• Belle toute nue | Entente Féminine
    https://ententefeminine.wordpress.com/2013/06/14/belle-toute-nue

    Entre sanglots, cette belle femme en fleur, m’a parlé de sa crainte devant une relation intime, de sa peur d’être jugée et rejetée. Elle n’avait plus de confiance en elle-même, ni sur le plan relationnel, ni sur le plan sexuel parce que son sexe n’était pas ‘normal’ car les lèvres intérieures dépassaient les lèvres extérieures de deux centimètres. Elle savait par elle-même qu’elles étaient anormales après avoir visionné de la pornographie et son constat avait été confirmé par le dernier homme qui s’y est aventuré et qui avait manifesté sa répugnance pour ses grosses lèvres. Parce que ma cliente est une jeune femme du 21ème siècle, il existe une solution clé en main pour toute différence mal vécue : elle avait pris la décision de se faire opérer sa ‘difformité’. Elle avait déjà épargné 1400€ et il lui manquait 600€ pour pouvoir passer à l’acte.

    De mon côté, la tachycardie, l’impression que mon sang bouillonnait, que ma tension avait explosé mais j’ai fait mon mieux pour maintenir un minimum de professionnalisme et pour ne pas hurler ‘ÇA VA PAS, NON ??!!!’ en pleine séance. Rien que l’idée qu’un jeune homme puisse se trouver devant le Saint des Saints, en parler avec révulsion mais y entrer quand-même me paraissait comme une profanation. De cette expérience ma cliente avait retenu qu’elle était anormale et non pas que son mec était un abruti.

    • @jean_no : pour l’anecdote, il y a quelques années déjà, des collègues de boulot m’avaient qualifié de « gérontophile » parce que, devant des photos de femmes nues, j’avais fait part de ma préférence pour une photo d’une femme normale, ridée et avec un pubis intact, plutôt que les espèces de barbies glabres et siliconées.
      Je n’avais pas osé les traiter de pédophile en retour (en plus j’étais en minorité :-), mais ce retournement des déviances m’avait fortement choqué à l’époque...
      Sur le fond, je crois que l’on est plus dans le spécisme (rejeter nos points communs avec les animaux, sauf pour ce qui est de la virilité « bestiale » bien entendu) que dans le jeunisme.
      Je crois que tous ceux qui ont grandi avec l’image de Barbie comme symbole de la femme sexuelle ne doivent pas aimer les poils aujourd’hui, mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un lien avec les corps juvéniles...

    • En parallèle à ces injonctions visant à standardiser le corps des femmes, se développe de plus en plus une « séduction » où la femme devient un mélange entre une proie et une marchandise. Le blog « socialisme critique » en a récemment fait une analyse marxiste intéressante http://seenthis.net/messages/194037
      Peut-être qu’une des échappatoires serait de propager une séduction féministe et anticapitaliste.
      Ceci dit on part de loin, car pour réancrer le rapport humain au centre des relations intimes il faut un minimum reprendre contact soi-même avec sa pleine humanité.
      En même temps, fonctionner hors de ces rôles (du « PUA » et de la poupée calibrée, en forçant le trait), les tourner en dérision, mieux respirer en étant soi, seraient peut-être des choses à mettre en avant.
      Je crois qu’au fond la majorité des gens étouffe mais que si aussi peu s’extraient de certains formatages c’est faute d’être en contact avec ce qui en eux étouffe, et surtout faute de pouvoir imaginer fonctionner autrement.

    • @jean-no : de même les filles ne rêvent pas d’un buste de gamine. Je pense donc que l’enfance ne fait pas rêver du point de vue sexuel. Mais des corps d’humains « purs », sans poils, sans ces affreux vestiges d’hommes préhistoriques que nous sommes, ça me semble plus vendeur. Inconsciemment, je pense que l’amour du glabre est en rapport avec le fantasme de l’eugénisme. On a été sélectionné au fil du temps, nous ne sommes plus des animaux. Et n’oublions pas que nous avons franchi le cap de l’an 2000, nous avons basculé dans l’ère de la modernité :-)

  • L’éloge des femmes passives
    http://lmsi.net/L-eloge-des-femmes-passives

    La figure de la « dompteuse de garçon », c’est-à-dire partie prenante de l’acte, fait aussi office d’image repoussoir. La femme « prédatrice » demeure une représentation du danger et n’est pas, dès lors, considérée comme séduisante aux yeux des garçons. Il semble que ce magazine ait intégré et de fait relaie l’idée qu’une femme qui affirmerait son appétence sexuelle s’exposerait à être assimilée à une prostituée, une fille disponible sexuellement aux désirs masculins. Ainsi, comme le souligne Ilana Löwy,

    « La réputation sexuelle négative des filles « faciles » exprime un point de vue masculin. Une fille expérimentée met les garçons mal à l’aise parce qu’elle peut juger leur performance sexuelle ; celle dont l’expérience est limitée ne perturbe pas l’ordre « naturel » des relations sexuelles, dans lequel le garçon est supposé prendre l’initiative, et la fille, le suivre. Ces réputations sont établies par les garçons, souvent avec la collaboration d’autres filles. En l’absence d’équivalent masculin à la « fille facile », les filles n’ont pas la possibilité symétrique d’établir la réputation sexuelle négative d’un garçon. Finalement, le groupe des garçons détermine les réputations sexuelles des individus des deux sexes ; asymétrie qui découle de la domination des représentations masculines de la #sexualité. » [5]

    En définitive, cette utilisation ambivalente de la « porno-star » permet de suggérer aux lectrices l’importance d’exposer une féminité, qui demeure une performance de genre, mais qui se doit d’être respectable.

    Enfin, ce mensuel offre la représentation d’une sexualité tournée vers l’autre, et de fait, vers les hommes, et dans ce cadre hétérosexuel, alimentant l’#androcentrisme en matière de sexualité. En effet, la figure masculine devenant système de référence, la sexualité féminine ne semble alors exister qu’en référence à celle-ci. Ainsi, le désir féminin dans certains articles est passé sous silence, le plaisir est soumis à condition et la sexualité semble circonscrite à un cadre conjugal et affectif.

    Dans un article d’avril 2008 « Sexy guide. Faire l’amour !!! On attend quoi au juste ? » sont exposées huit motivations possibles pour une jeune fille d’avoir un rapport sexuel : « Le big love ? », « Le bon endroit ? », « Mes 17 ans ? », « Un mec hyper amoureux ? », « Un Jules très doué ? », « Un garçon romantique ? », « Un rendez-vous chez le gynéco ? », « Les copines ? ». Ainsi, l’amour, la situation spatiale, l’âge, le partenaire, la visite chez un médecin et les paires sont donc présentés comme des raisons valables pour avoir un premier rapport sexuel. Mais le désir n’est à aucun moment mentionné, qu’on aurait pu imaginer par la formulation suivante, simple : « Parce que vous en avez envie ? ».

    cc @beautefatale