• La santé des femmes - De l’ignorance à la reconnaissance - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/106660-000-A/la-sante-des-femmes

    Diagnostics erronés, traitements inappropriés, lacunes persistantes dans l’enseignement supérieur... Le domaine médical, dont la référence reste le corps masculin, néglige encore trop souvent les particularités physiologiques des femmes.

    Longtemps dominé par les hommes, le monde de la médecine continue d’ériger en norme le corps masculin : que ce soit dans la recherche, dans l’enseignement universitaire ou dans la pratique quotidienne, les différences physiologiques liées au sexe – et à des facteurs génétiques, hormonaux ou métaboliques – sont encore mal connues et trop peu prises en compte. Les médecins tendent par ailleurs à minimiser certains symptômes comme la douleur, lorsqu’ils sont décrits par des femmes... Des points aveugles de la pratique médicale qui peuvent conduire à des diagnostics erronés ou retardés, notamment pour certaines maladies comme l’endométriose. Passé le diagnostic, il arrive également que les traitements prescrits s’avèrent inadaptés au corps féminin, qui réagit différemment à certains médicaments. En cause, un manque criant de données : en dépit des exigences de l’Union européenne, la proportion de femmes enrôlées dans les essais cliniques reste encore marginale. Face à ces insuffisances, certaines praticiennes se veulent pionnières d’une médecine sensible au genre, comme Vera Regitz-Zagrosek, fondatrice de l’Institut de recherche sur le genre à l’hôpital de la Charité de Berlin, ou son homologue française, Claire Mounier-Vehier, qui propose des dépistages gratuits aux femmes de quartiers défavorisés. Selon elles, une médecine adaptée aux différences sexuelles serait bénéfique à tous, y compris aux hommes qui se voient diagnostiquer – souvent bien trop tard – des maladies réputées « féminines ».

    Destins individuels bouleversés
    Dressant le constat d’un « gender gap » alarmant dans le domaine médical, ce documentaire poignant et intimiste expose les conséquences concrètes des inégalités de genre sur la vie d’hommes et de femmes. Il retrace les destins individuels de personnes mal diagnostiquées, depuis les premiers symptômes et les premiers rendez-vous médicaux jusqu’à la découverte tardive de la maladie et aux interventions chirurgicales filmées en bloc opératoire.

    • une médecine adaptée aux différences sexuelles serait bénéfique à tous, y compris aux hommes qui se voient diagnostiquer – souvent bien trop tard – des maladies réputées « féminines ».

      Heureusement il y a l’espoir qu’on trouve le remède aux maladie réputées « féminines » lorsqu’elles concernent les hommes ^^

      #sexisme #androcentrisme

    • Ca se mord un peu la queu, si la santé des femmes était considéré pour elle même on en serait pas à faire des emissions pour sensibiliser au pbl. Le docu à l’air bien quand même, merci pour son signalement.

  • Autour de la conférence « Écriture inclusive, utile ou futile ? ». Par le professeur #Pascal_Gygax de l’université de Fribourg.

    Auteur de l’ouvrage collectif : « Le cerveaux pense-t-il au masculin ? Cerveau, langage et représentations sexistes » avec Sandrine Zufferey de l’uni de Berne et Ute Gabriel de l’uni norvégienne de sciences et technologies,

    le professeur Gygax qui dirige l’équipe de psycholinguistique et de psychologie sociale appliquée de l’université de Fribourg propose une conférence sur l’écriture inclusive le Me 27 avril, 18h15 à19h45, UniMail salle 1170, Entrée libre. Nous le questionnons à ce propos et pas que.

    Origines et impacts de l’endrocentrisme langagier. D’autres langues contiennent-elles les mêmes biais. De qui est-ce l’effet et quels en sont les objectifs ? Pascal Gygax répond tous azimuts.

    http://libradio.org/?page_id=10598

    #écriture_inclusive #démasculinisation #langage_inclusif #androcentrisme #invisibilisation #inégalités #patriarcat #misogynie #académie_française #démasculinisation #reféminisation #pratiques_langagières #accord_de_proximité

  • Au vieux pays de mes pères

    Il y a milles histoires de #collaborations qui sont terriblement françaises, mais celle-ci, à première vue, est plutôt bretonne. C’est celle de Mathieu Cabioch, cultivateur, homme pieux, père, grand-père, arrière-grand-père. Et collabo, aussi ?

    Cette histoire, c’est une histoire de #transmission. De ce que l’on se passe, de génération en génération, pour construire le #récit_familial.

    C’est l’histoire d’une quête, aussi. Celle du journaliste #Thomas_Rozec, pour trouver la vérité dans ce que ses parents et grand-parents lui ont raconté de ses ancêtres. C’est tout l’enjeu de cette série documentaire en 5 épisodes, réalisée par #Quentin_Bresson.

    « Au vieux pays de mes pères » est une enquête à travers le #Finistère, le temps, et les souvenirs.

    https://binge.audio/podcast/programme-b/au-vieux-pays-de-mes-peres

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Breiz_Atao
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Perrot

    #Breiz_Atao #ww2 #seconde_guerre_mondiale #nazisme #eglise_catholique #Jean-Marie_Perrot

  • Ils s’embrassent devant la Manif pour Tous, la police les exfiltre violemment pour “trouble à l’ordre public”
    https://www.revolutionpermanente.fr/Ils-s-embrassent-devant-la-Manif-pour-Tous-la-police-les-exfilt
    https://www.revolutionpermanente.fr/local/cache-vignettes/L653xH436/arton22370-f05eb.jpg?1602602923

    Ce samedi 10 octobre, des manifestations étaient organisées dans toute la France par La Manif Pour Tous (LMPT), organisation ultra-réactionnaire qui, après avoir tenté de faire pression contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, a décidé de faire de l’opposition à l’ouverture de la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires son nouveau cheval de bataille. Revendiquant « Pas de PMA sans père » et « Liberté, Egalité, Paternité », les manifestants de LMPT réaffirment leur discours homophobe et transphobe, qui oppose un prétendu bien-être des enfants aux droits des couples homosexuels et revendique la préservation de l’institution patriarcale de la famille.

    Des contres-manifestations ont été appelées nationalement pour contrer cette offensive des secteurs les plus conservateurs de la droite et de l’extrême-droite, mais également pour revendiquer les droits des personnes LBGTQI+ à exister et à vivre dans cette société, en insistant sur le caractère transphobe de cette loi puisque les hommes trans sont exclus du droit à la PMA.

    À Paris, comme dans le reste du pays, ces rassemblements et manifestations ont été accueillis par des contre-manifestants défendant les droits des personnes LGBT. Devant le ministère de la Justice, où quelques centaines de réactionnaires étaient réunis, des couples de même sexe participant à la contre-manifestation se sont embrassés en signe de protestation, ici capturés par Olivier Corsan, photo-journaliste au Parisien.

    Les couples sont pris à parti par les manifestants, comme il l’explique à Têtu : « Environ une heure après le début de la manifestation, j’ai pu voir un mouvement de mêlée, la foule s’en prenait violemment à deux hommes qui s’embrassaient ».

    La police est alors intervenue, non pas pour mettre un terme aux insultes, mais pour « exfiltrer » les deux couples ; comprenez, intervenir violemment pour les empêcher de s’embrasser et les sortir du rassemblement.

    Pire, jointe par le journal Têtu, la préfecture de police explique que « L’intervention des forces de l’ordre a eu lieu quand des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation ». « S’embrasser dans la rue, est-ce illégal ? L’espace public appartient-il à la Manif pour tous ? Pour la préfecture en tout cas, le baiser de deux personnes de même sexe est un "trouble à l’ordre public". Un baiser d’autant plus insupportable que les amoureux sont au milieu d’une manifestation contre les droits des personnes LGBT+ ? » s’insurge le journal. De son côté, la préfecture dément :

    Pourtant, la réponse de la préfecture était limpide : « des troubles à l’ordre public ont été constatés du fait de la présence de contre-manifestants n’ayant pas déclaré leur manifestation » Les couples seraient donc fautifs, selon la préfecture. Pourquoi ? Un baiser entre deux hommes ou deux femmes est-il une provocation en soi ? La Manif pour Tous et ses partisans ont-ils le droit d’insulter et de prendre à parti des couples de même sexe, avec l’appui de la police, sous prétexte que leurs baisers constitueraient une manifestation non-déclarée ?

    #homophobie #lesbophobie #misogynie #manif_pour_tous #acab #policepartoutjusticenullepart #inversion_patriarcale #extreme_droite #catholicisme #invisibilisation #femmes #PMA

  • Première semaine de confinement et j’en ai déjà marre de ma femme | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/188775/blog-sagalovitsch-premiere-semaine-confinement-coronavirus-marre-femme

    Comme un prisonnier condamné à une longue peine, j’ai commencé à dessiner des croix sur le revers de mon calepin. Je l’enverrais bien chez sa mère pour une durée indéterminée mais c’est interdit, paraît-il. Que faire ? Je pourrais prétendre que je suis fiévreux, me mettre à tousser, dire que j’ai dû attraper le coronavirus et m’isoler le temps nécéssaire afin de ne pas la contaminer. Je gagnerais deux semaines de tranquillité. Et encore. Telle que je la connais, elle serait capable de s’inquiéter pour moi et exigerait de me voir prendre ma température toutes les cinq minutes.

    Non, il faudrait que ce soit elle qui l’attrape. Tout comme les autorités chinoises à Wuhan, je souderais la porte de la chambre à coucher afin de l’empêcher de s’enfuir. Claquemurée le temps nécessaire. Deux mois s’il le faut. Une année. Le temps de trouver un vaccin.

    Le temps de commencer et peut-être de finir un roman !

    Ces femmes qui empêchent les #grands_hommes d’écrire de l’#art...
    #androcentrisme #féminicide via @mona sur Twitter

  • François Truffaut – Une Certaine Tendance du Cinéma Français | Genius
    https://genius.com/Francois-truffaut-une-certaine-tendance-du-cinema-francais-annotated

    Paru dans le numéro 31 des Cahiers du Cinéma de janvier 1954, cet article signé d’un jeune homme de 21 ans nommé François Truffaut « aurait signé ainsi l’arrêt de mort d’un certain cinéma hexagonal, la “Qualité française”, et, de la même plume, l’acte de naissance d’un autre, la “Nouvelle Vague” », dixit l’ancien rédac’ chef des Cahiers, Antoine de Baeque, dans le livre Célébrations nationales 2004 édité par le Ministère de la Culture français.

    DIX OU DOUZE FILMS...

    Si le Cinéma Français existe par une centaine de films chaque année, il est bien entendu que dix ou douze seulement méritent de retenir l’attention des critiques et des cinéphiles, l’attention donc de ces Cahiers. Ces dix ou douze films constituent ce que l’on a joliment appelé la Tradition de la Qualité, ils forcent par leur ambition l’admiration de la presse étrangère, défendent deux fois l’an les couleurs de la France à Cannes et à Venise où, depuis 1946, ils raflent assez régulièrement médailles, lions d’or et grands prix. Au début du parlant, le cinéma Français fut l’honnête démarquage du cinéma américain. Sous l’influence de Scarface nous faisions l’amusant Pépé le Moko. puis le scénario Français dut à Prévert le plus clair de son évolution, Quai des brumes de Marcel Carné reste le chef d’oeuvre de l’école dite du réalisme poétique. La guerre et l’après-guerre ont renouvelé notre cinéma. Il a évolué sous l’effet d’une pression interne, et au réalisme poétique - dont on peut dire qu’il mourrut en refermant derrière lui Les portes de la nuit - s’est substitué le réalisme psychologique, illustré par Claude Autant-Lara, Jean Delannoy, René Clément, Yves Allégret et Marcel Pagliero.

    DES FILMS DE SCENARISTES

    Si l’on veut bien se souvenir que Delannoy a tourné naguère Le Bossu et La Part de l’ombre, Claude Autant-Lara Le Plombier amoureux et Lettres d’amour, Yves Allégret La Boîte aux rêves et Les Démons de l’aube, que tous ces films sont justement reconnus comme des entreprises strictement commerciales, on admettra que les réussites ou les échecs de ces cinéastes étant fonction des scénarios qu’ils choisissent, La Symphonie pastorale, Le Diable au corps, Jeux interdits, Manèges, Un homme marche dans la ville sont essentiellement des films de scénaristes. Et puis l’indiscutable évolution du cinéma français n’est-elle pas due essentiellement au renouvellement des scénaristes et des sujets, à l’audace prise vis-à-vis des chefs-d’oeuvre, à la confiance, enfin, faite au public d’être sensible à des sujets généralement qualifiés de difficiles ? C’est pourquoi il ne sera question ici que des scénaristes, ceux qui, précisément, sont à l’origine du réalisme psychologique au sein de la Tradition de la Qualité : Jean Aurenche et Pierre Bost, Jacques Sigurd, Henri Jeanson (nouvelle manière), Robert Scipion, Roland Laudenbach, etc...

    NUL N’IGNORE PLUS AUJOURD’HUI...

    Après avoir tâté de la mise en scène en tournant deux courts métrages oubliés, Jean Aurenche s’est spécialisé dans l’adaptation. En 1936 il signait, avec Anouilh, les dialogues de Vous n’avez rien à déclarer et Les Dégourdis de la 11e. Dans le même temps Pierre Bost publiait à la N.R.F. d’excellents petits romans. Aurenche et Bost firent équipe pour la première fois en adaptant et dialoguant "Douce", que mit en scène Claude Autant-Lara. Nul n’ignore plus aujourd’hui qu’Aurenche et Bost ont réhabilié l’adaptation en bouleversant l’idée que l’on en avait, et qu’au vieux préjugé du respect à la lettre ils ont substitué, dit-on, celui contraire du respect à l’esprit, au point qu’on en vienne à écrire cet audacieux aphorisme : "Une adaptation honnête est une trahison" (Carlo Rim, "Travelling et Sex-appeal").

    DE L’EQUIVALENCE..

    De l’adaptation telle qu’Aurenche et Bost la pratiquent, le procédé dit de l’équivalence est la pierre de touche. Ce procédé suppose qu’il existe dans le roman adapté des scènes tournables et intournables et qu’au lieu de supprimer ces dernières (comme on le faisait naguère) il faut inventer des scènes équivalentes, c’est-à-dire telles que l’auteur du roman les eût écrites pour le cinéma. "Inventer sans trahir", tel est le mot d’ordre qu’aiment à citer Jean Aurenche et Bost, oubliant que l’on peut aussi trahir par omission. Le système d’Aurenche et Bost est si séduisant dans le l’énoncé même de son principe, que nul n’a jamais songé à en vérifier d’assez près le fonctionnement. C’est un peu ce que je me propose de faire ici. Toute la réputation d’Aurenche et Bost est établie sur deux points précis :
    1) La fidélité à l’esprit des oeuvres qu’ils adaptent ;
    2) Le talent qu’ils y mettent.

    CETTE FAMEUSE FIDELITE...

    Depuis 1943 Aurenche et Bost ont adapté et dialogué ensemble : "DOUCE" de Michel Davet. "LA SYMPHONIE PASTORALE" de Gide, "LE DIABLE AU CORPS" de Radiguet, "UN RECTEUR A L’ILE DE SEIN" (DIEU A BESOIN DES HOMMES) de Queffelec, "LES JEUX INCONNUS" (JEUX INTERDITS) de François Boyer, "LE BLE EN HERBE" de Colette. De plus ils ont écrit une adaptation du "JOURNAL D’UN CURE DE CAMPAGNE" qui n’a jamais été tournée, un scénario sur "JEANNE D’ARC" dont une partie seulement vient d’être réalisée (par Jean Delannoy) et enfin scénario et dialogues de L’AUBERGE ROUGE (mis en scène par Claude Autant-Lara). On aura remarqué la profonde diversité d’inspiration des oeuvres et des auteurs adaptés. Pour accomplir ce tour de force qui consiste à rester fidèle à ,l’esprit de Michel Davet, Gide, Radiguet, Queffelec, François Boyer, Colette et Bernanos, il faut posséder soi-même, j’imagine, une souplesse d’esprit, une personnalité démultipliée peu communes ainsi qu’un singulier éclectisme.
    Il faut aussi considérer qu’Aurenche et Bost sont amenés à collaborer avec les metteurs en scène les plus divers ; Jean Delannoy, par exemple, se conçoit volontiers comme un moraliste mystique. Mais la menue bassesse du GARCON SAUVAGE, la mesquinerie de LA MINUTE DE VERITE, l’insignifiance de LA ROUTE NAPOLEON montrent assez bien l’intermittence de cette vocation. Claude Autant Lara, au contraire, est bien connu pour son non-conformisme, ses idées "avancées", son farouche anti-cléricalisme ; reconnaissons à ce cinéaste le mérite de rester toujours, dans ses films, honnête avec lui-même. Pierre Bost étant le technicien du tandem, c’est à Jean Aurenche que semble revenir la part spirituelle de la commune besogne.
    Elevé chez les jésuites, Jean Aurenche en a gardé tout à la fois la nostalgie et la révolte. S’il a flirté avec le surréalisme, il semble avoir sympathisé avec les groupes anarchistes des années trente. C’est dire combien sa personnalité est forte, combien aussi elle paraît incompatible avec celles de Gide, Bernanos, Queffelec, Radiguet. Mais l’examen des oeuvres nous renseignera sans doute davantage.
    L’Abbé Amédée Ayffre a su très bien analyser LA SYMPHONIE PASTORALE et définir les rapports de l’oeuvre écrite à l’oeuvre filmée : "Réduction de la foi à la psychologie religieuse chez Gide, réduction maintenant de celle-ci à la psychologie tout court... A cet abaissement qualitatif va correspondre maintenant, selon une loi bien connue des esthéticiens, une augmentation quantitative. On va ajouter de nouveaux personnages : Piette et Casteran, chargés de représenter certains sentiments. La tragédie devient drame, mélodrame."
    Ce qui me gêne dans ce fameux procédé de l’équivalence c’est que je ne suis pas certain du tout qu’un roman comporte des scènes intournables, moins certain encore que les scènes décrétées intournables le soient pour tout le monde. Louant Robert Bresson de sa fidélité à Bernanos, André Bazin terminait son excellent article : La stylistique de Robert Bresson, par ces mots : "Après le journal d’un curé de campagne, Aurenche et Bost ne sont plus que les Viollet-Leduc de l’adaptation."
    Tous ceux qui admirent et connaissent bien le film de Bresson se souviennent de l’admirable scène du confessionnal où le visage de Chantal "a commencé d’apparaître peu à peu, par degré" (Bernanos). Lorsque, plusieurs années avant Bresson, Jean Aurenche écrivit une adaptation du "journal", refusée par Bernanos, il jugea intournable cette scène et lui substitua celle que nous reproduisons ici.
    "-Voulez-vous que je vous entende ici ? (il désigne le confessionnal).
    –Je ne me confesse jamais.
    –Pourtant, vous vous êtes bien confessé hier puisque vous avez communié ce matin ?
    –Je n’ai pas communié. Il la regarde, très surpris.
    –Pardonnez-moi, je vous ai donné la communion. Chantal s’écarte rapidement vers le prie-Dieu qu’elle occupait le matin.
    –Venez voir. Le curé la suit. Chantal lui désigne le livre de messe qu’elle y a laissé.
    –Regardez dans ce livre, Monsieur. Moi, je n’ai peut-être plus le droit d’y toucher. Le curé, très intrigué, ouvre le livre et découvre entre deux pages l’hostie que Chantal y a crachée. Il a un visage stupéfait et bouleversé.
    –J’ai craché l’hostie, dit Chantal.
    –Je vois, dit le curé d’une voix neutre.
    –Vous n’avez jamais vu ça, n’est-ce-pas ? dit Chantal, dure, presque triomphante.
    –Non, jamais, dit le curé très calme en apparence.
    –Est-ce que vous savez ce qu’il faut faire ? Le curé ferme les yeux un court instant. Il réfléchit ou il prie.
    Il dit : -C’est très simple à réparer, Mademoiselle. Mais c’est horrible à commettre. Il se dirige vers l’autel, en portant le livre ouvert. Chantal le suit.
    –Non, ce n’est pas horrible. Ce qui est horrible c’est de recevoir l’hostie en état de péché.
    –Vous étiez donc en état de péché ?
    –Moins que d’autres, mais eux ça leur est égal.
    –Ne jugez pas.
    –Je ne juge pas, je condamne, dit Chantal avec violence.
    –Taisez-vous devant le corps du Christ ! Il s’agenouille devant l’autel, prend l’hostie dans le livre et l’avale."
    Une discussion sur la foi oppose au milieu du livre le curé et un athée obtus nommé Arsène : "Quand on est mort, tout est mort". Cette discussion, dans l’adaptation sur la tombe du même curé, entre Arsène et un autre curé, termine le film. Cette phrase : "Quand on est mort, tout est mort", devait être la dernière réplique du film, celle qui porte, la seule peut-être que retient le public. Bernanos ne disait pas pour conclure : "Quand on est mort, tout est mort", mais : "Qu’est-ce que cela fait, tout est grâce".
    "Inventer sans trahir", dites-vous, il me semble à moi qu’il s’agit là d’assez peu d’invention pour beaucoup de trahison. Un détail encore ou deux. Aurenche et Bost n’ont pu faire Le journal d’un curé de campagne parce que Bernanos était vivant. Robert Bresson a déclaré que, Bernanos vivant, il eut pris avec l’oeuvre plus de liberté. Ainsi l’on gêne Aurenche et Bost parce qu’on est en vie, mais l’on gêne Bresson parce que l’on est mort.

    LE MASQUE ARRACHE...

    De la simple lecture de cet extrait, il ressort :

    1) Un souci d’infidélité à l’esprit comme à la lettre constant et délibéré ;
    2) Un goût très marqué pour la profanation et le blasphème.
    Cette infidélité à l’esprit dégrade aussi bien "Le diable au corps" ce roman d’amour qui devient un film anti-militariste, anti-bourgeois, "La symphonie pastorale" une histoire de pasteur amoureux, Gide devient du Béatrix Beck, "Un Recteur à l’île de Sein" dont on troque le titre contre celui équivoque de Dieu a besoin des hommes, où les îliens nous sont montrés comme les fameux "crétins" du Terre sans fin de Buñuel.
    Quant au goût du blasphème, il se manifeste constamment, de manière plus ou moins insidieuse, selon le sujet, le metteur en scène, voire la vedette.
    Je rappelle pour mémoire la scène du confessionnal de Douce, l’enterrement de Marthe dans Le Diable..., les hosties profanées dans cette adaptation du "Journal d’un curé de campagne" (scène reportée dans Dieu a besoin des hommes), tout le scénario et le personnage de Fernandel dans L’Auberge rouge, la totalité du scénario de Jeux interdits (la bagarre dans le cimetière).

    Tout désignerait donc Aurenche et Bost pour être des auteurs de films franchement anti-cléricaux, mais comme les films de soutanes sont à la mode, nos auteurs ont accepté de se plier à cette mode. Mais comme il convient - pensent-ils - de ne point trahir leurs convictions, le thèse de la profanation et du blasphème, les dialogues à double entente, viennent çà et là prouver aux copains que l’on sait l’art de "rouler le producteur" tout en lui donnant satisfaction, rouler aussi le "grand public" également satisfait.
    Ce procédé mérite assez bien le nom d’alibisme ; il est excusable et son emploi est nécessaire à une époque où il faut sans cesse feindre la bêtise pour oeuvrer intelligemment, mais s’il est de bonne guerre de "rouler le producteur", n’est-il pas quelque peu scandaleux de "re-writer" ainsi Gide, Bernanos, Radiguet ?
    En vérité, Aurenche et Bost travaillent comme tous les scénaristes du monde, comme avant-guerre Spaack ou Natanson. Dans leur esprit, toute histoire comporte les personnages A, B, C, D. A l’intérieur de cette équation, tout s’organise en fonction de critères connus d’eux seuls. Les coucheries s’effectuent selon une symétrie bien concertée, des personnages disparaissent, d’autres sont inventés, le script s’éloigne peu à peu de l’original pour devenir un tout, informe mais brillant, un film nouveau, pas à pas, fait son entrée solennelle dans la Tradition de la Qualité.

    SOIT, ME DIRA-T-ON...

    On me dira : "Admettons qu’Aurenche et Bost soient infidèles, mais nierez-vous aussi leur talent ?" Le talent, certes, n’est pas fonction de la fidélité, mais je ne conçois d’adaptation valable qu’ écrite par un homme de cinéma. Aurenche et Bost sont essentiellement des littérateurs et je leur reprocherai ici de mépriser le cinéma en le sous-estimant. Ils se comportent vis-à-vis du scénario comme l’on croit rééduquer un délinquant en lui trouvant du travail, ils croient toujours avoir "fait le maximum" pour lui en le parant des subtilités, de cette science des nuances qui font le mince mérite des romans modernes. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre travers des exégétes de notre art que de croire l’honorer en usant du jargon littéraire. (N’a-t-on pas parlé de Sartre et de Camus pour l’oeuvre de Pagliero, de phénoménologie pour celle d’Allégret ?)

    En vérité, Aurenche et Bost affadissent les oeuvres qu’ils adaptent, car l’évidence va toujours soit dans le sens de la trahison, soit de la timidité. Voici un bref exemple : dans "Le Diable au corps" de Radiguet, François rencontre Marthe sur le quai d’une gare, Marthe sautant, en marche, du train ; dans le film, ils se rencontrent dans l’école transformée en hôpital. Quel est le but de cette équivalence ? Permettre aux scénaristes d’amorcer les éléments anti-militaristes ajoutés à l’oeuvre, de concert avec Claude Autant-Lara. Or il est évident que l’idée de Radiguet était une idée de mise en scène, alors que la scène inventée par Aurenche et Bost est littéraire. On pourrait, croyez-le bien, multiplier les exemples à l’infini.

    IL FAUDRAIT BIEN QU’UN JOUR...

    Les secrets ne se gardent qu’un temps, les recettes se divulguent, les connaissances scientifiques nouvelles font l’objet de communications à l’Académie des Sciences et, puisqu’à en croire Aurenche et Bost, l’adaptation est une science exacte, il faudrait bien qu’un de ces jours ils nous apprissent au nom de quel critère, en vertu de quel système, de quelle géométrie interne et mysterieuse de l’oeuvre, ils retranchent, ajoutent, multiplient, divisent et "rectifient" les chefs-d’oeuvre ? Une fois émise l’idée selon quoi ces équivalences ne sont qu’astuces timides pour contourner la difficulté, résoudre par la bande sonore des problèmes qui concernent l’image, nettoyages par le vide pour n’obtenir plus sur l’écran que cadrages savants, éclairages compliqués, photo léchée, le tout maintenant bien vivace la "tradition de la qualité", il est temps d’en venir à l’examen de l’ensemble des films dialogués et adaptés par Aurenche et Bost et de rechercher la permanence de certains thèses qui expliqueront sans la justifier l’infidélité constante de deux scénaristes aux oeuvres qu’ils prennent pour "prétexte" et "occasion". Résumés en deux lignes, voici comment apparaissent les scénarios traités par Aurenche et Bost :

    La Symphonie pastorale : Il est pasteur, il est marié. Il aime et n’en a pas le droit.
    Le Diable au corps : Ils font les gestes de l’amour et n’en ont pas le droit.
    Dieu a besoin des hommes : Il officie, bénit, donne l’extrême onction, et n’en a pas le droit.
    Jeux interdits : Ils ensevelissent et n’en ont pas le droit.
    Le Blé en herbe : Ils s’aiment et n’en ont pas le droit.
    On me dira que je raconte aussi bien le livre, ce que je ne nie pas. Seulement, je fais remarquer que Gide a écrit aussi : "La Porte étroite", Radiguet : "Le Bal du comte d’Orgel", Colette : "La Vagabonde", et qu’aucun de ces romans n’a tenté Delannoy ou Autant-Lara.
    Remarquons aussi que les scénarios, dont je ne crois pas utile de parler ici, vont dans le sens de ma théorie : Au delà des grilles, Le Château de verre, L’Auberge rouge... On voit l’habileté des promoteurs de la Tradition de la qualité, à ne choisir que des sujets qui se prêtent aux malentendus sur lesquels repose tout le système. Sous le couvert de la littérature - et bien sûr de la qualité - on donne au public sa dose habituelle de noirceur, de non-conformisme, de facile audace.

    L’INFLUENCE D’AURENCHE ET BOST EST IMMENSE...

    Les écrivains qui sont venus au dialogue de films ont observé les mêmes impératifs ; Anouilh, entre les dialogues des Dégourdis de la 11e et Un caprice de Caroline chérie, a introduit dans des films plus ambitieux son univers que baigne une âpreté de bazar, avec en toile de fond les brumes nordiques transposées en Bretagne (Pattes blanches). Un autre écrivain, Jean Ferry, a sacrifié à la mode, lui aussi, et les dialogues de Manon eussent tout aussi bien pu être signés d’Aurenche et Bost : "Il me croit vierge, et dans le civil, il est professeur de psychologie !" Rien de mieux à espérer des jeunes scénaristes. Simplement, ils prennent la relève, se gardant bien de toucher aux tabous. Jacques Sigurd, un des derniers venus au "scénario et dialogue", fait équipe avec Yves Allégret. Ensemble, ils ont doté le cinéma français de quelques uns de ses plus noirs chefs-d’oeuvre : Dédée d’Anvers, Manèges, Une si jolie petite plage, Les Miracles n’ont lieu qu’une fois, La jeune folle. Jacques Sigurd a très vite assimilé la recette, il doit être doué d’un admirable esprit de synthèse car ses scénarios oscillent ingénieusement entre Aurenche et Bost, Prévert et Clouzot, le tout légèrement rajeuni. La religion n’a jamais de part, mais le blasphème fait toujours timidement son entrée grâce à quelques enfants-de-Marie ou quelques bonnes-soeurs qui traversent le champ au moment où leur présence est la plus inattendue (Manèges, Une si jolie petite plage). La cruauté par quoi l’on ambitionne de " remuer les tripes du bourgeois " trouva sa place dans des répliques bien senties du genre : " il était vieux, il pouvait crever " (Manèges). Dans Une si jolie petite plage Jane Marken envie la prospérité de Berck à cause des tuberculeux qui s’y trouvent : leur famille vient les voir et ça fait marcher le commerce ! (On songe à la prière du Recteur de l’Ile de Sein).
    Roland Laudenbach, qui semblerait plus doué que la plupart de ses confrères, a collaboré aux films les plus typiques de cet état d’esprit : La Minute de vérité, Le Bon Dieu sans confession, La Maison du silence. Robert Scipion est un homme de lettres doué ; il n’a écrit qu’un livre : un livre de pastiches ; signes particuliers : la fréquentation quotidienne des cafés de Saint-Germain-des-Prés, l’amitié de Marcel Pagliero que l’on nomme le Sartre du cinéma, probablement parce que ses films ressemblent aux articles des Temps Modernes. Voici quelques répliques des Amants de Brasmort, film populiste dont des mariniers sont les " héros", comme les dockers étaient ceux de Un homme marche dans la ville : " Les femmes des amis c’est fait pour coucher avec. " "Tu fais ce qui te rapporte ; pour ça tu monterais sur n’importe qui, c’est le cas de le dire. "
    Dans une seule bobine du film, vers la fin, on peut entendre en moins de dix minutes les mots de : "grue, putain, salope, et connerie " est-ce cela le réalisme ?

    ON REGRETTE PREVERT...

    A considérer l’uniformité et l’égale vilénie des scénarios d’aujourd’hui, l’on se prend à regretter les scénarios de Prévert. Lui croyait au diable, donc en Dieu, et si la plupart de ses personnages étaient par son seul caprice chargés de tous les péchés de la création, il y avait toujours place pour un couple sur qui, nouveaux Adam et Eve, le film terminé, l’histoire allait se mieux recommencer.

    REALISME PSYCHOLOGIQUE, NI REEL, NI PSYCHOLOGIQUE...

    Il n’y a guère que sept ou huit scénaristes à travailler régulièrement pour le cinéma français. Chacun de ces scénaristes n’a qu’une histoire à raconter et comme chacun n’aspire qu’au succes des "deux grands", il n’est pas exagéré de dire que les cent et quelques films français réalisés chaque année racontent la même histoire : il s’agit toujours d’une victime, en général un cocu. (Ce cocu serait le seul personnage sympathique du film s’il n’était toujours infiniment grotesque : Blier-Vilbert, etc.). La rouerie de ses proches et la haine que se vouent entre eux les membres de sa famille, amène le "héros" à sa perte ; l’injustice de la vie, et, en couleur locale, la méchanceté du monde (les curés, les concierges, les voisins, les passants, les riches, les pauvres, les soldats, etc.).

    Distrayez-vous, pendant les longues soirées d’hiver, en cherchant des titres de films français qui ne s’adaptent pas à ce cadre et, pendant que vous y êtes, trouvez parmi ces films ceux où ne figure pas dans le dialogue cette phrase, ou son équivalent, prononcée par le couple le plus abject du film : "C’est toujours eux qui ont l’argent (ou la chance, ou l’amour, ou le bonheur), ah ! c’est trop injuste à la fin". Cette école qui vise au réalisme le détruit toujours au moment même de le capter enfin, plus soucieuse qu’elle est d’enfermer les êtres dans un monde clos, barricadé par les formules, les jeux de mots, les maximes, que de les laisser se montrer tels qu’ils sont, sous nos yeux. L’artiste ne peut dominer son oeuvre toujours. Il doit être parfois Dieu, parfois sa créature. On connaît cette pièce moderne dont le personnage principal, normalement constitué lorsque sur lui se lève le rideau, se retrouve cul-de-jatte à la fin de la pièce, la perte successive de chacun de ses membres ponctuant les changements d’actes. Curieuse époque où le moindre comédien raté use du mot kafkaïen pour qualifier ses avatars domestiques. Cette forme de cinéma vient tout droit de la littérature moderne, mi-"kafkaïenne", mi-bovaryste ! Il ne se tourne plus un film en France que les auteurs ne croient refaire Madame Bovary. Pour la première fois dans la littérature française, un auteur adoptait par rapport à son sujet l’attitude lointaine, extérieure, le sujet devenant comme l’insecte cerné sous le microscope de l’entomologiste. Mais si, au départ de l’entreprise, Flaubert avait pu dire : "Je les roulerai tous dans la même boue - étant juste" (ce dont les auteurs d’aujourd’hui feraient volontiers leur exergue), il dut déclarer après coup : "Madame Bovary c’est moi" et je doute que les mêmes auteurs puissent reprendre cette phrase et à leur propre compte !

    MISE EN SCENE, METTEUR EN SCENE, TEXTES...

    L’objet de ces notes se limite à l’examen d’une certaine forme de cinéma du seul point de vue des scénarios et des scénaristes. Mais il convient, je pense, de bien préciser que les metteurs en scène sont et se veulent responsables des scénarios et dialogues qu’ils illustrent. Films de scénaristes, écrivais-je plus haut, et ce n’est certes pas Aurenche et Bost qui me contrediront. Lorsqu’ils remettent leur scénario, le film est fait ; le metteur en scène, à leurs yeux, est le monsieur qui met des cadrages là-dessus... et c’est vrai, hélas ! J’ai parlé de cette manie d’ajouter partout des enterrements. Et pourtant la mort est toujours escamotée dans ces films. Souvenons-nous de l’admirable mort de Nana ou d’Emma Bovary, chez Renoir ; dans La Pastorale, la mort n’est qu’un exercice de maquilleur et de chef opérateur ; comparez un gros plan de Michèle Morgan morte dans La Pastorale, de Dominique Blanchard dans Le Secret de Mayerling et de Madeleine Sologne dans L’Eternel retour : c’est le même visage ! Tout se passe après la mort.
    Citons enfin cette déclaration de Delannoy qu’avec perfidie nous dédions aux scénaristes français : Quand il arrive que des auteurs de talent, soit par esprit de lucre, soit par faiblesse, se laissent aller un jour à écrire pour le cinéma, ils le font avec le sentiment de s’abaisser. Ils se livrent plus à une curieuse tentative vers la médiocrité, soucieux qu’ils sont de ne pas compromettre leur talent, et certains que, pour écrire cinéma, il faut se faire comprendre par le bas. (La Symphonie pastorale ou L’Amour du métier, revue Verger, novembre 1947). Il me faut sans attendre dénoncer un sophisme qu’on ne manquerait pas de m’opposer en guise d’argument : " Ces dialogues sont prononcés par des gens abjects et c’est pour mieux stigmatiser leur vilénie que nous leur prêtons ce dur langage. C’est là notre façon d’être des moralistes. " A quoi je réponds : il est inexact que ces phrases soient prononcées par les plus abjects des personnages.
    Certes, dans les films " réalistes psychologiques " il n’y a pas que des êtres vils, mais tant se veut démesurée la supériorité des auteurs sur leurs personnages que ceux qui d’aventure ne sont pas infâmes, sont au mieux infiniment grotesques. Enfin, ces personnages abjects, qui prononcent des phrases abjectes, je connais une poignée d’hommes en France qui seraient incapables de les concevoir, quelques cinéastes dont la vision du monde est au moins aussi valable que celle d’Aurenche et Bost, Sigurd et Jeanson. Il s’agit de Jean Renoir, Robert Bresson, Jéan Cocteau, Jacques Becker, Abel Gance, Max Ophuls, Jacques Tati, Roger Leenhardt ; ce sont pourtant des cinéastes français et il se trouve - curieuse coïncidence - que ce sont des auteurs qui écrivent souvent leur dialogue et quelques-uns inventent eux-mêmes les histoires qu’ils mettent en scène.

    ON ME DIRA ENCORE...

    " Mais pourquoi - me dira-t-on - pourquoi ne pourrait-on porter la même admiration à tous les cinéastes qui s’efforcent d’oeuvrer au sein de cette Tradition et de la Qualité que vous gaussez avec tant de légèreté ? Pourquoi ne pas admirer autant Yves Allegret que Becker, Jean Delannoy que Bresson, Claude Autant-Lara que Renoir ? " Eh bien je ne puis croire à la co-existence pacifique de la Tradition de la Qualité et d’un cinéma d’auteurs. Au fond Yves Allegret, Delannoy ne sont que les caricatures de Clouzot, de Bresson. Ce n’est pas le désir de faire scandale qui m’amène à déprécier un cinéma si loué par ailleurs. Je demeure convaincu que l’existence exagérément prolongée du réalisme psychologique est la cause de l’incompréhension du public devant des oeuvres aussi neuves de conception que Le Carrosse d’or, Casque d’or, voire Les Dames du Bois de Boulogne et Orphée.
    Vive l’audace certes, encore faut-il la déceler où elle est vraiment. Au terme de cette année 1953, s’il me fallait faire une manière de bilan des audaces du cinéma français, n’y trouveraient place ni le vomissement des Orgueilleux, ni le refus de Claude Laydu de prendre le goupillon dans Le Bon Dieu sans confession, non plus les rapports pédérastiques des personnages du Salaire de la peur, mais bien plutôt la démarche de Hulot, les soliloques de la bonne de La Rue de l’Estrapade, la mise en scène du Carrosse d’or, la direction d’acteurs dans Madame de, et aussi les essais de polyvision d’Abel Gance. On l’aura compris, ces audaces sont celles d’hommes de cinéma et non plus de scénaristes, de metteurs en scène et non plus de littérateurs Je tiens par exemple pour significatif l’échec qu’ont rencontré les plus brillants scénaristes et metteurs en scène de la Tradition de la Qualité lorsqu’ils abordèrent la comédie : Ferry- Clouzot : Miquette et sa mère, Sigurd-Boyer : Tous les chemins mènent à Rome, Scipion-Pagliero : La Rose rouge, Laudenbach- Delannoy : La Route Napoléon, Aurenche-Bost-Autant-Lara : L’Auberge rouge ou si l’on veut Occupe-toi d’Amélie. Quiconque s’est essayé un jour à écrire un scénario ne saurait nier que la comédie est bien le genre le plus difficile, celui qui demande le plus de travail, le plus de talent, le plus d’humilité aussi.

    TOUS DES BOURGEOIS...

    Le trait dominant du réalisme psychologique est sa volonté anti-bourgeoise. Mais qui sont Aurenche et Bost, Sigurd, Jeanson, Autant-Lara, Allegret, sinon des bourgeois, et qui sont les cinquante mille nouveaux lecteurs que ne manque pas d’amener chaque film tiré d’un roman, sinon des bourgeois ? Quelle est donc la valeur d’un cinéma anti-bourgeois fait par des bourgeois, pour des bourgeois ? Les ouvriers, on le sait bien, n’apprécient guère cette forme de cinéma même lorsqu’elle vise à se rapprocher d’eux. Ils ont refusé de se reconnaître dans les dockers d’Un homme marche dans la ville comme dans les mariniers des Amants de bras-mort. Peut-être faut-il envoyer les enfants sur le palier pour faire l’amour, mais leurs parents n’aiment guère à se l’entendre dire, surtout au cinéma, même avec "bienveillance". Si le public aime à s’encanailler sous l’alibi de la littérature, il aime aussi à le faire sous l’alibi du social. Il est instructif de considérer la programmation des films en fonction des quartiers de Paris. On s’aperçoit que le public populaire préfère peut-être les naïfs petits films étrangers qui lui montrent les hommes " tels qu’ils devraient être " et non pas tels qu’Aurenche et Bost croient qu’ils sont.

    COMME ON SE REFILE UNE BONNE ADRESSE...

    Il est toujours bon de conclure, ça fait plaisir à tout le monde. Il est remarquable que les " grands " metteurs en scène et les " grands " scénaristes ont tous fait longtemps des petits films et que le talent qu’ils y mettaient ne suffisait pas à ce qu’on les distinguât des autres (ceux qui n’y mettaient pas de talent). Il est remarquable aussi que tous sont venus à la qualité en même temps, comme on se refile une bonne adresse. Et puis un producteur - et même un réalisateur - gagne plus d’argent à faire Le Blé en herbe que Le Plombier amoureux. Les films " courageux " se sont révélés très rentables. La preuve : un Ralph Habib renonçant brusquement à la demi-pornographie, réalise Les Compagnes de la nuit et se réclame de Cayatte.
    Or, qu’est-ce qui empêche les André Tabet, les Companeez, les Jean Guitton, les Pierre Véry, les Jean Laviron, les Ciampi, les Grangier de faire, du jour au lendemain, du cinéma intellectuel, d’adapter les chefs-d’oeuvre (il en reste encore quelques-uns) et, bien sûr, d’ajouter des enterrements un peu partout ? Alors ce jour-là nous serons dans la " tradition de la qualité " jusqu’au cou et le cinéma français, rivalisant de " réalisme psychologique ", d’" âpreté ", de " rigueur ", d’" ambiguïté ", ne sera plus qu’un vaste enterrement qui pourra sortir du studio de Billancourt pour entrer plus directement dans le cimetière qui semble avoir été placé à côté tout exprès pour aller plus vite du producteur au fossoyeur. Seulement, à force de répéter au public qu’il s’identifie aux " héros " des films, il finira bien par le croire, et le jour où il comprendra que ce bon gros cocu aux mésaventures de qui on le sollicite de compatir (un peu) et de rire (beaucoup) n’est pas comme il le pensait son cousin ou son voisin de palier mais lui- même, cette famille abjecte, sa famille, cette religion bafouée, sa religion, alors ce jour-là il risque de se montrer ingrat envers un cinéma qui se sera tant appliqué à lui montrer la vie telle qu’on la voit d’un quatrième étage de Saint-Germain-des- Prés.
    Certes, il me faut le reconnaître, bien de la passion et même du parti pris présidèrent à l’examen délibérément pessimiste que j’ai entrepris d’une certaine tendance du cinéma français. On m’affirme que cette fameuse école du réalisme psychologique "devait exister pour que puissent exister à leur tour Le Journal d’un curé de campagne, Le Carrosse d’or, Orphée, Casque d’or, Les Vacances de Monsieur Hulot. Mais nos auteurs qui voulaient éduquer le public doivent comprendre que peut-être ils l’ont dévié des voies primaires pour l’engager sur celles, plus subtiles, de la psychologie, ils l’on fait passer dans cette classe de sixième chère à Jouhandeau mais il ne faut pas faire redoubler une classe indéfiniment !

    #cinéma #histoire

  • Maïa Mazaurette – Sortir la tête du trou (1/2) – Binge Audio
    https://www.binge.audio/maia-mazaurette-sortir-la-tete-du-trou-1-2

    Dans cet épisode, il est question de trois idées reçues très répandues concernant la sexualité hétérosexuelle : que le sexe féminin serait un « trou », que la douleur physique serait le seul remède à l’ennui sexuel, et que le principe d’un consentement explicite et enthousiaste « casserait l’ambiance ».

    D’où viennent ces idées reçues ? En quoi sont-elles androcentrées, c’est à dire qu’elles prennent le masculin et le point de vue des hommes comme centre, comme référence neutre ? Comment en sortir et inventer de nouvelles normes sexuelles ?

    #sexualité #androcentrisme #pénétration

  • Article plus intéressant que ce que le titre laisse croire :

    Pourquoi ta meuf ne parle jamais de musique avec toi
    Le Parterre, le 5 juin 2019
    https://leparterre.fr/2019/06/05/pourquoi-ta-meuf-ne-parle-jamais-de-musique-avec-toi

    Si l’on se penche sur les chiffres, non seulement les femmes sont rares au sein des artistes musicaux, mais elles le sont encore plus dans la critique musicale. La critique musicale a derrière elle une longue histoire sexiste, et s’est construite autour de la parole des hommes et en la constituant comme un lieu d’attributs virils. En août 2018, la journaliste Jessica Hooper publiait une enquête sur la place des femmes dans le magazine Rolling Stone : « It was us against those guys », dont le titre parle de lui-même. Elle y interviewe les six premières femmes ayant réussi à se faire embaucher par le magazine dans les années 70, et les difficultés qu’elles y ont rencontrés. Elles y relatent les refus catégoriques de la part de leurs confrères d’accorder de la valeur à leur parole et le discrédit rapide dont elles ont été l’objet en étant comparées à des groupies ou des « fangirls ». L’obsession musicale d’un homme pour un groupe ou un musicien est conçue comme une forme d’expertise, alors que celle d’une femme est perçue comme superficielle et vénale.

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’écart n’est pas prêt de se résorber. Un récent article d’André Doehring (Male Journalists as « artists » : The Ideological production of recent popular music journalism), montre même que la part des femmes journalistes musicales décroit depuis les années 80. A la fin des années 80 aux Etats Unis, elles étaient 23% à contribuer à la rédaction de critiques dans les magazines de musiques actuelles, elles représentent au début des années 2010 seulement 15% des contributeurs.trices. En 2015 en Allemagne, parmi les rédacteurs des magazines de musiques actuelles, seulement 1 sur 10 est une rédactrice et il n’existe aucune rédactrice en chef. Doehring souligne par ailleurs que c’est là une dynamique toute propre au journalisme musical, alors que les autres secteurs journalistiques voient la proportion de femmes au sein de leur rédaction se développer.

    #Musique #Femmes #Sexisme

    • Si l’on se penche sur les chiffres, non seulement les femmes sont rares au sein des artistes musicaux, mais elles le sont encore plus dans la critique musicale. La critique musicale a derrière elle une longue histoire sexiste, et s’est construite autour de la parole des hommes et en la constituant comme un lieu d’attributs virils.

      Ca marche avec la critique ciné, la critique littéraire, la critique artistique, la critique média, la critique tout court probablement.
      #historicisation #invisibilité_des_femmes #male_gaze

    • Ce qui me déprime le plus dans cet article c’est que la seul référence sur la théorie féministe soit Bourdieu, un mec qui s’est approprié les théories féministes sans cité ses sources. Comme si il n’y avait que les hommes encore une fois pour servir de référence dans un article qui dénonce le fait que les hommes sont pris comme références... et ici après deux siècles de femmes qui ont réfléchit et se sont exprimés sur le sujet, encore un homme !
      #androcentrisme

    • @mad_meg c’est pas la « théorie féministe » de Bourdieu qui est évoquée mais son bouquin « la distinction » qui est un regard sociologique critique sur les goûts et les couleurs (et je doute qu’en 1977 quand ce bouquin est sorti d’autres aient été aussi loin dans l’analyse).

    • C’est un article de blog qui date de 1977 ? J’ai cru que c’etait écrit en 2019... C’est pas « la domination masculine » mais ca reste Bourdieu pour un sujet sur l’invisibilisation des femmes.
      J’avais raté la ref à « André Doehring » comme point de départ, après vérification c’est un André au masculin, de quoi me faire ralé encore plus...

      Après re-lecture plus attentive il y a quand même deux femmes en plus de « ta meuf » qui sont mentionnées dans le texte : Sylvie Octobre (mais on sais pas trop qui elle est sans l’aide de gogol) et la journaliste Jessica Hooper de Rolling Stone (qui a fait un itw qui confirme ce que théorisent ces messieurs Bourdieu et Doerhing). Ca atténue un peu ma colère mais je reste mécontente de la ref à Bourdieu qui est vraiment malvenu dans ce contexte, ainsi que l’invisibilisation des théoriciennes féministes sur un sujet pareil. Mon conseil pour essayer d’être un peu constructive, sur les sujets féministes évitez les références masculines encore plus que vous devriez le faire d’habitude. Par exemple plutot que Bourdieu, il y avait Françoise Héritier et sa théorie de la différence de la valence des sexes qui aurais permis de dire ces chose avec plus de pertinence et moins de références masculines.

    • C’est quand même dommage de n’avoir que ça à dire sur cet article, ressortir une vieille polémique d’il y a 20 ans qui n’a rien à voir avec le sujet. On est à la limite du troll quoi...
      Mon conseil : lisez vous même les ouvrages sans vous soucier du sexe de l’auteur et voyez si c’est pertinent (c’est marrant parce que moi je trouve que « domination masculine » c’est un peu plus parlant et radical que « valence différentielle des sexes » mais chacun sa crémerie hein).

    • @aude_v mais on est d’accord, l’article fait justement ce constat que le milieu musical (et celui de la critique) est très masculin. L’auteur essaie de trouver les raisons en employant un appareil critique dont il dispose (Bourdieu en l’occurrence) et ce qui déprime le plus mad meg, si je la prends au pied de la lettre, ce n’est pas la situation des femmes dans le milieu de la critique mais le fait qu’on utilise Bourdieu pour en parler. C’est assez cocasse en fait car cela ressemblerait presque à une discussion entre critiques... J’ai d’ailleurs toujours trouvé assez ridicule presque toute la presse de critique musicale que je trouve souvent extrêmement pauvre, blindée de clichés et qui me semble être un repaire de jeunes (ou vieux) coqs qui utilisent ça principalement comme un moyen de séduction (c’est un manque de l’article ça d’ailleurs, car sur le sujet je pense que la séduction est une grosse part du problème).

    • @aude_v c’est la même chose dans le milieu universitaire où les hommes sont les plus visibles donc effectivement un Bourdieu là dedans n’y échappait pas non plus. Après, sur le bouquin en tant que tel je ne parlerais pas de pillage car on ne peut pas dire qu’il disait exactement la même chose (par exemple par rapport à Françoise Héritier, il n’a pas la même approche, et puis un tas d’autres gens ne se sont pas gênés pour critiquer le contenu de la théorie de Bourdieu sur cette question au regard d’autres études féministes) mais en revanche oui il y a clairement une invisibilisation en refusant (plus ou moins volontairement ?) même de discuter ces travaux effectués par des femmes. J’ai jeté un œil vite fait à l’index des noms propres et je ne vois que Judith Butler comme féministe qui est très rapidement citée, Virginia Woolf est longuement citée aussi mais son statut d’écrivaine la met un peu à part à mes yeux.

  • Les Poulettes contre le transhumanisme
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1112

    Toujours en librairie : Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme. Voir ici

    A l’occasion de la conférence-débat du vendredi 12 avril 2019 à Saint-Affrique (Aveyron), les Allumeurs de réverbères publient un numéro de L’Oeuf des poulettes consacré au transhumanisme et à la remise en question du progrès. A ouvrir ci-dessous. Conférence-débat : « Transhumanisme, homme augmenté : progrès ou guerre à l’humanité ? » avec Pièces et main d’oeuvre, A Saint-Affrique, au Familial, le 12 avril 2019 à 20h30

    #Nécrotechnologies

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/poulette_4_transhumanisme.pdf

    • #viol #culture_du_viol #sexisme #violences_sexuelles #androcentrisme #misogynie #fraternité #haine

      L’historien remet en cause la réelle importance de Mai 68 du point de vue de la libération sexuelle. Il s’appuie sur les archives du COPES pour montrer que cette liberté existait déjà pour les garçons, y compris en matière de pratiques homosexuelles. Lorsqu’elles avaient lieu, ces dernières ne renvoyaient pas forcément à une identité d’homme « gay », n’impliquaient pas automatiquement que le garçon se considère comme un « homosexuel ». L’assignation à une norme hétérosexuel/homosexuel n’était à l’époque déjà pas incontournable (les travaux de Régis Révenin semblent en cela s’inscrire dans une vision très foucaldienne, cf. Histoire de la Sexualité de Michel Foucault).

      Révenin R., 2015, Une histoire des garçons et des filles. Amour, genre et sexualité dans la France d’après-guerre, Paris : Éditions vendémiaires, Paris.

      La construction d’une virilité « entre pairs » était en revanche la norme, virilité dont les preuves étaient à fournir aux autres garçons. Les archives étudiées par Régis Révenin montrent l’existence de viols collectifs et l’absence totale de culpabilité pour les uns, ainsi que le renversement de cette culpabilité du côté de ces filles, traitées de « salopes ». La « libération sexuelle » des années 1968 était presque un argument que les garçons utilisaient pour draguer et coucher. Tout en portant un regard extrêmement normatif sur les filles qui devaient être bonnes ménagères, fidèles (l’infidélité était une qualité virile), bonnes épouses en tous points de vue y compris au lit… Le regard porté par les hommes sur les femmes était réprobateur et s’inscrivait dans une assignation de genre binaire, les filles étaient pour eux soit maman, soit « putain ».

      C’est assez interessant pour comprendre ce que les hommes veulent dire avec le mot #amour

  • L’infertilité met hommes et femmes à égalité
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/09/l-infertilite-met-hommes-et-femmes-a-egalite_1671847

    Il y a d’abord les chiffres, révélateurs. Aujourd’hui, l’âge de la première maternité se situe à 28 ans et cinq mois contre 24 ans dans les années 70 - sachant que le pic de fertilité est à 22 ans et que celle-ci baisse drastiquement à partir de 35 ans. Et en cinquante ans, la concentration moyenne de spermatozoïdes dans un éjaculat a diminué de moitié. Chez un homme de 35 ans, leur nombre est passé de 113 millions/ml à 49,9 millions/ml en moyenne. En France, un couple sur six consulte pour des problèmes de fécondité durant sa vie, contre un couple sur sept il y a six ans. Et 24 % d’entre eux ne parviennent pas à concevoir après un an sans contraception (8 % au bout de vingt-quatre mois). D’où cette question : sommes-nous en train de devenir une génération d’infertiles ?
    « La détérioration de la santé reproductive masculine est très probable en France. En revanche, on ne dispose malheureusement pas d’études d’ampleur qui permettraient de savoir précisément s’il y a une détérioration de la santé reproductive féminine [mesure de la réserve ovocytaire et des marqueurs hormonaux par exemple, ndlr] et de la fertilité des couples au cours du temps », avance Rémy Slama, épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « L’ampleur de la dégradation de la santé reproductive masculine n’est pas suffisante à elle seule pour faire aujourd’hui baisser la fécondité en France [qui est de l’ordre de deux enfants par couple]. En revanche, elle pourrait être suffisante pour avoir entraîné une augmentation du nombre de couples ayant recours à l’assistance médicale à la procréation. »

    Si la chute libre de la fertilité n’est donc pas totalement confirmée, certaines causes de l’infertilité sont, elles, déjà actées. « On a identifié plusieurs facteurs pouvant influencer la santé reproductive masculine, féminine ou celle du couple à partir d’études chez l’animal et l’humain. » Lesquelles ? « Des facteurs généraux, tels que le surpoids et l’obésité, qui sont de plus en plus présents dans notre société, développe le chercheur, également président du conseil scientifique du Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens (PNRPE). La consommation de tabac et d’alcool. Et puis il y a aussi des facteurs liés à l’environnement. Les perturbateurs endocriniens en particulier. Il y a très peu de chances qu’un unique facteur soit à l’origine de cette détérioration probable. »
    Double cause

    Ces changements n’épargnent personne. Ni les femmes ni les hommes. Une enquête réalisée par Patrick Thonneau - alors responsable de l’équipe Epidémiologie de la fertilité à l’Inserm - montre d’ailleurs que l’inaptitude biologique à procréer semble « équitablement répartie entre les hommes et les femmes ». Dans ces travaux, une altération de la fertilité féminine a été constatée pour plus de sept couples inféconds sur dix et une altération de la fertilité masculine pour près de six couples sur dix. Pour quatre couples inféconds sur dix, une double cause - féminine et masculine - est diagnostiquée. Une « coresponsabilité loin des clichés » selon Elise de la Rochebrochard, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques.

    En dehors du coté nataliste que je n’apprécie pas, ce texte est plein de sexisme.
    On met à équivalence le choix des femmes de « laisser passé leur pic de fécondité » avec la diminution de la concentration des spermatozoides dans le sperm. Quel est l’équivalence ou l’égalité entre un choix politique (contraception, IVG... ) et une maladie des couilles ? Si c’est une maladie et pas un bienfait d’ailleurs.
    L’article indique que femmes et hommes sont co-responsables et égal·aux dans le fait qu’on deviendrait une « génération d’infertiles ». Mais les femmes ne sont pas infertiles, elles choisissent de ne pas enfanter. C’est d’ailleurs assez paradoxale, car si la natalité baisse c’est que les femmes le veulent et on fait comme si c’était une forme de maladie de l’espèce, ou un effet de la pollution. Tandis que pour les hommes ce sont des raisons extérieurs à eux qui sont pointées (et scientifiquement étudiées). On ne leur parle pas du ratage de leur pic de fécondité, ni de leur choix de rester le cul sur une chaise alors qu’ils pourraient faire la vaisselle ou nettoyer les chiottes ce qui leur rafraichirait les bourses, augmenterait leur fécondité et motiverait peut être les femmes à refaire des enfants si toute la charge de travail n’était plus sur elles.

    Il y a aussi le lien fait entre couple hétéro et natalité tout le long de ce texte. Comme si les mères célibataires n’existaient tout simplement pas. Pas la peine de parler des femmes qui utilisent les #PMA puisqu’elles sont hors-la-loi en France à cause de la misogynie et de l’homophobie des catholiques.

    #natalisme #sexisme #androcentrisme #sexisme_scientifique #sexisme_médicale #étude_à_la_con #femmes #contraception

  • « Simplement, il faisait des enfants à sa fille »
    http://www.zite.fr/simplement-il-faisait-des-enfants-a-sa-fille

    « Un inceste ordinaire »1, Léonore Le Caisne enquête auprès des habitants d’un village de Seine-et-Marne, témoins d’un cas d’inceste perpétré pendant vingt-huit ans. Un travail qui interroge les mécanismes collectifs banalisant les viols en famille et met en évidence le lien entre inceste et domination masculine.

    Propos recueillis par Julia Burtin Zortea Illustration de Yasmine Blum Pourquoi avez-vous choisi de réaliser une recherche sur l’inceste, et plus particulièrement à travers l’histoire singulière de Lydia G. ? En France, les sciences sociales ont participé à édifier le lieu commun selon lequel puisque l’inceste serait le tabou ultime et universel des familles, il n’existerait pas, ou alors de façon marginale [voir encadré ci-dessous]. N’existant pas, il ne saurait être un objet d’étude légitime. (...)

    #entretien #Z10

    • L’échelle de gravité des infractions sexuelles est calée sur une conception masculine du crescendo sexuel. Le droit récompense la retenue des hommes, puisqu’il ne retient pas les attouchements comme des viols. Si les gestes sexuels sans pénétration sont passibles d’une sanction moindre parce qu’ils sont considérés comme moins graves, c’est en référence au moindre plaisir qu’ils procurent aux hommes. (…) Dans le même esprit, la sanction imposée par la cour est plus importante quand la victime est un garçon, parce que le viol parait plus dommageable pour un garçon que pour une fillette. (…) Les considérations entourant la rupture éventuelle de l’hymen, incontournables lorsque la victime est une petite fille, s’inscrivent dans une même logique masculiniste. On se rappelle de ce beau-père qui avait fait bien attention à ne pas déflorer ses belles-filles et qui s’était attiré la clémence de la cour pour ce signe de contention.

      #male_gaze #domination_masculine #violophilie #androcentrisme

    • L’histoire de Lydia a été médiatisée en deux temps. D’abord en avril 2007, d’une manière limitée, par la presse locale, le quotidien Libération et l’Agence France-Presse, quand le tribunal correctionnel rend ses premiers jugements. Puis en avril 2008, à la faveur de l’« affaire Fritzl », l’histoire de cet ancien ingénieur autrichien qui, pendant vingt-quatre ans, viola et séquestra sa fille, et lui fit sept enfants. Il a fallu attendre que cette affaire défraie la chronique pour que l’ensemble des médias nationaux s’intéressent à ce qui deviendra l’« affaire G. » ou l’« affaire Fritzl française ». En fait, avant l’« affaire Fritzl », l’histoire de Lydia n’était qu’une banale histoire d’inceste de province dans un milieu populaire où l’inceste serait courant – l’usage du mépris social est aussi une manière d’éloigner l’inceste de soi et d’en faire un non-événement. Ce n’était donc pas une histoire digne d’intérêt pour les journalistes de la presse nationale. Portée par l’« affaire Fritzl », l’« affaire G. » est devenue l’histoire d’un inceste « extraordinaire » avec torture et séquestration, perpétré par un monstre, un inceste qui ne se produit qu’une fois dans un pays. À partir de ce moment-là, l’histoire de Lydia est devenue digne d’intérêt pour la presse nationale. L’inceste banal et quotidien, l’inceste qui se produit souvent dans les familles françaises, lui, n’a pu être dit.

    • « indicateur global de santé publique » qu’est le sperme.

      Le publique « global » dont la santé importe n’est pas n’importe lequel. Par contre les explications n’oublient pas de désigner des chèvres émissaires ;

      D’autres causes sont possibles ou peuvent être imbriquées avec les précédentes, comme le tabagisme chez les femmes enceintes (...),

      Dans un second temps l’article évoque tout de même les filles :

      Les cas de puberté précoce commencent seulement à être recensés, en prenant en compte le nombre d’enfants traités. Se manifestant par des « signes de puberté avant l’âge de 8 ans chez les filles et de 9 ans chez les garçons », cette puberté peut avoir de multiples conséquences néfastes pour la santé physique et mentale. Elle touche dix fois plus souvent les filles que les garçons. Et les différences sont marquées entre les régions, avec deux endroits particulièrement concernés : l’ancienne région Midi-Pyrénées et le département du Rhône, avec des incidences plusieurs fois supérieures à la moyenne nationale.

      #androcentrisme #sexisme #invisibilisation

  • Volubilis : Men vs Monkeys - Gilles Azzopardi
    http://volublog.blogspot.com/2018/06/men-vs-monkeys-gilles-azzopardi.html

    Men vs Monkeys fonctionne selon deux principes :

    – balancer des chiffres, beaucoup de pourcentages, des dizaines d’études résumées en quelques lignes (une par paragraphe dans les instants les plus intenses)
    – pour comparer les femmes aux hommes et les hommes aux singes (mais surtout les hommes aux femmes).

    Le but avoué de cette démarche, c’est d’aider les femmes à comprendre les hommes, il se développe sur le ton du manuel de survie en milieu babouinesque. Ce livre parle donc des hommes et s’adresse largement aux femmes tout au long de ses pages (le tout dans une perspective hétéronormée, voire ultra-normée)…. Mais a banni l’inclusif, quel dommage ! Il va donc falloir accepter de vous lire au masculin à chaque fois qu’on ne parle pas QUE de vous les filles et justement on adore !!! Vu que les hommes aiment qu’on flatte leur ego et que les femmes le font très bien (il vous le prouve). S’il faut aider les femmes à comprendre les hommes, c’est parce que les sexes ne se comprennent pas, c’est le prédicat de base. Les hommes n’osent plus draguer et les femmes s’y prennent mal pour communiquer avec eux. Les hommes non plus ne comprennent pas les femmes, mais ça c’est normal : c’est parce qu’ils sont bêtes. C’est le ressort légèrement comique de l’ouvrage : les hommes sont bêêêêêêêtes ah ah ah. Alors que vous les filles, vous, vous êtes intelligentes, évoluées, disciplinée, prudentes ! Et c’est pour ça que c’est à vous de faire le boulot, de prendre en charge votre « babouin » et même toute la relation et de convoler fidèlement pour des siècles et des siècles, amen. J’avoue, en introduction, l’auteur nous prévient qu’il va emboutir des portes ouvertes, mais on ne s’attend pas forcément à ce qu’il le fasse avec autant de condescendance. On n’a pas écrit un livre féministe parce qu’on y vante l’intelligence des femmes. Pas avec des idées aussi éculées. Parce que ça c’était la forme. Pour le fond, dans le fond, c’est pareil : j’ai bien envie de retitrer ce livre « Comment vivre heureuse à Penisworld ».

    #allié #me_too #sexisme #misogynie #androcentrisme

    • DES CONSEILS POUR LES FEMMES

      Deux types de conseils vous seront prodigués mesdames : comment attraper un singe et comment le garder.

      Au chapitre « comment attraper un singe », c’est la pure révolution des mœurs ! Pour pécho, il faut prendre en compte « les idiosyncrasies du mâle moderne ». Je vous rappelle que tout est prouvé scientifiquement : tous ces trucs MARCHENT !!!

      – soyez belles, donc fines, à la taille surtout, ça leur plait.
      – soyez épilées (parce que Sapiens n’aime pas les « sensations fortes », sans rire, il a perdu son instinct… au milieu de cette longue litanie de comportements prétendument instinctifs, ça nous amuse).
      – couvez-le de votre regard, dilatez vos pupilles, penchez la tête sur le côté, jouez avec vos longs cheveux.
      – cachez votre intelligence, ça ruine vos chances de trouver un mari. Notamment, ne pratiquez pas trop l’humour (mais riez à ses blagues).
      – Portez du rouge.
      – Touchez-le. Physiquement.
      – Ne confondez pas désir et sentiments, ça vous rend ingérables.
      – Ne confondez pas passion et amour, ça vous rend collantes.
      – Ne couchez pas le premier soir.
      – Méfiez-vous des pervers narcissiques : ils n’ont que le pouvoir qu’on veut bien leur donner…

      Vous vous sentez prêtes à réussir votre relation là, non ? Non ? C’est dommage parce qu’au chapitre « comment le garder », même topo, sauf qu’on a vachement moins d’études pour démontrer le propos.

      – N’essayez pas de le changer.
      – Quittez-le s’il craint du boudin.
      – Parlez sa « langue » (aka fonctionnez comme lui).
      – Parlez à voix basse (comme Pacino).
      – Ménagez son ego.
      – Faites-le se sentir utile (bricolage, jardinage, déménagement).
      – Ne dites jamais « peut-être » mais uniquement « oui » ou « non », sachant que « non » signifie « pas maintenant ». Préférez « non, mille fois non. » si vous voulez vraiment dire non.
      – Flattez-le avant de donner votre avis pour lui donner du poids.
      – Mais ne le flattez pas quand vous voulez faire un reproche.
      – Ne lui parlez pas de ceux qui réussissent mieux que lui, ça le déprime.
      – Répétez tout ce qu’il dit, hochez la tête quand il parle.
      – Menez-le par le bout du nez en exploitant ses faiblesses de mâle : draguez-le, couchez avec pour obtenir ce que vous voulez, demandez-lui peu avant de demander plus ou bien demandez plus pour demander moins.
      – Faites-le se sentir libre.
      – Il sera moins volage si vous gagnez 25% de moins que lui (« l’habituelle disparités des salaires entre les hommes et les femmes » les tient aussi sages que possible, tuvois).
      – Il sera moins volage si vous le comblez sexuellement.
      – Admettez qu’il soit infidèle (ce sera sûrement que du cul).
      – Admettez qu’il soit jaloux (si vous faites du cul, donc évitez).
      – Calmez-vous quand il s’énerve (j’invente rien).
      – Soyez gentilles, notamment ne le faites pas culpabiliser. Faites des phrases simples, courtes et claires.
      – Accordez-lui le droit à la mauvaise humeur.
      – Ne cherchez pas tout le temps à avoir le dernier mot (le mâle sapiens est très territorial).
      – Pardonnez.

      Voilà, voilà… Tout une carrière de psychosociologue et des centaines d’études pour en arriver là. Personnellement, si je voulais retenir quelque chose de ce bouquin en guise de conseil pourléfames, je retiendrais cet encadré page 36, qui se demande, sur son ton narquois si les hommes sont « plus idiots que les femmes », tournure amusante pas super franche du collier. Il y évoque une étude dont la conclusion est la suivante : plus on est bête et moins on est à même d’évaluer l’intelligence de l’autre - et plus l’on aura tendance à prendre l’autre pour un.e con.ne. C’est l’effet de surconfiance ; quelqu’un.e qui vous prend pour une conne est donc probablement plus con.ne que vous ; c’est un bon critère pour évaluer son interlocuteur. Et ce bouquin.

  • Notes anthropologiques (XIV) - la voie du jaguar
    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XIV

    Cette cérémonie religieuse — au cours de laquelle le captif, sacrifié sur l’autel du dieu Xipe Tótec puis écorché et dépouillé, comme on effeuille la mazorca (épi) de maïs, est mangé au cours d’un banquet rituel — apporte un éclairage a posteriori sur les mœurs cannibales des Tupinamba. La civilisation Tupi-Guarani, regroupant un grand nombre de tribus, dont les Tupinamba, sur un très vaste territoire de l’Amérique du Sud, reposait sur la pratique d’un cannibalisme à profonde portée religieuse et sociale. Cette pratique n’était pas limitée à cette civilisation et restait ancrée dans les mœurs de bien d’autres sociétés tribales.

    partie 2 : https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-XV

    #cannibalisme #anthropophagie #mâle-alphisme #androcentrisme #virilité #guerre

  • 12h42 - Tampons et serviettes « produits de luxe » : quand les règles coûtent trop cher - La Libre
    http://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/tampons-et-serviettes-produits-de-luxe-quand-les-regles-coutent-trop-cher-5a

    Dans les centres où affluent les bénéficiaires de l’aide alimentaire, elle raconte avoir vu des femmes rebrousser chemin lorsque les bénévoles n’étaient que des hommes. Il y a aussi ces mères de famille qui lui chuchotent « +vous reste-t-il des serviettes+ ? ».

    Les Restos font partie des rares associations alimentaires à distribuer des protections périodiques. « Nous en demandons lors des collectes mais très peu de gens ont le réflexe d’acheter un paquet de serviettes car c’est le produit tabou qu’on ne va pas oser acheter et donner », souligne-t-elle.

    D’autres associations comme les Banques alimentaires refusent d’en distribuer arguant se limiter à la collecte de denrées alimentaires, alors que 70% de leurs bénéficiaires sont des femmes.

    Pour Nadège Passereau, déléguée générale de l’association Agir pour la santé des femmes (ADSF), qui vient en aide aux femmes en situation de précarité, les protections hygiéniques sont « le premier produit demandé » car considérées comme « un produit de luxe ».

    Une fois par mois, l’association ouvre ses portes et distribue un kit sanitaire comprenant notamment des protections périodiques. « On en distribue entre 200 et 300 paquets par mois ce qui représente un coût entre 12.000 et 15.000 euros par an », décrypte-t-elle.

    En 4h, une centaine de femmes défilent dans les locaux exigus de l’association. Parmi elles, Clarisse, une Congolaise de 32 ans qui vit dans un foyer pour femmes à Colombes et qui ne manquerait ce rendez-vous pour rien au monde. « Ca m’a changé la vie, ça coûte tellement cher ! », dit-elle.

    – Coton et papier toilette -

    Près d’elle, Maria, à la rue depuis plusieurs mois raconte avoir dû, à plusieurs reprises, « mettre du papier toilette ou du coton » lors de ses règles : « Dans certains centres d’hébergement, on nous donne du savon, du shampoing mais pas de serviettes ».

  • « After all, I was a ‘female’ and a ‘yid’ to boot » 1/2
    https://jewishslytherin.wordpress.com/2018/01/14/after-all-i-was-a-female-and-a-yid-to-boot-1-2

    Quand j’ai commencé à m’intéresser aux approches genrées de l’Holocauste, ce que j’ai trouvé très ironique au niveau de l’historiographie, c’est la résistance dont ont fait preuve certains chercheurs et universitaires. Globalement, jusque dans les années 80, l’étude de l’Holocauste était très générale, puis elle a commencé à s’intéresser petit à petit à des sous-catégories plus précises, comme par exemple le rôle des Conseils Juifs, la collaboration locale, le négationnisme, la résistance juive… et le gender (oui, vous pouvez trembler, c’est terrifiant).

    Par exemple cette citation de Henry Huttenbach en 1988 résume parfaitement l’état d’esprit de ceux qui étaient contre la recherche genrée. Je précise que le gars est docteur en histoire, qu’il coédite le Journal of Genocide Research, il publie, bref il connait le sujet :

    To segregate [Jewish women] from the male victims is not only to distort reality by pretending there was a distinct ‘female’ experience of the Holocaust but to create an ahistoric category of genocide that not only never took place but according to common sense probably never will take place, no matter what exaggerated fears feminists might harbor.

    Tintintin. Alors je dis pas, peut-être que le gars est revenu sur ces propos depuis, j’ai pas vérifié, mais c’est juste pour montrer la nature des contre-arguments à une approche genrée soulevés dans les années 80-90. Not cool, Huttenbach :/

    Si on résume, parler spécifiquement des femmes pendant l’Holocauste ce serait (selon lui et d’autres, oui je te regarde droit dans les yeux Lawrence Langer) :

    Établir une hiérarchie parmi les victimes (non)
    Agir en fonction de l’agenda féministe
    Etre anachronique (car comme chacun sait les femmes et le féminisme sont nées en 1968 environ)
    Détourner l’Holocauste

  • Vous mentez... et Google le sait - Le Temps
    https://www.letemps.ch/culture/2017/10/27/mentez-google-sait

    Sexualité, boulot, loisirs... On passe notre temps à enjoliver la réalité sur les réseaux sociaux. Le chercheur Seth Stephens-Davidowitz s’est immergé dans le moteur de recherche de Google. Et a tiré un livre de ces petits arrangements avec la vérité

    « Sur les réseaux sociaux, chacun est heureux en ménage, en vacances dans les Caraïbes et lit la presse quotidienne. Dans le monde réel, beaucoup sont en colère, en train de faire la queue au supermarché, un œil sur un tabloïd et ignorant l’appel d’un conjoint avec qui ils n’ont pas couché depuis des années », affirme Seth Stephens-Davidowitz. On se doutait de cette dichotomie entre mythe personnel et réalité, mais ce data analyst a passé quatre ans immergé dans les recherches Google de ses contemporains pour en mesurer l’ampleur. Et publier ses conclusions, fin juin, aux Etats-Unis, dans un ouvrage intitulé Everybody lies, big data, new data, and what the internet can tell us about who we really are (Tout le monde ment, big data, nouvelles données, et ce qu’Internet peut nous apprendre sur ce que nous sommes vraiment).

    #google #réseaux_sociaux

    • Seth Stephens-Davidowitz voulait nommer son livre Quelle est la taille de mon pénis ?, l’une des requêtes les plus populaires et qui l’étonne encore : « Que les hommes fassent appel à Google plutôt qu’à un mètre pour obtenir une réponse à cette question représente la quintessence de notre ère numérique. » L’éditeur a refusé la proposition, mais la sexualité occupe une large place dans son ouvrage puisque, bien sûr, « tout le monde est obsédé par le sexe, et ceux qui disent le contraire mentent… »

      C’est très androcentrique, je suis pas certaine que tant de femmes que ca demandent à google quelle est la taille de leur penis.
      #mâle_alphisme #androcentrisme

      L’un de ses chocs reste néanmoins la découverte de ce qui suivait la phrase « Je veux coucher avec… ». Lui pensait tomber sur « Mon patron », « la femme de mon meilleur ami », « mon thérapeute ». Il a découvert une majorité de « mon fils », « ma sœur », « mon cousin » « mon père »…

      Il trouve pas « ma fille » ni « ma belle-fille » ni « ma petite fille » ca me surprend au vue des statistiques des #violences_sexuelles intra-familliales.
      #inceste

      Ses données révèlent aussi la persistance de la misogynie puisque les parents sont 2,5 fois plus susceptibles de demander si leur fils « est un génie » que si leur fille est supérieurement intelligente. Pour les demoiselles, les géniteurs préfèrent demander si elles ne sont pas « en surpoids » (deux fois plus fréquent que pour les garçons).

      #sexisme #grossophobie #intelligence #genre

      Plus distrayante, sa déconstruction du mythe amoureux : ainsi, sur les réseaux sociaux, si les qualificatifs utilisés par les femmes pour décrire leur mari sont « incroyable », « le meilleur » et « tellement mignon », elles préfèrent, sur Google, les termes « irritant », « méchant » et « con ». Quant aux hommes, « ils se préoccupent secrètement de savoir si leur femme est folle », assure l’analyste,...

      La aussi c’est distrayants pour les hommes uniquement, se demandé pourquoi ton compagnon est méchant de la part des femmes c’est pas trop distrayant.

      Et puis on ne saura pas comment les hommes parlent de leurs compagnes dans les réseaux sociaux. Ca m’étonnerais pas qu’ils les traitent ouvertement de folles sans grand écart avec leurs requets google parceque je peu pas dire que les hommes se retiennent de traiter les femmes de folles en publique.

      #amour #misogynie #hypocrisie #déni

  • Du danger de (trop) s’indigner en ligne
    http://abonnes.lemonde.fr/big-browser/article/2017/10/20/du-danger-de-trop-s-indigner-en-ligne_5203946_4832693.html

    L’indignation de leurs utilisateurs est un des carburants qui font tourner Twitter ou Facebook. Elle est recherchée et encouragée par ces multinationales car elle est au cœur même du fonctionnement des plates-formes qu’elles ont créées. Le contenu à fort quotient émotionnel génère le plus de likes, de commentaires, de partages – une des émotions qui rapportent le plus est la colère. Pour que ces services, que nous utilisons gratuitement, soient rentables, ces entreprises ont besoin de toujours plus de trafic, donc de revenus publicitaires. Elles ont intérêt à ce qu’on y reste le plus longtemps possible.

    C’est une réalité qu’on a trop tendance à oublier lorsqu’on traite de polémiques nées sur les réseaux sociaux. Molly Crockett, professeure adjointe de psychologie à l’université Yale (Connecticut), le rappelle justement dans « Indignation morale à l’ère digitale », une étude qui s’intéresse « à la façon dont la technologie peut transformer l’expression de l’indignation morale et ses conséquences sociales ».

    Le dernier mouvement qui est apparu, massif et organique, est incarné en France par le hashtag #balancetonporc avec lequel des milliers de femmes ont partagé sur Twitter leurs expériences d’agression ou de harcèlement sexuels. A moins d’une semaine d’existence, on ne peut pas encore dire s’il restera une explosion cathartique de victimes tentant de se libérer d’un poids trop longtemps enfoui, ou s’il aboutira à des avancées tangibles pour lutter contre le harcèlement et les violences envers les femmes.

    Il n’est pas surprenant que cette prise de parole collective ait pu naître et essaimer sur les réseaux, mais comme le dit le chercheur Olivier Ertzscheid sur Rue89, « ce serait une catastrophe que ces débats commencent et terminent sur Twitter ou sur Facebook. Comme ce serait une catastrophe de croire que ces plates-formes protégeront ». Si ces espaces deviennent des agoras numériques où des problèmes de société émergent et débordent jusque dans la « vie réelle », c’est qu’ils remplissent un vide laissé par les pouvoir publics et les médias.

    Pour Twitter et Facebook, #balancetonporc n’est qu’un hashtag parmi d’autres, intéressant uniquement dans la mesure où il rapporte du trafic. Olivier Ertzscheid rappelle, lui aussi, une vérité qu’on oublie trop souvent :

    « Il n’y a pour ces plates-formes ni victimes ni bourreaux, ni opprimés ni oppresseurs, seulement des usagers et des clients. »

    #Médias_sociaux #Indignation #Activisme #Olivier_Ertzscheid

    • Le texte oublie que ce tag est utilisé par les victimes, c’est pas un tag pour s’indigner, c’est un flot de témoignages par les victimes exaspérées (très majoritairement des femmes). Ceux qui s’en indigne ce sont les gens (tres majoritairement des hommes) qui ont fait les autruches jusqu’ici et qui sont indignés de ne plus pouvoir le faire.
      ce texte fait vraiment pensé à du #mansplannig et une atténuation de la violence de ce que vivent les victimes qui est au dela de l’indignation car c’est de la révolte et de la rébellion.
      Dire que c’est une explosion cathartique c’est aussi deja désactivé et effacé l’idée de révolte. La #catharsis c’est un défouloir symbolique pas une réclamation de justice concrète et politique. Si ces témoignages sont réduit à une vulgaire catharsis ca implique que ca ne sois que de la comédie et que une fois les spectacle fini les choses reprenne leur place, c’est a dire que les hommes pourrons à nouveau violer et agressé en paix.

    • Après, il faut aussi voir la critique globale faite aux médias sociaux, qui permettent l’activisme, mais plus difficilement la construction d’alternatives. Voir le livre de Zeynep Tufekci Twitter and tear gas (traduction à venir au printemps).
      Mais ce à quoi nous assistons est vraiment exceptionnel, vient juste après l’altercation télévisée entre Sandrine Rousseau et Christine Angot, les mises en cause de Denis Baupin (qui était à l’époque vice-président de l’Assemblée nationale). Le New-York Times ne s’y est pas trompé en soulignant l’importance de l’affaire Weinstein... spécifiquement pour la France. C’est que se trouve aujourd’hui une conjonction d’événements et de sentiments assez rares, et qui donc ouvre des perspectives totalement nouvelles. Le moment particulier dans lequel « la peur change de camp », et qui signale des basculements essentiels.

    • Je te met pas en cause @hlc moi aussi je met des articles avec lesquels je suis pas d’accord pour l’archivage. Je réagis à l’article pas à ton choix de le relayé. Et je suis d’accord pour les pbl causé par les réseaux sociaux mais pas de la manière dont en parle Olivier Ertzscheid et cet article (c’est à dire #androcentrisme et #mansplanning ) .

      edit @vanderling cet article est très interessant. Merci pour le signalement.

      « Woody Allen, Bill Cosby, Roman Polanski, DSK, Ghomeshi, Sklavounos, Trump, Cantat… J’en oublie, liste Mme Aurousseau. Le vent souffle fort, la tempête se préparait et la vague actuelle ne vient pas de nulle part. Si on l’envisage dans sa continuité, dans ces tempêtes successives, et qu’on regarde l’ouragan actuel… oui, peut-être qu’en le situant dans un temps continu, à l’échelle occidentale, peut-être qu’on assiste à un changement de culture. »

      Une chose est sûre : tous les spécialistes s’entendent pour dire que ce qui marquerait vraiment un changement, ce serait un électrochoc du système judiciaire — depuis les services de la police jusqu’à la loi, en passant par la façon de l’appliquer — afin « qu’il n’y ait plus une femme sur trois, chiffre Chantal Aurousseau, qu’il n’y ait plus un homme sur quatre qui vivent un événement traumatique lié à leur genre » et qu’il y ait beaucoup, beaucoup plus que trois agressions sexuelles déclarées sur 1000 qui se concluent par une condamnation.
      « MeToo » depuis longtemps MeToo existait déjà. La militante noire Tarana Burke l’a dit une première fois, et fortement, en 1996 — bien avant l’envol, en 2006, de Twitter. C’était un slogan, pas destiné à devenir viral mais à forger une solidarité, plus souvent une sororité, chez les victimes racisées et démunies qui se retrouvent dans des secteurs où organismes de soutien et centres d’aide ne se rendent pas.
      Selon la spécialiste des relations difficiles, des conflits et du harcèlement Chantal Aurousseau, #MoiAussi « est un choix de mots incroyablement juste », choix qui a pu contribuer à nourrir la déferlante. « Ce sont très souvent ces mots-là les premiers, dans l’histoire d’une femme qui témoigne. Juste un like, une émoticône, un “moi aussi” peuvent être déclencheurs. Un petit bout de texte de rien, s’il est bien reçu, peut ensuite ouvrir sur toute une nouvelle appropriation de son propre récit », indiquait Mme Aurousseau lors d’une présentation de l’étude « Témoigner de son agression sexuelle sur les réseaux sociaux : quelle expérience pour les femmes ? », dont elle est coauteure.

      « À force de dire “moi aus­si”, poursuit la professeure en entrevue, ça permet à ces femmes de se voir, de réaliser qu’elles veulent prendre une distance, puis de le faire ; et intérieurement, cette distance les protège de futurs événements. Même si elles ne sont pas arrivées à dire “non” au moment où ça se passait, sentir qu’en dedans d’elles il y a un “non” qui se dit, qui se dresse, fait qu’elles se sentent en sécurité. On a découvert que ce n’est jamais un témoignage, mais “un processus de témoignage” qui fait le travail et qui se construit à travers toutes sortes de gestes. »

      et j’en profite pour isolé un article linké dans ledevoir :
      3 agressions sexuelles déclarées sur 1 000 se soldent par une condamnation. Pourquoi ?

      C’est le seul crime violent dont le taux n’a pas diminué depuis 1999. À quelle étape du processus judiciaire le système laisse-t-il tomber les victimes ?
      http://lactualite.com/societe/2017/10/19/3-agressions-sexuelles-declarees-sur-1-000-se-soldent-par-une-condamnati

      L’article parle du taux très faible de condamnations 3 pour mille par rapport aux total des agressions déclarés par sondages et sur les 3 752 accusations qui passent au tribunal, la moitié (48 %) se soldent par un verdict de culpabilité. L’article parle du Canada, mais en France les condamnations sont souvent ridicules cf : http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/arras-pas-de-calais-le-pere-violait-sa-petite-fille-et-la-mere-ne-disait-

    • L’extrait du texte d’Olivier Ertzscheid a été choisi par le journaliste du Monde et placé dans le contexte de son propre article. Je pense que le texte original veut dire autre chose, centré sur l’analyse des médias sociaux (qui est le projet général d’O.E.). Je ne le lis pas comme « donnant des conseils » (mansplanning), mais comme décrivant ce qu’il voit.
      On le trouve à :
      http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/10/balancetonporc.html

    • Le texte de O.E est moins pourris que celui du e-monde.fr mais il prête quand même de drôles d’idées aux gens en particulier aux femmes.

      Mais accepter que ces débats commencent et se terminent sur Twitter ou sur Facebook serait une catastrophe. Comme serait une catastrophe de croire que ces plateformes protégeront la parole des victimes.

      Je voie pas qui accepte que ca commence et finisse sur twitter et justement les victimes ne donnent pas de noms puisqu’elles savent que la justice donnera raison aux agresseurs comme elle le fait habituellement.

      et il donne quant meme des conseils aux victimes (conseils que je trouve pas mauvais) : « Parce qu’un coup de dé jamais n’abolira le hasard. Et qu’un hashtag jamais, ne rendra la justice. »

    • @mad meg, ce serait bien que tu laisses les personnes de religion juive ou musulmane répondre.

      A l’étranger, c’est le hashtag #Metoo qui a été choisi. Je me demande pourquoi, c’est #balancetonporc en France.

      Il ne faut pas oublier non plus, que le porc a subit une opération chirurgicale l’empêchant d’être un agresseur sexuel.
      P.S. dénoncer, pas dénoncé.

    • Ne pas avoir de testicules comme tu dit du porc ne garantie pas que tu ne puisse pas etre un agresseur sexuel. Aussi pour les juives et les musulmanes j’espère que tu ne considere pas ces personnes comme un bloc qui déciderait d’une manière unique ! Moi j’ai parlé de la notion de pureté pas du choix que feront les femmes. Sinon tes remarques antisémites et ton deni classiste et maintenant ton utilisation des musulmanes sont vraiment détestable. Tu es un grand joueur de #bingo

      @unagi quelle horreures ces réactions sur Twitter. Je plein ce femmes qui se prennent ces torrents de merde masculinistes. Êt l’autre qui exige des noms histoire qu’en plus les victimes se prennent des condamnation pour diffamation ( vu que c’est parole contre parole pour prouver un viol ou une agression sexuelle alors que les Twitter seront des preuves à charge contre elles’

    • @unagi . Effectivement, je n’appartient à aucune de ces 2 religions, c’est pour cela que je pose la question.
      J’ai des amis/relations dans ces 2 religions, je leur poserai la question Lundi.
      Je pensais que sur SeenThis, j’aurai la réponse.

      Curieux @mad meg que tu trouve ma question antisémite , tu catalogues rapidement. Prend le temps de t’expliquer. Pourquoi oublies tu les musulmans.
      Sur twitter, cela aurait été sale . . . .
      Il est vrai que tu as l’exclusivité de la parole quel qu’en soit le moyen.

      As tu déjà participé à une conférence débat autrement que par ordinateur interposé ?
      Avec des des êtres humains ?

      L’utilisation de la tête de porc sur une synagogue, ou de mosquée se porte bien en France.
      C’est pour cela que je pose la question sur l’utilisation d’un hashtag avec le mot porc dedans.
      Ailleurs, c’est le hashtag #metoo .

      J’espère qu’Acrimed nous fera un article sur cette question.
      Le titre de l’Article repéré par Hervé Le Crosnier était : Du danger de (trop) s’indigner en ligne
      Je rajoute : Et de poser des question.

    • Ce que je trouve antisémite c’est pas cette question là c’est ta comparaison entre les femmes victimes d’agressions qui utilisent le tag #balancetonporc et les collabos de la gestapo et ton utilisation du mot #délation . cf : https://seenthis.net/messages/638677#message638741

      Pour ta question d’ici je trouve que c’est de l’instrumentalisation de ta part des femmes juives et musulmanes c’est donc une combo de paternalisme sexiste, islamophobe et antisémite si tu veux le détail. Et je pense ca parceque sur le sujet de ces dénonciations des violences sexuelles que subissent les femmes tu ne cesse de chercher le déni par tous les moyens. Tes premiers messages pour attenué l’aspect sexuel des agressions en effacant l’aspect genré es agressions pour en faire un problème de classes sociale. Ensuite ton utilisation de la gestapo pour qualifier les dénonciatrices et maintenant tes histoires de porcs. Comme quoi les musulmanes et les juives ne pourraient pas écrire le mot porc sur twitter pour dénoncer des agresseurs sexuels sur twitter. Et au passage tu glisse plein de culture du viol insidieuse dans tes messages. Par exemple ta parenthèse sur la castration des porcs qui fait comme si les agressions sexuelles étaient uniquement possibles de la part de mâles non castrés. Je laisse pas passé ce genre de choses.

    • Rendre visible ce qui a lieu, c’est plus que s’indigner, c’est chercher à rendre inacceptable.

      En arabe Halouf (animal impur) est une insulte usuelle. Et il faut ignorer beaucoup pour ne pas le savoir. Idem pour Hellüf en hébreu. Le cochon a pas de chance, omnivore comme nous, il est une figure repoussoir de l’animalité (considéré comme sale, cannibale, si les conditions s’y prêtent) qui est aussi la nôtre. Cochon, porc, schwein, pig, je sais pas si il y a une seule langue ou le terme cochon soit pas injurieux mais j’en serais étonné. Les humains (et parmi eux les hommes au premier chef) sont bien sûr les plus dangereux des animaux, mais lorsqu’ils sont qualifié d’un nom d’animal c’est en général pour pointer une humanité considérée comme défaillante, vue comme soumise à ses instincts les plus vils, indigne.
      Oui, @bce_106_6, cette façon de coller du gestapo et du camp de ci de là hors de propos est non seulement fautive (que peut-on croire décrire ou caractériser ainsi, à tors et à travers..) est insupportable. Et comme je ne suis pas un chien qui opine lorsqu’un morceau de sucre ou de viande lui est offert, les « cadeaux » n’y changent rien.

      Ces prises de parole sont libératrices et c’est ce qui compte. Faire mine de voire que cela ressemble à de la délation alors même que rares sont les noms cités (pas de preuve = procédure pour diffamation), c’est encore une fois tout mélanger.
      Plus qu’une dénonciation, terme effectivement ambigu, j’y vois une critique en acte, il y a un nous les femmes et pas un chacune son histoire, son traumatisme aussi, dire la violence subie est une modalité de combat.

      Une twiteuse disait 1/qu’elle craignait que cela ne change rien 2/puis raconte avoir vu un « frotteur » se prendre des coups de sac (sic) d’autres femmes que celle directement visée.
      https://twitter.com/Lili_etc/status/921123065429360642

      Donc, là le message est clair : si tu te hasarde à faire le porc, fait gaffe à tes miches. Ça me semble pas mal.

      Et puis depuis d’autres positions dominées que celle des femmes, on sait très bien ce que ça donne d’en dire en détail l’inacceptable (si bien naturalisé lorsqu’il est tu), de le contester, et d’agir en conséquence. Cela manque un peu partout, alors faut pas bouder. Je crois qu’on va entendre parler d’effets concrets dans l’espace public, au travail, et, pour une toute petite partie sans doute, dans les familles.

    • Pour répondre plus brièvement à @bce_106_6 : ta question est absurde, les juives et les musulmanes pratiquantes, plus que les autres, ne verront aucun inconvénient à traiter leurs agresseurs du nom de l’animal qui les répugne le plus !
      Ce sont plutôt les amoureuses des animaux qui pourraient hésiter...

    • Avant tout Dror, mes félicitations pour ta retenue et ta politesse.

      Pourquoi cette question ?
      Je me méfie de l’unanimité des MSM (Main Steam Média) et des MS Médias Sociaux, à propos du hashtag vengeur #balancetonporc .
      Il y avait unanimité à propos de #jesuischarlie dans un premier temps.
      Je cherche une explication.

      Je maintient ma question, et seules les femmes juives ou musulmanes ont la réponse, pas d’inquiétude, j’en fréquente.
      Par ailleurs, comme tu l’as deviné, je faisais une étude sur les insultes utilisées sur SeenThis.
      Ma collection de copies d’écran commence à être intéressante.
      Pour ce qui de coller du gestapo ce n’est pas moi qui m’arroge d’avoir la vérité et le monopole sur un sujet de ce blog.

      Il va y avoir des effets concrets dans l’espace public, au travail, et, pour une toute petite partie sans doute, dans les familles, tu as entièrement raison.
      Ce hashtag sera aussi utilisé par les harceleurs(es) (sous un pseudo féminin le plus souvent), sous couvert d’anonymat, tu t’en doutes.
      Rien de plus simple pour se débarrasser de ceux qu’on a dans le nez, un peu comme l’adjectif antisémite. C’est pas moi qui l’ai utilisé.

      On remarquera aussi, que depuis ce hashtag vengeur, le sujet du Harcèlement au travail, envers les femmes ou les hommes, mis sur la place publique par Elise Lucet a disparu des radars.

      Les femmes victimes d’actes insupportables, et pas seulement celles des milieux où s’exerce le pouvoir, méritent mieux que d’être des « balances »

    • Maintenant les victimes de violences sexuelles sont comparées à #jesuischarlie
      Sauf que ces femmes qui s’expriment parlent de violences qu’elles ont subit elles mêmes pas de la mort de quelques journalistes.
      Après les collabos des nazis voici aussi les « balances » c’est à dire celles qui parlent aux flics. On te viol et si tu parle aux flics tu es une sale « balance », les agresseurs sexuels devraient t’envoyer des fleurs tellement tu t’applique à défendre leurs interets. Mais rassure toi les femmes ne peuvent pas balancer aux flics car justement les flics ca les fait marré les violences sexuelles, et ce tag qui te rend tout colère c’est justement une solution trouvé par ces femmes pour se faire entendre malgrès l’étouffoir judiciaire/policier.
      Tu traite les femmes de charlie, en sous entendant que c’est du grégarisme de leur part, mais il y a plus de 600000 agressions sexuelles et viols par an (uniquement pour les personnes de plus de 18ans) et vu l’ampleur des violences sexuelles que les hommes infligent aux femmes c’est normal que ca fasse l’effet d’un raz de marée quant ca tombe. Tu choisi systhématiquement d’attaqué les femmes - bourgeoises-gestapistes-islamophobes-antisémite (en sous entendant qu’utilisé le mot porc pour agresseur sexuel serait une exclusion des musulmanes et juives de la part des victimes qui s’expriment) et maintenant Charlie et « balances ». J’ai hate de voire la suite c’est un vrai festival.
      Sinon pour ta collection d’insultes tu peu ajouter violophile parceque t’es un sacré gros violophile mec vu ton acharnement à faire culpabilisé les victimes de violences sexuelles qui l’ouvre par tous les moyens possibles et imaginables.

      @sinehebdo au sujet de l’aspect spéciste du tag Hypatie en parle ici ; http://hypathie.blogspot.fr/2017/10/balancetonharceleur-enfin-elles.html
      Et je suis d’accord avec elle pour déploré que « porc » ca invisibilise les agresseurs sexuels qui sont des hommes. Ca pose aussi la figure du monstre/inhumain et sur cette figure il y a une phrase dans la femme au couteau :

      "Le problème dans le fait de dépeindre les abuseurs comme étant des monstres 24h/24 c’est que quand une personne fait l’expérience de la violence dans sa propre vie, iel se met à penser “oh, mais il est tellement gentil la plupart du temps, il ne pourrait pas être un abuseur” ou “mais il n’est pas TOUJOURS horrible, il est génial d’habitude, alors il ne peut pas être un abuseur”, et iels font l’erreur de penser qu’iels ne doivent pas être vraiment en train d’être maltraité-es alors qu’en réalité, c’est le cas."

      http://lafemmeaucouteau.tumblr.com

    • Ce n’est pas la première fois qu’une « affaire » de harcèlement ou d’agression sexuels suscite un afflux de témoignages. Ce fut le cas en 2011 après l’interpellation de Dominique Strauss-Kahn

      Reste que l’accueil fait, ces derniers jours, aux appels à dénonciation a été pour le moins partagé. La démarche a été jugée « délatrice » par certains, dans la mesure où l’on encourage les femmes à citer nommément leur harceleur.

      on trouve des propos comme celui-ci :

      « Ces histoires de harcèlements réels ou supposés commencent à bien faire. (…) Cette ambiance de délation et d’ordre moral est vraiment malsaine. A part de réels problèmes de violences sur les femmes, celles-ci doivent apprendre à gérer leurs relations en société, à ne pas avoir d’attitude soumise, ambiguë, et savoir ce qu’elles souhaitent. »

      La « crispation » sur ce sujet du harcèlement et des agressions sexuels dont sont victimes les femmes et – parfois – les critiques de la dénonciation qu’elles en font

      renvoient au fait qu’il existe en France, depuis les années 2000, une rhétorique consistant à véhiculer l’idée que ces violences envers les femmes sont un trait culturel appartenant à certains groupes sociaux. Elles se trouvent donc rejetées dans « l’exotisme » d’une autre culture, et d’une autre catégorie sociale.

      Or, dans le cas du mouvement enclenché ces derniers jours, les témoignages de femmes, par leur nombre et leur diversité, montrent tout à la fois l’ampleur du problème du harcèlement sexuel et le fait que celui-ci concerne toute notre société, qu’il touche toutes les catégories socioprofessionnelles, y compris les plus privilégiées.

      « Montrer que le problème ne peut pas être renvoyé à “eux” mais qu’il existe aussi chez “nous” est un enjeu fondamental du féminisme », explique M. Fassin :

      « Il l’est depuis les années 1980 aux Etats-Unis, date à laquelle les féministes s’efforcent de faire reconnaître l’existence du “date rape”, le viol pendant un rendez-vous, et pas seulement par un inconnu. Et c’est l’enjeu d’une bataille très forte aujourd’hui en France. »

      Dès lors, le problème n’est plus de l’ordre de l’« étranger », il est « parmi nous ». C’est là que se met en place une forme de résistance, selon le sociologue. « Cela pousse à se demander si le harceleur est quelqu’un d’entre nous, et pourquoi on tolère cela. »
      « Trouver que les autres sont des barbares ne coûte rien »

      Mais la violence de certaines réactions est également à la mesure du changement en cours. « Cette résistance, c’est aussi une résistance au fait que les choses sont en train de bouger », analyse le sociologue.

      http://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/10/18/balancetonporc-il-n-est-pas-surprenant-que-certains-hommes-protestent-vigour

    • Je suis convaincu qu’une bonne partie des risques que tu pointes, @bce_106_6 , ne sont que théoriques et que la triste réalité est que rien de tout cela ne se produira pour la bonne et simple raison que dans quelques jours, au mieux quelques semaines, tout le monde sera passé à autre chose et aura oublié tout ça, et les femmes retourneront à leurs harcèlements quotidiens. A mon avis, la vraie question est plutôt « comment faire pour que la campagne actuelle se pérénise dans le temps », mais les médias sociaux sont incompatibles avec le long terme.

      L’autre chose que je remarque dans tes commentaires est que, en soulevant toutes ces questions annexes, tu changes de sujet. Peut-être que c’est involontaire, mais en faisant ça on a l’impression que tu veux qu’on parle plus de la forme que du fond. Je te le dis d’autant plus franchement que je pense que ma petite remarque humoristique sur les cochons est du même acabit, et qu’elle n’avait peut-être pas sa place ici non plus. #BalanceTonHarceleur

  • Tel père, tel fils ? L’#inégalité des chances se maintient – Centre d’observation de la société
    http://www.observationsociete.fr/categories-sociales/tel-pere-tel-fils-du-nouveau-en-matiere-de-mobilite-sociale.html

    Par rapport aux données du début des années 2000 1, les évolutions sont très faibles. La reproduction sociale a très légèrement baissé chez les cadres puisqu’à l’époque 52 % des enfants de cadres sup étaient eux-mêmes cadres, mais inversement les enfants d’employés et de professions intermédiaires deviennent un peu moins souvent cadres supérieurs. Compte tenu des marges d’erreur 2, il est difficile d’y voir une évolution nette, ce qui était déjà la conclusion de l’Insee en 2006 pour la période 1977-2003. Bref, la #stagnation dure depuis près de quarante ans, ce qui commence à faire long d’autant que pendant ce temps le niveau des qualifications s’est nettement élevé.

    Autrement dit, ça régresse salement !

  • Revue Projet » La danse macabre du #néo-malthusianisme
    http://www.revue-projet.com/articles/2017-07-rao_la-danse-macabre-du-neo-malthusianisme

    Le néo-malthusianisme propose des solutions simples pour un monde complexe, fracturé et inquiétant. Il développe une vision dans laquelle Dieu demeure, bien entendu, dans son Ciel, et où tout irait pour le mieux s’il n’y avait la prédilection pour les pauvres, « eux », qui prolifèrent si impudemment. C’est par une véritable alchimie intellectuelle que la société est ainsi parée de caractéristiques biologiques, afin de mieux la contrôler et la recréer. Nous sommes dès lors autorisés à imaginer un monde dénué des dangereuses idées de réorganisation d’un ordre social injuste, tout en accusant ses victimes, ces « eux » qui risquent de nous menacer par leurs exigences d’égalité et de justice. Trompeusement séduisante, cette explication simpliste du monde bénéficie de l’imprimatur de l’État et de toutes les grandes institutions qui diffusent les connaissances et l’information. Elle est constamment réitérée de multiples manières, au point qu’il n’est sans doute pas exagéré de dire que les ressources qui ont été consacrées à la création de ce « bon sens », depuis plus d’un siècle, dépassent celles qui ont été investies dans toute autre idée. Tapies sous la surface, ces idées ont une étrange façon de ré-émerger dans ce que certains perçoivent comme une époque apocalyptique, où le monde que nous connaissons est menacé ou change trop vite à notre goût.

  • La santé et l’accès aux soins :Une urgence pour les femmes en situation de précarité

    Rapport n°2017-05-29-SAN-O27 publié le 29 mai 2017

    Danielle BOUSQUET,
    Présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes
    Geneviève COURAUD et Gilles LAZIMI,
    rapporteur.e.s
    Margaux COLLET,
    co-rapporteure

    hce_la_sante_et_l_acces_aux_soins_une_urgence_pour_les_femmes_en_situation_de_precarite_2017_05_29_vf.pdf
    http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_la_sante_et_l_acces_aux_soins_une_urgence_pour_les_fem

    Contrairement aux idées reçues, les femmes constituent aujourd’hui la majorité des personnes en situation de précarité, que l’on retienne le critère :

    des revenus : elles représentent 53 % des personnes pauvres, 57 % des bénéficiaires du revenu social d’activité ;

    des conditions de travail et du type d’emploi : elles constituent 70 % des travailleur.euse.s pauvres, occupent 82 % des emplois à temps partiel et 62 % des emplois non qualifiés ;

    de la situation familiale : les femmes représentent 85 % des chef.fe.s de familles monoparentales et une famille monoparentale sur trois vit sous le seuil de pauvreté.

    Parce qu’elles sont des femmes, les femmes en situation de précarité subissent donc pleinement les
    conséquences du sexisme, encore présent dans la société en général :

    Dans leur quotidien :

    la prépondérance du sexisme continue de faire peser sur elles la charge mentale liée à l’organisation des charges domestiques et familiales qui entrave leur accès aux soins par manque de disponibilité et par priorisation du soin des enfants et proches. Elles sont également susceptibles d’être exposées aux violences dans leur vie familiale et professionnelle, avec des conséquences sur leur santé
    psychique et physique ;

    Dans leurs démarches de santé : l’#androcentrisme de la #médecine (recherches, diagnostics, protocoles de
    soin...) peut nier certaines spécificités des femmes, au détriment d’un dépistage et d’un traitement efficaces
    de certaines pathologies cérébro-cardiovasculaires notamment.

    Les femmes, quelle que soit leur origine sociale ou leur catégorie socio-professionnelle, font l’objet d’une prise en
    charge plus tardive des MCCV que les hommes, en raison, notamment, du manque d’informations des femmes
    elles-mêmes du fait qu’elles sont également concernées par ce type de pathologies et d’une méconnaissance par
    les praticien.ne.s des symptômes chez les femmes.

    Si les signes caractéristiques d’un infarctus du myocarde chez les hommes sont bien connus : douleur dans la poitrine irradiant la mâchoire et le bras gauche (symptôme absent dans 43 % des cas chez les femmes), les symptômes sont moins nets et moins spécifiques chez les femmes. L’infarctus est, chez elles, le plus souvent précédé de signes avant-coureurs : douleurs dans la poitrine ou dans l’épaule, palpitations lors d’un effort par exemple.

    Ces manifestations sont la plupart du temps négligées par les femmes, qui ont tendance à les croire liées au stress ou à la fatigue. Les femmes et les professionnel.le.s doivent être formé.e.s et informé.e.s qu’un essoufflement peut être le signe avant-coureur d’une pathologie cardiaque. Ces difficultés à respirer, associées à une forte fatigue persistante, peuvent évoquer l’angoisse et orienter à tort le diagnostic vers une anxiété ou une dépression.

    Il est également nécessaire de sensibiliser les femmes à des symptômes pris, à tort, pour des problèmes digestifs : nausées, vomissements, sueurs, douleurs dans l’estomac.
    Alertant sur la sous-estimation des risques cardio-vasculaires chez les femmes, Claire MOUNIER-VEHIER, Présidente de la Fédération Française de Cardiologie, évoque un sexisme des médecins qui conduit à une « double peine, médicale et sociale » liée « à une sous-évaluation des risques ayant pour conséquences un sous-dépistage, un sous-traitement, et une sous-rééducation.
     »
    Cette méconnaissance des symptômes spécifiques conduit les femmes, ou leurs proches, à appeler les services
    plus tardivement que pour un homme. Elles sont en moyenne prises en charge une heure plus tard que les hommes :
    « Les femmes sont moins bien dépistées et prises en charge plus tardivement. Les études montrent qu’elles arrivent dans les services d’urgence une heure plus tard que les hommes... Ce retard de diagnostic est grave puisqu’il peut conduire à un retard de prise en charge thérapeutique. C’est une véritable perte de chance, car les femmes se remettent plus difficilement »
    Professeure Claire MOUNIER-VEHIER, Présidente de la Fédération Française de Cardiologie
    Ainsi, les femmes, elles-mêmes, sous-estiment les risques cardio-vasculaires et, en cas d’accidents, ceux-ci sont pris
    en charge plus tardivement.

    Les résultats sont sans appel : 55 % des accidents cardiaques sont fatals chez les femmes, 43 % chez les hommes.

    #pdf #HCE #femmes #santé #inégalités_sociales