• #ANDREA_DWORKIN S’ENTRETIENT AVEC LIESL SCHILLINGER (1996)
    https://tradfem.wordpress.com/2023/05/08/andrea-dworkin-sentretient-avec-liesl-schillinger-1996

    http://tradfem.files.wordpress.com/2022/07/photo-dworkin-rayon-de-soleil.webp « Les caractérisations que l’on fait de moi en public sont à peu près à l’opposé de ce que je suis », me dit-elle d’une voix basse et essoufflée. « Je suis plutôt hédoniste. » Dworkin est une lesbienne qui vit avec un homme depuis plus de 20 ans. C’est une écrivaine célèbre qui n’arrive pas à trouver d’éditeur et qui voit encore ses œuvres rejetées par le New Yorker et le New York Times, quand elle peut se résoudre à encore les leur proposer. (Ses ouvrages phares, Woman Hating [1974] et Pornography : Men Possessing Women [1981], sont épuisés en version anglaise). Elle est présumée haïr les hommes mais déclare avec désinvolture : « Je ne déteste pas les hommes. Non pas qu’ils ne le méritent pas. Ce n’est tout simplement pas dans ma nature. » En fait, tout ce qui s’avère cohérent et prévisible chez Dworkin, c’est son engagement dans la lutte contre la pornographie, un combat qu’elle mène depuis plus de 20 ans. La pornographie, dit Dworkin, fait du tort aux femmes et il faut y mettre fin.

    Version originale : https://www.independent.co.uk/life-style/the-interview-andrea-dworkin-talks-to-liesl-schillinger-1305909.html ?

    Plusieurs des ouvrages-clé de Dworkin sont enfin disponibles en français grâce aux Éditions du remue-ménage, Sisyphe, M Éditeur, des Femmes et LIBRE, ainsi qu’au travail de la collective TRADFEM.

  • La haine des femmes de droite et de gauche - Andrea Dworkin - Floraisons
    https://floraisons.blog/la-haine-des-femmes-de-droite-et-de-gauche

    Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas réunies afin d’exprimer ce que nous entendons par #féminisme et pourquoi la lutte pour la liberté des femmes nous importe au point que nous y consacrions nos vies — et pas juste trois heures le dimanche après-midi ; pas simplement une lettre de temps à autre ; pas seulement un « mince, ce n’est pas sérieux ! » outré ici et là. À vrai dire, nous ne pensons pas que nos vies sont insignifiantes. Nous ne pensons pas que les crimes à notre encontre sont minimes et sans importance. Cela signifie que la réalisation de ce que nous sommes des êtres humains avec des droits a formidablement progressé ; que personne ne peut nous priver de ces droits ; et que nous avons été lésées par la subordination systématique des femmes, par les violences sexuelles systématiques à notre encontre. Ainsi nous sommes nous organisées politiquement afin de riposter et changer de fond en comble la société dans laquelle nous vivons.

  • Préface d’#Andrea_Dworkin à son livre : Notre Sang. Prédictions et discours sur la politique sexuelle
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/05/12/preface-dandrea-dworkin-a-son-livre-notre-sang-prediction

    Notre sang est un livre qui a germé d’une situation, la situation étant que je n’arrivais pas à faire publier mon travail. J’ai donc pris la parole en public – non pas avec l’étalage improvisé de pensées ou l’effusion de sentiments, mais avec une prose façonnée pour informer, persuader, perturber, provoquer la reconnaissance, autoriser la rage. Je me suis dit que si les éditeurs ne publiaient pas mes travaux, je les contournerais complètement. J’ai décidé d’écrire directement aux gens, pour ma propre voix. J’ai commencé à écrire de cette façon parce que je n’avais pas d’autre choix : je ne voyais pas d’autre moyen de survivre en tant qu’écrivaine. J’étais persuadée que c’était l’establishment de l’édition – les rédactrices en chef timides et impuissantes, la superstructure des hommes qui prennent les vraies décisions, les critiques misogynes – qui s’interposaient entre moi et un public composé surtout de femmes que je savais être là. L’establishment de l’édition formait une formidable digue, et mon plan était de la contourner à la nage. En avril 1974, mon premier livre de théorie féministe, Woman Hating, a été publié. Avant sa publication, j’avais eu des difficultés. On m’avait proposé de remplir pour des magazines des missions qui étaient écœurantes. On m’avait proposé beaucoup d’argent pour écrire des articles qu’un éditeur m’avait déjà décrits dans les moindres détails. Il devait s’agir de femmes ou de sexe ou de drogues. Ces articles étaient stupides et remplis de mensonges. Par exemple, on m’a offert 1 500 dollars pour écrire un article à propos de la consommation de barbituriques et d’amphétamines par les femmes des banlieues. Je devais dire que cet usage de drogues constituait un acte de rébellion hédoniste contre les conventions ennuyeuses de la vie stérile de ménagère, que les femmes utilisaient ces drogues pour s’éclater, faire de l’échangisme et accéder à un merveilleux nouveau style de vie. J’ai dit à l’éditeur que je soupçonnais les femmes d’utiliser les amphétamines pour passer au travers de journées misérables et les barbituriques pour passer au travers de nuits misérables. J’ai suggéré, aimablement je crois, que j’aille demander aux femmes qui les utilisent pourquoi elles le faisaient. On m’a rétorqué que l’article dirait à quel point c’était amusant. J’ai refusé la mission. Cela ressemble à une amusante rébellion de dire à l’establishment d’aller se faire foutre avec ses poignées de dollars, mais quand on est très pauvre, comme je l’étais, ce n’est pas drôle. C’est plutôt profondément déchirant. Six ans plus tard, j’ai finalement gagné la moitié du même montant pour un article de magazine, c’est la somme la plus élevée que j’aie jamais reçue pour un article. J’avais eu l’occasion de jouer le jeu et j’avais refusé. J’étais trop naïve pour savoir que l’écriture sur commande est le seul jeu payant en ville. Je croyais dans « la littérature », « les principes », « la politique » et « le pouvoir de la grande écriture pour changer les vies ». Quand j’ai refusé de faire cet article et d’autres, je l’ai fait avec une indignation immense. L’indignation m’a désignée comme une sauvageonne, une garce, une réputation qui se renforça lors de conflits éditoriaux au sujet du contenu de La haine des femmes, une réputation qui m’a hantée et blessée : pas blessée dans mes sentiments, mais blessée dans ma capacité à vivre de mon travail. Je ne suis en fait pas une « dame », pas une « dame écrivaine », pas une « douce jeune chose ». Quelle femme l’est ? Mon éthique, ma politique et mon style ont fusionné pour faire de moi une intouchable. Les filles sont censées être invitantes et touchables, à la surface ou plus bas.

    Pour la france, quelques exemplaires payant seront disponibles sur demande à cette adresse : yeun.l-y@hotmail.fr

  • Parution de Notre sang d’#Andrea_Dworkin
    https://tradfem.wordpress.com/2021/05/03/parution-de-notre-sang-dandrea-dworkin

    Théoricienne incontournable, écrivaine incomparable et source d’inspiration de plusieurs générations de féministes, Andrea Dworkin demeure plus d’actualité que jamais alors que les femmes du monde entier se mobilisent pour lutter contre la violence masculine qu’elle a été l’une des premières à désigner et à combattre. Cette essayiste maniait comme nulle autre le verbe, l’humour, la colère, l’espoir.
    Ce recueil révèle une extraordinaire conférencière qui nous entraîne dans les recoins de la misogynie, du pouvoir masculin, du sadisme et du masochisme sexuels, de la violence, du racisme, de la discrimination. Elle montre les liens qui existent entre l’oppression des femmes, le racisme, le colonialisme, l’esclavage et d’autres formes d’exploitation : « L’histoire de notre pays est une histoire de sang versé. Tout ce qui a grandi ici a poussé dans des champs imbibés du sang de peuples entiers. C’est une nation érigée sur la charogne humaine des nations indiennes. C’est une nation érigée sur le travail, la tuerie et les souffrances d’esclaves. C’est une nation raciste, une nation sexiste, une nation meurtrière. C’est une nation pathologiquement captive d’une volonté de domination. »

    https://m-editeur.info/notre-sang-predictions-et-discours-sur-la-politique-sexuelle

  • Behigorri - Le journal - Les Ruminant-e-s
    http://lesruminants.eklablog.com/behigorri-le-journal-a205194986

    Sommaire :

    Jesuispangoline de Laura Outan 2
    Dans ma cabane, je suis de Nina Terrpl 3
    Leçon de sauvagerie de SaVge 4
    La théorie de la fiction­panier de Ursula K. Le Guin 4
    Civilisation et biogynophobie de Ana Minski 7
    L’âge des couleurs de Colette Daviles­-Estinès 9
    CAPP, collectif abolition porno prostitution 10
    Pornland, Gail Dines 11
    Vous avez dit Satire ! de Cathy Garcia Canalès 12
    Julia Hill Butterfly 13
    Variations de la ville de Rosales Miroslava 14
    Animaux en terres humaines de Ana Minski 15
    Andrea Dworkin 16
    Les lézardes de feu de Ana Minski 16

    Le PDF :
    http://ekladata.com/GNl9d1q9WrltWDegZwQoGyk6prU/journal-compresse.pdf

    Souvenez-vous, une lecture d’Ana Minski :
    https://www.youtube.com/watch?v=MGA7SoUPxbU

    On ne va pas s’entendre
    https://www.youtube.com/watch?v=d-izn_70LSY

    #Ana_Minski #féminisme #Andrea_Dworkin #fanzine #journal

  • Résumé de Refuser d’être un homme de John Stoltenberg - Crêpe Georgette
    http://www.crepegeorgette.com/2013/10/09/virilite-stoltenberg

    On en arrive donc au fait suivant ; l’homme viole et la femme en est blâmée. Une homme viole une femme, elle en est responsable donc le viol n’est pas un viol. S’en suit un témoignage où une victime de viol rapporte les propos de son violeur « ne me force pas à te faire mal » qui est une des phrases typiques qu’on entend dans des cas de viol ou de violence conjugale. La victime est directement rendue responsable de ce qu’on lui a fait. Comme le dit Stoltenberg « Violer c’est bien. Se faire violer c’est mal ».

    Dans le chapitre suivant, Stoltenberg parle de l’humanité comme une espèce multisexuée ou hommes et femmes n’existent pas. Il cite Dworkin qui écrivait en 74 (et c’est pourquoi il faut lire Dworkin - enfin si elle était traduite en français - qu’on soit ou non d’accord avec elle parce qu’elle a initié quasi toutes les réflexions féministes actuelles) « Nous sommes, clairement, une espèce multisexuée, dont la sexualité s’étale sur un vastes continuum où les éléments appelés homme et femme sont imprécis ». Stoltenberg parle un peu plus de lui dans ce chapitre ; de sa joie à comprendre que la masculinité n’existe pas, alors qu’il a tout le temps senti qu’il n’arrivait pas à être assez masculin, qu’il ne correspondait pas à l’image traditionnelle de l’homme et qu’il en souffrait.
    Il dit alors « les pénis existent ; le sexe masculin, non. le sexe masculin est socialement construit. C’est une entité politique qui ne s’affirme qu’au moyen de force et de terrorisme sexuel » (on dirait « genre » à la place de « sexe masculin » aujourd’hui).
    Je fais un bref aparté sur ce passage qui, je l’imagine, va en scandaliser plus d’un-e. On sait qu’il existe des crimes sexospécifiques comme le viol ou la violence conjugale. On sait que la majorité des gens emprisonnés sont des hommes. On sait que la majorité des suicidés sont des hommes. On peut penser qu’il s’agit de coïncidences, de cas isolés. On peut penser que c’est du « à la nature » ou on peut se dire que la virilité, la masculinité sont parties prenantes là-dedans et causent des meurtres, des viols, des blessures y compris au sein même de la classe hommes. Tous les hommes qui ne sont pas rentrés dans les modèles traditionnels de la virilité (et qui ont cessé de s’en culpabiliser ce qui est très difficile) ont d’ailleurs bien compris que ce n’est pas eux le problème. Tous les hommes traités de « tapette », de « pd », de « femmelette », de « fille », parce qu’ils n’étaient pas considérés comme assez virils ont bien compris que c’est la virilité qu’il faut détruire et pas eux qui sont anormaux. La virilité ne peut pas être reconstruite car il y aura toujours des gens à la marge ; cela serait comme déconstruire la blancheur dont on parlait plus haut. La virilité et la blancheur et l’hétérosexualité (les 3 en tant qu’identités politiques) n’existent qu’en assujettissant l’autre, ils sont donc à détruire, à abolir et pas à reconstruire.

    • le résumé est presque plus clair que le bouquin, qui m’a quand même semblé traduit avec les pieds, quoique possible aussi que le langage employé soit chelou, ou novateur...

      Bref, un truc qui n’est pas dit ici, et qui me semble intéressant, c’est quand Stoltenberg parle de « l’érotisme de la petite enfance ».

      Pour donner un exemple frappant, lors de l’allaitement, on peut légitimement ressentir des trucs chelou en se faisant sucer les tétons. Après, on peut encore ressentir des trucs chelou en jouant avec son gosse. On peut alors se sentir salement paniqué par ces trucs chelou ou, pire, commencer à les confondre avec des trucs qui appartiendrait à la sexualité masculine.

      Je ne sais pas si je suis clair. Il y a un « érotisme de la petite enfance » qu’il s’agit d’accepter, en tout cas si on veut s’occuper de son gosse dès le début. Typiquement, la virilité bloque ou empêche ou rend impossible ou dangereux l’accès à cette « tendresse », cette « sensualité » qui ne va pas plus loin qu’elle-même, ou disons plutôt qu’il va falloir limiter, bien sûr, avec, par exemple, un minimum de bon sens, du moins si on n’a pas décidé d’être une crapule.

      Pour précision, à mon sens, il s’agit pas du tout d’un discours pédo.

      Simplement il faut faire face à cet « érotisme », et cela peut-être très difficile, voire impossible, à la fois pour des gens qui ont vécu des sales trucs et pour des mecs qui se vivent en violeur-viril-sadique h24.

  • #Christine_Bold : #Andrea_Dworkin, plus actuelle que jamais
    https://tradfem.wordpress.com/2020/11/08/christine-bold-andrea-dworkin-plus-actuelle-que-jamais

    Last Days at Hot Slit présente l’œuvre de Dworkin de 1973 à 1999 dans toute sa complexité, sa radicalité, sa causticité et sa violence. Des extraits de ses essais et appels à l’action sont entrecoupés d’éléments autobiographiques et de textes de fiction rédigés à la première personne. Dworkin a grandi dans une famille juive de la petite classe moyenne, à Camden, dans le New Jersey, avec une mère souffrant de maladie chronique et un père aimant. La litanie des violences sexuelles commence pour elle à 9 ans, quand un inconnu la viole dans l’obscurité d’un cinéma. À 20 ans, elle est interpellée pour avoir manifesté contre la guerre du Vietnam et placée en détention à la prison pour femmes de Manhattan, où elle subit « des fouilles à corps incessantes, puis des fouilles internes pratiquées par les médecins de la prison ». Cela lui provoque quinze jours de saignements. Quelques années plus tard, après son mariage avec un anarchiste hollandais, la voilà femme battue. Et, pendant tout ce temps, elle écrit. Son premier livre et la carte postale fébrile datent d’une époque terrifiante où elle a fui et se cache d’un mari meurtrier résolu à lui faire la peau. Que ce soit dans les lettres adressées à la presse pour dénoncer les mauvais traitements subis en prison et qui amenèrent à ouvrir une enquête judiciaire sur l’établissement, dans ses textes ulcérés sur les liens entre domination sexuelle masculine et injustice sociale ou dans sa captivante transposition en fiction de son expérience de la prostitution de survie, Dworkin a toujours eu comme objectif de provoquer un changement radical.

    Dworkin acquiert une nouvelle pertinence et se voit réévaluée pour sa prescience à l’heure du mouvement #MeeToo.

    Traduction : #Tradfem pour la revue #Books (https://www.books.fr/andrea-dworkin-actuelle)

  • En train (enfin) de lire Les femmes de droite d’Andrea Dworkin.

    Cela signifie que les #femmes de droite ont raison de dire qu’elles valent plus au foyer qu’à l’extérieur. Au foyer, leur valeur est reconnue et sur le marché du #travail, elle ne l’est pas. Dans le mariage, le labeur sexuel est récompensé : on « donne » habituellement à l’épouse plus que ce qu’elle pourrait gagner à l’extérieur. Sur le marché de l’emploi, les femmes sont exploitées en tant que main-d’œuvre à rabais. L’argument selon lequel le travail hors du foyer rend les femmes sexuellement et économiquement autonomes des hommes est tout simplement faux : les femmes sont trop peu payées. Et les femmes de droite le savent.

    • Les femmes de droite ont examiné le monde ; elles trouvent que c’est un endroit dangereux. Elles voient que le travail les expose à davantage de danger de la part de plus d’hommes ; il accroît le risque d’exploitation sexuelle. Elles voient ridiculisées la créativité et l’originalité de leurs semblables ; elles voient des femmes expulsées du cercle de la civilisation masculine parce qu’elles ont des idées, des plans, des visions, des ambitions. Elles voient que le mariage traditionnel signifie se vendre à un homme, plutôt qu’à des centaines : c’est le marché le plus avantageux. Elles voient que les trottoirs sont glacials et que les femmes qui s’y retrouvent sont fatiguées, malades et meurtries. Elles voient que l’argent qu’elles-mêmes peuvent gagner au travail ne les rendra pas indépendantes des hommes, qu’elles devront encore jouer les jeux sexuels de leurs semblables : au foyer et aussi au travail. Elles ne voient pas comment elles pourraient faire pour que leur corps soit véritablement le leur et pour survivre dans le monde des hommes. Elles savent également que la gauche n’a rien de mieux à offrir : les hommes de gauche veulent eux aussi des épouses et des putains ; les hommes de gauche estiment trop les putains et pas assez les épouses. Les femmes de droite n’ont pas tort. Elles craignent que la gauche, qui élève le sexe impersonnel et la promiscuité au rang de valeurs, les rendra plus vulnérables à l’agression sexuelle masculine, et qu’elles seront méprisées de ne pas aimer ça. Elles n’ont pas tort. Les femmes de droite voient que, dans le système où elles vivent, si elles ne peuvent s’approprier leur corps, elles peuvent consentir à devenir une propriété masculine privatisée : s’en tenir à un contre un, en quelque sorte. Elles savent qu’elles sont valorisées pour leur sexe – leurs organes sexuels et leur capacité de procréation – alors elles tentent de rehausser leur valeur : par la coopération, la manipulation, la conformité ; par des expressions d’affection ou des tentatives d’amitiés ; par la soumission et l’obéissance ; et surtout par l’emploi d’euphémismes comme « féminité » « femme totale », « bonne », « instinct maternel », « amour maternel ». Leur détresse se fait discrète ; elles cachent les meurtrissures de leur corps, de leur cœur ; elles s’habillent soigneusement et ont de bonnes manières ; elles souffrent, elles aiment Dieu, elles se conforment aux règles. Elles voient que l’intelligence affichée chez une femme est un défaut, que l’intelligence réalisée chez une femme est un crime. Elles voient le monde où elles vivent et elles n’ont pas tort. Elles utilisent le sexe et les bébés pour préserver leur valeur parce qu’elles ont besoin d’un toit, de nourriture, de vêtements. Elles utilisent l’intelligence traditionnelle de la femelle – animale, pas humaine ; elles font ce qu’elles doivent faire pour survivre.

    • non @colporteur il y a des femmes prolétaires qui sont dans la monogamie hétero aussi et qui n’ont pas d’emploi ni revenus et qui vont même jusqu’a defendre leur sois disant instinct maternel et ce genre de biteries.

      Le mépris des hommes de gauche pour les bourgeoises c’est exactement ce que dénonce le texte posté par @monolecte

      les hommes de gauche estiment trop les putains et pas assez les épouses. Les femmes de droite n’ont pas tort. Elles craignent que la gauche, qui élève le sexe impersonnel et la promiscuité au rang de valeurs, les rendra plus vulnérables à l’agression sexuelle masculine, et qu’elles seront méprisées de ne pas aimer ça.

      Bourgeoise c’est aussi le synonyme d’épouse

    • Oui, oui, ça existe. Mais merci de ne pas m’asséner des généralités sur « les hommes de gauche » depuis cette exception. La norme prolo, c’est la « mère isolée » (c’est éventuellement elle la mère au foyer qui passe pas ou très peu par l’emploi, une pauvresse), ou le second salaire (moins payée, plus de temps partiel). Il semble que, selon l’Insee, même dans « dans les couples où seul l’homme occupe un emploi (21 % des couples), la femme contribue en moyenne pour 13 % au revenu du couple. »
      https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281400

      Ma question était littérale (et je serais d’accord pour dire que la bourge est plutôt, en moyenne, en général, l’une des prolotes du bourge), j’ai pas lu le bouquin et je me demande si ces caractéristiques banalement sociales apparaissent quelque part.

      Par ailleurs, on sait que winneure s’écrit désormais aussi au féminin.

    • Je n’ai pas l’habitude d’argumenter avec les gens qui écrivent sous cape, en prétendant ne faire qu’une « mauvaise blague », mais Colporteur insulte Michele Briand en présumant qu’elle a travaillé à rabais. S’il s’intéressait réellement à ce qu’a été notre processus commun et la répartition des maigres recettes de notre patiente traduction des « Femmes de droite », il n’avait qu’à le demander. Mais il a préféré gratifier d’un de ses clichés le travail d’une féministe, traductrice professionnelle, tout en m’imputant un comportement sexiste, plaquant sa très lourde ironie sur notre travail.
      De Gaulle appelait ça « de la chiennerie ».

    • @colporteur dit :

      Par ailleurs, on sait que winneure s’écrit désormais aussi au féminin.

      c’est vraiment moche de lire ca - comme si l’idée qu’un individu de sexe féminin qui n’est pas une perdante était un scandale - oui il y a des femmes qui gagnent et cela depuis toujours. Comme il y a des noirs qui winnent aussi et cela depuis toujours et ca n’efface pas la structure raciste de la société. Cette remarque est une expression de pure misogynie typique des hommes de gauche comme l’explique tres bien Delphy dans la troisième partie de « nos amis et nous » que je profite pour reposté.
      –-------

      Nos amis et nous - Christine Delphy

      1 - À propos des fondements cachés de quelques discours pseudo-féministes (Première partie)
      https://lmsi.net/Nos-amis-et-nous

      2 - La révolution : prise de conscience ou match de foot ?
      (Deuxième partie)
      https://lmsi.net/Nos-amis-et-nous-Deuxieme-partie

      3 - Quand la haine des femmes se déguise en amour des prolétaires
      (Troisième partie sur mesure pour colporteur)
      https://lmsi.net/Quand-la-haine-des-femmes-se

      Cette haine des « bourgeoises » n’est pas, de toute évidence, provoquée par l’amour des femmes et de leur libération. Mais ce n’est même pas une haine limitée à une catégorie particulière de femmes. C’est la haine de toutes les femmes. Les « bourgeoises » ne sont particulièrement visées que dans la mesure où elles semblent échapper partiellement à l’oppression, ou à certaines oppressions, ou à l’oppression par certains hommes. La haine active est bien réservée pratiquement aux « bourgeoises » », à celles qui paraissent bénéficier d’un statut d’exception, d’une exemption scandaleuse. Mais que cette exemption supposée suscite l’indignation et la haine à l’égard de ses « bénéficiaires » montre quelle est la condition seule jugée convenable aux femmes : la seule qui n’éveille pas l’hostilité est une situation d’oppression totale. Cette réaction est classique dans les annales des relation entre groupes dominants et dominés, et a été amplement étudiée dans le Sud des États-Unis en particulier. La bienveillance paternaliste des Blancs pour les Noirs « qui connaissent leur place » et y restent se transforme curieusement en une fureur meurtrière quand ces Noirs cessent de connaître leur place. Les mouvements féministes américains ont aussi analysé les réactions masculines aux « uppity women », littéralement les femmes qui ne baissent pas les yeux.

      4 - La haine de soi comme fondement du gauchisme féminin
      (Quatrième partie)
      https://lmsi.net/Nos-amis-et-nous-Quatrieme-partie

      –----

    • La #culture_du_viol dénoncée par Dworkin en 4 points  :

      Le premier type de force est la violence physique : omniprésente dans le viol, la violence conjugale, l’agression.

      Le deuxième type de force est la différence de pouvoir entre les hommes et les femmes, qui fait d’emblée de tout acte sexuel un acte de force – par exemple, l’agression sexuelle des filles dans la famille.

      Le troisième type de force est économique : le fait de maintenir les femmes dans la pauvreté pour les garder sexuellement accessibles et sexuellement soumises.

      Le quatrième type de force est culturel, sur une grande échelle : une propagande misogyne qui transforme les femmes en cibles sexuelles légitimes et désirables ; des lois misogynes qui soit légitiment, soit autorisent concrètement l’agression sexuelle des femmes ; des pratiques misogynes de harcèlement verbal qui s’appuient sur la menace de violences physiques, dans la rue ou en milieu de travail ; des manuels universitaires misogynes qui font de la haine des femmes un élément central de la future pratique des médecins, des avocats et autres professionnels ; un monde de l’art misogyne qui pare l’agression sexuelle d’un vernis romantique, qui stylise et célèbre la violence sexuelle ; et des divertissements misogynes qui dépeignent les femmes en tant que classe sous des airs ridicules, stupides, méprisables et comme propriété sexuelle de tous les hommes.

    • Complément d’info sur le livre d’#Andrea_Dworkin :

      http://www.crepegeorgette.com/2014/08/17/femmes-droite-dworkin

      Dans la préface, Christine Delphy souligne qu’à part Dworkin peu de féministes ont évoqué la sexualité hétérosexuelle dans une société patriarcale. On a revendiqué le droit des femmes à se prémunir des conséquences de cette sexualité via la contraception et l’IVG.
      Dans la vision féministe comme dans la vision patriarcale, le viol, l’inceste sont vues comme des transgressions à la sexualité comme les violences conjugales sont vues comme des transgressions à la définition du mariage.
      Pourtant s’ils sont aussi banalisés c’est qu’ils sont tolérés sinon encouragés et que la violence est partie intégrante de la sexualité hétérosexuelle patriarcale comme le pense Dworkin.
      Dans ce livre Dworkin parle des femmes de droite qu’elle ne condamne pas mais dont elle regrette les choix. Elle estime qu’elles ont affaire à un pouvoir trop vaste et qu’elles se sont aménagées l’espace qu’elles pouvaient.
      La question se pose de savoir sir les gains du mouvement féministe ne peuvent être saisis par les hommes et utilisé contre les femmes. Ainsi elle rappelle que la libération sexuelles des années 60 a enjoint les femmes à être disponibles envers les hommes sinon elles étaient considérées comme non libérées.
      Delphy estime que les féministes ont échoué à définir la sexualité hétérosexuelle ; cela se définit toujours par un rapport sexuel qu’avant les femmes n’étaient pas censées aimer et que, maintenant elles doivent aimer.
      Dworkin dit que la violence de l’acte sexuel ne réside pas dans l’anatomie masculine mais dans l’interprétation qui en est faite.
      La sexualité hétérosexuelle devient un acte où la femme doit jouir de sa propre destruction, pour se conformer à l’archétype du masochisme féminin.
      Delphy critique le féminisme queer qui réduit le genre aux rôles dans la sexualité qu’on pourrait performer alors que les discriminations persistent, elles, bel et bien.

  • #Robert_Jensen : Les hommes, la pornographie et le féminisme radical - la lutte en faveur de l’intimité dans le patriarcat
    https://tradfem.wordpress.com/2020/06/19/robert-jensen-les-hommes-la-pornographie-et-le-feminisme-radical-

    En prenant au sérieux cette perspective critique de la pornographie, j’ai appris l’une des leçons les plus importantes de ma vie : le féminisme radical n’est pas une menace mais plutôt un cadeau pour les hommes. Lorsque j’ai rencontré la critique féministe radicale de la pornographie, elle m’est apparue comme l’analyse à ce jour la plus convaincante des contenus sexuellement explicites, d’autant plus vraie aujourd’hui et plus nécessaire que jamais. Dans cet article, je défends ces affirmations en m’appuyant non seulement sur les ressources disponibles, mais aussi sur ma propre expérience. Tout d’abord, un peu d’histoire.

    En 1979, au cours de ce qui est communément appelé aux États-Unis la deuxième vague féministe, Andrea Dworkin a publié Pornography : Men Possessing Women, un livre révolutionnaire analysant les bases patriarcales de cette industrie pornographique en pleine essor. Cette même année, le groupe Women Against Pornography a manifesté dans Times Square à New York pour protester contre l’acceptation de la pornographie par la culture dominante sous couvert d’une soi-disant éthique de libération sexuelle. Le mouvement féministe radical anti-pornographie naissant a exigé que les pornographes et les consommateurs principalement masculins rendent des comptes, et a contesté l’idéologie de gauche/libérale qui tentait de normaliser l’exploitation.

    Cette idéologie libertarienne utilisée pour défendre la pornographie faisait valoir des principes simples qui étaient particulièrement plaisants pour les hommes consommateurs : le sexe est une part naturelle de l’existence humaine, et la pornographie une simple illustration des variations de la sexualité humaine normale, produites pour des adultes consentants qui devraient avoir la liberté d’en regarder s’ils le souhaitent. La réponse des libertariens à la contestation féministe se résumait à : Ne soyez pas prude – il n’y a rien à craindre.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://uncommongroundmedia.com/men-pornography-and-radical-feminism-the-struggle-for-intimacy-
    #pornographie #mobilisation_féministe #andrea_dworkin #gail_dines #violences_masculines

    • Je crois que c’est Mad Meg qui a mentionné que les textes autobiographiques d’Andrea Dworkin étaient particulièrement convaincants. On annonce pour septembre chez New Press une biographie signée Martin Duberman qui semble passionnante:

      Bancroft Prize winner Duberman (Luminous Traitor) delivers an exhaustive, intimate, and admiring biography of feminist writer and activist Andrea Dworkin (1946–2005). He details Dworkin’s upbringing by socially conscious Jewish immigrants in New Jersey, horrific mistreatment by male prison doctors after being arrested for protesting the Vietnam War, and abusive marriage to a Dutch anarchist before tracking her “meteoric” rise in the feminist movement beginning with the publication of Woman Hating in 1974. Duberman highlights Dworkin’s reputation as a passionate—and sometimes shocking—orator, and documents her struggles to gain acceptance from her peers and mainstream publishers. He also notes her concerns over race and class divisions within the feminist movement, ties her presentation of gender as a social construct to an early understanding of trans issues, and categorizes her antipornography crusade as a pushback against the power of systemic patriarchy. Duberman defends against claims that Dworkin considered all intercourse rape, and discusses her relationships with men and women without shoehorning her into a queer identity. Selections from Dworkin’s letters and autobiographical writings bring her own self-assessment into the picture, helping Duberman to push back against detractors who saw her as a one-note antisexuality crusader. Through this empathetic and approachable portrait, readers will develop a new appreciation for Dworkin’s “combative radicalism” and the lifelong, unsteady truce she made with the feminist mainstream. (Sept.)

      https://www.publishersweekly.com/978-1-62097-585-5

  • #Andrea_Dworkin : La pornographie et le deuil
    https://tradfem.wordpress.com/2020/06/01/dworkin-la-pornographie-et-le-deuil

    J’avais cherché des choses à dire ici ce soir très différentes de celles que je vais dire. Je voulais venir ici en militante, fière et dans une sacrée colère. Mais, de plus en plus, b colère m’apparait comme l’ombre pâle du sentiment de deuil qui m’envahit. Si une femme a une quelconque idée de sa propre valeur, voir des bribes de pornographie peut l’amener effectivement à une rage utile. Etudier la pornographie en quantité et en profondeur, comme je l’ai fait pendant plus de mois que je ne voudrais me le rappeler, amènera cette même femme au deuil.

    La pornographie en elle-même est vile. La caractériser autrement serait mentir. Aucune peste d’intellectualismes ou de sophismes masculins ne peut changer ni cacher ce simple fait. Georges Bataille, philosophe de la pornographie (qu’il dénomme « érotisme »). l’exprime avec clarté : « Essentiellement, le domaine de l’érotisme est le domaine de la violence, le domaine de la violation » ‘. Bataille, à la différence de tant de ses pairs, rend au moins explicite le fait qu’il s’agit ici de violer les femmes.

    Traduction de 1979 par Nancy Huston pour la revue Sorcières

    #pornographie #culture_du viol #féminisme_radical

  • #Francine_Sporenda interviewe un proféministe québécois
    https://tradfem.wordpress.com/2020/05/26/francine-sporenda-interviewe-un-profeministe-quebecois

    Francine SPORENDA : Vous êtes un des traducteurs de Refusing To Be A Man de John Stoltenberg (« Refuser d’être un homme »), et cette traduction vient de sortir en librairie en France. Pourtant ce livre a été publié aux États-Unis il y a plus de 20 ans. De même, il a fallu attendre plusieurs décennies pour que d’autres ouvrages féministes majeurs, comme ceux d’Andrea Dworkin, soient enfin traduits en Français. Et dans les deux cas, ce sont des Québécois qui ont traduit et publié ces ouvrages.

    Pourquoi cette « hardiesse » des Canadiens francophones vis à vis des grands textes féministes anglophones–et pourquoi cette frilosité française ?

    #Martin_Dufresne : Paradoxalement, nous avons la chance au Québec d’être doublement colonisés, au confluent des influences de l’Europe et des États-Unis, et donc relativement libres de retenir le meilleur de chacune, de ressentir des interférences inouïes chez vous ou en Amérique et un certain irrespect pour la Culture du Père, qu’il siège au Collège de France ou au Pentagone. Les Australiennes me semblent faire preuve de la même liberté face au féminisme britannique, plus assujetti aux codes médiatiques et universitaires. Par exemple, elles ont tout de suite acheté les droits du révolutionnaire essai L’être et la marchandise de la Suédoise Kajsa Ekis Ekman, que boudaient les éditeurs britanniques.

    Il y a pourtant eu en France des percées inouïes des textes fondateurs du féminisme américain. Kathleen Barry me dit que c’est Renée Bridel qui a servi de “passeuse” pour la publication de Shulamith Firestone, Kate Millett et Barry elle-même chez Stock au début des années 1970 – des livres qu’on trouve encore aujourd’hui dans toutes les bibliothèques des femmes d’ici.

    Mais dès la publication de : « Le viol« de Brownmiller et l’apparition des organisations anti-violence sexuelle, la gauche et les libéraux se sont braqués contre un féminisme qui menaçait les privilèges des mecs. Dans le cas d’Andrea Dworkin – et avec elle John Stoltenberg et les nombreuses féministes qui ont déconstruit la crédibilité du porno – en descendant dans les rues – tout l’establishment du livre, du magazine, du cinéma, bref de l’entertainment s’est ligué pour les censurer : ce fut, au milieu des années 80, les fameuses sex wars lancées par les adeptes du sadisme, tendance qui s’éternise aujourd’hui dans l’idéologie queer. Les libertariens sexuels ont dès lors fait aux critiques de la pornographie (et de la prostitution) un faux procès de puritanisme et surtout d’“essentialisme”.

    Version originale : https://www.isabelle-alonso.com/martin-dufresne

    #proféministe #john_stoltenberg #andrea_dworkin #ressac_masculiniste #féminisme_radical

  • #Andrea_Dworkin : Les angoisses existentielles de Bertha Schneider
    https://tradfem.wordpress.com/2020/05/12/les-angoisses-existentielles-de-bertha-schneider-par-andrea-dwork

    mais pour les deux que j’connaissais un peu c’était différent j’veux dire, j’ai senti qu’y avait quelque chose de personnel làdedans, le gars de Rand, ce trou de cul bien élevé et pis cet espèce de peintre affamé qui boitait, criss. j’veux dire, j’imagine que j’ai dû le chercher, j’passe mon temps à lire que j’ai dû courir après, c’est c’que les femmes font toujours dans les films, et elles sont toujours contentes, j’étais pas contente, câlice, mais qui l’aurait cru de toute façon, le peintre m’a dit que si j’l’avais pas voulu mon vagin se serait fermé et aucun homme aurait pu le pénétrer, j’y ai dit que j’étais pas une yogi même si j’voyais pour la première fois l’intérêt de toutes ces niaiseries orientales, j’imagine que c’est pour ça qu’y a pas trop de femmes yogi en Inde, ils veulent pas qu’elles ferment leurs vagins et c’est sûrement la première chose qu’elles feraient.

    c’était même pas le fait d’être mariée pendant trois ans. c’était pas non plus la fois qu’y m’a cogné la tète sur le plancher de la cuisine (en bois franc) jusqu’à temps que j’dise que j’avais vraiment aimé le film après tout, j’veux dire, franchement, j’aime pas Clint Eastwood et si c’est une faute impardonnable ben c’en est une. c’était pas non plus la fois qu’y m’a battue devant ma mère, c’était pas la fois qu’y m’a jetée dehors en jaquette et qu’y a appelé la police, c’était même pas la fois qu’y a ramené à la maison quatre de ses chums, saoûls — y en a un qui arrêtait pas de m’appeler maudite juive — et qu’y m’ont attachée sur le lit et fourrée jusqu’à c’que j’perde connaissance et tant mieux, j’sais pas c’qui s’est passe après ça. après tout c’était seulement 4 événements en 3 ans c’est à dire 1 095 jours, à part de ça, je l’aimais, pis en plus, j’avais pas d’autre place où aller.


    Traduction : #Françoise_Guénette, #Claudine_Vivier
    Version originale : The New womans broken heart

  • « Cette nouvelle est le tout premier texte d’Andrea DWORKIN traduit au Québec (et en langue populaire) par deux journalistes du magazine La Vie en Rose, Françoise Guénette et Claudine Vivier, en 2001. Elles ont gracieusement autorisé sa réédition sur TRADFEM. » https://tradfem.wordpress.com/2020/05/12/les-angoisses-existentielles-de-bertha-schneider-par-andrea-dwork #violencesexiste #andreadworkin #tradfem #sexualité #femmes #hommes #berthaschneider

  • #Andrea_Dworkin : « Redéfinir la non-violence » (chapitre 6 du recueil Our Blood )
    https://tradfem.wordpress.com/2020/05/04/andrea-dworkin-redefinir-la-non-violence

    Les femmes, pendant tous ces siècles patriarcaux, ont été inébranlables dans la défense de vies autres que les nôtres. Nous sommes mortes en couche afin que d’autres puissent vivre. Nous avons soutenu la vie d’enfants, de maris, de pères et de frères en guerre, en périodes de famine, durant toutes les sortes de désastres. Nous l’avons fait dans l’âpreté d’une servitude universelle. Tout ce qui peut être su dans le patriarcat à propos de l’engagement envers la vie, nous le savons. Tout ce que nécessite le maintien de cet engagement dans le patriarcat, nous l’avons.

    Il est maintenant temps de récuser le patriarcat en valorisant nos vies aussi pleinement, aussi sérieusement, aussi résolument, que nous avons valorisé d’autres vies. Il est temps maintenant de nous engager à nous soutenir et nous protéger mutuellement.

    Nous devons enraciner socialement des valeurs issues de la sororité. Nous devons enraciner les valeurs qui récusent la suprématie phallique, qui récusent l’agression phallique, qui récusent toutes les relations et institutions fondées sur la domination masculine et la soumission féminine.

    Traduction : #Tradfem
    #féminisme_radical #violences_masculines #sororité #patriarcat

  • #Andrea_Dworkin : « La pornographie : une réalité »
    https://tradfem.wordpress.com/2019/12/28/andrea-dworkin

    J’aimerais que vous réfléchissiez particulièrement aux points suivants. Premièrement : les pornographes font de nos corps leur langage. Tout ce qu’ils disent, ils ont besoin de nous pour le dire. Ils n’ont pas ce droit. Ils ne doivent pas avoir ce droit. Deuxièmement : protéger juridiquement la pornographie comme s’il s’agissait d’un simple discours signifie qu’il y a une nouvelle façon de faire légalement de nous des biens meubles. Si la Constitution protège la pornographie en tant que discours, alors nos corps appartiennent aux proxénètes qui ont besoin de nous utiliser pour s’exprimer. Eux, les êtres humains, possèdent un droit de parole humain et la dignité d’une protection constitutionnelle ; nous, qui sommes actuellement un cheptel, des biens meubles, nous sommes leurs caractères, leurs symboles sémantiques, les objets qu’ils disposent afin de communiquer. Nous ne sommes reconnues que comme le discours de proxénètes. La Constitution est du côté où elle a toujours été : celui du propriétaire de biens qui en tire profit, même quand sa propriété est une personne, définie comme propriété en raison de la collusion entre le droit et l’argent, le droit et le pouvoir. La Constitution n’est pas la nôtre à moins qu’elle ne fonctionne pour nous, notamment comme recours face aux exploiteurs et comme point d’appui pour accéder à la dignité humaine. Troisièmement : la pornographie utilise celles et ceux qui aux États-Unis ont été exclus de la Constitution. La pornographie utilise des Blanches, qui étaient alors des biens meubles. La pornographie utilise des Afro-américaines, qui étaient alors des esclaves. La pornographie utilise des hommes stigmatisés ; par exemple, les hommes afro-américains, qui étaient alors des esclaves et sont souvent sexualisés par les pornographes contemporains qui les dépeignent en violeurs et en animaux. La pornographie n’est pas faite à de vieux hommes blancs. Elle ne l’est pas. Personne n’éjacule sur eux. Ce sont eux qui éjaculent sur nous ou qui protègent ceux qui le font. Ils en tirent des profits réels, et nous devons réellement leur barrer la route.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://www.nostatusquo.com/ACLU/dworkin/PornHappens.html et https://www.rapereliefshelter.bc.ca/learn/resources/pornography-happens-women-andrea-dworkin-1993
    #pornographie #violences_masculines #féminisme_radical #racisme #intersectionnalité #justice

  • #Clara_Delente : À l’ère #MeToo, il faut (re)lire la prose féministe percutante d’#Andrea_Dworkin
    https://www.telerama.fr/livre/a-lere-metoo%2C-il-faut-re-lire-la-prose-feministe-percutante-dandrea-dwork
    https://tradfem.wordpress.com/2019/12/25/redecouverte-a-lere-metoo-il-faut-relire-la-prose-feministe-percu

    Comment la féministe de la deuxième vague Andrea Dworkin (1946-2005) aurait-elle réagi si elle avait traversé à nos côtés les deux premières années de la déferlante #MeToo ? Sans étonnement. Avec joie, peut-être. Cette féministe radicale américaine, juive, lesbienne, qui a théorisé la prégnance des violences sexuelles dans l’expérience féminine, appelait de tous ses vœux la prise de conscience naissante que nous vivons aujourd’hui. Elle est morte il y a quatorze ans d’une déficience cardiaque, à 58 ans, après avoir consacré trois décennies de sa vie au militantisme féministe. Andrea Dworkin voulait comprendre et faire entendre la souffrance sexuelle des femmes.

    #télérama #violences_masculines #les_femmes_de_droite #souvenez-vous_résistez_ne_cédez_pas

  • #Janice_G._Raymond et #H._Patricia_Hynes : Les vérités éprouvantes d’#Andrea_Dworkin
    https://tradfem.wordpress.com/2019/09/10/les-verites-eprouvantes-dandrea-dworkin

    De son vivant, Andrea Dworkin désespérait que son travail soit un jour reconnu à sa juste valeur. L’écriture était sa vie ; elle a dit un jour : « Communiquer et survivre, en tant qu’écrivain et en tant que femme : les deux font un pour moi. » La parution d’une nouvelle anthologie d’écrits de théorie et de fiction de Dworkin, Last Days at Hot Slit, a simplement stimulé une réévaluation du travail de cette autrice en considérant ses écrits avec sérieux – ce qui est bien différent du traitement qu’ont reçu ses livres lors de leur parution initiale.

    En plus d’une introduction opportune aux écrits de Dworkin, le livre contient des extraits de Woman Hating (sa première œuvre, publiée en 1974), l’analyse tumultueuse qu’elle a signée avec Pornography : Men Possessing Women et son bouleversant roman, Mercy. On y trouve également des lettres de Dworkin à ses parents et un essai inédit intitulé « Adieu à tout ceci », une réplique mordante aux femmes « fières d’être prosexe et libérées ». À ses yeux, elles ont combattu « pour le droit d’être humiliées… pour le droit d’être ligotées et fières de l’être, pour le droit d’être blessées ». Last Days at Hot Slit se termine par « My Suicide », un essai inédit écrit avant le décès de Dworkin en 2005 à la suite d’une myocardite, une inflammation du muscle cardiaque.

    Lorsque nous avons interviewé des femmes au sujet de l’impact des écrits de Dworkin sur leur vie et sur leur travail, la romancière, poète et éditrice de livres féministes australienne Sue Hawthorne a d’abord parlé de ses œuvres de fiction :

    Je me souviens de la réaction viscérale que j’ai eue à sa nouvelle « Slit » et à son livre Ice and Fire. Mais son principal effet sur moi est venu de la lecture de Mercy… qui relate dans les détails les plus incroyables ce que l’on ressent en tant que fille et en tant que femme d’être violée sexuellement pendant une partie importante de sa vie. C’est un texte intense, à la lecture éprouvante. Mais beaucoup d’œuvres littéraires importantes sont difficiles à lire. Si elle avait été un homme, je suis presque certaine que Mercy serait considéré au même titre qu’Ulysse de James Joyce.

    La lecture de Mercy a inspiré Hawthorne à écrire son propre roman, Dark Matters, sur l’effacement des lesbiennes et la violence à leur égard, « un livre que je devais écrire comme un geste à poser et dans l’espoir que par la fiction je pourrais arriver à changer le monde. À tout le moins, je devais essayer de le faire. »

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.truthdig.com/articles/andrea-dworkin-teller-of-hard-truths
    #pro-sexe #féminisme_radical #misogynie #antiféminisme #pornographie #système_prostitutionnel #courage_féministe

  • #Meagan_Tyler : Le féminisme radical d’Andrea Dworkin : plus pertinent que jamais
    https://tradfem.wordpress.com/2019/09/02/le-feminisme-radical-dandrea-dworkin-plus-pertinent-que-jamais

    Avec le retour du féminisme à l’avant-scène, il ne devrait pas être surprenant de voir le nom d’Andrea Dworkin refaire surface dans le discours. Et pourtant ça l’est.

    Le mouvement #MoiAussi et la violence masculine envers les femmes font les manchettes internationales. La misogynie à l’égard des Noires et les points d’intersections du racisme et du sexisme sont des sujets d’actualité dans la culture populaire. La nature patriarcale de l’autoritarisme de droite inquiète les analystes politiques. Il est donc tout à fait logique que le travail de Dworkin soit considéré comme particulièrement approprié, puisqu’elle a passé la plus grande partie de sa vie à combattre le patriarcat suprématiste et capitaliste blanc.

    Mais la vision du changement révolutionnaire que Dworkin a défendue avec tant de passion a été en grande partie ridiculisée de son vivant – y compris par d’autres féministes, généralement libérales ou libertaires. Et, aujourd’hui, alors que l’on évite l’analyse féministe radicale dans les universités et que les militantes féministes radicales sont de plus en plus chassées des tribunes et des manifestations, il est étonnant de voir le travail d’une penseuse féministe radicale aussi importante être revisité de façon relativement positive.

    La récente réévaluation du travail de Dworkin a, en partie, été motivée par la publication d’une nouvelle anthologie, intitulée Last Days at Hot Slit. On y trouve un ensemble impressionnant d’écrits recoupant l’ensemble de sa carrière, y compris mon préféré, le décapant « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol » – une allocution adressée à un auditoire de 500 hommes :

    Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi nous ne sommes pas en conflit armé avec vous ? Ce n’est pas parce qu’il y a une pénurie de couteaux de cuisine dans ce pays. C’est parce que nous croyons en votre humanité, malgré toutes les preuves du contraire.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.abc.net.au/religion/are-the-only-good-feminists-dead-feminists-learning-from-andrea/11359142
    #féminisme_radical #Andrea_Dworkin #metoo #violences_masculine #pornographie #prostitution

  • #Lara_Salvatierra : Andrea Dworkin et l’amour des femmes
    http://tradfem.wordpress.com/2019/06/29/andrea-dworkin-et-lamour-des-femmes

    Parler de féminisme radical, c’est parler d’Andrea Dworkin. Sa brillante analyse de la déshumanisation des femmes dans le système prostitutionnel a jeté les bases idéologiques et sociales d’autres études sur les femmes par le mouvement féministe.

    Née dans le New Jersey le 26 septembre 1946 dans une famille pauvre, Andrea a su faire face aux vicissitudes de la vie jusqu’à sa mort le 9 avril 2005.

    Écrivaine et militante, elle a publié de nombreux ouvrages, dont beaucoup sur l’analyse de la prostitution et la façon dont elle déshumanise les femmes. Sa principale passion était l’écriture ; elle pensait que c’était une forme artistique et l’expression démocratique de la communication, car elle implique un positionnement politique.

    Et dès le début, Andrea a pris position. Son analyse se concentre sur le fait qu’en raison de l’oppression systémique que nous, les femmes, subissons au sein de sociétés machistes, nous avons perdu notre autonomie comme personnes.

    Entremetteurs, proxénètes et prostitueurs considèrent les femmes comme de simples objets à posséder pour la réalisation de fantasmes sexuels, des fantasmes qui, au sein de la société, sont vus comme tout à fait normaux car ils ont été accordés au désir des hommes d’accéder au corps des femmes par l’argent, une catégorie de transaction qui s’intègre parfaitement dans le modèle économique et qui cesse donc d’être un désir de service.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://mujeresenlucha.es/2019/04/09/andrea-dworkin-y-el-amor-por-las-mujeres

    #féminisme_radical #andrea_dworkin #prostitution #domination_masculine

  • #Julie_Bindel : Andrea Dworkin est la féministe radicale et visionnaire dont nous avons besoin en ces temps difficiles. Voici pourquoi.
    https://tradfem.wordpress.com/2019/05/14/andrea-dworkin-est-la-feministe-radicale-et-visionnaire-dont-nous

    J’ai connu la vraie Dworkin, et notre amitié de dix ans m’a appris beaucoup plus sur l’amour que sur la haine. « Je conserve dans mon cœur les récits des femmes », me répondait-elle quand je lui demandais comment elle arrivait à demeurer saine d’esprit dans le travail qu’elle faisait. « Ces récits m’exhortent à continuer et à rester concentrée sur ce qui doit être fait. »

    Elle était motivée par un désir inné de débarrasser le monde de la douleur et de l’oppression. Si nous avions été plus nombreuses à écouter Dworkin pendant ses décennies de militantisme et à prendre son travail plus au sérieux, plus de femmes auraient adhéré à un féminisme intransigeant, par opposition au féminisme fun, qui se prête au genre de slogans qu’on peut lire sur les T-shirts de mode, celui qui vante le « girl power » individuel des filles et l’audace de porter le pantalon, plutôt qu’un mouvement collectif pour libérer toutes les femmes de la tyrannie de l’oppression.

    Nous nous sommes rencontrées en 1996. J’étais l’une des organisatrices d’une conférence internationale sur la violence faite aux femmes, et Dworkin était l’une des oratrices principales. Nous nous sommes tout de suite bien entendues, à cause d’un humour semblable et de quelques amies en commun. Le premier soir, nous sommes allées souper avec d’autres conférencières et nous avons rigolé haut et fort de nos différentes listes de souhaits sur des moyens de mettre fin au patriarcat. « Avez-vous remarqué, nous a dit Dworkin le lendemain matin, qu’on nous appelées « ladies » à notre arrivée, « you guys » quand ils ont pris notre commande, et qu’on a probablement été bannies à vie en repartant ? »

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2019/apr/16/why-andrea-dworkin-is-the-radical-visionary-feminist-we-need-in-our-ter
    #Andrea_Dworkin #féminisme_radical #misandrie #patriarcat #violences_masculines #femmes_de_droite

  • Recension de COÏTS dans la revue féministe #AXELLE : Rapport sexuel, rapport de domination ?
    http://tradfem.wordpress.com/2019/05/08/rapport-sexuel-rapport-de-domination

    Sorti début février aux Éditions Syllepse et aux Éditions du remue-ménage, Coïts commence par passer au crible des personnages de la littérature ou historiques, en neuf chapitres comme autant de clés de lecture et de compréhension. Exemple ? « Répugnance ». Porte d’entrée : « La sonate à Kreutzer » de l’écrivain russe Léon Tolstoï, terrifiante histoire d’un mari qui confie les raisons pour lesquelles il a fini par assassiner sa femme. L’autrice souligne l’angoisse, la douleur de l’assassin devant la possibilité de perdre l’objet de sa haine.
    (...) Le rapport sexuel subit une déconstruction systématique : il ne reste rien de caché d’un acte considéré par la société comme « normal », voire « naturel », mais en réalité régi par un nombre incalculable de règles et de lois implicites et explicites. Dworkin livre au passage une comparaison de la haine des femmes et du racisme : comme les hommes avec les femmes, les Blanc·hes, pour inférioriser les Noir·es, se coupent de leur capacité à ressentir. en société patriarcale, le coït décrit un homme qui « possède » la femme en la pénétrant, la possède par la baise. en société patriarcale, l’homme manifeste sa puissance, montre sa virilité par le coït.

    la revue Axelle : https://www.axellemag.be
    #andrea_dworkin #sexualité #domination_masculine

  • #Jeremy_Lybarger : Redécouvrir Andrea
    https://tradfem.wordpress.com/2019/03/25/redecouvrir-andrea


    (...) Sa mort a suscité des émotions mitigées. « Le décorum exige d’accentuer le positif lorsqu’on parle d’un défunt récent », a-t-on pu lire dans un billet de l’essayiste de droite Cathy Young, publié dans le Boston Globe neuf jours après le décès de Dworkin. « Ici, il n’y a pas grand-chose de positif à accentuer, à part un talent mal utilisé et une passion mal dirigée. » Peu de commentateurs résistaient à critiquer l’apparence physique de Dworkin, devenue synonyme de ce que les critiques considéraient comme sa rhétorique peu séduisante et débridée. « Dworkin était un cliché vivant – la féministe comme obèse, poilue, non maquillée, lesbienne et négligée », a écrit Katha Pollitt dans The Nation. « C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles elle était une telle icône médiatique – elle « prouvait » que le féminisme était destiné aux femmes qui ne pouvaient avoir d’homme. » Une analyse a révélé que l’apparence physique de Dworkin a été mentionnée dans 61 % de ses notices nécrologiques.

    Pourtant, peu de gens ont pu nier l’influence sismique de cette femme. Elle reste l’une de ces rares figures intellectuelles publiques à propos desquelles les gens ont des opinions sans avoir lu un seul mot de ses écrits. Les résumés à l’emporte-pièce de sa pensée – elle détestait les hommes ; tout rapport sexuel est un viol ; une feminazie sans humour – sont soit entièrement faux soit aussi trompeurs qu’un miroir déformant de fête foraine.

    Last Days at Hot Slit, une nouvelle sélection d’extraits de discours, d’essais et de romans de Dworkin, balaie cet héritage toxique. Près de quinze ans après sa mort, certaines de ses idées apparaissent rigides, au sens où elle se démarquait de l’esprit des années 1980 et encore plus de la vie d’aujourd’hui, comme lorsqu’elle attaque la pornographie et qu’elle en associe les consommateurs à la culture du viol. Mais Last Days at Hot Slit révèle aussi une écrivaine plus mesurée que ce dont se souviennent bien des gens. Dworkin était une styliste talentueuse et, quelles que soient la vigueur et l’indignation de ses arguments, elle les exprimait avec une lucidité méticuleuse.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://bostonreview.net/gender-sexuality/jeremy-lybarger-finally-seeing-andrea
    #Andrea_Dworkin #féminisme_radical #sexualité #anthologie

  • EN LIBRAIRIE : Coïts d’#Andrea_Dworkin
    https://tradfem.wordpress.com/2019/02/14/en-librairie-coits-dandrea-dworkin

    « COMMUNION »
    [chapitre 4 de Coïts , édition Syllepse , traduction Martin Dufresne]

    En Amérike, pratiquement tout le monde est convaincu – du moins à ce qu’il semble – que le sexe (la baise) est une bonne chose, que l’on se doit d’aimer : une valeur morale ; un indice de santé humaine ; presque un critère de citoyenneté. Même ceux et celles qui croient au péché originel et à une théologie d’enfer et de damnation expriment cette conviction bien amérikaine, un optimisme qui luit dans l’obscurité : le sexe est bon, sain, salutaire, agréable, joyeux ; nous l’aimons, nous y prenons plaisir, nous en voulons, nous nous en réjouissons ; il est aussi simple que nous, qui habitons cet étrange pays dénué de mémoire et d’intelligence.

    Le débat actuel entre la droite et la gauche en matière de sexe ne touche pas la nature de la baise elle-même. Il s’en tient à déterminer si cette bonne chose est également bonne à l’extérieur du mariage ou entre personnes de même sexe (quelle que soit la façon dont elles s’y prennent). « En d’autres termes », écrit Marabel Morgan, ne citant rien moins que les Saintes Écritures, « le sexe est pour les relations conjugales seulement, mais à l’intérieur de ces liens tout est permis. Le sexe est aussi pur que du pur fromage de campagne » (Morgan, 1975 : 126). Son livre La Femme totale (un manuel destiné aux femmes qui veulent amener leur mari à les baiser tout en conservant une attitude joyeuse et leur croyance en Dieu) a suscité des ateliers qui ont essaimé partout aux États-Unis, y compris dans certaines Églises. On y enseigne à des chrétiennes conservatrices comment incarner les prétendus fantasmes de leur mari à l’aide de costumes et d’accessoires. La gauche, elle, préfère multiplier les partenaires ; et la célèbre page couverture du magazine pornographique Hustler, où une femme est plongée dans un hachoir pour en ressortir en purée, témoigne de ses goûts alimentaires. À droite comme à gauche, une citoyenne a intérêt à témoigner de sa loyauté envers le coït. Toute ambivalence ou dissidence mine sa crédibilité ; une bonne attitude est requise avant qu’elle puisse s’exprimer – dans des revues, à la télé, dans des organisations politiques. Cette bonne attitude est à peu près à l’image d’une majorette des Cowboys de Dallas ; ne pas l’avoir est antiaméricain, voire tordu. La pression sociale à la conformité est féroce, omniprésente et vertueuse. Ce chauvinisme simpliste pro-sexe tant de la droite que de la gauche fait disparaître le sens véritable de l’affirmation d’une vie humaine, ou toute perception de sa complexité, de l’enchevêtrement des émotions en jeu. « Il est impossible, écrit #James_Baldwin, que l’on puisse affirmer une chose à propos de laquelle on refuse de se poser des questions ; on est condamnés à rester muet sur toute chose que l’on n’a pas, par un acte de l’imagination, faite sienne » (Baldwin, 1973a : 161).

    édition Syllepse : http://www.syllepse.net/coits-_r_62_i_755.html

  • #Andrea_Dworkin : COÏTS – Avant-propos
    https://tradfem.wordpress.com/2018/12/29/coits-avant-propos

    Quand j’ai terminé l’écriture d’Intercourse, un collègue m’a conseillé d’y ajouter une présentation pour expliquer le contenu du livre. De cette façon, les gens ne seraient pas choqués, apeurés ou irrités, puisque les idées leur seraient déjà familières, mâchées d’avance, plus digestes ; je m’épargnerais des interprétations erronées ou malicieuses, des distorsions délibérées ; et mon empressement à montrer patte blanche attesterait de mon désir que les gens m’aiment ainsi que mon livre, quintessence d’une attitude féminine. Cela serait un genre de demi-génuflexion.

    D’autres collègues – sans doute plus francs – m’ont conseillé tout de go de le publier sous un nom d’emprunt. J’ai refusé ; et Intercourse est devenu l’équivalent d’un test de Rorschach social où les gens ont lu les caricatures qu’ils imaginaient de moi et tout ce qu’ils présumaient connaître à mon sujet. D’abord édité aux États-Unis, en même temps que mon roman Ice and Fire, en 1987, Intercourse continue à être traîné dans la boue par des gens qui ne l’ont pas lu, réduit à quelques slogans par des journalistes se posant en critiques, en sages ou en grands penseurs, traité comme un écrit odieux et haineux par tous les crétins qui s’imaginent que l’apaisement de notre monde violent viendra d’encore plus de respect envers des hommes blancs et décédés.

    COÏTS , traduit par Martin Dufresne, paraîtra en janvier au Québec (Éditions du remue-ménage) et en Europe (Éditions Syllepse). Signalez-le à votre libraire SVP, ou commandez-le directement aux éditeurs : http://www.editions-rm.ca ou https://www.syllepse.net