Mathieu Balavoine, dont le nom est associé aux dossiers judiciaires impliquant le groupuscule #Génération_identitaire, était présent au siège du RN lors du discours du président du parti, le soir du premier tour des législatives.
Décidément, la vie ne leur apprend rien. Libé a pu identifier la présence de Mathieu Balavoine, un militant d’extrême droite radicale et figure normande de la mouvance identitaire, au siège du Rassemblement national lors du discours de Jordan Bardella prononcé dans la foulée de l’annonce des premiers résultats des élections législatives, dimanche 30 juin. Ce trentenaire est « suivi » par le renseignement selon nos informations et apparaît dans plusieurs affaires judiciaires pour son militantisme, parfois violent, au sein de Génération identitaire (GI). Et dimanche, il portait autour du cou un badge frappé des trois lettres « COM » (pour « communication ») prouvant son appartenance à l’équipe du président du RN. Sollicités par Libération, ni ce dernier, ni Mathieu Balavoine n’avaient réagi ce mercredi en fin d’après-midi.
Chemise blanche et pantalon chino, petit bouc et cheveux soigneusement peignés, Mathieu Balavoine avait le parfait look passe-partout d’un communicant dimanche soir. A l’aise au milieu du parterre de journalistes, il est passé inaperçu. A 34 ans, l’homme est pourtant un vieux routier de l’activisme radical. Selon une source policière, il est par ailleurs « suivi » par les services de renseignement pour son « rôle militant important » en Normandie.
Entraînements au combat, colloques suprémacistes et pèlerinages
Son nom ressort en outre dans des dossiers judiciaires impliquant Génération identitaire, groupuscule dissous en mars 2021 pour son racisme et la violence de ses membres. Balavoine a même été condamné pour sa participation, en 2017, à l’attaque des locaux marseillais de l’ONG de secours aux exilés naufragés SOS Méditerranée. Il était ainsi du commando d’une vingtaine de militants poursuivis pour « violences » dans cette affaire et a été condamné, en octobre 2022, à une peine de prison avec sursis. Il a fait appel.
Ce qui ne l’a pas empêché, par exemple, de couvrir en tant que photographe le dernier grand meeting de Marine Le Pen, dans l’entre-deux-tours de la dernière campagne présidentielle, en avril 2022. Pourtant le même, dans un reportage du Monde, fin 2019, lançait : « Le RN, c’est un peu comme la chemise à manches courtes du militantisme, c’est un peu ringard. » Quatre ans plus tôt, il s’était présenté aux cantonales de 2015 pour le parti à la flamme, qui s’appelait encore Front national. Dans le reportage du Monde, l’ami à ses côtés enchaînait en dénonçant « la colonisation inversée » de la France : « Ils [les étrangers, ndlr] ont un tel degré d’appropriation de notre pays qu’ils vont jusqu’à taguer en arabe. »
Le RN n’apparaît surtout pas assez radical pour Balavoine. Le trentenaire évolue ainsi depuis de longues années dans les sphères groupusculaires de la marge identitaire. Depuis 2018, son appareil en bandoulière, il crapahute avec ses camarades dans les manifestations racistes parisiennes, les actions xénophobes normandes ou dans les Alpes, les entraînements au combat de groupuscules, les colloques suprémacistes, les pèlerinages traditionalistes. Il va jusqu’à Vienne ou Anvers pour photographier les défilés des camarades identitaires européens. Une activité qu’il poursuit encore : pas plus tard qu’en janvier, il était du défilé identitaire en hommage à Sainte-Geneviève que la préfecture de police a tenté d’interdire pour cause de débordements violents lors des précédentes éditions. Mais la justice avait finalement cassé un arrêté mal ficelé, permettant la tenue de l’événement.
A l’occasion sur Radio courtoisie
Proche du groupuscule rouennais « les Normaux », resucée de GI lancé dans la foulée de son interdiction, Mathieu Balavoine, qui évolue sous le pseudo de « Bontant », est aussi membre de l’Association de soutien aux lanceurs d’alerte. Une autre tentative de faire renaître Génération identitaire selon la justice, et montée par les cadres du groupe après la dissolution. En mars, une quinzaine d’entre eux avaient été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour « participation au maintien ou à la reconstitution, ouverte ou déguisée, d’une association ou d’un groupement dissous ». En l’occurrence Génération identitaire.
Œcuménique de la radicalité, Balavoine officie également à l’occasion sur Radio courtoisie, l’antenne de toutes les droites, surtout extrêmes. Et désormais donc au sein de l’équipe communication de Jordan Bardella, président du RN et candidat déclaré à Matignon si l’extrême droite et ses alliés devaient remporter le second tour des élections législatives.
Mise à jour le 04/07/2024 à 12h01 : l’ASLA précise à Libé que Mathieu Balavoine a fait appel de sa condamnation pour violence après l’attaque des locaux de SOS Méditerranée, en première instance.