• #ciane IN CUCINA
    https://radioblackout.org/podcast/ciane-in-cucina

    ✿ Ciane con un’ospite speciale dal Barrio di Milano, Martina aka #lavalamp, djessa incredibile mattatrice della pista da ballo e cuoca suprema! Insieme abbiamo cucinanto musica, messo in pentola pure argomenti delicati come l’appropriazione culturale, e alla fine anche una bella #pasta_e_fagioli con tanto amore ♥Qui sotto vi lasciamo le ricette della trasmissione:♬ […]

    #America_Latina #appropriazione_culturale #FLINTA
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/11/PUNTATA-IMBALLATA-2.mp3

  • Linux App Release Roundup (October 2025)
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/11/linux-app-release-roundup-october-2025

    Read on for a recap of smaller Linux app releases in October 2025, including updates to #BleachBit, #bazaar, #Calibre, #digikam, Resources and more! You’re reading Linux App Release Roundup (October 2025), a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates #Haruna #LRR

  • Comprendere il sistema d’asilo greco
    https://www.meltingpot.org/2025/10/comprendere-il-sistema-dasilo-greco

    Papers, una rubrica di Melting Pot per la condivisione di tesi di laurea, ricerche e studi. Per pubblicare il tuo lavoro consulta la pagina della rubrica e scrivi a collaborazioni@meltingpot.org. L’articolo esplora il sistema di asilo in Grecia, ricostruendone l’evoluzione e mettendo in luce le continuità tra le politiche del passato e le pratiche attuali. Attraverso un’analisi che intreccia fonti istituzionali, testimonianze dirette e osservazioni di campo, il testo mostra come la gestione dell’asilo resti segnata da una logica emergenziale e da una burocrazia irregolare, più orientata al controllo che alla tutela dei diritti. Dalle procedure di registrazione ai centri di detenzione, (...)

    #Approfondimenti #Papers #Giulia_Stella_Ingallina

  • #cpr e #consiglio_di_stato: standard minimi e i capitolati d’appalto illegittimi
    https://radioblackout.org/2025/10/cpr-e-consiglio-di-stato-standard-minimi-e-i-capitolati-dappalto-ille

    Lo scorso 25 settembre il Consiglio di Stato ha sancito l’annullamento del capitolato d’appalto previsto per la gestione dei CPR (Centri di Permanenza per il Rimpatrio). Un’altra decisione di un’altra suprema corte – questa estate, infatti, era toccato anche alla Corte Costituzionale – che mette in discussione la legittimità dei centri di #detenzione_amministrativa per […]

    #Blackout_Inside #L'informazione_di_Blackout #appalti
    https://radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/10/RondiConsiglioDiStatoCpr.mp3

  • Nomi criptati dal concetto di razza. Tipologie e caratteristiche
    https://www.meltingpot.org/2025/10/nomi-criptati-dal-concetto-di-razza-tipologie-e-caratteristiche

    Con chiarezza d’intenti e cura documentaristica, Oiza Q. Obasuyi , studiosa di diritti umani e dottoranda di ricerca all’università di Bologna, ne Lo sfruttamento della razza. Le nuove gerarchie della segregazione, edizione Derive Approdi 2025, incrocia i corpi il cui colore della pelle non è l’elemento centrale della distinzione, bensì qualcosa di più ampio, un campo di possibilità illimitato. Una realtà incarnata da Soumaila Sacko, Moussa Balde , Satnam Singh, Saman Abass, testimoni di una maggioranza di corpi – tra etnia, nazionalità, cultura e religioni – che il capitalismo – costituzionalizzando i principi di qualunque politica economica – nella (...)

    #Approfondimenti #Arti_e_cultura #Vanna_D’Ambrosio

  • #Diella, première #ministre artificielle en #Albanie : le #piège de la #féminisation des #IA

    Pour la première fois dans l’histoire, une intelligence artificielle a fait en Albanie son entrée au sein d’un #gouvernement. Au-delà des questionnements sur la place des IA dans la #décision_publique, la nomination de Diella comme ministre chargée des #marchés_publics suscite des interrogations sur la féminisation quasi systématique des avatars IA. Cette pratique trompeuse qui entretient les #stéréotypes de #genre perpétue l’#objectification des femmes et facilite la #manipulation.

    Le gouvernement albanais vient de créer la surprise en nommant Diella, une intelligence artificielle (IA), au poste de ministre des marchés publics. Présentée comme un atout dans la lutte contre la #corruption, Diella serait chargée d’analyser les #appels_d’offres, repérer les #conflits_d’intérêts et garantir l’#impartialité des #décisions_publiques.

    Cette initiative inédite marque une étape historique. Pour la première fois, une IA entre officiellement dans un gouvernement, ici, sous les traits d’un #avatar_numérique féminin. Mais au-delà du coup médiatique, et des questionnements éthiques que peut soulever cette nomination – peut-on vraiment gouverner avec une IA ?, elle suscite des interrogations fondamentales sur la féminisation quasi systématique des agents IA.

    Pourquoi Diella est-elle une #femme artificielle ? Et quelles sont les implications de cette féminisation de l’IA ?

    Diella : un cas d’école problématique

    L’IA a déjà été utilisée comme outil de gouvernance. Certaines villes se servent, par exemple, des #algorithmes pour optimiser les #transports ou pour détecter la #fraude. Mais en nommant une IA au rang de ministre, l’Albanie franchit une étape symbolique majeure : plus qu’un outil, elle devient une #figure féminine publique, censée incarner des #valeurs de #transparence et de #justice.

    La #promesse est séduisante : même si une IA peut reproduire ou amplifier les #biais de ceux qui l’ont programmée, une machine ne peut, en théorie, ni accepter de pots-de-vin ni favoriser des proches. Elle paraît offrir une garantie d’impartialité dans un pays où les scandales de corruption entachent la vie politique. L’Albanie est, en effet, classée 80e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption, selon Transparency International.

    Mais cette vision occulte un problème central : les conséquences éthiques de la féminisation de l’IA sont loin d’être anodines.

    Pourquoi les IA sont-elles presque toujours féminines ?

    Depuis #Siri (Apple), #Alexa (Amazon) #Cortana (Microsoft) ou encore #Sophia, le premier robot ayant obtenu la nationalité saoudienne en 2017, la plupart des assistants virtuels et robots intelligents ont été dotés d’une voix, d’un visage, d’un corps ou d’un prénom féminins. Ce n’est pas un hasard.

    Dans une première recherche sur la question, nous avons montré que nous percevons les bots féminins comme plus chaleureux, plus dignes de confiance, voire même plus humains que leurs équivalents masculins.

    Pourquoi ? Parce que les femmes sont, en moyenne, perçues comme plus chaleureuses et plus susceptibles d’éprouver des #émotions que les hommes… et ces qualités font défaut aux machines. La féminisation des objets en IA contribue donc à humaniser ces objets.

    Cette féminisation s’appuie sur des stéréotypes bien ancrés : la femme serait « naturellement » plus douce, attentive et empathique. En dotant leurs machines de ces attributs, les concepteurs compensent la froideur et l’artificialité des algorithmes et facilitent leur acceptation et leur adoption.

    Quand la féminisation devient #manipulation

    Mais cette pratique soulève des problèmes éthiques majeurs, que j’ai développés dans un article récent publié dans les pages du Journal of Business Ethics.

    Cet article compare les implications éthiques de l’usage d’attributs genrés et sexués féminins dans deux contextes. D’un côté, la #publicité, où l’on recourt depuis longtemps à des #représentations_féminines idéalisées pour séduire les consommateurs. De l’autre, les agents IA, qui reprennent aujourd’hui ces mêmes codes. Cette mise en parallèle permet de montrer que, dans les deux cas, la féminisation engendre trois dangers majeurs : #tromperie, #objectification, et #discrimination.

    - La tromperie et la manipulation

    Attribuer artificiellement des caractéristiques humaines et féminines à des machines exploite nos réactions inconscientes et automatiques aux traits néoténiques (caractéristiques juvéniles associées aux traits féminins comme les yeux ronds, des traits arrondis) qui évoquent inconsciemment l’innocence et, donc, l’honnêteté et la sincérité.

    Cette manipulation subtile pourrait faciliter l’acceptation de décisions algorithmiques potentiellement problématiques. Une IA féminisée fait croire qu’elle est plus humaine, plus empathique, plus « digne de confiance ». Or, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un programme informatique, sans émotions ni conscience – question qui commence à être discutée –, dont les décisions peuvent être biaisées voire instrumentalisées.

    – L’objectification littérale

    Contrairement à la publicité qui compare métaphoriquement les femmes à des objets, l’intelligence artificielle va plus loin : elle transforme littéralement la femme en objet programmable (une machine, un algorithme). Les IA féminines réduisent les attributs féminins à de simples outils de service : des machines obéissantes, disponibles en permanence. Cette mécanisation de la féminité reproduit et amplifie les logiques publicitaires d’objectification, mais avec une dimension inédite : l’interactivité.

    Résultat, des chercheurs relèvent la persistance de propos agressifs et à caractère sexuel dans les interactions avec ces assistantes, normalisant ainsi des comportements abusifs envers les « femmes-machines » qui risquent de se reporter sur les vraies femmes… In fine, l’humanisation et la féminisation de l’IA peut paradoxalement conduire à une déshumanisation accrue des femmes.

    - La perpétuation de stéréotypes

    À première vue, Diella pourrait apparaître comme une victoire symbolique : une femme – même virtuelle – accède à un poste de ministre. Dans un pays où la politique reste dominée par les hommes, et alors que la plupart des IA féminines sont des assistantes, certains y verront un signe d’égalité.

    Mais cette lecture naïve et optimiste occulte un paradoxe. Alors que les femmes réelles peinent à accéder aux plus hautes fonctions dans de nombreux gouvernements, c’est une femme artificielle qui incarne l’intégrité au pouvoir. Surnommée « la servante des marchés publics », c’est en réalité une femme sans pouvoir d’agir. On retrouve ici un vieux schéma : « l’Ève artificielle », façonnée pour correspondre à un idéal de docilité et de pureté. Une ministre parfaite, car obéissante et inaltérable… et qui ne remettra jamais en cause le système qui l’a créée.

    L’IA au féminin, sainte dévouée ou Ève manipulatrice

    La féminisation des IA repose en réalité sur deux tropes profondément enracinés dans notre imaginaire, qui réduisent l’identité féminine à l’archétype de la sainte dévouée ou de l’Ève manipulatrice.

    La #sainte_dévouée, c’est l’image de la femme pure, obéissante, entièrement tournée vers les autres. Dans le cas de Diella, elle se manifeste par une promesse de transparence et de loyauté absolue, une figure de vertu incorruptible au service de l’État et de son peuple.

    La représentation visuelle de Diella rappelle d’ailleurs fortement l’iconographie de la Vierge Marie : visage doux, regard baissé, attitude humble, et voile blanc. Ces codes esthétiques religieux associent cette IA à une figure de pureté et de dévouement absolu. Mais en faisant de l’IA une figure féminine idéalisée et docile, on alimente un sexisme bienveillant qui enferme les femmes réelles dans ces mêmes stéréotypes.

    L’Ève manipulatrice : dans la culture populaire, la confiance accordée à une IA féminisée se transforme en soupçon de tromperie ou de danger. Exemple emblématique : le film de science-fiction Ex Machina, dans lequel le héros est dupé par une IA dont il tombe amoureux.

    Si Diella venait à servir d’instrument politique pour justifier certaines décisions opaques, elle pourrait elle aussi être perçue sous ce prisme : non plus comme une garante de transparence, mais comme une figure de dissimulation.

    Ces deux représentations contradictoires – la vierge sacrificielle et la séductrice perfide – continuent de structurer nos perceptions des femmes et se projettent désormais sur des artefacts technologiques, alimentant une boucle qui influence à son tour la manière dont les femmes réelles sont perçues.

    Pour une IA non humanisée et non genrée

    Plutôt que d’humaniser et de genrer l’IA, assumons-la comme une nouvelle espèce technologique : ni homme ni femme, ni humaine ni divine, mais un outil distinct, pensé pour compléter nos capacités et non pour les imiter. Cela suppose de lui donner une apparence et une voix non humaines, afin d’éviter toute confusion, toute tromperie et toute manipulation.

    Le développement des IA devrait s’appuyer sur une transparence totale, en représentant l’IA pour ce qu’elle est vraiment, à savoir un algorithme.

    Enfin, les concepteurs devraient rendre publics la composition de leurs équipes, les publics visés, les choix de conception. Car, derrière l’apparente neutralité des algorithmes et de leur interface, il y a toujours des décisions humaines, culturelles et politiques.

    L’arrivée de Diella au gouvernement albanais doit ouvrir un débat de fond : comment voulons-nous représenter l’IA ? Alors que ces technologies occupent une place croissante dans nos vies, il est urgent de réfléchir à la façon dont leur représentation façonne nos démocraties et nos relations humaines.

    https://theconversation.com/diella-premiere-ministre-artificielle-en-albanie-le-piege-de-la-fem
    #AI #intelligence_artificielle

  • Une envie pressante ? L’appli ICI Toilettes vous dit où faire pipi gratuitement en ville

    Une envie pressante et pas de toilettes en vue ? L’application ICI Toilettes, déjà disponible dans une dizaine de villes, arrive à #Strasbourg. En quelques clics, elle permet de repérer les #toilettes_publiques les plus proches, mais aussi les #bars et #restaurants partenaires qui mettent à disposition leurs #WC gratuitement.

    Que l’on soit Strasbourgeois, touriste ou sans-abri, le manque de toilettes gratuites dans la ville a souvent été pointé du doigt. En s’implantant à Strasbourg, le dispositif ICI Toilettes veut renforcer l’#accessibilité à des sanitaires propres, gratuits et ouverts au plus grand nombre.

    Installée en un clic, l’application repère les toilettes proches de l’utilisateur, qu’elles soient publiques… ou mises à disposition par des bars et restaurants partenaires. Des filtres peuvent être appliqués afin de cibler celles accessibles aux #PMR ou proposant un lange bébé. Il suffit ensuite de se rendre sur place et de demander poliment à utiliser les sanitaires gratuitement.

    De 12 à 51 sanitaires accessibles

    Pour son lancement, la version strasbourgeoise d’ICI Toilette recense 51 sanitaires accessibles au grand public contre douze en 2020, classant Strasbourg dans la moyenne nationale d’une toilette pour 5 500 habitants et dans le top 6 des villes de plus de 100 000 habitants les mieux équipées.

    Parmi la quinzaine de commerçants ayant décidé de participer au dispositif, on peut citer Baraka Jeu, l’hôtel Graffalgar , le Chariot, Bravo, le Troquet des Kneckes ou encore le Météor. Identifiables grâce à un sticker apposé en vitrine, ils seront tous équipés de kits d’hygiène féminine.

    Pour ce service, les commerçants toucheront une indemnité de 100 € par mois. Au total, ce dispositif coûtera 39 000 € par an à la Ville. Une solution bien moins onéreuse que l’installation de nouvelles toilettes publiques. L’offre sera renforcée à l’occasion du marché de Noël avec des équipements d’appoint place Broglie, quai au Sable ou encore au square Louise-Weiss.

    https://www.dna.fr/economie/2025/10/15/envie-pressante-l-appli-ici-toilettes-vous-dit-ou-faire-pipi-gratuitement-a-stra
    #appli #ici_toilettes #toilettes #espace_public #gratuité

    • Rappel : les bars et restaurants et autres commerces, lieux ouverts au public ne peuvent légalement pas limiter l’usage de leurs toilettes aux seul·es consommateur·ices.

    • On m’a raconté une présentation de diplôme à l’école de design saint sabin au début des années 90, un temps avant internet en tout cas. L’équipe d’étudiant·es s’est fait étrillée à juste titre par le jury pour avoir présenté une tablette informatique qui se connectait aux restaurants ou autres services qui étaient dans les environs de son porteur.
      Ce futurisme capitaliste avait horrifié l’assemblée pour laquelle ces jeunes crocodiles sans scrupules n’hésitaient devant rien pour vendre du service et traquer les données de localisation.

  • #VirtualBox 7.2.4 Released But Won’t Run on Ubuntu 25.10
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/virtualbox-7-2-4-release-libxml2-error-ubuntu-25-10

    Oracle has released VirtualBox 7.2.4, the second maintenance update to the latest 7.x series of the open source virtualisation software. Like other maintenance updates it mainly brings bug fixes and minor tweaks includes updated Traditional Chinese, Greek, Swedish, Hungarian and Indonesian translations. VirtualBox 7.2.4 also includes initial support for Linux kernel 6.18, which is currently in development and due for release in December 2025. Linux 6.18 is supported for both host (the distro VirtualBox is installed on) and guest systems (what runs in the VM). Other changes of notes: You can read over the the VirtualBox changelog to learn more […] You’re reading VirtualBox 7.2.4 Released But Won’t Run on Ubuntu 25.10, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without (...)

    #News #App_Updates

  • Plus d’un million d’annonces : comment Airbnb a fait de la France son terrain de jeu favori
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/19/plus-d-un-million-d-annonces-comment-airbnb-a-fait-de-la-france-son-terrain-


    [quatorze boites à clés sur pierre de taille]

    « L’ogre Airbnb (1/6). » En quinze ans, le site s’est imposé en France, « pays des vacances » et destination touristique phare, grâce à un lobbying efficace et une #fiscalité douce. Au point d’aggraver la crise du #logement. La firme étend désormais son offre pour poursuivre son essor.

    Devant l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, un drôle de ballet se déroule cinq ou six fois par jour : des 2 CV colorées se garent en double file, récupèrent des touristes, puis partent vers les rues étroites du Quartier latin. Deux heures de promenade, 95 euros par personne : un petit business qui doit son existence à #Airbnb. C’est sur cette plateforme que les clients de Frédéric Baena – des Américains, pour l’essentiel – achètent cette « expérience ». « Sans Airbnb, je ne me serais jamais lancé », admet cet ancien financier, qui possède sept 2 CV et emploie plusieurs guides chauffeurs. Des activités comme celles-ci, on en trouve plus d’un millier en France sur la plateforme. Tournée des cavistes à Lyon, promenade « chantée » dans Montmartre avec une soprano, cours de pétanque à Marseille, découverte de Deauville (Calvados) en side-car… Airbnb permet aussi de réserver des prestations à domicile, que l’on soit voyageur ou non : une manucure, un coiffeur, un chef cuisinier, un coach sportif.

    Après avoir dynamité le marché de l’#hébergement_touristique, la multinationale américaine s’imposera-t-elle dans celui des activités, et plus globalement, des #services_à_la_personne ? C’est l’ambition de la direction, qui a annoncé en mai un investissement de 200 millions d’euros pour mettre sur orbite ces nouvelles dimensions. L’enjeu : capter davantage de dépenses des voyageurs. Le principe est simple : attirer des #microentrepreneurs, et prélever une #commission (entre 15 % et 20 %) sur chaque prestation vendue.

    Contrairement à ses concurrents déjà présents sur ce marché des activités (Viator, GetYourGuide), l’atout d’Airbnb est de pouvoir proposer des « packages » qui associent le logement à ces prestations, et de capitaliser sur l’immense base de données qu’elle s’est constituée sur ses clients. « On veut devenir l’Amazon des services », résumait Brian Chesky, le PDG de l’entreprise californienne, au magazine américain The Verge, en juin.

    D’ici à trois ans, Airbnb estime pouvoir tirer un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars (850 millions d’euros) de ces nouvelles activités. Une petite fraction des 11 milliards de dollars qu’elle a réalisés en 2024 sur son cœur de métier, la location courte durée. Mais où les nuages s’amoncellent, alors que les budgets vacances se resserrent dans ses principaux marchés, et que, de New York à Barcelone, en passant par Paris, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) ou Annecy, les réglementations locales se durcissent. Si le groupe est aujourd’hui au faîte de sa puissance, de multiples signaux indiquent que pour les #meublés_touristiques, la fin de l’âge d’or approche. En septembre, Brian Chesky déclarait, lors d’une conférence organisée par le magazine Skift, qu’il n’était « pas content » du taux de croissance de son entreprise, et que la diversification était absolument nécessaire.

    https://justpaste.it/3kxbm

    #tourisme #monopole #diversification #services #capitalisme_de_plateforme #uberisation

    • L’intérêt de Home exchange, c’est, comme chez les autres dealers, la première dose. Ces 1500 points, utilisables, ça fait des nuitées moins chères qu’un lit d’auberge de jeunesse en dortoir (on en est là).

      Après, si on y prend goût, et qu’on va au-delà de la simple conso des points initiaux, ça se corse. Tu reçois des demandes de gens qui ont une ou des baraques qui valent 200 ou 350 points (ça va loin, on m’a parlé d’un cas US côte ouest, N-Y, plus Crète). Ou quelqu’un te sollicite alors qu’il propose un lieu de séjour dans ta propre ville pour 5 fois plus de points que toi. Ou bien tu cherches des lieux de séjour, et c’est écrit « frais de ménage de 50 euros ». Ça comprend aussi des Airbnb, des gens qui te racontent qu’il préfèrent que leur résidence secondaire serve (et là, y a de tout....), de la surévaluation des apparts, bref, l’esprit de lucre transpire (même si il n’y pas que ça, loin de là).

      C’est comme les SEL, ça dissout pas magiquement les rapports sociaux. Ta chambre ou ton deux pièces, tu vas le plus souvent devoir les céder longtemps pour t’offrir une semaine ailleurs (sauf dans les coins paumés, sauf dans des grandes villes à l’offre abondante).

      L’aspect absolument décisif qui justifie de passer par ce racket (ils se constituent eux-aussi un giga fichier et le prix augmente chaque année), c’est qu’il n’est nul besoin d’être propriétaire. Comme il n’y a pas de transaction marchande, a priori ton proprio ou ta CAF peut ni casser ton bail, ni te réclamer un indu d’APL. Et ça c’est à faire savoir parmi les non proprios susceptibles d’investir dans une adhésion, puis des transports, afin de changer d’air (je finis par me demander si il y en a ici, des non-proprios, m’enfin vous devez en connaitre).

      Sinon, dans nos société régies par la séparation, il y a pléthore d’entreprises de mise en relation (ah ah ah). On peut payer un autre site pour garder des animaux domestiques en échange d’un lieu de séjour, ou faire garder les siens par qui logerait chez soi. ah que « freedom to travel » malgré que ça coute cher (si on veut se payer des frites en centre ville, par exemple)
      https://www.trustedhousesitters.com

      edit ne surtout pas négliger le théâtre des évaluations, la réputation du site, des demandeurs/offreurs en dépend !

      again @touti, non 1GP représente pas 1€. Tes 1500GP t’ont coûté 170€ et valent au mieux, 25 nuits dans des chambres chez l’habitant, ou 10 nuits dans des endroits plus indépendants pas trop clinquants. Donc c’est un bon plan. Les euros, ça reviendra lorsqu’il faudra renouveler l’adhésion, si jamais.

    • « Airbnb a façonné l’idée que tout peut être rentabilisé. C’est une logique d’optimisation permanente »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/20/airbnb-a-faconne-l-idee-que-tout-peut-etre-rentabilise-c-est-une-logique-d-o

      « L’ogre Airbnb » (2/6). A Paris, environ un tiers des annonces disponibles sur Airbnb ont été soustraites du marché de l’habitat « permanent », ce qui contribue à la crise du logement dans la capitale, explique, dans un entretien au « Monde », la chercheuse Jeanne Richon.

      Entre 2018 et 2025, le nombre de logements disponibles pour de la location courte durée a bondi de 40 % à Paris : il existe environ 60 000 annonces « actives » dans la capitale, selon les chiffres du cabinet AirDNA. Pour Jeanne Richon, doctorante à l’université Paris-Est Créteil (Val-de-Marne), qui vient d’achever une thèse sur la location meublée de courte durée dans le Grand Paris, ce système entretient un lien direct avec la #crise_du_logement sur ce territoire.

      Le phénomène Airbnb a eu des conséquences économiques et culturelles fortes en France. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

      La plateforme a permis à tout le secteur de la location de courte durée de se développer de manière rapide et importante. Des milliers de propriétaires ont découvert ses avantages : c’est un système très rentable, flexible, avec une demande forte dans de multiples territoires. Sa massification a changé notre rapport à l’#immobilier. Airbnb a incité des tas de gens à investir dans ce secteur. Aussi, de nombreux ménages se sont dit qu’ils pouvaient maintenir ou envisager d’avoir une #résidence_secondaire parce qu’ils ont la possibilité de la louer facilement. Bref, la culture « Airbnb » a rendu viable la bi-résidence pour toute une partie de la population – un phénomène accentué par le télétravail, par la facilité d’accès au crédit. La diffusion d’Airbnb a aussi façonné l’idée que tout peut être rentabilisé : on perd de l’argent à ne pas louer sa maison pendant qu’on est en vacances ailleurs. C’est une logique d’optimisation permanente.

      Avec plus de 60 000 annonces, Paris est la ville qui compte le plus de locations Airbnb. Quel a été l’impact de cet essor ?

      L’impact est surtout palpable sur l’accès au logement pour les habitants et sur les prix de l’immobilier : c’est là le vrai problème. Que des Parisiens louent leur appartement à des touristes pendant qu’ils sont en vacances, cela n’engendre pas de perte de logement pour la population. Le sujet, c’est quand on transforme des appartements qui auraient pu être des résidences principales en appartements réservés à de la location de courte durée. Et ceux-ci sont de plus en plus nombreux, même s’il est très difficile de mesurer l’ampleur du phénomène.

      J’ai estimé pour ma thèse qu’à Paris, en février 2023, environ 16 000 annonces correspondent à des appartements qui ne sont pas occupés à l’année, et réservés à de la location de courte durée – soit 28 % du total des annonces. Ce nombre monte à 21 000 annonces si on y ajoute aussi les annonces louées au mois, dont on a du mal à clarifier les usages.


      Service de #ménage dans un Airbnb parisien, en septembre 2018. THIBAULT CAMUS/AP

      Ces estimations reposent sur le croisement de divers éléments de ces annonces – leur fréquence de mise en location, la disponibilité du calendrier, la possibilité de faire une #réservation_instantanée, le fait d’être mises en ligne par un #multiloueur… A Paris, qui souffre d’un manque de logements, ce volume est conséquent, d’autant que ces meublés sont majoritairement des petites surfaces, recherchées par des jeunes actifs et des étudiants.

      Pourtant, à Paris, le secteur est très réglementé, et encore plus depuis la loi Le Meur de novembre 2024…

      C’est sûr. Théoriquement, il est interdit de louer au-delà de quatre-vingt-dix jours par an une résidence principale, et il est interdit de louer en courte durée une résidence secondaire, sauf à entrer dans un onéreux mécanisme dit de « compensation ». Mais Airbnb ne vérifie pas qu’un loueur est bien dans les clous. Si la Mairie de Paris dispose d’un service d’agents qui se déplacent et engagent des poursuites judiciaires, ils ne sont pas assez nombreux, et ces contrôles sont difficiles à exercer. Les plateformes transmettent un fichier où toutes les informations nécessaires au contrôle n’y figurent pas.

      Du côté des loueurs, il y a énormément de stratégies de contournement, comme des annonces qui sont dupliquées sur plusieurs plateformes pour contourner les seuils de nuits maximum, des « chambres chez l’habitant » qui sont en réalité des studios indépendants… C’est un casse-tête. Dans le cadre de ma thèse, j’ai rencontré de nombreux loueurs qui ignoraient la loi, ou savaient qu’ils l’enfreignaient, mais se disaient qu’au vu du nombre d’annonces à Paris il y avait peu de risque d’être contrôlés. La tentation est trop forte quand on voit les revenus que ces locations génèrent.

      Mais les villes, et notamment Paris, n’ont-elles pas besoin des Airbnb pour loger tous les touristes ? Et ne profitent-elles pas des milliers d’euros de taxe de séjour qui y sont associés ?

      C’est pour cela que les plateformes ont longtemps été ménagées par les pouvoirs publics, notamment l’Etat, et que certaines législations restent imparfaites. On a d’un côté une #économie_du_tourisme avec ses multiples retombées, de l’autre l’enjeu de logement. On a aussi beaucoup de mal, en France, à toucher à la #propriété_privée. Airbnb axe sa communication autour des propriétaires qui louent pendant leurs vacances pour compléter leurs revenus : bien sûr, ces profils existent. Mais c’est cacher le vrai problème : celui de la conversion massive de logements pour de la location de courte durée. In fine, c’est un choix politique que de décider de protéger le logement plus que les retombées économiques liées au tourisme. Je crois qu’à l’heure actuelle la location meublée de courte durée fait plus de mal que de bien à nos centres-villes.

    • Comment Airbnb encourage le recours aux conciergeries, tout en restant maître à bord
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/10/16/comment-airbnb-encourage-le-recours-aux-conciergeries-tout-en-restant-maitre

      La plateforme lance mercredi [en octobre 2024] son réseau de #concierges labellisés, pour encourager les propriétaires à avoir recours à ce type de services et garder la main sur ce marché florissant.

      Lorsque le #marché_de_l’immobilier a commencé sa dégringolade, Sarah Essadiki, conseillère dans une agence immobilière du Val-de-Marne, s’est demandé quel pouvait être son plan B. Alors que son secteur est à la peine, un autre resplendit : celui de la location de meublés touristiques. La France est devenue le deuxième marché mondial pour Airbnb : à ce jour, on y recense 960 000 annonces, soit 60 % de plus qu’en 2019, selon les données d’AirDNA, un cabinet qui extrait les données du site.

      Tout un marché de #microconciergeries s’est développé autour de cette croissance fulgurante, proposant aux propriétaires de gérer tout ou partie de cette activité à leur place. D’agente immobilière à concierge, il n’y a qu’un pas, que Sarah Essadiki franchit à l’été 2023, en créant sa structure, en parallèle de son emploi en agence. Elle commence à Montmartre, à Paris, avec l’appartement d’une connaissance, « qui partait en vacances en Thaïlande et ne voulait pas s’en occuper », raconte-t-elle. Sarah Essadiki crée l’annonce sur Airbnb, échange avec les locataires, fait le ménage, gère les commentaires… D’autres appartements arrivent dans sa besace et, deux mois plus tard, elle intègre la plateforme des concierges labellisés par Airbnb, intitulé « le réseau de co-hôtes ».

      Cette interface, jusqu’ici en phase de test, est officiellement lancée mercredi 16 octobre par Airbnb. Concrètement, ce catalogue permet à des propriétaires de trouver à proximité de chez eux des co-hôtes (des concierges, dans la novlangue Airbnb), selon les critères voulus : ménage, remise de clés, gestion d’une annonce… Seuls les concierges les mieux notés peuvent figurer dans ce réseau. L’interface d’Airbnb encadre toute la relation entre le propriétaire et son #prestataire, jusqu’au paiement de celui-ci, via une commission comprise entre 17 % et 20 % du prix de la location (les tarifs sont fixés par les concierges). Au cours des derniers mois, deux mille personnes en France ont intégré ce club de concierges, la majorité étant des #autoentrepreneurs, exerçant en parallèle à d’autres activités.

      Loin de l’économie collaborative des débuts

      La volonté de développer cette interface en dit long sur la manière dont Airbnb envisage sa croissance dans les années à venir. « La première raison pour laquelle les gens ne veulent pas mettre leur logement sur Airbnb, c’est qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper, ou qu’ils ne savent pas faire. On veut aider les propriétaires à s’alléger de tout cela », cadre Emmanuel Marill, directeur Europe d’Airbnb. En créant cette place de marché de concierges, le premier enjeu pour Airbnb est ainsi d’attirer de nouveaux propriétaires, et d’inciter ceux qui sont présents à louer plus souvent – rappelons que la plateforme se rémunère via une commission sur chaque location.

      Aussi, Airbnb a tout intérêt à pousser ses hôtes vers des #standards_hôteliers, desquels ces concierges « bien notés » sont les garants : meilleure satisfaction des clients, moins de conflits… Un esprit loin de l’économie collaborative des débuts, mais qui témoigne de la professionnalisation et de la #montée_en_gamme croissante de ce système. La multiplication des #services de conciergerie, ces dernières années, contribue aussi à la hausse des prix sur la plateforme. Selon AirDNA, le prix moyen d’une nuit sur Airbnb en France a bondi de 40 % en cinq ans.

      En outre, cette interface est une manière pour Airbnb de garder la main sur ce florissant marché de la conciergerie, en imposant ses standards, en cadrant les échanges, et en créant une forme de loyauté chez les concierges sélectionnés – même si ceux-ci n’ont pas de contrat d’exclusivité. « C’est une manière de contrôler le système », reconnaît Théophile Guettier, qui a intégré ce réseau de co-hôtes.

      Pied de nez aux conciergeries les plus installées

      En creux, en devenant une sorte de « super conciergerie », il s’agit aussi de promouvoir un modèle : celui du concierge individuel slasheur, qui n’exerce pas ce métier à temps complet mais gère quelques appartements pour arrondir ses fins de mois. C’est le cas d’Amel Ait Slimane, dont le métier principal est l’assistance à maîtrise d’ouvrage et la décoration d’intérieur. Elle s’était lancée dans la conciergerie en 2019, et a intégré le réseau de concierges d’Airbnb à l’été 2024. « Etre sur cette plateforme m’a apporté plus de business », assure-t-elle.

      En moyenne, un co-hôte gère sept logements – un peu moins pour Mme Essadiki. Elle estime qu’en 2024, elle aura touché « environ 10 000 euros » pour cette activité. « Etre co-hôte, c’est une autre manière de gagner de l’argent avec Airbnb, dans le sillage de la gig economy [économie des petits boulots] », commente M. Marill. Ce terme désigne ces jobs issus de l’économie des plateformes, qui se caractérisent aussi par la faiblesse de leurs filets de sécurité.

      La propulsion de ce réseau de co-hôtes constitue en tout cas un pied de nez aux conciergeries les plus installées, avec des salariés qui ont les moyens d’acheter des mots-clés sur Google pour recruter leurs clients… Mais qui peuvent plus facilement court-circuiter Airbnb, ou du moins, lui être moins loyaux. En 2018, Airbnb avait d’ailleurs racheté une start-up florissante dans ce domaine, la conciergerie Luckey, qui avait levé des fonds et comptait quarante-cinq salariés.

      « Alors que Booking monte en puissance sur les locations saisonnières, Airbnb cherche à préserver sa position dominante sur le marché, analyse Corentin Minet, directeur du réseau Conciergeries locatives de France. Et, pour cela, ils verrouillent tout autour d’eux. »

    • Le modèle de tourisme d’Airbnb a métamorphosé certaines villes en France, comme La Rochelle et Nice
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/21/de-la-rochelle-a-nice-comment-le-systeme-airbnb-a-change-les-villes_6648333_

      A trois heures de TGV de Paris, La Rochelle fait partie des #villes_touristiques qui ont vu leur marché immobilier transformé ces dernières années. « Juste après la pandémie de Covid-19, on a vu arriver énormément d’acquéreurs : il y a eu une ruée sur les petites surfaces du centre-ville. Ce sont des personnes qui voulaient investir dans la pierre. Elles louent sur Airbnb la plus grande partie du temps, et y séjournent quelques week-ends par an », explique Mickael Gauduchon, directeur d’une agence immobilière sur le port. Des télétravailleurs occasionnels, des retraités, ou de purs investisseurs, qui ont profité de prix d’achat au mètre carré raisonnables dans de vieux bâtiments.

      « Vraie pénurie de biens »

      Dans le même temps, des propriétaires qui avaient l’habitude de louer avec un bail classique ont basculé dans ce système de la location de courte durée, bien plus rentable, avec moins de risques d’impayés, plus de souplesse. Aujourd’hui, la municipalité estime à « 6 000 » le nombre de meublés touristiques, dont 85 % de résidences secondaires. Les étudiants, les travailleurs saisonniers, les familles éprouvent de grandes difficultés pour se loger à La Rochelle, que ce soit en location où à l’achat – car les prix n’ont cessé d’augmenter. « Les meublés touristiques ont eu un fort impact sur le marché. Depuis cinq ans, il y a une vraie pénurie de biens disponibles, en particulier pour les petites surfaces », confirme-t-on à l’agence Benoit Immobilier, sur le port de La Rochelle.


      La rue Léonce-Vieljeux, où la concentration en meublés touristiques est la plus importante du centre de La Rochelle, le 3 octobre 2025. YOHAN BONNET/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

      Surtout, la demande touristique est là : la ville a enregistré, en 2024, près de 3 millions de nuitées de voyageurs. Séduit par une offre de meublés touristiques bon marché [sic] et commode pour les groupes et les familles, un nouveau flux de visiteurs est arrivé à La Rochelle, et s’est ajouté à la clientèle des autres hébergements touristiques. Sans Airbnb, Annemette O’Shaughnessy aurait-elle eu le réflexe et les moyens de partir en week-end dans le port charentais ? Cette Irlandaise est venue avec son mari et sa fille pour assister à un match de rugby et découvrir la ville. Elle loge dans un appartement près du port, loué sur la plateforme. « C’est beaucoup mieux qu’un hôtel, car on peut avoir notre espace, un salon, se faire à manger », explique-t-elle.

      Cet accroissement du nombre de touristes conduit à des pics de fréquentation que dénoncent de plus en plus les habitants. Mais aussi à une transformation des commerces. Marie-Christine Etienne, assistante sociale à la retraite, dresse la liste des boutiques ayant fermé récemment dans le centre-ville : « Le magasin d’optique, la boutique pour animaux, la cordonnerie, une épicerie, une quincaillerie… A la place, on a de la restauration rapide, des coffee-shops, une boutique de cookies. »

      Selon elle, la ville s’est montrée trop gourmande, multipliant les grands événements, concerts ou congrès, conduisant à un afflux de visiteurs qui saturent la ville. « Avant, on avait du monde à certaines périodes précises. Depuis la fin du Covid, c’est toute l’année. Il y a toute une nouvelle population de voyageurs qui font la fête, remplissent les bars : les nuisances sonores n’ont jamais été aussi importantes. Alors, quand je vois qu’à la gare Montparnasse [à Paris], il y a des publicités pour faire venir les gens à La Rochelle, ça me désole. »

      « Zéro vie sociale »

      Peu à peu, les liens sociaux se transforment. « Je suis le seul habitant de mon immeuble », évoque Guillaume Thébault, 34 ans, architecte à La Rochelle, qui vit dans une rue commerçante proche du port. Tous les autres appartements – cinq au total – ont peu à peu été transformés en locations de courte durée. Ses voisins sont différents chaque semaine. Il rencontre plus souvent des livreurs Uber Eats dans sa cage d’escalier. « J’ai zéro vie sociale dans mon immeuble. Je suis le témoin d’une ville qui se transforme sous l’effet de l’ubérisation de la société », affirme-t-il.


      De nombreuses boîtes à clés, sur la porte d’une conciergerie rue Réaumur, dans le centre de La Rochelle, le 3 octobre 2025. YOHAN BONNET/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

      https://justpaste.it/d9oga

      #ville

    • Comment les stations de ski ont basculé dans l’économie du Airbnb
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/22/comment-les-stations-de-ski-ont-bascule-dans-l-economie-du-airbnb_6648811_32

      Dans ces villages, dominés par les résidences secondaires, l’irruption des plateformes a rendu beaucoup plus facile la location entre particuliers. Avec une conséquence directe sur la hausse des prix de l’immobilier.

      Benjamin Berger se souvient d’une époque pas si lointaine – les années 2000 – où de nombreux propriétaires d’appartements ou de chalets à la montagne étaient rétifs à louer leur bien à des vacanciers : ils voyaient surtout les désagréments associés. « Culturellement, l’idée d’avoir des inconnus qui dorment chez soi était mal acceptée, raconte ce spécialiste de l’immobilier en montagne, fondateur de l’agence Cimalpes, qui gère 1 200 biens en location saisonnière. On allait jusqu’à remplacer les matelas pour que certains acceptent de louer ! »

      Les temps ont bien changé. Lui a vu un moment décisif : 2008, la crise des subprimes. Les propriétaires, dont bon nombre étaient liés à l’économie financière, ont compris qu’ils ne pouvaient pas laisser des biens immobiliers sans rendements. Surtout, Airbnb, Abritel et Booking sont arrivés, rendant flexible, facile et attractive la possibilité de louer, avec d’importants revenus à la clé – tandis que les conciergeries poussaient comme des champignons. _« La culture de la résidence secondaire à la montagne a changé. Le côté investissement a pris le pas sur le côté familial et affectif , résume Louis Andrews, directeur de la plateforme de location de chalets OVO.

      La greffe a pris rapidement. En 2019, il y avait 38 000 annonces Airbnb en Savoie et Haute-Savoie. En début d’année 2025, 72 000 étaient recensées. Des stations comme Morzine, La Plagne ou Les Arcs comptent plus de 2 000 appartements ou chalets loués via Airbnb, d’après les données d’Inside Airbnb : l’offre a plus que doublé en seulement cinq ans.

      https://justpaste.it/akgy7

      Une #financiarisation_du_logement qui pèse sur la construction elle-même, et plus encore sur celle de logements sociaux.
      #investissement #rentabilité

    • « Airbnb, c’est de l’argent facile et c’est très addictif » : des milliers de personnes s’improvisent hôteliers en France
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/10/23/airbnb-c-est-de-l-argent-facile-et-c-est-tres-addictif-comment-des-milliers-

      Sur Internet, des sites se sont d’ailleurs spécialisés dans l’ameublement clés en main. Ils proposent des décors au design standardisé, des « packs » « Art déco », « ethnique » ou « industriel » pour habiller n’importe quelle surface, du canapé aux affiches, du plaid aux tasses à café. Qu’il séjourne à Oslo, à Paris, à Marseille ou à Budapest, le touriste, en ouvrant la porte de sa location, ne sera pas dépaysé.

      [...]

      La start-up Zorrooo, spécialisée dans les litiges du quotidien, dit avoir échangé avec plus de 300 hôtes dont l’annonce a été reléguée dans les plus lointaines pages d’Airbnb. « Nous pensons que la plateforme a changé son algorithme fin 2023, qu’elle se professionnalise et privilégie désormais les annonces avec conciergerie, co-hôte, services et expériences », affirme sa cofondatrice, Capucine Berr.

      Tout comprendre à la logique d’Airbnb et à son algorithme est devenu un métier. Elise Ripoche en a fait son activité en créant une start-up au nom très explicite, J’affiche complet. Cette agence optimise les tarifs, « pour maximiser le chiffre d’affaires », avec, quand la demande est très forte, le prix le plus haut possible et les séjours les plus longs. « La location saisonnière est globalement perçue comme “M. Dupont met sa maison sur Airbnb pour boucler ses fins de mois”. En réalité, il s’agit d’une industrie », déclare la jeune femme.

      https://justpaste.it/1pahb

      Airbnb a une réelle part de responsabilité dans la #crise_du_logement [éditorial]

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/23/airbnb-a-une-reelle-part-de-responsabilite-dans-la-crise-du-logement_6648991

      Loin du modèle « sympa » des fondateurs d’Airbnb qui, en 2008, proposaient la location d’un matelas gonflable (airbed) dans leur appartement agrémenté d’un petit déjeuner, le site à l’ergonomie efficace et pratique a non seulement dynamité le marché de la location touristique, mais a aussi encouragé la transformation de résidences principales en logements réservés à la location de courte durée.

      La progression fulgurante d’Airbnb – plus de 1 million d’annonces en août en France, soit 60 % de plus qu’en 2018 – reflète une mutation spectaculaire du rapport des propriétaires à leur bien, plus seulement un lieu d’habitation ou une rente de long terme, mais une source potentiellement très rentable d’argent facile et de mobilité. Encouragée par l’essor du #télétravail, la formule a aussi incité à l’achat de résidences secondaires « amortissables » par le biais de la location de courte durée.

      Le secteur a pris une telle ampleur qu’il fait l’objet d’une financiarisation généralisée, où les rencontres humaines encensées au début ont laissé la place aux boîtes à clés et aux conciergeries, à une #standardisation des décorations et à l’aigreur de rapports logeurs-logés basés sur les exigences matérielles illimitées de ces derniers et sur l’impitoyable sanction par les « notations ».

    • Graz (Autriche) : Un immeuble d’appartements Airbnb temporairement occupé
      https://attaque.noblogs.org/post/2025/10/21/graz-autriche-un-immeuble-dappartements-airbnb-temporairement-occup

      Dans le quartier Gries, à Graz, un immeuble presque entièrement vide, avec des appartements Airbnb, a reçu une visite anti-touristique…

      À Graz, il y a environ mille appartements Airbnb (des appartements de vacances chers à en crever, qui restent vides la plupart du temps et sont réservés aux touristes aisés). Mille appartements dans lesquels des gens pourraient vivre. Tant de place et pourtant tant d’expulsions locatives.

      Même Elke [Elke Kahr, maire de la ville ; NdAtt.] ne peut pas y faire grand-chose. La liquidation de la ville au nom du profit et le vide dystopique sont tout à fait dans l’intérêt des grandes sociétés immobilières ou des riches propriétaires privés. Nous ne restons plus à regarder, mais nous reprenons les espaces ! Occupez les maisons de votre ville ! Nos salutations vont à toutes les villes liquidées en soldes, comme Barcelone et Athènes. Contre Airbnb et son monde. FUCK GENTRIFICATION

  • #Thunderbird 144 Update Delivers Assorted Fixes
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/thunderbird-144-update-fastmail-exchange-fixes

    The new Thunderbird 144 release brings a assorted fixes to users of the open-source desktop e-mail client, including fixes for Microsoft Exchange accounts. You’re reading Thunderbird 144 Update Delivers Assorted Fixes, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates #Fastmail

  • #OnlyOffice 9.1 Released With More Features Etc
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/onlyoffice-9-1-new-features

    The free ONLYOFFICE productivity suite has been updated with a host of new features, including an improved PDF Editor. Details on what’s new inside this post. You’re reading ONLYOFFICE 9.1 Released With More Features Etc, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates

  • #VMware Workstation Pro 25H2 Released with New Features
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/vmware-workstation-pro-25h2-released

    Since it was made free to download, install and use for whatever you want, VMware Workstation Pro (and macOS counterpart Fusion Pro) has continued to receive frequent updates — the latest of which landed this week. Now sporting a new date-based versioning scheme, VMware Workstation Pro 25H2 is a sizeable update that adds support for newer hardware, and updates its list of supported ‘host’ operating systems (the one you install VMware Workstation on). VMware Workstation Pro 25H2 brings support for Virtual Hardware Version 22. VMware hardware versions set out the virtual hardware a VM can use, and each bump to […] You’re reading VMware Workstation Pro 25H2 Released with New Features, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without (...)

    #News #App_Updates #Virtual_Machines

  • #Firefox 144 Released with #Google_Lens Support, Profile Manager + More
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/firefox-144-released-new-features

    Mozilla Firefox 144 released with Google Lens image search and Perplexity AI integration, tab group and translation improvements, and other new features. You’re reading Firefox 144 Released with Google Lens Support, Profile Manager + More, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates

  • #ghostty 1.2 Adds Quick Terminal Support on Linux
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/ghostty-1-2-new-features-for-linux

    Ghostty 1.2.0 released on September 15, 2025 with 6 months worth of changes (over 2,600 commits). As a cross-platform terminal, there are improvements to Windows, macOS and Linux (and newly added support for FreeBSD). Ubuntu 25.10 includes a new default terminal app that, for most of us, offers everything one needs. But, it’s not the only desktop terminal emulator with a modern focus and developer momentum behind it: Ghostty is a frightfully good alternative. This article looks at changes made in Ghostty 1.2. It is not an overview, review or introduction to Ghostty (nor is this in any way an […] You’re reading Ghostty 1.2 Adds Quick Terminal Support on Linux, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without (...)

    #News #App_Updates #terminal_apps

  • #flatpak Doesn’t Work in #Ubuntu_25.10, But a Fix is Coming
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/flatpak-broken-ubuntu-25-10-apparmor-bug

    Flatpak installs are failing in Ubuntu 25.10 with revokefs-fuse unmount errors. Here’s what’s causing it, why it’s not a intentional, and when a fix is coming You’re reading Flatpak Doesn’t Work in Ubuntu 25.10, But a Fix is Coming, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #AppArmor #Bug_Fixes #flathub

  • #IA et #éducation (1/2) : plongée dans l’IApocalypse éducative

    L’#IA_générative est en train de transformer en profondeur le monde de l’éducation, où les élèves l’utilisent massivement pour faire leurs devoirs. Entre dénis et illusions, comment s’adapter ? Faut-il s’adapter ?

    A l’été 2023, Ethan Mollick, professeur de management à Wharton, co-directeur du Generative AI Labs et auteur de #Co-intelligence : vivre et travailler avec l’IA (qui vient de paraître en français chez First), décrivait dans son excellente newsletter, One useful thing, l’apocalypse des #devoirs. Cette apocalypse qu’il annonçait était qu’il ne serait plus possible pour les enseignants de donner des devoirs à leurs élèves à cause de l’IA, redoutant une triche généralisée.

    Pourtant, rappelait-il, la triche est là depuis longtemps. Une étude longitudinale de 2020 montrait déjà que de moins en moins d’élèves bénéficiaient des devoirs qu’ils avaient à faire. L’étude, menée par le professeur de psychologie cognitive, Arnold Glass du Learning and memory laboratory de Rutgers, montrait que lorsque les élèves faisaient leurs devoirs en 2008, cela améliorait leurs notes aux examens pour 86% d’entre eux, alors qu’en 2017, les devoirs ne permettaient plus d’améliorer les notes que de 45% des élèves. Pourquoi ? Parce que plus de la moitié des élèves copiaient-collaient les réponses à leurs devoirs sur internet en 2017, et n’en tiraient donc pas profit. Une autre étude soulignait même que 15% des élèves avaient payé quelqu’un pour faire leur devoir, généralement via des sites d’aides scolaires en ligne. Si #tricher s’annonce plus facile avec l’IA, il faut se rappeler que c’était déjà facile avant sa généralisation.

    Les #calculatrices n’ont pas tué les #mathématiques

    Mais la triche n’est pas la seule raison pour laquelle l’IA remet en question la notion même de devoirs. Mollick rappelle que l’introduction de la calculatrice a radicalement transformé l’enseignement des mathématiques. Dans un précédent article, il revenait d’ailleurs sur cette histoire. Lorsque la calculatrice a été introduite dans les écoles, les réactions ont été étonnamment proches des inquiétudes initiales que Mollick entend aujourd’hui concernant l’utilisation de l’IA par les élèves. En s’appuyant sur une thèse signée Sarah Banks, Mollick rappelle que dès les années 70, certains professeurs étaient impatients d’intégrer l’usage des calculatrices dans leurs classes, mais c’était loin d’être le cas de tous. La majorité regardait l’introduction de la calculatrice avec suspicion et les parents partagaient l’inquiétude que leurs enfants n’oublient les bases des maths. Au début des années 80, les craintes des enseignants s’étaient inversées, mais très peu d’écoles fournissaient de calculatrices à leurs élèves. Il faut attendre le milieu des années 1990, pour que les calculatrices intègrent les programmes scolaires. En fait, un consensus pratique sur leur usage a été atteint. Et l’enseignement des mathématiques ne s’est pas effondré (même si les tests Pisa montrent une baisse de performance, notamment dans les pays de l’OCDE, mais pour bien d’autres raisons que la généralisation des calculatrices) (https://stanford.edu/~cpiech/bio/papers/gptsurprise.pdf).

    Pour Mollick, l’intégration de l’IA à l’école suivra certainement un chemin similaire. « Certains devoirs nécessiteront l’assistance de l’IA, d’autres l’interdiront. Les devoirs d’écriture en classe sur des ordinateurs sans connexion Internet, combinés à des examens écrits, permettront aux élèves d’acquérir les #compétences_rédactionnelles de base. Nous trouverons un consensus pratique qui permettra d’intégrer l’IA au processus d’#apprentissage sans compromettre le développement des #compétences essentielles. Tout comme les calculatrices n’ont pas remplacé l’apprentissage des mathématiques, l’IA ne remplacera pas l’apprentissage de l’#écriture et de la #pensée_critique. Cela prendra peut-être du temps, mais nous y parviendrons », explique Mollick, toujours optimiste.

    Pourquoi faire des devoirs quand l’IA les rend obsolètes ?

    Mais l’impact de l’IA ne se limite pas à l’écriture, estime Mollick. Elle peut aussi être un vulgarisateur très efficace et #ChatGPT peut répondre à bien des questions. L’arrivée de l’IA remet en cause les méthodes d’enseignements traditionnelles que sont les #cours_magistraux, qui ne sont pas si efficaces et dont les alternatives, pour l’instant, n’ont pas connu le succès escompté. « Les cours magistraux ont tendance à reposer sur un #apprentissage_passif, où les étudiants se contentent d’écouter et de prendre des notes sans s’engager activement dans la résolution de problèmes ni la pensée critique. Dans ce format, les étudiants peuvent avoir du mal à retenir l’information, car leur attention peut facilement faiblir lors de longues présentations. De plus, l’approche universelle des cours magistraux ne tient pas compte des différences et des capacités individuelles, ce qui conduit certains étudiants à prendre du retard tandis que d’autres se désintéressent, faute de stimulation ». Mollick est plutôt partisan de l’#apprentissage_actif, qui supprime les cours magistraux et invite les étudiants à participer au processus d’apprentissage par le biais d’activités telles que la #résolution_de_problèmes, le #travail_de_groupe et les #exercices_pratiques. Dans cette approche, les étudiants collaborent entre eux et avec l’enseignant pour mettre en pratique leurs apprentissages. Une méthode que plusieurs études valorisent comme plus efficaces, même si les étudiants ont aussi besoin d’enseignements initiaux appropriés.

    La solution pour intégrer davantage d’apprentissage actif passe par les #classes_inversées, où les étudiants doivent apprendre de nouveaux concepts à la maison (via des vidéos ou des ressources numériques) pour les appliquer ensuite en classe par le biais d’activités, de discussions ou d’exercices. Afin de maximiser le temps consacré à l’apprentissage actif et à la pensée critique, tout en utilisant l’apprentissage à domicile pour la transmission du contenu.

    Pourtant, reconnaît Mollick, l’apprentissage actif peine à s’imposer, notamment parce que les professeurs manquent de ressources de qualité et de matériel pédagogique inversé de qualité. Des lacunes que l’IA pourrait bien combler. Mollick imagine alors une classe où des tuteurs IA personnalisés viendraient accompagner les élèves, adaptant leur enseignement aux besoins des élèves tout en ajustant les contenus en fonction des performances des élèves, à la manière du manuel électronique décrit dans L’âge de diamant de Neal Stephenson, emblème du rêve de l’apprentissage personnalisé. Face aux difficultés, Mollick à tendance à toujours se concentrer « sur une vision positive pour nous aider à traverser les temps incertains à venir ». Pas sûr que cela suffise.

    Dans son article d’août 2023, Mollick estime que les élèves vont bien sûr utiliser l’IA pour tricher et vont l’intégrer dans tout ce qu’ils font. Mais surtout, ils vont nous renvoyer une question à laquelle nous allons devoir répondre : ils vont vouloir comprendre pourquoi faire des devoirs quand l’IA les rend obsolètes ?

    Perturbation de l’écriture et de la #lecture

    Mollick rappelle que la dissertation est omniprésente dans l’enseignement. L’écriture remplit de nombreuses fonctions notamment en permettant d’évaluer la capacité à raisonner et à structurer son #raisonnement. Le problème, c’est que les dissertations sont très faciles à générer avec l’IA générative. Les détecteurs de leur utilisation fonctionnent très mal et il est de plus en plus facile de les contourner. A moins de faire tout travail scolaire en classe et sans écrans, nous n’avons plus de moyens pour détecter si un travail est réalisé par l’homme ou la machine. Le retour des dissertations sur table se profile, quitte à grignoter beaucoup de temps d’apprentissage.

    Mais pour Mollick, les écoles et les enseignants vont devoir réfléchir sérieusement à l’utilisation acceptable de l’IA. Est-ce de la triche de lui demander un plan ? De lui demander de réécrire ses phrases ? De lui demander des références ou des explications ? Qu’est-ce qui peut-être autorisé et comment les utiliser ?

    Pour les étudiants du supérieur auxquels il donne cours, Mollick a fait le choix de rendre l’usage de l’IA obligatoire dans ses cours et pour les devoirs, à condition que les modalités d’utilisation et les consignes données soient précisées. Pour lui, cela lui a permis d’exiger des devoirs plus ambitieux, mais a rendu la notation plus complexe.

    Mollick rappelle qu’une autre activité éducative primordiale reste la lecture. « Qu’il s’agisse de rédiger des comptes rendus de lecture, de résumer des chapitres ou de réagir à des articles, toutes ces tâches reposent sur l’attente que les élèves assimilent la lecture et engagent un dialogue avec elle ». Or, l’IA est là encore très performante pour lire et résumer. Mollick suggère de l’utiliser comme partenaire de lecture, en favorisant l’interaction avec l’IA, pour approfondir les synthèses… Pas sûr que la perspective apaise la panique morale qui se déverse dans la presse sur le fait que les étudiants ne lisent plus. Du New Yorker (« Les humanités survivront-elles à ChatGPT ? » ou « Est-ce que l’IA encourage vraiement les élèves à tricher ? ») à The Atlantic (« Les étudiants ne lisent plus de livres » ou « La génération Z voit la lecture comme une perte de temps ») en passant par les pages opinions du New York Times (qui explique par exemple que si les étudiants ne lisent plus c’est parce que les compétences ne sont plus valorisées nulles part), la perturbation que produit l’arrivée de ChatGPT dans les études se double d’une profonde chute de la lecture, qui semble être devenue d’autant plus inutile que les machines les rendent disponibles. Mêmes inquiétudes dans la presse de ce côté-ci de l’Atlantique, du Monde à Médiapart en passant par France Info…

    Mais l’IA ne menace pas que la lecture ou l’écriture. Elle sait aussi très bien résoudre les problèmes et exercices de math comme de science.

    Pour Mollick, comme pour bien des thuriféraires de l’IA, c’est à l’école et à l’enseignement de s’adapter aux perturbations générées par l’IA, qu’importe si la société n’a pas demandé le déploiement de ces outils. D’ailleurs, soulignait-il très récemment, nous sommes déjà dans une éducation postapocalyptique. Selon une enquête de mai 2024, aux Etats-Unis 82 % des étudiants de premier cycle universitaire et 72 % des élèves de la maternelle à la terminale ont déjà utilisé l’IA. Une adoption extrêmement rapide. Même si les élèves ont beau dos de ne pas considérer son utilisation comme de la triche. Pour Mollick, « la triche se produit parce que le travail scolaire est difficile et comporte des enjeux importants ». L’être humain est doué pour trouver comment se soustraire ce qu’il ne souhaite pas faire et éviter l’#effort_mental. Et plus les #tâches_mentales sont difficiles, plus nous avons tendance à les éviter. Le problème, reconnaît Mollick, c’est que dans l’éducation, faire un #effort reste primordial.

    Dénis et illusions

    Pourtant, tout le monde semble être dans le #déni et l’#illusion. Les enseignants croient pouvoir détecter facilement l’utilisation de l’IA et donc être en mesure de fixer les barrières. Ils se trompent très largement. Une écriture d’IA bien stimulée est même jugée plus humaine que l’écriture humaine par les lecteurs. Pour les professeurs, la seule option consiste à revenir à l’écriture en classe, ce qui nécessite du temps qu’ils n’ont pas nécessairement et de transformer leur façon de faire cours, ce qui n’est pas si simple.

    Mais les élèves aussi sont dans l’illusion. « Ils ne réalisent pas réellement que demander de l’aide pour leurs devoirs compromet leur #apprentissage ». Après tout, ils reçoivent des conseils et des réponses de l’IA qui les aident à résoudre des problèmes, qui semble rendre l’apprentissage plus fluide. Comme l’écrivent les auteurs de l’étude de Rutgers : « Rien ne permet de croire que les étudiants sont conscients que leur stratégie de devoirs diminue leur note à l’examen… ils en déduisent, de manière logique, que toute stratégie d’étude augmentant leur note à un devoir augmente également leur note à l’examen ». En fait, comme le montre une autre étude, en utilisant ChatGPT, les notes aux devoirs progressent, mais les notes aux #examens ont tendance à baisser de 17% en moyenne quand les élèves sont laissés seuls avec l’outil (https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4895486). Par contre, quand ils sont accompagnés pour comprendre comment l’utiliser comme #coach plutôt qu’outil de réponse, alors l’outil les aide à la fois à améliorer leurs notes aux devoirs comme à l’examen. Une autre étude, dans un cours de programmation intensif à Stanford, a montré que l’usage des chatbots améliorait plus que ne diminuait les notes aux examens.

    Une majorité de professeurs estiment que l’usage de ChatGPT est un outil positif pour l’apprentissage. Pour Mollick, l’IA est une aide pour comprendre des sujets complexes, réfléchir à des idées, rafraîchir ses connaissances, obtenir un retour, des conseils… Mais c’est peut-être oublier de sa part, d’où il parle et combien son expertise lui permet d’avoir un usage très évolué de ces outils. Ce qui n’est pas le cas des élèves.
    Encourager la réflexion et non la remplacer

    Pour que les étudiants utilisent l’IA pour stimuler leur réflexion plutôt que la remplacer, il va falloir les accompagner, estime Mollick. Mais pour cela, peut-être va-t-il falloir nous intéresser aux professeurs, pour l’instant laissés bien dépourvus face à ces nouveaux outils.

    Enfin, pas tant que cela. Car eux aussi utilisent l’IA. Selon certains sondages américains, trois quart des enseignants utiliseraient désormais l’IA dans leur travail, mais nous connaissons encore trop peu les méthodes efficaces qu’ils doivent mobiliser. Une étude qualitative menée auprès d’eux a montré que ceux qui utilisaient l’IA pour aider leurs élèves à réfléchir, pour améliorer les explications obtenaient de meilleurs résultats. Pour Mollick, la force de l’IA est de pouvoir créer des expériences d’apprentissage personnalisées, adaptées aux élèves et largement accessibles, plus que les technologies éducatives précédentes ne l’ont jamais été. Cela n’empêche pas Mollick de conclure par le discours lénifiant habituel : l’éducation quoiqu’il en soit doit s’adapter !

    Cela ne veut pas dire que cette adaptation sera très facile ou accessible, pour les professeurs, comme pour les élèves. Dans l’éducation, rappellent les psychologues Andrew Wilson et Sabrina Golonka sur leur blog, « le processus compte bien plus que le résultat« . Or, l’IA fait à tous la promesse inverse. En matière d’éducation, cela risque d’être dramatique, surtout si nous continuons à valoriser le résultat (les notes donc) sur le processus. David Brooks ne nous disait pas autre chose quand il constatait les limites de notre méritocratie actuelle. C’est peut-être par là qu’il faudrait d’ailleurs commencer, pour résoudre l’IApocalypse éducative…

    Pour Mollick cette évolution « exige plus qu’une acceptation passive ou une résistance futile ». « Elle exige une refonte fondamentale de notre façon d’enseigner, d’apprendre et d’évaluer les connaissances. À mesure que l’IA devient partie intégrante du paysage éducatif, nos priorités doivent évoluer. L’objectif n’est pas de déjouer l’IA ou de faire comme si elle n’existait pas, mais d’exploiter son potentiel pour améliorer l’éducation tout en atténuant ses inconvénients. La question n’est plus de savoir si l’IA transformera l’éducation, mais comment nous allons façonner ce changement pour créer un environnement d’apprentissage plus efficace, plus équitable et plus stimulant pour tous ». Plus facile à dire qu’à faire. Expérimenter prend du temps, trouver de bons exercices, changer ses pratiques… pour nombre de professeurs, ce n’est pas si évident, d’autant qu’ils ont peu de temps disponible pour se faire ou se former. La proposition d’Anthropic de produire une IA dédiée à l’accompagnement des élèves (Claude for Education) qui ne cherche pas à fournir des réponses, mais produit des modalités pour accompagner les élèves à saisir les raisonnements qu’ils doivent échafauder, est certes stimulante, mais il n’est pas sûr qu’elle ne soit pas contournable.

    Dans les commentaires des billets de Mollick, tout le monde se dispute, entre ceux qui pensent plutôt comme Mollick et qui ont du temps pour s’occuper de leurs élèves, qui vont pouvoir faire des évaluations orales et individuelles, par exemple (ce que l’on constate aussi dans les cursus du supérieur en France, rapportait le Monde). Et les autres, plus circonspects sur les évolutions en cours, où de plus en plus souvent des élèves produisent des contenus avec de l’IA que leurs professeurs font juger par des IA… On voit bien en tout cas, que la question de l’IA générative et ses usages, ne pourra pas longtemps rester une question qu’on laisse dans les seules mains des professeurs et des élèves, à charge à eux de s’en débrouiller.

    https://danslesalgorithmes.net/2025/06/24/ia-et-education-1-2-plongee-dans-liapocalypse-educative
    #AI #intelligence_artificielle
    #à_lire

    • IA et éducation (2/2) : du #dilemme_moral au malaise social

      Encourager les élèves à un usage responsable de l’IA semble plus facile à dire qu’à faire. Notamment parce que l’IA place la déqualification au coeur même de l’apprentissage. Derrière la question morale de la triche, il faut surtout observer le malaise social à l’oeuvre. L’IA n’est certainement pas le grand égalisateur qu’on pense.

      La bataille éducative est-elle perdue ?

      Une grande enquête de 404 media montre qu’à l’arrivée de ChatGPT, les écoles publiques américaines étaient totalement démunies face à l’adoption généralisée de ChatGPT par les élèves. Le problème est d’ailleurs loin d’être résolu. Le New York Mag a récemment publié un article qui se désole de la triche généralisée qu’ont introduit les IA génératives à l’école. De partout, les élèves utilisent les chatbots pour prendre des notes pendant les cours, pour concevoir des tests, résumer des livres ou des articles, planifier et rédiger leurs essais, résoudre les exercices qui leurs sont demandés. Le plafond de la triche a été pulvérisé, explique un étudiant. “Un nombre considérable d’étudiants sortiront diplômés de l’université et entreront sur le marché du travail en étant essentiellement analphabètes”, se désole un professeur qui constate le court-circuitage du processus même d’apprentissage. La triche semblait pourtant déjà avoir atteint son apogée, avant l’arrivée de ChatGPT, notamment avec les plateformes d’aides au devoir en ligne comme Chegg et Course Hero. “Pour 15,95 $ par mois, Chegg promettait des réponses à toutes les questions de devoirs en seulement 30 minutes, 24h/24 et 7j/7, grâce aux 150 000 experts diplômés de l’enseignement supérieur qu’elle employait, principalement en Inde”.

      Chaque école a proposé sa politique face à ces nouveaux outils, certains prônant l’interdiction, d’autres non. Depuis, les politiques se sont plus souvent assouplies, qu’endurcies. Nombre de profs autorisent l’IA, à condition de la citer, ou ne l’autorisent que pour aide conceptuelle et en demandant aux élèves de détailler la manière dont ils l’ont utilisé. Mais cela ne dessine pas nécessairement de limites claires à leurs usages. L’article souligne que si les professeurs se croient doués pour détecter les écrits générés par l’IA, des études ont démontré qu’ils ne le sont pas. L’une d’elles, publiée en juin 2024, utilisait de faux profils d’étudiants pour glisser des travaux entièrement générés par l’IA dans les piles de correction des professeurs d’une université britannique. Les professeurs n’ont pas signalé 97 % des essais génératifs. En fait, souligne l’article, les professeurs ont plutôt abandonné l’idée de pouvoir détecter le fait que les devoirs soient rédigés par des IA. “De nombreux enseignants semblent désormais désespérés”. “Ce n’est pas ce pour quoi nous nous sommes engagés”, explique l’un d’entre eux. La prise de contrôle de l’enseignement par l’IA tient d’une crise existentielle de l’éducation. Désormais, les élèves ne tentent même plus de se battre contre eux-mêmes. Ils se replient sur la facilité. “Toute tentative de responsabilisation reste vaine”, constatent les professeurs.

      L’IA a mis à jour les défaillances du système éducatif. Bien sûr, l’idéal de l’université et de l’école comme lieu de développement intellectuel, où les étudiants abordent des idées profondes a disparu depuis longtemps. La perspective que les IA des professeurs évaluent désormais les travaux produits par les IA des élèves, finit de réduire l’absurdité de la situation, en laissant chacun sans plus rien à apprendre. Plusieurs études (comme celle de chercheurs de Microsoft) ont établi un lien entre l’utilisation de l’IA et une détérioration de l’esprit critique. Pour le psychologue, Robert Sternberg, l’IA générative compromet déjà la créativité et l’intelligence. “La bataille est perdue”, se désole un autre professeur.

      Reste à savoir si l’usage “raisonnable” de l’IA est possible. Dans une longue enquête pour le New Yorker, le journaliste Hua Hsu constate que tous les étudiants qu’il a interrogé pour comprendre leur usage de l’IA ont commencé par l’utiliser pour se donner des idées, en promettant de veiller à un usage responsable et ont très vite basculé vers des usages peu modérés, au détriment de leur réflexion. L’utilisation judicieuse de l’IA ne tient pas longtemps. Dans un rapport sur l’usage de Claude par des étudiants, Anthropic a montré que la moitié des interactions des étudiants avec son outil serait extractive, c’est-à-dire servent à produire des contenus. 404 media est allé discuter avec les participants de groupes de soutien en ligne de gens qui se déclarent comme “dépendants à l’IA”. Rien n’est plus simple que de devenir accro à un chatbot, confient des utilisateurs de tout âge. OpenAI en est conscient, comme le pointait une étude du MIT sur les utilisateurs les plus assidus, sans proposer pourtant de remèdes.

      Comment apprendre aux enfants à faire des choses difficiles ? Le journaliste Clay Shirky, devenu responsable de l’IA en éducation à la New York University, dans le Chronicle of Higher Education, s’interroge : l’IA améliore-t-elle l’éducation ou la remplace-t-elle ? “Chaque année, environ 15 millions d’étudiants de premier cycle aux États-Unis produisent des travaux et des examens de plusieurs milliards de mots. Si le résultat d’un cours est constitué de travaux d’étudiants (travaux, examens, projets de recherche, etc.), le produit de ce cours est l’expérience étudiante”. Un devoir n’a de valeur que ”pour stimuler l’effort et la réflexion de l’élève”. “L’utilité des devoirs écrits repose sur deux hypothèses : la première est que pour écrire sur un sujet, l’élève doit comprendre le sujet et organiser ses pensées. La seconde est que noter les écrits d’un élève revient à évaluer l’effort et la réflexion qui y ont été consacrés”. Avec l’IA générative, la logique de cette proposition, qui semblait pourtant à jamais inébranlable, s’est complètement effondrée.

      Pour Shirky, il ne fait pas de doute que l’IA générative peut être utile à l’apprentissage. “Ces outils sont efficaces pour expliquer des concepts complexes, proposer des quiz pratiques, des guides d’étude, etc. Les étudiants peuvent rédiger un devoir et demander des commentaires, voir à quoi ressemble une réécriture à différents niveaux de lecture, ou encore demander un résumé pour vérifier la clarté”… “Mais le fait que l’IA puisse aider les étudiants à apprendre ne garantit pas qu’elle le fera”. Pour le grand théoricien de l’éducation, Herbert Simon, “l’enseignant ne peut faire progresser l’apprentissage qu’en incitant l’étudiant à apprendre”. “Face à l’IA générative dans nos salles de classe, la réponse évidente est d’inciter les étudiants à adopter les utilisations utiles de l’IA tout en les persuadant d’éviter les utilisations néfastes. Notre problème est que nous ne savons pas comment y parvenir”, souligne pertinemment Shirky. Pour lui aussi, aujourd’hui, les professeurs sont en passe d’abandonner. Mettre l’accent sur le lien entre effort et apprentissage ne fonctionne pas, se désole-t-il. Les étudiants eux aussi sont déboussolés et finissent par se demander où l’utilisation de l’IA les mène. Shirky fait son mea culpa. L’utilisation engagée de l’IA conduit à son utilisation paresseuse. Nous ne savons pas composer avec les difficultés. Mais c’était déjà le cas avant ChatGPT. Les étudiants déclarent régulièrement apprendre davantage grâce à des cours magistraux bien présentés qu’avec un apprentissage plus actif, alors que de nombreuses études démontrent l’inverse. “Un outil qui améliore le rendement mais dégrade l’expérience est un mauvais compromis”.

      C’est le sens même de l’éducation qui est en train d’être perdu. Le New York Times revenait récemment sur le fait que certaines écoles interdisent aux élèves d’utiliser ces outils, alors que les professeurs, eux, les surutilisent. Selon une étude auprès de 1800 enseignants de l’enseignement supérieur, 18 % déclaraient utiliser fréquemment ces outils pour faire leur cours, l’année dernière – un chiffre qui aurait doublé depuis. Les étudiants ne lisent plus ce qu’ils écrivent et les professeurs non plus. Si les profs sont prompts à critiquer l’usage de l’IA par leurs élèves, nombre d’entre eux l’apprécient pour eux-mêmes, remarque un autre article du New York Times. A PhotoMath ou Google Lens qui viennent aider les élèves, répondent MagicSchool et Brisk Teaching qui proposent déjà des produits d’IA qui fournissent un retour instantané sur les écrits des élèves. L’Etat du Texas a signé un contrat de 5 ans avec l’entreprise Cambium Assessment pour fournir aux professeurs un outil de notation automatisée des écrits des élèves.

      Pour Jason Koebler de 404 media : “la société dans son ensemble n’a pas très bien résisté à l’IA générative, car les grandes entreprises technologiques s’obstinent à nous l’imposer. Il est donc très difficile pour un système scolaire public sous-financé de contrôler son utilisation”. Pourtant, peu après le lancement public de ChatGPT, certains districts scolaires locaux et d’État ont fait appel à des consultants pro-IA pour produire des formations et des présentations “encourageant largement les enseignants à utiliser l’IA générative en classe”, mais “aucun n’anticipait des situations aussi extrêmes que celles décrites dans l’article du New York Mag, ni aussi problématiques que celles que j’ai entendues de mes amis enseignants, qui affirment que certains élèves désormais sont totalement dépendants de ChatGPT”. Les documents rassemblés par 404media montrent surtout que les services d’éducation américains ont tardé à réagir et à proposer des perspectives aux enseignants sur le terrain.

      Dans un autre article de 404 media, Koebler a demandé à des professeurs américains d’expliquer ce que l’IA a changé à leur travail. Les innombrables témoignages recueillis montrent que les professeurs ne sont pas restés les bras ballants, même s’ils se sentent très dépourvus face à l’intrusion d’une technologie qu’ils n’ont pas voulu. Tous expliquent qu’ils passent des heures à corriger des devoirs que les élèves mettent quelques secondes à produire. Tous dressent un constat similaire fait d’incohérences, de confusions, de démoralisations, entre préoccupations et exaspérations. Quelles limites mettre en place ? Comment s’assurer qu’elles soient respectées ? “Je ne veux pas que les étudiants qui n’utilisent pas de LLM soient désavantagés. Et je ne veux pas donner de bonnes notes à des étudiants qui ne font pratiquement rien”, témoigne un prof. Beaucoup ont désormais recours à l’écriture en classe, au papier. Quelques-uns disent qu’ils sont passés de la curiosité au rejet catégorique de ces outils. Beaucoup pointent que leur métier est plus difficile que jamais. “ChatGPT n’est pas un problème isolé. C’est le symptôme d’un paradigme culturel totalitaire où la consommation passive et la régurgitation de contenu deviennent le statu quo.”
      L’IA place la déqualification au coeur de l’apprentissage

      Nicholas Carr, qui vient de faire paraître Superbloom : How Technologies of Connection Tear Us Apart (Norton, 2025, non traduit) rappelle dans sa newsletter que “la véritable menace que représente l’IA pour l’éducation n’est pas qu’elle encourage la triche, mais qu’elle décourage l’apprentissage”. Pour Carr, lorsque les gens utilisent une machine pour réaliser une tâche, soit leurs compétences augmentent, soit elles s’atrophient, soit elles ne se développent jamais. C’est la piste qu’il avait d’ailleurs exploré dans Remplacer l’humain (L’échapée, 2017, traduction de The Glass Cage) en montrant comment les logiciels transforment concrètement les métiers, des architectes aux pilotes d’avions). “Si un travailleur maîtrise déjà l’activité à automatiser, la machine peut l’aider à développer ses compétences” et relever des défis plus complexes. Dans les mains d’un mathématicien, une calculatrice devient un “amplificateur d’intelligence”. A l’inverse, si le maintien d’une compétence exige une pratique fréquente, combinant dextérité manuelle et mentale, alors l’automatisation peut menacer le talent même de l’expert. C’est le cas des pilotes d’avion confrontés aux systèmes de pilotage automatique qui connaissent un “affaissement des compétences” face aux situations difficiles. Mais l’automatisation est plus pernicieuse encore lorsqu’une machine prend les commandes d’une tâche avant que la personne qui l’utilise n’ait acquis l’expérience de la tâche en question. “C’est l’histoire du phénomène de « déqualification » du début de la révolution industrielle. Les artisans qualifiés ont été remplacés par des opérateurs de machines non qualifiés. Le travail s’est accéléré, mais la seule compétence acquise par ces opérateurs était celle de faire fonctionner la machine, ce qui, dans la plupart des cas, n’était quasiment pas une compétence. Supprimez la machine, et le travail s’arrête”.

      Bien évidemment que les élèves qui utilisent des chatbots pour faire leurs devoirs font moins d’effort mental que ceux qui ne les utilisent pas, comme le pointait une très épaisse étude du MIT (synthétisée par Le Grand Continent), tout comme ceux qui utilisent une calculatrice plutôt que le calcul mental vont moins se souvenir des opérations qu’ils ont effectuées. Mais le problème est surtout que ceux qui les utilisent sont moins méfiants de leurs résultats (comme le pointait l’étude des chercheurs de Microsoft), alors que contrairement à ceux d’une calculatrice, ils sont beaucoup moins fiables. Le problème de l’usage des LLM à l’école, c’est à la fois qu’il empêche d’apprendre à faire, mais plus encore que leur usage nécessite des compétences pour les évaluer.

      L’IA générative étant une technologie polyvalente permettant d’automatiser toutes sortes de tâches et d’emplois, nous verrons probablement de nombreux exemples de chacun des trois scénarios de compétences dans les années à venir, estime Carr. Mais l’utilisation de l’IA par les lycéens et les étudiants pour réaliser des travaux écrits, pour faciliter ou éviter le travail de lecture et d’écriture, constitue un cas particulier. “Elle place le processus de déqualification au cœur de l’éducation. Automatiser l’apprentissage revient à le subvertir”.

      En éducation, plus vous effectuez de recherches, plus vous vous améliorez en recherche, et plus vous rédigez d’articles, plus vous améliorez votre rédaction. “Cependant, la valeur pédagogique d’un devoir d’écriture ne réside pas dans le produit tangible du travail – le devoir rendu à la fin du devoir. Elle réside dans le travail lui-même : la lecture critique des sources, la synthèse des preuves et des idées, la formulation d’une thèse et d’un argument, et l’expression de la pensée dans un texte cohérent. Le devoir est un indicateur que l’enseignant utilise pour évaluer la réussite du travail de l’étudiant – le travail d’apprentissage. Une fois noté et rendu à l’étudiant, le devoir peut être jeté”.

      L’IA générative permet aux étudiants de produire le produit sans effectuer le travail. Le travail remis par un étudiant ne témoigne plus du travail d’apprentissage qu’il a nécessité. “Il s’y substitue ». Le travail d’apprentissage est ardu par nature : sans remise en question, l’esprit n’apprend rien. Les étudiants ont toujours cherché des raccourcis bien sûr, mais l’IA générative est différente, pas son ampleur, par sa nature. “Sa rapidité, sa simplicité d’utilisation, sa flexibilité et, surtout, sa large adoption dans la société rendent normal, voire nécessaire, l’automatisation de la lecture et de l’écriture, et l’évitement du travail d’apprentissage”. Grâce à l’IA générative, un élève médiocre peut produire un travail remarquable tout en se retrouvant en situation de faiblesse. Or, pointe très justement Carr, “la conséquence ironique de cette perte d’apprentissage est qu’elle empêche les élèves d’utiliser l’IA avec habileté. Rédiger une bonne consigne, un prompt efficace, nécessite une compréhension du sujet abordé. Le dispensateur doit connaître le contexte de la consigne. Le développement de cette compréhension est précisément ce que la dépendance à l’IA entrave”. “L’effet de déqualification de l’outil s’étend à son utilisation”. Pour Carr, “nous sommes obnubilés par la façon dont les étudiants utilisent l’IA pour tricher. Alors que ce qui devrait nous préoccuper davantage, c’est la façon dont l’IA trompe les étudiants”.

      Nous sommes d’accord. Mais cette conclusion n’aide pas pour autant à avancer !
      Passer du malaise moral au malaise social !

      Utiliser ou non l’IA semble surtout relever d’un malaise moral (qui en rappelle un autre), révélateur, comme le souligne l’obsession sur la « triche » des élèves. Mais plus qu’un dilemme moral, peut-être faut-il inverser notre regard, et le poser autrement : comme un malaise social. C’est la proposition que fait le sociologue Bilel Benbouzid dans un remarquable article pour AOC (première et seconde partie).

      Pour Benbouzid, l’IA générative à l’université ébranle les fondements de « l’auctorialité », c’est-à-dire qu’elle modifie la position d’auteur et ses repères normatifs et déontologiques. Dans le monde de l’enseignement supérieur, depuis le lancement de ChatGPT, tout le monde s’interroge pour savoir que faire de ces outils, souvent dans un choix un peu binaire, entre leur autorisation et leur interdiction. Or, pointe justement Benbouzid, l’usage de l’IA a été « perçu » très tôt comme une transgression morale. Très tôt, les utiliser a été associé à de la triche, d’autant qu’on ne peut pas les citer, contrairement à tout autre matériel écrit.

      Face à leur statut ambiguë, Benbouzid pose une question de fond : quelle est la nature de l’effort intellectuel légitime à fournir pour ses études ? Comment distinguer un usage « passif » de l’IA d’un usage « actif », comme l’évoquait Ethan Mollick dans la première partie de ce dossier ? Comment contrôler et s’assurer d’une utilisation active et éthique et non pas passive et moralement condamnable ?

      Pour Benbouzid, il se joue une réflexion éthique sur le rapport à soi qui nécessite d’être authentique. Mais peut-on être authentique lorsqu’on se construit, interroge le sociologue, en évoquant le fait que les étudiants doivent d’abord acquérir des compétences avant de s’individualiser. Or l’outil n’est pas qu’une machine pour résumer ou copier. Pour Benbouzid, comme pour Mollick, bien employée, elle peut-être un vecteur de stimulation intellectuelle, tout en exerçant une influence diffuse mais réelle. « Face aux influences tacites des IAG, il est difficile de discerner les lignes de partage entre l’expression authentique de soi et les effets normatifs induits par la machine. » L’enjeu ici est bien celui de la capacité de persuasion de ces machines sur ceux qui les utilisent.

      Pour les professeurs de philosophie et d’éthique Mark Coeckelbergh et David Gunkel, comme ils l’expliquent dans un article (qui a depuis donné lieu à un livre, Communicative AI, Polity, 2025), l’enjeu n’est pourtant plus de savoir qui est l’auteur d’un texte (même si, comme le remarque Antoine Compagnon, sans cette figure, la lecture devient indéchiffrable, puisque nul ne sait plus qui parle, ni depuis quels savoirs), mais bien plus de comprendre les effets que les textes produisent. Pourtant, ce déplacement, s’il est intéressant (et peut-être peu adapté à l’IA générative, tant les textes produits sont rarement pertinents), il ne permet pas de cadrer les usages des IA génératives qui bousculent le cadre ancien de régulation des textes académiques. Reste que l’auteur d’un texte doit toujours en répondre, rappelle Benbouzid, et c’est désormais bien plus le cas des étudiants qui utilisent l’IA que de ceux qui déploient ces systèmes d’IA. L’autonomie qu’on attend d’eux est à la fois un idéal éducatif et une obligation morale envers soi-même, permettant de développer ses propres capacités de réflexion. « L’acte d’écriture n’est pas un simple exercice technique ou une compétence instrumentale. Il devient un acte de formation éthique ». Le problème, estiment les professeurs de philosophie Timothy Aylsworth et Clinton Castro, dans un article qui s’interroge sur l’usage de ChatGPT, c’est que l’autonomie comme finalité morale de l’éducation n’est pas la même que celle qui permet à un étudiant de décider des moyens qu’il souhaite mobiliser pour atteindre son but. Pour Aylsworth et Castro, les étudiants ont donc obligation morale de ne pas utiliser ChatGPT, car écrire soi-même ses textes est essentiel à la construction de son autonomie. Pour eux, l’école doit imposer une morale de la responsabilité envers soi-même où écrire par soi-même n’est pas seulement une tâche scolaire, mais également un moyen d’assurer sa dignité morale. « Écrire, c’est penser. Penser, c’est se construire. Et se construire, c’est honorer l’humanité en soi. »

      Pour Benbouzid, les contradictions de ces deux dilemmes résument bien le choix cornélien des étudiants et des enseignants. Elle leur impose une liberté de ne pas utiliser. Mais cette liberté de ne pas utiliser, elle, ne relève-t-elle pas d’abord et avant tout d’un jugement social ?
      L’IA générative ne sera pas le grand égalisateur social !

      C’est la piste fructueuse qu’explore Bilel Benbouzid dans la seconde partie de son article. En explorant qui à recours à l’IA et pourquoi, le sociologue permet d’entrouvrir une autre réponse que la réponse morale. Ceux qui promeuvent l’usage de l’IA pour les étudiants, comme Ethan Mollick, estiment que l’IA pourrait agir comme une égaliseur de chances, permettant de réduire les différences cognitives entre les élèves. C’est là une référence aux travaux d’Erik Brynjolfsson, Generative AI at work, qui souligne que l’IA diminue le besoin d’expérience, permet la montée en compétence accélérée des travailleurs et réduit les écarts de compétence des travailleurs (une théorie qui a été en partie critiquée, notamment parce que ces avantages sont compensés par l’uniformisation des pratiques et leur surveillance – voir ce que nous en disions en mobilisant les travaux de David Autor). Mais sommes-nous confrontés à une homogénéisation des performances d’écritures ? N’assiste-t-on pas plutôt à un renforcement des inégalités entre les meilleurs qui sauront mieux que d’autres tirer partie de l’IA générative et les moins pourvus socialement ?

      Pour John Danaher, l’IA générative pourrait redéfinir pas moins que l’égalité, puisque les compétences traditionnelles (rédaction, programmation, analyses…) permettraient aux moins dotés d’égaler les meilleurs. Pour Danaher, le risque, c’est que l’égalité soit alors reléguée au second plan : « d’autres valeurs comme l’efficacité économique ou la liberté individuelle prendraient le dessus, entraînant une acceptation accrue des inégalités. L’efficacité économique pourrait être mise en avant si l’IA permet une forte augmentation de la productivité et de la richesse globale, même si cette richesse est inégalement répartie. Dans ce scénario, plutôt que de chercher à garantir une répartition équitable des ressources, la société pourrait accepter des écarts grandissants de richesse et de statut, tant que l’ensemble progresse. Ce serait une forme d’acceptation de l’inégalité sous prétexte que la technologie génère globalement des bénéfices pour tous, même si ces bénéfices ne sont pas partagés de manière égale. De la même manière, la liberté individuelle pourrait être privilégiée si l’IA permet à chacun d’accéder à des outils puissants qui augmentent ses capacités, mais sans garantir que tout le monde en bénéficie de manière équivalente. Certains pourraient considérer qu’il est plus important de laisser les individus utiliser ces technologies comme ils le souhaitent, même si cela crée de nouvelles hiérarchies basées sur l’usage différencié de l’IA ». Pour Danaher comme pour Benbouzid, l’intégration de l’IA dans l’enseignement doit poser la question de ses conséquences sociales !

      Les LLM ne produisent pas un langage neutre mais tendent à reproduire les « les normes linguistiques dominantes des groupes sociaux les plus favorisés », rappelle Bilel Benbouzid. Une étude comparant les lettres de motivation d’étudiants avec des textes produits par des IA génératives montre que ces dernières correspondent surtout à des productions de CSP+. Pour Benbouzid, le risque est que la délégation de l’écriture à ces machines renforce les hiérarchies existantes plus qu’elles ne les distribue. D’où l’enjeu d’une enquête en cours pour comprendre l’usage de l’IA générative des étudiants et leur rapport social au langage.

      Les premiers résultats de cette enquête montrent par exemple que les étudiants rechignent à copier-collé directement le texte créé par les IA, non seulement par peur de sanctions, mais plus encore parce qu’ils comprennent que le ton et le style ne leur correspondent pas. « Les étudiants comparent souvent ChatGPT à l’aide parentale. On comprend que la légitimité ne réside pas tant dans la nature de l’assistance que dans la relation sociale qui la sous-tend. Une aide humaine, surtout familiale, est investie d’une proximité culturelle qui la rend acceptable, voire valorisante, là où l’assistance algorithmique est perçue comme une rupture avec le niveau académique et leur propre maîtrise de la langue ». Et effectivement, la perception de l’apport des LLM dépend du capital culturel des étudiants. Pour les plus dotés, ChatGPT est un outil utilitaire, limité voire vulgaire, qui standardise le langage. Pour les moins dotés, il leur permet d’accéder à des éléments de langages valorisés et valorisants, tout en l’adaptant pour qu’elle leur corresponde socialement.

      Dans ce rapport aux outils de génération, pointe un rapport social à la langue, à l’écriture, à l’éducation. Pour Benbouzid, l’utilisation de l’IA devient alors moins un problème moral qu’un dilemme social. « Ces pratiques, loin d’être homogènes, traduisent une appropriation différenciée de l’outil en fonction des trajectoires sociales et des attentes symboliques qui structurent le rapport social à l’éducation. Ce qui est en jeu, finalement, c’est une remise en question de la manière dont les étudiants se positionnent socialement, lorsqu’ils utilisent les robots conversationnels, dans les hiérarchies culturelles et sociales de l’université. » En fait, les étudiants utilisent les outils non pas pour se dépasser, comme l’estime Mollick, mais pour produire un contenu socialement légitime. « En déléguant systématiquement leurs compétences de lecture, d’analyse et d’écriture à ces modèles, les étudiants peuvent contourner les processus essentiels d’intériorisation et d’adaptation aux normes discursives et épistémologiques propres à chaque domaine. En d’autres termes, l’étudiant pourrait perdre l’occasion de développer authentiquement son propre capital culturel académique, substitué par un habitus dominant produit artificiellement par l’IA. »

      L’apparence d’égalité instrumentale que permettent les LLM pourrait donc paradoxalement renforcer une inégalité structurelle accrue. Les outils creusant l’écart entre des étudiants qui ont déjà internalisé les normes dominantes et ceux qui les singent. Le fait que les textes générés manquent d’originalité et de profondeur critique, que les IA produisent des textes superficiels, ne rend pas tous les étudiants égaux face à ces outils. D’un côté, les grandes écoles renforcent les compétences orales et renforcent leurs exigences d’originalité face à ces outils. De l’autre, d’autres devront y avoir recours par nécessité. « Pour les mieux établis, l’IA représentera un outil optionnel d’optimisation ; pour les plus précaires, elle deviendra une condition de survie dans un univers concurrentiel. Par ailleurs, même si l’IA profitera relativement davantage aux moins qualifiés, cette amélioration pourrait simultanément accentuer une forme de dépendance technologique parmi les populations les plus défavorisées, creusant encore le fossé avec les élites, mieux armées pour exercer un discernement critique face aux contenus générés par les machines ».

      Bref, loin de l’égalisation culturelle que les outils permettraient, le risque est fort que tous n’en profitent pas d’une manière égale. On le constate très bien ailleurs. Le fait d’être capable de rédiger un courrier administratif est loin d’être partagé. Si ces outils améliorent les courriers des moins dotés socialement, ils ne renversent en rien les différences sociales. C’est le même constat qu’on peut faire entre ceux qui subliment ces outils parce qu’ils les maîtrisent finement, et tous les autres qui ne font que les utiliser, comme l’évoquait Gregory Chatonsky, en distinguant les utilisateurs mémétiques et les utilisateurs productifs. Ces outils, qui se présentent comme des outils qui seraient capables de dépasser les inégalités sociales, risquent avant tout de mieux les amplifier. Plus que de permettre de personnaliser l’apprentissage, pour s’adapter à chacun, il semble que l’IA donne des superpouvoirs d’apprentissage à ceux qui maîtrisent leurs apprentissages, plus qu’aux autres.
      L’IApocalypse scolaire, coincée dans le droit

      Les questions de l’usage de l’IA à l’école que nous avons tenté de dérouler dans ce dossier montrent l’enjeu à débattre d’une politique publique d’usage de l’IA générative à l’école, du primaire au supérieur. Mais, comme le montre notre enquête, toute la communauté éducative est en attente d’un cadre. En France, on attend les recommandations de la mission confiée à François Taddéi et Sarah Cohen-Boulakia sur les pratiques pédagogiques de l’IA dans l’enseignement supérieur, rapportait le Monde.

      Un premier cadre d’usage de l’IA à l’école vient pourtant d’être publié par le ministère de l’Education nationale. Autant dire que ce cadrage processuel n’est pas du tout à la hauteur des enjeux. Le document consiste surtout en un rappel des règles et, pour l’essentiel, elles expliquent d’abord que l’usage de l’IA générative est contraint si ce n’est impossible, de fait. « Aucun membre du personnel ne doit demander aux élèves d’utiliser des services d’IA grand public impliquant la création d’un compte personnel » rappelle le document. La note recommande également de ne pas utiliser l’IA générative avec les élèves avant la 4e et souligne que « l’utilisation d’une intelligence artificielle générative pour réaliser tout ou partie d’un devoir scolaire, sans autorisation explicite de l’enseignant et sans qu’elle soit suivie d’un travail personnel d’appropriation à partir des contenus produits, constitue une fraude ». Autant dire que ce cadre d’usage ne permet rien, sinon l’interdiction. Loin d’être un cadre de développement ouvert à l’envahissement de l’IA, comme s’en plaint le SNES-FSU, le document semble surtout continuer à produire du déni, tentant de rappeler des règles sur des usages qui les débordent déjà très largement.

      Sur Linked-in, Yann Houry, prof dans un Institut privé suisse, était très heureux de partager sa recette pour permettre aux profs de corriger des copies avec une IA en local, rappelant que pour des questions de légalité et de confidentialité, les professeurs ne devraient pas utiliser les services d’IA génératives en ligne pour corriger les copies. Dans les commentaires, nombreux sont pourtant venu lui signaler que cela ne suffit pas, rappelant qu’utiliser l’IA pour corriger les copies, donner des notes et classer les élèves peut-être classée comme un usage à haut-risque selon l’IA Act, ou encore qu’un formateur qui utiliserait l’IA en ce sens devrait en informer les apprenants afin qu’ils exercent un droit de recours en cas de désaccord sur une évaluation, sans compter que le professeur doit également être transparent sur ce qu’il utilise pour rester en conformité et l’inscrire au registre des traitements. Bref, d’un côté comme de l’autre, tant du côté des élèves qui sont renvoyé à la fraude quelque soit la façon dont ils l’utilisent, que des professeurs, qui ne doivent l’utiliser qu’en pleine transparence, on se rend vite compte que l’usage de l’IA dans l’éducation reste, formellement, très contraint, pour ne pas dire impossible.

      D’autres cadres et rapports ont été publiés. comme celui de l’inspection générale, du Sénat ou de la Commission européenne et de l’OCDE, mais qui se concentrent surtout sur ce qu’un enseignement à l’IA devrait être, plus que de donner un cadre aux débordements des usages actuels. Bref, pour l’instant, le cadrage de l’IApocalypse scolaire reste à construire, avec les professeurs… et avec les élèves.

      Hubert Guillaud

      MAJ du 02/09/2025 : Le rapport de François Taddei sur l’IA dans l’enseignement supérieur a été publié. Et, contrairement à ce qu’on aurait pu en attendre, il ne répond pas à la question des limites de l’usage de l’IA dans l’enseignement supérieur.

      Le rapport est pourtant disert. Il recommande de mutualiser les capacités de calculs, les contenus et les bonnes pratiques, notamment via une plateforme de mutualisation. Il recommande de développer la formation des étudiants comme des personnels et bien sûr de repenser les modalités d’évaluation, mais sans proposer de pistes concrètes. « L’IA doit notamment contribuer à rendre les établissements plus inclusifs, renforcer la démocratie universitaire, et développer un nouveau modèle d’enseignement qui redéfinisse le rôle de l’enseignant et des étudiants », rappelle l’auteur de Apprendre au XXIe siècle (Calmann-Levy, 2018) qui militait déjà pour transformer l’institution. Il recommande enfin de développer des data centers dédiés, orientés enseignement et des solutions techniques souveraines et invite le ministère de l’enseignement supérieur à se doter d’une politique nationale d’adoption de l’IA autour d’un Institut national IA, éducation et société.

      Le rapport embarque une enquête quantitative sur l’usage de l’IA par les étudiants, les professeurs et les personnels administratifs. Si le rapport estime que l’usage de l’IA doit être encouragé, il souligne néanmoins que son développement « doit être accompagné de réflexions collectives sur les usages et ses effets sur l’organisation du travail, les processus et l’évolution des compétences », mais sans vraiment faire de propositions spécifiques autres que citer certaines déjà mises en place nombre de professeurs. Ainsi, sur l’évolution des pratiques, le rapport recense les évolutions, notamment le développement d’examens oraux, mais en pointe les limites en termes de coûts et d’organisation, sans compter, bien sûr, qu’ils ne permettent pas d’évaluer les capacités d’écriture des élèves. « La mission considère que l’IA pourrait donner l’opportunité de redéfinir les modèles d’enseignement, en réinterrogeant le rôle de chacun. Plusieurs pistes sont possibles : associer les étudiants à la définition des objectifs des enseignements, responsabiliser les étudiants sur les apprentissages, mettre en situation professionnelle, développer davantage les modes projet, développer la résolution de problèmes complexes, associer les étudiants à l’organisation d’événements ou de travaux de recherche, etc. Le principal avantage de cette évolution est qu’elle peut permettre de renforcer l’engagement des étudiants dans les apprentissages car ils sont plus impliqués quand ils peuvent contribuer aux choix des sujets abordés. Ils prendront aussi conscience des enjeux pour leur vie professionnelle des matières enseignées. Une telle évolution pourrait renforcer de ce fait la qualité des apprentissages. Elle permettrait aussi de proposer davantage d’horizontalité dans les échanges, ce qui est attendu par les étudiants et qui reflète aussi davantage le fonctionnement par projet, mode d’organisation auquel ils seront fréquemment confrontés ». Pour répondre au défi de l’IA, la mission Taddeï propose donc de « sortir d’une transmission descendante » au profit d’un apprentissage plus collaboratif, comme François Taddéi l’a toujours proposé, mais sans proposer de norme pour structurer les rapports à l’IA.

      Le rapport recommande d’ailleurs de favoriser l’usage de l’IA dans l’administration scolaire et d’utiliser le « broad listening« , l’écoute et la consultation des jeunes pour améliorer la démocratie universitaire… Une proposition qui pourrait être stimulante si nous n’étions pas plutôt confronter à son exact inverse : le broad listening semble plutôt mobilisé pour réprimer les propos étudiants que le contraire… Enfin, le rapport insiste particulièrement sur l’usage de l’IA pour personnaliser l’orientation et être un tuteur d’études. La dernière partie du rapport constate les besoins de formation et les besoins d’outils mutualisés, libres et ouverts : deux aspects qui nécessiteront des financements et projets adaptés.

      Ce rapport très pro-IA ne répond pas vraiment à la difficulté de l’évaluation et de l’enseignement à l’heure où les élèves peuvent utiliser l’IA pour leurs écrits.

      Signalons qu’un autre rapport a été publié concomitamment, celui de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGERS) qui insiste également sur le besoin de coordination et de mutualisation.

      Pour l’instant, l’une des propositions la plus pratico-pratique que l’on a vu passer sont assurément les résultats de la convention « citoyenne » de Sciences-Po Aix sur l’usage de l’IA générative, formulant 7 propositions. La convention recommande que les étudiants déclarent l’usage de l’IA, pour préciser le niveau d’intervention qui a été fait, le modèle utilisé et les instructions données, sur le modèle de celles utilisées par l’université de Sherbrooke. L’avis recommande aussi la coordination des équipes pédagogiques afin d’harmoniser les pratiques, pour donner un cadre cohérent aux étudiants et bâtir une réflexion collective. La 3e proposition consiste à améliorer l’enquête sur les pratiques via des formulaires réguliers pour mieux saisir les niveaux d’usages des élèves. La 4e proposition propose de ne pas autoriser l’IA générative pour les étudiants en première et seconde année, afin de leur permettre d’acquérir un socle de connaissances. La 5e proposition propose que les enseignants indiquent clairement si l’usage est autorisé ou non et selon quelles modalités, sur le modèle que propose, là encore, l’université de Sherbrooke. La 6e proposition propose d’améliorer la formation aux outils d’IA. La 7e propose d’organiser des ateliers de sensibilisation aux dimensions environnementales et sociales des IA génératives, intégrés à la formation. Comme le montrent nombre de chartes de l’IA dans l’éducation, celle-ci propose surtout un plus fort cadrage des usages que le contraire.

      En tout cas, le sujet agite la réflexion. Dans une tribune pour le Monde, le sociologue Manuel Cervera-Marzal estime que plutôt que d’ériger des interdits inapplicables en matière d’intelligence artificielle, les enseignants doivent réinventer les manières d’enseigner et d’évaluer, explique-t-il en explicitant ses propres pratiques. Même constat dans une autre tribune pour le professeur et écrivain Maxime Abolgassemi.

      Dans une tribune pour le Club de Mediapart, Céline Cael et Laurent Reynaud, auteurs de Et si on imaginait l’école de demain ? (Retz, 2025) reviennent sur les annonces toutes récentes de la ministre de l’éducation, Elisabeth Borne, de mettre en place une IA pour les professeurs “pour les accompagner dans leurs métiers et les aider à préparer leurs cours” (un appel d’offres a d’ailleurs été publié en janvier 2025 pour sélectionner un candidat). Des modules de formation seront proposés aux élèves du secondaire et un chatbot sera mis en place pour répondre aux questions administratives et réglementaires des personnels de l’Éducation nationale, a-t-elle également annoncé. Pour les deux enseignants, “l’introduction massive du numérique, et de l’IA par extension, dans le quotidien du métier d’enseignant semble bien plus souvent conduire à un appauvrissement du métier d’enseignant plutôt qu’à son optimisation”. “L’IA ne saurait être la solution miracle à tous les défis de l’éducation”, rappellent-ils. Les urgences ne sont pas là.

      Selon le bulletin officiel de l’éducation nationale qui a publié en juillet un cadre pour un usage raisonné du numérique à l’école, la question de l’IA « doit être conduite au sein des instances de démocratie scolaire », afin de nourrir le projet d’établissement. Bref, la question du cadrage des pratiques est pour l’instant renvoyée à un nécessaire débat de société à mener.

      MAJ du 01/10/2025 : A la suite d’Anthropic, OpenAI vient de publier une version de son chatbot pour étudiants. Ce “mode étude” consiste à doter ChatGPT “d’un nouveau filtre de conversation qui régule simplement la manière dont il répond aux élèves, encourageant moins de réponses et plus d’explications”. Plutôt que de donner des réponses, le robot tente d’expliquer le sujet et de renvoyer les étudiants à leurs propres efforts. Pourtant, rappelle la Technology Review, cela ne signifie pas que le système ne produise pas d’erreurs, au contraire. Il peut finalement apprendre à aborder des problèmes de manière erronée et produire des explications totalement fausses. Enfin, il n’empêchera pas les étudiants d’exiger du moteur de produire des réponses plutôt que de simplement les accompagner dans leur compréhension. Le mode tutorat lancé par les grandes entreprises de l’IA vise surtout à décrocher des marchés avec le secteur éducatif et fait la promesse que le tutorat personnalisé serait finalement un secteur où l’on pourrait considérablement réduire le coût humain.

      https://danslesalgorithmes.net/2025/07/01/ia-et-education-2-2-du-dilemme-moral-au-malaise-social

  • #gimp 3.0.6 Update is a Bug-Fix Backport Bonanza
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/gimp-3-0-6-update-fixes-bugs

    GIMP 3.0.6 is the latest ’micro release’ update to the current 3.0.x stable series, containing a bug and crash fixes, UI tweaks and other assorted changes. You’re reading GIMP 3.0.6 Update is a Bug-Fix Backport Bonanza, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates

  • #Parallels_Desktop Adds ‘Future-Proof Linux Compatibility’
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/parallels-desktop-tools-linux-virtio-sock-update

    Parallels Desktop 26.1 update adds a driverless version of Parallels Tools for Linux, using the in-kernel VirtIO to power guest and host system integrations. You’re reading Parallels Desktop Adds ‘Future-Proof Linux Compatibility’, a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates #macOS #Virtual_Machines

  • Linux App Release Roundup (September 2025)
    https://www.omgubuntu.co.uk/2025/10/linux-app-release-roundup-september-2025

    Check in for a recap of Linux app releases in September 2025, including updates to #gthumb, Apostrophe, #Rio Term, MPD Client Euphonica and more! You’re reading Linux App Release Roundup (September 2025), a blog post from OMG! Ubuntu. Do not reproduce elsewhere without permission.

    #News #App_Updates #LRR #markdown