Musique. Il sort un album depuis la maison d’arrêt de Brest
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À 26 ans, Tom Simon, Ahmed Idris Hussein pour la vie artistique, sort un premier album : Help Myself. Un bijou musical aux confins du blues, hip-hop, soul et reggae.
Né à Djibouti en 1995, Ahmed Idris Hussein est devenu Tom Simon après son adoption. Depuis l’âge de 15 ans, le jeune homme a vécu un parcours chaotique, entre foyers d’accueil et couloirs judiciaires, « quand les limites explosent ».
Son recours face à cette vie pas facile : la musique. Tom a commencé très jeune à gratter sa guitare et est devenu rapidement un musicien talentueux. « Tous ceux qui l’ont entendu peuvent en témoigner », souligne un copain. Ses influences musicales : « Le blues, le reggae, une pointe de jazz et de rap. »
On retrouve dans son univers autodidacte l’influence d’artistes comme Gorillaz, Amy Whinehouse, Damian Marley, « sans oublier l’incontournable J. J. Cale, qui reste pour moi le guitariste de référence ».
« La prison tue l’inspiration »
Après une première participation à un groupe, Tom a décidé de se consacrer à la création. Pour lui, pas question de courir après la notoriété et de venir faire les yeux doux aux maisons de disques et aux grandes scènes : « Je me suis construit en tant que musicien en jouant dans la rue. »
Un univers de rencontres et d’expériences diverses, qui lui a offert une voix de bluesman, troublante ressemblance avec celle du grand Tom Waits.
En 2019, Tom a repris comme nom d’artiste son patronyme originel, Ahmed Idris Hussein, et écrit onze titres, pour la plupart biographiques, tous en anglais. « Le français est bien pour la poésie, l’anglais se prête mieux à au débit de paroles qu’exige ce style de musique. »
Pour le jeune homme, « cet album est l’amalgame de vécus et d’influences variées qui donnent naissance à un hip-hop teinté de soul, de blues et de reggae ».
Restait à transformer ces textes en album : « Cela a été rendu possible grâce à mes frères d’amitié, FL-How et Tideux. Ils ont créé des musiques inspirantes, qui ont permis de mettre en scène mes textes. »
Incarcéré à la maison d’arrêt de Brest, Ahmed a pu compter aussi sur ses amis, « qui m’ont soutenu pour produire l’album ».
Une aventure rendue possible grâce au soutien de sa mère, « toujours présente, même dans les pires moments ». Ils ont organisé une cagnotte sur Internet et permis de financer la production de l’album, en CD et en vinyle.
Pour Ahmed, la sortie de l’album et la marque des soutiens reçus est une grande satisfaction. « Plus qu’un simple album écrit et enregistré en six mois, c’est pour moi une thérapie et une échappatoire à la prison. »
Difficile pourtant d’espérer, pour l’instant, l’ébauche d’un deuxième album : « La prison tue l’inspiration », souffle le jeune homme, qui rêve de retrouver sa guitare et refaire des projets de vie, « où la musique sera toujours présente ».