• Manifestations anti-Tech à San Francisco
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/06/02/manifestations-anti-tech-a-san-francisco_5308658_3234.html

    La grande banderole jaune donne le ton : « la techsploitation est toxique ». Au sol, une dizaine de trottinettes électriques de location sont empilées. Jeudi 31 mai, les démonstrations anti-tech ont repris à San Francisco (Californie). Une cinquantaine de manifestants, vêtus d’une combinaison blanche, ont bloqué pendant une heure plusieurs bus transportant les salariés de Google, de Facebook et de YouTube vers la Silicon Valley.

    Au cœur des critiques : l’impact des sociétés technologiques, notamment sur les loyers. Depuis près de dix ans, les prix des logements ont explosé dans la région en raison de l’afflux de salariés du high-tech, dont la rémunération annuelle moyenne dépasse les 100 000 dollars (86 000 euros). Cette évolution a accéléré le phénomène de gentrification. Et le nombre de sans-abri a explosé.

    Deux mondes se côtoient

    Après les « Google Bus », les trottinettes électriques pourraient bien devenir un symbole de la contestation sociale. En moins de trois mois, plusieurs milliers d’exemplaires ont été déployés dans la ville par trois start-up, sans aucune autorisation. Elles peuvent être louées grâce à une application mobile pour un dollar. Mais elles agacent une partie de la population car elles sont souvent mal garées ou sont utilisées sur les trottoirs.

    La manifestation a eu lieu dans le Mission District, l’un des quartiers les plus chers de San Francisco. Ici, deux mondes se côtoient. L’historique, populaire et majoritairement latino, et le nouveau, qui gagne du terrain avec ses restaurants branchés et ses boutiques vintages. Fin avril, les tentes d’une centaine de SDF ont été enlevées par les services municipaux. « Nettoyer la tech, pas les tentes », proclamait une banderole.

    Entre la fin 2013 et le printemps 2014, plusieurs blocages avaient déjà eu lieu. Mais le mouvement s’était rapidement essoufflé, non sans quelques dérapages. Cette nouvelle vague de manifestations intervient à quelques jours d’une élection municipale très indécise. L’une des favorites du scrutin, la démocrate London Breed, est régulièrement attaquée pour ses liens avec plusieurs personnalités du tech.

    Voir aussi :
    https://www.nytimes.com/2018/05/31/us/google-bus-protest.html
    http://abc7news.com/traffic/protesters-use-scooters-to-block-traffic-in-sfs-mission/3545854

    #techsploitation #GAFAM #Silicon_Valley #gentrification #anti-tech #épuration_sociologique

  • A San Francisco, les manifestations anti-high-tech reprennent | Silicon 2.0
    http://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2016/02/10/a-san-francisco-les-manifestations-anti-high-tech-reprenn

    A San Francisco, les manifestations anti-high-tech reprennent

    Des bus bloqués par des manifestants. A San Francisco, les protestations anti-high-tech ont repris mardi 9 février, près de deux ans après les derniers soubresauts du précédent mouvement. Peu avant 9 heures, plusieurs opérations ont été menées dans le quartier de Mission, l’un des symboles des transformations sociales de la ville. Plusieurs véhicules ont été bloqués. Ils transportaient des employés de Facebook et de Yahoo vers leurs bureaux situés dans la Silicon Valley, à environ une heure de route.

    HAUSSE DES LOYERS

    Ces nouvelles manifestations interviennent alors que les autorités de San Francisco s’apprêtent à étendre un programme pilote permettant à 125 navettes d’utiliser les arrêts de bus de la ville. Arrivé à échéance le 1er février, il devrait être prolongé pour un an supplémentaire. La municipalité assure que ce délai va lui permettre de poursuivre ses études sur la qualité de l’air. Et aussi sur l’accélération de la gentrification dans les quartiers desservis par les navettes affrétées par Google, Apple, Facebook et autres.

    #anti-techies

  • « Défendre nos villes contre les ravages du techno-capitalisme »
    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/05/01/defendre-nos-villes-contre-les-ravages-du-techno-capitalisme_4410220_651865.

    Pourquoi avez-vous commencé à protester ?

    Etre témoin des expulsions de locataires à San Francisco, assister à la prolifération des technologies de surveillance, voir de nos yeux la dévastation de l’environnement a suffi à nous pousser à agir. Nous ne pouvions plus rester assis et regarder cette dynamique d’exploitation et d’avarice s’étendre sans rien faire.

    #anarchie #technologie #siliconvalley #surveillance

  • Protest Flyer At Kevin Rose’s House - Business Insider
    http://www.businessinsider.com/protest-flyer-at-kevin-roses-house-2014-4

    Tech More: Kevin Rose
    Anti-Tech Protesters Target VC With Vulgar Flyer
    Michael Kelley and Joe Weisenthal Apr. 6, 2014, 3:10 PM

    Anger toward the tech upper class continues to simmer in the Bay Area. We’ve seen multiple protests against the Google Bus, and in an incident that happened just last week, protesters vomited aboard a bus for Yahoo workers.

    The tension revolves around the high cost of living and the argument that tech millionaires and billionaires are driving up the cost of housing and destroying the Bay Area’s traditional quality of life.

    The latest incident targets one tech employee directly.

    Digg founder and Google Ventures partner Kevin Rose published an Instagram with the message: “My house was protested today by anti-tech folks, they had a large banner saying ’Kevin Rose Parasite’ handed these to my neighbors.”

    #gentrification #San_Francisco

  • Frisco versus techies

    La traduction en exclusivité du communiqué de CounterForce et du tract distribué à l’occasion du blocage d’Anthony Levandowski :

    http://sniadecki.wordpress.com/2014/02/17/frisco-vs-techies

    Lors de la préparation de notre manifestation, nous avons pu observer Levandowski sortant de chez lui. Il avait des Google Glasses [les lunettes connectées à Internet, dont les verres servent d’écran] sur les yeux, portait son bébé dans un bras, et une tablette dans sa main libre. En descendant l’escalier avec son enfant, ses yeux étaient fixé sur la tablette à travers les verres de ses Google Glasses, pas sur la vie contre sa poitrine. Il apparaissait alors exactement comme le robot qu’il admet être. [...]

    L’aveugle qui va à Taco Bell et le consommateur qui sauve son père sont les héros de cette utopie technologique. Les mineurs sont ignorés et les travailleurs des usines oubliés. Tant que le capitalisme fonctionne, tout ce qui lui est liée sera empoisonné par sa maladie. Des gens comme Levandowski participent à l’embourgeoisent des quartiers, inondent le marché avec des produits nuisibles, et créent les infrastructures d’un totalitarisme inimaginable. Ce sont toutes ces nuisances que nous voulons chasser de nos vies.

    (A quoi ça sert Internet si on doit tout faire soi-même ?)

    #Google_bus, #Google_shuttle, #anti-techies, #Silicon_Valley, #numérique, #critique_techno, #anti-indus, #anti-industriel, #lutte_des_classes.

    That’s all folks !

  • Traduction d’un tract distribué par les manifestants à West Oakland lors du blocage d’un #Google_bus en décembre 2013.

    Au cas où vous vous demandez ce qui se passe, nous serons extrêmement clair.
    Les gens à l’extérieur de votre bus Google vous servent le café, gardent vos enfants, ont des relations sexuelles avec vous pour de l’argent, préparent vos repas, et sont chassés de leurs quartiers. Pendant que vous vivez comme de gros porcs avec vos buffets gratuits permanents, tout le monde en est à racler le fond de son porte-monnaie, vivotant dans ce monde onéreux que vous et vos potes avez contribué à créer.
    Vous n’êtes pas des victimes innocentes. Sans vous, les prix des logements ne seraient pas à la hausse et nous ne serions pas menacés d’expulsion et de forclusion. Vous, vos employeurs, et les spéculateurs immobiliers sont à blâmer pour cette nouvelle crise, encore plus terrible que la précédente. Vous vivez votre vie, entourés par la pauvreté, le déracinement et la mort, apparemment inconscients de ce qui se passe autour de vous, a fond dans vos gros salaires et le succès. Mais regardez autour de vous, voyez-vous la violence et la destruction ? C’est le monde que vous avez créé, et vous êtes clairement du mauvais côté.
    De manière prévisible, vous pensez certainement que les technologies que vous créez servent le mieux-être de tous les humains. Mais en réalité, ceux qui bénéficient de ces développements technologiques sont les publicitaires, les riches, les puissants, et les analystes de la NSA et leur réseau de surveillance des e-mails, des téléphones, et des médias sociaux.
    Si vous voulez une région de la baie où les ultra-riches affrontent des centaines de milliers de pauvres, continuez à faire ce dont vous avez l’habitude. Vous obtiendrez une jolie révolution à votre porte. Mais si vous ne voulez pas de ça, alors vous devriez quitter votre job, encaisser vos primes, et aller vivre une vie qui ne pourri pas entièrement celle des autres.
    Et foutez le camp d’Oakland !

    #anti-techies

    • Voici les référence que j’ai trouvées.

      Texte original du tract d’Oakland de décembre 2013 :

      http://blogs.kqed.org/newsfix/2013/12/20/google-bus-protesters-manifesto-get-o

      Un autre tract plus récent, qui s’en prend à « Anthony Levandowski, a Google X developer » :

      https://www.indybay.org/newsitems/2014/01/21/18749504.php

      Le tract <streetview_flierforreading.pdf> semble particulièrement intéressant, surtout la fin...

      Si qqun se lance dans une traduction, ça m’intéresse.

    • Et encore ceci, en français :

      http://www.lemonde.fr/technologies/video/2014/02/04/manifestations-anti-google-des-habitants-de-san-francisco_4359641_651865.htm

      Avec le succès des géants de la high-tech, les loyers et les expulsions ont bondi à San Francisco. Les habitants historiques de la ville ne peuvent pas lutter contre les hauts salaires des employés des entreprises nouvelles venues. De nombreuses manifestations ont lieu pour bloquer les bus qui emmènent les salariés de Google vers la Silicon Valley.

    • Traduction de la présentation de l’action du 21 janvier 2014 :

      Manif à la maison d’un développeur de Google, et un autobus Google bloqué à Berkeley

      San Francisco, 21 janvier 2014.

      À 7 heures ce matin, un groupe de gens se sont pointé à la maison de Anthony Levandowski, un développeur chez Google X. Sa maison est un fastueux palace minimalement décoré avec deux lions de pierre à l’entrée. Après avoir sonné à sa porte pour l’alerter sur la manif, une bannière fut levée face à sa maison qui lisait : « Le futur de Google s’arrête ici » et des tracts d’information sur lui furent distribués dans le voisinage. Ces tracts décrivaient son travail avec l’industrie de la défense et ses plans de développer des condos de luxe à Berkeley.

      À ce point-ci, sa voisine émergea de chez elle. Elle affirma être au courant de sa collaboration avec l’armée mais insista qu’il est une gentille personne. On ne voit aucune contradiction ici. C’est fort probable que cette personne, qui développe des robots de guerre pour l’armée et bâtit une infrastructure de surveillance, est un gentil voisin. Puis après ?

      À la suite d’actions précédentes contre les autobus de Google, plusieurs critiques ont insisté que les employés individuels de Google ne sont pas à blâmer. Prenant ça profondément à coeur, nous avons choisi de bloquer le transport-navette personnel de Anthony Levandowski. Nous sont aussi respectueusement en désaccord avec cette critique. On ne pas d’action qui soit meilleure qu’une autre. Tous les employés de Google devraient être retenus d’aller travailler. Toute infrastructure de surveillance doit être détruite. Pas un seul condo de luxe ne doit être bâti. Personne ne devrait avoir à déménager.

      Après avoir distribué des tracts dans son voisinage et bloqué l’entrée de sa cour durant environ 45 minutes, le groupe est descendu dans le centre-ville et a bloqué un autobus de Google à la station BART de Ashby. Ce blocage a duré environ 30 minutes et s’est dispersé quand les flics de la BPD sont arrivés. Plusieurs discussions ont eu lieu avec des employés de Goggle.

      Par chance, les défections ont déjà commencé. Hier, une personne plutôt sympa à l’emploi de Google nous a révélé un message envoyé par la compagnie aux employés sur s’ils devraient assister au prochain conseil municipal de San Francisco si de nouvelles perturbations d’autobus Google arriveraient. La rhétorique de ce mémo représentait les employés de Google comme des contributeurs positifs au voisinage dans lequel ils-elles vivent. Il n’y avait aucune mention des déménagements qu’ils causent, de la présence policière qu’ils amènent avec eux et de la large classe de gens qui travaillent pour soutenir leurs styles de vie extravagants et déconnectés ; c’est-à-dire le soutien technique.

      Nous ne seront pas pris en otage par la menace de Google de relâcher des quantités massives de gaz carbonique si le service d’autobus se verrait terminé. Notre problème est avec Google, ses capacités de surveillance invasive dont la NSA fait usage, la technologie qu’ils développent, et la gentrification que ses employés causent dans chaque ville qu’ils habitent. Mais notre problème ne s’arrête pas à Google. À toutes les autres compagnies des hautes technologies, à tous les autres développeurs et à tous les autres gens qui bâtissent ce nouvel État orwellien : On s’occupera de vous après !

      https://antidev.wordpress.com/2014/01/21/1964

  • San Francisco contre la Silicon Valley
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/02/01/san-francisco-contre-la-silicon-valley_4358259_3234.html#

    Dans le quartier historique de Mission, à San Francisco, en décembre 2013.

    De San Francisco, il a connu tous les combats : la procession aux chandelles dans Market Street le 27 novembre 1978, quelques heures après l’assassinat du maire, George Moscone, et du conseiller municipal homosexuel, Harvey Milk ; l’épidémie du VIH à laquelle il croyait avoir échappé mais qui l’a rattrapé en 2001. A 63 ans, Jeremy Mykaels ne s’attendait pas à devoir livrer bataille pour conserver le deux-pièces qu’il loue depuis près de vingt ans au coeur de Castro, le quartier gay de San Francisco.

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    Jeremy Mykaels habite au 460, Noe Street, une rue qui grimpe soudainement à pic pour se terminer en plein ciel. Quand il est arrivé à San Francisco, en 1974, en provenance de l’Ohio, c’était « pour devenir une rock star ». Finalement, il a travaillé pour la compagnie pétrolière Chevron, perdu beaucoup d’amis au fil des années et, la semaine dernière, c’est Dickens, le chat qu’il avait adopté après sa pneumonie, qui l’a quitté.

    En rentrant de l’hôpital, en 2012, après une chute « idiote », Jeremy Mykaels a été averti qu’il était expulsé de son appartement. La société immobilière entendait récupérer l’immeuble, le transformer et le relouer. Le loyer est actuellement de 943 dollars (environ 700 euros) et, au regard de l’emballement actuel du marché, il pourrait probablement tripler.

    Jeremy Mykaels, qui vit avec une simple pension d’invalidité, a collé des affiches sur les fenêtres de l’appartement, visibles de la rue. « Boycottez cet immeuble ! N’achetez pas de propriétés dont les occupants âgés ou invalides ont été expulsés par des spéculateurs immobiliers sans scrupule ! » Et, depuis, il se bat.

    TOUTE UNE CULTURE EST MENACÉE

    Des militants sont allés protester en son nom devant les locaux liés à la société immobilière. Son avocat, bénévole, a fait casser le premier arrêté d’expulsion pour vice de forme. Il a gagné un an de sursis. Comme M. Mykaels, des milliers de locataires sont menacés d’expulsion à San Francisco. L’explosion de la high-tech a entraîné une augmentation phénoménale des loyers. L’ex-capitale de la contre-culture est devenue la ville la plus chère du pays.

    « Il faut l’équivalent de sept emplois au salaire minimum pour se payer un deux-pièces », dit Erin McElroy, dans les locaux du Tenants Union, le syndicat des locataires qui fournit une assistance juridique aux expulsés. Le loyer médian est de 3 250 dollars pour un deux-pièces. « Du jour au lendemain, tous les promoteurs se sont précipités pour acheter avant que San Francisco ne devienne New York », explique Paula Tejeda, la propriétaire du café Chile Lindo, qui a, elle aussi, reçu son avis d’éviction. « C’est ce qui nous attend, à moins qu’un gros tremblement de terre nous tire de là. »

    Dans les quartiers historiques de Mission et de Castro, les bars à vin remplacent les taquerias salvadoriennes. Les Dollar Store où tout est à 99 cents sont encore là, mais l’espace est grignoté par les boutiques branchées. Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a acheté une maison sur Dolores Street.

    Toute une culture est menacée, déplore Paula Tejeda, dont les parents sont arrivés du Chili au début des années 1960. « C’est une ville sanctuaire, qui a accueilli les réfugiés politiques, les immigrants, les gays, les artistes. »

    La nouvelle population est uniforme. A 30 ans et moins, elle gagne déjà plus que tout le monde dans le quartier. « Le salaire moyen à San Francisco est de 46 000 dollars », affirme Erin McElroy, les cheveux bouclés et des tatouages de l’épaule jusqu’au coude. « Dans la tech, cela grimpe à 130 000 dollars. »

    Lire (édition abonnés) : A San Francisco, les « techies » sur la défensive à l’arrêt de bus

    « ILS PARLENT COMME DES ROBOTS »

    « Les tensions ont commencé quand Twitter est venu s’installer dans le centre », raconte Ariane Zambiras, sociologue à l’université californienne de Berkeley. L’introduction en Bourse de l’entreprise de mini-messages a rendu millionnaires, du jour au lendemain, 1 600 personnes de plus dans la ville alors que Twitter avait obtenu de la mairie une exonération de cotisations sociales pour 56 millions de dollars.

    (etc.)

    #anti-techies

  • Progressive Kristallnacht Coming ? — Tom Perkins
    http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424052702304549504579316913982034286

    Writing from the epicenter of progressive thought, San Francisco, I would call attention to the parallels of fascist Nazi Germany to its war on its “one percent,” namely its Jews, to the progressive war on the American one percent, namely the “rich.”

    Oui, quand on est suffisamment riche, on a le droit de faire publier absolument n’importe quel délire dans le journal.

    • Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce n’est pas entièrement faux selon certaines personnes, pas du tout du côté libéral, mais du côté extrême-gauche marxienne.

      Cf Moishe Postone, Robert Kurz, Anselm Jappe, etc, et leurs diverses analogies sur le fait que beaucoup d’anti-capitalistes se focalisent sur la personnification de la richesse, plutôt que de critiquer les processus capitalistes (et en premier lieu la valeur) qui ne sont pas seulement chez les riches, mais qui imprègnent la société entière. Ce qui aboutit alors à des mécanismes similaires à l’antisémitisme moderne (pas celui des chrétiens qui est différent), quand bien même ce n’est pas forcément tourné vers les juifs.

    • Belle inversion de la réalité, tout de même : les nazis utilisaient l’antisémitisme pour détourner les ouvriers de la lutte des classes, l’exploiteur Perkins utilise cette comparaison dans le même but...

      http://www.courrierinternational.com/article/2014/02/04/ces-ultrariches-qui-se-sentent-persecutes

      La gauche prépare-t-elle sa Nuit de cristal ?

      C’est depuis l’épicentre de la pensée progressiste aux Etats-Unis, San Francisco, que je veux attirer l’attention sur les parallèles entre d’une part l’Allemagne nazie et sa guerre contre ses “1 %” – à savoir les Juifs – et d’autre part la guerre de la gauche contre les 1 % de l’Amérique – à savoir les riches.

      Du mouvement Occupy à la diabolisation des riches qui transpire dans le moindre mot de notre quotidien local, The San Francisco Chronicle, je sens monter une vague de haine contre ces 1 % qui réussissent. L’opinion est scandalisée par les #Google_bus qui transportent les employés du secteur high-tech de San Francisco vers les sociétés [de la Silicon Valley] qui les emploient.
      Il y a de l’indignation également contre la hausse des prix de l’immobilier, qu’alimente le pouvoir d’achat de ces “techno-geeks” [#anti-techies].

      C’est là une très dangereuse dérive de la pensée américaine. La Nuit de cristal était impensable en 1930 ; le radicalisme “progressiste” qui en est issu est-il impensable aujourd’hui ?

      Tom Perkins, courrier des lecteurs, The Wall Street Journal, le 24 janvier 2014.

      Quoiqu’il en soit, c’est ignoble.

  • Homo Numericus
    http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=2297

    L’un des thèmes les plus à la mode de la vulgate idéologique actuelle, c’est celui de la mutation psychique que l’irruption massive des techniques informatiques et numériques dans la vie quotidienne aurait d’ores et déjà entraînée sur le plan des structures de l’entendement et de la sensibilité. La « culture de …

    #Blogs #La_chronique_d'Alain_Accardo #internet #numérique #technologie

    • J’avoue ne pas trop voir la raison de traiter tout rétif à Internet du nom de cet infâme personnage qu’est « Finkielkraut », ou de réactionnaire. C’est un nouveau point Godwin ?

      En l’occurrence, la critique d’Accardo (un coup de gueule, effectivement) fait toujours du bien dans le ron-ron que les thuriféraires de la technique se confectionnent sur le net en claironnant que c’est l’espace de discussion le plus ouvert qu’il ait jamais existé.

      Cette question sur le sujet est tout à fait entendable d’un point de vue émancipateur (je suis pas d’accord d’ailleurs), et même centrale pour celles et ceux dont l’horizon révolutionnaire – qui rêvent d’un monde un peu meilleur – ne s’arrête pas à leur(s) écran(s), au dernier gadget numérique ou robotique.

      Pourquoi serais-je un, quand je peux être innombrable, pourquoi resterais-je coincé en un lieu, en une classe, en un camp, en un serment, puisque grâce au virtuel je peux être partout, vivre et penser une chose et puis son contraire, ici et ailleurs, sans me soucier de logique, sans me préoccuper de synthèse, de constance ni de fidélité ?

      Questions qui recoupent par exemple celles publiées, il y a quelques années, dans un excellent journal (papier) autonome lyonnais, reproduites ici :
      http://rebellyon.info/Le-web-2-0-ou-l-ere-du-vide.html

      Une ques­tion plane au dessus de n’importe quel post sur twit­ter : « what are you doing now ? », « mais putain, qu’est ce que je suis en train de faire là ? ». C’est quoi JE, quelle FACE à JE, ça serait quoi MON ESPACE. On sent monter une pointe d’angoisse. Ce que racontent bien les faux débats où on peut à peu près tout raconter, les embrouilles bizar­res sur les forums, les ren­contres ambi­guës depuis Meetic, c’est qu’Internet a pro­duit cette curieuse pos­si­bi­lité d’une com­mu­ni­ca­tion sans la pré­sence. Le web : Utopie démo­cra­ti­que, mais également Utopie du Capital. Comme si cette grosse machine à briser les liens (…) avait finit par secré­ter un monde à son tour, mais un monde vir­tuel : où les liens n’enga­gent pas vrai­ment, où les corps sont absents, où les désirs tour­nent tris­te­ment à vide sur l’écran.

      Peut-il y avoir une critique du net sur le net ? Peut-être que non, de la même manière qu’il n’y a jamais pu y avoir de critique de la télévision à la télévision.

    • @Ari Sur la référence à Finkielkraut. Il y a pourtant bien des points communs. Pas uniquement le fait de critiquer l’Internet. La frime, tout d’abord, avec les citations répétées de vieux mâles blancs européens. Le refus du pluralisme (non, dit l’auteur, il n’y a pas plusieurs points de vue valables, juste le Vrai). La référence au monde occidental comme seul capable de pensée rationnelle. L’absence de perspective, enfin. Il y a des différences avec Finkielkraut ? Oui, la mention du capitalisme comme étant méchant. C’est mince.

      Sur le « Peut-on critiquer l’Internet sur l’Internet ? » Je pense qu’on peut puisque c’est souvent fait. Mais je différencie la critique, qui essaie d’analyser, de comprendre et, éventuellement, de réformer, voire de combattre, de la récrimination qui confond tout (l’Internet avec le Web, le Web avec Facebook, les GAFA avec Wikipédia et SeenThis), et ne se soucie pas d’analyser et encore moins de convaincre, juste d’aligner des grands mots prétentieux. On voit bien ce que l’auteur attaque, pas ce qu’il défend. Comparons avec l’agriculture : il est évidemment souhaitable de critiquer la façon dont elle se fait, productionniste et dangereuse pour la planète. Des tas de gens font ça. Mais ils proposent tous quelque chose (typiquement, une agriculture bio, plus respectueuse de la nature). Si quelqu’un partait des défauts (bien réels) de l’agriculture pour prôner le retour à la chasse et à la cueillette, je crois que cela ne serait pas exagéré de le qualifier de réactionnaire !

    • @bortzmeyer : mince les discussions se croisent. cf. http://seenthis.net/messages/211209 En ce qui concerne les camarades qui critiquent le net comme outil d’émancipation, ils proposent réellement d’autres modes de relation, d’expression et d’organisation. Je ne crois pas qu’on puisse reprocher à ces personnes de faire une critique généralisante, c’est plus à celles et ceux qu’Internet intéresse de produire une pensée plus précise et mesurée qui prenne en compte ces critiques. Merci de l’échange en tout cas.

    • A propos de l’idéologie #anti-tech et de son voisinage avec le #moralisme de Finkelkraut, on pourra lire :
      Les mauvais rêves des antitech. Lecture critique du livre Le Cauchemar de Don Quichotte, sur l’impuissance de la jeunesse d’aujourd’hui de Matthieu #Amiech et Julien Mattern, Editions Climats.
      http://rougemecanique.noblogs.org/post/2013/01/12/les-mauvais-reves-des-antitech

      C’est leur appartenance sociale à la classe des travailleurs pauvres qui leur interdit quelque chose – ou du moins, mais c’est manifestement une litote, elle ne les aide pas  : elle les empêche de sortir d’un rapport de dominés avec leurs professeurs et avec le savoir. Leur apathie s’explique par cette domination. Pourquoi être contraint au travail salarié fait-il de son rapport avec le savoir un «  rapport de dominé à dominant  »  ? Pourquoi être dans un rapport de dominé avec le savoir entraîne-t-il l’apathie  ? Est-ce parce que tout rapport de dominé à dominant entraîne nécessairement l’apathie  ? Amiech et Mattern s’attendent curieusement à ce que nous comprenions sans avoir besoin d’explications supplémentaires, puisqu’ils n’en donnent pas. L’explication s’arrête là. Nous sommes censés admettre comme allant de soi que si nous maîtrisons le savoir universitaire, nous avons de trop bonnes raisons de nous complaire dans l’#apathie pour, sauf héroïsme moral rare, ne pas y céder  ; et que si nous ne le maîtrisons pas, nous sommes ipso facto plongés dans une apathie dont, encore une fois, seule une grâce exceptionnelle pourrait nous faire sortir. Il faut remarquer que les deux branches de la tenaille dans laquelle nous coince ce raisonnement n’exercent pas une contrainte de même nature  : pour s’en dégager, dans le premier cas il suffirait de décider de ne pas céder à des raison s  ; mais dans le second nous n’avons aucune raison d’être apathiques  : nous le sommes au moins autant, mais nous le sommes pour des causes . Bref  : aux bourgeois le libre arbitre, aux prolétaires le déterminisme social. Amiech et Mattern se proclament dans leur avant-propos «  plus ‘‘sociologues’’  » que le «  sociologue [sans guillemets, cette fois] bourdieusien engagé  » Alain Accardo (pp. 9 et 8), mais ils ne nous offrent qu’un superbe exemple de ce que Bourdieu – excusez la référence – appelait une sociologie qui néglige la sociologie de sa sociologie. Ils s’annoncent aussi (dans la même phrase) «  plus ‘‘matérialistes’’  »  ; on aimerait leur demander dans quel passage. Ils affirment que « pour ceux-là [les étudiants travailleurs précaires] – et plus généralement pour la majorité des étudiants, préoccupés avant tout par les échéances scolaires et l’obtention des diplômes –, la focalisation sur les considérations matérielles rejette [NB  : ce ne sont pas les étudiants, c’est la focalisation qui rejette] le plus souvent les questions politiques du côté des préoccupations ‘‘intellectuelles’’ et du ‘‘militantisme’’, qui sont dénigrés  » (p. 78 toujours  : cette phrase suit immédiatement celle sur les étudiants travailleurs dominés par les profs et le savoir). Leur matérialisme consiste-t-il à poser en axiome qu’un sujet qui a de préoccupantes «  considérations matérielles  » va nécessairement «  dénigrer  » tout ce qui est intellectuel  ? Et que s’il dénigre l’intellectuel il est nécessairement soumis  ? Aux bourgeois l’idéalisme tempéré par la carrière, aux prolos le matérialisme vulgaire intempérant  : est-ce là le slogan de leur matérialisme subtil  ? On les asticotait gentiment sur leur mépris d’une classe d’âge, dont nous nous contrefoutons  ; mais sur le mépris de classe social, nous sommes tentés de passer à l’insulte. La suite (p.79) ne pouvant nous apaiser – «  On atteint sans doute le comble de l’absurdité avec ces individus si désireux de paraître ‘‘dans le coup’’ qu’ils en viennent à se restreindre considérablement dans certains domaines vitaux (nourriture, logement, santé) pour pouvoir suivre le rythme insensé de la surenchère consommatrice, et que l’on retrouve régulièrement habillés à la dernière mode, équipés des toutes dernières trouvailles technologiques  » –, donnons la parole à quelqu’un qui sait garder son calme, Jacques Rancière : «  Il n’y a pas à s’étonner que les représentants de la passion consommatrice qui excitent la plus grande fureur de nos #idéologues soient en général ceux dont la capacité de consommer est la plus limitée  » (8) : il n’y a pas à s’en étonner, car les idéologues dont il parle (Finkielkraut et autres) sont des conservateurs de droite. Mais on peut s’étonner que des conservateurs révolutionnaires de gauche ne s’en distinguent pas sur ce point.

    • Huhu @aude_v, je pense que je dois beaucoup à Amiech en références à lire, aussi bien par sa lecture, que par sa rencontre à Bayonne il y a quelques années, invité par #Txetx (ouais, j’ai inauguré ce lien l’autre jour, pour les locaux :D). Il m’avait gentillement envoyé un numéro traduit de Los amigos de Ludd.

      Je pense que j’aurais du mal à le critiquer (enfin en tout cas à le critiquer méchamment, comme le fond les méchants rouge mécanique — qui question jargonneux font largement mieux qu’Accardo !). :)