• Aurélie Trouvé : « L’année 2016 va être marquée par le conflit agricole » - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/aurelie-trouve-l-annee-2016-va

    En ce moment j’ai le sentiment que si les français se décident à se bouger les fesses contre les politiques actuelles, ce sera à la suite des mouvements des agriculteurs.

    Regards. De quoi les manifestations des agriculteurs sont-elles le nom ?

    Aurélie Trouvé. Ce sont les plus grandes exploitations, les plus endettées, qui sont les premières touchées par la crise. Il s’agit d’une crise de surproduction en élevage, notamment de porcs, de bovins, de lait, liée à la dérégulation du marché. En effet, les prix ont été progressivement dérégulés et les #quotas_laitiers ont été supprimés il y a quelques mois. La #volatilité_des_prix est devenue très forte : sur une année, ils peuvent maintenant varier de quasiment une moitié. L’incertitude pour les producteurs s’avère ingérable, dans un secteur où les exploitations sont souvent familiales et déjà très endettées. Le lait est en chute libre depuis deux ans et ne permet plus de couvrir les coûts de production. Aujourd’hui, un producteur de lait moyen produit à perte. Une grande partie des exploitations en porcs, lait et bovins sont au bord du dépôt de bilan. Ce sont des milliers d’exploitations qui risquent de cesser leur activité. Depuis vingt ans, on perd déjà 20.000 emplois agricoles chaque année. La crise va donc s’accélérer.

    Quels facteurs ont précipité cette crise ?

    Avec la dérégulation des marchés et la fin des quotas, on a incité les producteurs à produire de plus en plus par hectare, par travailleur, par bête. Comme les prix baissent, ils produisent plus pour couvrir les coûts fixes. Mais du coup, les prix chutent plus encore. C’est un cercle vicieux. La concurrence est devenue acharnée entre producteurs européens. La Commission européenne et les pays du Nord, relayés par le syndicalisme majoritaire, la FNSEA, disaient qu’il n’y avait pas de souci : les Russes et les Chinois nous achèterons le lait ! Or, il y a un an et demi, les Russes ont imposé un embargo en réaction aux positions de la France sur l’Ukraine. Dans le même temps, la croissance chinoise s’est cassée la figure et la Chine, à l’instar de nombreux pays émergents, veut désormais produire elle-même son lait. L’#agro-export est un mirage dangereux qui mène tout le monde dans le mur.

    #industrie_de_la_viande #industrie_laitière #agro_industrie #dérégulation #mondialisation

  • La loi sur l’agriculture familiale au Pérou est en marche | CNCD-11.11.11
    http://www.cncd.be/La-loi-sur-l-agriculture-familiale

    Oui mais...

    En quoi l’adoption de la nouvelle loi est-elle un progrès ? Elle définit clairement les responsabilités de l’Etat dans la promotion et le développement de l’agriculture familiale. Par exemple, elle touche à la formalisation des titres d’accès à la terre, aux formations techniques, à la gestion de programmes de financements, à l’articulation adéquate au marché ou encore à assurer une protection sociale aux familles qui se dédient à l’agriculture familiale sur base de l’utilisation durable des terres agricoles. Mais cette loi a également ses limites. Elle ne bénéficiera pas de moyens complémentaires pour sa mise en application. De même, une motion proposée par les organisations paysannes concernant les limites de surfaces des propriétés (pour éviter l’accaparement des terres), n’a pas été reprise dans la loi.

    ...

    Pour Gianmarco Cheng, « les politiciens préfèrent ne pas entrer en conflit avec les agro-exportateurs. C’est pour eux que les politiques publiques des dernières années ont été dessinées. Cela se voit clairement au travers des #subsides indirects du gouvernement pour l’établissement de nouvelles zones de cultures. Les #grands_propriétaires peuvent acheter des grandes quantités de #terres subventionnées, ce qui n’est pas le cas pour les petits producteurs ». C’est également ce que promeuvent les accords de commerce avec les États-Unis ou l’Union Européenne. Les investissements dans le secteur minier ou l’#agro-exportation, s’ils ne sont pas encadrés et s’ils ne bénéficient pas aux populations les plus fragiles, ne feront que renforcer la mise en compétition entre l’#agro-business et les petits producteurs qui ne sont pas armés pour cette lutte, ce qui ne fera qu’amplifier les inégalités et les conflits sociaux. Le #Pérou doit mettre en œuvre une réelle cohérence de ses #politiques_agricoles au risque de réduire à néant toutes les avancées de la loi de promotion de l’#agriculture_familiale.