L’#Allemagne conclut un #accord_migratoire avec la #Somalie
L’Allemagne multiplie les accords avec des pays d’origine de migrants pour accélérer les #expulsions. Ces coopérations s’inscrivent toutefois dans un rapport de force inégal.
Lors de leur rencontre à Berlin début novembre, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président somalien Hassan Sheikh Mohamoud se sont entendus pour augmenter le nombre de retours vers la Somalie de ressortissants somaliens n’ayant pas le droit de rester en Allemagne.
Les deux dirigeants ont néanmoins semblé avoir des points de vue différents sur la question de savoir si l’accord implique des expulsions forcées.
Selon Olaf Scholz, « seul un petit nombre (de Somaliens) n’est pas autorisé à rester (en Allemagne), mais il faut que la règle qui prévoit leur #rapatriement s’applique à eux ».
Voilà qui ne semble pas être l’interprétation du côté somalien. D’après une déclaration attribuée à Hassan Sheikh Mohamoud, les #renvois s’appliqueraient uniquement à ceux et celles qui souhaitent retourner en Somalie de leur plein gré.
Le porte-parole du gouvernement somalien a déclaré sur le réseau social X : « Il n’y a pas lieu de procéder à des rapatriements forcés. Mais pour les personnes qui, en vertu de la loi, n’ont plus droit à l’asile, ont épuisé toutes leurs options et souhaitent rentrer volontairement, nos portes sont toujours ouvertes. »
Cette cacophonie illustre les problèmes auxquels son confrontés les pays africains lorsqu’ils négocient des accords de rapatriement avec des gouvernements de l’Union européenne (UE).
#Aides_financières contre rapatriements
En échange d’un soutien financier continu, l’Europe exige de plus en plus que les pays d’Afrique réduisent les départs de migrants et acceptent de reprendre leurs ressortissants.
La Somalie, marquée par des conflits et un instabilité chronique, dépend fortement de l’UE et de l’Allemagne pour l’aide et les fonds de développement.
Selon Judith Altrogge, chercheuse à l’université allemande d’Osnabrück, la coopération en matière de rapatriement représente l’un des meilleurs moyens de pression pour les pays européens.
Dans le même temps, des dirigeants comme Hassan Sheikh Mohamoud prennent le risque d’une mesure très impopulaire, si les accords de #coopération n’aboutissent pas à des résultats pour leur propre population.
« Il y a de bonnes raisons d’être très dubitatif quant à la capacité de la Somalie à prendre en charge (les rapatriés) aujourd’hui ou dans un avenir proche », estime Judith Altrogge.
Elle rappelle que « la Somalie est confrontée à de graves difficultés pour assurer la sécurité sociale et économique de ses citoyens, même sans les problèmes supplémentaires que posent les migrants expulsés ».
Judith Altrogge s’est notamment penchée sur l’accord migratoire passé entre l’Union européenne et la Gambie en 2017, après la chute du dictateur Yahya Jammeh. Cette coopération s’est retournée contre le gouvernement de transition gambien lorsque la population a reproché à ses dirigeants de ne pas avoir répondu aux besoins des personnes vulnérables expulsées.
« À leurs yeux, l’engagement du gouvernement adhérait davantage aux intérêts du pays de destination (des migrants gambiens) qu’à ceux de leurs propres citoyens ».
L’opposition publique en Gambie a poussé le gouvernement à geler toute nouvelle expulsion en provenance des pays de l’UE. Cette interdiction n’a toutefois pas duré longtemps. Tout comme la Somalie, l’UE est le premier partenaire de la Gambie en matière de d’aide développement.
Les expulsions n’augmentent pas pour autant
L’accord entre l’Allemagne et la Somalie fait suite à des accords similaires conclus avec le Kenya, le Maroc et la Géorgie. Dans tous ces cas, le nombre de personnes à rapatrier est pourtant relativement faible.
Les intérêts pour les pays d’origine peuvent varier. Pour le Kenya, l’accord prévoit en parallèle le développement de voies de migration légales vers l’Allemagne. Pour le Maroc, Rabat vise une plus grande influence diplomatique et l’accès à des fonds d’aide.
Officiellement, le gouvernement allemand vante des accords capables d’accélérer les expulsions. Pourtant, dans la plupart des cas, à l’exception de la Gambie, ces coopérations n’ont pas permis d’augmenter le nombre de personnes renvoyées, explique Judith Altrogge.
Elle estime que l’accord avec la Somalie, qui n’est pas contraignant, doit être considéré comme un point de départ pour d’autres négociations, non seulement entre la Somalie et l’Allemagne, mais aussi entre le gouvernement et la société civile somalienne pour créer un climat de confiance.
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