• Plus de soixante-dix ans après, les résistants antillais sortent de l’ombre | Slate.fr
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    Un certain nombre d’Antillais et de Guyanais quittèrent leur terre natale pour rejoindre les Forces françaises libres. C’est le départ en dissidence. Ils auraient été entre 4.000 et 5.000 hommes et femmes à quitter la Guadeloupe et la Martinique pour rallier les îles anglaises de la Dominique et de Sainte-Lucie de 1940 à 1943, d’après Eric Jennings. « On part aussi en dissidence depuis la Guyane, mais c’est plus compliqué. Il n’y a pas la proximité britannique », explique Eric Jennings. Pour la colonie d’Amérique du Sud, le nombre de dissidents ayant rallié les FFL pourrait s’éléver à quelques centaines de personnes.

    Eric Jennings, historien

    Cela correspond à près de 1% de la population de ces territoires. « C’est un chiffre très élevé, commente Eric Jennings pour Slate. D’autant plus élevé, que, pour certaines tranches d’âge, surtout chez les jeunes, c’est encore plus important. »

    Les raisons du départ sont multiples. Patriotisme, attachement aux valeurs républicaines, pénurie et misère s’entremêlent avec ce que les historiens Richard Burton et Eric Jennings voient comme une tradition du marronnage. La crainte d’un rétablissement de l’esclavage et du racisme hitlérien poussent aussi à rentrer en résistance. « Vichy signifie clairement un retour en arrière et, aux Antilles, tout retour en arrière renvoie tout de suite au grand retournement : le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802 », explique Eric Jennings.

    Mais, après la guerre, l’engagement de ces hommes et de ces femmes n’est pas reconnu à sa juste valeur.

    Ainsi en juillet 1945, le ministre des Colonies Paul Giacobbi donnait des instructions au Conseil national de la Résistance (CNR) visant à se méfier des associations de résistants antillais et coloniaux en général, « dont il convient de souligner malheureusement les arrière-pensées politiques quelquefois antifrançaises bien qu’elles s’efforcent de se réclamer d’un organisme supérieur jouissant d’une autorité indiscutée. Les titres de leurs membres, difficilement comparables à ceux de héros du maquis, ne leur donnent qu’une ressemblance lointaine avec les associations constituées par d’authentiques “Résistants” ayant fait leurs preuves, soit pendant l’occupation étrangère, soit au cours des combats de la Libération », rapporte E. Jennings dans Vichy sous les tropiques.

    En juillet 1945, le ministre des Colonies donnait des instructions au Conseil national de la Résistance visant à se méfier des associations de résistants antillais et coloniaux en général,

    « Ce qui distingue la Dissidence de la Résistance en métropole, c’est que les Allemands ne sont pas présents. C’est “seulement” une opposition au régime de Vichy, analyse Eric Jennings. Si, combattre Vichy, c’est être résistant, on ouvre la boîte de Pandore » pour les dirigeants d’alors.

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