• André Dréan, révolutionnaire intransigeant professionnel

    A propos de la brochure :
    A la conquête de l’est, De l’influence de l’idéologie conservatrice nord-américaine dans les milieux anti-industriels français , printemps 2014.

    Ce qui est remarquable chez Dréan, c’est qu’il avoue d’emblée qu’il ne sait pas de quoi il parle (« Je ne connais pas particulièrement l’ensemble des œuvres de Christopher Lasch ») et que cela ne l’empêche nullement d’émettre des jugements aussi tranchants que définitifs.

    Il suffit, justement, d’avoir un peu lu les livres de C. Lasch parus en français pour comprendre qu’en effet, grande découverte, c’est un auteur « conservateur », mais pas nécessairement au sens de « réactionnaire » :

    « Il y a la célèbre formule de Marx : “Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières, ce qui importe, c’est de le transformer.” Mais maintenant, elle est dépassée. Aujourd’hui, il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout, il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous devons être conservateurs au sens authentique, conservateurs dans un sens qu’aucun homme qui s’affiche comme conservateur n’accepterait. »
    Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?, interview réalisée en 1977 (éd. Allia, 2001).

    Être conservateur, au sens révolutionnaire que suggère ici Anders, consiste d’abord à lutter pour la préservation des conditions qui permettent une vie humaine sur Terre. C’est ce que se propose Lasch à travers ses différents ouvrages. On peut ne pas être d’accord avec nombre de ses propositions, on peut même estimer qu’il se fourvoie ou s’aveugle sur un certain nombre de points. Mais il faudrait au moins avoir l’honnêteté de reconnaître que ses analyses se placent, tout de même, du côté de l’émancipation sociale dans sa tentative de montrer en quoi la modernisation détruit les conditions de la liberté et de l’autonomie.

    C’est cette honnêteté qui manque décidément à Dréan, qui se contente de souligner que Lasch est cité par Marine Le Pen et encensé par Le Figaro, et qu’il s’inscrit dans la mouvance du « retour aux “valeurs traditionnelles de l’Amérique” dès la présidence Reagan ». Si des réactionnaires disent que 2+2=4, alors Dréan est prêt à qualifier de fascistes quiconque penserait de même ! Quant aux « valeurs traditionnelles », n’importe quel progressiste vous dira qu’elles sont nécessairement, en tout et pour tout, de manière absolue et définitive, profondément réactionnaires, puisque appartenant au passé, c’est-à-dire à des époques et des sociétés qui n’étaient pas aussi excellentes et parfaites que la nôtre :

    « Valeurs qui, de la création de la première colonie anglaise stable en Virginie jusqu’à la guerre de Sécession, posèrent les fondations de l’Union telle qu’elle existe depuis les lendemains de la première boucherie mondiale. »

    Chez Dréan, les choses, les êtres et les idées sont figées à jamais et manifestent leur essence de toute éternité. En conséquence, jamais rien de neuf sous le soleil ne peut apparaître ni se manifester :

    « La critique qu’il [Lasch] effectue de l’histoire moderne des Etats-Unis, tels qu’ils sont issus des lendemains de la Première Guerre mondiale, avec leur montée en puissance à titre d’Etat industrialisé et militarisé, jusqu’à nos jours est donc conservatrice. Elle idéalise la période antérieure à la guerre de Sécession comme si celle-ci n’avait pas préparé ce qui est advenu par la suite . » (souligné par moi)

    Pour Dréan, l’histoire était déjà écrite (par qui et où ça ? on aimerai bien le savoir), ce qui est advenu devait nécessairement advenir, et personne n’y pouvait rien – et surtout pas les conservateurs. Etrange conception de l’histoire où, peut-être, seuls les « révolutionnaires », aussi intransigeants que Dréan probablement, peuvent faire l’histoire…

    Mais passons sur tout cela, sur cette indignation qui rappelle la politically correctness américaine, ou bien, traduit en bon français : la police de la pensée.

    Venons-en à Notes et Morceaux choisis, bulletin critique des sciences, des technologies et de la société industrielle n°7, qui a pour titre “Les chemins de fer ou la liberté” (éd. La Lenteur, 2006). A lire Dréan, on serait bien en peine de savoir pourquoi et comment cette revue parle de Lasch. De fait, dans ce numéro, il n’est pas question du seul ouvrage de Lasch que Dréan prétend avoir lu, Les femmes et la vie ordinaire (éd. Climat, 2006). Mais vu le tableau qu’il dresse de ce dernier, Dréan n’a pas besoin de s’encombrer à détailler le contenu d’une revue dont il n’a de toute façon lu que l’éditorial. Et il peut donc tranquillement conclure :

    « En France, dans les milieux hostiles à ce qu’ils nomment de façon réductrice la société industrielle, il est de bon ton de peindre sous des couleurs plus ou moins attrayantes des modes d’exploitation et de domination plus traditionnels et antérieurs à l’industrialisation. »

    Cette phrase relève de la calomnie pure et simple.

    Que Dréan, en indécrottable progressiste, ne comprenne rien à l’usage que l’on peut faire du passé est une chose. Qu’il prétende, sur cette base, que nous nous faisons les promoteurs de modes d’exploitation et de domination, qu’en somme nous ne défendons pas la cause de l’émancipation sociale, est mensonger et diffamatoire .

    Si l’on s’inspire du passé, ce n’est pas pour l’idéaliser et ce n’est bien évidement pas pour reproduire les mêmes erreurs et tares sociales. J’ai déjà expliqué cela ailleurs, dans mon Introduction à la réappropriation (1999). Mais Dréan ne nous accorde même pas cela, ce minimum d’intelligence, trop occupé qu’il est à étaler son ressentiment .

    En effet, qu’a-t’il produit d’autre, ce monsieur ?

    Ce n’est pas lui qui s’aventurerait à publier quoique ce soit qui permettrait de préciser et d’actualiser le projet révolutionnaire qu’il prétend défendre si vaillamment et si généreusement. Il lui suffit de cracher sur tout ce qui bouge en endossant l’habit du révolutionnaire intransigeant.

    Et c’est déjà bien assez lourd à porter.

    N’est-ce pas, mon pauvre Dréan ?

    Bertrand Louart, 1er août 2014.

    (#André-Dréan, mythe ou réalité ?)

    • En France, dans les milieux hostiles à ce qu’ils nomment de façon réductrice la société industrielle, il est de bon ton de peindre sous des couleurs plus ou moins attrayantes des modes d’exploitation et de domination plus traditionnels et antérieurs à l’industrialisation.
      André Dréan

      Quand « être absolument moderne » est une loi spéciale décrétée par le tyran, l’honnête esclave craint plus que tout que l’on puisse le soupçonner d’être passéiste.
      Guy Debord

      Dréan, toujours aussi bête et confusionniste, n’a rien compris à l’usage que les #anti-industriels font du passé (5 ans ne lui ont pas suffit). Mais quant on est un indécrottable progressiste...

    • Encore un commentaire :

      En France, dans les milieux hostiles à ce qu’ils nomment de façon réductrice la société industrielle, il est de bon ton de peindre sous des couleurs plus ou moins attrayantes des modes d’exploitation et de domination plus traditionnels et antérieurs à l’industrialisation.
      André Dréan

      Cette phrase relève de la calomnie pure et simple. Dréan s’est fait une spécialité de ce genre d’analyses foireuses à partir d’amalgames grossiers.

  • Hervé Le Meur ou la faillite de l’écologie à prétention radicale - paris.indymedia.org
    http://paris.indymedia.org/spip.php?article14472

    Un bon texte, qui revient, sans pour autant céder aux sirènes scientistes, sur le texte de l’écologiste Hervé Le Meur autour de la filiation et le mariage homosexuel et critique fermement son biologisme dégueulasse.

    Depuis plusieurs semaines, je reçois, y compris en provenance de personnes d’obédience libertaire, le texte d’Hervé Le Meur « Faut-il changer la nature de la filiation ? », paru dans le numéro d’été de la revue « L’Ecologiste ». En règle générale, il n’est pas accompagné de commentaires, ou alors parfois flatteurs. J’ai donc lu et relu le texte en question et je constate, sans surprise d’ailleurs, qu’il ne recèle rien de plus que les habituels préjugés qui constituent la ligne de défense commune de l’échiquier politique français hostile à la nouvelle loi sur le mariage « gay », échiquier qui inclut en partie des idéologues d’extrême droite, de droite, de gauche et même des écologistes. Loi que, bien entendu, je n’accepte pas, pas plus que les modes de domination qu’elle sanctionne et favorise, déjà pour la raison que je suis hostile à l’institution du mariage. Voici, en bref, ce que je pense du texte d’Hervé Le Meur que Yannick Blanc, le principal animateur du site « Pièce et Main d’œuvre », fait circuler dans le sillage de la rédaction de « L’Ecologiste », fondé par des écofascistes du genre de Teddy Goldsmith. Il montre, comme s’il était encore nécessaire de le prouver, que écologie ne rime pas nécessairement avec radicalité et que sous la même étiquette, nous pouvons retrouver toutes les couleurs de l’arc-en-ciel politique, la brune y compris.