• Le Soin est-il soluble dans l’innovation ? (2) : innover ! DR BB
    Pédopsychiatre en #CMPP, MONTREUIL Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/dr-bb/blog/041021/le-soin-est-il-soluble-dans-l-innovation-2-innover

    Plutôt que de défendre le fondement des pratiques soignantes, il s’agit désormais de forcer l’innovation lucrative, sur un mode managérial et autoritaire. Petit tour d’horizon d’une tendance qui pourrait presque devenir comique si elle n’était pas absolument tragique…

    "C’est d’abord nos vies que nous mutilons, si nous réduisons le sens de l’idée de soin (...), sans y voir qu’il est ce qu’il est toujours aussi, à savoir : une relation entre les hommes, subjective et même créatrice de subjectivité (sans laquelle nous ne serions pas des individus), une relation morale, mais aussi sociale et donc déjà politique, un rapport au monde et même un souci du monde, naturel aussi bien que culturel, écologique aussi bien que politique" (Frédéric Worms)

    « La langue du Capitalisme Néolibéral – la LCN, en abrégé – requiert absolument le bariolé dans l’identique : le " c’est comme ça" doit s’énoncer dans une multitude d’endroits, « manifestement » indépendants les uns des autres.

    « On » parle, pas une machine coordonnée d’oppression discursive » (Sandra Lucbert)

    Après avoir survolé les présupposés incontournables de toute posture soignante, examinons maintenant ce qu’il en est des perspectives dans le domaine du #soin_psychique.

    Commençons sans transition par la dénonciation véhémente de Laurent Laporte, cadre infirmier en psychiatrie, secrétaire de l’UFMICT (Union Fédérale des Médecins Ingénieurs Cadres et Techniciens) : « Ce que je constate sur le terrain, c’est qu’on ferme de plus en plus de lits, on a de moins en moins de personnels, du coup on a une activité qui baisse et, du coup, on a moins de budget. Voilà le cercle vicieux qui est à l’œuvre. On ferme comme ça des services entiers. C’est de l’#anti-psychiatrie_économique. Car en réalité, ce n’est pas le besoin en psychiatrie qui baisse, mais l’offre. À ce rythme-là, on pourrait constater des fermetures d’hôpitaux psychiatriques, de centres en ville. Au final, on va laisser les parents, les enfants, les familles s’occuper des leurs qui ont des troubles psychiatriques, à charge à eux de trouver des solutions alternatives à la prise en charge publique. Ça va être une grosse catastrophe parce que c’est un public qui, à défaut de structures institutionnelles pour les accueillir, va finir dans la rue, dans les squats, à la Une des faits divers. Il y a un laisser-tomber de cette population-là de la part des pouvoirs publics qui est honteux. »

    « Les directions rationalisent ce sacrifice pour pouvoir équilibrer leur budget ».

    Nonobstant, au décours de la grande mascarade des « Assises », « les promoteurs de la "#santé_mentale" remportent le marché avec la création de plateformes, d’applications numériques tandis que se meurent les pratiques humanistes mettant au coeur de la #psychiatrie les liens thérapeutiques de confiance, la relation inter-individuelle (le temps qu’il faut), les droits des patients », comme s’en indigne le Printemps de la Psychiatrie. « Plus de virtuel, moins de réel. Plus d’écran, moins de soignants et d’accompagnants sont les slogans conclusifs de ces Assises. Des start-up de la santé mentale pour remédier au crash down de la psychiatrie ».

    On continue donc à sacrifier le Soin au nom d’impératifs gestionnaires. Néanmoins, nos dirigeants, la main sur le cœur, ont pu verser de grosses larmes de crocodiles en insistant sur le fait que les soignants méritaient toute leur reconnaissance et leur respect....Vous savez où on s’la fout votre commisération ! 

    Le service public étant débordé, à force d’austérité et de démantèlements délibérés, on en appelle désormais au secteur privé, à travers notamment le conventionnement des psychologues pour des forfaits de consultations sur prescription médicale. Comme le souligne le comité de coordination du collectif des #psychologues du Grand Ouest, "pour être remboursé, il faudra consulter au moins un médecin – qui est déjà débordé –, et lui dévoiler son intimité. Selon son appréciation, dix séances renouvelables une fois, pourront être accordées. Le psychologue sera choisi sur une liste « agréée » ; ce ne sera donc pas forcément celui qui était souhaité. Ce dernier transmettra au médecin un bilan après les séances, qui sera notifié dans le dossier médical partagé, consultable par les professionnels de santé. Au-delà des 20 séances ? Fin du dispositif. Il fallait aller mieux avant !".

    #soin #toctoc

  • Psychiatrie confinée et nouvelle anti-psychiatrie covidienne, Mathieu Bellahsen
    https://blogs.mediapart.fr/mathieu-bellahsen/blog/290320/psychiatrie-confinee-et-nouvelle-anti-psychiatrie-covidienne

    Depuis bientôt quinze jours, les équipes de #psychiatrie, les patients et leurs familles ont du s’adapter à la situation nouvelle qu’impose le #confinement de la population. La transmission possible du virus impose des règles strictes dans les lieux de soins allant à rebours de ce qui permet habituellement le #soin psychique.

    Depuis deux semaines, un genre nouveau d’#anti-psychiatrie dicte les règles de la psychiatrie confinée. Cette anti-psychiatrie covidienne rend difficile la possibilité même de #soins_psychiatriques et psychiques. Pour autant, tenter un décryptage sur le vif de ce qui se passe et partager quelques initiatives est nécessaire pour que ce confinement ne rime pas avec de nouveaux cloisonnements.

    Evolution des antipsychiatries

    Comme nous l’avons développé ailleurs1, la notion d’anti-psychiatrie fluctue au grès du fond de l’air de la société.

    Dans les années soixante, la première anti-psychiatrie porte une critique radicale de la psychiatrie asilaire et disciplinaire telle qu’elle s’est construite au XIXème siècle et développée dans la première partie du XXème siècle. Cette critique politique s’inscrit dans un lien à des pratiques d’émancipation générale de la société. Elle met en question le modèle médical de la première neuropsychiatrie, celle qui ne distingue pas encore la neurologie de la psychiatrie.

    Dans les années 1980, ce discours antipsychiatrique se lie à de nouvelles pratiques gestionnaires de groupes homogènes de malades, de rationalisation (et donc diminution) du coût des prises en charges. L’antipsychiatrie gestionnaire reprend les discours critiques de la séquence précédente mais ce ne sont plus les pratiques de soin qui comptent le plus mais les pratiques de bonne gestion et donc de diminution des coût sous prétexte de désaliénation.

    A partir des années 2000, la santé mentale s’impose comme la notion réorganisatrice du champ de la psychiatrie. Les pratiques de déstigmatisation lient l’émancipation de la psychiatrie à son analogie au modèle médical classique. La maladie mentale doit devenir « une maladie comme les autres ».Puis viendra la notion d’inclusion qui, en se présentant comme un terme positif, retourne le stigmate de l’exclusion et se substitue à la déstigmatisation. L’inclusion est une notion piège et dans la société néolibérale concoure une « l’exclusion de l’intérieur ».

    En 2014, à partir du champ de l’autisme, Loriane Bellahsen décrypte une nouvelle antipsychiatrie2 qui prend appui sur le modèle médical et plus précisément le cerveau. Le psy s’efface au profit du neuro par l’intermédiaire des sciences « neuros » alors en vogue dans le champ social. L’assomption des troubles du « neuro-développement » légitime un certain type de pratique qui s’appuie sur une hégémonie politique que nous qualifierons de neuropolitique avec Pierre Dardot, Christian Laval, Ferhat Taylan et Jean François Bissonnette.

    Poursuivant ces travaux, Pierre Dardot caractérise l’antipsychiatrie contemporaine comme « une médecine totale et exclusive, une médecine éliminativiste . Il ne s’agit pas non plus d’un simple retour de balancier qui verrait une « anti-antipsychiatrie » des usagers succéder à l’« antipsychiatrie » des psychiatres. Avec la nouvelle antipsychiatrie, nous avons affaire, à la lettre, à une véritable « psychophobie » qui procède d’un véritable fanatisme de l’objectivation scientifique. »3

    Dans « la révolte de la psychiatrie », paru début mars 2020, nous reprenons ces travaux avec Rachel Knaebel et Loriane Bellahsen en faisant l’hypothèse que la nouvelle antipsychiatrie 2.0 est un alliage entre :

    – l’antipsychiatrie gestionnaire précédente qui s’accommode de la société néolibérale,

    – l’antipsychiatrie psychophobe qui s’émancipe de la psychiatrie à partir du modèle médical de diagnostic et de tri (et non contre lui)

    – la nouvelle neuropsychiatrie qui s’origine dans les sciences du cerveau, le big data et les technologies numériques.

    A l’intérieur de ces strates de la nouvelle antipsychiatrie peuvent toutefois émerger des pratiques et des luttes plus ou moins radicales comme en témoigne les courants au sein de la neurodiversité : celle-ci pouvant servir tantôt à mettre en question l’ensemble de l’institution de la société (CLE autisme), tantôt à s’accommoder de « compensations » pour rejoindre les normes sociales dominantes.

    La psychiatrie confinée

    Dans le même temps, les politiques d’austérité et de destruction du système de santé se poursuivent. Des luttes se disséminent dans tous les secteurs du soin : en psychiatrie,4 dans les EHPAD, aux urgences puis dans l’ensemble de l’hôpital public.

    Deuxième semaine de mars, les pouvoirs publics commencent à prendre des mesures face à la pandémie de COVID 19. Sur fond de pénurie organisée par les politiques publiques et renforcée par le lean managment, les discours guerriers des gouvernants se marient aux promesses sans lendemain. Quelques jours plus tard et pour parer au risque mortel que propage le virus sur un système de soin détruit par des politiques abusives et criminelles depuis des années, la psychiatrie se confine.

    Dans les pratiques quotidiennes de la psychiatrie confinée, la séquence COVID réactive des strates enfouies des psychiatries et des anti-psychiatries puisqu’il s’agit de faire l’inverse de ce que l’on fait d’habitude. Une série de renversement coronaviriens se font dans l’urgence de la situation. Ils sont nécessaires mais ils posent question pour le présent et pour la suite.

    Je souhaite donc faire état, de façon nécessairement subjective, de ce qui se passe au quotidien dans le secteur de psychiatrie générale où j’exerce. (...)

    Concrètement, nous avons mis en place dans l’urgence une première unité COVID dans notre hôpital psychiatrique de campagne, loin de tout, sans plateau technique. Et l’image mentale de voir mourir les personnes qui vont y être admises, les yeux dans les yeux, faute de matériel, faute de compétences médicales non psychiatriques suffisamment avancées, commence à nous hanter. Très vite, quatre de nos patients sont dans cette unité dont l’un d’eux en mauvaise forme physique. Alors que certaines de ses constantes ne sont pas bonnes, les secours refusent de le transférer dans un hôpital général. Il n’y a quasiment plus de lits en unité COVID dans les hôpitaux généraux alentours, plus de place en réanimation. Finalement, il va mieux. Mais si l’un des nôtres en a besoin ?

    Devant cette situation de la catastrophe en cours et à venir, la directrice et les soignants de l’hôpital général avec qui nous sommes en « direction commune » acceptent immédiatement de transférer cette unité COVID pour les patients psys au sein de leur hôpital général à 40 kilomètres de là, dans un autre département. Cette solidarité concrète tempère les peurs de reviviscences eugénistes. Et dans ce moment, ce n’est pas rien. C’est même tout à fait essentiel.

    Pour autant les discours sur la saturation à venir dans tous les services, le tri de ceux qui vivront et ceux qui mourront se fait de plus en plus pressant.

    Rappelons que ces choix impossibles ne sont pas les nôtres en tant que soignants même si en bout de course ce sont les soignants qui les assument. Ce cadre de choix, nous en sommes collectivement responsables en tant que citoyens quand on s’accommode toujours plus à l’idée que l’organisateur suprême de la société c’est la concurrence, l’argent et la finance.

    Ce qui a présidé à ce genre de choix définitif (qui va vivre qui va-t-on laisser mourir), est le cadre néolibéral mûri depuis des années avec toutes ces réformes. Voilà le réel des éléments de langage, de la communication et de la langue positive de ces réformes promouvant l’égalité, l’universalité, la santé… Le réel de ces mots ce sont les morts consécutifs à ces choix enrobés de novlangue managériale. Qui est responsable de ces choix impossibles, délétères, cruels, si ce n’est l’évolution néolibérale de la société et ceux qui ont endossé ses habits de luxe et de mépris ? (...)

    Excellent papier dont ces deux extraits ne suffisent pas à rendre compte. À l’inverse du machin à la Y a pas de problème en psychiatrie les fous s’adaptent très bien, que le Favereau de Ration a publié : En psychiatrie, l’étrange calme pendant la tempête
    https://www.liberation.fr/france/2020/03/26/en-psychiatrie-l-etrange-calme-pendant-la-tempete_1783216

    Comme dans les prisons, les Ehpad, et d’autres lieux disciplinaires, avec les nombreuses pathologies que se trimballent pas mal de psychiatrisés, on peut craindre un remake de la décimation des fous durant la seconde GM (principalement par famine, à l’époque)
    #toctoc

    #eugénisme rampant ou pas #pathoplastie #psychothérapie_institutionnelle #expertise the real one, celle qui procède de l’expérience

  • Les dangers de la #sécurité - Métropolitiques
    http://www.metropolitiques.eu/Les-dangers-de-la-securite.html
    A propos du livre Harvey Molotch, Against Security : How We Go Wrong at Airports, Subways, and Other Sites of Ambiguous Danger, Princeton, Princeton University Press, 2012.

    En réalité, la sécurité des passagers est inventée au quotidien par les travailleurs du métro eux-mêmes. Ainsi en va-t-il de ces chefs de stations qui déconnectent les tourniquets à la sortie des classes, pour que les enfants ne s’y trouvent pas coincés. C’est aussi le cas de ce conducteur qui désobéit aux instructions du centre de contrôle et laisse monter les passagers réfugiés sur le quai de la station du World Trade Center le jour des attentats du 11‑Septembre. En effet, les capacités d’invention que les acteurs mettent en jeu dans leur quotidien de travail ne disparaissent pas dans les situations de danger exceptionnel ; elles guident, au contraire, des réflexes souvent salvateurs. Toute politique publique de sécurité devrait donc viser à les préserver, ce qui est l’une des principales recommandations à laquelle aboutit Molotch en conclusion de ce chapitre stimulant.
    L’inquiétante transformation des aéroports

    Le quatrième chapitre prolonge cette réflexion sur la tension entre capacité de résilience des acteurs et les dispositifs bureaucratiques de sécurité en analysant les aéroports. Autrefois symboles de liberté captivant l’imagination populaire, ces lieux ont été transformés en machines de sécurité qui ressemblent à s’y méprendre aux institutions totales décrites par Erving Goffman (1968). Passer les contrôles de sécurité s’apparente aujourd’hui, mutatis mutandis, à entrer dans une prison. Ces mesures incitent les passagers à se conformer aux gestes précis qui sont exigés d’eux, plutôt que d’exercer leurs facultés d’observation sur ce qui se passe autour d’eux. Cette attitude serait pourtant bienvenue d’après l’auteur, dans la mesure où les files d’attentes aux contrôles représentent des cibles molles (soft targets), aisément accessibles pour d’éventuels attentats.

    Au demeurant, ces dispositifs sont à tout le moins injustes et inefficaces. Injustes car ceux qui ont suffisamment d’argent parviennent à se soustraire sans coup férir aux contrôles. Qu’ils soient enregistrés sur un programme de « voyageurs de confiance » (trusted travelers) ou bien qu’ils aient loué les services d’un jet privé, les riches n’ont pas à se soumettre aux fouilles. Injuste également car certains voyageurs sont plus contrôlés que d’autres. Les ressortissants de pays du Proche-Orient, bien sûr, mais aussi ceux qui ont acheté un billet simple, à la dernière minute et en espèces. Inefficaces, ensuite, car ces contrôles de sécurité n’ont joué aucun rôle dans la neutralisation d’attentats ciblant des avions. D’ailleurs, les opérateurs qui scrutent les écrans, par ennui ou lassitude, laissent passer de nombreux objets interdits : liquides, composants de bombes, voire armes à feu oubliées par leurs propriétaires. Et les techniques de profilage sur les comportements « anormaux » sont aisées à déjouer : il suffit de paraître « normal ».

    Ces mesures sont également néfastes. Une étude de l’université de Cornell a montré que ces contrôles de sécurité aux aéroports ont détourné un nombre massif de voyageurs du transport aérien aux États-Unis, surtout dans le corridor nord-est, où la voiture est une alternative plausible à l’avion. Cette étude estime à 2 300 le nombre de tués sur la route qui en a directement résulté pour la seule période 2001‑2002, soit presque l’équivalent du nombre de victimes du 11‑Septembre.

    • Asylums
      https://en.wikipedia.org/wiki/Asylums_%28book%29

      Asylums: Essays on the Social Situation of Mental Patients and Other Inmates is a 1961 book by sociologist Erving Goffman.[1][2] Asylums was a key text in the development of deinstitutionalization.[3] The book is one of the first sociological examinations of the social situation of mental patients, the hospital. Based on his participant observation field work, the book details Goffman’s theory of the “total institution” (principally in the example he gives, as the title of the book indicates, mental institutions) and the process by which it takes efforts to maintain predictable and regular behavior on the part of both “guard” and “captor,” suggesting that many of the features of such institutions serve the ritual function of ensuring that both classes of people know their function and social role, in other words of “institutionalizing” them.

      Ici on trouve quelques extraits du livre :
      http://studymore.org.uk/xgof.htm#Asylums

      #anti-psychiatrie

  • #Entretien avec #Félix_Guattari qui évoque entre autres la tyrannie des thérapies comportementales qui n’ont qu’un seule objectif selon lui, celui de construire des individus qui intègre le « système »

    Partie 1
    http://www.youtube.com/watch?v=jXi8eNHlSM4

    http://1libertaire.free.fr/Guattari16.html

    Né le 30 mars 1930, à Villeneuve-les-Sablons (Oise), Félix Guattari passa son enfance et son adolescence dans une proche banlieue ouvrière de Paris, à La Garenne. Les bouleversements considérables de cette période ont marqué profondément son existence : lui-même faisait très souvent référence à ce qu’il avait baptisé le « complexe de 1936 ». Indirectement touché — vu son jeune âge — par l’éclatement des mouvements de jeunesse et la dispersion des idéaux politiques, en opposition avec son milieu familial relativement aisé, il connut sa première grande rupture émancipatoire avec la rencontre qu’il fit de #Fernand_Oury, artisan passionné du futur mouvement de #Pédagogie_institutionnelle.

    Encouragé par le frère de Fernand, #Jean_Oury, #psychiatre, il s’oriente à partir de 1950 vers la #psychiatrie, alors en pleine effervescence. Par son « don » des rencontres, par sa rapidité d’esprit et son insatiable curiosité, il sut intégrer de façon très ouverte de multiples univers — philosophie, #ethnologie, #linguistique, architecture, etc. — afin de mieux définir l’orientation, la délimitation et l’efficacité de l’acte psychiatrique. Avec Jean Oury, dont il était devenu depuis 1955 le principal collaborateur, il poursuivit cette recherche à la clinique psychiatrique de #La_Borde à Cour-Cheverny. Lieu de stage pour d’innombrables étudiants, philosophes, #psychologues, ethnologues, #travailleurs_sociaux, La Borde resta pour Félix Guattari le principal ancrage.

    Partie 2
    http://www.youtube.com/watch?v=hUj-UmEvITE

    Il participa au mouvement du #G_T_psy, qui regroupa de nombreux psychiatres au début des années soixante et créa la Société de psychothérapie_institutionnelle en novembre 1965. C’est au même moment que Félix Guattari fonda, avec d’autres militants, la F.G.E.R.I. (Fédération des groupes d’études et de recherches institutionnelles) et sa revue Recherches , s’ouvrant sur la philosophie, les mathématiques, la psychanalyse, l’#éducation, l’architecture, l’ethnologie, etc.

    La #F_G_E_R_I. représentait l’aboutissement des multiples #engagements #politiques et culturels de Félix Guattari : le Groupe jeunes hispano, les Amitiés franco-chinoises (à l’époque des communes populaires), l’opposition active à la #guerre d’#Algérie, à la guerre du #Vietnam, la participation à la M.N.E.F., à l’U.N.E.F., la politique des bureaux d’aide psychologique universitaire (B.A.P.U.), l’organisation des groupes de travail universitaire (G.T.U.), mais également les réorganisations des stages des centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (C.E.M.E.A.) pour infirmiers psychiatriques, ainsi que la formation d’Amicales d’infirmiers (en 1958), les études sur l’architecture et les projets de construction d’un hôpital de jour pour « étudiants et jeunes travailleurs ». Très influencé par le travail de #Lacan — dont il fut l’analysant jusqu’en 1960 —, il prit cependant quelques distances vis-à-vis de l’élaboration théorique de celui-ci. Il fut l’un des acteurs des événements de mai #1968, à partir du Mouvement du 22 mars. Engagé #existentiellement et #éthiquement dans cette remise en question des valeurs fondamentales, c’est alors qu’il rencontra #Gilles_Deleuze à l’#université_de_#Vincennes — deuxième grande rencontre.

    Partie 3
    http://www.youtube.com/watch?v=Fk_OrkMG5YI

    Dans son dernier livre, #Chaosmose (1992), dont le thème est déjà partiellement développé dans Qu’est-ce que la philosophie ? (1991, avec G. Deleuze), Félix Guattari reprend son thème essentiel : la question de la subjectivité. « Comment la produire, la capter, l’enrichir, la réinventer en permanence de façon à la rendre compatible avec des Univers de valeur mutants ? Comment travailler à sa libération, c’est-à-dire à sa re-singularisation ? [...] Toutes les disciplines auront à conjoindre leur créativité pour conjurer les épreuves de #barbarie. » Cette idée revient comme un leitmotiv, depuis Psychanalyse et #transversalité (regroupement d’articles de 1957 à 1972) jusqu’aux Années d’hiver — 1980-1986 (1985) et aux Cartographies #schizo-analytiques (1989). Il insiste sur la fonction de récit #« a-signifiant », lequel joue le rôle de support d’une subjectivité en acte, à partir de quatre paramètres : « Les flux sensibles et signalétiques, les #Philum de propositions #machiniques, les #Territoires #existentiels et les Univers de référence incorporels. » Ce travail d’#écriture est en prise avec ses engagements #sociopolitiques et culturels, comme en témoignent les Neuf Thèses de l’opposition de #gauche . Il est l’un des principaux organisateurs de l’opération « Un milliard pour le Viet-Nam ». En 1967, il figure parmi les fondateurs de l’#Osarla (Organisation de solidarité et d’aide à la révolution latino-américaine).

    Partie 4
    http://www.youtube.com/watch?v=aleBHgDS-Qg

    C’est au siège de la F.G.E.R.I. que se rencontrent, en 1968, Daniel Cohn-Bendit, Jean-Jacques Lebel, Julian Beck... En 1970, il crée le C.E.R.F.I. (Centre d’études et de recherches et de formation institutionnelle) qum reprend la direction de la revue Recherches . Celle-ci publiera des ouvrages relevant de domaines variés, avec la participation de #Gilles_Deleuze, Theodor Zeldin, #Michel_Foucault... Plus tard, soutenant les radios libres, il fonde #Radio Tomate en 1980. Il est attiré par l’expérience #gauchiste autonome italienne. Dans la lignée de #Basaglia, puis de #Rotelli, il participe aux élaborations de l’expérience psychiatrique de #Trieste. Son voyage à Athènes puis à l’île de Léros le met directement en contact avec la révoltante misère psychiatrique concentrationnaire. Ses engagements et son travail philosophique lui ayant valu une renommée internationale, il est reçu dans les universités du Japon, du Brésil, des États-Unis, du Canada, etc. C’est alors qu’il s’engage dans les mouvements #écologiques, essayant de trouver une voie autre que celle de la droite ou de la #« vieille gauche ». Dans #Les_Trois_Écologies (1989), il soutient que l’#« écologie_environnementale » devrait être pensée d’un seul tenant avec l’#écologie_sociale et l’#écologie_mentale, à travers une « écosophie » de caractère #éthico-politique. Au printemps de 1987, il fait paraître, avec Deleuze, le premier numéro de la revue #Chimères. Ses multiples engagements, ponctués par un séminaire se tenant chez lui à Paris, ne l’empêchaient pas de poursuivre avec Gilles Deleuze un travail philosophique scandé par la parution d’ouvrages fondamentaux, tels que #Mille_Plateaux (1980), #Rhizome (1976), #Kafka, pour une littérature mineure (1975). Leur premier livre en commun, L’Anti-Œdipe (1972), avait fait scandale. Ils soutenaient que le délire est « l’investissement inconscient d’un champ social historique ». Critiquant l’élaboration théorique de la psychanalyse, ils proposaient la notion de #« machines_désirantes » ainsi qu’une pratique originale : la #« schizoanalyse ». C’est dans cette perspective que Félix Guattari écrivit #la_Révolution_moléculaire (1977) et #L_Inconscient_machinique (1979).

    Partie 5
    http://www.youtube.com/watch?v=CV_w--wir50

    #Psychanalyse #Philosophie #Anti_oedipe #Individuation #Domination #Anti-psychiatrie #Subjectivité #Perception #Transmission #Structuralisme #Scientisme #Ethique #Ecosophie #Sciences_sociales #Psychologie #Singularité #Esthétique #Technoscience #Mass_média #Livres #Vidéo