Espagne : un réseau de passeurs pour migrants sénégalais, qui transitaient par Madrid, démantelé - InfoMigrants
▻https://www.infomigrants.net/fr/post/55259/espagne--un-reseau-de-passeurs-pour-migrants-senegalais-qui-transitaie
Espagne : un réseau de passeurs pour migrants sénégalais, qui transitaient par Madrid, démantelé
Par La rédaction Publié le : 16/02/2024
La police espagnole a arrêté 12 passeurs membres d’un réseau international qui permettait à des Sénégalais de rejoindre des pays européens, dont la France. Tous transitaient par l’aéroport de Madrid, s’y déclarant demandeurs d’asile - un procédé utilisé par de nombreux exilés - avant d’être conduits en voiture vers leurs destinations, moyennant une somme d’argent. Douze passeurs faisant partie d’un même groupe mafieux - qui trafiquaient autour de migrants sénégalais - ont été arrêtés en Espagne. Les enquêteurs ont « démantelé un réseau international », s’est félicitée la police espagnole dans un communiqué paru jeudi 15 février.
Près de 200 Sénégalais auraient réussi à entrer en Europe via ce réseau, d’après les autorités. Ces personnes se sont dirigées vers « la France, l’Allemagne et la Belgique », le tout en « se faisant passer pour des mineurs afin de demander l’asile », détaille encore le communiqué de la police espagnole. Le circuit était bien huilé. D’abord, tous les départs se faisaient depuis la ville marocaine de Casablanca. Les Sénégalais y achetaient un billet d’avion « à destination de différents pays d’Amérique du sud », qui ne réclament pas de visa... Avec escale à Madrid. Tous ces exilés transitaient donc par l’aéroport de Madrid-Barajas. Au moment de cette escale dans la capitale espagnole, les Sénégalais y demandaient l’asile. Durant le vol entre le Maroc et l’Espagne, ils « déchiraient leur passeport » afin de prétendre « être mineurs ou originaires de pays en conflit comme le Mali ou l’Éthiopie » pour demander l’asile, toujours selon la police.
Il étaient alors envoyés vers des centres dédiés dans la capitale, avec une liberté de mouvement. Des véhicules venaient ensuite les récupérer pour les transporter vers les différents pays européens.
Les 12 passeurs de ce réseau ont été arrêtés à Madrid même, mais aussi à Alcoy, dans le sud-est de l’Espagne. Tous étaient de nationalité sénégalaise, à l’exception d’une ressortissante espagnole. Parmi les interpellés se trouvaient « le chef au niveau européen » de ce réseau, a précisé une porte-parole de la police à l’AFP.
Ces dernières semaines, les arrivées de personnes exilées demandant l’asile lors de leur escale à Madrid débordent les infrastructures de l’aéroport. Fin janvier, plus de 600 migrants, marocains et sénégalais notamment, s’y trouvaient en attente de l’examen de leur demande d’asile « dans des conditions insalubres », dénonçait alors l’ONG Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR). Le 30 janvier, une salle d’accueil supplémentaire de 500 m2 avait été ouverte pour faire face aux nouvelles arrivées. Nombre de ces exilés coincés dans l’aéroport avaient des billets à destination de l’Amérique du Sud avec escale, tout comme le procédé utilisé par ce réseau de passeurs tout juste démantelé. Les jeunes migrants non accompagnés utilisent également ce levier. Entre le 1er et le 17 janvier 2024, pas moins de 188 mineurs isolés ont débarqué au terminal de Madrid pour rester dans le pays, via un vol à destination de l’Amérique latine, chiffrent les autorités. Pour réagir à cette pratique, les autorités espagnoles feront entrer en vigueur, le 19 février, l’obligation pour les Sénégalais de présenter un visa de transit aéroportuaire (TAP) en escale. Une mesure qui s’appliquait déjà aux Kenyans. Les passeurs sénégalais sont souvent des hommes, plutôt jeunes, « qui ont déjà fait le voyage, qui connaissent justement les rouages et qui ont même des contacts avec d’autres passeurs se trouvant au niveau des zones de transit, et même parfois au niveau des zones d’accueil », décrit l’enseignant chercheur en sociologie Abdoulaye Ngom, de l’université sénégalaise Assane Seck de Ziguinchor, interrogé par la BBC Afrique.
Côté français, ce lundi 12 février, un ressortissant d’origine sénégalaise a été condamné à dix mois de détention par le tribunal de Poitiers pour aide au passage entre l’Espagne et la France. L’homme transportait quatre exilés dans son véhicule lorsqu’il a été repéré, rapporte La Nouvelle République. Les quatre migrants ont été reconduits à la frontière espagnole.
#Covid-19#migration#migrant#espagne#senegal#transit#trafic#routemigratoire#maroc#ameriquelatine#sante