• « Erdogan continue de répondre à une aspiration sociale fortement ancrée dans la société turque »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/17/erdogan-continue-de-repondre-a-une-aspiration-sociale-fortement-ancree-dans-

    En dépit du score élevé de l’opposition unie autour d’un seul candidat lors du premier tour de l’élection présidentielle en Turquie, l’universitaire Ahmet Insel constate, dans une tribune au « Monde », que l’« erdoganisme », ce pouvoir hyperprésidentiel et autocratique, est ébranlé mais reste debout.

    Les élections présidentielle et législatives du 14 mai en Turquie, considérées comme les plus importantes de son histoire contemporaine, ont pris de fait la forme d’un double référendum. Les électeurs se sont mobilisés massivement pour dire un « oui mais » à Recep Tayyip Erdogan, qui règne depuis vingt ans, et ils ont approuvé la continuation du régime hyperprésidentiel et autocratique, l’« erdoganisme », que le président sortant a mis en place progressivement depuis 2014. Son adversaire, un candidat qui veut mettre fin à l’autocratie en partageant le pouvoir, qui prône le retour à l’Etat de droit et un régime parlementaire, a reçu un soutien électoral important mais insuffisant.

    Le bilan d’étape de ces élections est plutôt clair. Même s’il n’est pas réélu au premier tour, Erdogan s’en sort mieux que son rival. Avec 49,5 % des voix, contre 44,9 % à Kemal Kiliçdaroglu, il est en position favorable pour le second tour. Par ailleurs, l’Alliance populaire, la coalition qui regroupe l’AKP, le parti d’Erdogan, à des partis d’extrême droite nationaliste ou religieuse, a la majorité parlementaire.
    Même si la Turquie est divisée à parts presque égales entre les partisans d’Erdogan et ceux qui veulent son départ, les résultats du 14 mai montrent que le centre de gravité politique du pays a encore plus glissé vers l’extrême droite nationaliste. Le MHP (Parti de l’action nationaliste), crédité dans les sondages d’opinion de 6 % à 7 % des voix, obtient plus de 10 % aux élections législatives. Avec l’arrivée sur la scène politique du parti ultrareligieux YRP, créé par le fils d’Erbakan − fondateur du parti de l’islam politique en Turquie −, ces deux partis compensent le recul de l’AKP, crédité de 35 % des voix aux élections législatives.

    Grave crise économique

    La principale question aujourd’hui est de savoir pourquoi et comment Erdogan a réussi à garder la confiance de la moitié des électeurs, malgré une grave crise économique, marquée par une inflation très élevée, une dépréciation vertigineuse de la livre turque, une augmentation de la pauvreté et des inégalités. Mais aussi malgré une usure du pouvoir, une corruption devenue un système de gouvernement et, enfin, un tremblement de terre qui a révélé l’incurie et le népotisme du système autocratique. L’alliance d’Erdogan avec le parti d’extrême droite MHP depuis 2016 et l’arrimage des petits partis d’extrême droite islamo-nationalistes dans cette alliance, à la veille des élections, n’expliquent qu’en partie cette résilience.

    Erdogan contrôle les médias, où son temps d’audience a largement dépassé celui de tous ses concurrents. Utilisant tous les moyens de l’Etat-parti, il a mené une campagne défensive, mais en engageant massivement des moyens budgétaires qui feraient pâlir de jalousie les dirigeants populistes d’autres pays. En effet, gérée par les réseaux clientélistes de l’AKP, la grave crise économique ne semble pas avoir ébranlé outre mesure la confiance des électeurs d’Erdogan.

    Mais, au-delà de ces éléments propres aux pouvoirs populistes, Erdogan continue manifestement de répondre à une aspiration sociale fortement ancrée dans la société turque, qui se met en rang derrière un homme autoritaire, susceptible de chasser les démons qui hantent les esprits : la peur de la dissolution de l’identité nationale et religieuse face aux revendications de reconnaissance et d’égalité des #Kurdes, des #alévis, des #femmes, plus une certaine crainte de l’Occident et, aussi, la nostalgie des grandeurs perdues d’antan.

    Turquie profonde sunnite-nationaliste

    Pourtant l’opposition s’est présentée unie derrière le leader du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, qui a réussi à former une alliance comprenant différentes tendances politiques allant de la social-démocratie à la droite nationaliste et libérale, plus un courant islamiste anticorruption. Réunis au sein de l’Alliance de la nation, les six partis politiques qui regroupent la diversité de l’échiquier sociopolitique du pays ont tenté de mettre des bâtons dans les roues de la stratégie politique traditionnelle d’Erdogan : provoquer la polarisation de la société autour des questions ethniques, confessionnelles et culturelles, et l’obliger à se placer comme le leader de la majorité sociologique turque, sunnite, conservatrice.
    Avec la décision du parti prokurde de gauche HDP d’appeler à voter en faveur de Kemal Kiliçdaroglu dès le premier tour, jamais un rassemblement aussi large et diversifié pour la démocratie n’a été réalisé dans l’histoire contemporaine de la Turquie. Ce qui donne son caractère référendaire à ces élections. Mais la forte mobilisation électorale (88,9 %, soit de deux points supérieure à l’élection précédente, en 2018) semble avoir été portée surtout par la vague d’extrême droite islamo-nationaliste. Elle a permis à celui qui dirige le pays depuis vingt ans de se présenter en tête au second tour.

    Plus généralement, quand on prend aussi en compte les voix de la droite nationaliste au sein de l’alliance de l’opposition, et celles du troisième candidat nationaliste, dont les électeurs sont susceptibles de se reporter majoritairement sur Erdogan au second tour, on constate que l’espoir de la démocratisation est pris en tenaille par la Turquie profonde sunnite-nationaliste. Celle-ci s’inquiète de la présence du parti prokurde de gauche au Parlement, que la propagande du pouvoir assimile au Parti des travailleurs du Kurdistan et au terrorisme, et elle s’est cabrée devant la perspective qu’un alévi puisse devenir président.
    Pour cette alliance anti-Erdogan, qui a réussi à atteindre un score certes insuffisant mais historiquement élevé, l’enjeu du second tour sera surtout de prouver sa résilience. Ce sera le signal de la capacité de l’autre Turquie à continuer de s’organiser et de résister à l’autocratie #islamo-nationaliste. S’il est élu au second tour, Erdogan devra faire face à l’état lamentable dans lequel il a mis l’économie, mais aussi à la défiance de l’autre moitié de la #Turquie.

    #nationalisme #extrême_droite

  • ★ L’enterrement de Pierre Kropotkine : Dernière manifestation de masse - PARTAGE NOIR

    Nous avons décidé de consacrer une place importante au récit de la mort de Pierre Kropotkine car son enterrement fut la dernière manifestation de masse publique du mouvement anarchiste russe. Se sont joints au cortège tous ceux (associations, partis, syndicats, etc.) qui, dans ce pays ployant sous la botte bolchevique, refusaient de se soumettre à la "dictature des commis­saires". Curieusement, et très symboliquement, ce fut aussi la dernière mani­festation de masse oppositionnelle tout court dans la Russie soviétisée.
    Le texte que vous lirez ci-après est pour l’essentiel tiré du livre, aujourd’hui épuisé, de G. Woodkock et I. Avakoumovitch : Pierre Kropotkine, le prince anarchiste (Calmann-Lévy, 1953). Pour mettre en évidence l’influence de Pierre Kropotkine sur la société russe de l’époque, nous avons inséré dans ce texte les lignes consacrées à son décès par deux hommes charnières, qui montrent involontairement dans leurs témoignages les ravages exercés par le bolchevisme dans les rangs révolutionnaires.
    Il s’agit de Victor Serge et d’Alfred Rosmer. L’un et l’autre, issus de l’anar­chisme et du syndicalisme révolutionnaire, seront fascinés par le léninisme et aideront puissamment son ascension, reniant pour ce faire leurs convictions antérieures et jouant le rôle de fossoyeurs, en Russie et dans le reste du monde, des courants socialistes non-bolcheviques. Leur prise de conscience tardive ne réparera pas le mal fait.
    Le « montage » que nous avons ainsi réalisé a été possible grâce aux extraits de Mémoires d’un révolutionnaires (Ed. du Seuil, 1951) de Victor Serge et de Moscou sous Lénine (Ed. Pierre-Horay, 1953) d’Alfred Rosmer (...)

    #Kropotkine #Anarchisme #EmmaGoldman #AlexanderBerkman #Liberté #Russie #AlfredRosmer #VictorSerge #bolchevisme #dictature #Lénine #répression #autoritarisme #Tcheka

    ★ via @PartageNoir

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.partage-noir.fr/l-enterrement-de-pierre-kropotkine-derniere-manifestation-de

  • Europa dreaming
    –-> What happens when the European dream meets the dream of migrants?

    Europe, the broken dream

    It is the spring of 2016 and the Brenner is likely to go back to being a frontier, “an officially defined and recognised border line, equipped, in various cases, with appropriate defensive systems” (Treccani). Compared to the past, however, border barriers are no longer used to delimit our spaces in relation to our “neighbours”, nor to reduce and/or control trade between two neighbouring countries, but with the explicit goal of decreasing the inflow of people coming into the country, from other continents, from places located thousands of kilometres away. The decision to re-introduce border controls between Italy and Austria has been defined by many newspapers as “the end of the Schengen dream”, but this work shows a different reality.

    Because the Schengen Agreement, which was intended to create an area of free movement within the European Union, has been essentially based – and from the very beginning – on a “policing” agreement. Because “the fall of internal borders was complemented by the strengthening of the borders external to the Schengen area” (Internazionale). The point is that the “strengthening of external borders” was not the corollary outcome, but the very essence of this Agreement. It is no coincidence that work on the first European “wall”, the Ceuta and Melilla border fences (funded by the European Union) began in the fall of 1995.

    https://europadreaming.eu/en
    #Schengen #rêve #migrations #frontières #asile #réfugiés #Langer #Alexander_Langer #accord_de_Schengen

    • L’accordo di Schengen sulla libera circolazione dei cittadini dell’Unione Europea; La riforma della legge Martelli sull’immigrazione

      L’accordo di Schengen sulla libera circolazione dei cittadini dell’Unione Europea; La riforma della legge Martelli sull’immigrazione.

      «L’accordo di Schengen sulla libera circolazione dei cittadini dell’Unione Europea; La riforma della legge Martelli sull’immigrazione» realizzata da Mohamed Ba con Alexander Langer (parlamentare europeo, Federazione dei Verdi).

      L’intervista è stata registrata martedì 27 giugno 1995 alle ore 00:00.
      https://www.radioradicale.it/scheda/73575/laccordo-di-schengen-sulla-libera-circolazione-dei-cittadini-dellunion

      Quelques extraits:

      «Il sogno mi sembra sia la libera circolazione, l’accordo di Schengen è tutt’ora un accordo tra polizie e di efficienza poliziesca che non mi sembra il migliore modello europeo. (...) Io sarei più contento se la libera circolazione venisse realizzata attraverso accordi politici che non attraverso accordi tra le polizie, come di fatto l’accordo di Schengen è fino ad oggi. Io non auspico tanto che l’Italia assomigli di più ai paesi di Schengen, che quindi imponga controlli più rigidi alle sue frontiere esterne per poi liberalizzare le frontiere esterne [erreur? Frontiere interne plutôt?], ma auspicherei un’Europa con le frontiere esterne anche molto più permeabili. In questo senso oggi, per me, è anche quasi un vanto che l’Italia abbia le frontiere più permeabili e sia giudicata da altri paesi europei come non abbastanza affidabile dal punto di vista Schengen. Perché quando avremo alzato un bel muro allora saremo maturi per Schengen»

      (à partir de la min. 1’13)

      «L’Italia, come si può dire anche della Grecia sono dei paesi oggi ancora molto aperti sul Mediterraneo. Per entrare nell’accordo di Schengen bisognerebbe chiudersi di più verso il Mediterraneo e a quel punto avere libera circolazione con Lussemburgo, Olanda, Germania e così via. Io credo che un’Europa con un grado così alto di chiusura ermetica intorno a sé, può magari garantire la libera circolazione dei suoi cittadini ma non è una grande promessa verso i suoi vicini.»

      (à partir de la min. 2’17)

      "Io trovo che l’accordo di Schengen non sia un tipico accordo non di integrazione democratica dell’Europa ma di integrazione della parte più forte, più robusta e più isolata rispetto ai deboli. Oggi la partita italiana è se si vuole entrare a far parte di questa specie di nucleo duro, mentre per me il nucleo europeo deve distinguersi per la democrazia non per il grado alto del suo isolamento verso l’esterno.

      (à partir de la min. 2’52)

      «Sull’immigrazione bisogna trovare una politica che sostanzialmente arrivi a due cose importanti. Da un lato a un’immigrazione regolata e quindi anche integrabile. Dell’altro a una politica che chiamerei della doppia cittadinanza, che permetta agli immigrati di vivere nel paese in cui lavorano e nello stesso tempo di non perdere né la prospettiva di un possibile ritorno se lo vorranno né il legame con il proprio paese. Mi pare che l’Italia su tutti e due i punti oggi sia fortemente carente. Per cui noi oggi sostanzialmente ci affidiamo alla furbizia, cioè al singolo poliziotto, alla singola guardia di frontiera: chi si riesce a respingere si è contenti che si respinga, chi rientra tra le maglie poi si vedrà come sistemarlo o se rimandarlo indietro.»

      (à partir de la min. 3’55)

      #interview #1995 #legge_Martelli #migrations #radio_radicale #réfugiés #libre-circulation #démocratie #histoire #citoyenneté #double_citoyenneté

  • ☮️ ♀ #femmes #féminisme #antiguerre #antimilitarisme #Paix #guerre #nationalisme #PremièreGuerremondiale #militarisme #barbarie
    #internationalisme #Bertha_von_Suttner #Rosa_Luxemburg #Clara_Zetkin #Hélène_Brion #Aleta_Jacobs #Jane_Addams...

    🛑 LES FEMMES CONTRE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE - Socialisme libertaire

    " Les Femmes en Noir de Madrid se souviennent des Cassandres de la Grande Guerre :
    Bertha von Suttner a travaillé pour éviter une autre guerre, n’importe quelle guerre. Son roman Déposez vos armes est un appel à la paix et décrit les horreurs de la confrontation armée. Elle a fondé La Société autrichienne pour la Paix en 1891 et a travaillé infatigablement pour le mouvement pacifiste international. Elle a dénoncé le réarmement en temps de paix, qui pouvait ruiner les nations et a mis en garde contre la préparation de divers pays pour un grand conflit. Elle a confronté la virulente opposition de nationalistes, du clergé et des antisémites. La Première Guerre mondiale a commencé un mois après sa mort. Elle a été la première femme à recevoir le Prix Nobel de la paix. Rosa Luxemburg a été arrêtée en février 1914 pour avoir incité les soldats à se rebeller et avait déclaré : « S’ils attendent que nous assassinions les Français ou n’importe quel autre frère étranger, il faut leur dire : « Non, en aucune circonstance. » Une semaine ou deux après l’éclatement de la guerre, elle a déclaré son désappointement que le Mouvement des travailleurs européens n’ait pas évité la catastrophe. Elle s’est opposée aux directives du Mouvement socialiste international et pensait qu’une fois la guerre terminée, les « traîtres » devaient être poursuivis en justice. Elle a été exécutée en janvier 1919 par des paramilitaires, récemment démobilisés du front de la guerre (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2014/09/les-femmes-contre-la-premiere-guerre-mondiale.html

  • 9 mars 1952 : mort d’Alexandra Kollontaï

    [et non 1974, comme indiqué par erreur sur marxists.org]

    Textes : https://marxists.org/francais/kollontai/index.htm

    1909
    – Les problèmes de la prostitution
    – Les bases sociales de la question féminine

    1912 Le #prolétariat international et la guerre

    1916 Les internationalistes veulent-ils une scission ?

    1917 Nos tâches

    1918
    – La famille et l’Etat communiste
    – Avant-propos à « La lutte des travailleuses pour leurs droits »
    – Discours aux femmes travailleuses

    1919
    – Résolution sur le rôle des femmes travailleuses

    1920
    – La Journée Internationale des Femmes
    – L’Affranchissement de la femme

    1921 L’#Opposition_Ouvrière
    – Thèses sur la #morale_communiste dans le domaine des relations conjugales
    – La dernière esclave
    – La Conférence des Organisatrices-Communistes des Femmes de l’Orient
    – La #propagande parmi les femmes : rapport au Congrès de l’#Internationale_Communiste
    – Conférences à l’université Sverdlov sur la #libération_des_femmes

    1922
    – L’arrivée de Lénine à Petrograd

    1923
    – Place à l’Éros ailé ! (Lettre à la jeunesse laborieuse)

    1925 Article autobiographique
    – Premiers souvenirs sur Lénine

    1926
    – But et valeur de ma vie (extrait)

    1946
    – En pensant aux grandes choses, Lénine...
    s.d.
    – Lénine et le premier Congrès des femmes travailleuses
    – Lénine et les étoiles
    – La Première allocation
    – Lénine à #Smolny
    – Au Commissariat du peuple à l’Assistance publique
    – La voix de #Lénine

    #éphéméride #alexandra_kollontaï #bolchévik #révolution_russe #féminisme #marxisme #militante_féministe #communisme_révolutionnaire #féministe #amour_libre #amour_camaraderie #internationalisme

  • Janvier 2023, L’Evaluation de l’information | Radio nomade
    http://www.radionomade.fr/janvier-2023-levaluation-de-linformation

    Un podcast avec Mônica Macedo-Rouet et Alexandre Serres autour du livre « Savoir Chercher »

    « L’Evaluation de l’information »

    Invité(e))s : Mônica Macedo-Rouet, professeure des Universités en psychologie à l’université CY Cergy Paris Université, précédemment professeure en sciences de l’éducation à l’université Paris 8, Alexandre Serres, maître de conférence honoraire en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 2, membre fondateur du groupe de recherche sur les cultures et la didactique de l’information (GRCDI).

    Comment évaluer l’information ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’évaluer l’information ?

    C’est à ce questionnement que nos deux invités tentent de répondre au travers de leurs ouvrages respectifs.

    Alexandre Serres dans son livre de 2012 : « Dans le labyrinthe : évaluer l’information sur internet » aux éditions C&F, présente une sorte d’état des lieux sur le sujet, à l’heure du numérique, d’internet et des réseaux sociaux du web 2.0, sachant que nous sommes passés sur cette question, dit-il, de l’ordre du documentaire à l’ordre géostratégique. Entre brouillage formel, brouillage des sources, brouillage des genres au regard des seules ressources documentaires papiers d’avant, et l’apparition de nouvelles valeurs, comme celles du buzz, de l’affectif avec les likes par exemple, ou de l’évaluationnite mais aussi du collaboratif, Alexandre Serres rappelle les menaces qui planent sur internet, les trois dragons comme les nomme François Bernard Huygue, à savoir la désinformation, la mésinformation, et la surinformation, et appelle notamment de ses vœux le développement d’une éducation à l’évaluation de l’information,

    Finalement c’est à ce travail que Monica Macedo-Rouet tente justement de répondre de son côté dans son ouvrage : “Savoir chercher : pour une éducation à l’évaluation de l’information” édité tout récemment en 2022, également aux éditions C&F. En s’appuyant sur un vaste ensemble d’études et de recherches de ces 10, 20 dernières années, menées auprès de primaires, collégiens, lycéens comme étudiants, Monica Macedo-Rouet reconsidère tout d’abord la notion de lecture, lecture papier d’abord et/ou numérique, et au-delà lecture hypertextuelle ou multidocumentaire sur le web ou encore de l’hypermédia. Posant ainsi la nécessité d’appréhender aujourd’hui la lecture non plus seulement comme la lecture d’un simple texte mais également celle d’une recherche et d’une évaluation, Monica Macedo-Rouet réinterroge à la suite la question des sources, comme celles de la crédibilité et de la pertinence d’un contenu et d’une information. En témoignant ainsi de la pratique des enfants et adolescents sur cette question de l’évaluation de l’information, Monica Macedo-Rouet rappelle les courants qui ont précédé celle-ci, comme l’éducation aux médias, la maitrise de l’information ou la littératie multidocumentaire pour n’en citer que quelques-uns, pour finalement proposer à l’aune des nouvelles études engagées, auxquelles elle a elle-même largement participé, des pistes, des préconisations, dans le but de répondre à ce nouvel enjeu essentiel qu’est devenu aujourd’hui la nécessaire éducation à l’évaluation de l’information.

    Plus d’infos :
    https://cfeditions.com/savoir-chercher
    https://cfeditions.com/Labyrinthe
    Lire la suite
    Article précédent Septembre 2022, Mémoire et engagement
    Publié dans FPP 106.3FM
    Étiqueté avec Ecole, Education, enfants, Livres, médias, Pédagogie, sociologie

    #Evaluation #Education_médias_information #Monica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher #Alexandre_Serres #Dans_le_labyrinthe #Podcast

  • Comment l’Europe est devenue une plaque tournante du marché de la cocaïne Miroslav Mares - RTS
    https://www.rts.ch/info/monde/13642897-comment-leurope-est-devenue-une-plaque-tournante-du-marche-de-la-cocain

    Le marché mondial de la cocaïne a changé. Le Vieux Continent n’est plus seulement un marché sur lequel les criminels écoulent leurs produits, il est le nouvel eldorado des trafiquants. A tel point, qu’il y a un mois, l’agence européenne de la police criminelle reconnaissait faire face à un phénomène d’une ampleur à laquelle elle ne s’attendait pas.

    Fin novembre, après des mois d’enquête, Europol a démantelé un « super-cartel ». A partir des Emirats arabes unis, il contrôlait près d’un tiers du commerce de la cocaïne en Europe. Des arrestations de dizaines de suspects ont eu lieu en France, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas et à Dubai.

    Ce coup de filet emblématique démontre un déplacement du marché des drogues. Le Vieux Continent est non seulement une des destinations principales de la cocaïne, mais aussi une escale pour l’acheminer ailleurs dans le monde.

    Plus de 30 tonnes de cocaïne ont été saisies. Depuis cinq ans, ces mises sous séquestre augmentent de façon exponentielle, explique Laurent Laniel, analyste à l’Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie, dans l’émission de Tout un monde mardi : « Entre 2017 et 2021, chaque année a été un record de saisies ».

    Expansion et nouveaux canaux de distribution
    Selon l’Observatoire européen, la croissance s’effectue en direction de l’Europe orientale et du Nord. Historiquement ces zones ne sont pas de gros marchés : « Il y a une augmentation des cas de pays rapportant la présence de crack, de cocaïne fumée. Ceci indique que la disponibilité de la drogue est très forte », indique Laurent Laniel.

    D’autres indicateurs, tels que l’analyse des eaux usées, montrent la présence de cocaïne dans un plus grand nombre de villes européennes.

    Pour élargir leur réseau de vente, les dealers adaptent leurs techniques marketing. Aujourd’hui, il est possible de se procurer les produits au travers des réseaux sociaux. Les dealers affichent toute une gamme de produits : dès 30 euros, il est possible de trouver de la marchandise, sans doute de qualité douteuse, « mais si tu payes 100 euros, alors là, tu as le super truc, » affirme l’analyste.

    Une métamorphose liée à la volonté des cartels colombiens
    Depuis les années 2000, les cartels colombiens se sont tournés vers l’Europe pour diversifier leurs canaux de distribution. Selon David Weinberger, co-directeur de l’Observatoire des criminalités internationales à l’Institut de relations internationales et stratégiques à Paris, le but des criminels colombiens était de court-circuiter les trafiquants mexicains : « Pour atteindre les Etats-Unis, ils avaient l’obligation de passer par le Mexique, ce qui les obligeait à diminuer leurs profits. »

    Désormais, ils sont présents dans d’autres zones du monde, notamment en Océanie, où la consommation par habitant est la plus importante au monde, localisée principalement en Australie et en Nouvelle-Zélande.

    Les nouvelles techniques de dissimulation
    En Europe, la drogue arrive majoritairement dans les ports d’Anvers, de Rotterdam ou de Valence. Le commerce de containers y est si dense que la surveillance systématique est illusoire.

    Les méthodes de dissimulation de la cocaïne sont aussi très sophistiquées, affirme Laurent Laniel. Il est possible de la cacher de manière chimique, de la faire se confondre avec d’autres matériaux, par exemple du plastique, du charbon de bois. Les trafiquants arrivent également à la mélanger avec de la peinture ou du plâtre.

    C’est seulement une fois les laboratoires démantelés que la police et les douanes arrivent à comprendre quel a été le subterfuge qui a permis d’introduire des tonnes de cocaïne sur le sol européen.

    Le marché européen contrôlé par plusieurs groupes
    La N’drangheta, la mafia calabraise, a la haute main sur une partie du trafic de cocaïne. Selon David Weinberger, c’est un marché fluide, pas tenu par un seul groupe mais par une multitude de gangs, notamment albanais ou turcs.

    Dans une logique de marché globalisé, ceux qui acheminent la drogue la moins chère et la plus pure possible arrivent à occuper le terrain et à grignoter celui des autres criminels.

    Cela peut aboutir à une augmentation de la violence, à des règlements de comptes, voire à des assassinats comme celui d’un journaliste néerlandais l’an dernier.
    A tel point qu’en Belgique et surtout aux Pays-Bas - où règne la Mocro Mafia, une organisation d’origine marocaine - des personnalités comme le Premier ministre et même une princesse ont été placés sous protection.

    #ue #union_européenne #drogue #drogues #cocaïne #crack #mafia #santé #addiction #société #cocaine #police #trafic #criminalité #héroïne #Australie #Nouvelle-Zélande #Océanie #Anvers #Rotterdam #Valence #containers #marché

    • Le géant maritime MSC aurait été infiltré par un gang de trafiquants de drogue RTS - Katja Schaer/jop
      https://www.rts.ch/info/economie/13644414-le-geant-maritime-msc-aurait-ete-infiltre-par-un-gang-de-trafiquants-de

      Une affaire de trafic de drogue embarrasse le plus grand transporteur maritime au monde. Selon une enquête de Bloomberg parue vendredi, l’entreprise MSC, établie à Genève, serait infiltrée par des trafiquants et participerait indirectement à un gigantesque trafic de cocaïne.

      Selon une estimation de l’ONU, l’Europe occidentale à elle seule compterait 4,5 millions de consommateurs et consommatrices de cocaïne, soit 1,5% de la population de plus de 15 ans. Le Vieux Continent serait ainsi en passe de devenir le premier marché mondial, devant l’Amérique du Nord. De quoi générer des montant vertigineux et constituer des organisations criminelles tentaculaires.


      Dans ce contexte, les enquêteurs de l’agence de presse américaine ont décortiqué les affaires qui ont concerné MSC ces trois dernières années, et plus particulièrement son porte-conteneurs Gayane, bloqué à Philadelphie en juin 2019 après la découverte d’un volume record de 20 tonnes de cocaïne destinées au port de Rotterdam.

      Dans l’oeil du cyclone aux Etats-Unis
      Le navire entier avait alors été saisi et l’affaire avait permis de démontrer la complicité d’une partie de l’équipage. Selon l’enquête, ces marins de MSC n’étaient pas à l’origine du trafic, mais ils auraient communiqué avec les fournisseurs de drogue, via des téléphones cryptés, et auraient coordonné le chargement de drogue sur le navire. Sur 22 membres d’équipage, huit d’entre eux ont ensuite plaidé coupable et ont été condamnés.

      Mais d’après Bloomberg, l’affaire fait encore l’objet d’un bras de fer juridique entre MSC et le gouvernement américain, qui estime que la complicité des marins rend l’entreprise partiellement responsable de ce trafic, et voudrait la sanctionner à hauteur de 700 millions de dollars.

      En 2019, plusieurs autres saisies ont eu lieu : 1,6 tonne de cocaïne a été trouvée sur le MSC Carlotta dans le New Jersey (USA), puis 2,4 tonnes ont été saisies par les autorités péruviennes sur le même bateau. Cette année encore, 450kg de poudre blanche ont été saisies au port de Gênes, en Italie, à bord du MSC Adélaïde.

      MSC « particulièrement exposée »
      Bloomberg précise que l’armateur se défend de toute participation, s’estimant victime et non complice. Par communiqué de presse, le groupe rappelle que les transporteurs ne sont ni responsables ni formés pour lutter contre le crime organisé, même s’ils s’efforcent de déjouer les techniques des criminels.

      Mais surtout, MSC s’oppose à l’affirmation de Bloomberg selon laquelle la société entière serait infiltrée par un gang. Elle estime en outre avoir subi « un préjudice financier et réputationnel conséquent ».

      En définitive, l’enquête de Bloomberg https://www.bloomberg.com/news/features/2022-12-16/how-world-s-top-shipping-company-became-hub-for-drug-trafficking?leadSour montre surtout comment les gangs et cartels viennent se greffer au transport maritime international pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement. Et MSC serait particulièrement exposé, parce qu’il couvre des trajets de l’Amérique du Sud à l’Europe du Nord, décrits comme les « autoroutes » de la cocaïne. Il est aussi le premier employeur de marins issus du Monténégro, pays d’origine du « Gang des Balkans », spécialisé dans le trafic de cocaïne.

      #transport_maritime #msc #mer #transport #conteneurs #containers #container #drogue #capitalisme #alexis_kohler

  • Des nouvelles du groupe MSC (de la famille d’#Alexis_Kolher, directeur de cabinet de Macron) et de Bolloré, spécialisé dans les médias de merde (d’extrême-droite notamment).

    Tout juste un an après avoir annoncé le projet devente de ses activités logistiques en Afrique à l’armateur italo-suisse #MSC, le groupe Bolloré a pu conclure cette opération qui représente un virage historique pour le groupe développé par #Vincent_Bolloré. Recentré sur la logistique et les médias — via sa participation dans Vivendi —, le #groupe_Bolloré va à cette occasion faire rentrer un peu plus de 5 milliards dans ses caisses.

    (Les Échos)

  • #Russie, le poison autoritaire

    « Poutine et sa bande, au tribunal ! » Les Russes, et surtout les Moscovites, ont été toujours plus nombreux à défiler ces derniers mois contre un pouvoir jugé liberticide. Plus que jamais, la Russie apparaît comme une nation divisée entre ceux qui font profil bas devant l’autoritarisme de Poutine, voire le soutiennent, et ceux qui le combattent, souvent au péril de leur liberté. La répression policière s’est en effet nettement accrue, tandis qu’une justice aux ordres d’une machine étatique programmée pour détruire toute velléité contestataire couvre les arrestations arbitraires et souvent absurdes, les séjours en prison et les mises au ban de la société. Mais qui sont ces citoyens ordinaires qui font trembler l’autocrate du plus grand pays du monde et prennent tous les risques, jusqu’à devoir s’exiler, pour réclamer une Russie à visage humain ?
    Pendant près d’un an, le réalisateur Stéphane Bentura a suivi ceux qui, souvent jeunes et instruits, ont fait leur figure de proue d’Alexeï Navalny, empoisonné puis emprisonné dès son retour surprise à Moscou en janvier 2021. Journaliste pourchassée, simple manifestante d’un jour, prisonniers politiques victimes de tortures ou économiste en exil, ils racontent comment ils sont ou ont été la cible d’un matraquage qui va crescendo, sous couvert d’une application stricte de la loi et de l’ordre. « C’est une dictature postmoderne, avec une façade pseudo-démocratique, des parodies d’élections et de procès », assène Vladimir Kara-Murza, vice-président du mouvement Russie ouverte, victime de deux tentatives d’empoisonnement. Pour beaucoup, cette férocité répressive vise à masquer l’ampleur de la corruption, le gaspillage de l’argent du gaz russe et les promesses socio-économiques non tenues de Vladimir Poutine. Des témoignages clés qui aident à dissiper le mirage de la nouvelle puissance russe.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/31203_0
    #film #documentaire #film_documentaire
    #Poutine #résistance #empoisonnement #autoritarisme #répression #opposition #élection #Vladimir_Kara-Mourza #emprisonnement #prisonniers_politiques #Alexeï_Navalny #corruption #manifestation #propagande #peur #justice #exil #torture #réfugiés_russes #nationalisme #persécution #dictature_post-moderne #dictature

  • #Sulla_loro_pelle”, l’inchiesta sui CPR che ha vinto il Premio Morrione
    Un documentario di #Marika_Ikonomu#Alessandro_Leone#Simone_Manda

    Ha vinto l’undicesima edizione del Premio Roberto Morrione per il giornalismo investigativo, l’inchiesta “Sulla loro pelle” di Marika Ikonomu, Alessandro Leone, Simone Manda (tutor Sacha Biazzo di Fanpage.it) che ha investigato l’opacità della gestione privata dei Centri di Permanenza per il Rimpatrio e le ripercussioni sui diritti basilari delle persone migranti.

    «L’inchiesta “Sulla loro pelle” dà voce agli ultimi con equilibrio e forza narrativa attraverso immagini e testimonianze, con maturità professionale e attenzione al linguaggio visivo e narrativo. Un lavoro toccante, di attualità, sempre più necessario, che tiene accesa l’attenzione su un tema, quello dei Centri di Permanenza per i Rimpatri, veri e propri luoghi di detenzione di cui si parla sempre troppo poco» sono le motivazioni della giuria.

    I Cpr sono appunto luoghi di detenzione amministrativa destinati al rimpatrio delle persone migranti. Anche se non sono ufficialmente delle carceri, le condizioni di vita e le morti avvenute al loro interno hanno portato società civile e associazioni a denunciare ripetutamente violazioni dei diritti umani. Sulla loro pelle affronta le problematiche di questo sistema: dai rapporti tra i privati gestori e le prefetture, a chi dentro quelle strutture ha perso la propria vita, dando voce al racconto di lavoratori e reclusi.

    https://www.meltingpot.org/2022/11/sulla-loro-pelle-linchiesta-sui-cpr-che-ha-vinto-il-premio-morrione

    https://www.youtube.com/watch?v=hb5XBVFUzDY


    #film #film_documentaire #documentaire #CPR #rétention #détention_administrative #Italie #asile #migrations #réfugiés #déboutés #sans-papiers

  • Tunnelbruch am Alex zeigt: So verwundbar ist Berlins Infrastruktur
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/berlin-verkehr-kommentar-sperrung-u2-der-tunnelbruch-am-alex-zeigt-

    25.11.2022 von Peter Neumann - Nicht zum ersten Mal hat ein privates Bauprojekt öffentliche Anlagen beschädigt. Schon 2018 warnte die BVG vor „erheblichen Risiken“ für die U-Bahn.

    In der U2 nach #Pankow ist es leer geworden. Das hat seinen Grund. Fahrgäste müssen in den U-Bahnhöfen Klosterstraße und Senefelderplatz umsteigen. Weil der Pendelverkehr zwischen diesen Stationen nur alle 15 Minuten fahren kann, verlängert sich die Reisezeit spürbar. Kein Wunder, dass viele Menschen der #U2 den Rücken gekehrt haben – keine gute Nachricht für die Mobilitätswende.

    In der einst so stark frequentierten Ost-West-Linie lässt sich hautnah nachvollziehen, was passiert, wenn private Bauvorhaben öffentliche Infrastruktur beschädigen. Wenn Investitionsvorhaben, die einer begrenzten Zahl von Menschen nutzen, viele zehntausend Menschen im Alltag beeinträchtigen.
    Die Sohle des unterirdischen Bahnhofsbauwerks ist gerissen

    Denn so ist es an der U2. Im #U-Bahnhof #Alexanderplatz musste am 7. Oktober eines der beiden Gleise gesperrt werden, nachdem sich das unterirdische Bauwerk bewegt hatte. Sensoren hatten eine „Setzung“ registriert, die schließlich auf 3,6 Zentimeter angewachsen war. Die Sohle des Bahnhofsbauwerks ist gerissen, weitere Risse haben sich gebildet. Der Verursacher scheint klar zu sein: Das Immobilienunternehmen Covivio hat nebenan eine Grube ausgehoben, dort sollen zwei 130 Meter hohe Türme entstehen.

    „Das ist schon gravierend“: So ernst sind die Schäden im U-Bahn-Tunnel unterm Alexanderplatz

    Laut BVG wird es mindestens bis Februar #2023 dauern, bis die U2 wieder wie früher verkehren kann. Doch sicher ist selbst das noch nicht, die Senatsauskunft wirkt beunruhigend: „Inwiefern eine Bestandssanierung oder ein Teilneubau in Betracht kommt, kann derzeit noch nicht abschließend bewertet werden.“

    Es ist nicht das erste Mal, dass Fahrgäste der U2 unter privaten Bauprojekten leiden. So stellte die BVG 2012 den Betrieb am #Potsdamer_Platz anderthalb Monate lang ein. In die Baugrube der heutigen #Mall_of_Berlin am #Leipziger Platz war Grundwasser eingedrungen. Im November 2015 gab auf der Baustelle für das Motel One an der #Grunerstraße der Boden um sechs Zentimeter nach. Folge war ein Tempolimit.

    Sensoren im U-Bahn-Tunnel: Auch die Linien U5 und U8 werden überwacht

    Immer wieder haben die Fachleute der #BVG, die mit den Besonderheiten des sand- und wasserreichen Berliner Bodens vertraut sind, vor Risiken gewarnt. Das zeigt ein Brief, den die damalige BVG-Chefin Sigrid Nikutta am 6. März 2018 der damaligen Bausenatorin Katrin Lompscher schickte. Das brisante Schreiben liegt der Berliner Zeitung vor.
    BVG befürchtete, dass #Grundwasser bis zu 17 U-Bahnhöfe flutet

    Das Unternehmen sei „hinsichtlich des geplanten Bauvorhabens sehr in Sorge“, schrieb Nikutta. Das Projekt sei mit „erheblichen Risiken für die Anlagen der BVG und damit den ungestörten Betrieb der U-Bahn“ behaftet. Gutachter würden eine Tunnelsetzung um 1,6 Zentimeter erwarten, anderswo gemachte Erfahrungen ließen aber fünf Zentimeter befürchten. Sollte es zu Schäden und unkontrollierbaren Grundwassereintritten kommen, sei zu befürchten, dass bis zu 17 U-Bahnhöfe geflutet und der Betrieb mehrere Jahre beeinträchtigt werden könnte. „Aus den dargelegten Gründen können wir als BVG den Bau dieses Hochhauses nicht befürworten“, so Nikutta.

    Was diesen Brief so beunruhigend macht, ist der Umstand, dass es um ein Vorhaben geht, für das die Arbeiten noch gar nicht begonnen haben. Im östlichen Bereich des Alexanderplatzes will der amerikanische Investor Hines ein 150 Meter hohes Gebäude errichten, auf einem Fundamentblock, der nur für ein 40 Meter hohes Bauwerk geplant worden war. Direkt darunter verläuft die U5.

    Schon die Bebauungspläne müssen Vorkehrungen fordern

    Zwar schloss die BVG eine nachbarschaftliche Vereinbarung ab, in der Hines zusagt, den Tunnel für 30 Millionen Euro mit einer Innenschale zu verstärken. Dazu hatte der Senat die BVG schon 2014 angehalten – doch das Landesunternehmen zeigte sich skeptisch. Erst Jahre später unterschrieb die BVG.

    Sensoren überwachen nun die U5 und die U8 in diesem Bereich. Die U8 könnte auch von einem anderen geplanten Bauprojekt betroffen sein: Der Investor Signa will das Karstadt-Ensemble am #Hermannplatz umbauen.

    Eines ist klar: Auch der Senat und die Bezirke müssen sich dafür einsetzen, dass öffentliche Infrastruktur nicht durch private Vorhaben beeinträchtigt wird. Nicht überall bekennen sich Investoren mit dem Abschluss nachbarschaftlicher Vereinbarungen zu ihrer Verantwortung. Deshalb ist es zwingend geboten, solche Verträge bereits in den Bebauungsplänen zu fordern. Das Debakel am Alexanderplatz zeigt, wie verwundbar das Berliner Verkehrssystem ist.

    #Berlin #Mitte #Privatisierung #ÖPNV #U-Bahn

  • Amazon Alexa is a “colossal failure,” on pace to lose $10 billion this year | Ars Technica
    https://arstechnica.com/gadgets/2022/11/amazon-alexa-is-a-colossal-failure-on-pace-to-lose-10-billion-this-year

    Alexa has been around for 10 years and has been a trailblazing voice assistant that was copied quite a bit by Google and Apple. Alexa never managed to create an ongoing revenue stream, though, so Alexa doesn’t really make any money. The Alexa division is part of the “Worldwide Digital” group along with Amazon Prime video, and Business Insider says that division lost $3 billion in just the first quarter of 2022, with “the vast majority” of the losses blamed on Alexa. That is apparently double the losses of any other division, and the report says the hardware team is on pace to lose $10 billion this year. It sounds like Amazon is tired of burning through all that cash.

    • The report says that while Alexa’s Echo line is among the “best-selling items on Amazon, most of the devices sold at cost.” One internal document described the business model by saying, “We want to make money when people use our devices, not when they buy our devices.”

      That plan never really materialized, though. It’s not like Alexa plays ad breaks after you use it, so the hope was that people would buy things on Amazon via their voice. Not many people want to trust an AI with spending their money or buying an item without seeing a picture or reading reviews. The report says that by year four of the Alexa experiment, “Alexa was getting a billion interactions a week, but most of those conversations were trivial commands to play music or ask about the weather.” Those questions aren’t monetizable.

      C’est très intéressant à plusieurs titres. Mais l’un des points est ignoré par l’article : la théorie n’était pas qu’on allait monétiser les actions des usagers (par exemple prendre un pourcentage quand ils achètent quelque chose), mais utiliser les capacités de surveillance et d’intrusion de ces appareils pour monétiser le profil des consommateurs. Quand on pensait « a billion interactions a week », on ne pensait pas à ce que ces interactions produisent directement un revenu, mais que le stockage et l’analyse de ces milliards d’interactions permettrait de vendre des ciblages publicitaires redoutables.

      Apparemment : pas du tout. Est-ce que le business du profilage des usagers était, lui aussi, un truc qu’on nous a survendu pour faire monter les actions des GAFAM, et qui au final est loin d’être si rentable que ça ? (Le fait que Facebook se transforme en un truc de réalité virtuelle, alors que c’est en théorie l’un des réseaux les plus intimes, permettant de réaliser l’un des profilages les plus intrusifs, ça va certainement aussi dans ce sens : fliquer les gens n’est peut-être pas aussi rentable qu’on a bien voulu nous le dire – au-là du simple problème éthique, s’entend).

    • (Je ne me rappelle plus où j’ai lu un article sur une grosse boîte américaine qui a fait l’expérience de suppression totale de pub ciblée sur internet sans effet notable sur les visites et achats sur son site).

  • Alexandre de Humboldt, l’un des premiers topophiles 1/2
    https://topophile.net/savoir/alexandre-de-humboldt-lun-des-premiers-topophiles-1-2

    Premier volet. La fabuleux Alexandre de Humboldt (1769-1859), infatigable voyageur et savant intransigeant, auteur d’un Cosmos qui inspira le nom de cette rubrique, est, vous allez le découvrir, un personnage hors-du-commun, essentiel dans notre appréhension de la Nature et compréhension des milieux. Le géographe Gilles Fumey, auteur d’une biographie intitulée Alexandre de Humboldt (éditions Double... Voir l’article

  • Hécatombe dans la Tech : plus de 130.000 licenciements en 2022 Sylvain Rolland - La Tribune
    https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/hecatombe-dans-la-tech-plus-de-130-000-licenciements-en-2022-940762.html

    Après des licenciements chez Meta (Facebook), Snap, Twitter, Stripe, Uber ou encore #Salesforce, Amazon pourrait lui aussi renvoyer plus de 10.000 salariés dans le monde, d’après la presse américaine. Si le plan social du géant du e-commerce était confirmé, plus de 130.000 emplois auront été supprimés dans le secteur de la tech en 2022.

    A eux seuls, les cinq Gafam - Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon et Microsoft - ont perdu 1.500 milliards de dollars de valorisation cette année. (Crédits : DADO RUVIC)
    A chaque semaine son plan social massif dans la tech. Au début du mois, le nouveau Twitter dirigé par Elon Musk annonçait 3.700 licenciements dans le monde, soit plus de 50% des effectifs de l’entreprise. La semaine suivante, Meta ( #Facebook, #Instagram, #WhatsApp) lui a emboîté le pas avec 11.000 suppressions d’emplois (13% des effectifs). Cette semaine, c’est au tour d’Amazon de se joindre au cortège macabre : d’après le New York Times , le numéro un mondial du commerce et ligne et du cloud s’apprête à se séparer de 10.000 employés. A qui le tour la semaine prochaine ?

    Plus de 131.000 licenciements dans la tech en 2022
    Si les plans sociaux des géants de la tech font les gros titres, le phénomène touche tout le monde, jusqu’à la petite startup. Au 15 novembre, plus de 121.400 emplois ont été supprimés dans 789 entreprises tech, d’après le décompte du site Layoffs.fyi https://layoffs.fyi . Dès qu’Amazon confirmera son plan social, ce total dépassera les 131.400 suppressions d’emplois, pour 790 entreprises. Ce chiffre est même certainement sous-évalué, puisqu’il se base uniquement sur des chiffres annoncés par les entreprises, certaines n’ayant certainement pas communiqué sur leurs réductions d’effectifs.

    A titre de comparaison, le record de suppressions d’emplois lors de l’éclatement de la bulle internet de 2000-2001 est largement dépassé : cette première grosse crise du secteur technologique avait engendré le licenciement de 107.000 personnes. Toutefois, la taille du secteur en 2022 n’a rien de comparable. Comme les chiffres sur la situation de l’emploi mondial dans la tech en 2001 manquent, il faut prendre la comparaison avec des pincettes , et ne pas oublier que 131.400 emplois en 2022 représentent une part beaucoup plus faible du total des emplois tech que les 107.000 poste supprimés de 2001.

    Cette année, les entreprises qui ont le plus licencié sont Meta (11.000 emplois) puis Amazon (10.000), #Uber (7.300 en mai), #Gettir (4480 en mai), #Booking.com (3.775 en juillet) et Twitter (3.700 en novembre). D’après le décompte, 34 entreprises ont effectué des plans sociaux d’au moins 1.000 salariés, dont #Shopify (1.000), #Stripe (1.000), #Yelp (1.000), #Lyft (1.682), #Airbnb (1.900) ou encore #Salesforce (2.000). Près de 400 grosses startups ont supprimé entre 100 et 1.000 postes.

    Proportionnellement au nombre d’employés, plus de 300 entreprises ont perdu au moins 30% de leur force de travail cette année. Parmi les géants de la tech, #Twitter (50%), #Groupon (44%) ou encore #Magic_Leap (1.000 suppressions soit 50%) sont les plus touchés. Au niveau des secteurs, tous sont touchés mais ceux de la crypto et de la finance ont particulièrement dégusté : 30% des emplois supprimés pour #Crypto.com, 27% pour #Bitpanda, 25% pour #Blockchain.com et 20% pour #Coinbase, entre autres, du côté des crypto ; 90% pour #ScaleFactor, 50% pour #Renmoney, 42% pour #Fundbox, 27% pour #Bolt, 23% pour #Robinhood, 10% pour #Klarna, entre autres, du côté des #fintech. Les startups dans la #foodtech, l’éducation, la santé, les transports ou le marketing ont aussi été très impactées.

    La tech avait aussi du gras à couper *
    Cet hiver de la tech -cune référence à la série Game of thrones et son fameux "winter is coming"c-, est la preuve que le secteur n’est pas insensible à la conjoncture de l’économie mondiale. Si les startups ont été les grandes gagnantes de la crise du Covid-19, qui a accéléré la transformation numérique de tous les secteurs d’activité, comme le reste de l’économie, les voilà rattrapées par le retour de l’inflation, l’explosion des taux d’intérêts, la crise de l’énergie et de ravitaillement en matières premières, ou encore les conséquences de la guerre en Ukraine.

    Alors que les valorisations des entreprises tech avaient explosé depuis 2020, les géants du secteur subissent depuis quelques mois une forte correction en Bourse. A eux seuls, les cinq #Gafam - #Google, #Apple, #Facebook devenu #Meta, #Amazon et #Microsoft - ont perdu 1.500 milliards de dollars de valorisation cette année. Par effet ricochet, la valorisation des #startups, qui avait atteint des niveaux délirants, chute lors des levées de fonds, entraînant des difficultés nouvelles pour les entrepreneurs. De leur côté, les fonds d’investissement réalisent moins de deals, prennent davantage de temps pour clôturer ceux qu’ils mènent à bien, et se montrent plus frileux, d’autant plus que leurs propres investisseurs tendent à privilégier des investissements moins risqués que la tech avec le relèvement des taux d’intérêts.

    Pour certaines entreprises, notamment les très grosses startups et les géants comme Amazon, Meta ou Snap (1.200 employés licenciés soit 20%), la correction paraît particulièrement violente. Mais c’est aussi parce qu’il y avait du gras à couper. Chez #Snap comme chez #Meta, les dirigeants ont taillé dans les divisions annexes pour se concentrer sur le cœur du business.

    De son côté, Amazon, par exemple, avait embauché à tour de bras pendant la pandémie pour répondre à l’explosion de la demande : son personnel mondial a doublé entre début 2020 et début 2022. D’après le New York Times, les postes visés par les réductions d’effectifs seront situés dans le département Amazon Devices (les appareils électroniques équipés de l’assistant vocal #Alexa ou encore les liseuses #Kindle ), dans la division de vente au détail, ainsi que dans les ressources humaines.

    • Amazon : 18 000 licenciements annoncés
      https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/01/11/amazon-18-000-licenciements-annonces_467573.html

      Après le milliardaire de Tesla, Elon Musk, #Jeff_Bezos a lui aussi subi une dégringolade du cours de ses actions et perd 100 milliards de dollars depuis le 1er janvier. Résultat : il vient lui aussi d’annoncer un plan de 18 000 #licenciements dans le monde.

      Il a suffi de l’annonce d’une légère baisse de ses activités, et donc ensuite d’une possible légère baisse des #dividendes, pour assister à cette dégringolade de plus de moitié du cours des actions d’Amazon en un an, soit 1000 milliards de dollars de capitalisation. Dans ces circonstances, Bezos recourt à l’annonce de licenciements massifs, qui devrait faire revenir vers lui l’argent des « investisseurs ».

      Les problèmes des salariés jetés à la rue ne sont pas un paramètre qui compte dans les calculs financiers des milliardaires. C’est le travail des centaines de milliers de salariés du groupe, mal payés, avec de conditions de travail exténuantes, qui fait monter jusqu’au ciel la fortune de Bezos, devenu l’homme le plus riche du monde. Aujourd’hui ceux qu’il menace de licenciement ont toutes les raisons de faire payer ce capitaliste qui possède encore en propre près de 100 milliards de dollars.

  • #Mémorial de #Souvorov

    Le mémorial de Souvorov (appelé en allemand #Suworow-Denkmal, également #Russen-Denkmal), est un monument situé dans les #gorges_des_Schöllenen, près du #pont_du_diable, sur le territoire de la commune uranaise d’#Andermatt, en #Suisse.

    Le monument a été dressé en mémoire des #soldats_russes morts au combat lors de leur traversée des Alpes en septembre #1799 sous le commandement du général #Alexandre_Souvorov. Il rappelle en particulier les combats qui se sont déroulés dans la région le 25 septembre 1799 entre les troupes russes et celles commandées par le général napoléonien #Lecourbe.

    Le monument a été érigé en 1895-1898 selon des plans d’A. Werschinsky, avec l’approbation de la Suisse. Le terrain sur lequel il se dresse est la propriété de l’État russe ; cependant, contrairement à une légende urbaine, la parcelle n’est ni une zone extraterritoriale, ni une enclave russe en Suisse.

    Lors de sa visite d’État en Suisse, le président russe Dmitri Medvedev a visité le monument le 22 septembre 2009 en compagnie du président suisse Hans-Rudolf Merz.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9morial_de_Souvorov
    #monument #Suisse #Russie

    –-> on en parle dans cette série historique sur le canton Tessin :
    https://seenthis.net/messages/978229

  • #Alessandro_Chiappanuvoli. In ascolto de #L’Aquila

    Dal terremoto dell’aprile 2009 il capoluogo abruzzese è ancora un cantiere. Il podcast “#L’Aquila_fenice” racconta l’urgenza di costruire un’identità per la futura città. Partendo dalla rielaborazione collettiva di quanto accaduto.

    Se il terremoto ha insegnato qualcosa agli aquilani è a sperimentare, a lanciarsi nelle sfide, a collaborare, a creare nuove realtà e soluzioni dal basso”, dice Alessandro Chiappanuvoli. Giornalista, scrittore, il 6 aprile del 2009 aveva 28 anni e stava per decidere di abbandonare la sua città, per lavorare come cooperante in Sud America dopo essersi laureato in Sociologia della multiculturalità a Urbino. Non se n’è mai andato, però: a luglio ha riassunto tredici anni di vita in un podcast, “L’Aquila fenice”, prodotto da Spotify studios in collaborazione con Chora Media e Maxxi. “La memoria di ciò che è stato è fondamentale -dice- L’Aquila non può permettersi di non essere testimone del proprio terremoto. Non è più la città che stavo per abbandonare, ma un centro nevralgico di sperimentazione. Questo fermento deve essere alimentato. Ricostruite le case andrà ricostruita la città, l’idea di città, e l’identità dei suoi cittadini”.

    Attraversare un terremoto cambia l’approccio alla vita nel quotidiano. Porta a chiedersi “quand’è che sono felice?”. Che cosa significa questa domanda per te?
    AC Il terremoto è un momento di crisi, individuale e collettivo. Come tale porta con sé un dono, un’opportunità, quella di poter ripensare la propria vita. A me è accaduto nel 2010 quando mi posi la domanda che riporto nel podcast, e la risposta fu facile: “Quando scrivo”. Dopo 13 anni credo che il valore che ho dato a quella domanda e l’approccio alla vita non siano cambiati. La mia esistenza può finire da un giorno all’altro e devo viverla come se fosse sempre l’ultimo giorno, nel lavoro, nei sentimenti, nella socialità e nella vita politica (ovvero nella vita finalizzata alla realizzazione del bene comune). Ogni giorno cerco di andare a dormire sereno, soddisfatto, e così mi sveglio propositivo, energico, con la voglia di fare ancora di più.

    “L’Aquila non è più la città che stavo per abbandonare, ma un centro nevralgico di sperimentazione. Questo fermento deve essere alimentato. Ricostruite le case andrà ricostruita la città, l’idea di città, e l’identità dei suoi cittadini”

    Nel podcast racconti del grande attivismo post-terremoto, della mobilitazione dei giovani e non solo, di progetti come Casematte e 3e32. Però L’Aquila è stato il primo capoluogo di Regione in cui Fratelli d’Italia (FdI) ha vinto le elezioni, nel 2017. Perché?
    AC Le elezioni del 2017 furono controverse. Il candidato del Partito democratico perse al ballottaggio ma era dato come sicuro vincitore. E non credo che la vittoria sia targata FdI, quanto centrodestra. In città si è parlato di faide interne al Pd o di distrazione di voti a sinistra, causati dai movimenti nati dai comitati come il 3e32. Credo che il centro di potere del Pd che ha governato la città durante il terremoto abbia commesso un grave errore, perpetrato ancora nelle amministrative di quest’anno: non dare continuità alla propria azione, non alimentare un ricambio generazionale, non coinvolgere pienamente la grande mobilitazione nata a seguito del terremoto. L’Aquila prima del 2009 era un paesotto piccolo borghese con fulcri di potere ben definiti, il terremoto ha attivato processi di partecipazione strutturati o spontanei, calati dall’alto o nati dal basso. Questa partecipazione andava alimentata e organizzata, poiché un passo indietro è sempre possibile. Poi c’è una cosa che penso da 13 anni: L’Aquila è lo specchio futuro dell’Italia, la mia città è l’Italia tra cinque anni, quel che succede da noi è molto probabile succeda anche nel resto del Paese. Non avrei nulla contro la destra, purché sappia essere progressista, aperta al dialogo, partecipativa, responsabilizzante di tutte le parti sociali. Ciò che la sinistra non sta riuscendo a fare.

    Nel tuo racconto dai voce ai giovani aquilani, che erano bambini ai tempi del terremoto.
    AC Molti hanno avuto la fortuna di crescere al fianco di persone che si sono spese anima e corpo per L’Aquila, per il suo futuro e per strutturare un’idea di città anche se oggi nessuno sta lavorando per costruire un’idea di città futura. Ci sono intenzioni, protocolli d’intesa, strategie, ma poche azioni concrete, sostenibili, pochissime visioni di lungo periodo. I giovani hanno il diritto al futuro. Noi abbiamo il dovere di indicare la via, loro di sognare. L’Aquila quand’ero giovane era una città da cui scappare, oggi è in continuo mutamento, ma non è ancora una città dove restare. Ecco, forse dovremmo iniziare a chiedere in prestito i sogni dei giovani aquilani per costruire una vera idea de L’Aquila futura.

    “L’Aquila fenice” è un podcast in sei puntate scritto da Alessandro Chiappanuvoli, prodotto da Spotify Studios in collaborazione con Chora Media e Maxxi

    Una puntata è dedicata al tema della memoria, che non significa semplicemente non dimenticare.
    AC Davanti a una crisi personale, dopo il momento del dolore e di emergenza, le strade sono due: chiudere col passato e voltare pagina o metabolizzare quanto accaduto e imparare dai propri errori. Con il terremoto, un momento di crisi collettiva, è diverso: l’unica strada percorribile è la seconda. Bisogna costruire una memoria pubblica che aiuti la comunità a fare pace con l’emergenza, con il dolore, come hanno fatto i cittadini che hanno voluto il Parco della memoria. Questo non solo per non ripetere gli errori commessi -la cattiva gestione degli sfollati, i ritardi nella ricostruzione- e per non affrontare le catastrofi naturali come se fosse sempre la prima volta. È necessario per ricucire le ferite nell’animo della comunità, per rinsaldare lo spirito sociale di mutuo aiuto. La collettività non può vivere in salute con un rimosso. Gli esseri umani costruiscono sul passato una sovrastruttura sulla quale erigere l’esperienza di vita. Oggi invece sembra sia diventato importante soltanto commemorare il dolore, ricordare l’anniversario. Non c’è nulla di più inutile.

    Il terremoto ha tenuto L’Aquila ai margini degli effetti della crisi economica, ma rischia di causare una bolla. La città si sta preparando alla fine della ricostruzione?
    AC No, né da un punto di vista economico, né da quello socio-culturale. Si vive in una specie di presentismo precario, ma tra qualche anno la ricostruzione sarà ultimata e anche i flussi di denaro per la ripresa sociale smetteranno di arrivare. E se deperisce l’economia della città non so quanto realtà come il museo Maxxi L’Aquila o il Gran Sasso science institute, create dopo il terremoto, possano resistere in un contesto non più in crescita. Basti pensare che una buona parte dei fondi del Pnrr sono stati destinati al recupero del decoro urbano e non a costruire un futuro per le prossime generazioni. Come se fosse possibile per una città di provincia come L’Aquila, che certo non è Firenze, Roma o Venezia, puntare forte sul turismo. Temo che tra qualche anno ci ritroveremo con una città, ricostruita con i soldi degli italiani, bella ma vuota, nuova ma priva d’identità, una cattedrale desertificata, gentrificata.

    “Si vive in una specie di presentismo precario […]. Temo che tra qualche anno ci ritroveremo con una città, ricostruita con i soldi degli italiani, bella ma vuota, nuova ma priva d’identità, una cattedrale desertificata, gentrificata”

    Hai citato il Gran sasso science institute (Gssi). Quand’è arrivato e perché può rappresentare un modello, in generale per l’Italia interna e le sue università?
    AC Il Gssi è un centro di alta formazione che apre la città al mondo e che, fatto non secondario, tenta di concretizzare i saperi che produce. È fuor di dubbio un modello per l’Italia interna e per le università, ed è innegabile la mole di studi che mette a disposizione dei territori. Il problema è che fatica a non essere percepito come la classica astronave scesa dal cielo e non è solo una responsabilità dell’istituto costruire un rapporto con la città e con i cittadini, che va costruito da ambo le parti. È una questione che riguarda il rapporto dei cittadini con la cultura. Se la formazione continuerà a essere percepita solo come un’attività professionalizzante, questo divario diventerà sempre più ampio. Ma il punto, per tornare al Gssi, è questo. Dobbiamo trovare una risposta seria a queste domande: “A che serve il Gran sasso science institute per la quotidiana degli aquilani? Cosa ci può dare culturalmente che non siano benefici superficiali come affitti e introiti economici per i commercianti? Come può migliorare le nostre vite?”. Ecco, troviamo una risposta a queste domande.

    Tra i luoghi della cultura, gli spazi che guardano al futuro, elenchi anche il Mercato contadino: che cosa rappresenta?
    AC A citarlo è Quirino Crosta, attivista, tra le altre cose, di Slow Food, che ha partecipato in prima linea alla sua creazione. Io lo frequento come acquirente. Posso dire che rappresenta anch’esso un’opportunità e la più evidente: aiutare i produttori locali a raggiungere sempre più ampie fette di mercato e contribuire alla salvaguardia della memoria, dei saperi contadini locali, delle specificità, della biodiversità. Il Mercato contadino è un presidio, un tentativo di resistenza, una realtà che nel suo piccolo già crea cultura, già cambia la prospettiva e alimenta una nuova visione di consumo e di benessere.

    #tremblement_de_terre #Italie #Abruzzes #identité #experimentation #mémoire #reconstruction #crise #Casematte #3e32 #mémoire_publique #Gran_sasso_science_institute (#Gssi)

  • „Das ist schon gravierend“: So ernst sind die Schäden im U-Bahn-Tunnel unterm Alexanderplatz
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/das-ist-schon-gravierend-so-ernst-ist-der-tunnelschaden-unterm-alex

    18.10.2022 von Peter Neumann - Weil der Tunnel der U-Bahn-Linie U2 unter dem Alexanderplatz in Bewegung geraten ist, wurde ein Gleis gesperrt. Weiterhin können die Berliner Verkehrsbetriebe (BVG) nicht sagen, wie lange die Fahrgäste noch umsteigen und einen Pendelverkehr nutzen müssen. Doch nun zeichnet sich das Konzept ab, wie das unterirdische Bauwerk in der City Ost saniert werden könnte. Bekannt wurde auch, dass erste Schäden schon im August beobachtet wurden – und dass sie ein schwerwiegendes Ausmaß erreicht haben. „Das ist nicht zu unterschätzen“, sagte Ephraim Gothe (SPD), Baustadtrat von Mitte.

    Wie berichtet hat sich das Tunnelbauwerk der U2 im Bereich des U-Bahnhofs Alexanderplatz um fast vier Zentimeter gesetzt. Das bedeutet, dass sich die Betonkonstruktion gesenkt hat. Nach den Informationen, die Gothe vorliegen, bewegte sie sich bisher je nach Bereich um 3,1 bis 3,6 Zentimeter nach unten. „Das ist schon gravierend“, lautet die Einschätzung des Stadtrats, der Bauingenieur ist.
    Beton ohne Stahl auf der historischen „Centrumslinie“

    Für das Bauwerk bedeutet eine Setzung fast immer eine Belastung. In diesem Fall gilt das in besonderem Maße, denn der Beton ist unbewehrt. Das bedeutet, dass kein Stahl eingebaut wurde, der die Stabilität normalerweise erhöht. Der Abschnitt der damaligen „Centrumslinie“, der vom Spittelmarkt zum Alexanderplatz und zum Teil als Hochbahn weiter zum heutigen U-Bahnhof Schönhauser Allee führt, ist 1913 in Betrieb gegangen.

    Risse in den Tunnelwänden des Bahnhofs der U2 zeigen, wie stark das Bauwerk durch die Setzung belastet ist. Ende August seien sie erstmals gesichtet worden, berichtete der Stadtrat. Daraufhin habe die BVG mit der Covivio Kontakt aufgenommen, so Gothe. Das Immobilienunternehmen will nebenan ein Hochhaus mit Zwillingstürmen errichten, die über 33 ober- und drei unterirdische Geschosse verfügen. Dazu wurde neben dem Hotel Park Inn, in unmittelbarer Nachbarschaft des U-Bahnhofs, eine Baugrube ausgehoben, die mehrere Stockwerke tief in den Boden reicht. Weil sie im Wesentlichen fertig ist, gebe es dort inzwischen keine Arbeiten mehr, wie die Covivio bestätigte.
    Nicht mehr lange – und die BVG hätte den U-Bahn-Tunnel sperren müssen

    Dem Vernehmen nach hielt man es bei der BVG noch Anfang Oktober für möglich, den Verkehr auf der stark belasteten U-Bahn-Linie U2 in vollem Umfang aufrechtzuerhalten. Doch nach einem erneuten Gespräch mit Covivio zogen die Bauexperten des Landesunternehmens am 7. Oktober die Reißleine. „Da die Messung für das Gleis in Richtung Pankow sich nun einem Grenzwert nähert und Sicherheit oberste Priorität hat, lässt die BVG die U2 im Bereich des Alexanderplatzes bis auf weiteres vorsichtshalber nur noch auf dem gegenüberliegenden Gleis fahren“, teilte die BVG damals am Abend mit.

    Der U-Bahnhof Alexanderplatz ist mit drei Linien ein stark genutzter Knotenpunkt im Osten Berlins. Auf diesem Bild von 2020 ist die U2 nach Pankow zu sehen. Dieses Gleis ist seit dem Abend des 7. Oktober gesperrt.

    Der U-Bahnhof Alexanderplatz ist mit drei Linien ein stark genutzter Knotenpunkt im Osten Berlins. Auf diesem Bild von 2020 ist die U2 nach Pankow zu sehen. Dieses Gleis ist seit dem Abend des 7. Oktober gesperrt.imago/Rolf Zöllner

    Der Grenzwert für die Setzung, um den es geht, beläuft sich auf vier Zentimeter. Tiefer darf das Bauwerk nicht absacken. „Wenn der Wert überschritten wird, wäre die Vollsperrung des Tunnelabschnitts die zwangsläufige Folge“, sagte ein Insider.
    Zu früh an die Öffentlichkeit gegangen? Covivio schreibt kritischen Brief

    Um den Betrieb auf der U2 wenigstens zum Teil aufrechtzuerhalten und den Fahrgästen zusätzliche Unannehmlichkeiten zu ersparen, habe die BVG „verantwortungsvoll reagiert“. Das sieht manch einer bei der Covivio aber offenbar anders. Nach Informationen der Berliner Zeitung hat das Unternehmen vor Kurzem einen Brief geschrieben. Dass die BVG an die Öffentlichkeit gegangen sei, bevor der Grenzwert erreicht wurde, stößt darin auf ein negatives Echo.

    Auf der Arbeitsebene stellt Bezirksstadtrat Gothe eine gute Zusammenarbeit zwischen der BVG und den Hochhausbauern fest. Dies und die Tatsache, dass in der Baugrube nicht mehr gearbeitet werde, habe ihn und die Verwaltung dazu bewogen, von der behördlichen Anordnung eines Baustopps abzusehen. „Das ist nicht erforderlich“, sagte der Bezirkspolitiker. „Wichtig ist, dass an der Lösung der Probleme gearbeitet wird.“

    Das sei offensichtlich der Fall, so Gothe. Es gebe bereits ein erstes Konzept, wie das Tunnelbauwerk stabilisiert werden könnte. Seitlich von der Baugrube aus könnte Beton unter die Konstruktion injiziert werden, erfuhr der Ingenieur. Dadurch würde der U-Bahnhof wieder eine feste Grundlage bekommen.
    BVG kündigt für Ende dieser Woche neue Informationen an

    Wie lange die Teilsperrung andauere und Fahrgäste auf den nur alle 15 Minuten verkehrenden Pendelverkehr ausweichen müssten, teilt die BVG weiterhin nicht mit. Doch das Unternehmen möchte in absehbarer Zeit ein Update geben. „Die Prüfungen an den Anlagen der U2 am Alexanderplatz dauern an“, teilte BVG-Sprecher Nils Kremmin mit. „Wir gehen davon aus, dass erste Zwischenergebnisse Ende dieser Woche vorliegen. Sollte es Änderungen im Betriebskonzept geben, werden wir umgehend informieren.“

    Covivio-Sprecherin Barbara Lipka bekräftigte den Zeitplan. „Wir hatten letzte Woche eingeschätzt, dass es rund 14 Tage dauern würde, bis erste Ergebnisse der gemeinsamen Untersuchungen seitens BVG, Bauunternehmen und Covivio vorliegen würden“, teilte sie am Dienstag mit.

    Die Linke fordert, Hochhausbauten in der Nähe von U-Bahn-Tunneln zu stoppen. „Alle Hochhausbauten im Umfeld von genutzten U-Bahn-Tunneln müssen sofort angehalten werden“, verlangten die Abgeordneten Katalin Gennburg und Kristian Ronneburg. „Bevor diese weitergeplant oder weitergebaut werden können, müssen die Projekte hinsichtlich ihrer Risiken für den U-Bahn-Verkehr erneut untersucht und neu bewertet werden. Das gilt beispielsweise für weitere Planungen am Alexanderplatz und am Hermannplatz.“
    Investor Hines zahlt BVG 30 Millionen Euro für die Tunnelertüchtigung

    Am Alexanderplatz will auch das US-Unternehmen Hines ein Hochhaus errichten. Es nahm die Debatte zum Anlass, um darauf hinzuweisen, dass man sich mit der BVG 2021 auf ein Verfahren zum Schutz des darunter liegenden Tunnels der U5 geeinigt habe. 30 Millionen Euro würden investiert. „Zur bestmöglichen Optimierung der Tunnel-Sicherheit wird der alte Beton der Tunnelwand teilweise abgetragen und eine neue dichte, lasttragende Innenschale gesetzt werden. Das Verfahren kommt im Ergebnis einem Neubau des rund 90 Jahre alten U-Bahn-Tunnels gleich“, so Hines. Eine längere durchgehende Unterbrechung des U-Bahn-Verkehrs sei dafür nicht erforderlich, hieß es bei der BVG. Sperrungen in der Nacht oder am Wochenende reichten aus.

    #Berlin #Mitte #Alexanderplatz #Verkehr #ÖPNV #U-Bahn #Immobilien #Hochhaus #Privatisierung

  • Kohler - D. Moretti : de la « République exemplaire » aux scandales d’état
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/kohler-d-moretti-de-la-republique-exemplaire-aux-scandales-detat-8i5mgfiD

    Semaine noire en macronie. Un ministre de la #Justice jugé pour prise illégale d’intérêts dans le cadre de ses fonctions, alors qu’il est toujours en poste et le secrétaire général de l’Elysée soupçonné des mêmes chefs d’accusation. Deux affaires…

    #Alexis_Kohler #Emmanuel_Macron
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-kohler-d-moretti-de-la-republique-exemplaire-aux-

  • Et soudain, il ne se passa rien | Mediapart | 04.10.22

    – Désolé, cher président, je ne serai pas là mercredi pour le conseil des ministres : je comparaîs devant la Cour de justice de la République.

    – Dans ce cas, pas de problème, cher Éric. Vous connaissez mon attachement à la présomption d’innocence. N’hésitez pas à prendre quelques jours pour préparer au mieux votre défense.

    Si c’est à Ibiza, sait-on jamais : peut-être que les médias s’empareront de l’affaire.

    Michaël Hajdenberg / Mediapart


    ...

    dans un autre article :

    « Ça va finir comme d’habitude, prophétise un député au sujet de l’avenir d’Éric Dupond-Moretti. La pression va monter, ils vont faire bloc dans un premier temps puis ils seront obligés de céder. C’est intenable. Contrairement à Kohler, qui est le double de Macron, ça ne coûte pas cher de le larguer. »

    • 2020 : Affaire Kohler : l’ardoise de #MSC s’élève à 2,6 milliards d’euros pour l’Etat
      https://www.mediapart.fr/journal/france/260620/affaire-kohler-l-ardoise-de-msc-s-eleve-26-milliards-d-euros-pour-l-etat

      C’est aussi cela la traduction du conflit d’intérêts d’#Alexis_Kohler. Gravement touché par la crise du Covid-19, l’armateur a obtenu la suspension de tous ses remboursements de crédits pendant un an. L’État se retrouve surexposé au risque du croisiériste. Une conséquence des facilités qui ont été consenties à MSC, lequel a obtenu pendant des années « un accès à la liquidité publique » sans contrainte.

      En mars, la Sfil, la banque publique qui assure le refinancement des crédits exports en France, a reçu une mauvaise nouvelle. Durement frappé par la crise du Covid-19, le groupe MSC, qui figure parmi ses principaux clients, lui a demandé, selon nos informations, de pouvoir suspendre le remboursement de toutes ses échéances pour cette année, puis d’étaler les arriérés sur cinq ans. Montant des sommes en jeu : 2,6 milliards d’euros. Et ce n’est qu’une partie de l’addition. Car il faut ajouter les garanties, les assurances consenties par les différentes entités publiques pour des montants inconnus.

      « L’information concernant une exposition individuelle comme celle sur MSC n’est pas publique. Nous vous confirmons néanmoins que l’ensemble des engagements de la Sfil sur MSC est effectivement de l’ordre de 2,6 milliards d’euros. Ceci n’est pas notre première exposition sur le secteur de la croisière puisque nos engagements avec le concurrent de MSC, l’armateur américain RCCL [Royal Caribbean – ndlr], sont supérieurs », nous a confirmé la direction de la Sfil.

      Celle-ci précise que la décision d’accepter la suspension de échéances et l’étalement sur cinq ans, consentis aussi bien à MSC qu’à son concurrent Royal Caribbean, s’inscrit dans le cadre de la gestion de la crise provoquée par la pandémie. « L’ensemble des pays européens disposant de chantiers navals actifs dans la croisière, dont la France mais aussi l’Italie et la Finlande, s’est rallié à l’initiative du gouvernement allemand, portée notamment par la banque publique KfW, de proposer à un certain nombre d’acteurs des secteurs les plus touchés, à savoir l’aéronautique et les transports maritimes, un étalement sur cinq ans des échéances de principal tombant au cours des 12 prochains mois », nous indique-t-elle.

      Cette mauvaise nouvelle n’est malheureusement pas une surprise. Avec le covid-19, le secteur des croisières fait face à la plus grande crise de son histoire. Et MSC, troisième groupe mondial de croisières, n’y échappe pas. Comme tous ses concurrents, l’armateur italo-suisse, qui exploite des paquebots gigantesques, a vu son activité s’effondrer en quelques semaines. Au fil du développement de la crise sanitaire, les croisières ont viré au cauchemar.

      Ces monstres marins qui accueillent entre 5 000 et 6 000 personnes, déjà décriés pour leur absence de sécurité – personne ne sait comment évacuer autant de personnes en cas d’avarie –, extrêmement polluants et sources d’énormes nuisances dans les villes où ils font escale, sont devenus des bombes sanitaires pendant la crise du coronavirus. Paquebots contaminés, croisiéristes confinés dans leur cabine, interdiction de faire escale… : le secteur est totalement sinistré. Et peut-être pour longtemps.

      Tous les groupes de croisières font eau de toutes parts. MSC comme les autres. Mais à la différence d’autres, lui a réussi à faire porter une partie de ses risques par un tiers : l’État français.
      Comment l’État français se retrouve-t-il exposé dans un des secteurs les plus risqués et les plus critiqués ? C’est toute l’histoire d’une capture organisée par un groupe familial privé, qui a su, usant de chantage, détourner à son profit les légitimes préoccupations industrielles, sociales et d’#emploi du monde politique pour ses chantiers navals.

      Mais une capture à si grande échelle n’aurait pas été possible sans une connaissance de l’appareil d’État et des appuis en son sein. Car c’est aussi cela la traduction du conflit d’intérêts d’Alexis Kohler. Il ne s’agit pas seulement d’une question de principe et de légalité. Les années durant lesquelles Alexis Kohler a accepté de dissimuler ses liens familiaux avec la famille Aponte, principal actionnaire de MSC, les arrangements entre petits comités, les interventions et les surveillances doivent se lire dans la ligne d’une stratégie précise.
      Une stratégie que MSC expose sans fard. En avril 2013, le groupe dévoile ses exigences par l’intermédiaire d’un mail du directeur financier de STX France, Jean-Philippe Neau : « Avoir accès à la liquidité publique sur la durée la plus long possible. » Bref, que l’État subventionne et finance sans restriction l’armateur italo-suisse – qui, au passage, ne paie quasiment pas d’#impôts en France –, en se cachant derrière le prétexte du carnet de commandes des chantiers de Saint-Nazaire.

      Jean-Philippe Neau, qui deviendra par la suite directeur financier de MSC au départ d’Alexis Kohler pour l’Élysée – sans que cela ne semble non plus soulever quelque problème que ce soit –, précisera dans le même mail que MSC « demande une réflexion de la France sur le leasing opérationnel, MSC n’étant pas attaché à être propriétaire de ses bateaux ». En d’autres termes, que l’État devienne propriétaire des bateaux en lieu et place du groupe italo-suisse et assume tous les risques.

      Officiellement, l’État français n’est pas encore #armateur de #paquebots_de_croisières, mais c’est tout comme. Car à l’exception des pertes d’exploitation, la garantie de l’État porte sur tout – le principal, les intérêts, les primes d’assurance et les dommages et intérêts éventuels – jusqu’à l’amortissement final de tous les prêts liés à l’acquisition de chaque navire. Les financements et les garanties pour assurer les commandes de MSC ont été conclus sur des durées longues, très longues. Plus de dix-sept ans en moyenne. Bien au-delà de la norme des financements habituels. L’État se retrouve donc engagé au long cours.

      Les pouvoirs publics auraient pu éviter de se retrouver dans un tel cul-de-sac. La concurrence entre les #chantiers_navals dans le monde est certes féroce. Les conditions de financement des bateaux – payés à crédit au moins à hauteur de 80 % – figurent parmi les éléments décisifs dans le choix d’un chantier par rapport à un autre. À cela s’ajoute un facteur typiquement européen : au nom de la « concurrence libre et non faussée », l’Europe interdit de subventionner les fabricants d’équipements mais pas les clients.

      Pourtant, malgré toutes ces contraintes, l’État actionnaire aurait peut-être pu impulser une nouvelle approche industrielle – développement de nouvelles activités, adossement à un groupe afin de pouvoir passer les gigantesques creux conjoncturels du maritime –, pour éviter de se retrouver coincé dans un chantage sans fin aux commandes et au financement. C’est d’ailleurs ce que recommandait une note d’un conseiller ministériel en 2010 : « Nous sommes bien d’accord. STX France doit absolument se diversifier », écrivait-il, en jugeant que miser toute l’activité de Saint-Nazaire sur les immenses paquebots était dangereux.

      Le chantage des commandes

      Mais les chantiers navals de Saint-Nazaire n’ont jamais pu s’extraire du piège qui leur était tendu par ses clients croisiéristes, à commencer par MSC. Et cela avec la complicité du directeur des chantiers Laurent Castaing et de l’État. Rabais incessants, équipements gratuits supplémentaires, financements sur mesure… MSC a tiré sur toutes les cordes, en faisant miroiter à chaque fois de nouvelles commandes pour obtenir des conditions toujours plus exorbitantes, obligeant Saint-Nazaire à travailler à perte. En un mot, l’État français lui a financé sa flotte.

      Et ce sans que l’administrateur représentant l’État chez STX, Alexis Kohler, ne s’en inquiète. Au contraire. Dès son deuxième conseil aux chantiers navals en avril 2009, où il s’agit d’approuver une commande passée par MSC, ce dernier prend la parole et fixe la stratégie : « Tous les efforts devront être déployés pour obtenir de nouvelles commandes de MSC », déclare-t-il .

      Tous les efforts vont être effectivement déployés. Dès l’année suivante, alors que le secteur maritime est durement atteint par la crise financière – les banques refusant le moindre crédit au secteur –, les chantiers de Saint-Nazaire enregistrent plusieurs annulations de commandes. Bien que très mal en point, MSC s’avance comme sauveur. Il est prêt à passer commande d’un nouveau bateau pour aider STX. Mais il n’a pas d’argent. Alors STX va devenir le banquier de MSC et lui avancer les 60 millions d’euros d’acomptes qu’il doit légalement verser. Un crédit qui ne sera jamais remboursé (voir notre article).

      En 2011, nouvelle catastrophe à Saint-Nazaire : un client libyen annule une commande après l’éclatement de la guerre en Libye. MSC se précipite en sauveur. Pour « rendre service », il est prêt à se substituer au client libyen et à reprendre la commande. Naturellement avec quelques aménagements. Les acomptes qu’a versés le client libyen, qui normalement reviennent au chantier naval, lui seront décomptés du prix final. Et tous les aménagements et équipements supplémentaires pour équiper le paquebot selon les normes de MSC seront gratuits.

      En 2013, MSC fait miroiter une nouvelle commande de deux paquebots gigantesques. Ce contrat Vista de 1,2 milliard d’euros doit se traduire par des millions d’heures de travail à Saint-Nazaire et sauver le plan de charge des chantiers de Saint-Nazaire, fait miroiter le directeur de STX, Laurent Castaing.

      L’ennui est que MSC est prêt à commander mais pas à payer. Aux côtés des 80 % financés à crédit avec l’aide et la garantie de l’État, l’armateur doit normalement assurer les 20 % restants au nom d’une prise de risque partagée. De retour d’une visite au siège de MSC à Genève, en octobre 2013, Laurent Castaing écrit au cabinet du ministre des finances Pierre Moscovici : « MSC a indiqué ne pouvoir apporter que 10 % pour les deux navires (130 millions d’euros). Il faut donc trouver les 10 % manquants. »

      L’alerte de la direction du budget

      Qu’à cela ne tienne, l’État y pourvoira. Les dossiers STX et MSC représentent des dizaines, voire des centaines d’heures de travail – on a même l’impression que, pour certains, c’est un temps plein – aux cabinets du ministre des finances et du redressement productif, à l’Agence des participations de l’État et au Trésor. Car c’est Bercy qui, à chaque fois, démarche les banques, négocie les contrats, apporte sa caution et sa signature, qui imagine les montages financiers pour le compte de MSC. Et cela dure pendant des mois. Alexis Kohler est informé de tout.
      Car le groupe italo-suisse souhaite bénéficier de tout, de l’accès au système bancaire grâce à l’appui de l’État, des crédits à taux imbattables avec la signature de l’État, de la prise en charge des risques par des structures publiques ou parapubliques, mais aussi de tous les montages « d’optimisation fiscale ». Et s’il rencontre un soupçon de résistance, l’armateur italo-suisse ne manque pas alors de faire savoir qu’un autre chantier naval lui a fait des propositions bien plus intéressantes qu’il est prêt à examiner.

      Bercy se retrouve ainsi à négocier avec les banques la création de special purpose vehicule (SPV), des entités ad hoc logées au Panama ou dans quelque autre #paradis_fiscal, qui servent à porter le financement de chaque bateau, MSC n’en étant que l’exploitant jusqu’au remboursement final.

      Au cabinet du ministre des finances, certains conseillers finissent par se demander si cette situation est bien normale, si c’est vraiment la fonction d’un cabinet ministériel d’aider un groupe étranger à échapper à la fiscalité française. Finalement, le feu vert est donné. « Les autorités fiscales pourraient accepter un tel schéma si cela respecte la politique fiscale et si la marge de STX reste acceptable », tranche le cabinet du ministre.
      Toutes les notes engageantes sur les financements publics signées par Bercy s’achèvent ainsi : préserver les intérêts de STX France. Dans les faits, les chantiers navals de Saint-Nazaire survivent à peine. Ils perdent des millions chaque année. Tous les efforts de productivité pour abaisser les coûts, les accords de performance tant vantés par Emmanuel Macron, les plans d’ajustement sont captés par ces deux grands clients – MSC et Royal Caribbean –, sans bénéfice aucun pour les chantiers de Saint-Nazaire. Car toutes les commandes sont prises à perte.

      En juillet 2016, une note portant sur une nouvelle commande de deux paquebots par MSC pour livraison 2019-2020 confirme les avertissements de l’Agence des participations de l’État, qui avait mis son veto à une commande en 2014. « L’allongement de la série devrait permettre à STX France d’équilibrer les pertes réalisées sur les deux premiers navires », écrit-elle. Saint-Nazaire a donc bien perdu encore de l’argent sur les commandes de MSC. La note poursuit : « Après la livraison des navires, l’exposition de l’État au risque MSC devrait atteindre 3,2 milliards d’euros, compte tenu des autres crédits Coface, et demeure acceptable, compte tenu de la mise en place d’un schéma de sûreté, notamment d’une hypothèque de 1er rang. »

      Une analyse que ne partage pas du tout la direction du Trésor. Dans une note en date du 15 juillet 2016, celle-ci avertit que l’exposition de l’État dans le secteur des croisières est déjà de 7,3 milliards d’euros. Elle demande que des négociations soient engagées avec les deux croisiéristes – MSC et Royal Caribbean –, afin de rehausser les taux de garantie de l’État dont ils bénéficient, pour mieux assurer le risque.
      Mais c’est la direction du budget, qui n’est jamais associée aux discussions sur les contrats de paquebots, qui se montre la plus alarmiste et la plus visionnaire. Dans une note de juillet 2016 toujours, dont Alexis Kohler est destinataire, celle-ci sonne l’alarme sur les risques pris par l’État sur STX et MSC. Elle insiste sur le fait que l’État négociant directement avec les banques et apportant sa garantie, aucune analyse de risque précise des groupes emprunteurs, comme les banques en font sur tous les dossiers de financement, n’est réalisée, donc que le risque MSC n’est pas évalué comme il se doit. Elle ajoute que les hypothèques prises sur les bateaux, présentées comme des garanties sûres, pourraient se révéler très illusoires, la valeur des bateaux pouvant être réduite à rien, en cas de crise.

      Dans les poches des épargnants français

      La fronde larvée de certains services de l’Etat contre les facilités exorbitantes accordées à STX et MSC est comme un avertissement. Mais entretemps, le cabinet du ministre des finances a trouvé une solution : faire dériver les risques et les engagements, trop visibles et contrôlés, pris par les finances publiques vers la #Caisse_des_dépôts. Vers l’épargne des Français, donc.

      Il y a longtemps que le ministère des finances lorgne sur les richesses accumulées de la Caisse des dépôts qui lui échappent. Mais là, c’est l’occasion rêvée. Le cabinet du ministre des finances a repéré la structure idéale pour faire disparaître le risque maritime des comptes publics : la Société de financement local (#Sfil). Une structure si discrète que tout le monde a oublié son existence.
      À l’origine, cette structure de défaisance a été créée pour gérer la suite de la faillite de Dexia, notamment les encours des prêts toxiques consentis aux collectivités locales. Cette entité présente de nombreux avantages : elle est hors bilan, donc ses engagements n’entrent pas dans les calculs de Maastricht ; elle bénéficie de la signature de la Caisse des dépôts, aussi bonne que celle de l’État ; elle se refinance aux conditions de l’État et est éligible auprès de la Banque centrale européenne. Autant dire que ses conditions de financement sont imbattables.

      Enfin, sa structure byzantine, où les responsables jonglent avec plusieurs entités (Caffil et Sfil), permet d’éviter un contrôle vigilant. Les parlementaires, qui normalement ont la responsabilité du contrôle de la Caisse des dépôts depuis la loi de 1816, sont de fait quasiment exclus. Et c’est bien ce que cherche le ministère des finances : contourner cette loi qui les empêche de disposer comme ils l’entendent de l’épargne des Français

      Le cabinet du ministre des finances Pierre Moscovici a été extrêmement sollicité dans la recherche de ce sur mesure, Alexis Kohler en tête, selon nos informations. Pierre Moscovici décide en 2014 d’une nouvelle mission pour la Sfil : celle de faire du crédit export et de l’assurance export pour les très grands contrats.
      Malgré les protestations de la Caisse des dépôts (#CDC) et de la Banque postale, qui sont actionnaires minoritaires de la Sfil aux côtés de l’État, la transformation est imposée. Pour renforcer les fonds propres de la Sfil afin de financer ce nouveau métier, la CDC et la Banque postale sont priées d’apporter 12,5 milliards d’euros, dont plus de 11 milliards pour la seule CDC. Mais l’État a désormais l’outil qui lui permet d’offrir un financement imbattable aux paquebots de MSC

      Il faudra quelque temps cependant pour obtenir le feu vert de la Commission européenne. Début 2017, tout est en place. Et les premières annonces de refinancement des crédits exports de la Sfil seront pour Royal Caribbean et MSC. « Sans un dispositif public, il n’aurait pas été possible de faire entrer en vigueur ces contrats si importants », avait assuré Jean-Philippe Neau, toujours directeur financier de STX France à l’époque, auprès du directeur de la Sfil, Philippe Mills, lors de la signature des premiers contrats de 2016-2017. C’est dire que tout le monde est sur la même longueur d’onde.

      Une surexposition aux risques maritimes

      Selon nos informations, la Sfil est surexposée dans son activité de crédit à l’exportation aux risques des deux #croisiéristes, bien au-delà des ratios prudentiels requis. Une situation que la direction de la Sfil conteste : « La Sfil applique rigoureusement toutes ses obligations en matière prudentielle et bancaire. Elle est supervisée depuis sa création par l’Acpr [l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution – ndlr] et, depuis novembre 2014, par la Banque centrale européenne, dont les revues concluent à un faible niveau de risque de nos activités (le plus faible même sur les 128 grandes banques européennes). »

      Elle nous indique également qu’elle a une parfaite connaissance de la situation financière de MSC et des risques potentiels : « MSC a fourni à la Sfil l’ensemble des informations et documents nécessaires pour accorder un crédit bancaire, notamment en termes d’actionnariat, de bénéficiaires finaux et d’éléments financiers. »
      Pourtant, il semble que l’armateur italo-suisse ait toujours le droit à un traitement un peu privilégié par rapport à son concurrent, comme nous l’avons déjà raconté. Le 19 juin 2018, à l’occasion de nouvelles négociations pour la commande de deux paquebots supplémentaires par MSC, un mail est ainsi adressé à l’ensemble des responsables de la Sfil pour faire état des demandes de l’armateur, qui se dit pressé de conclure. « MSC et STX ont insisté et demandent à la Sfil de considérer une baisse de notre prix de l’ordre de 5 points de base et de leur apporter les premiers éléments de réponse sur ce point le 25 juin. Nous comprenons qu’il s’agit d’une demande de baisse à caractère commercial car dans les faits, avec des prix à 60 points de base en deuxième phase, MSC aurait déjà un prix inférieur de 10 points de base à sa transaction précédente. Mais MSC, soutenu par STX, précise que l’ensemble des parties prenantes (Fininter et les banques commerciales) ont déjà consenti un effort significatif et qu’ils attendent également un geste de la Sfil », écrit un des négociateurs.
      « Et si on faisait un effort, on aurait quelle marge ? », lui demande dans les minutes qui suivent le président de la Sfil. Certaines parties prenantes feront valoir que les conditions de marché ne justifient pas un tel cadeau. Mais MSC réussit toujours à obtenir ce qu’il veut. Selon nos informations, les conditions de refinancement accordées au groupe italo-suisse par rapport à celles signées à quelques mois de distance par Royal Caribbean montrent que le spread de crédit, c’est-à dire la rémunération qu’exige la Sfil en tant que prêteur par rapport au taux conventionnel de l’Euribor, est de 20 à 25 % inférieure pour MSC. Sur des années, cet avantage se chiffre en dizaines de millions.

      Interrogée, la direction de la Sfil conteste faire la moindre faveur à MSC : « Nous précisions pour commencer que le taux d’intérêt payé par un emprunteur comme MSC est négocié avec l’ensemble des banques prêteuses initiales. Sfil intervient en refinancement des banques initiales qui souhaitent faire appel à Sfil (ce qui n’est pas le cas de toutes les banques prêteuses et, pour celles qui font appel à Sfil, pas pour la totalité de leur part dans le crédit).

      En tous les cas, votre affirmation est erronée. La Sfil applique une tarification vis-à-vis des banques qui est fonction des caractéristiques de l’opération (taille, durée, risque) et des conditions de marché en vigueur à la date de négociation du crédit. La méthodologie de cette tarification est la même pour l’ensemble des opérations de crédit export. »

      En guerre contre Fincantieri

      Dans un tel contexte, où MSC semble disposer sans restriction des garanties de l’État, la nervosité de l’armateur italo-suisse au sujet de la recomposition actionnariale des chantiers navals se comprend mieux. Tout changement majeur pourrait le priver de « l’accès à la liquidité publique ».

      Dès que la faillite de l’actionnaire principal de Saint-Nazaire, le sud-coréen STX, se confirme en 2013, MSC est sur le pont. Il fait savoir qu’il est prêt à prendre une participation dans les chantiers navals aux côtés de l’État. À Bercy, on planche aussi beaucoup pour trouver une solution. L’agence de participations de l’État plaide alors pour une recapitalisation urgente de Saint-Nazaire et pour une recomposition du tour de table. Mais rien ne se concrétise. Comme le dit Alexis Kohler, « le statu quo ne pose pas de problème ».

      Quand les chantiers navals publics italiens, Fincantieri, se portent candidats pour reprendre la participation du sud-coréen, l’APE plaide en faveur de cette solution. Ce rachat permettrait, selon elle, d’adosser industriellement Saint-Nazaire et de le soustraire du chantage exercé par ses clients. Même Julien Denormandie, officiellement chargé du dossier STX au cabinet du ministre, semble favorable à cette solution. Il se prend une volée de bois de vert par mail en retour de la part d’Alexis Kohler, qui lui rappelle qu’il y a une lettre d’intention de commandes signée avec MSC.

      Le directeur de STX France, Laurent Castaing, se dit lui aussi publiquement hostile à une reprise par Fincantieri. L’entrée de ses clients croisiéristes dans le capital de son entreprise lui semble être la meilleure solution, non pas pour obtenir de meilleures conditions pour leur commandes, « ce qui est fait » souligne-t-il, mais pour s’assurer des capacités de construction à l’avenir.
      Le 2 septembre 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, rencontre Gianluigi Aponte, le fondateur de MSC, et négocie directement avec lui. Il donne son accord à la proposition de l’armateur d’entrer au capital de STX France en faisant une proposition de racheter la participation de STX au liquidateur sud-coréen. En complément, le groupe italo-suisse est disposé à lever les options prises sur la commande de deux nouveaux paquebots.

      Mais l’accord s’enlise. La justice sud-coréenne traîne à trancher la liquidation de STX. MSC et Royal Caribbean se révèlent dans l’incapacité de monter un tour de table avec le constructeur naval néerlandais Damen, comme ils l’avaient promis, et de mobiliser 76 millions d’euros pour racheter la participation de STX dans les chantiers navals de Saint-Nazaire. Plusieurs services de l’État sont radicalement opposés à cette solution et défendent soit la nationalisation de Saint-Nazaire, soit le rachat par Fincantieri.

      En avril 2016, alors que les rumeurs de départ d’Emmanuel Macron du ministère s’amplifient, Laurent Castaing, le directeur de STX France, écrit une lettre pressante au directeur de l’APE, Martin Vial, et à Alexis Kohler. « Le statut quo n’est pas souhaitable, écrit-il. Sans assurance que nos chantiers ne peuvent tomber entre des mains considérées comme hostiles par nos clients [MSC et Royal Caribbean – ndlr], ils auront du mal à aller plus loin dans leur volonté de commandes. […] L’intérêt des armateurs pour les chantiers navals n’est jamais un intérêt prédateur. […] Pour conclure : je recommande une alliance avec MSC afin de débloquer le dossier actionnarial bloqué depuis trop longtemps. »
      Malgré ses efforts et les tentatives du cabinet d’Emmanuel Macron pour débloquer la situation, le dossier n’avance pas. Après son départ, Christophe Sirugue, secrétaire d’État à l’industrie, reprend le dossier et finit par se ranger à l’avis des services de l’État. Le 12 avril 2017, quelques jours avant l’élection présidentielle, un accord est signé entre l’État et Fincantieri autorisant ce dernier à reprendre la participation de STX France.
      C’est pour contrer cet accord que le gouvernement décide d’aller contre tous ses principes de libéralisation. Le 27 juillet, le ministre des finances, #Bruno_Le_Maire, annonce la #nationalisation surprise des chantiers de Saint-Nazaire, l’État décidant à faire jouer son droit de préemption sur la participation détenue par le sud-coréen STX. La décision crée une crise diplomatique avec le gouvernement italien.

      Mais certains intérêts semblent plus importants à préserver que d’autres. Et puis, le gouvernement l’assure : il ne s’agit que d’une nationalisation « temporaire » en vue de rééquilibrer les pouvoirs à Saint-Nazaire
      Mais cette nationalisation qui devait être provisoire s’éternise. Si les pouvoirs publics ont réussi à associer Naval Group (DCNS) et des industriels locaux au tour de table, les deux croisiéristes clients de Saint-Nazaire, eux, manquent toujours à l’appel. Finalement, en 2018, Bercy se résout à signer un accord final avec Fincantieri. Au même moment, Alexis Kohler négocie dans son bureau de l’Élysée un rapprochement entre Fincantieri et Naval Group. Un projet contre lequel nombre de spécialistes sont vent debout, dénonçant « un nouveau bradage industriel français » et la désintégration de l’industrie navale militaire.

      D’après l’accord signé, les chantiers publics italiens entreront comme actionnaire minoritaire mais l’État acceptera de lui prêter 1 % pour lui assurer la direction opérationnelle. Surtout, Laurent Castaing, directeur de Saint-Nazaire, reste en fonction. C’est bien là l’essentiel ! L’État ne saurait se passer d’un dirigeant qui a su si bien défendre les intérêts de ses clients.
      Le rachat de Saint-Nazaire par Fincantieri a été soumis à direction de la concurrence de la Commission européenne. Celle-ci devait rendre son avis en avril. Mais avec la crise du covid-19, tout est suspendu. Et il n’est pas sûr que les chantiers navals italiens aient aujourd’hui envie de reprendre les chantiers français, alors que le secteur des croisières est sinistré.

      Dans l’intervalle, le jeu avec MSC a pu continuer. En janvier, l’Élysée a annoncé des projets d’investissements à hauteur de 4 milliards d’euros pour prouver l’attractivité de la France. Et parmi eux, un grand contrat signé par MSC avec les Chantiers de l’Atlantique. À elle seule, la commande de deux nouveaux paquebots passée par l’armateur italo-suisse aux chantiers navals de Saint-Nazaire représentait la moitié des sommes annoncées. La construction à Saint-Nazaire des deux nouveaux paquebots de 6 700 passagers va générer « 14 millions d’heures de travail, correspondant à 2 400 emplois pendant trois ans et demi », et deux milliards d’euros d’engagements, s’était alors réjoui l’Élysée.
      Aujourd’hui, la sombre prédiction de la direction du budget de 2016 est en train de se réaliser. L’État se retrouve avec des engagements financiers immenses à l’égard du transport maritime, des garanties qui risquent de n’avoir aucune valeur et un chantier naval stratégiquement important mais sans vision industrielle, faute de l’avoir contraint à abandonner le court-termisme. Et dans cette affaire, il risque de ne pas y avoir d’ardoise magique. Ce sont bien les contribuables et les épargnants français qui vont devoir payer l’addition.

      #renard_libre #épargne #fiscalité #niche_fiscale

  • Aleksej Nikitin: Putin ha cancellato la cultura russa in Ucraina
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Ucraina/Aleksej-Nikitin-Putin-ha-cancellato-la-cultura-russa-in-Ucraina-2206

    Nella cornice del festival Pordenonelegge 2022, un’intervista allo scrittore ucraino Aleksej Nikitin, che ha raccontato come si vive a Kyiv negli ultimi mesi, ha illustrato i suoi ultimi romanzi e ha descritto il rocambolesco viaggio che l’ha portato in Italia

  • Où pomper l’eau ? Le dilemme des céréaliers de la plaine de l’#Ain

    Pour continuer d’irriguer leur #maïs même en période de #sécheresse, des agriculteurs prélèvent l’eau du Rhône. Une sécurité vitale aux yeux de beaucoup d’exploitants, une « fuite en avant » selon d’autres.

    Par la fenêtre de son pick-up, Éric Viollet balaie d’un geste ses épis de maïs. « Ils commencent à fleurir, pourtant cette année ils ont souffert ! » Au milieu de ses 170 hectares de céréales, dans la commune de Leyment (Ain), l’agriculteur est serein.

    Quelques jours plus tôt, au milieu du mois de juin, la température approchait ici les 35 degrés. Une canicule particulièrement précoce, doublée de tensions sur la ressource en eau, qui a conduit les services de l’État à placer le bassin de la plaine de l’Ain en alerte sécheresse. Une décision couperet pour les quelque 180 céréaliers de ce territoire situé au nord-est de Lyon, interdits d’arroser leurs cultures pendant les week-ends.

    Pas de quoi troubler Éric Viollet, posté devant un « enrouleur », sorte de grand tuyau d’arrosage. Sécheresse ou pas, cette année son maïs devrait être irrigué environ huit fois. « Les restrictions d’eau ne nous concernent pas », résume-t-il. Car les arrêtés préfectoraux s’appliquent uniquement aux agriculteurs qui prélèvent leur eau dans la nappe d’accompagnement de la rivière d’Ain. Mais depuis plusieurs années, des dizaines d’exploitants du secteur se sont tournés vers une autre source, beaucoup plus abondante : le Rhône, qui coule à quelques kilomètres du champ d’Éric Viollet.

    Aujourd’hui, plus de la moitié des 8 000 hectares irrigués par les 250 kilomètres de canalisations de l’Association syndicale d’irrigation de l’Ain (Asia) le sont grâce à l’eau du fleuve. « C’est très sécurisant, ça nous enlève beaucoup de stress », résume Éric Viollet.

    La bascule s’est faite progressivement. Créée après la sécheresse historique de 1976, l’Asia a d’abord compté sur des dizaines de captages dans les nappes pour approvisionner ses adhérents. « Mon père n’arrosait pas ses maïs. J’ai créé trois forages après avoir repris l’exploitation en 1985 », raconte Éric Viollet.

    Une première station de pompage dans le Rhône voit le jour en 1992. Trois autres suivront. La dernière, inaugurée en 2018 à Lagnieu, est capable de prélever près de 4 millions de mètres cubes d’eau par an et approvisionne une vingtaine d’agriculteurs installés à proximité.

    Dans ce grand hangar en bordure du fleuve, Fabien Thomazet veille sur une dizaine de pompes, de gros tuyaux bleus et quelques voyants de contrôle. Salarié de la chambre d’agriculture de l’Ain mis à disposition de l’Asia, il est tranquille ce matin-là : de grosses averses battent le secteur depuis deux jours. « Pour nous, cette pluie vaut de l’or », déclare-t-il dans un sourire.

    En 48 heures, presque 100 millimètres d’eau sont tombés sur la plaine de l’Ain. Les agriculteurs n’auront pas besoin de ses services, pour quelques jours en tout cas. Mais les sols caillouteux du secteur ne permettent pas de stocker beaucoup d’eau. Si la chaleur revient, il faudra à nouveau irriguer.
    Réseau collectif

    L’Ain est fragile. En temps normal, la nappe joue un rôle de soutien d’étiage, en rendant de l’eau à la rivière lorsque son niveau est bas en été. Mais, depuis les années 2000, le bassin versant de la Basse-Vallée de l’Ain a été identifié comme étant en déficit quantitatif dans le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage), le document de référence en matière de gestion des eaux.

    En 2014, une étude a montré que les prélèvements dans la nappe réduisaient l’apport d’eau fraîche dans la rivière pendant l’été. Tous les usagers sont appelés à diminuer leur consommation. Les agriculteurs, qui représentent près de la moitié des prélèvements, sont en première ligne.

    « On a vite compris qu’on allait nous demander de moins taper dans la nappe, raconte Fabien Thomazet. Soit on acceptait de réduire nos capacités d’irrigation et donc nos rendements, soit on ne faisait rien et on allait au conflit permanent avec les instances de gestion de l’eau, soit on proposait une solution. » Rapidement émerge l’idée de concentrer les efforts sur une seule zone de quatre communes, en pompant dans le Rhône.

    Le chantier est colossal : il faut bâtir une station au bord du fleuve et poser 38 nouveaux kilomètres de canalisations pour amener l’eau jusqu’aux champs. Une vingtaine d’exploitants acceptent de reboucher une quarantaine de puits et de basculer sur le réseau collectif.

    Au total, le projet coûte près de 13 millions d’euros, financé à 80 % par l’Agence de l’eau et des subventions publiques. Il reste environ deux millions d’euros à la charge des agriculteurs. « Il a fallu les convaincre d’investir, alors que beaucoup avaient déjà amorti leurs équipements », se souvient Fabien Thomazet.

    Éric Viollet a fait le calcul. Entre ces nouveaux investissements et les volumes d’eau facturés, l’irrigation lui coûte près de 340 euros par hectare et par an. « En gros, sur 125 quintaux de maïs produits, 25 servent à payer l’arrosage. C’est cher mais c’est une assurance. C’est 100 quintaux que je suis sûr de faire chaque année. »

    Avec ce système, 4 millions de mètres cubes sont désormais prélevés dans le Rhône et non plus dans la nappe. Mais le fleuve lui-même ne sera pas épargné par le changement climatique. L’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, qui gère la ressource pour le quart sud-est de la France, mène actuellement une étude sur le sujet. Selon ses premières projections, le débit du Rhône pourrait diminuer de 25 à 30 % d’ici à 2050.

    Mais le fleuve reste « de très loin » celui qui a les débits d’étiage les plus élevés en France, grâce au « château d’eau des Alpes », nuance Laurent Roy, directeur général de l’agence. « Pendant l’été, la consommation nette liée aux prélèvements dans le Rhône représente 15 % de son débit. Ça laisse 85 % qu’on ne touche pas. On a encore une grosse marge », précise-t-il.

    Mais tous les agriculteurs de l’Ain ne partagent pas cet optimisme. « On ne peut pas utiliser toujours plus d’eau comme si c’était illimité », regrette Geoffrey Levrat, installé dans la commune de Sainte-Croix. Cet éleveur de 28 ans gère une trentaine d’hectares anciennement cultivés en maïs par son père, qu’il a convertis en prairies pour ses 150 brebis. « Dans la plaine de l’Ain, une grosse partie du maïs irrigué est utilisé pour nourrir le bétail. Pour moi, ce n’est pas tenable », estime-t-il. « Pomper de l’eau dans le Rhône, ça donne l’impression d’une fuite en avant. C’est comme les mégabassines, on cherche à prendre toujours plus d’eau, sans se poser de questions sur le modèle de départ », poursuit le jeune agriculteur.
    Accès inégal aux subventions publiques

    Dans ce secteur du sud de la Dombes, les sécheresses sont particulièrement intenses. Durant l’été 2020, le village voisin de Pizay a dû être réapprovisionné par un camion-citerne. Le puits qui assure l’alimentation en eau potable de la commune ne produisait plus assez d’eau pour remplir le réservoir. Cette année, Geoffrey Levrat a mis ses brebis au foin dès le mois de mai, faute d’herbe suffisante sur ses prairies. « Du jamais-vu. »

    En parallèle, le cycle naturel de l’eau s’est modifié. « Au fil des ans, on a supprimé beaucoup de zones humides qui permettaient à l’eau de s’infiltrer, en les drainant pour faire des céréales, c’est une approche qui ne fonctionne plus », décrit Geoffrey Levrat, qui suit le sujet de l’eau pour la Confédération paysanne de l’Ain. À ses yeux, la station de pompage de Lagnieu illustre aussi l’accès inégal aux subventions publiques.

    « Ici, j’ai fait un petit forage pour abreuver mes bêtes, explique-t-il. Je n’ai eu aucun financement. Si cela avait été pour irriguer des céréales, 40 % du coût auraient été pris en charge. » Selon lui, le système actuel « concentre les aides » sur un petit nombre d’agriculteurs. « La majorité des céréaliers du coin n’irriguent pas. Mais c’est sûr qu’ils n’ont pas les mêmes rendements ! »

    Sur ses terres, Geoffrey Levrat s’est lancé dans l’agroforesterie. Une technique qui consiste à planter des arbres au milieu de ses prairies. « L’ombre permet au sol de gagner en fraîcheur et en humidité », assure-t-il. Quant aux céréaliers, « ils pourraient peut-être passer à d’autres cultures moins gourmandes en eau que le maïs », suggère-t-il.

    « Certains ont essayé de planter du sorgho, qui demande beaucoup moins d’eau. Mais il n’y a pas de débouchés pour l’instant, pondère Fabien Thomazet. Beaucoup de gens voient les agriculteurs comme des curés au service des habitants, mais ce sont d’abord des chefs d’entreprise. Ils produisent ce qu’ils peuvent vendre ! » Au passage, le responsable de l’irrigation pointe la part de l’eau potable dans les prélèvements locaux, qui n’aurait pas diminué depuis plusieurs années. La faute à une croissance démographique synonyme de hausse de la consommation et d’imperméabilisation des sols, souligne-t-il. « Dans mon petit village, 50 maisons ont été construites en trois ans. On ne peut pas continuer comme ça. »

    En attendant un changement de cap, d’autres agriculteurs continuent de puiser dans la nappe. À l’image de l’EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée) de Lormet, plus au nord. L’exploitation peut prélever en théorie jusqu’à un million de mètres cubes d’eau par an dans ses six puits pour irriguer près de 700 hectares. Une énorme machine fragilisée par les sécheresses. Il y a quelques années, l’entreprise avait étudié la possibilité de pomper dans l’Ain mais les instances locales ont refusé le projet, raconte Mathieu Fournier, l’un des gérants. Le raccordement au réseau d’irrigation en provenance du Rhône serait trop coûteux.

    Depuis vingt ans, l’agriculteur assure avoir changé ses pratiques pour s’adapter aux restrictions d’eau. « On ne fait plus n’importe quoi, nous sommes sensibles au sujet », plaide Mathieu Fournier. « Mais on ne peut pas nous demander au dernier moment de nous restreindre », prévient-il. Mi-juin, il a décidé d’arroser le week-end, alors que l’alerte sécheresse avait été décrétée la veille par la préfecture. « On a préféré risquer l’amende plutôt que de ne pas irriguer à un moment aussi crucial pour nos cultures. »

    https://www.mediapart.fr/journal/france/060822/ou-pomper-l-eau-le-dilemme-des-cerealiers-de-la-plaine-de-l-ain

    #irrigation #France #agriculture #alerte_sécheresse #Rhône #pompage #fleuve #nappe_phréatique #canalisations #céréaliculture #subventions_publiques

    • Et le 2e épisode
      Petits #canaux contre « idéologie du #tuyau », une guerre de l’irrigation

      Très ancrés dans les territoires montagneux du sud de la France, prisés par les habitants, les #béals sont encore vitaux pour de nombreux agriculteurs. Mais cette gestion collective et traditionnelle de l’eau se heurte à la logique de #rationalisation de la ressource des services de l’État.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/080822/petits-canaux-contre-ideologie-du-tuyau-une-guerre-de-l-irrigation
      #tuyaux

      déjà signalé par @olaf :
      https://seenthis.net/messages/969561

    • Dans les #fontaines_publiques, l’eau ne coule plus à flots

      Faute de moyens pour passer à des systèmes moins consommateurs en eau en période de sécheresse, de plus en plus de fontaines publiques sont fermées. Des Vosges à la Bretagne en passant par les Alpes-Maritimes, leur disparition marque la fin de « l’illusion de la disponibilité infinie de l’eau ».

      Sur la place Stanislas, au cœur de Nancy, vendredi 1er juillet, les terrasses sont bien remplies. Les touristes défilent pour prendre des selfies devant les imposantes fontaines du XVIIIe siècle, sans se soucier de ce qui se joue à l’intérieur des somptueux édifices. Depuis longtemps, l’eau n’y coule plus en continu mais en circuit fermé. Autrement dit, elle est recyclée.

      « Depuis toujours, l’eau fédère les gens, apporte de la vie », commente Étienne Martin, docteur en géographie historique. Mais l’expert a des regrets : « On n’a gardé que les fontaines de patrimoine, beaucoup de petites ont été supprimées. » Dans son ouvrage Les fontaines de Nancy d’hier et d’aujourd’hui, le chercheur recense non seulement les fontaines encore en service, dont la plus ancienne a plus de cinq cents ans, mais aussi un grand nombre de fontaines aujourd’hui effacées de l’espace public.

      Une balade en ville suffit pour en retrouver les traces : ces grandes places quasiment vides, ces jeux d’eau laissés à l’abandon ou cette ancienne esplanade d’eau à moitié couverte de végétation. Martin avoue ne pas trop aimer le dernier modèle en date, une « fontaine sèche » (appelée ainsi à cause de l’absence d’un bassin extérieur) au parc de la Pépinière, un des grands parcs de la ville.

      « Je n’y vois que du ciment avec une grille », grince l’historien local. Il est vrai que l’équipement inauguré fin juin a moins de superbe que son prédécesseur. À la place d’une dizaine de jets d’eau montant jusqu’à douze mètres, ce « nouvel îlot de fraîcheur » est composé, certes, de soixante-dix jets, mais allant seulement « jusqu’à cinq mètres de hauteur de diffusion d’eau ». La ville explique ce choix par « une gestion raisonnée des besoins en eau » et un entretien plus facile.

      D’année en année, les deux tiers des Français sont désormais concernés par des restrictions d’eau. Les fontaines publiques n’y échappent pas. Si elles n’ont pas été transformées en cycle fermé, ce qui est souvent le cas dans les petites communes, le robinet doit rester fermé en cas de sécheresse. Ne disposant pas d’une trésorerie nécessaire pour mettre aux normes environnementales leurs fontaines, certaines communes les désactivent, au moins temporairement, ou les démontent complètement.

      En 2010 déjà, le Conseil d’État s’inquiétait de la disparition des fontaines publiques qui restreint l’accès à l’eau des personnes sans abri. La tendance semble s’accélérer avec le réchauffement climatique. L’été dernier, la démolition d’une vielle fontaine à Nice a fait polémique. Sur Wikipédia, une page est dédiée aux fontaines disparues de Paris, dont la liste ne cesse de croître.
      L’Est très concerné

      « Aujourd’hui, on croit que l’eau a toujours coulé partout », s’étonne Jean-Marie Chevrier, habitant de Valfroicourt, petite commune vosgienne, non loin de Vittel. « Quand j’étais gamin, on avait la chance d’avoir une source qui approvisionnait notre maison et notre ferme. Les gens du quartier allaient au seau pour chercher l’eau à la fontaine publique. » La plus grande fontaine du village, la fontaine du Lion, d’ailleurs encore existante, ravitaillait les gens du quartier en eau potable. Un bassin servait à la lessive, un autre à l’abreuvement des animaux.

      Comme dans le Sud, l’est de la France est désormais particulièrement touché par le manque d’eau. Lors de la sécheresse de 2018, rien que dans le département des Vosges, trente et une communes étaient concernées par une pénurie d’eau ou un risque de pénurie. En Lorraine, douze villages ont dû être alimentés par camion-citerne. En 2022, la situation semble encore pire. Les camions-citernes circulent un peu partout. La ville balnéaire de Gérardmer a fait les gros titres à cause de sa stratégie de pomper l’eau potable depuis son lac.

      Les fontaines, elles aussi, sont victimes de la sécheresse. Un « grand nombre » des fontaines-abreuvoirs des Vosges « n’est aujourd’hui plus en eau, sert de bac à fleurs, a été dénaturé, voire détruit car gênant la circulation », déplore la Région dans un inventaire général.

      « Ces fontaines ont été, pour la plupart, installées au début du XIXe siècle. Aujourd’hui, seulement une infime partie sont encore en service », explique Vanessa Varvenne, historienne du patrimoine responsable de ce recensement de quelque 2 500 fontaines, lavoirs et abreuvoirs, terminé en 2016. Selon l’experte, beaucoup de communes n’auraient pas « les reins assez solides » pour les entretenir.

      Dans la commune vosgienne d’Esley, la solution a été radicale : deux des quatre fontaines ont été récemment supprimées. À Médonville, dans le même secteur, la fontaine Jeanne-d’Arc, à cycle ouvert, coule à un « débit très limité », comme le précise Patricia Pech, la maire. « Financièrement, on ne peut pas réparer les fuites », explique-t-elle.

      Non loin de là, à Dombrot-le-Sec, l’une des communes desservies en 2018 par camion-citerne, la mairie décide régulièrement de fermer les robinets de la fontaine du village. Cette dernière doit encore être mise aux normes, explique le maire, Bernard Salquebre. Il insiste : « Non, l’eau n’est pas abandonnée à Dombrot-le-Sec. » La ville serait seulement « dans la phase de renouvellement de la quasi-totalité des conduites d’eau de distribution et bientôt en fin de mise en place ». La fontaine, elle, sera bientôt remise en service.
      Priorité à l’eau potable

      Dans quelques communes des Alpes-Maritimes, une action symbolique a fait beaucoup parler. Dans une décision jointe, dix-huit communes du pays de Grasse ont coupé en avril dernier l’eau de leurs fontaines. « Dans le Sud, nous avons connu un hiver particulièrement doux, avec peu de précipitations, si bien que la plupart de nos sources, dont la principale, la source de la Pare, n’ont pas bénéficié de recharges hivernales », explique Pierre Bornet, maire de Cabris. « Les giboulées de mars et d’avril n’étaient pas au rendez-vous », si bien que, début avril 2022, « cette source était à son plus bas niveau historique à cette période », explique-t-il.

      Une situation « inquiétante », poursuit le maire. « Partant d’un tel niveau, nous risquons, si la sécheresse continue, de ne plus avoir de ressources en eau dans l’été. Avec les élus des différentes communes, nous avons décidé d’alerter la population, par cette action symbolique de couper l’alimentation des fontaines des villages, qui sont desservies par le réseau d’eau potable. »

      Pour l’élu, certes « l’eau au niveau des fontaines est un élément patrimonial important en Provence, signe de fraîcheur et de vie, mais puisque ces fontaines sont alimentées en eau potable, en tant que responsables de la gestion de l’eau, nous avons aussi un devoir d’exemplarité ». Fin juin, un arrêté de sécheresse confirme cette voie, renforcée encore fin juillet.

      Ce manque d’eau potable commence à prendre de l’ampleur et touche désormais aussi des régions comme la Bretagne. « Dans les années 80, 90, beaucoup de nos fontaines ont fermé à cause de problèmes de qualité. À cela s’ajoute maintenant la sécheresse », explique Thierry Burlot, vice-président du Cercle de l’eau et président du Comité de bassin Loire-Bretagne.

      Dans certaines villes comme Dinard, des fontaines ont été coupées depuis le printemps, à la suite des arrêtés sécheresse. Sur l’île de Groix, où les fontaines publiques, entretenues par une association locale, ne sont plus alimentées depuis le mois de mai, les autorités demandent même aux habitants de « limiter leur consommation d’eau domestique » par crainte de devoir importer de l’eau depuis le continent. Finalement, début août, une solution d’installation d’une unité de dessalement a été privilégiée.
      En attendant, des bacs à fleurs

      Dans beaucoup de communes, des fontaines sont temporairement hors service, parfois pendant des années. À Walbach, dans le Haut-Rhin, la fontaine locale, le « Stockbrunna », a dû rester fermée à plusieurs reprises. La mairie a donc décidé, au printemps 2021, de la transformer en bac à fleurs.

      Malgré l’opposition de quelques conseillers et « plusieurs courriers émanant d’habitants du village qui expriment également leur désaccord », le Stockbrunna attend sa transformation en cycle fermé, annoncée pour le printemps prochain. Même image à Bavans, petite commune dans le Doubs, où un habitant a récolté plus de 400 signatures contre le « changement d’affectation de la fontaine ». N’estimant pas avoir les fonds nécessaires pour réparer les fuites, la municipalité avait rempli sa fontaine de gravier et de terre.

      Une solution a été trouvée à Oyonnax, dans l’Ain, au bout de quatre années de fontaine à sec. En réponse au cri d’alerte d’un collectif de citoyens dans la presse locale, des mécènes se sont occupés de sa réparation.
      Des fontaines à louer

      Faute de moyens, beaucoup de communes se tournent vers le privé, comme à Paris. La place Stravinsky avec sa fameuse fontaine peut être louée, tout comme celle du Trocadéro, pour 400 000 euros, ou le musée Maillol avec sa fontaine des Quatre-Saisons. Régulièrement, des appels à dons sont lancés, récemment pour le restaurant de la place de la Concorde et ses deux fontaines, apparemment une nécessité pour la ville lourdement endettée.

      À Bordeaux, le sujet des fontaines a même fait irruption dans la dernière campagne municipale. Les socialistes avaient réalisé une carte virtuelle pour montrer « la difficulté de trouver de l’eau potable à Bordeaux et pour pousser la ville à remettre en service les fontaines publiques ».

      Le message a été entendu par la nouvelle municipalité, écologiste. « Il y avait du vandalisme et de grosses fuites », se souvient Maxime Ghesquiere, conseiller municipal délégué à la gestion du cycle de l’eau. Une de ses premières décisions : mettre les fontaines en régie et investir dans les réparations.

      Refaire une fontaine ornementale coûterait « des dizaines, voire parfois des centaines de milliers d’euros », explique Régis Taisne, chef du département « cycle de l’eau » de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). À ses yeux, les petites fontaines en cycle fermé sont le compromis idéal : « Pour un coût limité, elles permettent un côté vivant et le maintien de l’illusion de la disponibilité infinie de l’eau. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/100822/dans-les-fontaines-publiques-l-eau-ne-coule-plus-flots

    • La sécheresse fait craquer de plus en plus de maisons

      Depuis 2015, les périodes de sécheresse s’enchaînent et affectent les sols argileux. Plus de 10 millions de maisons en France sont sur des zones à risque et peuvent se fissurer. Un enjeu à plusieurs dizaines de milliards d’euros pour les assurances.

      Même passé midi, en pleine canicule, des grappes de cyclistes pédalent à tout va en direction du mont Ventoux. Dans les villages des Baronnies provençales, on les retrouve assoiffés dans les bistrots bordés de platanes. Ce jour-là, au tout début de l’été, la Drôme est en alerte orange. Depuis des semaines, un vent sec balaye le domaine de Frédéric Alaïmo, 60 hectares de cultures, à La Penne-sur-l’Ouvèze. « Je fais du raisin de table mais les feuilles commencent à jaunir. Nos oliviers souffrent », montre le propriétaire.

      Sous les pieds, la terre a viré au gris et se fissure de jour en jour. Sa maison aussi.

      Comme des éponges, les sols argileux se rétractent en période de sécheresse et regonflent avec les pluies. La succession et l’intensité de ces phénomènes peuvent créer des mouvements de terrain, des tassements. La bâtisse de Frédéric Alaïmo fait partie des 10,4 millions de maisons moyennement ou fortement exposées à ce phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA), soit 54 % des maisons en France, selon les données du ministère de la transition écologique. Une victime de plus des risques climatiques.

      « J’ai connu la sécheresse de 2003. C’était une première alerte », se remémore-t-il, derrière ses lunettes rondes. Et puis, il y a eu 2019, la pire année pour la commune, reconnue comme catastrophe naturelle en 2020. « Parfois, je me demande ce que je suis venu faire ici », soupire-t-il. Depuis trois ans, cet homme de 60 ans se bat contre son assurance pour faire réparer sa maison, à l’entrée du domaine.

      Comme un bris de glace sur un pare-brise, les fissures se sont étendues à l’étage, aux embrasures des fenêtres. Le carrelage se fend, la porte de la véranda s’ouvre péniblement. Frédéric Alaïmo a fini par déménager chez sa compagne en catastrophe. Depuis, les habits sont restés dans les placards, les photos de famille plaquées aux murs.

      Le 8 décembre 2020, le Drômois a pu déclarer ce sinistre. « J’ai une perte en capital importante », explique-t-il. « Je n’avais jamais vu ça, la maison est disloquée », écrit un représentant de son assurance dans un mail daté du 31 mars 2021. Il reconnaît avoir eu « très peur de visiter cette maison sinistrée ». En juin 2021, le maire, Jérôme Bompard, 50 ans et entrepreneur en travaux publics, atteste que la maison de Frédéric Alaïmo est « devenue totalement inhabitable depuis la sécheresse de 2019 ».

      Le dossier paraissait simple mais depuis rien n’a bougé : les deux experts de l’assurance ne sont pas d’accord sur les zones touchées. Plus encore, l’assurance estime que les fissures ont commencé avant la sécheresse de 2019.

      « Le problème, c’est qu’on a deux sons de cloche des experts envoyés par la même assurance », s’emporte Frédéric. Il a dû payer de sa poche plus de cinq mille euros pour mener des investigations dans le sol et prouver la présence d’argile sensible à ces aléas climatiques. Il doit aussi payer un expert d’assuré pour régler ce conflit avec l’assurance.
      L’état de catastrophe naturelle difficile à obtenir

      De maison en maison, Franck Salaun, ingénieur et associé du cabinet Altaïs, parcourt la France, de la Drôme au Jura, au gré des arrêtés de catastrophe naturelle. Il intervient pour déterminer la pathologie du bâtiment. « Quand il y a des fractures, un médecin fait un diagnostic, un scanner ou un IRM. Nous, c’est pareil avec les investigations techniques », explique-t-il. « Dans le cas de M. Alaïmo, si l’assureur s’entête à ne pas ouvrir la garantie, ça ira au judiciaire », se prépare-t-il.

      Selon la carte d’exposition du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la zone présente un risque fort. La rivière provençale l’Ouvèze est au plus bas. « On a des périodes de sécheresse depuis 2016, raconte le maire. On a déjà eu des refus pour les faire reconnaître comme catastrophes naturelles. » Selon le rapport de la Cour des comptes de février 2022, une commune sur deux n’a pas réussi à faire reconnaître l’état de catastrophe naturelle ces neuf dernières années. En 2019, le maire a pris le taureau par les cornes. « On a envoyé un dossier pour six maisons sinistrées à la préfecture. Tout le monde se bat avec les assurances maintenant », raconte-t-il.

      Deux kilomètres plus loin, un autre villageois va bientôt devoir quitter sa maison. « Les façades sont en train de tomber, la baie vitrée ne ferme plus, la dalle est descendue de 4 à 5 centimètres », énumère Eric D., fonctionnaire de 61 ans. Il espère que la sécheresse en 2022 n’aggravera pas les dégâts. Cette fois-ci, l’assurance a accepté la prise en charge. L’installation de micropieux sous la maison, solution pérenne pour renforcer les fondations en profondeur, devrait durer entre six mois et un an. « Le relogement pour la famille, c’est à nos frais. Le gardiennage des meubles aussi », s’inquiète-t-il.
      48 % du territoire exposé

      Tout le pays est concerné, les villes aussi. L’Occitanie fait partie des régions historiquement les plus exposées, avec l’Île-de-France, la PACA ou la Nouvelle Aquitaine. À Montpellier, Philippe subit le même phénomène. « J’ai acheté une maison dans Montpellier en 2001, près d’une rivière, le Lez », raconte-t-il. En 2019, la ville a vécu une sécheresse reconnue comme catastrophe naturelle. « Des morceaux de plafond sont tombés et il y a des fissures nettes sur les cloisons », poursuit-il, encore stupéfait. Après trois ans d’attente, ce cadre technique de 62 ans vient d’obtenir le feu vert de l’assurance pour lancer les travaux. Le devis s’élève à plus de 150 000 euros.

      « On remarque que certains secteurs sont plus touchés que d’autres, mais ça reste très localisé, explique Jeremy Chatal, ingénieur du bureau d’études Determinant, à Nîmes. Dans l’Hérault, à Villeneuve-lès-Maguelone, il y a un quartier où j’ai fait une quinzaine de maisons. Dans mon secteur, c’est généralisé à l’arc méditerranéen, les Pyrénées orientales, le Gard, l’Hérault, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône. Mais nos collègues dans l’Ain et le Jura aussi sont débordés. »

      En France, 48 % du territoire a une exposition moyenne et forte au RGA. « Quand on regarde la carte d’exposition, on a un grand quart sud-ouest touché et tout l’arc méditerranéen qui va ensuite contourner le Massif central par le sud et remonter une partie de la vallée du Rhône. Depuis 2015-2016, ça se décale vers le Nord-Est. Des régions relativement épargnées jusqu’à présent sont touchées maintenant », confirme Sébastien Gourdier, géotechnicien du BRGM. « Les grandes villes du Sud-Ouest, comme Toulouse, sont exposées et ont dû mettre en place des plans de prévention des risques », poursuit-il. Depuis 2018 seulement, la loi Elan établit des règles de construction sur les zones à risque, en imposant une étude de sol pour les nouvelles habitations.

      Parmi les témoignages recueillis, ce ne sont que des récits de vie en pause, plombée par l’endettement ; de boule au ventre à chaque nouvelle fissure ; de dépressions lorsque l’on vit dans une maison où les pièces sont condamnées au fur et à mesure. Les associations de victimes croulent sous les demandes.

      Les Oubliés de la canicule ne compte même plus son nombre d’adhérents. Trente mille à la louche. Leur président a écrit au président Emmanuel Macron, en pleine campagne présidentielle, pour exiger de meilleures conditions d’indemnisation des sinistrés.
      Un coût estimé à 43 milliards d’euros d’ici 2050

      Le régime de catastrophe naturelle est un système d’assurance dit « mixte », mis en œuvre par les sociétés d’assurance et les pouvoirs publics. « On demande que les assureurs jouent le jeu et que les sinistrés puissent avoir des réparations pérennes », martèle Hélène Niktas, référente de l’association dans l’Ain. Elle-même a subi un sinistre dans sa maison de Meillonnas, lors de la sécheresse de 2018. « L’assurance a rétropédalé quand elle a vu le devis de micropieux. Elle a proposé de l’agrafage, mais ce n’est que le cachet d’aspirine qui fait tomber la fièvre, ça ne soigne pas. » Son dossier se réglera au niveau judiciaire.

      À leurs côtés, Me Gwenahel Thirel, avocat aux barreaux de Rouen et Montpellier, en a fait sa spécialité. « J’ai lu les 1 700 décisions de jurisprudence », s’amuse-t-il à rappeler. « Quand j’ai commencé, il y a huit ans, il y avait des arrêtés de catastrophe naturelle pour la sécheresse tous les trois ans. Aujourd’hui, c’est quasiment tous les ans », poursuit-il d’un ton plus grave. Il s’emporte contre l’opacité des assurances qui ne communiquent pas systématiquement les rapports ou les études de sol. « Sur 2018, on a eu un nombre de refus colossal par des experts d’assurance, avec des motifs fallacieux comme la présence de végétaux à proximité », tonne-t-il.

      « Ce que l’on craint, c’est que les assurances réduisent les indemnités pour les dégâts sur les maisons. Il y en a tellement… », souffle Daniela Rodier, présidente de l’Association gardoise d’assistance aux sinistrés des sécheresses, vers Nîmes. « Cette année, je suis débordée avec les sinistres de 2021 ». Le coût des sinistres liés à la sécheresse devrait passer à 43 milliards d’euros en cumulé sur les trente prochaines années, soit trois fois plus que sur la période 1989-2019, selon les projections à horizon 2050 de France Assureurs.

      « La sécheresse est un aléa climatique qui pèse beaucoup dans le régime catastrophe naturelle et qui risque de peser plus à l’avenir, notamment en raison du changement climatique » rajoute Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, interrogé par Mediapart. « On pense que la sécheresse doit rester dans le régime de catastrophe naturelle », rassure-t-il, pour couper court au débat.

      Une réforme est amorcée depuis la loi du 28 décembre 2021 relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles. La fédération des assurances est toujours en discussion avec Bercy pour intégrer les frais de relogement des victimes dans ce régime. Franck Le Vallois prêche pour mettre en place plus d’innovations. « Il faudrait accélérer les expérimentations. Il y en a qui permettent de maintenir l’hydrométrie dans le sol, en l’humidifiant pour éviter la rétractation des sols ». Comprendre : remettre de l’eau sous la terre.


      https://www.mediapart.fr/journal/france/120822/la-secheresse-fait-craquer-de-plus-en-plus-de-maisons

      voir aussi :
      https://seenthis.net/messages/969896

    • Ne pas perdre une goutte d’eau, le combat de #Lyon et de sa région

      Dans le département du Rhône, parmi les plus touchés par les canicules, retenir et économiser l’eau devient urgent. La bataille se joue mètre cube après mètre cube, de la déconnexion des réseaux d’assainissement à la rénovation des trottoirs, de l’arrosage des jardins aux prélèvements par les gros industriels.

      En ce mercredi après-midi de la fin du mois de juin, la lourdeur d’un orage à venir écrase les passants qui s’aventurent dans la rue Garibaldi, artère de quatre kilomètres au cœur de Lyon. Sur trois voies, les voitures vrombissent tandis que les cyclistes accélèrent pour rentrer avant la pluie. Seul Hervé Caltran s’arrête pour admirer la longue rangée de buissons et d’arbres qui longent le boulevard.

      « Pour le grand public, l’eau qui passe dans nos villes est invisible, alors qu’elle est vitale », hoche ce cadre du service de la direction de l’eau à la Métropole de Lyon. S’il nous a donné rendez-vous ici, à deux pas du quartier de la Part-Dieu, ce n’est pas tant pour détailler la quarantaine de plantations – érables, althæas, chênes… – présentes sur ce site, mais plutôt pour ce qui se trouve en dessous.

      Cet espace vert est en réalité une #noue, sorte de fossé, dans le jargon des urbanistes, installée il y a trois ans. En cas de précipitation, l’eau s’écoule sur les trottoirs, est filtrée par un seuil, irrigue les plantes installées légèrement en contrebas, avant de s’enfoncer dans le sol. Un seul mot d’ordre : faire en sorte que l’eau s’infiltre là où elle tombe. En milieu urbain, seulement 5 % des eaux de pluie terminent dans les nappes, cinq fois moins qu’en zone rurale.

      « C’est du bon sens, mais avant les arbres étaient surélevés et ne bénéficiaient pas de la pluie, l’eau partait directement dans les bouches d’égout », explique Hervé Caltran. Il a fallu attendre les vastes travaux commencés depuis presque dix ans pour remodeler entièrement l’écoulement des eaux de la rue.

      D’apparence anodines pour les habitant·es, ces installations sont l’un des piliers de la « #ville_perméable », un modèle de développement urbain plus respectueux du #cycle_de_l’eau. Dans les pas d’Hervé Caltran, la ville se pare de noms mystérieux. Selon les contraintes urbaines, les noues peuvent laisser la place à des « #arbres_de_pluie », des espaces débitumés de la taille d’une place de parking, ou bien à des « #tranchées_de_Stockholm », l’équivalent d’une mininappe alluviale composée de graviers, construite sous les trottoirs.

      Aberration environnementale

      L’affaire se joue dans les détails. Ici des pavés entourant un arbre ont été installés avec des joints en sable et en terre. Un peu plus loin, une ancienne trémie où s’engouffraient hier les automobilistes a été recouverte et transformée en réservoir pour les espaces verts. Mais le principe reste le même : favoriser l’#infiltration et déconnecter les #eaux_de_pluie des #eaux_d’assainissement, qui terminent encore dans le même réseau dans 85 % du territoire de la Métropole de Lyon.

      « La plupart du temps, on prend de l’#eau_de_pluie propre, on la mélange à nos eaux polluées et on l’envoie dans nos stations d’épuration. On se retrouve à payer pour nettoyer une eau qu’on a nous-mêmes salie et déplacée ! », constate Hervé Caltran. Une #aberration environnementale, mais aussi économique. « Pour chaque mètre cube d’eau qu’on n’envoie pas en station, on économise 60 centimes d’euro », précise le fonctionnaire.

      Ces installations jouent aussi un rôle d’#îlots_de_fraîcheur. Un enjeu majeur alors que l’agglomération lyonnaise est l’une de celles où le nombre de canicules augmente le plus. Grâce à la végétation et à la conservation de l’eau dans les sols, la température ressentie peut diminuer de 9 degrés dans certains secteurs, selon des mesures réalisées par la métropole. À la terrasse d’un café, un brumisateur géant asperge les clients assis en terrasse. « Nous, on essaie de le faire naturellement », s’amuse Hervé Caltran.

      « Depuis le XIXe siècle, l’eau a été considérée comme un déchet à évacuer le plus rapidement possible. On a imperméabilisé nos villes, avec des conséquences sur la recharge des nappes, des risques d’inondations et une végétation en souffrance », rappelle Anne Grosperrin, vice-présidente (EELV) de la Métropole de Lyon, déléguée au cycle de l’eau. « C’est toute une manière de construire la ville qu’il faut repenser », estime l’élue.

      D’autant que l’agglomération lyonnaise est en grande partie construite sur la nappe alluviale du Rhône, qui lui fournit 90 % de son eau potable par le captage de Crépieux-Charmy. Selon les projections disponibles, le débit du fleuve pourrait diminuer de 30 % d’ici à 2050.

      #Canalisations parfois vieilles de 70 ans

      En mars 2022, le Grand Lyon s’est donné pour objectif de désimperméabiliser et de déconnecter 400 hectares de son territoire d’ici à 2026, soit le double du précédent mandat. En comparaison, plus de 2 000 hectares ont été imperméabilisés en dix ans dans l’agglomération. « On cavale derrière ! Il faudrait aller trois fois plus vite », pointe Anne Grosperrin. « Quand on part de zéro pour créer un nouveau quartier, c’est facile. La vraie difficulté, c’est de désimperméabiliser la ville existante », estime Hervé Caltran.

      Un bout de trottoir par-ci, un morceau de route par-là. Sur le terrain, les agents chargés de la gestion de l’eau se heurtent parfois aux pratiques des entreprises de BTP, voire à celles des services de la #voirie, « qui gardent une culture très bitume et tuyaux », selon Anne Grosperrin. Derrière la gare de la Part-Dieu, une pelleteuse vient de défoncer un trottoir pour installer des canalisations, sous l’œil inquiet d’Hervé Caltran. « Parfois, ils cassent ce qu’on vient juste d’installer. »

      Pour les plus petites collectivités des environs, la question de l’eau se résume souvent à la gestion des réseaux d’eau potable. Au syndicat mixte des eaux des monts du Lyonnais, à la tête d’un réseau de 2 000 kilomètres desservant 75 communes, la priorité est de faire en sorte que l’eau « ne se perde pas » en renouvelant les canalisations, parfois vieilles de 70 ans. Actuellement, « seulement 72 % de l’eau pompée arrive dans nos maisons », précise l’organisme dans son bulletin d’information.

      Plus au sud, dans le massif du Pilat, la petite commune de Planfoy (Loire) cherche elle aussi à moderniser son réseau. L’approvisionnement du village dépend de trois sources qui ont tendance à faiblir à la fin de l’été. En septembre 2018, le réservoir a dû être rempli par un camion-citerne. Pour éviter de revivre cette crise, la commune mène cet été des travaux pour optimiser son champ de captage, vétuste.

      « La situation était ubuesque : on pataugeait dans l’eau dans le champ de captage mais le réservoir était vide », raconte le maire, Cédric Loubet. Des travaux coûteux : 180 000 euros l’année dernière, à nouveau 100 000 euros cette année. De quoi plomber le budget de la commune. « Et avec ça on refait juste les drains et quelques centaines de mètres de réseau, raconte l’élu. On essaie de faire petit à petit. On espère que ça suffira pour éviter le retour des camions-citernes. »

      Pour ces élus locaux, l’urgence est de garantir de l’eau dans les robinets des habitant·es. « Mais l’eau potable est la partie émergée de l’iceberg », met en garde l’hydrologue Emma Haziza, qui lance l’alerte depuis des années sur ce sujet. « Si on se focalise uniquement dessus, on se trompe de débat et on oublie toute la consommation cachée, les prélèvements agricoles et industriels. »

      Tour aéroréfrigérante

      À Lyon, certains industriels sont eux aussi amenés à réduire leurs prélèvements. À l’image de l’usine historique Renault Trucks de Vénissieux, filiale du groupe Volvo. Un vaste complexe de 170 hectares, « une petite ville de 5 000 habitants », qui possède ses propres captages dans la nappe de l’Est lyonnais, détaille Dominique Bono, référent environnement du site. Pour produire ses camions, l’usine consomme aujourd’hui 300 000 mètres cubes d’eau par an, contre 2,5 millions en 1999. « Nous avons presque divisé par dix », met en avant Dominique Bono.

      En 2021, l’entreprise a bénéficié d’un financement de 160 000 euros de l’Agence de l’eau pour moderniser une tour aéroréfrigérante, qui sert à refroidir les circuits d’air comprimé vitaux pour la chaîne de production. À la clef, une économie supplémentaire de 30 000 mètres cubes d’eau par an. « Ce serait mentir de dire que nous le faisons uniquement pour des raisons environnementales. Nous sommes fiers de diminuer notre consommation en eau, mais il y a aussi un intérêt industriel. En installant du matériel neuf, nous pourrons produire de manière plus sécurisée et moins coûteuse », admet le responsable de Renault Trucks, qui représente aussi les industriels de la région au sein de la commission locale de l’eau.

      Dans l’Ouest de Lyon, le syndicat intercommunal du bassin de l’Yzeron (le Sagyrc), un affluent du Rhône, cherche à réduire les prélèvements de 45 %. Les travaux de déconnexion des eaux pluviales et des eaux d’assainissement représentent le levier le plus important pour atteindre cet objectif. Le syndicat travaille aussi sur les 130 petites retenues collinaires recensées sur la vingtaine de communes, dont la moitié à usage agricole. « Une vingtaine sont en travers de petits cours d’eau, alors qu’elles doivent normalement laisser un débit réservé pour que le ruisseau s’écoule », détaille Katy Cottinet, chargée de mission au Sagyrc.

      Restent tous les particuliers qui puisent, plus ou moins officiellement, dans les nappes et la rivière. Avec près de 2 000 puits, forages ou pompes, « l’arrosage représente 16 % des prélèvements », précise Katy Cottinet. « Mais on a du mal à connaître tous les forages individuels, qui ne sont pas tous déclarés », regrette-t-elle.

      Le syndicat tente de sensibiliser les habitants pour qu’ils réduisent leurs prélèvements, par exemple en installant des goutte-à-goutte. Quitte à hausser le ton en cas d’abus. L’année dernière, un jardin partagé a ainsi écopé d’une amende après un contrôle de la police de l’eau pour avoir pompé dans la rivière pendant une alerte sécheresse. Chaque mètre cube compte.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/150822/ne-pas-perdre-une-goutte-d-eau-le-combat-de-lyon-et-de-sa-region

  • Pendant ce temps, Alex Jones, qui a diffamé les parents des victimes du massacre de Sandy Hook pendant des années, est en train de passer un très mauvais moment. Il y a une heure, l’accusation lui a révélé que son propre avocat s’était embrouillé et lui avait transmis l’intégralité du contenu de son téléphone 12 jours plus tôt. Téléphone dans lequel l’accusation trouve de nombreux messages évoquant Sandy Hook, alors que Jones soutenait sous serment que son téléphone ne contenait pas de tels messages. « Savez-vous ce que signifie “parjure” ? », demande l’avocat des parties civiles.

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1554875160749977600/pu/vid/1280x720/RsHtr2Z22WpdqyYE.mp4

    Apparemment, les documents donneraient aussi une idée des sommes invraisemblables que lui rapportent ses saloperies (si j’ai bien compris, jusqu’à plusieurs centaines de milliers de dollars par jour).

    • Alex Jones avait déjà déclaré son bizness en faillite en avril dernier. Il vient de refaire le coup pendant son procès qui devrait fixer le montant des dédommagements :

      Sandy Hook Families Cast Wary Eye on New Infowars Bankruptcy - Bloomberg
      https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-08-01/far-right-radio-show-infowars-takes-another-swipe-at-bankruptcy

      The ultimate parent of Infowars, Free Speech Systems LLC, filed for Chapter 11 bankruptcy on Friday just months after three corporate entities linked to Jones did the same in a failed attempt to corral and settle defamation damages owed to Sandy Hook families. In an initial hearing Monday, lawyers for for the families expressed concern about the structure of the latest move and its timing — smack in the middle of a two-week trial in Texas that will put a dollar figure on the damages.

      Sandy Hook Families Accuse Alex Jones of Diverting Funds From Infowars Parent Company - WSJ
      https://www.wsj.com/articles/sandy-hook-families-accuse-alex-jones-of-diverting-funds-from-infowars-parent-c

      Families of Sandy Hook victims who are suing Alex Jones for defamation accused the conspiracy theorist of siphoning significant amounts of money from Infowars’ parent company before he put the business into bankruptcy.

      Alinor Sterling, a lawyer representing nine Sandy Hook families, said Monday they are concerned Mr. Jones “has been systematically siphoning large amounts of money” out of Infowars’ parent company, Free Speech Systems LLC, since her clients sued him in 2018 for falsely claiming the 2012 school massacre was a hoax.

    • Et maintenant c’est le comité sur l’attaque du 6 janvier qui voudrait bien voir le contenu du téléphone de Jones…

      Jan. 6 Committee Plans to Subpoena Alex Jones’ Cell Phone - Rolling Stone
      https://www.rollingstone.com/politics/politics-news/alex-jones-cell-phone-jan6-committee-subpoeana-1392270

      The January 6th House committee is preparing to request the trove of Alex Jones’s text messages and emails revealed Wednesday in a defamation lawsuit filed by victims of the Sandy Hook massacre, Rolling Stone has learned.

      On Wednesday, Sandy Hook victims’ attorney Mark Bankston told Jones that his attorney had mistakenly sent Bankston three years worth of the conspiracy theorist’s emails and text messages copied from his phone.

      Now — a source familiar with the matter and another person briefed on it tell Rolling Stone — the January 6th committee is preparing to request that data from the plaintiff attorneys in order to aid its investigation of the insurrection. These internal deliberations among the committee, which is probing former President Donald Trump’s role in causing the deadly Jan. 6 Capitol riot, began within minutes of the lawyer’s revelation being heard on the trial’s livestream on Wednesday afternoon.

    • suite du feuilleton Alex Jones…
      la procédure états-unienne (bon, ici, c’est celle du Texas, puisque nous ne sommes pas dans une Cour fédérale…) est une mine inépuisable pour les séries télé

      Thread by Maitre_Eolas – Thread Reader App
      https://threadreaderapp.com/thread/1555210562342117376.html

      Wow, rebondissement dans l’affaire Alex Jones. Il s’avère que les avocats de Jones avaient bel et bien présenté une requête de retrait de pièce (on dit « snap back ») sur la production erronée des données du téléphone.

      Pire pour les demandeurs, leur avocat avait écrit à l’avocat de la défense pour leur dire « votre production a l’air de contenir plus que ce que vous comptiez produire Y COMPRIS DES ÉLÉMENTS CONFIDENTIELS. »

      Erratum : les avocats de Jones ont présenté cette requête aujourd’hui mais apportent la preuve que les conseils des demandeurs avaient conscience que c’était une communication par erreur depuis le 22 juillet. Voici la requête avec les échanges de mail en page 2.

      Notez au passage que les échanges entre avocats ne sont pas confidentiels aux USA.

      Donc :
      1 - Les avocats des plaignants savaient qu’ils n’auraient pas dû avoir ces pièces.
      2 - Les avocats de Jones ont dû penser qu’ils ne les utiliseraient donc pas, pas besoin de snap back.
      3 - Les avocats des plaignants les ont utilisé quand même.
      4 - L’avocat des demandeurs s’est exposé à des poursuites disciplinaires.
      5 - Si le juge estime que ces pièces n’auraient pas dû être produites, ça va poser un problème sur la validité du procès.
      6 - Les avocats de Jones ont dû lui dire qu’il y avait eu cette production erronée
      7 - Jones aurait donc menti à la barre en ayant conscience que les avocats des demandeurs savaient qu’il mentait mais il pensait qu’ils ne pourraient pas le prouver.
      8 - Sa détresse à la barre vient donc de là, et le silence de son conseil était un silence de colère et d’avocat qui pensait déjà au coup suivant.
      PS : l’erreur est tout simplement qu’un juriste (paralegal) du cabinet a envoyé le mauvais lien de téléchargement aux adversaire, en leur envoyant un lien donnant accès à l’intégralité du dossier.

    • Thread by Maitre_Eolas – Thread Reader App
      https://threadreaderapp.com/thread/1555216637749596160.html

      ÇA VA TROP VITE !
      La requête a été examinée en urgence par la juge Gamble (le jury délibère toujours et ignore tout de l’imbroglio), qui l’a rejetée il y a 30 mn et refuse aussi la demande de mistrial.

      Elle refuse de sceller l’intégralité des infos ; elle accepte de confidentialiser les informations médicales communiquées par erreur (elle ordonne leur destruction) et pour les messages, examinera au cas par cas.
      Je vais chercher le texte de sa décision qui devrait être publiée dans les heures qui viennent pour voir les motifs de sa décision.
      Jones pourra bien sûr faire appel en se fondant sur cette décision.
      NB : l’appeal, en droit US, est un pourvoi en cassation plus qu’un 2e procès.

    • Conspiracy theorist Alex Jones ordered to pay $4.1m over false Sandy Hook claims
      https://www.theguardian.com/us-news/2022/aug/04/alex-jones-defamation-trial-verdict-sandy-hook

      The jury in Alex Jones’s defamation trial on Thursday ordered the far-right conspiracy theorist to pay $4.1m in damages over his repeated claims that the deadly Sandy Hook school shooting was a hoax.

      Jurors in Austin, Texas, gave their verdict after deliberating about one hour Wednesday and seven hours Thursday at the end of a nine-days-long trial. The verdict levied against Jones was far below the $150m or more the plaintiffs had requested that jurors award them.

      […]

      In a separate phase on Friday, jurors are to determine whether Jones owes any punitive damages in addition to the compensation he was ordered to pay on Thursday. “With punitive damages still to be decided and multiple [other pending legal matters], it is clear that Mr Jones’s time on the American stage is finally coming to an end,” Bankston added.

    • Le complotiste Alex Jones condamné à verser 45 millions de dollars
      https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20220806-le-complotiste-alex-jones-condamn%C3%A9-%C3%A0-verser-45-millions

      Le célèbre complotiste d’extrême droite Alex Jones a été condamné, vendredi 5 août, au Texas, à verser une amende de 45,2 millions de dollars aux parents d’un garçon tué dans la pire tuerie jamais survenue dans une école américaine.

      C’est donc au total près de 50 millions de dollars que Jones devra verser.

      Quelques remarques :

      – il y a 4 millions de dollars de dédommagement aux parents d’une des victimes, c’est-à-dire la compensation du dommage subi ;

      – et ces 45 millions qualifiés de « punitive » ; c’est-à-dire une somme destinée à le punir et à le dissuader de recommencer ; il me semble que c’est différent du système français, puisqu’ici ce sont les parents qui vont toucher cette somme « punitive » ;

      – ce n’est pas un procès « le peuple des États-Unis contre Alex Jones », mais la famille d’une des victimes contre Jones ; il y a d’autres familles, il y a donc d’autres procédures en cours, ça ne devrait pas s’arrêter là ;

      – l’avocat de la famille avait estimé la richesse de Jones entre 135 et 270 millions de dollars, ce qui avait motivé une demande de 150 millions de dollars, afin de réellement l’empêcher de recommencer ;

      – la défense de Jones, elle, n’a jamais fourni de documents comptables (c’est une raison de la condamnation par défaut de Jones : la défense n’a jamais communiqué les informations qu’elle devait communiquer à l’autre partie), et proposait de prendre l’argent correspondant à un peu plus de 18 heures d’émission consacrées à Sandy Hook, évaluées à un revenu de 14 000 dollars de l’heure, soit 270 000 dollars ;

      – un des arguments de l’avocat de la famille, c’est qu’il faut mettre un terme (« it ends now ») à cet univers de « alternative facts » (fondement notamment du trumpisme) ; il semble donc que le jury texan l’a largement suivi là-dessus ;

      – Alex Jones a préventivement commencé à organiser la « mise en faillite » de son entreprise pour tenter de ne pas payer ; s’il continue avec cette mauvaise foi visible pour ne pas régler sa condamnation, il finira en taule ;

      – À plusieurs reprises, Alex Jones a clairement été pris en train de mentir sous serment ; je ne sais pas s’il y aura des suites à cela ; s’il est poursuivi pour ça, il encourt de la prison ferme.

      – Suite à la révélation que le contenu de son téléphone avait été communiqué par erreur à l’avocat des parents, il se dit désormais que c’est la commission d’enquête du l’assaut du Capitol qui s’y intéresse. Pour rappel, Steve Bannon, autre figure de l’alt-right, risque jusqu’à deux ans de taule pour avoir refusé de coopérer avec la commission :
      https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/23/assaut-du-capitole-steve-bannon-un-proche-de-donald-trump-reconnu-coupable-d

    • Depuis j’ai appris que la somme dite « punitive » est, dans le code du Texas, limitée, mais le jury n’en est pas informé pour ne pas l’influencer. De ce fait, les 45 millions devraient être ramenés à une somme légèrement inférieure à 1 million.

      Pas de quoi mettre Jones sur la paille, donc.

  • #Bois contre #mercenaires russes : comment la #Centrafrique a bradé une #forêt au groupe #Wagner

    Depuis 2021, #Bois_Rouge, une entreprise liée au groupe militaire privé Wagner, bras armé officieux du Kremlin, exploite une forêt à l’ouest de la Centrafrique. Elle bénéficie d’un étonnant traitement de faveur de la part des autorités, et œuvre parfois au mépris de la loi.

    À Bangui, « influence étrangère » a longtemps rimé avec France. La capitale de la Centrafrique, pays indépendant depuis 1960, a gardé des traces tenaces de l’ancien colonisateur français : avenue de France, rues du Poitou et du Languedoc, lycée français Charles-de-Gaulle, stations-service Total, bières Castel et coopérants français en pagaille.

    Depuis quelques années, le vent a tourné. Il vient désormais de l’Est. Dans les rues de Bangui, de larges panneaux vantent la coopération russo-centrafricaine. Un #centre_culturel russe a ouvert, dans lequel sont dispensés gratuitement des cours de langue. La boisson à la mode est une #vodka du nom de #Wa_na_wa, supposée donner à ses consommateurs « les secrets du pouvoir russe » et une « santé sibérienne ». Moscou fait don de blindés, de trampolines et de cahiers pour enfants, sponsorise des radios et des concours de beauté.

    Surtout, les hommages aux #mercenaires de Wagner sont partout. Les premiers employés de cette société militaire privée sans existence légale, considérée comme le bras armé officieux du Kremlin, sont officiellement arrivés dans la capitale centrafricaine début 2018, un peu plus d’un an après le retrait de l’opération française #Sangaris. Il s’agissait alors de former et d’accompagner sur le terrain les militaires centrafricains, aux prises avec des groupes armés irréguliers.

    Quatre ans plus tard, les « #conseillers_russes », comme on les surnomme pudiquement, ont des statues et des films à leur gloire. Des ministres portent des tee-shirts à leur effigie et des membres d’associations financées par Moscou chantent leurs louanges lors de manifestations.

    La présence de Wagner sur le continent africain (au Mali, en Libye, au Soudan ou au Mozambique) est désormais largement documentée, de même que les exactions dont certains de ces mercenaires se sont rendus coupables. Des rapports d’ONG, d’agences et de groupes d’experts onusiens ainsi que des enquêtes journalistiques en font état. Ces violations des droits humains ont conduit l’Union européenne à mettre en place, en décembre 2021, des #sanctions visant Wagner et ses dirigeants (voir la liste ici).

    Mais d’autres aspects de cette présence restent méconnus, en particulier les #accords industriels et financiers signés entre les sociétés de la galaxie Wagner et les États où le groupe intervient.

    Une enquête de trois mois, menée par Mediapart, le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC) et l’ONG OpenFacto (à travers son projet « All Eyes on Wagner »), révèle comment une société liée à Wagner, Bois Rouge, a obtenu en 2021 une juteuse #exploitation_forestière en République centrafricaine, dans des conditions très avantageuses, qu’aucune autre société forestière n’avait obtenues.

    Notre enquête montre que la société Bois Rouge, officiellement centrafricaine, est dans les faits étroitement liée aux intérêts russes dans le pays, plus précisément au réseau d’affaires d’#Evgueni_Prigozhin, financier du groupe Wagner. Les autorités, dépendantes de Wagner pour assurer leur sécurité, ont bradé une partie de leurs #ressources_naturelles en autorisant Bois Rouge à exploiter la forêt de manière intensive, quasiment sans payer d’impôts, et parfois au mépris de la loi. Malgré ce traitement de faveur, Bois Rouge n’a pas respecté tous ses engagements vis-à-vis de l’État centrafricain.

    Interrogée, la gérante de Bois Rouge assure que la société « respect[e] pleinement les exigences et les règles en vigueur ». Également contactée, la présidence centrafricaine n’a pas souhaité nous répondre, estimant qu’elle n’avait « pas à justifier et à prouver quoi que ce soit ».

    Alors que plusieurs pays européens importent du bois centrafricain, notre enquête pose aussi la question de sa #traçabilité. Si les sanctions européennes visant le groupe Wagner et son financier Evgueni #Prigozhin devraient théoriquement rendre impossible l’importation de « #bois_Wagner » sur le sol européen, la faiblesse des contrôles existants ne permet pas de garantir que cette interdiction soit correctement appliquée.

    « Bois Rouge », société centrafricaine en apparence, russe dans les faits

    La République centrafricaine (RCA) est un pays riche de ses forêts. En 2021, le bois était le principal bien d’exportation du pays, loin devant les diamants. Il est exploité par seulement une douzaine d’entreprises.

    Le 9 février 2021, un nouvel acteur fait son entrée dans ce milieu très fermé. Une société jusqu’alors inconnue, Bois Rouge, remporte un appel d’offres lancé cinq mois plus tôt par le gouvernement centrafricain. Elle obtient, dans la région de la #Lobaye, au sud-ouest du pays, le droit d’exploiter une forêt de 186 000 hectares, riche de gorilles, léopards et éléphants.

    La parcelle appartenait jusqu’alors aux #Industries_forestières_de_Batalimo (#IFB), la plus ancienne des sociétés forestières de Centrafrique, à capitaux français. Le 18 juillet 2019, le permis est retiré à IFB et repris par l’État, dans des conditions contestées : selon nos informations, IFB a introduit un recours devant le Conseil d’État centrafricain. La société n’a pas souhaité commenter tant que la procédure judiciaire est en cours.

    Début 2021, la forêt passe donc sous le contrôle de Bois Rouge. L’entreprise se décrivait sur son site internet, mystérieusement fermé cette année, comme « l’une des plus grandes entreprises africaines de bois », se présentant ainsi comme une société 100 % centrafricaine. Elle est, de fait, immatriculée au registre du commerce depuis mars 2019 et dirigée par une ressortissante du pays, #Anastasie_Naneth_Yakoïma.

    Mais il s’agit en réalité d’un paravent des intérêts russes en Centrafrique. « Tout le monde sait qu’il s’agit d’une société fabriquée de toutes pièces par les Russes », confie un acteur du secteur. Plusieurs éléments matériels viennent l’étayer.

    En octobre 2019, sept mois après sa création à Bangui, Bois Rouge est présente à un forum d’industriels du bois à Shanghai. La société figure sous le même nom et à la même adresse que ceux renseignés au registre du commerce centrafricain… mais elle est classée parmi les participants russes. Bois Rouge n’est pas représentée par sa directrice, Anastasie Naneth Yakoïma, mais par un responsable des ventes dénommé #Artem_Tolmachev. Et l’une des deux adresses e-mail de contact de l’entreprise est hébergée par un service de messagerie russe, mail.ru.

    Les liens de Bois Rouge avec la Russie sont confirmés par ses activités sur le terrain. Des photos datées de novembre 2021 prises dans la concession, que l’EIC et OpenFacto ont obtenues, montrent plusieurs hommes blancs aux côtés d’employés centrafricains, ainsi que des camions et des boîtes de médicaments de marque russe et une porte sur laquelle « centre médical » est écrit en russe.

    Interrogée sur ses liens avec la Russie (ainsi que sur l’ensemble des informations contenues dans cet article), la gérante de Bois Rouge, Anastasie Naneth Yakoïma, fait simplement savoir que sa société « exerce son activité tout en respectant pleinement les exigences des normes et les règles en vigueur ». Elle ne souhaite pas répondre à nos questions, estimant que cela reviendrait à diffuser des « données confidentielles » sur l’entreprise.

    Sur la trace de Wagner : camouflages « #MultiCam » et sociétés de la galaxie Prigozhin

    D’autres éléments plus précis confirment que Bois Rouge n’est pas simplement liée à des entrepreneurs russes, mais bien à un réseau spécifique : celui d’Evgueni Prigozhin – homme d’affaires proche de Vladimir Poutine – et du groupe Wagner, dont il est soupçonné d’être le financier et le dirigeant.

    Le groupe Wagner n’a pas d’existence légale ; aucune entreprise ne porte officiellement ce nom. Il désigne le groupe de #mercenaires et, par extension, la galaxie de sociétés contrôlées par Evgueni Prigozhin qui opèrent dans les zones où ces mercenaires sont déployés – qu’elles soient actives dans l’extraction de ressources naturelles ou la #propagande en ligne. Evgueni Prigozhin est déjà présent en RCA via plusieurs entreprises, dont #Lobaye_Invest et #M-Finans, sous sanctions américaines depuis septembre 2020.

    Le premier élément reliant Bois Rouge à Wagner est chronologique : l’attribution de la concession dans la préfecture de la Lobaye coïncide avec l’arrivée des #mercenaires_russes dans la région. Selon nos informations, le gouvernement centrafricain a attribué l’ancienne parcelle d’IFB à Bois Rouge le 9 février 2021, soit seulement quinze jours après la reprise de #Boda, la principale ville de la région, par l’armée centrafricaine et les hommes de Wagner. Boda était auparavant contrôlée par une coalition de groupes armés, la #CPC.

    Les liens entre Bois Rouge et la galaxie Wagner/Prigozhin sont également d’ordre financier. Les données issues des bordereaux de chargements (« bill of lading ») de marchandises destinées à Bois Rouge, que l’EIC et OpenFacto ont consultées, démontrent que la société achète du matériel à #Broker_Expert_LLC, une société basée à Saint-Pétersbourg.

    Or, #Broker_Expert fournit d’autres entités du réseau Wagner/Prigozhin, parmi lesquelles l’entreprise minière #Meroe_Gold, active au #Soudan, décrite par le Trésor américain comme une filiale du groupe d’Evgueni Prigozhin.

    L’ONG Dossier Center (de l’opposant russe Mikhaïl Khodorkovski), dont trois journalistes ont été assassinés en Centrafrique en juillet 2018 alors qu’ils enquêtaient sur les activités de Wagner dans le pays, liste également Broker Expert en tant qu’« entreprise affiliée à Prigozhin ». Ce lien est confirmé par des éléments matériels, tels qu’un numéro de téléphone utilisé à la fois par Broker Expert et par des sociétés de la famille Prigozhin : #Concord LLC, dont Evgeny Prigozhin est le bénéficiaire économique ; ou encore #Soinvest LLC, dirigée par son épouse #Liubov_Prigozhina.

    Nous avons identifié vingt-huit transactions entre Bois Rouge et Broker Expert rien qu’en novembre et décembre 2021. En deux mois, l’exploitant forestier a importé via Broker Expert un tracteur, des matériaux de construction (tôles d’acier, argile expansée, bétonnière, ciment, briques), des vis, du fil barbelé, un ventilateur, des plaques d’amiante ou encore un aspirateur industriel.

    Outre ces liens d’affaires, des indices laissés sur le terrain suggèrent aussi un lien avec Wagner. Sur deux photos prises sur la concession de Bois Rouge, on distingue des individus portant des pantalons de camouflage militaire. Ce modèle de camouflage, dit MultiCam, est utilisé par Wagner en RCA.

    Ressources naturelles contre prestations de sécurité

    Parmi les sources connues de financement de Wagner figure l’exploitation de ressources naturelles, dont des champs de #pétrole et de gaz repris à l’État islamique en #Syrie (dont Wagner toucherait 25 % des revenus en vertu d’un contrat signé avec le gouvernement syrien) et des #mines_d’or exploitées par une société liée à Evgueni Prigozhin au #Soudan. L’attribution de permis d’exploitation à des sociétés liées au groupe serait une manière pour des gouvernements africains surendettés de payer les services des mercenaires.

    La Centrafrique ne semble pas échapper à ce mode de fonctionnement. Un document rédigé par le gouvernement centrafricain, révélé dans un récent documentaire de France 5, fait le lien entre « l’investissement russe dans le domaine de la sécurité nationale » et l’exploitation d’une mine d’#or en RCA par une société officiellement malgache mais en réalité sous contrôle russe, #Midas_Resources.

    « L’État centrafricain a le droit de prendre connaissance de l’état des lieux de l’investissement russe dans le domaine de la #sécurité nationale pour pouvoir être en mesure de gérer les compensations », indique le document.

    Le droit d’exploiter la forêt centrafricaine fait-il partie des « #compensations » accordées à Wagner en échange des services de ses combattants, qui assurent la garde rapprochée du président Touadéra et combattent aux côtés des forces armées centrafricaines ?

    Nos recherches démontrent en tout cas que les conditions d’exploitation octroyées à Bois Rouge relèvent davantage du cadeau que de la relation commerciale classique.

    Une forêt bradée

    Nous nous sommes procuré les documents officiels encadrant les activités de la société forestière liée à Wagner, qui étaient jusqu’ici restés secrets. Nous avons comparé les deux principaux documents – la convention provisoire d’exploitation signée entre l’État centrafricain et Bois Rouge le 28 avril 2021 et la convention définitive d’exploitation du 3 décembre 2021 – avec six autres contrats comparables signés par l’État centrafricain avec d’autres entreprises entre 2014 et 2020. Notre analyse montre que Bois Rouge a obtenu le droit d’exploiter la forêt de manière intensive, ainsi que des avantages jamais octroyés à d’autres entreprises.

    Trois exemples illustrent ce traitement de faveur.

    Bois Rouge a obtenu l’autorisation d’exploiter la totalité de la surface de la forêt dont elle a obtenu la concession, avant même d’avoir signé la « convention définitive d’exploitation » censée encadrer ses activités. Or, avant d’avoir signé cette convention définitive, les autres entreprises forestières n’ont le droit d’exploiter qu’une partie de leur concession – généralement un huitième de sa surface.

    Second avantage : alors que les contrats forestiers fixent des « assiettes de coupe » (des zones prévues pour être exploitées), qui changent chaque année afin de laisser la forêt se régénérer, la convention d’exploitation de Bois Rouge prévoit des « assiettes annuelles de coupe » valables non pas un an mais trois ans, et renouvelables sur simple demande.

    Le contrat signé avec Bois Rouge supprime enfin une disposition importante, présente dans tous les autres contrats que nous avons pu consulter : l’interdiction de procéder à des abattages par temps de pluie ou venteux, ce qui est normalement interdit pour des raisons de sécurité.

    En plus de ces conditions d’exploitation inédites, nous avons obtenu un document prouvant que le gouvernement centrafricain a octroyé d’importants avantages fiscaux et douaniers à Bois Rouge.

    Une lettre signée du ministre des finances et du budget de RCA, #Henri-Marie_Dondra, datée du 23 avril 2021, indique que Bois Rouge bénéficie pendant cinq ans de droits de douane réduits à 5 % sur ses importations, d’une exonération de l’#impôt sur les sociétés (puis réduit à 25 % pendant une année supplémentaire), d’une contribution au développement social réduite de 25 % et d’une exemption du paiement de la patente. L’entreprise bénéficie également d’une TVA sur les importations « neutralisée » par une procédure dite de « paiement différé » ainsi que d’une exonération de #taxe_foncière pendant huit ans sur tous les immeubles bâtis neufs.

    Exploitation lancée de manière illégale

    Malgré ce traitement de faveur, nous avons pu établir que Bois Rouge n’avait pas respecté tous ses engagements.

    La société a lancé son exploitation en juillet 2021 sans réaliser de #plan_d’aménagement ni d’#étude_d’impact_environnementale, qui sont pourtant deux obligations légales. L’absence de plan d’aménagement est explicitement mentionnée dans la convention définitive d’exploitation du 3 décembre 2021, ce qui n’a pas empêché le gouvernement centrafricain de la signer.

    « L’instauration de plans d’aménagement qui garantissent la préservation de la ressource forestière demeure notre priorité, et nous allons intensifier les contrôles », assurait pourtant en 2016 la ministre centrafricaine des forêts.

    L’absence d’étude d’impact environnementale réalisée par Bois Rouge nous a été confirmée par le ministère de l’environnement centrafricain.

    Ce n’est pas tout. Bois Rouge aurait dû payer, en échange de la concession, trois années de loyer. Cette obligation figure noir sur blanc dans le décret signé par le premier ministre centrafricain le 9 février 2021. La société a quinze jours pour le faire, et « tout manquement ou retard entraînera l’annulation d’office du permis », précise le document.

    Bois Rouge n’a pas payé. Mais l’État ne lui a pas retiré son permis.

    Une lettre du ministère des finances prouve qu’à la date du 23 avril 2021, soit deux mois après l’expiration du délai légal pour payer le loyer, le ministère des finances centrafricain n’avait toujours pas reçu l’argent. Le courrier indique que Bois Rouge a demandé un délai de paiement jusqu’au 1er avril 2022, soit onze mois après la date prévue. Ce report a été accordé par le ministère des finances – interrogé sur les motifs de cette décision, ce dernier ne nous a pas répondu.

    D’autres documents internes au ministère des eaux et forêts prouvent que Bois Rouge n’a pas payé toutes les taxes liées à l’abattage de bois auxquelles elle était assujettie, au moins jusqu’en février 2022.

    À ces manquements légaux et financiers s’ajoutent des #conditions_de_travail problématiques sur la zone d’exploitation. Nous avons pu recueillir le témoignage détaillé d’une personne connaissant bien la concession, mais qui requiert l’anonymat étant donné les risques importants pour sa sécurité. Cette source rapporte que Bois Rouge emploie un personnel très insuffisant (une équipe d’abattage y est constituée de deux personnes, contre cinq ou six habituellement), qu’elle fait travailler dans des conditions dangereuses.

    Selon ce témoin, les #abatteurs de Bois Rouge couperaient « 15 à 20 arbres par jour » alors que la norme dans d’autres concessions serait plutôt de sept par jour. Les dirigeants de l’entreprise leur imposeraient de travailler « jusqu’à 15 heures ou 16 heures » alors que, dans la région, l’usage veut que le travail s’arrête vers 11 heures en raison du vent qui se lève, rendant alors l’abattage particulièrement dangereux. Il assure enfin que le cahier de chantier, qui recense notamment les volumes de bois coupés, n’était pas rempli, alors qu’il s’agit d’une obligation légale. Interrogés sur ce point (ainsi que sur toutes les questions soulevées dans cet article), les représentants de la société Bois Rouge ne nous ont pas répondu.

    Malgré cela, Bois Rouge n’aurait pas encore exploité d’importants volumes de bois. Deux sources proches du dossier indiquent que l’entreprise a jusqu’à présent coupé un nombre d’arbres relativement modeste – qui représenterait quelques centaines de mètres cubes – qu’elle a ensuite exportés via le Cameroun. « Ils semblent être dans une phase de test », indique l’une de ces sources.

    Bientôt des meubles en « bois Wagner » en Europe ?

    Il est impossible, pour l’heure, de savoir vers quels pays ce bois a été exporté. Bois Rouge n’a pas souhaité nous répondre ; également questionnée, la #SGS, société chargée de contrôler les exportations de bois centrafricain, n’a pas donné suite.

    Plusieurs pays d’Europe importent du bois centrafricain, parmi lesquels l’Espagne (jusqu’en 2019 au moins), la France, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne et la Belgique. Au total, selon les chiffres officiels produits par l’UE, les importations de bois (et ses dérivés, charbon et liège) de la RCA vers l’UE ont augmenté de 62 % en 2021 pour atteindre 11 millions d’euros.

    Du « #bois_Wagner » est-il importé en Europe, ou pourrait-il l’être prochainement ? Cela est théoriquement interdit, pour deux raisons : les règlements européens contre l’exploitation illégale des forêts, et les sanctions émises par l’UE visant Wagner. À cela pourraient s’ajouter les sanctions prises contre des entreprises et citoyens russes à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, qui pourraient également toucher indirectement Bois Rouge : l’exploitant forestier se fournit auprès de l’entreprise de sidérurgie russe #Severstal, dont le principal actionnaire, l’homme d’affaires russe #Alexeï_Mordachov, a été placé sous sanctions européennes en mars 2022.

    Mais pour l’heure, rien ne garantit que les contrôles existants soient suffisants pour empêcher Wagner d’écouler son bois centrafricain en Europe.

    En 2005 et 2020, l’UE s’est dotée de deux règlements visant à mettre fin à l’exploitation illégale des forêts : le règlement de l’Union sur le bois, et le règlement dit #FLEGT (« #Forest_Law_Enforcement_Governance_and_Trade »). Ils prévoient un système de « #diligence_raisonnée », qui doit être mis en place par les importateurs et est supposé garantir que les bois issus d’une récolte illégale ne sont pas mis sur le marché de l’Union européenne.

    Mais la Commission européenne a jugé, dans un rapport de décembre 2021, que ces deux outils n’avaient pas totalement atteint leurs objectifs. Une partie des entreprises important du bois dans l’UE ont une « connaissance et une compréhension limitées des obligations à respecter » et rencontrent des difficultés à vérifier les informations provenant de leurs chaînes d’approvisionnement. Certains importateurs profitent de la souplesse de certains pays de l’UE, où les contrôles sont moins nombreux, pour faire entrer du bois à l’origine douteuse, relève la Commission.

    De fait, pour l’année, 2020, un seul État membre a déclaré avoir effectué un contrôle portant sur du bois importé de RCA afin de vérifier sa conformité avec le règlement européen sur le bois.

    Les ONG sont encore plus critiques. « Les règles de confidentialité en vigueur dans l’Union européenne font qu’il est difficile de suivre le bois depuis la source jusqu’à l’entreprise qui l’importe directement », explique Marigold Norman, experte en bois travaillant avec l’ONG Forest Trends. Par ailleurs, « jusqu’à présent, les sanctions infligées aux entreprises qui enfreignent les règles ont été limitées. Dans certains cas, les amendes sont une part assumée du coût de l’approvisionnement en bois tropicaux de grande valeur ».

    Malgré des importations de bois centrafricain en forte augmentation ces dernières années (jusqu’à atteindre près de 6 millions d’euros en 2021 selon les données des douanes françaises), la France ne semble pas non plus mettre en œuvre de contrôles suffisants. En 2019, l’ONG Earthsight a établi qu’une entreprise française, F. Jammes, continuait d’importer du bois produit par la société centrafricaine SEFCA, pourtant accusée en 2015 par l’ONG Global Witness d’avoir versé de l’argent à la Seleka, un groupe armé centrafricain responsable de nombreuses exactions, afin de sécuriser sa production.

    Interrogée par le biais de son porte-parole sur les conditions d’exploitation octroyées à Bois Rouge, la présidence centrafricaine nous a adressé une brève réponse, assurant que « le gouvernement centrafricain, en toute souveraineté, reçoit des projets d’exploitation et accorde des licences d’exploitation aux sociétés d’investissement qui s’installent dans [son] pays ». La présidence n’a pas souhaité répondre davantage à nos questions précises, estimant que le sujet « ne correspond[ait] pas aux préoccupations de [son] pays et de [sa] population » et qu’elle n’avait « pas à justifier et à prouver quoi que ce soit ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/260722/bois-contre-mercenaires-russes-comment-la-centrafrique-brade-une-foret-au-

    #Russie #république_centrafricaine #extractivisme #Russafrique #soft_power #déforestation