• Les migrants sont-ils acteurs de leur trajectoire ?

    L’exil est souvent perçu comme un temps arrêté dans le cours de la vie car ceux qui migrent doivent faire face à de nombreux #obstacles et à de longues situations d’#attente. En s’appuyant sur le cas des migrants afghans, #Alessandro_Monsutti, grand spécialiste de l’Afghanistan et des pays limitrophes, nous explique que partir de chez soi pour rejoindre un autre pays implique d’être pleinement (et souvent durement) acteur de sa propre trajectoire.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=4xWCrcpE7ik&feature=emb_logo


    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2021/11/29/defacto-029-02

    #autonomie #migrations #asile #réfugiés #autonomie_des_migrations #Afghanistan #réfugiés_afghans #approche_transnationale #appartenances_multiples #itinéraires_migratoires #complexité #stratégie #circulations #échelles #agentivité #capacité_d'action #famille #agency #structuralisme #structure #aspirations #immobilisation

    #vidéo

    ping @isskein @karine4

  • La fabrique européenne de la race (17e-20e siècles)

    Dans quelle galère sommes-nous allé•es pointer notre nez en nous lançant dans ces réflexions sur la race ? Complaisance à l’air du temps saturé de références au racisme, à la #racialisation des lectures du social, diront certain•es. Nécessaire effort épistémologique pour contribuer à donner du champ pour penser et déconstruire les représentations qui sous-tendent les violences racistes, pensons-nous.

    Moment saturé, on ne peut guère penser mieux… ou pire. Évidemment, nous n’avions pas anticipé l’ampleur des mobilisations contre les #violences_racistes de cet été aux États-Unis, mais nous connaissons leur enracinement dans la longue durée, l’acuité récente des mobilisations, que ce soit « #black_lives_matter » aux États-Unis ou les #mobilisations contre les #violences_policières qui accablent les plus vulnérables en France. L’enracinement aussi des #représentations_racialisées, structurant les fonctionnements sociaux à l’échelle du globe aujourd’hui, d’une façon qui apparaît de plus en plus insupportable en regard des proclamations solennelles d’#égalité_universelle du genre humain. Nous connaissons aussi l’extrême #violence qui cherche à discréditer les #protestations et la #révolte de celles et ceux qui s’expriment comme #minorité victime en tant que telle de #discriminations de races, accusé•es ici de « #terrorisme », là de « #communautarisme », de « #séparatisme », de vouloir dans tous les cas de figure mettre à mal « la » république1. Nous connaissons, associé à cet #antiracisme, l’accusation de #complot dit « #décolonial » ou « postcolonial », qui tente de faire des spécialistes des #colonisations, des #décolonisations et des #rapports_sociaux_racisés des vecteurs de menaces pour l’#unité_nationale, armant le mécontentement des militant•es2. Les propos haineux de celles et ceux qui dénoncent la #haine ne sont plus à lister : chaque jour apporte son lot de jugements aussi méprisants que menaçants. Nous ne donnerons pas de noms. Ils ont suffisamment de porte-voix. Jusqu’à la présidence de la République.

    3L’histoire vise à prendre du champ. Elle n’est pas hors sol, ni hors temps, nous savons cela aussi et tout dossier que nous construisons nous rappelle que nous faisons l’histoire d’une histoire.

    Chaque dossier d’une revue a aussi son histoire, plus ou moins longue, plus ou moins collective. Dans ce Mot de la rédaction, en septembre 2020, introduction d’un numéro polarisé sur « l’invention de la race », nous nous autorisons un peu d’auto-histoire. Les Cahiers cheminent depuis des années avec le souci de croiser l’analyse des différentes formes de domination et des outils théoriques comme politiques qui permettent leur mise en œuvre. Avant que le terme d’« #intersectionnalité » ne fasse vraiment sa place dans les études historiennes en France, l’#histoire_critique a signifié pour le collectif de rédaction des Cahiers la nécessité d’aborder les questions de l’#exploitation, de la #domination dans toutes leurs dimensions socio-économiques, symboliques, dont celles enracinées dans les appartenances de sexe, de genre, dans les #appartenances_de_race. Une recherche dans les numéros mis en ligne montre que le mot « race » apparaît dans plus d’une centaine de publications des Cahiers depuis 2000, exprimant le travail de #visibilisation de cet invisible de la #pensée_universaliste. Les dossiers ont traité d’esclavage, d’histoire coloniale, d’histoire de l’Afrique, d’histoire des États-Unis, de l’importance aussi des corps comme marqueurs d’identité : de multiples façons, nous avons fait lire une histoire dans laquelle le racisme, plus ou moins construit politiquement, légitimé idéologiquement, est un des moteurs des fonctionnements sociaux3. Pourtant, le terme d’ « intersectionnalité » apparaît peu et tard dans les Cahiers. Pour un concept proposé par Kimberlé Crenshaw dans les années 1990, nous mesurons aujourd’hui les distances réelles entre des cultures historiennes, et plus globalement sociopolitiques, entre monde anglophone et francophone, pour dire vite4. Effet d’écarts réels des fonctionnements sociaux, effets de la rareté des échanges, des voyages, des traductions comme le rappelait Catherine Coquery-Vidrovitch dans un entretien récent à propos des travaux des africanistes5, effet aussi des constructions idéologiques marquées profondément par un contexte de guerre froide, qui mettent à distance la société des États-Unis comme un autre irréductible. Nous mesurons le décalage entre nos usages des concepts et leur élaboration, souvent dans les luttes de 1968 et des années qui ont suivi. Aux États-Unis, mais aussi en France6. Ce n’est pas le lieu d’évoquer la formidable énergie de la pensée des années 1970, mais la créativité conceptuelle de ces années, notamment à travers l’anthropologie et la sociologie, est progressivement réinvestie dans les travaux historiens au fur et à mesure que les origines socioculturelles des historiens et historiennes se diversifient. L’internationalisation de nos références aux Cahiers s’est développée aussi, pas seulement du côté de l’Afrique, mais du chaudron étatsunien aussi. En 2005, nous avons pris l’initiative d’un dossier sur « L’Histoire de #France vue des États-Unis », dans lequel nous avons traduit et publié un auteur, trop rare en français, Tyler Stovall, alors professeur à l’université de Berkeley : bon connaisseur de l’histoire de France, il développait une analyse de l’historiographie française et de son difficile rapport à la race7. Ce regard extérieur, venant des États-Unis et critique de la tradition universaliste française, avait fait discuter. Le présent dossier s’inscrit donc dans un cheminement, qui est aussi celui de la société française, et dans une cohérence. Ce n’était pas un hasard si en 2017, nous avions répondu à l’interpellation des organisateurs des Rendez-vous de l’histoire de Blois, « Eurêka, inventer, découvrir, innover » en proposant une table ronde intitulée « Inventer la race ». Coordonnée par les deux responsables du présent dossier, David Hamelin et Sébastien Jahan, déjà auteurs de dossiers sur la question coloniale, cette table ronde avait fait salle comble, ce qui nous avait d’emblée convaincus de l’utilité de répondre une attente en préparant un dossier spécifique8. Le présent dossier est le fruit d’un travail qui, au cours de trois années, s’est avéré plus complexe que nous ne l’avions envisagé. Le propos a été précisé, se polarisant sur ce que nous avions voulu montrer dès la table-ronde de 2017 : le racisme tel que nous l’entendons aujourd’hui, basé sur des caractéristiques physiologiques, notamment la couleur de l’épiderme, n’a pas toujours existé. Il s’agit bien d’une « #invention », associée à l’expansion des Européens à travers le monde à l’époque moderne, par laquelle ils justifient leur #domination, mais associée aussi à une conception en termes de #développement, de #progrès de l’histoire humaine. Les historien•nes rassemblée•es ici montrent bien comment le racisme est enkysté dans la #modernité, notamment dans le développement des sciences du 19e siècle, et sa passion pour les #classifications. Histoire relativement courte donc, que celle de ce processus de #racialisation qui advient avec la grande idée neuve de l’égalité naturelle des humains. Pensées entées l’une dans l’autre et en même temps immédiatement en conflit, comme en témoignent des écrits dès le 17e siècle et, parmi d’autres actes, les créations des « #sociétés_des_amis_des_noirs » au 18e siècle. Conflit en cours encore aujourd’hui, avec une acuité renouvelée qui doit moins surprendre que la persistance des réalités de l’#inégalité.

    5Ce numéro 146 tisse de bien d’autres manières ce socle de notre présent. En proposant une synthèse documentée et ambitieuse des travaux en cours sur les renouvellements du projet social portés pour son temps et pour le nôtre par la révolution de 1848, conçue par Jérôme Lamy. En publiant une défense de l’#écriture_inclusive par Éliane Viennot et la présentation de son inscription dans le long combat des femmes par Héloïse Morel9. En suivant les analyses de la nouveauté des aspirations politiques qui s’expriment dans les « #têtes_de_cortège » étudiées par Hugo Melchior. En rappelant à travers expositions, films, romans de l’actualité, les violences de l’exploitation capitaliste du travail, les répressions féroces des forces socialistes, socialisantes, taxées de communistes en contexte de guerre froide, dans « les Cahiers recommandent ». En retrouvant Jack London et ses si suggestives évocations des appartenances de classes à travers le film « Martin Eden » de Pietro Marcello, et bien d’autres évocations, à travers livres, films, expositions, de ce social agi, modelé, remodelé par les luttes, les contradictions, plus ou moins explicites ou sourdes, plus ou moins violentes, qui font pour nous l’histoire vivante. Nouvelle étape de l’exploration du neuf inépuisable des configurations sociales (de) chaque numéro. Le prochain sera consacré à la fois à la puissance de l’Église catholique et aux normes sexuelles. Le suivant à un retour sur l’histoire du Parti communiste dans les moments où il fut neuf, il y a cent ans. À la suite, dans les méandres de ce social toujours en tension, inépuisable source de distance et de volonté de savoir. Pour tenter ensemble de maîtriser les fantômes du passé.

    https://journals.openedition.org/chrhc/14393

    #histoire #race #Europe #revue #racisme

    ping @cede @karine4

  • Egypt’s identity crisis - The Washington Post
    http://www.washingtonpost.com/opinions/egypts-identity-crisis/2013/08/16/70d1459c-0524-11e3-88d6-d5795fab4637_print.html

    Remarquable article de #Shibley_Telhami, rarement lu dans un MSM,

    Over the past decade, I’ve conducted opinion polls in Egypt, Jordan, Lebanon, Morocco, Saudi Arabia and the United Arab Emirates, and have found two consistent trends. First, citizens identify less and less with their countries and identify more and more with Islam and as Arabs. Second, Egyptians see themselves as the most religious people in the world.

    The Muslim Brotherhood, which began the post-Mubarak era with justified confidence in its superior political organization, surely must have interpreted such trends as great support for its cause. (This belief was expressed by the group’s former murshed, or guide, as early as 2006 when he said, “Tuz fi Misr,” roughly, “To hell with Egypt.”) But the group drew the wrong lessons from these trends.

    Arabs, like most people, have many contending collective identities, and the weight of each shifts over time; there is rarely a lasting equilibrium. Over the past decade, the rise in people identifying primarily as Muslim was not all or even mostly due to expanding Islamist aspirations. Instead, it resulted mainly from declining identification with the state, thanks to government failings on domestic and foreign policy. Also, the extraordinarily long tenures of individual leaders — Moammar Gaddafi ruled for 42 years and Mubarak for 30 — made it difficult for people to separate state from unpopular ruler. But a vote against something is not the same as a vote in favor of something else.

    Moreover, when Islam itself appears under assault from external forces — as Muslims overwhelmingly perceived it to be in the decade after the attacks of Sept. 11, 2001 — it becomes especially difficult to separate religious identity from popular defiance. You are what you have to defend. For some Egyptians, claiming Islamic identity is about faith, but for many others it is merely about asserting the right to be Muslim and to accept sharia law in the face of Western assault. Muslims do not want to apologize for who they are, for their faith and for all it entails.

    Even attitudes about sharia are easily misunderstood. In my May 2012 poll, two-thirds of respondents said they supported making sharia the basis of Egyptian law. But when I probed more deeply, things became less clear: Of those who supported sharia as the basis of law, only 17 percent said they preferred applying it literally, while 83 percent said they favored applying the spirit of sharia but adapted to modern times. Little surprise that Egyptian commentator Muhammad Hassanein Heikal describes Egypt as a “civil-secular country that loves religion.”

    For the overwhelming majority of Arabs, as for any broadly defined group, collective aspirations help determine the relative power of identities. When Pan Arabism seemed a more effective vehicle for the attainment of dignity at home and abroad in the 1950s, for instance, a shift toward an Arab identity became evident. Similarly, when Islam appeared to be the better vehicle, a shift occurred in that direction. The moves from one identity to another, from Arab to Egyptian to Muslim, reflect citizens’ assessment of their chances to reach their goals. And if there was anything clear after Morsi’s first year in office, it was that the public’s aspirations were dashed by the government’s domestic and international failures.

    Islamists may have also misunderstood Arab attitudes about democracy. When Egyptians are asked which country they would want their own nation to look like, their top choice has been Turkey, a democratic Islamic nation ruled by an Islamist party. And in 2011 and 2012, Egyptians and other Arabs identified Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdogan as the leader they most admired outside their own country.

    It is easy to misinterpret such admiration as Arabs seeking only the right mix of Islam and democracy. But the reasons are far more complex, as I found in my polling results. Arabs want a combination of many things that Turkey’s model offered: a country that balances democracy and culture, but also a stable, strong, prosperous nation, and one that makes them feel proud on the world stage. Erdogan, who personally symbolized the mix of Islam and democracy in many Arab minds — at least until the recent upheavals in Turkey — was not selected by Arabs as the favorite leader until he was seen as standing up to Israel on the 2008-09 Gaza war.

    Overall, the resonance of political Islam in the Arab world — and in Egypt in particular — has been exaggerated. To win the presidency last year, the Muslim Brotherhood could rely on its political machinery and the disarray of its opponents; it didn’t need to win the hearts of most Egyptians. But as Morsi learned too late, it couldn’t govern without broader public support.

    However, if Morsi and the Muslim Brotherhood overestimated the Islamists’ appeal, Egypt’s transitional rulers seem ready to dismiss it too easily. Public rejection of the Brotherhood does not translate into an embrace of the generals. Gen. Abdel Fatah al-Sissi’s popularity could be fleeting: Despite the Egyptian public’s long-held admiration of the military as an institution, especially immediately after the revolution, their opinion of the generals changed within months, with only 18 percent of Egyptians polled saying they had advanced the goals of the revolution by May 2012.

    ...

    #islam #arabes #islam_politique #dictature #impérialisme #Égypte #aspirations #dignité #identité #appartenances