qui frappe l’Espagne, tout particulièrement cette région qui paie les conséquences de décennies d’extraction d’eau pour alimenter la culture intensive de la fraise et d’essor anarchique d’exploitations illégales ou irriguées au moyen de puits illégaux.

    Au point de plonger dans un état critique la réserve naturelle de Doñana, cernée par les serres, l’une des zones humides les plus importantes d’Europe, classée à l’Unesco. Le sujet, explosif, est devenu une polémique européenne et l’un des enjeux des élections locales qui se tiennent dimanche 28 mai en Espagne.

    « S’il n’y a plus d’eau, il n’y aura plus de fraises et on n’aura plus de travail », s’alarme Aïcha. Elle ne se relève pas de la perte de son amie Zahra, seule passagère du bus à avoir rencontré la mort, ce 1er mai si symbolique, jour férié et chômé en Espagne, où l’on a manifesté en appelant à « augmenter les salaires, baisser les prix, partager les bénéfices ». Les autres ouvrières ont été blessées à des degrés divers.

    Trois semaines plus tard, elles accusent le coup, isolées du monde, dans la promiscuité de leur logement à San Juan del Puerto, une ancienne auberge où elles sont hébergées, moyennant une retenue sur leur salaire, par l’entreprise Surexport, qui n’a pas répondu à nos sollicitations. Privées d’intimité, elles se partagent les chambres à plusieurs. La majorité des femmes accidentées est de retour, à l’exception des cas les plus graves, toujours hospitalisés.

    « Ils nous ont donné des béquilles et du paracétamol. Et maintenant, ils nous demandent de revenir travailler alors qu’on en est incapables, qu’on est encore sous le choc. Le médecin mandaté par l’entreprise a dit qu’on allait très bien, alors que certaines ont des fractures et qu’on met des couches à l’une d’entre nous qui n’arrive pas à se lever ! On a eu droit à un seul entretien avec une psychologue », raconte Aïcha en montrant la vidéo d’une camarade qui passe la serpillère appuyée sur une béquille.

    « On a perdu le sommeil », renchérit Hanane. Chaque nuit, elles revivent l’accident. Farida fait défiler « le chaos » sur son téléphone, les couvertures de survie, les cris, les douas (invocations à Allah), le sang. Elle somnolait quand le bus s’est couché. Quand elle a rouvert les yeux, elle était écrasée par plusieurs passagères. Elle s’est vue mourir, étouffée.

    Le trio montre ses blessures, des contusions, des entorses, un bassin luxé, un traumatisme cervical. Elles n’ont rien dit à la famille au Maroc, pour ne pas affoler leurs proches. Elles ne viennent pas du même coin. « Tu rencontres ici tout le pays. » Des filles des montagnes, des campagnes, des villes, de la capitale… Elles ont la trentaine, plusieurs enfants en bas âge restés avec la grand-mère ou les tantes, sont divorcées. Analphabètes, elles ne sont jamais allées à l’école.

    « Ici ou au bled, se désole Hanane en haussant les épaules, on est exploitées, mais il vaut mieux être esclave en Espagne. Au Maroc, je gagnais à l’usine moins de cinq euros par jour, ici, 40 euros par jour. » Elles affirment travailler, certaines journées, au-delà du cadre fixé par la convention collective de Huelva, qui prévoit environ 40 euros brut par jour pour 6 h 30 de travail, avec une journée de repos hebdomadaire. Sans être payées plus.

    Elles affirment aussi avoir droit à moins de trente minutes de pause quotidienne, « mal vivre, mal se nourrir, mal se soigner », du fait d’un système qui les contrôle dans tous les aspects de leur vie et les maintient « comme des prisonnières » à l’écart des centres urbains, distants de plusieurs kilomètres.

    Il faut traverser la région de Huelva en voiture pour mesurer l’ampleur de leur isolement. Le long des routes, des dizaines d’ouvrières marocaines, casquette sur leur voile coloré, seules ou à plusieurs, marchent des heures durant, en sandales ou en bottes de caoutchouc, faute de moyen de transport, pour atteindre une ville, un commerce. Certaines osent l’autostop. D’autres se retournent pour cacher leur visage à chaque passage de véhicule.

    Les hommes sont nombreux aussi. À pied mais surtout à vélo, plus rarement à trottinette. Originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, une grande partie d’entre eux est soumise à l’emploi illégal, qui cohabite avec « le contrat en origine », au rythme des récoltes de fruits et légumes. Dans les champs de fraises, ils sont affectés à l’épandage des pesticides, au démontage des serres, à l’arrachage des plastiques…

    « La liste des abus est interminable, surtout pendant les pics de production, quand il faut récolter, conditionner, encore plus vite », soupire Fatima Ezzohairy Eddriouch, présidente d’Amia, l’association des femmes migrantes en action. Elle vient de débarquer dans le local sombre, escortée de Jaira del Rosario Castillo, l’avocate qui représente la famille « très affectée » de Zahra au Maroc, une spécialiste du droit du travail.

    Aïcha, Hanane et Farida lui tombent dans les bras, heureuses de rencontrer en vrai « Fatima de TikTok », une épaule pour de nombreuses saisonnières qui se refilent son numéro de portable, tant elle ne vit que pour l’amélioration de leur sort, malgré « un climat d’omerta, de terreur ».

    Travail forcé ou non payé, y compris les jours fériés, les dimanches, heures supplémentaires non rémunérées, passeports confisqués par certains patrons, absence de repos, contrôles du rendement avec renvoi vers le Maroc si celui-ci est jugé insuffisant, absence de mesures de sécurité et de protection sur le lieu de travail, tromperie à l’embauche, harcèlement moral, violences sexuelles, racisme, xénophobie, logement indigne, accès aux soins de santé entravé… Fatima Ezzohairy Eddriouch est confrontée au « pire de l’humanité tous les jours ». Avant de nous rejoindre, elle aidait Rahma, qui s’est brisé le cou en cueillant les fraises : « Son employeur veut la licencier et refuse de prendre en charge les soins médicaux. »

    Elle-même a été saisonnière pendant plus de dix ans. Elle en avait 19 quand elle a quitté Moulay Bousselham, au Maroc, et rejoint Huelva. Elle doit sa « survie » à Manuel, un journalier andalou rencontré dans les champs devenu son époux. « Vingt-trois ans d’amour, ça aide à tenir », sourit-elle. Seule ombre au tableau : alors que sa famille a accueilli avec joie leur union, celle de son mari continue de la rejeter. « Le racisme est malheureusement très fort en Espagne. »

    Le 1er mai, Fatima Ezzohairy Eddriouch a été l’une des premières informées de la tragédie. Des travailleuses blessées l’ont sollicitée. Mais elle s’est heurtée aux murs de l’administration, de l’employeur : « Un accident mortel de bus qui transporte des ouvrières agricoles étrangères, le jour de la Fête des travailleurs, c’est une bombe à l’échelle locale et nationale. Heureusement pour le gouvernement et le patronat agricole, elles sont des immigrées légales, pas sans papiers. »

    Devant le logement de San Juan del Puerto, elle a découvert le portail cadenassé, une entrave à la liberté de circuler des ouvrières. Elle l’a dénoncée sur les réseaux sociaux. Et dans la presse, auprès du journaliste indépendant Perico Echevarria notamment, poil à gratter avec sa revue Mar de Onuba, seul média local à déranger un système agroalimentaire et migratoire qui broie des milliers de vies. Surexport a fini par faire sauter le verrou.

    « Elles ont été enfermées, interdites de parler à des associations, à la presse. Ce n’est pas tolérable », s’indigne encore la militante. Son regard s’arrête sur une des photos de Zahra. Celle où elle a basculé de vie à trépas. Elle n’était pas prête. Elle s’effondre. Cette fois, ce sont Aïcha, Hanane et Farida qui l’enlacent en claudiquant. Le corps de Zahra a été rapatrié, enterré dans un cimetière d’Essaouira.

    La presse, d’une rive à l’autre, spécule sur le montant des pensions et des indemnités que pourraient percevoir les proches de la défunte, selon le droit espagnol. « C’est indispensable de rendre justice à cette famille meurtrie à jamais, à défaut de pouvoir rendre la vie à Zahra », dit l’avocate. Aïcha, Hanane et Farida, elles, veulent qu’on retienne son visage souriant à travers l’Europe, en France, au Pays-Bas, en Belgique..., et qu’on l’associe à chaque barquette de fraises marquée « origine : Huelva (Espagne) ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270523/zahra-morte-pour-quelques-fraises-espagnoles
    #décès #Espagne #agriculture #exploitation #esclavage_moderne #migrations #travail #Maroc #agricultrices #femmes #conditions_de_travail #ouvrières_agricoles #Surexport #industrie_agro-alimentaire #Alantra #saisonniers #saisonnières #Andalousie #or_rouge #abus #féminisation #féminisation_du_travail #convention_bilatérale #Anapec #migration_circulaire #genre #violence #contrat_en_origine #contratación_en_origen #émancipation #sécheresse #eau #isolement #travail_forcé

    –—

    ajouté au fil de discussion sur la cueillette de fraises en Espagne :
    https://seenthis.net/messages/693859

  • #Die : ZADimanche 11 juin / le projet de z.a. n’est plus qu’une coquille de béton vide !
    https://ricochets.cc/Die-ZADimanche-11-juin-le-projet-de-z-a-n-est-plus-qu-une-coquille-de-beto

    ZADIMANCHE 11 JUIN / LE PROJET DE Z.A. N’EST PLUS QU’UNE COQUILLE DE BÉTON VIDE ! LANCEMENT DES TRAVAUX PROGRAMMÉ LE 20 JUIN ! POURTANT, NATEVA NE VEUT PLUS S’ÉTENDRE (voir texte ici) SUR LES TERRES DE CHAMARGES LE PROJET N’EST PLUS QU’UNE COQUILLE DE BÉTON VIDE. MAIS QUELQUES ÉLUS S’OBSTINENT !!! Au nom de la république et de la démocratie, Matheron appelle à un rassemblement pour poser la première pierre, le 19 juin à 18h. Devant cette bêtise pathétique et écocidaire, nous devons montrer que nous nous (...) #Les_Articles

    / #CCD, Die, #Agriculture, #Le_monde_de_L'Economie, #Ecologie

    https://mrmondialisation.org/victoire-un-geant-du-bio-renonce-a-setendre-sur-une-zone-agricole

  • Sainte-Soline : fuite en avant autoritaire et liberticide du gouvernement Macron soumis à l’agro-industrie
    https://ricochets.cc/Sainte-Soline-fuite-en-avant-autoritaire-et-liberticide-du-gouvernement-Ma

    IAATA publie deux textes d’analyse sur la bataille de Ste Soline. La guerre de l’eau a commencé il y a au moins 10 ans en France. 1. No Bassaran : comment la bataille de Sainte-Soline révèle la fuite en avant autoritaire et liberticide du gouvernement Macron et sa soumission à la toute-puissance agro-industrielle No Bassaran : comment la bataille de Sainte-Soline révèle la fuite en avant autoritaire et liberticide du gouvernement Macron et sa soumission à la toute-puissance agro-industrielle 1. (...) #Les_Articles

    / #Le_monde_de_L'Economie, Autoritarisme, régime policier, démocrature..., #Agriculture, #Résistances_au_capitalisme_et_à_la_civilisation_industrielle, (...)

    #Autoritarisme,_régime_policier,_démocrature... #Ecologie
    https://iaata.info/No-Bassaran-comment-la-bataille-de-Sainte-Soline-revele-la-fuite-en-avant-59
    https://iaata.info/No-Bassaran-retour-tactique-pour-perspective-strategique-gagner-grace-a-la-5

  • #Die : la lutte continue sur les terres menacées de Chamarges
    https://ricochets.cc/Die-la-lutte-continue-sur-les-terres-menacees-de-Chamarges.html

    LA LUTTE CONTiNUE !

    SUR LES TERRES MENACÉES DE CHAMARGES DIMANCHE 4 JUIN - de 14h à 17h ON BUTTE LES PATATES

    ET LE GRAND CAPITAL ! Venez avec des piochons, houes, binettes, serfouettes et votre détermination. Tant que ces terres cultivables ne seront pas recouvertes de bitume et de béton, nous continuerons d’y résister. CHAQUE HECTARE COMPTE ! À Die / RDV au niveau du rond-point de la Route de Ponet (D543)

    Parkings à (...) #Les_Articles

    / Die, #CCD, #Ecologie, #Agriculture

  • Une présence généralisée des pesticides dans les sols agricoles de France, selon une étude-pilote
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/05/25/une-presence-generalisee-des-pesticides-dans-les-sols-agricoles-de-france-se


    Un agriculteur prépare la terre de sa parcelle avant des semis, dans le Calvados, en février 2022. ED ALCOCK/MYOP POUR « LE MONDE »

    Une centaine de molécules ont été recherchées sur 47 sites répartis sur le territoire français. Au moins une substance a été retrouvée sur 46 des 47 sites examinés, y compris sur des terrains n’ayant jamais été traités.

    Sur la question des pesticides, le travail législatif et réglementaire en cours à Bruxelles n’a jamais été aussi peu en phase avec l’actualité scientifique. Alors que le projet de règlement européen sur l’« usage durable » des agrotoxiques est encalminé au Parlement de Strasbourg, des chercheurs français publient, dans la dernière édition de la revue Environmental Science & Technology, la première étude-pilote conduite à l’échelle nationale, sur la présence de ces produits dans les sols agricoles de France.

    Sur un échantillon d’une cinquantaine de sites, leurs résultats font suspecter une présence quasi généralisée d’une soixantaine de substances actives dans les terres arables, mais aussi sur des terrains n’ayant jamais été traités. Pour les chercheurs, la présence de tels produits dans les sols n’est en soi pas surprenante, mais leur rémanence, leur nombre et les concentrations mesurées sont « inattendus et inquiétants » avec des niveaux présentant fréquemment un risque pour les organismes du sol.
    https://justpaste.it/7w0b5

    « T’as vu, j’ai dit du bien des pesticides ! » : dans quel contexte le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a-t-il prononcé cette phrase ?
    https://www.liberation.fr/checknews/tas-vu-jai-dit-du-bien-des-pesticides-dans-quel-contexte-le-ministre-de-l

    ...le ministre se [déplace] dans la salle des conférences [du Sénat], où se tiennent les journalistes. Et de lâcher, en direction d’une femme : « T’as vu j’ai dit du bien des pesticides. » Son interlocutrice répond : « Oui, j’ai vu, j’ai vu ! ». Un autre dit : « C’est bien ! ».

    #pesticides #agriculture #écologie_capitaliste