• Quand la musique sert l’#émancipation des peuples

    Que ce soit au #Maroc, en #Algérie ou en #Tunisie, #chants et #chansons s’imposent comme des outils au service des #luttes politiques, sociales, contre l’oppression coloniale et postcoloniale. Passage en revue de quelques emblèmes avec les historiennes #Hajer_Ben_Boubaker et #Naïma_Yahi.

    Le champ des musiques contestataires étant immensément vaste, notre émission Maghreb express revient sur quelques-uns des symboles connus ou moins connus.

    Yal Menfi par exemple (qui signifie « Le Banni ») est l’une des chansons les plus emblématiques de la contestation durant la colonisation de l’Algérie par la France. Ce vieux chant d’exil kabyle, composé au lendemain de l’insurrection de 1871 et de la condamnation à la déportation en Kanaky (renommé Nouvelle-Calédonie par le colonisateur) de la plupart des meneurs, est devenu un hymne culte qui fait l’objet de multiples reprises.

    Emblème des souffrances endurées par les immigrés algériens de toutes les époques, il est ici repris par le grand Akli Yahiaten en 1962 passé par les geôles coloniales : Qulu l-umm-i Ma tbki… (« Dites à ma mère : “Ne pleure pas…” »)

    https://www.youtube.com/watch?v=DVKBelWpbzQ&feature=emb_logo

    Il a aussi été repris par 1, 2, 3 Soleils, le trio formé le temps d’un album par trois ténors du raï de l’Hexagone qui ont l’Algérie dans le sang et qui ont marqué la fin des années 1990 : Rachid Taha, Khaled et Faudel.

    https://www.youtube.com/watch?v=vhPz7h3UOHo&feature=emb_logo

    En Tunisie, la contestation de l’ordre colonial est passée par la création de la Rachidia, une association culturelle qui luttera pour la préservation des genres musicaux tunisiens contre l’influence française et s’imposera comme un espace pro-indépendance et nationaliste. L’ensemble de ces artistes deviendront l’élite culturelle de la Tunisie indépendante.

    Les femmes ne se sont pas tenues à l’écart. Elles ont pris le parti de défendre l’indépendance et la décolonisation, à l’image de l’une des plus grandes stars marocaines, une voix féminine incontournable : Hajja Hamdaouia, qui en 1953 compose Waili ya chibani, Ayta se moquant de la vieille gueule de Ben Arafa, illégitime remplaçant du roi Mohammed V.

    https://www.youtube.com/watch?v=B26vji-mguk&feature=emb_logo

    On ne peut pas ne pas évoquer aussi le mythe de Kharboucha, repris dans le chaabi marocain. Kharboucha, qui aurait réellement existé, s’est opposée avec courage au pouvoir central et à l’autorité du caïd Aïssa ben Omar en 1895, un homme très fortuné qui sera ministre puis collaborateur du protectorat français. Personnage devenu mythique, figure des luttes paysannes contre la tyrannie des gouverneurs locaux et des pouvoirs coloniaux au Maroc, elle continue de fasciner.

    https://www.youtube.com/watch?v=GhEUz5rFXeM&feature=emb_logo

    Paris sera une base arrière du vedettariat et une place forte de la dissidence, même après les indépendances. Pour pouvoir critiquer, et le fait colonial et l’autoritarisme des régimes post-coloniaux, la capitale française demeure un refuge pour faire caisse de résonance avec une chanson engagée y compris féminine. Plusieurs parcours de chanteuses en témoignent telles ceux de Naâma pour la Tunisie, Noura, Chérifa, Cheikha Remitti pour l’Algérie, Hajja Hamdaouia pour le Maroc, etc.

    https://www.youtube.com/watch?v=MQndYND2s9M&feature=emb_logo

    Les indépendances de la Tunisie, du Maroc en 1956 puis de l’Algérie en 1962 n’ont pas été synonymes d’ouverture démocratique. Dans les trois pays du Maghreb, des régimes autoritaires ont été instaurés. Les musiques sont alors devenues plus que jamais un outil de contestation, à l’image des créations du groupe Nass el Ghiwane, les Rolling Stones du Maroc. Né dans les années 1970 à Casablanca dans le quartier Hay Mohammadi, l’un des plus pauvres de la ville, Nass el Ghiwane va révolutionner la musique marocaine et maghrébine par son talent et son engagement à dénoncer toutes les oppressions, dont celles qui maintiennent les peuples dans la misère.

    https://www.youtube.com/watch?v=ntkLq_6eKmE&feature=emb_logo

    Dans des pays où les manifestations sont violemment réprimées, quand elles ne sont pas interdites, la musique est un langage, un relais des revendications sociales et politiques.

    Ces dernières années, des chants tels la Casa d’el Mouradia d’Ouled El Bahdja, des supporters ultras du club de football algérois l’USMA en Algérie, ont été annonciateurs de soulèvements populaires comme le « Hirak » algérien, qui a chassé l’ancien président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir.

    https://www.youtube.com/watch?v=kHZviPhZQxs&feature=emb_logo

    Les stades, derniers lieux de rassemblement massif (avant que le Covid n’arrête tout), sont devenus des tribunes politiques par défaut, des lieux de contestation du pouvoir en place.

    Avec Fi bladi dhalmouni (« Dans mon pays frappé par l’injustice »), les ultras du Raja Casablanca au Maroc ont réalisé l’une des chansons contestataires qui s’est le mieux exportée ces dernières années, car elle peut s’appliquer aux situations des trois pays. Elle a été reprise durant le Hirak algérien, ainsi que durant des manifestations en Tunisie.

    https://www.youtube.com/watch?v=g8kT2_ktY2w&feature=emb_logo

    Au Maghreb, on peut d’ailleurs finir en prison pour une chanson contestataire. En mars 2013, le Tunisien Weld el 15, symbole de la liberté d’expression pour la jeunesse de son pays, est condamné à deux ans de prison ferme pour sa chanson Boulicia Kleb (« Les policiers sont des chiens »).

    https://www.youtube.com/watch?v=T_VYwkZmGIQ&feature=emb_logo

    Au Maroc, la liste est longue de ceux qui finissent dans les geôles pour une chanson. Ceux qui peuvent fuient le pays, à l’instar du rappeur El Haqed, membre actif du Mouvement du 20 février 2011, auteur d’un tube déchirant, Walou (« Rien »).

    https://www.youtube.com/watch?v=dT4yOKnT52I&feature=emb_logo

    https://www.mediapart.fr/journal/international/010121/quand-la-musique-sert-l-emancipation-des-peuples
    #musique #Maghreb #colonialisme #post-colonialisme #musique_et_politique
    #vidéo #interview #entretien

    ping @sinehebdo

  • Le président Tebboune de retour en Algérie après deux mois d’absence
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/30/le-president-tebboune-de-retour-en-algerie-apres-deux-mois-d-absence_6064811

    L’Algérie retrouve un président. Deux mois après avoir été transféré en Allemagne pour être soigné du Covid-19, Abdelmadjid Tebboune est finalement rentré à Alger. « C’est difficile d’être loin de son pays et plus difficile encore pour quelqu’un qui a beaucoup de responsabilités », a déclaré le chef de l’Etat, dont des images ont été diffusées, mardi 29 décembre, au journal télévisé du soir.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#allemagne#sante#politique#elite#circulationtherapeutique

  • Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, convalescent du Covid-19, fait une apparition après deux mois d’absence
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/13/le-president-algerien-abdelmadjid-tebboune-convalescent-du-covid-19-fait-une

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, est apparu à la télévision publique dimanche 13 décembre dans l’après-midi pour la première fois depuis le 15 octobre et son confinement en Algérie, puis son hospitalisation en Allemagne pour être soigné du Covid-19.« Je suis en convalescence. Cela va prendre encore deux ou trois semaines pour que je reprenne mes forces physiques », a déclaré le responsable politique âgé de 75 ans, visiblement amaigri, dans un « discours au peuple » prononcé au lendemain du premier anniversaire de sa victoire électorale. « Je suis quotidiennement, et parfois heure par heure quand cela est nécessaire, ce qui se passe au pays. Et je donne, quand il le faut, des instructions à la présidence », précise-t-il. S’agissant de la situation régionale et des récentes tensions au Sahara occidental, le président algérien assure que « l’Algérie est forte et ne sera pas déstabilisée ». Alors que son absence prolongée avait alimenté rumeurs et désinformation, le chef de l’Etat a promis d’être de retour parmi les Algériens « dans les plus brefs délais », dans ce discours sur son compte Twitter relayé par la télévision publique. Sa dernière apparition publique remontait au 15 octobre lorsqu’il avait rencontré le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Plusieurs fois, les autorités algériennes avaient annoncé le retour « prochain » du président au pays depuis son hospitalisation en Allemagne. Dès le 24 octobre, Abdelmadjid Tebboune, grand fumeur, s’était mis volontairement à l’isolement après avoir été en contact avec des responsables contaminés par le coronavirus. Il a ensuite été admis le 28 octobre dans « l’un des plus grands établissements spécialisés » d’Allemagne « après avoir contracté le virus ».

    #Covid-19#migration#migrant#algerie#allemagne#sante#elite#politique#circulationtherapeutique#contamination

  • Entretien avec #Mathieu_Rigouste : une #généalogie coloniale de la police française
    (2017 —> pour archivage)

    L’entretien qui suit est la transcription d’une conversation ayant eu lieu le 23 septembre 2016 afin de figurer dans le 8ème numéro de The Funambulist (disponible en ligne et dans certaines librairies) dedié a une critique de la police dans differents contextes politiques et géographiques (États-Unis, Palestine, Égypte, Allemagne, Brésil, France). https://thefunambulist.net/magazine/police

    LÉOPOLD LAMBERT : Mathieu, ton travail consiste à beaucoup d’égards de mettre à jour la #généalogie_coloniale déterminante de la #police_française. J’aimerais donc commencer cette conversation avec le #massacre du #17_octobre_1961 qui a vu la police parisienne tuer entre 40 et 100 algérien-ne-s lors de manifestations ayant rassemblé environ 30 000 personnes en solidarité avec le #FLN. Lorsque nous évoquons la répression sanglante de l’état français au moment de la révolution algérienne, nous pensons souvent aux #violences commises en Algérie mais pas nécessairement en « métropole » ; c’est pourtant là que ce se détermine la police française d’aujourd’hui en relation à la partie de la population provenant d’anciennes colonies de « l’Empire » (nous en parlerons plus tard). Peux-tu nous décrire cette relation, ainsi que de la figure déterminante de #Maurice_Papon, préfet pour le régime Vichiste, puis à #Constantine en Algérie et enfin à l’œuvre à Paris donnant l’ordre d’un tel massacre ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a plusieurs racines de l’#ordre_sécuritaire. L’axe de mes recherches, c’est la #restructuration_sécuritaire qui accompagne la restructuration néolibérale du #capitalisme à l’époque contemporaine. Dans tous mes travaux je retombe sur ce mécanisme dans lequel on voit la société impérialiste française importer dans son système de #contrôle, de #surveillance, de #répression des dispositifs qui viennent des répertoires coloniaux et militaires. Au sein de l’Algérie qui est la colonie de peuplement et d’expérimentations d’une gestion militaire de la population colonisée la plus poussée, sont développés des répertoires d’#encadrement qui vont influencer en permanence, depuis 1830, la restructuration du contrôle de la population « en métropole ». Notamment par l’application de ces dispositifs sur les populations directement désignées comme étant la continuité des indigènes en Algérie, c’est-à-dire principalement les #arabes à #Paris. On a donc des répertoires particuliers, des #régimes_policiers de #violences appliqués aux colonisés « en #métropole » qui font un usage régulier de pratiques de #coercition, d’#humiliation, de #rafles, d’#assassinats, de #tortures longtemps avant la #guerre_d’Algérie et de manière continue. On a déjà une police dans les années 30 qui s’appelle #Brigade_de_surveillance_des_Nord-Africains (#BNA) qui est donc une police opérant sous critères racistes, chargée par l’utilisation de la coercition d’encadrer les français de souche nord-africaine. Ces répertoires vont se transmettre. La continuité de l’état, ça veut dire la continuité des personnels, des administrations, des bureaucraties. Et à travers la restructuration des unités de police, se transmettent des systèmes de #discours, d’#imaginaires, d’#idéologies, et de #pratiques.

    Donc au moment du 17 octobre 1961, il y a déjà tous ces répertoires qui appartiennent à l’arsenal de l’encadrement normal et quotidien des arabes à Paris. J’essaye d’alimenter une piste un peu nouvelle qui apporte un regard supplémentaire aux travaux critiques qui avaient été faits sur la question et qui essaye de montrer comment les doctrines de #contre-insurrection dominaient la pensée militaire de l’époque et comment elles ont été importées et réagencées après leur application industrielle pendant la guerre d’Algérie, notamment à partir de 1956, pour passer du répertoire militaire et colonial dans le répertoire policier de l’écrasement des arabes à Paris. Tu l’as dit, ça passe par des personnels ; on pense à la figure de Maurice Papon en effet, mais aussi à des « étages » moyens et inférieurs de la police, les #CRS, les #gendarmes_mobiles… tout le monde fait son séjour en Algérie pendant la guerre en tant que policier en formation ou pour servir puisqu’on avait utilisé la plupart des effectifs militaires et policiers disponibles à l’époque. Il y a donc déjà une masse de policiers et de gendarmes qui ont été faire la guerre aux colonisés et ils se sont appropriés le modèle de contre-insurrection, le modèle de #terreur_d’Etat. Et puis, il y a aussi tout le contingent, les « #appelés », toute une génération de jeunes mâles qui vont se construire – certains, en opposition, mais une minorité – dans cette guerre d’Algérie, et à travers toute l’économie psychique que ça suppose, les #peurs et la #férocité que ça va engendrer dans toute une génération qui prendra ensuite les manettes de la #Cinquième_République.

    Ce que j’essaye de montrer donc, et que l’on voit bien dans le discours de Maurice Papon à l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN) en 1960, c’est que lui en tant que #IGAME, c’est-à-dire super préfet itinérant en Algérie, se forme à la contre-insurrection – c’était déjà un spécialiste des mécanismes de #purges, il s’était illustré par la #déportation des juifs de Bordeaux pendant l’occupation – et donc, assez logiquement, est nommé super préfet en Algérie pour organiser l’écrasement de la #révolution_algérienne. Il se forme ainsi à la contre-insurrection et expériment une forme de remodelage d’une contre-insurrection militaire et coloniale en contre-insurrection militaro-policière et administrative. Il se fascine completement pour cette doctrine qui exhorte à se saisir de l’ennemi intérieur pour pacifier la population, qui dit que le guérillero, le partisan, est comme un poisson dans l’eau, l’eau étant la population, et donc qu’il faut se saisir de la population. Ce système idéologique et technique va être élevé au rang de doctrine d’état et devenir hégémonique dans la pensée militaire francaise à partir de 1956. Dès lors, la doctrine « de la guerre (contre) révolutionnaire » alimente la restructuration des appareils de défense intérieure, « la #défense_intérieure_du_territoire » à l’époque, c’est-à-dire les grands plans de #militarisation_du_territoire en cas d’invasion soviétique. #Papon fait partie de la plateforme de propulsion d’une analyse qui dit que probablement une invasion soviétique – c’est la grille de lecture générale de toute la pensée militaire de l’époque – serait certainement précédée de manifestations géantes communistes et nord-africaines. Papon a en quelque sorte ouvert les plans de défense intérieure du territoire le 17 octobre. Il n’y avait eu que très peu de renseignements du côté de la Préfecture et ils ont été pris au dépourvu ; lorsqu’ils se sont rendus compte le 16 au soir, ou le 17 au matin qu’il y allait il y avoir des manifestations, ils sont allés chercher dans les répertoires disponibles, en l’occurrence la défense intérieure du territoire qui sont donc des plans de gestion militaire de la métropole en cas d’invasion soviétique. Ca explique pas mal de choses sur la puissance du dispositif mis en œuvre. Sur la radio de la police, on diffusait des messages d’#action_psychologique, on disait que les arabes avaient tué dix policiers à tel endroit, etc. pour exciter la #férocité des policiers. Il y a encore un autre aspect qu’il faut prendre en compte – j’y travaille en ce moment – c’est le soulèvement des masses urbaines de décembre 1960 en Algérie. C’est un peu la réponse à la #bataille_d’Alger, c’est-à-dire la réponse du peuple colonisé à la contre-insurrection. C’est un déferlement des masses (avec des enfants, des vieux, des femmes, etc.) dans les rues des grandes villes algériennes qui déborde la militarisation, déborde la contre-insurrection militaire et policière et emporte le versant politique de la guerre d’Algérie alors que le versant militaire était quasiment perdu. Le FLN et l’#Armée_de_Libération_Nationale étaient quasiment K.O. technique, militairement parlant et c’est donc le plus petit peuple qui remporte l’aspect politique de la guerre d’Algérie. Ça va marquer très très fort les administrations, les états-majors politiques, militaires et policiers et quand Papon se fait « ramener » à Paris c’est parce qu’il est reconnu comme un spécialiste de la gestion des arabes aux colonies et qu’on lui demande de faire la même chose à Paris. Il emporte donc cette mémoire avec lui et au moment où son état-major obtient l’information qu’il va il y avoir des manifestations organisées par le FLN et que des algériens vont marcher, depuis les périphéries vers le centre-ville – c’est-à-dire le même mouvement qu’en décembre 1960 en Algérie – il va utiliser l’arsenal d’écrasement qui est à sa disposition.

    Bien entendu, tout cela va semer des graines dans toute la Cinquième République qui est fondée autour du coup d’état militaire qui porte De Gaulle au pouvoir en 1958 et à travers toute cette grammaire idéologique qui considère les arabes et les communistes comme un #ennemi_intérieur dont il faudrait se saisir pour protéger la France et « le monde libre ». Voilà pour le contexte idéologique.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans le livre qu’est devenu ta thèse, L’ennemi intérieur (La Découverte, 2009), tu décris cette généalogie dans de grands détails. Peux-tu nous parler en particulier de la manière dont la doctrine de contre-insurrection coloniale française, élaborée d’abord par des militaires comme le Maréchal #Bugeaud au moment de la colonisation de l’Algérie, puis par d’autres comme #Roger_Trinquier, ou #Jacques_Massu au moment de la guerre de son indépendance a par la suite influencé d’autres polices et armées à l’échelle internationale – on pense notamment à Ariel Sharon ou David Petraeus ?

    MATHIEU RIGOUSTE : On peut dire que c’est à l’origine même de la construction de l’Etat. L’Etat se forge comme #contre-révolution. C’est un appareil qui permet aux classes dominantes de refermer soit le mouvement révolutionnaire soit le temps et l’espace de la guerre pour asseoir leur domination. Tout état se forme donc sur des appareils de contre-insurrection. Du coup, on trouve une pensée contre-insurrectionnelle chez #Sun_Tzu ou dans toute autre philosophie politique. Mais effectivement avec l’avènement de l’état nation moderne, du capitalisme et de sa version impérialiste, la contre-insurrection va elle-même prendre des formes modernes, industrielles, va se mondialiser, va se techniciser, va se rationaliser, et va évoluer en même temps que les systèmes technologiques. Du coup on a des formes modernes de doctrines de contre-insurrection chez le Maréchal Bugeaud en effet. Lui-même, son parcours et sa pensée reproduisent le mécanisme de restructuration impériale, c’est-à-dire l’importation de dispositifs issus de l’expérimentation coloniale et militaire vers le domaine du contrôle. Il va ainsi pouvoir expérimenter des pratiques contre-insurrectionelles à travers la conquête de l’Algérie avec toute sortes de dispositifs qui vont perdurer, comme les rafles, les déplacements de population, etc. et d’autres qui vont être mis de côté comme les enfumades, mais il y reste bien une logique d’extermination durant toute la conquête de l’Algérie.

    Pendant les dernières décennies de sa vie, Bugeaud ne cesse d’insister sur le fait qu’il a constitué une doctrine de contre-insurrection applicable au mouvement ouvrier en métropole. Il passe également beaucoup de temps à démontrer les similarités qu’il y aurait entre le processus révolutionnaire – ce que lui appelle « les insurrections » – au XIXe siècle en métropole et les révoltes aux colonies. À la fin de sa vie, il écrit même un livre (qui ne sera pas distribué) qui s’appelle La guerre des rues et des maisons dans lequel il propose de transférer son répertoire de contre-insurrection à la guerre en ville en métropole contre le peuple et dans lequel il développe une théorie d’architecture qui va se croiser avec toute l’hausmannisation et qui correspond à l’application de la révolution industrielle à la ville capitaliste. On va donc voir des doctrines militaires et coloniales passer dans le domaine policier en même temps que Hausmann « perce la citrouille » comme il dit ; c’est-à-dire en même temps qu’il trace les grandes avenues qui permettent à la police ou l’armée de charger les mouvements ouvriers. On introduit également tout cet imaginaire de la tuberculose, des miasmes, etc. On assimile les misérables à une maladie se répandant dans Paris et il faudrait donc faire circuler l’air. C’est comme aujourd’hui dans la rénovation urbaine, on ouvre des grands axes pour que la police puisse entrer dans les quartiers populaires le plus facilement possible et aussi pour les enfermer. Et on invoque la circulation de l’air. On a donc ces logiques avec tout un imaginaire prophylactique, hygiéniste, qui se met en place en même temps qu’on importe le répertoire contre-insurrectionnel dans le domaine de la police sur toute la seconde partie du XIXe siècle.

    Avec la restructuration impérialiste, les Etats-nation, les grandes puissances impérialistes du monde occidental vont s’échanger en permanence leurs retours d’expériences. On en a des traces dès 1917 après la révolution russe, où on voit donc les polices et les armées du monde occidental se faire des comptes rendus, s’échanger des synthèses d’expérience. Et c’est comme ça tout au long du XXe siècle. Tu parlais d’Ariel Sharon ; on a des traces du fait que des envoyés spéciaux de l’armée (et peut-être aussi de la police) israélienne qui ont été en contact et qui ont sans doute été également formés au Centre d’Instruction à la Pacification et à la contre-Guérilla (CIPCG) en Algérie. Les spécialistes de la contre-insurrection français et israéliens s’échangent donc, dès la guerre d’Algérie, des modèles d’écrasement de leurs ennemis intérieurs respectifs. On a donc une sorte de circulation permanente des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires. J’avais travaillé là-dessus pour une préface que j’ai écrite pour la réédition du Manuel du guérillero urbain ; on pense que ce manuel a beaucoup plus circulé dans les milieux contre-insurrectionnels que dans les mouvements révolutionnaires – ceux-ci disaient d’ailleurs qu’il n’avaient pas vraiment eu besoin d’un manuel de guérilla urbaine dans les années 1970. On a donc une circulation permanente et parfois paradoxale des textes révolutionnaires et contre-révolutionnaires, et des expériences.

    LÉOPOLD LAMBERT : Et des films comme La bataille d’Alger !

    MATHIEU RIGOUSTE : Exactement ; j’allais y venir. Ce film est d’abord censuré les premières années mais il va circuler en sous-main et il va être validé très rapidement par l’armée française qui dit que les choses se sont passées de manière très proche de ce qu’on voit dans le film. Celui-ci va donc à la fois permettre d’introduire la question contre-insurrectionnelle et le modèle français notamment. Bien que ça n’ait pas forcément forcé l’application exacte de ce modèle dans toutes les armées occidentales, on retrouve ce film dans beaucoup de formations militaires étrangères. On retrouve le film dans des mouvements révolutionnaires également : on sait par exemple que les zapatistes le projettent de temps en temps et s’en servent, d’autant que l’armée mexicaine est une grande collaboratrice de l’armée française. La gendarmerie mexicaine qui a tué des enseignants à Oaxaca il y a trois mois venait d’être formée par la gendarmerie française à ce modèle de gestion des foules, mais aussi au maniement des armes que la France vend avec.

    LÉOPOLD LAMBERT : Dans un autre livre, La domination policière (La Fabrique, 2012), tu dédies un chapitre entier à une branche de la police française qui est sans doute celle contribuant le plus à la continuation de la ségrégation coloniale de la société française, en particulier dans les banlieues, la Brigade AntiCriminalité (BAC). Quelqu’un comme Didier Fassin a fait une étude anthropologique très utile mais, somme toute assez académique puisque venant de l’extérieur, mais toi-même a vécu la plus grosse partie de ta vie en banlieue parisienne, à Gennevilliers et tes écrits peuvent ainsi nous donner un regard plus incarné à la violence raciste (et souvent sexiste et homophobe) qu’une telle branche de la police développe. Peux-tu brièvement nous retracer l’histoire de la BAC et nous parler de son action en banlieue ces dix dernières années (cad, depuis les révoltes de 2005) ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Les Brigades AntiCriminalités représentent assez bien ce que j’essaye de démontrer dans mes travaux sur le capitalisme sécuritaire parce qu’elle a deux origines ; c’est la fusion des polices endo-coloniales et de la restructuration néolibérale de l’État. Ce sont des polices qui vont être formées au début des années 1970 et qui vont aller puiser dans les personnels, dans les grilles idéologiques, dans les boites à outils pratiques des polices endocoloniales. Je dis endocolonial pour parler de ces polices comme la Brigade de surveillance des Nord-Africains, et par la suite les Brigades Agression et Violence qui déploient les repertoires coloniaux sur des populations internes au pays sur des critères socio-racistes. Je parle d’endocolonialisme car ce ne sont pas les mêmes régimes de violence que ce qui est appliqué aux colonies et ce ne sont pas les mêmes régimes de violence appliqués aux classes populaires blanches – les Black Panthers ne se prenaient pas tellement la tête ; ils parlaient juste de colonies intérieures. Et parce que la société impérialiste a besoin de maintenir la surexploitation et la surdomination d’une partie des classes populaires, la partie racisée, elle a aussi besoin d’une police spécifique pour ça. C’est pour ça qu’après 1945, c’est-à-dire après le vrai-faux scandale de la collaboration de la police française à la destruction des juifs d’Europe, la bourgeoisie Gaulienne invente « la France résistante » et tente de faire croire que ce racisme a été renvoyé aux oubliettes. Mais bien-sûr on va reproduire les mêmes types de dispositifs avec souvent les mêmes personnels – on va aller rechercher les gens qui étaient dans les BNA vu qu’ils savent faire et qu’on va leur refiler le même boulot – et on va trouver une nouvelle dénomination, celle des Brigades Agression et Violence. Un appareil de gestion socio-raciste va ainsi être mystifié par cette dénomination, ce qu’on retrouve également dans la dénomination d’AntiCriminalité aujourd’hui dans cette rhétorique de la « guerre à la délinquance » qui permet de cacher les appareils de production du socio-apartheid derrière des mythes légalistes.

    On se retrouve donc avec une police qui fait à peu près la même chose, qui se rationalise, se modernise, et au tout début des années 1970, c’est-à-dire juste après 1968 – parce que dans tous ces ennemis intérieurs, il y a aussi le gauchiste, la figure qui n’avait jamais complètement disparue du révolutionnaire qu’incarnait la figure du fellagha – on considère qu’il faut des polices modernes qui vont aller dans les quartiers populaires installer la nouvelle société rationnelle, optimisée, néolibérale, etc. On va donc aller chercher dans les répertoires d’idées, de pratiques, de personnels, pour forger une nouvelle police. La première expérimentation se fait en Seine-Saint-Denis, c’est pas un hasard et en 1973, on file à un ancien des Brigades Agression et Violence la charge de policer les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis et son unité va donc s’appeler la Brigade AntiCriminalité. Il va mettre à profit tout ce qu’on apprend à l’époque dans les grandes écoles de la nouvelle société, c’est-à-dire, ce qui s’appellera bientôt le néomanagement : l’application aux appareils d’état de la restructuration néolibérale dans les entreprises en quelques sortes. D’ailleurs, la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire va elle-même être transposée dans les théories néolibérales et on parlera de doctrines de « guerre économique » par exemple. Il s’agit de détruire l’entreprise ennemie, en l’empoisonnant, en quadrillant son marché, en utilisant des agents de renseignement, tout ça nait au cours des années 1970. Cette première BAC va influencer la naissance d’autres unités sur le même mode dans différente villes et on va ainsi appliquer aux quartiers populaires des méthodes de gestion endocoloniales ce qui va mener aux premières grandes révoltes contre les violences policières dans les cités.

    Il apparait également une nouvelle logique comptable qu’on va appeler aujourd’hui « la politique du chiffre » qui consiste à optimiser le rendement, la productivité de la machine policière. Faire du chiffre, ça veut dire faire le plus possible de « bâtons », c’est-à-dire des « mises-à-disposition ». Ils appellent ça « faire une affaire » ; une affaire, c’est ramener quelqu’un et une histoire à traiter pour l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) et si cette histoire est suffisamment utilisable pour en faire une affaire auprès du procureur et du coup aller jusqu’en justice et mettre cette personne en prison ou en tout cas essayer, ça fera un « bâton ». Ces bâtons gonflent une carrière et donc par exemple un commissaire qui veut « grimper », devenir préfet ou je ne sais quoi, il a tout intérêt à développer des unités de BAC dans son commissariat parce que celles-ci font beaucoup de mises-à-disposition puisqu’elles fonctionnent sur le principe du flagrant délit – les Brigades Nord-Africaines fonctionnaient déjà sur cette idée. Le principe du flagrant délit, c’est un principe de proaction. On va laisser faire l’acte illégal, on va l’encadrer, voire l’alimenter, voire même le suggérer ou le produire complétement pour pouvoir se saisir du « délinquant » au moment où il passe à l’action. La BAC est donc un appareil qui tourne beaucoup autour de la production de ses propres conditions d’extension. Cette logique de fond, c’est notamment ça qui va faire que les BAC vont se développer dans l’ère sécuritaire, c’est parce qu’elles font beaucoup de chiffre et qu’elles produisent également beaucoup de domination socioraciste, dont l’Etat a besoin pour contenir le socio-apartheid. Ceci se trouve dans le fait que le plus facile pour faire des mises-à-disposition et remplir ainsi cette mission néolibérale consiste à « faire » des ILS et des ILE : des Infractions à la Législation sur les Stupéfiants – des mecs qui fument des joints – et des Infractions à la Législation sur les Étrangers – des sans-papiers. Comment on trouve du shit et des gens qui n’ont pas de papiers ? Eh bien on arrête les noirs et les arabes. On traine donc autour des quartiers populaires pour faire des arrestations au faciès sur les classes populaires de couleur.

    Voilà comment nait en gros la BAC dans les années 1970 ; elle s’est ensuite développée tout au long des années 1980, d’abord par l’intermédiaire des BAC de Surveillance de Nuit (BSN) et au début des années 1990 et l’avènement de Charles Pasqua – le symbole le plus caricaturale des logiques politiques, policières et militaires de la guerre d’Algérie et dont la carrière politique est structurée autour de la chasse à l’ennemi intérieur – au Ministère de l’Intérieur, il va intensifier cette utilisation des répertoires de contre-insurrection et va être à la pointe de la genèse du système sécuritaire français. C’est lui notamment qui va rendre possible que toutes les villes de France puisse développer des BAC. Ce qui est à nouveau très intéressant du point de vue du capitalisme sécuritaire c’est que les BAC sont des unités qui utilisent beaucoup de matériel, et qui en revendiquent beaucoup, qui « gueulent » pour être de plus en plus armées. Ça c’est très intéressant pour les industriels de la sécurité. Pour les flashballs par exemple ; les BAC ont demandé à en être armées très vite, elles veulent les nouveaux modèles et elles participent avec les industriels à créer les nouveaux modèles et, bien-sûr, c’est elles qui utilisent le plus de munitions : le flashball est utilisé tous les soirs pour tirer dans les quartiers populaires de France. C’est la même chose pour les grenades lacrymogènes ; on en voit beaucoup dans le maintien de l’ordre des manifestations de mouvements sociaux dans les centre-villes mais les gaz sont utilisés quotidiennement dans les quartiers populaires.

    Le phénomène continue de se développer dans les dix dernières années. La BAC semble vraiment caractéristique de ce capitalisme sécuritaire, notamment par sa férocité mais aussi par son aspect ultralibéral, ultraproductif, ultraoptimisé, ultraviril, ultramédiatique : la BAC se met en scène, les agents s’inspirent énormément de ce qu’ils voient à la télévision… On a même une extension de ce qu’elle a inventé comme système de domination et d’écrasement des quartiers populaires vers la gestion des autres mouvements sociaux, comme récemment des luttes contre la loi travail. Généralement, la BAC est utilisée comme dispositif de pénétration, de saisie, de capture et elle est de plus en plus combinée à des dispositifs d’encerclement, d’enfermement, d’étranglement dans lesquels on utilise plutôt les CRS, les gardes mobiles. On a vu pendant le mouvement contre la loi travail, les BAC qui étaient employées à faire « du maintien de l’ordre ». À Toulouse, on a vu les effectifs des BAC sont utilisés dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs hybrides : capable de faire et du maintien de l’ordre et de la capture, de l’intervention, de passer de l’un à l’autre en permanence, et de passer à des niveaux d’intensité très hauts très rapidement. La BAC rejoint ainsi la logique de restructuration de tous les appareils en ce moment qui consiste à devenir rhéostatique : être capable de s’adapter comme le mode de production toyotiste, c’est-à-dire s’adapter le plus instantanément à la demande, avec le moins de stock et de dépenses possibles et de la manière la plus rationalisée qui soit.

    LÉOPOLD LAMBERT : Tout comme Hacène Belmessous dans le deuxième numéro de The Funambulist, tu décris la manière dont « la rénovation urbaine » enclenchée en 2003 constitue à beaucoup d’égards une manière pour la police de s’approprier l’espace urbain des banlieues. Peux-tu nous en dire plus ? Cela intéressera sans doute beaucoup la moitié (ou le tiers) des lecteurs/-trices de The Funambulist qui sont architectes ou urbanistes !

    MATHIEU RIGOUSTE : Il y a effectivement un sursaut en 2003, mais ça avait commencé bien avant. Un des premiers grands quartiers qui est soumis à une politique de ce qu’ils appellent « la rénovation urbaine », mais ce qui est en fait de la destruction et du réaménagement, c’est le quartier où je suis né ; le Luth à Gennevilliers. Il s’agissait d’une coopération du Plan Pasqua et du Parti Communiste Français (PCF) qui gère la ville depuis les années 1930, tous deux ravis de se débarrasser des familles les plus pauvres et d’essayer une nouvelle forme de gestion des quartiers populaires. C’est un processus constant : la ville capitaliste au gré des crises de suraccumulation du capital, se restructure pour continuer à concentrer des masses de travailleurs pauvres autour de ses centres d’accumulation du capital. Et dans ces quartiers populaires, ces campements, ces bidonvilles, ces territoires misérables, les dominé-e-s, les exploité-e-s, les opprimé-e-s, les damné-e-s, inventent en permanence des formes d’auto-organisation, d’autonomisation, de fuites et de contre-attaques, des cultures d’insoumission et des manières de se rendre ingouvernables. Il faut donc en permanence, pour le pouvoir, à la fois une police qui permette de détruire cette dynamique d’autonomisation récurrente et de survie – parce qu’en fait les gens n’ont pas le choix – et un réaménagement des territoires : il faut à la fois ségréguer et pénétrer ces territoires pour aller y détruire tout ce qui peut émerger de subversif. Et l’urbanisme tient un rôle fondamental dans la restructuration sécuritaire de la ville capitaliste. Cette logique est déjà à l’œuvre dans les bidonvilles durant la guerre d’Algérie ; on a des polices spécialisées à la gestion des bidonvilles, c’est-à-dire au harcèlement, à la brutalisation, à la surveillance, au fichage, parfois à la torture, parfois même aux assassinats et aux disparitions d’habitants du bidonville et qui détruisent les cabanes des habitant.e.s parce que même dans le bidonville, on voit ré-émerger des formes de mises-en-commun, d’auto-organisation, de politisation révolutionnaire, de colère, d’entraide, toute sorte de choses qui menace le pouvoir et qui nécessite donc une intervention. En plus d’intervenir avec de l’idéologie, du divertissement ou de l’aménagement, il faut intervenir avec de la coercition.

    On retrouve ce processus dans toute l’histoire de la ville capitaliste ; c’est une dialectique permanente. Sauf que ce qui nait dans les années 1970, c’est un schéma qu’on va voir apparaître ; à partir du moment où on met des polices féroces, comme la BAC, autour des quartiers populaires, celles-ci produisent de la violence policière et donc produisent de la colère. Les dominé-e-s, face à ça, vont produire des tactiques, des techniques, des stratégies, des pratiques de résistance et de contre-attaque. Ça va donner lieu à des révoltes, parfois très spontanées, parfois plus organisées : une histoire des contre-attaques face à la police nait dans les années 1970 et on se rend compte, au gré de ces révoltes et de leur répression et de leur gestion médiatique que des municipalités en collaboration avec la police et les média sont capables de désigner aux pouvoirs publics et au reste de la population en général un quartier populaire comme ingérable, infâme, irrécupérable. Ceci s’accompagne d’une logique humanitaire ; aller « sauver des gens » alors que les revendications pour des meilleures conditions de vie sont permanentes et que les habitants n’obtiennent jamais rien.

    Toute cette logique va activer au cours des années 1970 la reconnaissance par les pouvoirs publics et par le capital industriel et financier du fait que lorsqu’on est capable de désigner un quartier populaire comme infâme, on va pouvoir activer un circuit de capitaux financiers d’abord, puis industriels, liés à ce qu’on va appeler de manière publicitaire « la rénovation urbaine », c’est-à-dire un protocole de restructuration de ce quartier qui peut aller jusqu’à sa destruction complète. Il va ainsi apparaitre beaucoup de régimes de restructuration : certains consistent à éloigner les populations les plus pauvres ou les moins gouvernables, d’autres vont organiser l’évacuation totale de ces populations, d’autre encore qu’on observe beaucoup depuis le début des années 2000 à travers la mystification de la mixité sociale consistent à parler de réhabilitation mais à en fait déplacer les plus pauvres, sans détruire le quartier. On fait ça à la fois avec de la police et de la prison, mais aussi avec la hausse des loyers provoquée par l’arrivée de nœuds de transports en commun qui permet de faire venir des cadres qui ne se seraient pas déplacés jusque-là ; la petite bourgeoisie à laquelle on veut permettre de venir s’installer à la place des quartiers populaires. Bref, à travers tout ce programme publicitaire qu’est la rénovation urbaine, la transformation des quartiers populaires en quartiers petits-bourgeois va attirer des flux de capitaux gigantesques, notamment liés au fait que depuis le début des années 2000, l’État investit énormément pour appuyer les pouvoirs locaux dans leur politiques de restructurations urbaines. C’est de l’argent qui va retomber immédiatement dans les poches des industriels du bâtiment et aussi dans celles des industriels de la sécurité, encore une fois, parce qu’on voit qu’une fois que la police, les média, la prison et les autorités municipales ont réussi à « déblayer le terrain », le réaménagement des quartiers se fait en partenariat avec tous les industriels du bâtiment mais aussi des technologies de surveillance, de design – les cliques du néo-urbanisme – les publicitaires, les commerces, bref tout un système d’entreprises qui vivent autour de ça. La logique de fond est à la fois le renforcement du socio-apartheid, mais aussi une forme de colonisation interne à travers l’expansion de la ville capitaliste et l’invention de nouvelles formes d’encadrement de la vie sociale.

    LÉOPOLD LAMBERT : À l’heure où nous parlons, l’état d’urgence promulgué par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 a déjà été renouvelé trois fois. Pour un certain nombre de francais-e-s blanc-he-s de classe moyenne ou riches, cela ne représente qu’une nuisance négligeable mais pour la population racisée française, en particulier ceux et celles que l’on nomme pudiquement « musulman-ne-s d’apparence » ce régime légal donnant une latitude encore plus importante à la police insiste encore d’avantage sur l’existence d’une sous-citoyenneté qui ne dit pas son nom. Travailles-tu actuellement sur la manière dont l’état d’urgence agit comme précédent à la fois légal et dans les pratiques policières ? Peux-tu nous en parler ?

    MATHIEU RIGOUSTE : Je ne travaille pas précisément sur cet aspect des choses mais bien-sûr, je suis ce qui est en train de se passer, notamment au sein des luttes dans lesquelles on avance et on réfléchit sur cet aspect-là. Et effectivement, tu le résumes bien, il y a toute une partie des strates privilégiées, même des classes populaires qui ne se rend pas compte de ce à quoi sert l’état d’urgence parce qu’il ne le voit pas et les média ont vraiment un rôle fondamental là-dedans. C’est ça aussi le socio-apartheid : les vies sont séparées, elles ne se croisent pas. Effectivement l’état d’urgence a permis une intensification de la ségrégation mais aussi de mécanismes d’oppression contre les quartiers populaires, ce qui peut rester complétement invisible pour le reste de la population. L’angle d’attaque, c’est l’Islam et les violences, ce sont des perquisitions fracassantes : explosion de la porte, on met tout le monde a terre et en joue, parfois on gaze à l’intérieur des appartements, parfois on tabasse. Ca provoque des traumatismes très forts dans les familles ; on a des récits de perquisitions en pleine nuit et les enfants, la maman, la grand-mère, plusieurs mois après, cherchent à être suivis par des psychologues. À l’école, c’est dramatique, les enfants n’y arrivent pas, après que des unités militaro-policières ont débarqué chez eux en mode anti-terrorisme. Les violences, ce sont aussi des assignations à résidence ; on a du mal à le saisir lorsqu’on ne le vit pas, mais il s’agit d’un système d’encadrement très dur car il faut aller pointer régulièrement. La plupart de ces histoires, je tiens à le dire, se dégonflent après ; il y a déjà des victoires dans les tribunaux parce que l’immense majorité de ces assignations à résidence sont fondées sur rien du tout, surtout par le fait que la personne a été désignée par quelqu’un comme étant « très pratiquante », possiblement « radicalisée », c’est de l’ordre de la délation. Ce sont donc des violences très fortes et très profondes dans les familles, principalement musulmanes à travers ces perquisitions, ces assignations à résidence et ces procédures judiciaires qui durent bien-sûr et qui épuisent. Les noms des gens sont lâchés dans la presse, toute une ville peut d’un seul coup vous considérer comme un probable terroriste.

    Donc voilà, l’état d’urgence permet l’intensification du socio-apartheid, de l’islamophobie et des racismes d’état, ce qui se conjugue assez bien à la gestion quotidienne des quartiers populaires dans la France impérialiste.

    https://blogs.mediapart.fr/leopold-lambert/blog/200117/entretien-avec-mathieu-rigouste-une-genealogie-coloniale-de-la-polic
    #colonialisme #colonisation #bac #police #Algérie #France #histoire #entretien #interview

  • « Un seul héros le peuple » de Mathieu Rigouste
    https://radioparleur.net/2020/12/08/un-seul-heros-le-peuple-par-mathieu-rigouste

    Le chercheur indépendant en sciences sociales Mathieu Rigouste est à la tête d’un nouveau projet : Un seul héros le peuple. Un site, un livre et un documentaire diffusés en ligne du 10 au 15 décembre 2020. A travers des témoignages, il raconte le soulèvement du peuple algérien en décembre 1960. Radio Parleur l’a rencontré. Durée : 26 min. Source : Radio Parleur

    https://audio.ausha.co/B102eTdjY66E.mp3

  • « Je me sens encore plus isolée » : en France, la pandémie exacerbe la détresse des étudiants algériens | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/je-me-sens-encore-plus-isolee-en-france-la-pandemie-exacerbe-la-detre

    « Je me sens encore plus isolée » : en France, la pandémie exacerbe la détresse des étudiants algériens
    Déjà fragilisés par une réglementation spécifique et discriminatoire qui les précarise et menace leur droit de séjour en France, les étudiants algériens – un des effectifs étrangers les plus importants – ont vu leurs conditions de vie se dégrader avec la pandémieRanda Belaidi ne veut pas que son témoignage soit anonyme. Elle tient à faire connaître sa vie, ses déboires et tous ces passages à vide qui lui donnent des idées de suicide, la nuit, dans son 18 m2dépourvu de toilettes et de cuisine, à Drancy, au nord-est de Paris.Sans titre de séjour – il a expiré –, sans travail et loin de sa famille, l’étudiante algérienne de 28 ans est prisonnière de ses pires cauchemars : finir à la rue, tomber définitivement dans la clandestinité ou retourner en Algérie avec le sentiment d’avoir raté sa vie. « Cela fait presqu’un mois que je ne dors pas. Depuis le reconfinement, je me sens encore plus isolée », témoigne la jeune fille à Middle East Eye par téléphone. D’une voix tremblante, elle dresse la liste de toutes les dépenses qui risquent de vider son compte en banque. D’abord, le loyer à 450 euros par mois, les courses, puis cette inscription de 2 600 euros dans une école privée de langue anglaise qu’elle vient de payer dans l’espoir d’obtenir le droit de rester en France. « Comme les préfectures se méfient souvent des formations en établissement privé, j’ai dû accompagner mon dossier d’un courrier dans lequel j’explique que cet enseignement est nécessaire pour compléter mon master en management des entreprises », fait savoir la jeune femme.
    En France depuis trois ans, d’abord étudiante à Toulouse, elle a ensuite déménagé à Paris pour un stage. Croyant trouver rapidement un emploi qui corresponde à ses qualifications, Randa patiente puis finit par accepter un poste d’éducatrice dans un établissement privé.Le salaire, de 1 300 euros, lui permet de survivre mais pas de basculer vers le statut de salarié.
    En cause, une législation discriminatoire qui entrave spécifiquement le passage des étudiants algériens à la vie active. Le règlement s’inspire de l’accord franco-algérien sur la libre circulation des personnes, conclu après l’indépendance, en 1968.Pour éviter la déperdition de compétences, l’Algérie a fait en sorte que les étudiants soient entravés dans leur souhait de se maintenir sur le territoire français par l’accès à l’emploi. Parmi les obstacles, figure le montant du salaire. Celui-ci doit correspondre à la valeur du diplôme universitaire. Une sorte de cercle vicieux complique aussi les perspectives professionnelles des diplômés algériens : les recruteurs leur demandent souvent de fournir des permis de travail que les préfectures délivrent uniquement sur présentation d’une promesse d’embauche. « Comme je ne suis pas arrivée à obtenir un changement de statut, mon employeur a fini, au bout de dix mois, par résilier mon contrat. C’était en avril dernier », déplore Randa. En 2017, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié un rapport très critique sur l’accord de 1968, exhortant les États algérien et français à le revoir pour faciliter l’insertion professionnelle des diplômés algériens. Des associations d’étudiants algériens en France militent également pour l’évolution de la législation. Mais rien ne change. Par exemple, en mai 2020, le gouvernement français a mis en place un dispositif dérogatoire autorisant les étudiants étrangers à exercer exceptionnellement durant les vacances estivales, une activité professionnelle salariée dans la limite de 80 % du temps de travail annuel. Cette mesure, destinée à compenser les pertes de revenus induites par le premier confinement, n’a toutefois pas profité aux Algériens, car comme pour le changement de statut, leur temps de travail pendant la scolarité (pas plus de 50 %) est régi par l’accord de 1968.
    Alertés par la précarisation de leurs compatriotes, des responsables associatifs algériens ont interpellé les autorités de leur pays. L’association des étudiants et cadres algériens de France (ECAF) a envoyé un courrier à l’ambassadeur d’Algérie en France. Mais celui-ci n’a pas répondu.

    #Covid-19#migrant#migration#france#algerie#sante#précarisation#sante#economie#etudiant

  • Algérie : le « hirak », un soulèvement populaire et pacifique
    https://www.cetri.be/Algerie-le-hirak-un-soulevement

    Le 22 février 2019, les Algérien·nes sortent dans les rues pour s’opposer au cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Le hirak (le mouvement) est né. Depuis, tous les vendredis, des manifestations monstres ont lieu. Le caractère pacifique de ce soulèvement constitue une force fédératrice. Mais son avenir dépend largement de l’émergence de nouveaux acteurs, ainsi que des liens entre revendications socio-économiques et (...) #Alternatives_Sud_-_extraits

    / #Algérie, #Contestation, #Mouvements_sociaux, Relations entre mouvements sociaux & gouvernements

    #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements

  • Soulèvements populaires
    https://www.cetri.be/Soulevements-populaires

    La simultanéité, l’ampleur et la radicalité des soulèvements populaires de l’automne 2019 au #Chili, en Équateur et au #Liban surprennent. Elles obligent à réévaluer d’autres mouvements, débutés plus tôt et toujours en cours – en #Haïti, au #Soudan, en #Algérie, à Hongkong… –, et à porter un regard plus attentif sur la conflictualité sociale dans le monde. Au-delà des affinités relevées, la coïncidence dans le temps et la diffusion dans l’espace marquent-elles un nouveau « printemps des peuples » ? Si les (...) #Alternatives_Sud

    / #Alternatives_Sud, #Homepage_-_Publications_à_la_une, Homepage - Menu « Découvrez », #Publications_en_vente_-_> ;_Shop, #Mouvements_sociaux, Relations entre mouvements sociaux & gouvernements, #Inde, #Indonésie, Liban, #Irak, #Iran, Algérie, Soudan, Haïti, Chili, Amérique latine & (...)

    #Homepage_-_Menu_« Découvrez » #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements #Amérique_latine_&_Caraïbes
    https://www.cetri.be/IMG/pdf/as_pdf_complet_ultime_as_soule_vements_populaires.pdf
    https://www.cetri.be/IMG/epub/as_epub_as_soulpop.epub

  • Soulèvements populaires : « révoltes logiques » ?
    https://www.cetri.be/Soulevements-populaires-revoltes

    La démultiplication et simultanéité des révoltes à l’automne 2019 ont mis au-devant de la scène les soulèvements populaires. Ces mouvements massifs de #Contestation posent nombre de questions quant à leur dynamique, leur temporalité, leur composition et leurs significations. Ancrés localement, tenant à distance les acteurs politiques institutionnels, ouvrent-ils la voie à des transformations en profondeur, voire à un changement de « système » ? En octobre 2019, à quelques jours d’intervalle, l’Équateur, (...) #Alternatives_Sud_-_extraits

    / #Le_Sud_en_mouvement, #Le_regard_du_CETRI, Relations entre #Mouvements_sociaux & gouvernements, Mouvements sociaux, Contestation, #Crises, #Coronavirus, #Inde, #Indonésie, #Liban, #Irak, #Iran, #Algérie, #Soudan, #Haïti, #Chili, Amérique latine & (...)

    #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements #Amérique_latine_&_Caraïbes

  • With @ItalyMFA support; IOM has built a new police border post at the Assamaka border, equipped with the Migration Information and Data Analysis System (MIDAS). This project aims to reinforce the operational capacities of the Government of Niger on border management.

    https://twitter.com/OIM_Niger/status/1326033475514855424
    #IOM #Niger #contrôles_frontaliers #externalisation #asile #migrations #réfugiés #frontières #OIM #Assamaka #MIDAS #Migration_Information_and_Data_Analysis_System #poste-frontière

    Localisation de Assamaka :

    via @rhoumour (twitter)

    ping @isskein @karine4

    • IOM Supports Safe Migration with New Police Post at Niger’s Border with Algeria

      Situated in the heart of the Sahara at only 15 km from Niger’s border with Algeria, the town of Assamaka is a major migratory hub, as the main point of entry for migrants returning from Algeria, and the last place of transit for migrants coming from Niger on their way to Algeria.

      Since late 2017, over 30,000 migrants have arrived in Assamaka from Algeria, mostly from West African countries of origins.

      On Wednesday (14/10), the Government of Niger and the International Organization for Migration (IOM) inaugurated the first fixed border police post in Assamaka, built and equipped with funding from the Italian Ministry of Foreign Affairs and International Cooperation.

      This extensive, impoverished and sparsely populated area has long been exploited by criminal and smuggling networks. Nowadays, these ancestral trade and migration routes between Niger and Algeria are often used for smuggling illicit goods and migrants.

      In recent years, border management and border security have become top priorities for the Sahel and for Niger in particular. The Government of Niger strives to reduce illicit cross-border activities, including human smuggling and trafficking, and to prevent the entry of members of violent extremism organizations through the country’s borders.

      In addition to a sharp rise in crime in the border town, Assamaka also faces increasingly high migration flows, due to its position on the trans-Saharan migration route. These are proving difficult to manage to the detriment of the town’s 1,000 or so permanent inhabitants.

      Watch video: New Police Border Post in Assamaka

      Up to now, migrant registration had always been done manually or through IOM’s Mobile Border Post, temporarily deployed by the Government of Niger to the Agadez region. This truck-borne mobile police post was adapted specifically for meeting the challenges in remote desert locations. But it cannot replace a fixed police station.

      The newly constructed border post and its facilities will allow the police to be compliant with national and international norms and fulfill the required security and safety standards.

      The border post is part of a larger project whose objective is to strengthen the capacities of Niger’s immigration service – the Directorate for Territorial Surveillance (DST). The project also aims to reinforce the cooperation between Nigerien and Algerian law enforcement agencies, as well as the coordination between Nigerien security forces, local authorities and relevant technical services, such as the Regional Directorate of Public Health in the Agadez region.

      Through this new border post, eight workstations are equipped with the Migration Information and Data Analysis System (MIDAS), developed by IOM. These will allow authorities to digitally register people transiting the border. The data collected can be transmitted in real time to a central server, allowing authorities to better track and manage migration flows in and out of Niger.

      “We hope that this new infrastructure will alleviate some of the current challenges faced by local authorities and will improve cross-border cooperation,” said Barbara Rijks, IOM’s Chief of Mission in Niger. “Ultimately, this border post aims to contribute to the improvement of the security and stability in Assamaka and its surroundings.”


      https://www.iom.int/news/iom-supports-safe-migration-new-police-post-nigers-border-algeria

      Autres photos sur twitter:


      https://twitter.com/OIM_Niger/status/1317040811536715778

  • Interview de Philippe Alienne dans l’émission « On passe au rouge » sur #Radio_Campus_Lille. Il s’est intéressé de près à la décennie noire en Algérie. Il en tire des liens avec « la vague » qui secoue la France d’aujourd’hui.

    https://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/2020-11-02/On_passe_au_rouge_02-11-2020_19h00.mp3

    Il est le rédacteur en chef de Liberté Hebdo qui a mis en une un rire à gorge déployée. Un blasphème contre la connerie ambiante.

    #terrorisme #islamisme #algérie #caricature

  • Manifeste pour une Algérie laïque, démocratique et républicaine

    Le mouvement citoyen du 22 février 2019 a marqué un grand tournant dans l’histoire de notre pays. Grâce à cette mobilisation historique, notre dignité collective a été retrouvée. Notre parole s’est libérée à nouveau. Nous nous sommes remis en mouvement. A rêver et à espérer des jours meilleurs pour nos enfants. Cette nouvelle dynamique populaire a précipité la chute du président Bouteflika et de son entourage immédiat. Malgré cette accélération de l’histoire, l’essentiel reste encore à accomplir.

    La crise qui frappe notre pays est sans précédent. Le blocage que nous vivons n’est pas conjoncturel mais structurel. Remplacer une équipe par une autre ne garantit en rien l’émergence d’un horizon fécond. Le pouvoir actuel a beau faire semblant de se renouveler, il ne représente qu’un vestige du passé. En effet, l’Etat tel qu’il a été créé dans la foulée du mouvement de libération nationale a épuisé toutes ses possibilités et atteint ses limites. Il s’agit, dès lors, de redéfinir les fondements d’un nouveau contrat social. Tel est le principal défi à relever. Quel État voulons-nous pour quelle société ?

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/11/01/manifeste-pour-une-algerie-laique-democratique-et-repub

    #international #algérie

  • Les migrants algériens affluent sur les côtes espagnoles
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/27/les-migrants-algeriens-affluent-sur-les-cotes-espagnoles_6057563_3212.html

    Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. C’est déjà plus que les 1 900 migrants arrivés durant tout 2019, alors que les principaux mois d’activité de la « route algérienne » vers l’Espagne s’étalent d’ordinaire d’octobre à décembre. Aux Baléares, plus de 60 embarcations avec près de 900 personnes à bord ont aussi accosté dans l’archipel. Un autre record. Et à Almeria, en Andalousie, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultra rapides. Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’agence européenne de gardes frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale.
    La principale raison de ce boom n’échappe à personne. « Ils ne peuvent pas nous renvoyer en Algérie à cause du Covid : les frontières sont fermées », fanfaronne Mohamed Ould Lavioud. C’est la quatrième fois que ce jeune homme de 22 ans traverse la Méditerranée. A chaque fois, il avait terminé son périple dans un Centre d’internement pour étrangers (CIE), où les migrants sont enfermés par la police durant au maximum soixante jours, le temps d’organiser leur rapatriement. « Mais cette fois, c’est la bonne ! », assure-t-il. L’Algérie, où l’immigration clandestine est un délit, semble débordée par ces départs. « Quand trente ou quarante embarcations sortent en même temps, les garde-côtes algériens ne peuvent rien faire », explique Anouar, 29 ans.
    Autour d’eux, ils sont des dizaines à attendre l’heure du déjeuner, servi dans la cantine de la Croix-Rouge, ou à tuer le temps avant de prendre le prochain bus pour Barcelone. Nabil Damane, 37 ans, guette lui l’arrivée de son cousin, qui descend de Nîmes pour le chercher et le ramener à Amiens. « Ma femme et mes enfants m’y attendent, raconte l’homme, édenté, en montrant sur son téléphone la bouille ronde de sa fille de 2 ans. J’ai été expulsé en décembre 2019 car je n’ai pas de papiers. A Alger, j’ai entendu que quelqu’un préparait un voyage en bateau depuis Chlef (à 200 km à l’ouest de la capitale). Ça m’a coûté 500 euros. On était dix-sept dans un zodiac de 6 mètres, avec trois femmes et un enfant de 3 ans. On a mis quinze heures », détaille-t-il.
    Fuir l’Algérie, pour lui, est une évidence. « Là-bas, il n’y a pas de boulot, pas de vie. L’Etat contrôle tout. Il faut être pistonné, faire partie d’une bonne famille. Si tu es pauvre, tu es condamné à attendre la mort. Et pourtant notre pays est riche en pétrole, en gaz, en diamant, mais l’Etat et ses généraux accaparent tout », résume-t-il, amer, avant d’annoncer : « Vous verrez, le 1er novembre, les Algériens vont sortir manifester. » Ce jour, anniversaire du début de la guerre d’indépendance (1954-1962), coïncide avec le référendum sur une nouvelle mouture de la Constitution algérienne proposé par le président Abdelmajid Tebboune. « On ne l’accepte pas. On veut changer le pays, mais l’Etat s’y refuse », poursuit Nabil Damane.
    La détérioration de la situation sociopolitique en Algérie est l’une des causes avancées par la préfecture de Murcie pour expliquer l’augmentation des migrants algériens, perceptible depuis septembre 2019. Dans les barques, on dénombre aussi quelques Marocains, de rares Subsahariens et des Tunisiens, mais « plus de 90 % des migrants qui partent d’Algérie sont des Algériens », insiste Mari Carmen Vera, directrice des opérations d’urgence de la Croix-Rouge. Elle rappelle que la ville de Carthagène « a toujours accueilli des migrants, mais ils arrivaient peu à peu, en novembre et en décembre. On les recevait dans le port de Santa Lucia, dans le centre. Cet été, il y a eu tant d’arrivées que ce n’était plus possible ».
    C’est au milieu des raffineries du port industriel d’Escombreras, coupé de Carthagène par deux postes de contrôle, interdit d’accès y compris aux journalistes, que les autorités ont donc installé le nouveau dispositif de la Croix-Rouge. Ce 20 octobre, 92 des quelque 250 migrants arrivés durant le week-end se trouvent encore sur le quai, sous de grandes tentes. Nourris et habillés, ils sont aussi identifiés par la police et soumis à un test PCR. Si un cas positif au Covid a été détecté sur une embarcation, tous les passagers sont envoyés dix jours en quarantaine à l’hôtel El Cenojo, perdu dans la nature, à 130 kilomètres de là. Si tous sont négatifs, ils peuvent continuer leur projet migratoire. La Croix-Rouge se charge alors de leur fournir un billet de car ou de train vers la ville espagnole de leur choix. La plupart du temps, ils optent pour Barcelone, ce qui leur permet de continuer ensuite leur route vers la France ou la Belgique. Les moins chanceux, sélectionnés selon des critères sibyllins, sont emmenés au CIE, qui a rouvert fin septembre en prévision d’une possible réouverture des frontières après la visite du chef du gouvernement Pedro Sanchez à Alger le 7 octobre.

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#espagne#méditerranee#sante#exil#frontiere#frontex#quarantaine#test#crise

  • Pour la solidarité avec le peuple algérien et la libération des détenus du Hirak

    « L’ Appel à la solidarité avec la lutte du peuple algérien pour les libertés démocratiques et la libération des détenus d’opinion continue de recevoir un large appui non seulement en Algérie mais également parmi tous les peuples du monde. Cette solidarité de femmes et d’hommes épris de justice et de liberté, tout en constituant un encouragement au peuple algérien, indique que l’autoritarisme et la répression qu’il subit ne doivent pas se dérouler dans le silence comme veulent l’imposer les gouvernants parce que le combat du peuple algérien pour la liberté revêt une dimension universelle. »

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/10/27/pour-la-solidarite-avec-le-peuple-algerien-et-la-libera

    #international #algérie

  • Octobre 1988. Une cause est perdue dès lors qu’elle se défend par la torture (1)

    Le titre de cet article est aussi celui d’un livre qui reste à éditer. À son origine, un texte rédigé pour la réédition en octobre 2018 du livre Octobre ils parlent, dirigé par S.A. Semiane, qui, malgré tous ses efforts, ne pourra pas le rééditer. Ce titre fut aussi l’exergue anonyme des déclarations du Comité national contre la torture de 1988 à 1993.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/10/26/octobre-1988-une-cause-est-perdue-des-lors-quelle-se-de

    #international #algérie

  • Violences faites aux femmes : Des actrices se mobilisent contre les féminicides

    Parmi elles figurent Bahia Rachedi, Souhila Maalem, Fatiha Oured, Narjes Asli, Leila Touchi et Salima Abada. Cet appel sera suivi par la publication prochaine d’une vidéo, dans laquelle elles dénoncent toutes les formes de violences à l’égard des femmes.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/10/23/violences-faites-aux-femmes-des-actrices-se-mobilisent-

    #féminisme #algérie

  • Omar Benderra : 2019-2020 : le pouvoir algérien face au Hirak

    Il est illusoire de rechercher des issues à la crise générale, économique, politique et sociale, dans de vaines approches techniques ou financières. La sortie du modèle rentier, la création d’une base productive moderne et la réhabilitation de l’Etat passent nécessairement par le dépassement des formes autoritaires de gouvernement d’un pouvoir ossifié.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/10/19/omar-benderra-2019-2020-le-pouvoir-algerien-face-au-hir

    #international #algérie

  • L’Algérie dérobée du photographe Bruno Boudjelal
    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/l-algerie-derobee-du-photographe-bruno-boudjelal,1499

    En 1993, Bruno Boudjelal part pour la première fois en Algérie, en pleine « décennie noire ». Le pays de son père fera de lui un photographe reconnu. Aujourd’hui membre de l’agence Vu’, il raconte à travers ses clichés flous et décadrés la difficulté de photographier un pays qui lui échappe.

    https://orientxxi.info/fr/Dorothee-Myriam-Kellou
    https://afriquinfos.com/afrique-du-nord/algerie

    #Bruno_Boudjelal #photographe #photographie #Algérie #Kabylie

  • 17 octobre 2020, on commémore aussi le couvre feu du 17 octobre... 1961

    A ce sujet, #Georges_Azenstarck (1934-2020) vient de mourir. Photographe pour l’Huma, il avait documenté la vie des pauvres et des ouvriers, mais aussi la nuit du #17_octobre_1961, manifestation d’Algériens contre le couvre feu !!!

    Sous les ordres de #Maurice_Papon, la police parisienne a tué des dizaines d’Algériens, dont beaucoup furent jetés à la Seine. C’était il y a 59 ans, dans Paris, le massacre de civils le plus sanglant depuis la Commune. Pendant 30 ans les rares témoins ont essayé de rompre l’omerta organisée par les États français et algériens, par les partis de droite et d’extrême droite et certains partis de gauche.

    Azenstarck, le photographe qui a témoigné contre Maurice Papon
    Chloé Leprince, France Culture, le 8 septembre 2020
    https://histoirecoloniale.net/Le-photographe-George-Azenstarck-temoin-majeur-du-17-octobre-1961

    Dans ce documentaire de Faiza Guène et Bernard Richard, produit en 2002, il décrit sa soirée passée avec son collègue photographe à « L’Huma », les cadavres qu’il voit depuis le balcon du journal, qui s’entassent en contrebas dans la rue, du côté du Rex, “comme des sacs à patates”. Il décrit aussi les Algériens que la police traîne par le col, vifs ou morts, et ce camion qu’on appelait encore “panier à salade”, qui stationne une grosse dizaine de minutes sous sa fenêtre et lui masque la vue. Lorsque le camion remettra le moteur, les cadavres entassés auront disparu. Les tirs se sont tus, Azenstarck descend en trombe, il tente de photographier ce policier qui, seau d’eau à la main, tente en vain de nettoyer le sang sur le trottoir. On l’empêche assez vite de mitrailler. Mais ses pellicules de la soirée du 17 octobre 1961 serviront a posteriori à étayer la réalité : on a bien massacré des Algériens dans les rues de Paris ce soir-là.

    Mémoire du 17 Octobre 1961 (Bernard Richard et Faïza Guène, 2002, 17 minutes)
    https://www.youtube.com/watch?v=xVGT19qOUBA

    Le témoignage du photographe, ainsi que ses tirages, sont d’autant plus précieux qu’il s’est d’abord agi de planches contact : ni le 18 octobre 1961 ni les jours qui suivront, l’Humanité ne publiera les images de Georges Azenstarck. En 2011, il montre ses photos et parle de leur disparition mystérieuse du siège de l’Humanité, au début du film de la plasticienne Ariane Tillenon :

    17 octobre 1961 : "50 ans après, je suis là" (Ariane Tillenon, 2011, 15 minutes)
    https://www.youtube.com/watch?v=8pzuDOmELdY

    #France #Paris #racisme #Algériens #FLN #guerre_d'Algérie #manifestation #violence_policière #L'Huma #17octobre1961 #immigration #bidonvilles #colonialisme #police #pogrom_policier #massacre #histoire #violences_policières #impunité #torture

  • L’Étrange Étranger
    Écrits d’un anarchiste kabyle

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/L-Etrange-Etranger-Ecrits-d-un-anarchiste-kabyle

    Mohamed Saïl (1894-1953) fut toute sa vie un ardent militant contre le colonialisme et le capitalisme. Déserteur lors de la Première Guerre mondiale, engagé dans la colonne Durruti pour combattre le fascisme et défendre la révolution, il n’a cessé d’écrire pour la presse anarchiste en France et en Algérie. Francis Dupuis-Déri a rassemblé ici une trentaine de ses articles, rédigés de 1924 à 1951.

    À de nombreuses reprises, notamment dans les colonnes du Libertaire et du Flambeau, il dénonce les conditions imposées aux « indigènes algériens », en particulier par le Code de l’indigénat : « “Tous les hommes naissent libres et égaux en droit.” C’est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui raconte cela. Mais il est facile de prouver que cette égalité n’a jamais existé pour nous, indigènes algériens. Nos droits, les voici, tels que les comprennent les canailles sanguinaires, les pirates rapaces qui, sous prétexte de colonisation, nous ont apporté les soi-disant “bienfaits” de leur “civilisation”. Ils consistent à voir les terres sur lesquelles nous sommes nés, que de père en fils nous fécondions de notre labeur, qui nous donnaient de quoi vivre librement et fièrement, accaparées par nos “bienfaiteurs”. […] Nous avons un autre “droit” que ne nous contestent pas, au contraire, les entrepreneurs de charniers patriotiques, c’est celui d’aller crever sur les champs de bataille pour la défense de la France si généreuse. » (...)

    #Algérie #Kabylie #anarchisme #Durruti #Espagne #colonialisme #fascisme #émancipation #internationalisme

  • Algérie, les louanges et la matraque
    https://www.cetri.be/Algerie-les-louanges-et-la

    En #Algérie, la #Contestation populaire est souvent louée par le régime qu’elle entend pourtant déboulonner. Le président de la République, son chef de gouvernement, ses ministres et quelques officiers supérieurs rivalisent pour dire tout le bien qu’il pensent du Hirak. Ce mouvement populaire pacifique est né le 22 février 2019, pour s’opposer à un cinquième mandat de M. Abdelaziz Bouteflika, mais il continue aujourd’hui de réclamer un changement politique profond et le démantèlement du « système » en place (...) #Le_Sud_en_mouvement

    / #Le_Sud_en_mouvement, Algérie, Relations entre #Mouvements_sociaux & gouvernements, Mouvements sociaux, Contestation, #Répression, #Autoritarisme, Les blogs du (...)

    #Relations_entre_mouvements_sociaux_&_gouvernements #Les_blogs_du_Diplo

  • #Décolonisations : du sang et des larmes - Replay et vidéos en streaming - France tv
    https://www.france.tv/france-2/decolonisations-du-sang-et-des-larmes

    On m’a dit que c’était très bien

    Réalisés à partir d’images d’archives en grande partie inédites et mises en couleur, ces deux films en résonance avec les débats les plus brûlants de notre société actuelle donnent la parole aux témoins, acteurs et victimes de cette page douloureuse de notre histoire ainsi qu’à leurs descendants.

    • Plus qu’une piqûre de rappel, certaines périodes inconnues (pour moi) éclairent notre présent et aussi pourquoi notre monde va si mal. Le service public devrait présenter plus souvent ce genre de documents. Chaudement recommandé.

    • L’autobiographie de Morvandiau dans une nouvelle édition chez le Monte-en-l’air. La précédente date de 2007 chez l’oeil electrique éditions.
      https://www.placedeslibraires.fr/livre/9791092775327-d-algerie-morvandiau
      https://www.franceculture.fr/oeuvre/dalgerie

      D’Algérie - Morvandiau
      « Quel rapport entre mon père et Jean, le frère missionnaire de ma mère ? » Le premier est né en Algérie en 1937, le second y est mort en 1994. Dans D’Algérie, l’autobiographie et l’histoire familiale croisent l’Histoire avec un grand H, celle de la colonisation, de la guerre d’indépendance et des rapports contemporains toujours singuliers entre la France et l’Algérie. Morvandiau délaisse ici le registre humoristique pour se lancer dans une (en)quête personnelle en bande dessinée, questionnant ses origines mais aussi les conditions d’élaboration du récit lui-même. Cette nouvelle édition chez le Monte-en-l’air, dont la maquette est conçue par Sébastien Lumineau, comporte une préface inédite en bande dessinée de Morvandiau. Il y revient sur les évènements qui, depuis 12 ans, ont résonné avec sa vie professionnelle et familiale et ponctué la vie des deux côtés de la Méditerranée : attentat de Charlie Hebdo et durcissement sécuritaire en France depuis 2015, béatification des religieux catholiques assassinés lors de la décennie noire - parmi lesquels son oncle Jean - à Oran en 2018 et manifestations sociales et politiques toujours actuellement en cours en Algérie

      #bandes_dessinées #Morvandiau #Algérie

  • #Décolonisations : du sang et des larmes. La rupture (1954-2017) —> premier épisode de 2 (voir plus bas)

    Après huit années de conflits meurtriers, l’#Empire_colonial_français se fragilise peu à peu. La #France est contrainte d’abandonner l’#Indochine et ses comptoirs indiens. Les peuples colonisés y voient une lueur d’espoir et réalisent que la France peut-être vaincue. Les premières revendications d’#indépendance se font entendre. Mais la France reste sourde. Alors qu’un vent de liberté commence à se répandre de l’Afrique aux Antilles en passant par l’océan indien et la Polynésie, un cycle de #répression débute et la République répond par la force. Ce geste va nourrir des décennies de #haine et de #violence. Ce #documentaire, réalisé, à partir d’images d’archives, donne la parole aux témoins de la #décolonisation_française, qui laisse encore aujourd’hui des traces profondes.

    https://www.france.tv/france-2/decolonisations-du-sang-et-des-larmes/decolonisations-du-sang-et-des-larmes-saison-1/1974075-la-rupture-1954-2017.html
    #décolonisation #film_documentaire #colonialisme #colonisation #film

    #France #Indochine #Empire_colonial #FLN #Algérie #guerre_d'Algérie #guerre_de_libération #indépendance #François_Mitterrand #Algérie_française #Section_administrative_spécialisée (#SAS) #pacification #propagande #réformes #attentats #répression #Jacques_Soustelle #Antoine_Pinay #conférence_de_Bandung #Tunisie #Maroc #Gaston_Defferre #Cameroun #Union_des_populations_du_Cameroun (#UPC) #napalm #Ruben_Um_Nyobe #Ahmadou_Ahidjo #Milk_bar #armée_coloniale #loi_martiale #bataille_d'Alger #torture #haine #armée_française #Charles_de_Gaulle #paix_des_Braves #humiliation #camps #déplacement_des_populations #camps_de_déplacés #déplacés #internement #Madagascar #Côte_d'Ivoire #Guinée #Ahmed_Sékou_Touré #communauté_franco-africaine #liberté #Organisation_de_l'armée_secrète (#OAS) #17_octobre_1961 #accords_d'Evian #violence #pieds-noirs #rapatriés_d'Algérie #Harki #massacre #assassinats #déracinement #camp_de_Rivesaltes #invisibilisation #néo-colonialisme #ressources #gendarme_d'Afrique #Françafrique #Felix-Roland_Moumié #territoires_d'Outre-mer #Michel_Debré #La_Réunion #Paul_Vergès #Polynésie #Bureau_pour_le_développement_des_migrations_dans_les_départements_d'Outre-mer (#Bumidom) #racisme #Djibouti #Guadeloupe #Pointe-à-Pitre #blessure #mépris #crimes #mémoire

    –—

    Et à partir du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer... un mot pour désigner des personnes qui ont « bénéficier » des programmes :
    les « #Bumidomiens »
    –-> ajouté à la métaliste sur les #mots en lien avec la #migration :
    https://seenthis.net/messages/414225
    #terminologie #vocabulaire

    –—

    Une citation de #Jean-Pierre_Gaildraud, qui dit dans le film :

    « Nous étions formatés dans une Algérie française qu’il ne fallait pas contester. C’était ces rebelles, c’étaient ces bandits, ces égorgeurs qui menaçaient, qui mettaient en péril une si belle France. En toute bonne foi on disait : ’La Seine traverse Paris comme la Méditerranée traverse la France’ »

    –---

    « Il faut tourner une page et s’abandonner au présent. C’est sûr, mais comment tourner une page quand elle n’est pas écrite ? »

    Hacène Arfi, fils de Harki