• L’écologie, une terre de conflits - panorama façon extrême-centre républicain

    Les adeptes de la révolution conservatrice s’attachent à combattre une mondialisation qui détruirait aussi bien l’ethnodiversité que la biodiversité. C’est en cela que « l’écologie d’extrême droite est fondamentalement une écologie des populations », écrit Stéphane François. L’écologie néodroitière repose également sur le localisme, le néopaganisme et l’anti-universalisme. Sans oublier une certaine conception de l’« écologie intégrale »’, peut-être moins présente qu’auparavant, qui s’oppose aux OGM comme à la PMA au nom de la résistance à l’artificialisation du vivant. Mais, en intégrant la question écologique, l’ethno-différentialisme s’est progressivement doublé de ce que l’on pourrait appeler un ’« éco-différentialisme »’, remarque le philosophe Pierre Madelin dans son article « La tentation écofasciste : migrations et écologie », dans la revue en ligne ’Terrestres’, à savoir un ’« anti-immigrationnisme vert »’ qui cherche à articuler écologie et immigration. En tout cas, rappelle-t-il, Marine Le Pen soutient qu’il faut protéger ’« les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations »’, et Hervé Juvin assure que l’homme doit ’« défendre son biotope »’ face aux ’« espèces invasives »’. Puisque la protection de l’environnement et la maîtrise de l’immigration font partie des principales préoccupations des citoyens, ’« l’extrême droite ne pourra parvenir au pouvoir qu’à condition d’articuler de façon cohérente le rejet de l’immigration et le souci de l’environnement »’, analyse Pierre Madelin. Mais le terrorisme identitaire a déjà radicalisé cette jonction.
    « Je me considère comme un #écofasciste »’, avait écrit Brenton Tarrant, qui tua, le 15 mars 2019, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, cinquante et une personnes et en blessa quarante-neuf dans plusieurs mosquées. L’immigration et le réchauffement climatique sont ’« deux faces du même problème’, notait-il dans un manifeste. ’L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui ne contribuent pas à la surpopulation. (…) Il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement »’. L’écofascisme est une menace bien réelle. Et la ’« porosité »’ entre une écologie progressiste et une autre conservatrice ’« existe bel et bien »’, insiste Stéphane François, notamment autour de ’« la défense d’un mode de vie préindustriel et enraciné »’.

    https://justpaste.it/7kolq

    #écologie #écologie_politique #écofascisme #Antoine_Chopot https://seenthis.net/messages/925337
    #Rosa_luxembourg

  • Pour les philosophes Léna Balaud et Antoine Chopot, « l’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire »
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/06/pour-les-philosophes-lena-balaud-et-antoine-chopot-l-ecologie-est-porteuse-d

    Pourquoi la crise écologique est-elle, selon vous, celle d’une mise au travail de la Terre ?

    Cela peut tout d’abord sembler un peu étrange de dire que les plantes et les animaux, ainsi que les diverses énergies, rivières, forêts, zones humides, océans, sont, eux aussi, mis au travail pour le capital. Toutefois, que serait ce monde de la marchandise – qui repose essentiellement sur la poursuite du profit pour le profit – sans une certaine mobilisation de tout un « travail gratuit », au-delà de la sphère marchande reconnue comme telle ? Sans la captation du CO2 par la photosynthèse des blés cultivés et des sapins de Douglas ? Sans la capacité reproductive des poules et des truies ? Sans l’épuration des eaux par les zones humides et les plantes hygrophiles ? L’enrôlement de toutes ces puissances d’agir ainsi que leur vitalité sont en réalité indispensables pour maintenir à flot l’économie de croissance.

    Or, après cinq siècles de mobilisation et de dégradation radicale de pratiquement tous les milieux de vie, la Terre s’épuise : nous sommes définitivement sortis d’une ère où les pouvoirs capitalistes et productivistes pouvaient compter sur une – relative – docilité des vivants et des écosystèmes, appropriables gratuitement ou à bas coût. Par ses enquêtes sur ce qui fait que notre monde tient, l’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire, car elle fait remonter à la lumière toute la toile des « acteurs fantômes », et exige de les prendre en considération comme acteurs des luttes.

    Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres (Seuil).

    #livre #écologie #mise_au_travail_du_vivant #alliances_interspécifiques #Léna_Balaud #Antoine_Chopot

  • Un balbuzard bloque un chantier : saboter le capitalisme avec des non-humains
    https://www.nouvelobs.com/idees/20210528.OBS44579/un-balbuzard-bloque-un-chantier-saboter-le-capitalisme-avec-des-non-humai

    Le théologien Stéphane Lavignotte a lu « Nous ne sommes pas seuls » de Léna Balaud et Antoine Chopot, paru au Seuil. Pour lui, ce texte révèle un tournant de la pensée écologiste. Critique et extraits.

    Sur la Loire, des naturalistes en lutte favorisent la venue d’un couple de balbuzards, espèce protégée, dont la présence bloque plusieurs mois par an le chantier d’un pont. Au Kirghizistan, des villageois sabotent la mainmise de l’État sur leurs moyens de subsistance en greffant en secret une forêt fruitière. En Argentine, des cultures OGM sont envahies par des super-mauvaises herbes, immunisées des pesticides par contamination génétique, des communautés paysannes en lutte contre Monsanto favorisant leur développement en lançant des bombes à graine. Ces exemples et d’autres rythment ce livre important dans les révolutions actuelles de la pensée écologiste.

    #écologie_politique #livre #mise_au_travail #capitalocène #Léna_Balaud #Antoine_Chopot

    • « Nous ne sommes pas seuls » . Samedi 29 mai, le studio #radio de la Parole errante accueillait Léna Balaud et Antoine Chopot pour revenir sur les enjeux du " traité d’écologie politique terrestre" qu’ils viennent de publier.

      https://laparoleerrantedemain.org/index.php/2021/05/31/rencontre-radiophonique-autour-du-livre-nous-ne-sommes-pas-se

      Une recension, Ernest London, Le bibliothécaire-armurier
      http://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2021/06/nous-ne-sommes-pas-seuls.html

      Léna Balaud et Antoine Chopot prennent ainsi le temps de déployer en permanence une analyse fine et complexe de différentes théories de l’écologie, pour tracer leur propre cheminement, relevant certaines impasses, confrontant certaines contradictions qui ouvrent de nouvelles voies entre plusieurs conceptions. Ainsi proposent-ils d’ « apprendre à quitter le centre, sans quitter la politique », « d’apprendre à combiner le geste de s’attaquer aux causes des menaces pesant sur la vie et les collectifs avec le geste d’intégration de la richesse d’êtres et de relations sur laquelle insistent les partisan·es d’un tournant non humain de la politique » : « Camarades, encore un effort pour devenir terrestres ! »
      « Pour sortir de l’âge du capital, il ne s’agira pas de se débarrasser des seuls partisans de l’économie fossile, en prenant le pouvoir à leur place sur la base du même monde, et sur la base des mêmes infrastructures mais avec d’autres sources d’énergie “propres“. Il s’agira de démanteler l’agencement écopolitique d’humains et de non-humains qui entretient cet état du monde inhabitable. »

  • Nous ne sommes pas seuls - Politique des soulèvements terrestres, Léna Balaud, Antoine Chopot
    https://www.seuil.com/ouvrage/nous-ne-sommes-pas-seuls-lena-balaud/9782021426304

    Que devient la « politique » lorsque des paysannes et des écologistes disséminent des graines de plantes résistantes aux herbicides dans les monocultures d’OGM pour en saboter les rendements ? Lorsque des naturalistes en lutte invitent un couple de balbuzards pêcheurs à protéger un fleuve menacé par un énième projet inutile et imposé ? Lorsque des villageois kirghizes échappent à la mainmise de l’État sur leurs moyens de subsistance en greffant en secret une forêt fruitière ?
    D’autres manières de faire, de se défendre, de résister, nous devancent, nous déstabilisent et nous renforcent : des manières animales, végétales, sylvestres, microbiennes, fongiques... Nos alliés sont multiformes, considérablement plus nombreux et divers que ce que notre imagination laisse entrevoir.

    Si nous sommes bien les seuls responsables d’un choix concerté de cibles et de stratégies contre les causes du ravage et des inégalités, nous ne sommes pas les uniques acteurs du changement que nous souhaitons voir advenir. Appel à refuser la mise au travail de la planète, ce traité d’écologie politique terrestre ouvre de nouveaux horizons pour agir avec la nature contre ceux qui l’effondrent.

    #Livre #mise_au_travail #écologie_politique #capitalocène #Léna_Balaud #Antoine_Chopot

  • Nous ne sommes pas seuls. Les alliances sylvestres et la division politique, Léna Balaud et Antoine Chopot, avec les contributions de Bernard Aspe et Manon Bineau - La Division Politique
    http://ladivisionpolitique.toile-libre.org/nous-ne-sommes-pas-seuls-rencontres-greffer-de-louv

    Résumé : Humains, nous ne sommes pas seuls à subir les violences du capitalisme mondialisé. Nous tenterons de formuler une hypothèse quant à ce que peut signifier l’idée d’un « tort planétaire » partagé par toutes les formes de vie embarquées dans le ravage écologique. Mais nous refusons d’envisager un pâtir sans la puissance d’agir qui en est inséparable. « Nous ne sommes pas seuls », cela veut aussi dire : l’agentivité plus large et extra-humaine des puissances de la nature implique de reconnaître que nous ne sommes pas les uniques acteurs des changements désirables dans le monde. Le tort planétaire nous pousse à rechercher des « alliances sylvestres », des alliances collaboratives avec des formes d’agir qui ne sont pas les nôtres. Mais ces alliances, pour la politique d’émancipation, sont d’une bien nouvelle nature. Comment les actions politiques peuvent-elles porter un agir qui n’est pas le leur ? Comment cette intervention politique terrestre peut-elle rester à la fois et d’un même mouvement être-ensemble et être-contre, tissage relationnel et antagonisme ?

    Nous partons de la conviction que seule une entente renouvelée, terrienne, du communisme, peut ouvrir un espace antagonique au capitalisme anthropocénique, espace que la seule « démocratie réelle » ne peut créer.

    Partant de là, l’hypothèse initiale de cette intervention est que d’une part, il ne sera possible et souhaitable de relancer la perspective communiste qu’en transfigurant la nature de la communauté qui s’y trouve convoquée ; et que d’autre part, il n’est juste de s’engager dans la redéfinition de ce que peut être une communauté qu’à la condition que cette redéfinition n’implique pas une dépolitisation de celle-ci. Il s’agit de trouver une nouvelle manière d’être tout à la fois « ensemble et contre » ce qui nous empêche de vivre. (...)

    Des dispositifs de re-présentation comme des « parlements des choses en lutte », extra-parlementaires, pour subvertir le mot de Latour, qui existent à leur manière dans des lieux comme la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et qui en émergeant peuvent créer des « moments politiques » au sens de Rancière, c’est-à-dire activer un processus de désidentification, qui défait les identités assignées, qu’elles soient humaines ou extra-humaines : les forêts n’y sont plus ressources naturelles, objets de l’économie, mais territoires habités de points de vue en tension ; et les humains n’y sont plus sujets de l’économie et êtres d’anti-nature, mais sujets vivants de la politique. Ce qu’il y a à opposer au capitalisme n’est pas seulement l’image d’une société sans classes : c’est l’image positive d’écosystèmes animés de points de vue, dans lesquels il faut autant savoir se relier que se séparer, écosystèmes libérés de la mise au travail.

    #tort_planétaire #capitalocène #écologie #nonhuman_turn #communisme #antagonisme #Jodi_Dean #Bruno_Latour #Jason-Moore #Philippe_Descola #Natasha_Myers #Léna_Balaud #Antoine_Chopot