Scandale autour d’un médicament vedette contre l’hypertension
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Ces conclusions sont accablantes, pas tant pour Hiroaki Matsubara, dont le degré de responsabilité n’est pas établi, que pour la recherche biomédicale tout court. C’est un cas d’école de la manière dont la science peut être manipulée sous l’influence d’un lobby industriel. L’enquête a en effet révélé que des données sur les participants avaient été falsifiées pour faire apparaître les fameux « bénéfices » concernant les angines de poitrine et les AVC. L’université a épluché les dossiers médicaux de 223 patients de l’étude de Kyoto et s’est aperçue que pour 34 d’entre eux, on avait pris en compte de fausses informations : pour les personnes du groupe recevant du valsartan, on avait minoré les problèmes cardiaques subséquents et, pour les patients du groupe témoin, on avait exagéré lesdits problèmes. C’est de cette manipulation que sont nés les fameux effets positifs de la molécule. La commission d’enquête a refait les calculs : si l’on ne tient pas compte de ces 34 dossiers, ces bénéfices disparaissent (ce qui ne remet en revanche absolument pas en cause l’efficacité du médicament comme antihypertenseur).
L’affaire est déjà grave en elle-même mais il y a pire encore. Bien que les enquêteurs n’aient pas pu déterminer qui avait falsifié les données, ils ont découvert qu’une des personnes impliquées dans leur gestion était employée par... Novartis, ce qu’a reconnu la firme suisse dans un communiqué publié le lendemain de la conférence de presse. Ce conflit d’intérêt manifeste n’était évidemment pas signalé dans l’étude. De plus, selon l’agence de presse Kyodo News, l’employé de Novartis en question a participé à des essais sur le valsartan conduits par d’autres universités japonaises, lesquelles vont devoir en vérifier les résultats à la loupe. Dernière information et pas la moindre, dans l’article (payant) qu’elle vient de consacrer à ce scandale, la revue Science souligne que le laboratoire d’Hiroaki Matsubara a reçu, pour ses recherches, environ 1,4 million de dollars de la part de – devinez qui ? – Novartis, encore et toujours.