• Christophe Bex : « Le gouvernement est incapable de répondre aux problèmes des agriculteurs »
    https://lvsl.fr/christophe-bex-le-gouvernement-est-incapable-de-repondre-aux-problemes-des-agri

    L’agriculture fait face au même dilemme que l’industrie avant elle : que veut-on produire, où, et dans quelles conditions sociales et environnementales ? Soit on se focalise sur quelques secteurs exportateurs et on importe tout le reste, avec un coût humain et environnemental considérable, soit on relocalise, on réindustrialise, on répond aux besoins français en priorité, avec les savoir-faire des travailleurs. Pour l’instant, c’est la première option qui est choisie. En Lorraine par exemple, lorsque la sidérurgie a été liquidée avec l’aide des socialistes au pouvoir, on a remplacé les hauts-fourneaux par un parc d’attractions, le Schtroumpfland, en espérant redynamiser le secteur.

    #agroindustrie #capitalisme_des_flux #paysannerie #agriculteurs #travail #rémunérations #appauvrissement

  • Le roquefort et le camembert en voie d’extinction ? | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-roquefort-et-le-camembert-en-voie-dextinction

    Les fromages hébergent une multitude de micro-organismes capables de transformer le lait. Sélectionnés par l’humain, ces ferments ne sont pas épargnés par les standards de l’industrie agro-alimentaire, au point que les fromages bleus ou le camembert pourraient disparaître.

    Pour produire des fromages en grande quantité, les industriels ont sélectionné des souches de champignons correspondant aux cahiers des charges qu’ils se sont imposés. Les fromages doivent être attrayants, avoir bon goût, ne pas arborer de couleurs déroutantes, ne pas produire de mycotoxines, ces toxines sécrétées par les champignons, et surtout pousser rapidement sur le fromage qu’ils se doivent de coloniser. Ce faisant, le secteur de l’agro-alimentaire a exercé une pression de sélection sur les champignons si grande que les fromages, non fermiers et non protégés par une AOP, présentent aujourd’hui une diversité de micro-organismes extrêmement pauvre.
    Des bleus à bout de souffle

    « On a réussi à domestiquer ces organismes invisibles comme on l’a fait pour le chien, ou le chou, explique Jeanne Ropars. Mais il s’est produit pour les micro-organismes ce qu’il se produit à chaque fois qu’on sélectionne trop drastiquement des organismes, gros ou petits : cela a entraîné une très forte réduction de leur diversité génétique. En particulier chez les micro-organismes, les producteurs n’ont pas réalisé qu’ils avaient sélectionné un seul individu et que ça n’était pas durable à long terme. » Les micro-organismes sont capables de se reproduire de manière sexuée et asexuée, mais c’est le plus souvent la voie asexuée, via la production de lignées clonales, qui a été privilégiée par les industriels pour les multiplier. Résultat : ils ne peuvent plus se reproduire avec d’autres souches qui pourraient leur apporter du matériel génétique neuf, ce qui au bout d’un certain temps induit la dégénérescence de la souche en question.

    Les fromages bleus sont certes menacés mais leur situation est encore bien loin de celle du camembert, qui lui est au bord de l’extinction. Car cet autre symbole du terroir français n’est inoculé que par une seule et même souche de Penicillium camemberti et ce partout sur Terre. Cette souche est un mutant blanc sélectionné en 1898 pour inoculer les bries puis les camemberts dès 1902.
    Jusque dans les années 1950, les camemberts présentaient encore à leur surface des moisissures grises, vertes, ou parfois orangées.

    Problème, cette souche est depuis uniquement répliquée par multiplication végétative. Jusque dans les années 1950, les camemberts présentaient encore à leur surface des moisissures grises, vertes, ou parfois orangées. Mais les industriels peu friands de ces couleurs jugées peu attractives ont tout misé sur l’utilisation de la souche de P. camemberti albinos, complètement blanche et de surcroît duveteuse. C’est ainsi que le camembert a acquis sa croûte immaculée caractéristique.

    L’espèce proche génétiquement de P. camemberti, nommée Penicillium biforme, est aussi présente sur nos fromages car naturellement présente dans le lait cru, et montre une diversité génétique et phénotypique incroyable. On pourrait donc imaginer inoculer nos camemberts et bries avec du P. biforme. Si les amateurs veulent pouvoir continuer à manger du fromage, ils vont devoir apprendre à aimer la diversité des goûts, des couleurs et des textures, parfois au sein d’une même production. Et si notre patrimoine gustatif avait tout à y gagner ? ♦

    #Industrialisation #Industrie_agroalimentaire #Camembert

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/03/la-loi-sur-l-immigration-rompt-avec-les-principes-de-la-securite-sociale_620

    « La loi sur l’immigration rompt avec les principes de la Sécurité sociale »
    Tribune Elvire Guillaud Michaël Zemmour Economistes
    La loi sur l’immigration adoptée le 19 décembre constitue une rupture politique sur de nombreux plans qui justifieraient amplement son abandon rapide. L’un d’entre eux est le domaine des politiques sociales. Sur la forme, en introduisant une restriction liée à la nationalité sur l’accès à une prestation de sécurité sociale, il rompt avec les principes historiques de celle-ci, instaurant un lien direct entre cotisation et affiliation. Sur le fond, la réforme, si elle était appliquée, provoquerait un appauvrissement important de familles et d’enfants, français ou non, avec des conséquences sociales dramatiques à court et à long terme.
    Le texte voté introduit pour les étrangers, hors Union européenne, une période d’exclusion de trois mois à cinq ans dans l’accès aux aides au logement, mais également une période d’exclusion de deux ans et demi à cinq ans dans l’accès aux allocations familiales. Cette dernière mesure, que l’on retrouvait jusqu’ici dans le programme du Rassemblement national, et non dans le programme présidentiel, constitue une rupture avec le principe posé par l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui institue « une organisation de la Sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
    Certes, Il existe en France des prestations comme le revenu de solidarité active (RSA) soumises à une période d’exclusion de cinq ans pour les étrangers résidents avec des conséquences sociales graves. Mais le RSA n’est pas une prestation de sécurité sociale : c’est un dispositif d’aide publique financé par le budget des départements, eux-mêmes subventionnés par l’Etat. Aucun mécanisme d’assurance sociale n’a jamais été concerné jusqu’ici par une telle exclusion sur critère de nationalité.
    En effet, le critère de nationalité n’est pas, depuis les origines, dans le répertoire de la Sécurité sociale. Celle-ci, inspirée du paradigme « bismarckien » des assurances sociales, s’est construite dans une logique contributive d’affiliation émanant du salariat : la communauté des assurés est la communauté des cotisants, construisant ainsi une citoyenneté sociale et les bases d’une démocratie sociale. Même les prestations de sécurité sociale devenues avec le temps « universelles », comme celles touchant à la maladie ou à la famille, ont conservé jusqu’ici des dimensions de « contributivité » propres aux assurances sociales. Elles sont financées par des prélèvements – cotisations sociales, contribution sociale généralisée (CSG) et prélèvements fiscaux se substituant aux cotisations exonérées – prélevés d’abord sur les seuls revenus du salariat puis sur l’ensemble des revenus, et servent des prestations à l’ensemble des assurés affiliés.
    C’est d’ailleurs en reconnaissance de ce principe qu’en 2015 la Cour de justice européenne avait dispensé un salarié néerlandais de CSG sur ses revenus du patrimoine, car il était déjà couvert par une assurance sociale obligatoire dans son pays d’origine. Aussi, si la loi était appliquée, des personnes affiliées à la Sécurité sociale par leur travail et à ce titre assujetties à la CSG et aux cotisations sociales ne pourraient pas bénéficier des prestations comme l’ensemble des assurés. Par exemple, une salariée dont dès le premier jour d’embauche 0,95 point de CSG et de 1,65 % à 3,45 % de cotisations employeur financent directement la branche famille serait, pour ses enfants, privée de la couverture à laquelle elle contribue, en raison de sa nationalité, au contraire des autres salariés de l’entreprise.
    Cette rupture d’égalité d’accès aux droits serait contraire aux fondements de la Sécurité sociale, à moins que le Conseil constitutionnel n’invalide cette mesure, précisément pour cette raison.
    Par-delà les ruptures politiques, la mise en œuvre de la réforme conduirait à appauvrir durablement des dizaines de milliers de familles et d’enfants, français ou non (puisque la loi retient la nationalité des parents, et non des enfants, comme critère d’exclusion). Une mère célibataire de trois enfants, en raison de sa nationalité, pourrait par exemple voir ses revenus mensuels diminuer de 319 euros au titre des allocations familiales et de 516 euros au titre des aides au logement, contrairement à sa voisine ou collègue vivant dans les mêmes conditions et soumise aux mêmes prélèvements. Un couple d’actifs avec un enfant de 6 ans et un enfant de 6 mois se trouverait privé d’allocations familiales (140 euros) et de la prestation d’accueil du jeune enfant (182 euros).
    On peut également anticiper une hausse du taux et de l’intensité de la pauvreté des familles et des enfants vivant en France, même si celle-ci n’est pas encore quantifiée : à notre connaissance, personne, à l’université ou dans les administrations, n’a songé jusqu’ici à évaluer l’impact d’un tel tournant xénophobe de la politique sociale. Ainsi, si les mesures adoptées sont d’abord le fruit d’un marchandage politique de circonstance, les conséquences immédiatement prévisibles sont loin d’être symboliques : appauvrissement des familles et des enfants, difficultés accrues à vivre, à apprendre, à se loger et à participer à la vie sociale dans de bonnes conditions. Cette loi dangereuse pour la cohésion sociale du pays ne doit pas s’appliquer.
    Elvire Guillaud est maîtresse de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po ; Michaël Zemmour est enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon-II et économiste au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loiimmigration#securitesociale#xenophobie#appauvrissement#inegalite#politiquesociale#sante

  • Une étude analyse le profil des familles qui éprouvent le plus de difficultés financières à la rentrée scolaire : « Elle dévoile des choses étonnantes »
    https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/2021/08/31/il-y-a-un-manque-de-volonte-politique-sur-la-question-de-la-gratuite-scolair

    J-1 avant la rentrée des classes. Une rentrée marquée par le coronavirus, mais aussi par un coût qui reste encore élevé pour de nombreuses familles. Dans son émission, Maxime Binet a fait le point ce mardi avec Maxime Michiels, chargé d’étude et d’action politique pour la Ligue des familles.

    « On a un premier pas qui a été fait avec la gratuité dans l’enseignement maternel mais il ne faut certainement pas s’arrêter là »

    Sur le coût de la rentrée des classes pour une famille francophone, l’invité explique que pour l’an dernier, il avait été calculé que cela revenait à « 250 euros pour l’enseignement primaire et environ 400 euros pour l’enseignement secondaire. Mais on peut parfois monter jusqu’à 500 euros. » Plus discriminant encore, la différence de coût entre les écoles. « Certains établissements peuvent décider d’être gratuits parce qu’ils mettent des moyens en place pour fournir le matériel scolaire. D’autres au contraire vont exiger de nombreuses marques, exiger de nombreux manuels scolaires. Et donc vont faire gonfler la facture des parents », détaille Maxime Michiels. « Alors je ne sais pas si c’est une volonté de faire le tri entre les élèves, mais au final ce qu’on voit c’est que ça le fait. »

    Il faut sortir de l’école payante et avancer vers la gratuité
    Mais pourquoi le coût est-il parfois si élevé alors que la gratuité est inscrite dans la Constitution ? « Je pense qu’il y a un manque de volonté politique sur cette question », répond le chargé d’étude et d’action politique pour la Ligue des familles. « C’est pour cette raison d’ailleurs que la Ligue des familles se bat depuis de très nombreuses années pour faire émerger cette volonté politique parce que c’est grave que l’école soit payante et que ça met des familles en difficulté au quotidien. Il faut donc avancer vers la gratuité. On a un premier pas qui a été fait avec la gratuité dans l’enseignement maternel dans le cadre du Pacte mais il ne faut certainement pas s’arrêter là ».

    Concernant la différence de prix dans les écoles
    Maxime Michiels est ensuite revenu sur l’étude qui analyse quel type de famille souffre le plus de cette rentrée scolaire. « Cette étude dévoile des choses étonnantes parce qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’il y ait un profil type de famille mise en difficulté par les frais scolaires, or ce n’est pas du tout le cas. On voit qu’il y a de très nombreuses familles avec des profils très variés : des familles nombreuses, des familles monoparentales, des personnes qui travaillent, qui ne travaillent pas, qui sont en maladie etc. On a vraiment de tout mais il y a un point commun : c’est l’école qui coûte trop cher et qui met ces familles-là en difficulté. »

    Et l’impact du corona ?
    Pour Maxime Michiels, le coronavirus a évidemment eu un effet néfaste sur l’école. « On a vu clairement que dans la crise, on avait un problème avec l’enseignement hybride qui n’a pas permis l’apprentissage de tous les élèves. Selon une enquête que l’on a menée, il y a pour 40% des élèves plus de difficultés à apprendre. On a également beaucoup d’élèves qui ont eu des difficultés techniques (problèmes d’ordinateur etc) qui se mettaient entre eux et l’apprentissage. Donc plein d’élèves se sont retrouvés en situation de décrochage. Et on a noté aussi la situation inverse, avec des élèves surchargés de travail et qui se sont retrouvés complètement épuisés et à genou à la fin de l’année scolaire. Ces deux situations là, il faut absolument les éviter cette année. »

    La digitalisation, source de discrimnation
    Si Maxime Michiels ne se dit pas contre l’enseignement numérique ou l’utilisation d’un ordinateur à l’école, il veut que l’on parte « de la réalité des parents ». « Cette réalité que l’on a pu voir dans le cadre de la crise était double : d’abord de nombreuses difficultés d’apprentissage pour les élèves, difficultés avec l’outil (problèmes techniques) mais aussi difficultés à prendre distance avec l’enseignant au travers d’une interface digitale. L’autre réalité est celle de l’appauvrissement à travers laquelle les parents ont dû passer pour s’équiper en matériel numérique. » La volonté de la Ligue des familles est à présent que les autorités francophones de l’enseignement subsidient un peu plus les parents d’élèves par rapport aux outils informatiques à avoir pour suivre ces cours en digitalisation. Car de plus en plus d’écoles se tournent vers ce type d’apprentissage dit numérique. « Et souvent, les écoles en profitent pour s’équiper sur le dos des parents », confie notre invité.

    #Ecole #discrémination #pauvreté #gratuité #apprentissage #décrochage des #élèves #appauvrissement #digitalisation #numérique #big_data #inégalités #belgique

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

    • https://www.annualreviews.org/content/journals/10.1146/annurev-polisci-032823-090908

      The
      @AnnualReviews
      has kindly just released what could be considered James Scott’s last brief autobiographical notes.👇

      Thanks
      @margaretlevi
      for making this happen. I took the liberty of adding Scott’s picture.
      free download:
      https://www.annualreviews.org/docserver/fulltext/10.1146/annurev-polisci-032823-090908/annurev-polisci-032823-090908.pdf?expires=1721637508&id=id&accname=gu

  • C’est le #changement qui fait peur, pas la migration

    Les changements très rapides engendrent des réactions de #défense. Certes, la migration est perçue comme un aspect du changement sociétal. Cependant, ce n’est pas la migration en soi qui fait #peur, mais les conséquences liées à la #croissance, comme l’activité soutenue du bâtiment, l’augmentation du #trafic_routier ou l’#appauvrissement redouté de la #vie_sociale. Telles sont les conclusions de la dernière étude de la Commission fédérale des migrations CFM. L’étude de terrain « Vivre-ensemble et côte-à-côte dans les communes suisses - Migration : #perceptions de la population résidente » donne une image variée des #sensibilités. Il s’avère également que la majorité des personnes interrogées attachent beaucoup d’importance à l’#échange sur le plan local et aux possibilités de #rencontre.

    Environ 45 pourcent des habitants de Suisse vivent aujourd’hui dans des agglomérations. C’est là où l’évolution des dernières décennies est la plus visible et perceptible. Dans le cadre de l’étude, huit communes (Agno, Belp, Le Locle, Losone, Lutry, Oftringen, Rheinfelden, Rümlang) ont été visitées. La procédure avec des résultats ouverts comprenait des discussions informelles, de courts entretiens et un sondage ludique sur tablette.

    La migration vue comme un aspect de la #transformation_sociétale

    Les personnes interviewées sont conscientes à la fois des aspects positifs et négatifs du changement. Et elles les jugent d’une manière beaucoup plus différenciée que ce qui s’exprime souvent dans les débats politiques. La migration est généralement évoquée en relation avec d’autres sujets et est rarement mentionnée directement comme un problème majeur. Cependant, une #attitude négative à l’égard des changements dans l’agglomération peut se traduire par une position critique vis-à-vis des immigrés. Cela est notamment le cas lorsqu’ils sont perçus non seulement comme une composante, mais aussi comme les responsables du changement de la société. On leur attribue alors l’intensification de la #pollution de l’#environnement ou du trafic routier, de l’activité de construction et de l’#individualisation de la société - tous ces éléments portant préjudice à la qualité du #vivre_ensemble.

    La présence et la participation importent plus que l’origine

    La cohabitation avec des personnes venues de « pays proches » est jugée moins problématique. Mais l’étude démontre aussi que la #résidence durable dans la commune et la #participation à la #vie_locale relativisent l’importance que les résidents attachent à l’origine des membres de la communauté. La participation à la vie économique et les #compétences_linguistiques sont considérées comme des conditions importantes pour être accueillis dans la collectivité. D’un point de vue local, cela peut également être vu comme l’expression de la volonté et de l’intérêt de la population résidente d’échanger avec les nouveaux arrivants.

    L’attitude de #pessimisme face aux changements s’accompagne de #scepticisme à l’égard de la migration

    L’attitude des personnes vis-à-vis des changements varie selon la durée de leur présence dans la commune, selon leurs liens avec le lieu, leur âge et leur orientation politique. En particulier les #personnes_âgées, les résidents de longue date et les personnes attachées aux lieux ont tendance à être plus critiques à l’égard de la croissance locale et de l’arrivée d’étrangers. Ils accordent beaucoup d’importance à la préservation de l’aspect du lieu, du #paysage environnant et des #usages_locaux. À l’inverse, les personnes jeunes, mobiles, sympathisantes de gauche, les femmes et les personnes issues de la migration ont plus souvent tendance à éprouver les changements et la migration comme des phénomènes normaux. Les attitudes négatives envers les étrangers expriment donc des réserves face au changement social et à la #modernisation.

    Diversité vécue et communauté doivent s‘équilibrer

    Pour le futur développement des agglomérations, il est important de tenir compte des besoins de tous les habitants et de créer des passerelles entre les anciens habitants et les nouveaux arrivants. C’est pourquoi les changements rapides devraient être accompagnés, communiqués et si cela est possible planifiés avec des modalités basées sur la #participation.

    https://www.ekm.admin.ch/ekm/fr/home/aktuell/mm.msg-id-81673.html
    #préjugés #asile #migrations #réfugiés #changement_sociétal #perception #Suisse

    –—

    Transformation des communes : une étude avec et pour les habitants
    https://www.youtube.com/watch?v=We7Ke1zvddY&feature=youtu.be

    Pour télécharger la version succincte de l’étude :
    https://www.ekm.admin.ch/dam/ekm/fr/data/dokumentation/materialien/studie-migration-ansaessige-bevoelkerung.pdf

    ping @isskein @karine4

  • Qu’aucun dieu ne se souvienne de ton nom

    Yásnaya Elena Aguilar Gil

    https://lavoiedujaguar.net/Qu-aucun-dieu-ne-se-souvienne-de-ton-nom

    Je voudrais commencer par faire une concession : en amont de la mise en œuvre du Train maya, l’un des projets les plus amplement annoncés par le nouveau gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador, à la base de sa réalisation, il y a les meilleures intentions. Après des siècles d’abandon au cours desquels le peuple maya a été dépossédé et poussé dans un processus d’appauvrissement indifférent, le nouveau gouvernement prétend enfin mettre en œuvre un projet intégral qui a pour objectif principal de créer « le bien-être social de la population qui habite la zone maya » et « intégrer les territoires d’une grande richesse naturelle et culturelle au développement touristique, environnemental et social de la région », selon les termes de la page officielle du projet.

    Pourquoi devrait-on s’y opposer ? L’inclusion et le développement des peuples mayas de la péninsule sont nécessaires si le nouveau gouvernement veut que les secteurs les plus défavorisés de l’histoire de ce pays aient accès à la justice sociale. Il ne serait pas juste de les laisser en dehors du projet de la Quatrième Transformation. Je fais cette concession pour partir d’un terrain commun qui me permette d’exposer des points qui me paraissent problématiques dans la discussion qui a eu lieu sur le Train maya. (...)

    #Mexique #Mayas #mégaprojet #développement #État #López_Obrador #appauvrissement #progrès

  • Les gouvernements doivent prendre des mesures pour aider la classe moyenne en difficulté - OCDE
    https://www.oecd.org/fr/presse/les-gouvernements-doivent-prendre-des-mesures-pour-aider-la-classe-moyenne-en-

    Le coût du mode de vie de la #classe_moyenne a augmenté plus vite que l’inflation. Le #logement, par exemple, représente le poste de dépense unique le plus important chez les ménages à revenu intermédiaire, correspondant à environ un tiers du revenu disponible, par rapport à un quart dans les années 90. Ces vingt dernières années, les prix du logement ont progressé trois fois plus vite que le revenu médian des ménages.

    #appauvrissement

  • Scientists discover why grocery store tomatoes don’t taste like anything – BGR
    https://bgr.com/2019/05/14/tomato-flavor-nature-study-genetics

    In comparing the cultivated tomatoes to their wild counterparts the researchers noted literally thousands of genes which were missing from the produce we typically find in our supermarkets. In the never-ending quest to develop plants that produce bigger tomatoes at a faster rate, growers seem to have inadvertently favored plants that also produce inferior-tasting fruit.

    [...]

    Making cultivated tomatoes taste great again will take some time, but some careful breeding could bring back some of the important flavor-producing genes that the plants lost since they were first domesticated.

    #tomates #goût #gènes #appauvrissement #agriculture

  • #Pouvoir_d'achat - Hausse des #prix : le grand #matraquage - Enquête - UFC-Que Choisir
    https://www.quechoisir.org/enquete-pouvoir-d-achat-hausse-des-prix-le-grand-matraquage-n62879

    + 5 % en 4 ans. La hausse des prix depuis 2014 a été douloureuse pour les ménages. Ils ont grimpé plus vite que le #salaire minimum, et souvent sur des #dépenses_contraintes : alimentation, carburant… Les Français se sont donc appauvris, et sont souvent incrédules face aux chiffres du gouvernement, selon lesquels le pouvoir d’achat serait en constante augmentation. Que Choisir démêle le vrai du faux.

    #appauvrissement

    #paywall

  • « Partout, un monde fumant » (Sylvain Tesson, France Inter)
    https://www.franceinter.fr/culture/partout-un-monde-fumant-sylvain-tesson-effraye-par-l-usure-du-monde

    Jamais autant qu’en ces journées où j’ai vu défiler sous mes yeux l’#enlaidissement du monde et l’#appauvrissement de l’homme, jamais n’ai-je autant entendu parler de l’avenir radieux des lendemains, des promesses qu’ils recelaient, des saluts qu’ils réservaient. 
    […]
    Et ce rapport m’effraie, entre le monstrueux accroissement des affronts faits à la Terre et l’#abandon des esprits à des #promesses messianiques. 
    Comme s’il y avait un lien proportionnel entre la fantastique #dégradation du présent, du réel, et le mouvement conjoint d’oubli du passé et de supplication adressée à l’avenir. 
    Or, cette confiance dans les trois avènements que je viens de citer : le dieu #religieux, les promesses #politiques, les prouesses #techniques. Ces trois #messianismes, je les tiens pour des écrans de fumée qui nous épargnent de mieux nous conduire ici et maintenant, de ménager ce dont nous disposons, de conserver ce qui tient encore bon. 

  • Le retour de la 3e classe ?

    Hôpital, soins dentaires, pompes funèbres, universités, TGV : partout le #service_public réinstaure sans le dire une « troisième classe », réservée aux plus pauvres. Qu’est-ce que cette segmentation nous dit des évolutions de l’État-providence ?

    https://laviedesidees.fr/Le-retour-de-la-3eme-classe.html
    #classes_sociales #troisième_classe #3ème_classe #France #pauvreté #appauvrissement #Etat-providence

  • Lignes quotidiennes, par Akram Belkaïd
    http://akram-belkaid.blogspot.com

    Les réseaux sociaux ont apporté autre chose. Ils universalisent la polémique et les débats à deux sous. Toutes les algarades possibles bénéficient d’une immense caisse de résonnance. De la plus grave à la plus étrange, la plus inattendue. En quelques clics, on peut se battre contre tout le monde et se faire des ennemis dont on ne soupçonnait même pas l’existence quelques secondes avant qu’ils ne se manifestent sur votre écran. Il suffit d’émettre un jugement abrupt sur une question donnée et c’est la foire aux avis, aux emportements indignés, aux mises en causes frontales. C’est encore plus affirmé si, tel un parasite, on se greffe au compte d’une célébrité et que l’on y cherche la castagne. Il ne s’agit plus de réseaux sociaux mais d’arènes de désocialisation. Twitter et ses homologues facilitent (encouragent) des empoignades générales qui, par le passé, restaient circonscrites à des milieux plus ou moins hermétiques : un café du commerce, un lieu professionnel, un laboratoire de recherche universitaire, une amicale de retraités, etc. Maintenant, tout déborde, tout fuse.

    Il y a plus de dix ans, avec la montée en puissance d’internet, la chancelière allemande Angela Merkel avait benoîtement posé la question de la possibilité, pour les États, d’appuyer sur un bouton « off » et « d’arrêter » internet si nécessaire. Outre des ricanements et des commentaires bien sentis, l’affaire avait provoqué quelques indignations à propos de la défense de la liberté d’expression et de la lutte contre la censure. Aujourd’hui, on peut se demander s’il ne serait pas sain de décréter plusieurs journées mondiales du « sans réseaux ». Des pauses bienvenues pour certains afin que tout le monde se calme un peu, prenne le temps de faire autre chose que d’insulter son prochain ou encore de le « stalker » (verbe très à la mode en ce moment qui signifie harceler) ou enfin de l’épier en permanence, lui et ses contacts…

    #réseaux_sociaux #addiction #appauvrissement_intellectuel #twitter

  • CECI N’EST PAS UN TROU La Sécurité sociale expliquée à ma petite fille
    https://www.youtube.com/watch?v=9u-J8X7iFnQ

    La grand-mère : Yolande Moreau
    Le grand-père : Bouli Lanners
    Louise : Charline Vanhoenacker
    Le journaliste et le ministre : Yannick Bovy

    Réalisation : Lucie Thocaven
    Scénario, dialogues, coordination : Yannick Bovy et Aïcha Magha
    Animation : Lucie Thocaven et Lora D’Addazio
    Prise de son : Maxime Thomas – GSARA
    Mixage : Fanny Harcq – GSARA
    Archives : RTBF et extraits de « Misère au Borinage », d’Henri Storck et Joris Ivens (1933). Avec l’aimable autorisation de la Fondation Henri Storck.

    Musique : « Ici Bxl » - Jaune Toujours
    Merci à Yolande Moreau, Bouli Lanners et Charline Vanhoenacker pour leur participation solidaire.

    Merci à Pierre Fontaine, Linda Favarin, Noémie Lannoy, Vanessa Amboldi, David Lannoy, Philippe Reynaert, Vincent Tavier, Jojo Burnotte, Olivier Bonfond, Julien Dohet, Estelle Ceulemans, Jean-François Tamellini, Anne Panneels.

    Une production CEPAG - 2017
    Directrice : Anne-Marie Andrusyszyn

    www.cepag.be

  • Asia Is Trawling for a Deadly Fishing War | Foreign Policy
    http://foreignpolicy.com/2017/06/16/asia-is-trawling-for-a-deadly-fishing-war

    Growing tensions between Sri Lankan and Indian fishermen are just one signal of a looming conflict over the region’s depleted waters.
    […]
    In the past, the calm and shallow Palk Strait waters had more than enough fish to sustain communities on both sides. Its maritime landscape, with numerous lagoons and small islets, make for excellent breeding waters; over 600 marine species can be found near its coasts. But excessive trawling on the Indian side, starting in the 1960s, severely depleted its waters and pushed boats to navigate deeper into Sri Lankan waters.

    Trawlers began crossing in the 1980s, at the same time that Sri Lanka descended into a destructive civil war between the government and the militant Tamil Tigers, who fought for independence in the country’s north. But the fisheries conflict only heated up in 2009, after the Sri Lankan civil war was brought to a painful end — with the defeat of the Tamil Tigers, but also the killing of tens of thousands of civilians. Fishers, who during the war had faced army restrictions, long periods of displacement, losses of family members, and the destruction of their homes and boats, were finally able to return to the sea.

    But the waters were not like before,” says A.S. Soosai, professor of geography at the University of Jaffna. “Fishers were trying to recover, but catches and earnings were nowhere near what they used to be. The main reason for that is the trawlers.

    #Sri_Lanka #détroit_de_Palk
    #appauvrissement_des_océans

  • Prima i nostri, funziona ?

    Il 25 settembre 2016 i cittadini ticinesi hanno detto sì all’iniziativa Prima i nostri per favorire i residenti sul mercato del lavoro e frenare il dumping salariale. Il principio è nella Costituzione, ma scrivere una legge che lo metta in pratica si sta rivelando molto arduo. Per due ragioni principalmente: da un lato perché si tratta, in parte, di legiferare in un ambito di competenza federale, dall’altro perché la libera circolazione delle persone è sempre e comunque in vigore. Ma intanto come sta l’economia ticinese? Le cifre ufficiali parlano di una disoccupazione in linea con quella nazionale, mentre il prodotto interno lordo del Ticino è cresciuto di più rispetto a quello svizzero. E allora c’è chi si chiede, ma dove sta il problema? Le risposte nelle storie di chi in Ticino lavora o vorrebbe lavorare.

    http://www.rsi.ch/la1/programmi/informazione/falo/tutti-i-servizi/Prima-in-nostri-funziona-8687572.html

    #frontaliers #Suisse #précarisation #travail #appauvrissement #xénophobie #initiative #prima_i_nostri #racisme #Tessin #Italie #frontières #chômage #pauvreté #exploitation

  • christian-jacquiau.fr » Les coulisses de la GD Publications » Supermercats no gracies… en français
    http://www.christian-jacquiau.fr/supermercats-no-gracies-11522

    six vidéos pour comprendre les enjeux de la grande distribution…

    https://www.youtube.com/watch?v=f6LnjSZU78I

    https://www.youtube.com/watch?v=t_KIeC_wEE0


    6 centrales d’achat seulement pour toute la France : situation de quasi monopole #mondialisation, pression sociale.

    https://www.youtube.com/watch?v=sOY8a2Pf8XU


    L’impératif de libéralisation : pression en Europe et au niveau de l’OMC pour supprimer les règles qui pourraient protéger les producteurs contre les grands distributeurs. Les distributeurs pratiquent le chantage à l’emploi pour faire pression sur les politiques : créent en fait 1 sous-emploi mal-payé contre 5 #emplois réels disparus. Et même cet emploi est en voie de disparition.
    #commerce_inéquitable : supprimer l’humain ! Aujourd’hui les distributeurs ont même externalisé auprès des fournisseurs les mises en place dans les magasins.

    https://www.youtube.com/watch?v=Q7inhdhKWEo


    On ne peut pas vouloir lutter contre la #précarité, la misère, la pollution, l’exploitation et pousser son caddie le samedi ! Derrière chaque produit, il se cache quelque chose : faire ses courses, c’est comme un bulletin de vote ! Consommateur vs citoyen.
    La France a une forte conscience politique, mais s’attaque toujours aux effets et jamais aux causes. On veut préserver le modèle social mais on ne lutte pas contre les grandes surfaces qui détruisent le monde agricole, l’artisanat, la proximité, le commerce, etc.
    La grande distribution est un modèle de société sur lequel la France est très en avance sur le reste du monde : #appauvrissement général et diffusion de cet appauvrissement via la globalisation.

    https://www.youtube.com/watch?v=Ekl2m4gFRwk


    L’impact de ce #modèle sur les pays du sud où il n’y a pas de #protection sociale préalable. Cela dit, ce modèle enterre aussi la protection sociale dans les pays du nord. Le #bio n’est pas forcément #équitable et l’équitable n’est pas forcément bio.
    La grande distribution s’approprie aussi le bio et l’équitable pour créer des marchés de niche et assécher les leviers de transformation de la société. Logique de #récupération.

    https://www.youtube.com/watch?v=N17UlIFW_ys


    Penser au modèle de société en amont du caddie et explorer les #alternatives. #circuits_court. Demander des comptes quand on achète un produit.
    La grande distribution a des conséquences sur l’ensemble de la population. C’est la fin d’un système, d’une #modernité des années 60 : #relocalisation. Prise de conscience du pouvoir du consommateur.

    Huit ans plus tard, on tempère son optimisme… (le changement, ce n’est pas encore pour maintenant).

  • Making a killing from ’austerity’: the EU’s great privatisation fire sale - The Ecologist
    http://www.theecologist.org/News/news_analysis/2987270/making_a_killing_from_austerity_the_eus_great_privatisation_fire_sale.

    ... if the arguments for privatisation no longer stand up to scrutiny, what is driving the process? Along with an ideological fixation with neoliberal policies in the Commission, it is notable how many powerful legal, accountancy and financial firms are reaping profits from the process.

    The report, The Privatisation Industry in Europe shows that the privatisation of state-owned assets depends on the participation of a small coterie of corporations, that provide the financial and legal advice. 

    In terms of financial advice, Lazard and Rothschild are the big players; legal advice features mainly UK-based law firms, such as Freshfields Bruckhaus Deringer and Allen and Overy, and in all of the deals the so-called ’Big Four’ accountancy firms (Deloitte, KPMG, PricewaterhouseCoopers and Ernst & Young) are involved. Their advice does not come cheap: Lazard made profits of £1.5 million as an advisor in the privatisation of Royal Mail.

    [...]

    ’The drive for austerity was about using the crisis, not solving it. It still is.’

    It comes as no surprise that these institutions are all involved in powerful European lobbying groups, such as the European Financial Services Roundtable, Business Europe and the Society of European Affairs Professionals. Many of the firms have their own lobbyists in Brussels: Freshmans Bruckhaus Deringer openly states that it is present there to “help to shape EU legislation and administrative decisions.”

    Collectively, these lobbyists have turned privatisation into a capitalist virility test; used to judge whether an indebted country is truly committed to economic reform and competitiveness. The fact their advice reaps considerable private profit for themselves in the process is rarely mentioned.

    The fact that the financial sector emerged not only unscathed, but strengthened in the wake of the financial crisis is a conundrum that the left and progressives still grapple with. It showed that popular awareness and anger was not enough to overcome the combined force of a powerful financial industry and a neoliberal ideology deeply entrenched in political and cultural life.

    So it is perhaps no surprise that privatisation has accelerated in Europe rather than slowed down since the economic crisis. As Nobel prize-winning economist, Paul Krugman put it: “The drive for austerity was about using the crisis, not solving it. It still is.”

    However, just as in the financial crisis, this powerful nexus of forces cannot hide the social costs of policies that put private profits before human needs. Along with anger at the surging inequality expressed in the rise of anti-establishment party candidates on both sides of the Atlantic, there is also growing disaffection with growing cases of privatisation that have led to declining public services and rising prices.

    In the area of water, for example, 235 cities worldwide in the last 15 years have brought water services back under public control in frustration at rising prices and declining service delivery. This trend is one that European Commission bureaucrats would do well to learn from before ploughing ahead with the next wave of austerity-drive privatisation in its most indebted countries.

    Their failure to listen, will only contribute to a growing disaffection with the European Union project, from both the left and the right, that won’t be reversed until economic policies are designed for the benefit of the majority rather than a privileged minority.

    #lobbying #austérité #privatisation #accaparement #appauvrissement #majorité #enrichissement #minorité #arnaque #UE #Europe

  • Indice des #prix à la #consommation et #appauvrissement réel - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2016/02/indice-des-prix-a-la-consommation-et-appauvrissement-reel

    Tous les prix n’augmentent pas de la même manière, au même rythme, ce qui signifie que l’augmentation est moyenne ou pondérée. Ainsi, depuis 15 ans, le prix des combustibles a crû de 150% tandis que celui des ordinateurs baissait de 90%. Le problème est que si l’on se chauffe ou si l’on roule tous les jours, on ne change pas d’ordinateur tous les ans.

    On ne sait pas trop pourquoi (enfin, si, on devine), mais l’IPC la consommation du tabac de ses calculs, ce qui fait baisser l’indice de 0,1% par an. Par ailleurs, l’IPC sous-estime la valeur des logements d’environ 0,2% par an.

    Le mode de vie contribue également à l’appauvrissement général. Il n’est que de calculer à combien revient pour une famille de trois enfants l’utilisation de téléphones portables, outils quasi obligés aujourd’hui mais qui étaient absents des foyers il y a une vingtaine d’années. L’internet est désormais le passage obligé pour de nombreuses démarches, comme par exemple la déclaration d’impôts.

  • You’re Likely to Be a Lot Poorer Than You Were a Few Years Ago—And It’s All By Design | Alternet
    http://www.alternet.org/labor/youre-likely-be-lot-poorer-you-were-few-years-ago-and-its-all-design

    The typical American is even poorer than his or her equivalent in Greece. The median Australian is four times wealthier. The Canadians are twice as wealthy. The U.S. continues to lead the world in billionaires (571 in 2014, with China a distant second at 190). But after decades of financial deregulation and attacks on employee rights, Americans rank 26th in median wealth (defined as assets owned, minus debts owed for the person on the middle rung of the wealth ladder).

    All by Design

    During the Cold War, our working class was the envy of the world. We argued that our free-enterprise system, not communism, created the best conditions for a rising standard of living for all. Indeed, there was much to boast about. Real wages were increasing year after year. American workers were free to go on strike and did. Most importantly, the children of working people could climb the economic ladder—upward mobility was real.

    Today, by almost every measure, none of this is true. Not only do we rank 26th in median wealth, we also are the most anti-employee country in the developed world. Actually, the two go together, because rising inequality results from our pro-Wall Street and anti-worker policies.

    #Etats-Unis #appauvrissement #enrichissement

  • Palm oil, poverty and ‘imperialism’: A reality check from Liberia
    http://farmlandgrab.org/post/view/23929-palm-oil-poverty-and-imperialism-a-reality-check-from-liberia

    Porritt’s notion is that poor countries like mine (Liberia) are being held hostage to what he calls ‘eco-imperialists’ - rich country environmentalists who put pressure on developing countries not to cut down their rainforests, thus keeping us poor. His Forum for the Future charity instead suggests that promoting palm oil, a primary driver of deforestation, is a possible solution to poverty.

    As Director of Liberia’s Sustainable Development Institute I have seen up-close the true impact of palm oil, and I can tell you it is more often the problem, not the solution. When Liberia opened up to investment after a devastating civil war, the government struck land deals with companies without the consent of the people who lived on the land, and many communities received a pittance in return for it. In rural parts of Liberia, communities complain that their food is now scarcer than it was before the palm oil companies moved in, and that fertilisers have polluted their fishing ponds and drinking water.

    So palm oil seems to be compounding, not alleviating poverty.

    #Liberia #huile_de_palme #pauvreté #appauvrissement #agobusiness #pollution #eau #impérialisme