• L’État bourgeois, à quoi ça sert ?

    […] En mai 2020, le grand armateur tricolore #CMA_CGM obtenait, après les premiers coups de boutoir du Covid sur l’économie mondiale, un prêt de 1,05 milliard, garanti à 70 % par l’Etat, auprès de son pool bancaire traditionnel. Grâce à ces taux de fret record, le troisième armateur mondial a encaissé des #bénéfices colossaux dès 2021. Au premier semestre 2022, les bénéfices du troisième #armateur mondial ont quelque chose d’irréel : 14,7 milliards de dollars sur la période, soit presque autant que le profit déjà massif (18 milliards de dollars) encaissé durant toute l’année précédente. Autrement dit, une marge d’Ebitda représentant 50 % du chiffre d’affaires. La fortune personnelle de son PDG et propriétaire, #Rodolphe_Saadé, est passée de 6 à 36 milliards d’euros. La famille Saadé qui contrôle 73 % du groupe de #transport aurait encaissé plus de deux milliards de dividendes rien qu’en 2022, alors qu’elle se contentait précédemment, bon an mal an, de 50 millions annuels… Le personnel du groupe n’est d’ailleurs pas oublié : Rodolphe Saadé lui a promis un bonus de dix semaines, supérieur à celui de 2021. […] De ces nouveaux milliards encaissés, Rodolphe Saadé trouve vite l’usage. […] Le spécialiste du #transport_de_conteneurs vole ainsi au secours d’#Air_France-KLM en mai 2022, reprenant 9 % du capital en échange d’une coopération sur le fret aérien. Puis il absorbe #Gefco, le spécialiste du transport de voitures créé par Peugeot, en délicatesse avec son actionnaire public russe RZD, et renfloue #Brittany_Ferries sur le transmanche. Plus loin de ses bases, il mène une incursion dans la #presse, avec le rachat de #La_Provence, sans oublier son voisin sudiste Colis Privé pour la logistique du dernier kilomètre. A l’international également, les initiatives se succèdent : la promesse, hautement symbolique pour la famille, de remise en état du #port_de_Beyrouth, dévasté par l’explosion d’août 2020, les rachats de terminaux portuaires en Inde ou aux Etats-Unis (Los Angeles, New York)… Jusqu’à l’entrée au capital d’Eutelsat (5, puis 10 %), une société dont les satellites peuvent utilement guider les navires, donc rassurer les clients sur les délais d’acheminement de la marchandise. […]

    (Les Échos)