• #David_Revoy, un artisteface aux #IA génératives
    https://framablog.org/2023/07/02/david-revoy-un-artisteface-aux-ia-generatives

    Depuis plusieurs années, Framasoft est honoré et enchanté des illustrations que lui fournit David Revoy, comme sont ravi⋅es les lectrices et lecteurs qui apprécient les aventures de Pepper et Carrot et les graphistes qui bénéficient de ses tutoriels. Ses créations … Lire la suite­­

    #Communs_culturels #Enjeux_du_numérique #Logiciel_libre #Traductions #AI #Apprentissage_automatique #Art #art_libre #ArtStation #Bande_dessinée #Création_numérique #creative-commons #DavidRevoy #DeviantArt #IArtistes #jeu_de_données #licences_libres #mastodon #Peinture
    https://framablog.org/wp-content/uploads/2023/07/b636eb3c963a1f5e.mp4

  • #chatGPT, #Bard et cie : nouvelle course à l’IA, et pourquoi faire déjà ?
    https://framablog.org/2023/03/23/chatgpt-bard-et-cie-nouvelle-course-a-lia-et-pourquoi-faire-deja

    Google va ajouter de l’IA générative dans Gmail et Docs. Énième actualité d’un feuilleton permanent depuis « l’irruption » de ChatGPT. Et chez moi, un sentiment de malaise, d’incompréhension, et même de colère. Qu’est-ce que ChatGPT ? Qu’est-ce que l’IA ? Ce sont d’abord … Lire la suite­­

    #Enjeux_du_numérique #Apprentissage_automatique #Derrac #environnement #Google #IA #Intelligence_articielle #Microsoft

  • Bretagne : Dupond-Moretti envoie des jeunes délinquants « en séjour de rupture » dans des camps militaires
    https://www.20minutes.fr/societe/3193799-20211210-bretagne-dupond-moretti-envoie-jeunes-delinquants-sejour-

    Pendant cinq semaines, les « stagiaires » seront plongés en immersion dans l’armée française, dont ils devront assimiler les valeurs, notamment la rigueur. Les journées seront rythmées par de nombreuses activités en pleine nature : de la marche, y compris de nuit, de l’escalade, des bivouacs ou de la course d’orientation. « Ce n’est pas une classe verte, prévient la Chancellerie. C’est un séjour de rupture où il est question de cohésion, de dépassement de soi. Nous avons affaire à des jeunes qui ont des difficultés majeures au quotidien. L’idée, c’est de provoquer un déclic ».

    #années_50 #au_secours #au_delà_du_boomer_les_droitards_éternaux

    • Camps de redressement ?

      Intrigant je dirais. Disons que mettre ces jeunes là certainement bien en peine déjà en compagnie de militaires plutôt orientés droite toute, est-ce qu’iels finissent en bouillie écrasés par ces dominants, ou est-ce que ça rend les militaires plus tolérants ?

      M’enfin j’espère surtout qu’ils comptent aussi proposer ça Sarkosy ou Fillon ou les autres comme solutions à leurs escroqueries… Y a pas de raison après tout.

      Sinon, si c’était juste histoire de faire du sport, y avait certainement des trouvailles à faire dans les sports collectifs… ou avec des pompiers côté secourisme…

      Évidemment ça doit pas être si simple que ça.

      #humiliation #apprentissage_par_la_violence

  • La fessée, une violence tolérée ? - Ép. 2/4 - Philosophie de la gifle
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/les-chemins-de-la-philosophie-emission-du-mardi-22-juin-2021


    La violence éducative s’est exercée en toute légitimité depuis l’Antiquité et il aura fallu attendre 2019 pour qu’une loi interdise les châtiments corporels envers l’enfant. En quoi cette violence et ce déni du droit de l’enfant sont-ils un enjeu social et politique ?

    Daniel Delanoë, psychiatre, anthropologue, clinicien en psychiatrie transculturelle, chercheur associé à l’INSERM

    • Les châtiments corporels de l’enfant : une forme élémentaire de la violence
      De Daniel Delanoë
      Erès, 2017

      Frapper les enfants pour les éduquer est un fait social. Claques, Fessées et autres coups : depuis des millénaires, les parents élèvent leurs enfants en leur infligeant douleurs et humiliations. La Suède a été le premier pays, suivi d’une cinquantaine à ce jour, à interdire les châtiments corporels envers les enfants. La France reste un des rares pays européens qui refusent d’abolir cette violence éducative, malgré les demandes des Nations unies et les condamnations du Conseil de l’Europe.

      Pourtant, depuis une vingtaine d’années, de nombreuses études ont établi que frapper un enfant n’a aucune efficacité éducative mais produit des effets négatifs à court et long terme. Mieux, elles montrent qu’arrêter de le corriger améliore son intégration scolaire, ses relations avec les autres et diminue les comportements violents, dès l’enfance et à l’âge adulte.

      À partir d’une recherche clinique et anthropologique, nourrie de nombreux témoignages, Daniel Delanoë livre un bilan des connaissances médicales, juridiques, historiques et ethnologiques sur la violence éducative, qui, dans le long processus démocratique de nos sociétés, demeure l’une des dernières à être interrogée, les droits de la personne humaine s’arrêtant encore à la porte des foyers.
      (Présentation de l’éditeur)

  • Des milliards d’arbres cartographiés dans le désert grâce à des satellites et des supercalculateurs
    https://theconversation.com/des-milliards-darbres-cartographies-dans-le-desert-grace-a-des-sate

    Les zones arides et semi-arides sont à l’étude depuis longtemps, pour savoir si leur couvert végétal régresse. En effet, la théorie selon laquelle le Sahara s’étendait et la végétation ligneuse reculait a été émise pour la première fois dans les années 1930. Puis, la « grande sécheresse » des années 1970 au Sahel a mis l’accent sur la désertification causée par la surexploitation et par le changement climatique. Au cours des dernières décennies, c’est l’impact potentiel du changement climatique sur la végétation qui a été la principale préoccupation – et l’effet rétroactif de la végétation sur le climat, lié au rôle de la végétation dans le cycle global du carbone.

    #végétalisation #arbres #machine_learning #apprentissage_automatique #technologie #Afrique_sahélienne #désertification

    On espère seulement que ces technologies somme toute fort coûteuses ne serviront pas à spolier les habitant·es de la région de leurs terres cultivables au profit de quelques consortiums financiaro-industriels.

  • Coronavirus : les habitants de Figueres et de plusieurs villes catalanes reconfinés
    https://www.midilibre.fr/2020/07/19/coronavirus-les-habitants-de-figueres-et-de-plusieurs-villes-catalanes-rec

    Figueres est à son tour touchée par des mesures de reconfinement. L’agence de protection civile de Catalogne demande aux habitants de Figures, Vilafant et Sant Feliu de Llobregat de rester chez eux sauf pour des motifs professionnels ou familiaux impérieux. Les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits. La capacité des bars et restaurants est réduite de moitié, les discothèques, cinémas, gymnase et terrains de sport sont fermés. Les visites dans les maisons de retraite sont à nouveau proscrites.

    C’est juste de l’autre côté de la frontière, à environ 60 kilomètres de Perpignan.

    • Le confinement espagnol est trash : les gosses ne sortent pas (pendant deux mois !) de leur propriété (ouf les familles dotées de jardins, fuck les autres). Et répondre à des besoins physiologiques de base comme le besoin de marcher ou courir ou voir du vert est interdit...

      Là je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas sortir de chez soi sauf raison impérieuse (travail, famille, patrie) et les bars et restaus ont une capacité réduite de moitié. Pourquoi ne sont-ils pas tout simplement fermés ? Fermer les lieux publics clos, interdire les rassemblements et se donner le loisir de marcher. Non ? On n’a pas les mêmes valeurs...

      Ici pour confinement et accès à la nature
      https://seenthis.net/messages/853039
      et com de @touti.

    • C’est très violent @antonin1 car imposer ce type d’inversion de valeurs c’est augmenter toujours plus l’ #apprentissage_de_la_soumission et être considéré comme des irresponsables, exactement ce que nous sommes devenus à force d’être dépossédés de notre capacité de produire/vivre etc. Le discours imposé est que les irresponsables ça se matent par la violence, car ils sont dangereux pour les autres et je trouve que c’est symptomatique que ça aille dans le sens de la #répression actuelle. Et donc j’ai très peur pour nos jeunes qui se sont engouffrés dans l’espace soit disant safe qu’on leur a octroyé et qui n’est évidemment pas du tout safe.
      Et je me demande si la répression ne va pas tomber sur le poil de nouveaux boucs émissaires et permettre de scinder la société avec de nouveaux ennemis, histoire de faire oublier les vrais responsables de ce marasme.

      Entendu le témoignage énervé d’une jeune femme de 22 ans qui a refusé d’entrer à Toulouse dans une soirée publique LGBT parce qu’elle trouve insupportable qu’aucune personne ne mesure le risque d’être collé aux autres et sans qu’aucu·ne ne porte de masque. Pas seulement pour elle, mais parce que dans une soirée qui se veut inclusive, dit-elle, c’est du bluff, où est l’inclusivité des vieux, des handicapés, des personnes à risques ?

      On observe déjà la dichotomie de celleux qui peuvent prendre le risque sans inquiétude qui s’oppose à celleux qui devront rester enfermé·es sagement.
      Les égoïstes et les subissants.

      Et donc je vois poindre des comportements agressifs entre personnes, en ville.

    • @touti : C’est très intéressant. Je pense qu’on s’est préparé·es à légitimer les comportements les plus dégueulasses, dès la sortie du confinement, en expliquant que « les jeunes avaient payé un prix exorbitant pour protéger les vieux ».

      Ce qui revient implicitement à arbitrer entre « euthanasier les vieux » et « gâcher les vacances des djeunes qui ont beaucoup souffert ».

      Dont la version mainstream la plus récente (promue par, par exemple, Libération) est le thread de Yonathan Freund :
      https://twitter.com/yonatman/status/1284142129032437762

      Pourquoi cette décision du port du masque obligatoire ? Pour protéger les personnes vulnérables ? mais les personnes vulnérables se protègent. Elles peuvent respecter strictement les mesures de distanciations et autres.

      6) En revanche, il faut se poser la question : veut-on totalement arrêter la circulation du virus ? Je pense que c’est illusoire. Ou alors j’espère que vous avez du temps devant vous. La solution de le laisser circuler tout en le contrôlant est probablement la bonne.

      Certains disent « pour protéger les personnes vulnérables, protégez vous ». C’est peut être faux. Pour protéger les personnes vulnérables, protégez LES, mais si vous êtes malades puis immunisés, vous les protégerez à vie. ATTENTION je ne dis pas que il faut disséminer le virus partout. Mais vouloir à tout prix arrêter sa diffusion, partout, est illusoire et pas forcément un bon calcul à long terme.

      L’idée qu’on peut protéger seulement les vieux, qu’on arriverait à mettre à l’abri d’une société de jeunes largement contaminés, c’est une fumisterie sans nom, mais apparemment, c’est le nouveau crédo à la mode, puisqu’il permettra de justifier qu’on sauve notre PIB en cas de retour massif du COVID.

    • Absolument atterrée de voir que l’on fait croire aux djeuns qu’ils doivent socialement être des troupeaux de crétins finis autorisés à se postillonner dessus après avoir consommé moults drogues et alcools qui les rendaient déjà incapables d’échapper à leurs hormones de primates. Sachant que 30 à 40% des personnes atteintes de la covid sont asymptomatiques c’est vraiment la roulette russe quand ils vont déjeuner chez leurs grands-parents …

    • Cette crise remet à l’honneur un concept oublié qu’on appelle la santé publique, oublié parce que les profits privés, une approche marchande du soin et accessoirement la disparition des maladies infectieuses nous avaient fait perdre de vue le besoin de protéger la population en protégeant toute la population. Ça et la couche d’individualisme et de libéralisme (à chacun·e de se débrouiller) dont cause certaine autrice de notre connaissance, ça fait cette réaction de merde sur le masque.
      http://blog.ecologie-politique.eu/index.php?post/Deconfinement-et-rebellitude
      C’est le moment de voir qui sont les guignols (La Gasnerie avait commencé), les conspi et les nombrils sur pattes auto-proclamés rebel-rebel, et qui sont les anarchistes, celles et ceux qui se soucient vraiment que personne ne subisse les choix égoïstes des autres.

      Voir aussi Gwen Fauchois qui cause d’une épidémie où les militant·es LGBT ont pris l’habitude de faire gaffe aux camarades immuno-déprimé·es. Si ça change quelque chose que les populations à risque actuelles aient 65 ans et plus, on peut parler d’âgisme.
      https://seenthis.net/messages/830344
      https://seenthis.net/messages/860997

      On en parle ici aussi :
      https://seenthis.net/messages/868220.

      À part ça, à la Jonquera, on y a va pour le pastis aussi.

    • @touti, la Pride « politique » du 4 juillet à Paris a fait un mea culpa sur le manque d’inclusivité, sur la distanciation sociale et sur le manque d’accessibilité et d’inclusivité (il y avait une voiture balai pour les personnes qui ne suivent pas mais elle n’a pas été bien signalée, il y avait trop de bruit à des endroits stratégiques, etc.). C’est pas mal... s’il y a un milieu qui doit porter ce soin des autres, c’est avant tout le milieu LGBT. Mais c’est sur l’Oiseau bleu, en toute cohérence, que j’ai vu passer ça.

  • « La bourgeoisie, c’est l’apprentissage de l’ignorance » - Edouard Louis

    Cerveaux non disponibles sur Twitter : " « C’est quoi le macronisme ? » Réponse juste, en un mot - et en cent - d’Edouard Louis ! "
    https://twitter.com/CerveauxNon/status/1272791267852894208

    La bourgeoisie, c’est l’apprentissage de l’ignorance ; le fait d’apprendre à ignorer les autres. [...] Il faut des années d’apprentissage pour en arriver là, pour pouvoir avoir cette espèce de distance, cette espèce de déni, totalement, de la souffrance des gens.

    Pour voir l’ensemble de l’interview d’Edouard Louis, les Cerveaux non disponibles renvoient vers Youtube, Clique, Edouard Louis : Histoire de la violence
    https://www.youtube.com/watch?v=XLqZGVfA0mc

    #bourgeoisie #ignorance #apprentissage_de_l_ignorance #macronisme
    #Edouard_Louis

  • L’effet de la #formation_linguistique sur l’#intégration_économique des immigrés en #France

    Au milieu des années 2000, le gouvernement français a mis en place des mesures visant à améliorer l’intégration économique et sociale des immigrés et à leur donner la dignité garantie par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Depuis 2007, chaque nouvel immigrant admis pour la première fois au séjour en France, âgé de plus de 16 ans et venant d’un pays non membre de l’Union européenne, doit signer un Contrat d’accueil et d’intégration (transformé depuis en Contrat d’Intégration Républicaine). Une #formation_linguistique y est proposée pour augmenter les chances de participer activement au #marché_du_travail sans garantir pour autant un #emploi stable.

    Le #Contrat_d’accueil_et_d’intégration (#CAI), remplacé en 2016 par un nouveau #Contrat_d’Intégration_Républicaine, imposait une #formation_civile aux institutions françaises et aux valeurs de la République, une formation linguistique et une session d’information sur la vie en France. Il fournissait également une attestation de #compétences_professionnelles.

    En s’intéressant à la formation linguistique, notre recherche, menée sous la direction de Hillel Rapoport et Biagio Speciale au sein de l’École d’Économie de Paris (PSE), examine l’impact que l’#apprentissage_du_français peut avoir sur l’#intégration dans le marché du travail : l’obtention ou la recherche d’emploi, la probabilité d’être employé, d’avoir un contrat à durée indéterminée, d’être impliqué dans un travail informel, et l’effet sur le revenu de l’individu.

    Nous avons travaillé sur la base de données de l’Enquête longitudinale sur l’intégration des primo-arrivants (ELIPA), créée par le Ministère de l’Intérieur, qui suit sur trois années (2010, 2011 et 2013) le parcours d’intégration de 6 000 immigrés ayant signé un contrat d’accueil et d’intégration en 2009. Nos méthodes économétriques relèvent principalement de la méthode dite de « régression sur discontinuité », qui consiste à comparer les individus de part-et-d’autre du seuil (ici le score au test linguistique préalable) qui détermine la participation au programme de formation.

    Apprendre le français aide à entrer sur le marché du travail

    En 2010, 24 % des signataires du CAI étaient invités à suivre une formation linguistique, leur niveau étant jugé trop faible après avoir passé le test de connaissances de la langue française écrite et parlée. Nos recherches montrent que le nombre d’heures de formation linguistique reçues augmente de manière significative la participation de l’immigrant à la population active. Avec 100 heures de formation, la probabilité d’entrer sur le marché du travail augmente de 14,5 à 26,6 points de pourcentage. La probabilité moyenne pour les immigrants de participer à la population active étant de 81 % en 2013, nos résultats montrent donc un effet assez remarquable.

    Les bénéfices de la formation au français augmentent avec le niveau d’éducation de la personne, qui a lui-même un effet positif direct sur la participation à la population active. Les individus non alphabétisés tirent peu profit ou pas du tout des cours de langue, et les femmes ont tendance à bénéficier moins de la formation linguistique. C’est le cas aussi des individus au-dessus de l’âge médian.

    Cependant, participer à la population active ne signifie pas obligatoirement un emploi stable. Nous ne trouvons aucun effet significatif de la formation linguistique sur la probabilité d’être employé, d’avoir un CDI, d’avoir un travail même informel, ou sur le revenu par tête du ménage. Participer à des cours de langue semble même avoir un impact légèrement négatif sur le fait d’avoir un emploi à temps plein, peut-être parce qu’apprendre une langue demande du temps libre. Il est probable que la période de notre étude (3 ans) est trop courte pour permettre de capter les effets à long terme de la maîtrise de la langue, et donc la transition entre la simple participation au marché du travail (qui inclut la recherche d’emploi) au fait d’avoir à un emploi pérenne.

    Une formation linguistique ne garantit pas l’intégration

    Dans l’enquête ELIPA, 70 % des individus qui ont suivi une formation linguistique ne pensent pas que celle-ci était suffisante pour apprendre le français, et à peu près le même pourcentage aurait aimé avoir plus d’heures d’enseignement. D’ailleurs, les cours de langue ne semblent pas avoir d’impact significatif sur le niveau du français parlé et écrit. Le français de ceux qui ont suivi des cours n’est pas meilleur en 2013 que celui de ceux qui n’en ont pas suivis, sauf pour les immigrants dont la langue maternelle n’est pas trop éloignée du français.

    En outre, on pourrait s’attendre à ce qu’une formation linguistique se traduise par une augmentation plus importante du taux d’emploi ou donne accès à de nouveaux réseaux d’amis, notamment français, mais ce n’est pas ce que nous trouvons.

    Nous avons également tenté d’évaluer si la formation linguistique délivrée dans le cadre du CAI avait un effet positif sur les perceptions qu’ont les individus eux-mêmes de leur intégration ; là encore les effets sont plutôt négatifs, en lien peut-être avec une déception ou une démotivation après avoir réalisé que les cours de langue ne les aident pas à trouver un emploi. Les immigrés qui ont suivi des cours ne déclarent pas maîtriser mieux les compétences linguistiques que les autres et expriment plutôt un moindre « sentiment d’être chez soi » en France et un moindre intérêt pour la politique française.

    Des cours pour s’ouvrir à la vie en France

    Enfin, et pour conclure sur une note positive, la formation linguistique semble avoir un effet sur ce que nous appelons le canal de l’information. Avant, pendant et après les cours, les participants peuvent en profiter pour échanger sur leurs expériences en France et se donner des conseils importants sur la vie quotidienne et le marché du travail. Cet échange implique non seulement les participants, mais aussi l’enseignant qui peut devenir une référence directe et une source d’information accessible exclusivement aux participants. Un effet positif des cours de français est observé sur la recherche d’un travail (via Pôle Emploi), l’obtention du permis de conduire ou la demande de reconnaissance du dernier diplôme universitaire. Ces constatations amplifient notre compréhension des cours de langue comme moyen de faciliter l’intégration.

    Depuis le nouveau plan d’intégration de 2016, les cours de langue du Contrat d’Intégration Républicaine (CIR) proposent une formation plus avancée. Le CIR prévoit des parcours de 50, 100 ou 200 heures selon les besoins, pour atteindre un niveau (A1), supérieur à celui de l’ancien CAI. La formation est plus personnalisée, et prévoit des cours plus interactifs et basés sur l’utilisation des nouvelles technologies. Afin de favoriser l’#insertion_professionnelle, certaines parties de la formation se concentrent sur la vie pratique, publique et professionnelle en France. Le gouvernement organise également des cours gratuits de niveaux A2 et B1, requis pour renouveler le permis de séjour « pluriannuel » et pour la procédure de naturalisation. Pour analyser si ce changement de politique d’intégration est bénéfique pour l’intégration des immigrants, de nouvelles vagues de l’enquête ELIPA sont actuellement en cours de réalisation.

    http://icmigrations.fr/2020/06/08/defacto-020-01
    #intégration #formation #langue #cours_de_langue #intégration_professionnelle #asile #migrations #réfugiés

    –—

    voir l’article scientifique d’où est tirée cette synthèse :
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014292119300200

    ping @isskein @karine4

  • Societal exit from lockdown/ Déconfinement sociétal /Maatschappelijke exit-strategie

    Apport d’expertises académiques / Inbreng van academische expertise / Contribution of academic expertise

    Preprint Version 1.1April 17, 2020

    https://07323a85-0336-4ddc-87e4-29e3b506f20c.filesusr.com/ugd/860626_731e3350ec1b4fcca4e9a3faedeca133.pdf

    cf. Coronavirus - Une centaine de chercheurs émettent dix recommandations pour le déconfinement
    https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/belga/coronavirus-une-centaine-de-chercheurs-emettent-dix-recommandations-pour-le-

    #covid-19 #lockdown #belgique

  • « Il n’est pas besoin de beaucoup de mots » : #dérogations à tout va dans les #universités

    L’#ordonnance « relative à l’organisation des #examens et #concours pendant la #crise_sanitaire née de l’#épidémie de #covid-19 » a été examinée hier après-midi en conseil des ministres, et est donc parue au Journal officiel de ce matin. Cette ordonnance appartient à la deuxième vague des ordonnances prévues par la loi d’urgence du 23 mars 2020, après la vague des 25 ordonnances du 25 mars, dont les médias se sont largement fait l’écho.

    Il faut bien comprendre que cette ordonnance est une intervention du #pouvoir_exécutif dans ce qui représente normalement le champ de compétences du #Parlement. L’objectif de cette ordonnance n’est donc pas le même que l’objectif d’un #décret : il est d’abord et avant tout de modifier des dispositions de valeur législative, que le #Président_de_la_République et le #gouvernement n’ont normalement pas la possibilité de modifier par eux-mêmes, mais qu’ils peuvent tout de même modifier parce que le Parlement les y a exceptionnellement habilités.

    On est donc en présence d’un #droit_d’exception dans tous les sens du terme : #exception sur la forme, parce que le gouvernement intervient dans le champ du Parlement pour modifier des textes de #valeur_légale, conformément à la procédure des ordonnances (article 38 de la Constitution) ; exception sur le fond, parce cette ordonnance introduit un nombre important de modifications qui sont certes justifiées par l’épidémie et ses conséquences, mais qui, il ne faut pas le perdre de vue, sont aussi, pour nombre d’entre elles, des modifications que le #MESRI souhaite introduire ou généraliser depuis des années (#examens_à_distance, et notamment en #télésurveillance ; délibérations par #visioconférence ; pouvoirs forts des chefs d’établissements ; différenciations entre établissements). Il est très probable, de ce point de vue, que le provisoire actuel se révèle rapidement transitoire : les mesures prévues dans ces ordonnances représentent un galop d’essai fantastique pour le MESRI.

    Il est aussi important de noter, d’emblée, que l’ordonnance est très courte. On pourrait être tenté d’y voir le signe que les dérogations introduites sont en nombre limité. Il faut plutôt l’analyser, nous semble-t-il, comme la marque du caractère très général des nouveaux pouvoirs que l’ordonnance attribue, et du faible nombre de #garde-fous mis en place : il n’est pas besoin de beaucoup de mots pour dire que l’on peut déroger à tout va au droit existant, dès lors que le choix est fait de ne pas encadrer outre mesure ces dérogations.


    *

    Au-delà de ces considérations générales, on peut reprendre le contenu de l’ordonnance dans l’ordre, au risque d’être un peu long.

    1° Temporalité des #règles_dérogatoires

    Les mesures prises dans cette ordonnance ont une durée de vie doublement limitée : limitée dans le temps (elles sont applicables du 12 mars – elles peuvent donc avoir un effet rétroactif – au 31 décembre 2020) et limitée dans la finalité (elles doivent être « nécessaires pour faire face aux conséquences de la propagation de l’épidémie » et aux conséquences « des mesures prises pour limiter cette propagation »).

    Deux remarques sur ce point :

    Comme pour la #prorogation des mandats des présidents et conseils centraux, le choix a donc été fait d’une durée très longue de 9 mois 1/2. Ce choix est un peu étonnant, surtout depuis qu’on a réalisé que le choix du MESRI de proroger possiblement jusqu’au 1er janvier 2021 les mandats des présidents et conseils centraux n’est finalement pas la règle générale applicable aux établissements publics qui ne relèvent pas du MESRI (cf. l’article 6 de l’ordonnance du 27 mars 2020 adaptant le droit applicable au fonctionnement des établissements publics et des instances collégiales administratives pendant l’état d’urgence sanitaire, qui prévoit des prorogations allant, selon les cas, jusqu’au 30 juin et jusqu’au 31 octobre 2020).
    Il sera important de s’assurer que les modifications introduites sur le fondement de cette ordonnance ne perdurent pas dans certains établissements : elles doivent être strictement limitées aux deux barrières temporelles précédemment évoquées. Et dans tous les cas, comme dit plus haut, même si ces #limitations_temporelles existent, le risque est réel que ces modifications soient ensuite pérennisées, conformément à cette logique – maintes fois observée ailleurs – selon laquelle le droit d’exception préfigure le #droit_commun.

    2° Transformation des règles d’accès à l’enseignement supérieur et de délivrance des #diplômes

    Le chapitre Ier de l’ordonnance (articles 2 à 4) concerne l’accès aux formations de l’enseignement supérieur et la délivrance des diplômes de l’#enseignement_supérieur. Ces trois articles ont vocation à réduire (à « assouplir », dit-on en novlangue) de manière très importante les conditions légales du code de l’éducation par l’attribution de pouvoirs exceptionnels.

    Deux questions sont traitées dans ce chapitre : la détermination du contenu des « #adaptations » (articles 2 et 4) ; la détermination de l’#autorité_compétente pour prendre ces mesures d’adaptation (article 3).

    2.1 Le contenu possible des « adaptations » extrêmement large. On note immédiatement deux choses importantes :

    S’agissant des modifications des modalités d’accès aux #formations de l’enseignement supérieur, il n’est rien dit du contenu possible de ces modifications si ce n’est que chaque autorité qui intervient légalement dans la procédure d’accès aux formations (rectorat, universités) a le droit de changer les règles « nonobstant toute disposition législative ou réglementaire contraire », c’est-à-dire sans que les règles existantes puissent y faire obstacle. Ce grand silence, sur un sujet aussi sensible, interpelle car il laisse une marge de manœuvre très importante à chaque université et à chaque #rectorat pour adapter la procédure de l’article L. 612-3 du #code_de_l’éducation. Ce point appelle une vigilance toute particulière.
    Ceci dit, lorsque, s’agissant de la modification des modalités de délivrance des diplômes, une liste est établie, elle est en réalité si large qu’elle permet, là aussi, tout ou presque (modification de la nature des épreuves, de leur nombre, contenu, coefficient, conditions d’organisation, et notamment possibilité de dématérialisation complète).

    La plus grande liberté est donc laissée sur les modifications de contenu, et les pratiques vont vraisemblablement être très variables sur le territoire, mettant définitivement un terme à ce qui restait d’idéal d’#égalité des étudiant·es devant le #service_public de l’enseignement supérieur.

    Il faut bien voir que l’exercice risque d’être particulièrement brutal pour les étudiant·es, en particulier que toutes ces modifications peuvent leur être imposées de manière extrêmement rapide, en l’occurrence dans un délai qui peut être réduit jusqu’à deux semaines, par dérogation à l’article L. 613-1 du #code_de_l’éducation qui prévoit, lui, que les modalités du #contrôle_des_connaissances « doivent être arrêtées dans chaque établissement au plus tard à la fin du premier mois de l’année d’enseignement et elles ne peuvent être modifiées en cours d’année ».

    Mais le problème principal va vraisemblablement se porter, dans les prochaines semaines, sur les #examens_à_distance, que l’ordonnance autorise à mettre en place de manière généralisée. On observe deux points très problématiques à ce sujet :

    Le premier tient dans le fait que l’ordonnance s’est bien gardée d’établir des garanties procédurales et techniques permettant d’assurer l’#égalité_de_traitement des étudiant·es et la lutte contre la fraude, à la différence de ce qu’elle fait, un peu plus loin dans l’ordonnance, pour les examens et concours d’accès à la fonction publique (renvoi à un décret fixant ces garanties). On pourrait penser que les conditions de l’article D. 611-12 du code de l’éducation continuent de s’appliquer1, mais faute de précision, ces conditions ne nous éclairent guère, de sorte que le pragmatisme à toute épreuve de certain·es collègues risque de bien vite les écraser.
    Le deuxième point a trait au fait que ces conditions d’organisation seront décidées sans beaucoup de discussion collective – puisque, comme on va le voir, l’essentiel des pouvoirs est concentré entre les mains du président de l’ université – et pourront même être imposées aux enseignant·es qui les refuseraient, si l’on en croit les termes de l’ordonnance.

    Il est impératif que ces examens à distance ne représentent pas l’aiguillon de leur généralisation pour les années à venir dans les universités. Le débat critique à leur égard reste entier. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les examens dits « en télésurveillance ». Ils posent des problèmes juridiques multiples — en termes de droit des données à caractère personnel et en termes de droit à l’image, en particulier— quand bien même les règles du code de l’éducation seraient respectées, ils suscitent un fort scepticisme dans la communauté universitaire, qui n’a pas particulièrement envie de devenir le terrain d’essai de l’immixtion des dispositifs de vidéosurveillance à l’intérieur des domiciles privés, ils reviennent à enrichir de nouveaux intermédiaires privés — soit les prestataires de services. Et ils coûtent finalement cher, plus cher qu’un examen en présentiel.

    De ce point de vue, dans le cas où des universités choisiraient de recourir aux examens par télésurveillance dans les prochaines semaines, il est crucial qu’il soit veillé à ce que le plein consentement des étudiant·es soit obtenu : on ne saurait leur imposer d’être filmés à leur domicile. On ne peut qu’être atterré à cet égard, de la réponse de Pierre Beust – l’universitaire de référence, selon la DGESIP, sur les conditions d’examens par télésurveillance en France – lors du webinaire sur « la continuité pédagogique : la question cruciale des examens » (à partir de 1H07), qui explique sans ciller qu’un·e étudiant ·e qui refuserait de passer un examen en télésurveillance bénéficierait de moins de « bienveillance », donc en pâtirait2.

    2.2 S’agissant de la détermination de l’autorité compétente pour prendre ces mesures d’adaptation (article 3), l’ordonnance vient confirmer la tendance lourde du droit de l’enseignement supérieur au renforcement toujours croissant du rôle du président. Celui-ci reçoit compétence pour procéder lui-même – seul, donc – à toutes ces modifications, dès lors qu’il considère que les organes collégiaux sont empêchés de délibérer « dans des délais compatibles avec la continuité du service », ce qui est pour le moins vague. Le court-circuitage des #CFVU est donc très largement ouvert. On note en outre que quand bien même les organes collégiaux délibèrent « dans des délais compatibles avec la continuité du service », ils peuvent toujours décider de déléguer leurs #compétences au président. On reproduit à la petite échelle des universités ce que l’on a observé la semaine dernière au Parlement avec la loi d’urgence : le réflexe systématique devant le caractère exceptionnel de l’épidémie que nous vivons est de renforcer la #concentration_des_pouvoirs, et donc l’#autoritarisme, et ce réflexe semble aujourd’hui être conçu avec une évidence telle qu’il n’est plus même discuté. C’est très inquiétant quant à ce que cela dévoile de nos représentations intellectuelles des processus de prise de décision collective.

    3° Transformation des règles relatives aux examens et concours de la fonction publique

    Le chapitre II de l’ordonnance (article 5 et 6) concerne les examens et concours d’accès à la fonction publique. Pour le résumer simplement, toutes les adaptations sont possibles, et en particulier le recours à la visioconférence peut être généralisé. La question du projet de décret « fixant les conditions de recours à la visioconférence pour l’organisation des concours des chargés de recherche et des directeurs de recherche des établissements publics scientifiques et technologiques et des enseignant·es-chercheur·ses des établissements d’enseignement supérieur au titre de l’année 2020 » n’a donc plus lieu d’être : l’ordonnance permet désormais de ne pas appliquer les dispositions du décret du 22 décembre 2017 fixant les conditions de recours à la visioconférence pour l’organisation des voies d’accès à la fonction publique de l’État, qui impose un nombre minimum de membres du jury physiquement présents.

    Deux observations toutefois : ces règles nouvelles ne sont pas immédiatement applicables puisqu’il est prévu que « les garanties procédurales et techniques permettant d’assurer l’égalité de traitement des candidats et la lutte contre la fraude sont fixées par décret » ; surtout, on ne sait pas à ce stade qui, précisément, prendra la décision de déroger « à l’obligation de la présence physique des candidats ou de tout ou partie des membres du jury ou de l’instance de sélection, lors de toute étape de la procédure de sélection » : est-ce au niveau de chaque établissement qui ouvre un poste ? Ou est-ce au niveau de l’État que seront pris, concours par concours, les décisions ?

    À ce stade, on a aussi encore du mal à voir précisément l’ampleur des conséquences du deuxième point du chapitre II de l’ordonnance. Pour les #concours qui étaient en cours mais non achevés à la date du 12 mars 2020, « la liste complémentaire établie par le jury du concours précédent peut être utilisée afin de pourvoir des vacances d’emplois ». Par ailleurs, diverses mesures destinées à prolonger la validité des listes complémentaires ou des listes d’aptitude des concours sont décidées. Et enfin, point important, lorsqu’un concours est en cours ou a été ouvert entre le 12 mars et le 31 décembre 2020, il est prévu que les candidats doivent remplir les conditions générales prévues pour l’accès au corps auxquels ils postulent au plus tard à la date d’établissement de la liste classant par ordre de mérite les candidats déclarés aptes par le jury, et non, comme c’était le cas jusqu’ici, au jour de la première épreuve.

    https://academia.hypotheses.org/21693
    #université #fac #facs #pérennisation #ESR #stratégie_du_choc #in_retrospect

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    citation pour @etraces :

    Il est impératif que ces examens à distance ne représentent pas l’aiguillon de leur généralisation pour les années à venir dans les universités. Le débat critique à leur égard reste entier. C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les examens dits « en télésurveillance ». Ils posent des problèmes juridiques multiples — en termes de droit des données à caractère personnel et en termes de droit à l’image, en particulier— quand bien même les règles du code de l’éducation seraient respectées, ils suscitent un fort scepticisme dans la communauté universitaire, qui n’a pas particulièrement envie de devenir le terrain d’essai de l’immixtion des dispositifs de vidéosurveillance à l’intérieur des domiciles privés, ils reviennent à enrichir de nouveaux intermédiaires privés — soit les prestataires de services. Et ils coûtent finalement cher, plus cher qu’un examen en présentiel.

    • Il faut bien comprendre que cette ordonnance est une intervention du #pouvoir_exécutif dans ce qui représente normalement le champ de compétences du #Parlement. L’objectif de cette ordonnance n’est donc pas le même que l’objectif d’un #décret : il est d’abord et avant tout de modifier des dispositions de valeur législative, que le #Président_de_la_République et le #gouvernement n’ont normalement pas la possibilité de modifier par eux-mêmes, mais qu’ils peuvent tout de même modifier parce que le Parlement les y a exceptionnellement habilités.

      et

      On reproduit à la petite échelle des universités ce que l’on a observé la semaine dernière au Parlement avec la loi d’urgence : le réflexe systématique devant le caractère exceptionnel de l’épidémie que nous vivons est de renforcer la #concentration_des_pouvoirs, et donc l’#autoritarisme, et ce réflexe semble aujourd’hui être conçu avec une évidence telle qu’il n’est plus même discuté. C’est très inquiétant quant à ce que cela dévoile de nos représentations intellectuelles des processus de prise de décision collective.

      #ordonnance #loi_d'exception

    • Dans les universités, la tentation de la télésurveillance des examens

      Faute de pouvoir organiser des #partiels classiques pour cause de #risque_sanitaire, certaines universités réfléchissent à une télésurveillance des examens, via des prestataires privés. Un dispositif contesté et coûteux, que le gouvernement encourage.

      Évaluera ou n’évaluera pas ? « Pour l’instant, c’est les grandes négociations », glisse un vice-président d’une université parisienne. Depuis le début du mois d’avril, les discussions sur les modalités d’examen font rage dans les facultés, qui ne rouvriront pas leurs portes avant la rentrée de septembre.

      Mercredi 22 avril, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal, dans une interview accordée à 20 Minutes, a recommandé d’organiser « un maximum d’épreuves ne nécessitant pas la présence physique des étudiants sur les campus », tout en estimant que les modalités de ces épreuves relevaient de la « #liberté_pédagogique » des établissements.

      Les votes s’enchaînent dans les #CFVU, les commissions chargées des règles des examens dans chaque université. Une partie des syndicats étudiants, comme l’Unef, s’opposent à l’organisation de partiels classiques, certains réclamant une #neutralisation du semestre ou l’instauration du « #10_améliorable » (validation automatique du semestre, avec une note minimale de 10 pour tous les étudiants). Des demandes irrecevables pour la plupart des établissements, qui souhaitent maintenir une forme d’évaluation et mettent sur pied les modalités filière par filière.

      La plupart des universités ont déjà annoncé vouloir privilégier le #contrôle_continu et adapter fortement les examens de fin d’année. À l’université Lumière-Lyon II, la consigne est d’éviter ou d’alléger autant que possible les examens « en temps contraint », explique Valérie Haas, vice-présidente à la formation. Les enseignants sont donc invités à privilégier des « devoirs maison », sans que l’étudiant ne soit obligé de se connecter à une heure fixe. Certains étudiants pourront bénéficier d’un accès à l’examen « pendant 24 heures ». Le tout en passant par des plateformes comme #Moodle, installées dans la plupart des universités.

      D’autres établissements ont déjà annoncé l’organisation d’examens à distance, selon des modalités très diverses, comme les universités de Bretagne (UBO), de Nancy, de Lille ou de Rouen. Avec une inquiétude : ces partiels ne risquent-ils pas d’entraîner une hausse des #fraudes et de mettre en péril la sacro-sainte valeur des #diplômes ? C’est sur cette angoisse que cherchent à se positionner les entreprises spécialisées dans la télésurveillance des examens.

      Pour réduire les risques de #triche, le ministère de l’enseignement supérieur conseille aux universités de privilégier les épreuves « simples » et courtes, comme des #questionnaires_à_choix_multiples (#QCM), ou au contraire des examens mettant l’accent sur « l’esprit critique », moins propices au copier-coller. « Il s’avère difficile d’éviter la recherche d’informations sur le Web », note-t-il, lucide.

      Les disciplines comptant peu d’étudiants pourraient aussi s’orienter vers l’organisation d’oraux par #visioconférence, qui permettent de vérifier l’identité du candidat. Mais, dans des facultés comptant souvent des centaines d’étudiants par amphithéâtre, la surveillance des partiels reste une grande illusion. D’où la tentation de recourir à des prestataires extérieurs.

      Dès le début du confinement, le ministère de l’enseignement supérieur a transmis aux universités une fiche mentionnant les noms de plusieurs entreprises spécialisées dans la télésurveillance d’examens, en précisant les volumes de partiels pouvant être organisés et les tarifs pratiqués, de l’ordre de 10 euros par heure d’examen et par étudiant en moyenne. Une manière de mettre l’option sur la table, sans remettre en cause la liberté de choix des établissements.

      Techniquement, les détails divergent, mais la plupart des entreprises listées par le ministère proposent une #captation_d’image. « D’abord, l’étudiant installe le logiciel et l’autorise à fermer toutes les autres applications. Ensuite il se prend en photo avec sa carte d’identité », explique Benoît Sillard, PDG de #TestWe, l’une des sociétés citées par le ministère.

      « Pendant l’examen, une photo est prise toutes les quelques secondes. Cela forme un mini-film qui est automatiquement analysé pour détecter des anomalies : un autre visage qui apparaît ou l’étudiant qui s’en va. Dans ce cas, une vérification est faite par une personne physique pour voir ce qu’il s’est passé », détaille l’entrepreneur, lui-même passé par les ministères de l’éducation nationale et de la recherche en tant que spécialiste numérique au début des années 2000. Ces surveillants peuvent être fournis par les universités ou par les prestataires, moyennant finance.

      Contacté par Mediapart, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche minimise le recours à ce type de prestation : « Le nombre d’établissements ayant prévu de recourir aux examens télésurveillés devrait être limité. Il s’agirait majoritairement d’écoles, et dans une moindre mesure d’universités. » Les facultés de médecine ou de pharmacie, en particulier, pourraient être tentées par le dispositif.

      Le ministère estime que l’ordonnance du 27 mars « donne aux établissements assez de souplesse pour organiser les évaluations sous des formes variées », citant notamment « l’organisation d’oraux en visioconférence ou de quizz à questions et réponses aléatoires », et que la plupart des solutions envisagées rendent « le risque de triche très faible et donc ne nécessitent pas de recours à la télésurveillance ».

      Reste que le sujet suscite de vives oppositions dans les universités, où chaque UFR – ou filière disciplinaire – dispose d’une certaine marge de manœuvre. « Nous voulions interdire l’organisation d’examens synchrones [en temps réel] », raconte Jennifer Buyck, élue du syndicat Snesup à la CFVU de l’université Grenoble-Alpes, qui soulève des objections éthiques et pratiques à la télésurveillance : fracture numérique pour de nombreux étudiants, mauvaises conditions de travail au domicile, accentuation de la précarité en période de confinement, logiciel jugé intrusif et liberticide…

      « Le point commun entre tout ça, c’est une rupture d’égalité des étudiants », souligne l’enseignante-chercheuse, dont la proposition a été rejetée. « Il n’y a pas de garde-fous », s’inquiète-t-elle.

      Des reproches injustifiés, tente de pondérer Benoît Sillard, qui estime que les examens encadrés par sa société sont « exactement les mêmes, en dématérialisé, que dans une salle de cours ». Le PDG de TestWe affirme avoir été très sollicité par des établissements du supérieur ces dernières semaines et avoir déjà organisé plusieurs milliers d’examens surveillés. « Les grandes écoles ont vite basculé », résume-t-il, rappelant que sa société a déjà travaillé avec l’ENA ou de grosses écoles de commerce comme l’EM Lyon. « C’est plus long du côté des facs », admet-il, tout en assurant être en « négociations très avancées » avec plusieurs universités.

      Ces dernières années, des universités ont déjà eu recours à ce type de télésurveillance pour contourner des blocages dus à des mouvements étudiants. C’est le cas à Nanterre ou à l’université Paul-Valéry de Montpellier, où des examens à distance se sont tenus au printemps 2018 après le rejet d’un recours administratif déposé par des syndicats étudiants.

      Ailleurs, la télésurveillance est expérimentée à petite échelle, notamment pour les étudiants dans l’impossibilité d’assister aux examens pour raisons professionnelles ou médicales. Ce devait être le cas cette année pour certaines licences de langue à Nancy, où les étudiants volontaires se voyaient demander le paiement de 200 euros de frais « non remboursables » pour bénéficier de ce service, confié par l’université de Lorraine à la société #Managexam.

      La société vend aussi son outil à l’université de Caen, présentée comme « en pointe sur la question » par le ministère, tout comme Sorbonne-Université, qui travaille avec #Proctorexam, un concurrent.

      À l’université de Caen, le dispositif est expérimenté depuis plusieurs années sur « une petite centaine d’étudiants », sur les 30 000 que compte l’université, précise son président, Pierre Denis. Essentiellement dans le cadre de formations à distance, par exemple pour des étudiants résidant à l’étranger. « Nous n’envisageons pas d’étendre ce système massivement », affirme-t-il, s’exprimant également au nom de la conférence des présidents d’université (CPU). « Avec la #fracture_numérique, ce ne serait ni adapté, ni #éthique, ni peut-être même faisable », estime-t-il.

      Selon un sondage en cours de finalisation réalisé par l’université de Caen, au moins 5 % des effectifs, soit 1 500 étudiants, ne sont actuellement pas dans des conditions leur permettant de passer des examens. Des solutions techniques (clefs 4G, autorisations de déplacement) ou organisationnelles (évaluation décalée ou par oral) sont actuellement à l’étude.

      L’université d’Aix-Marseille a déjà acté qu’elle n’aurait pas recours à la télésurveillance d’examens et qu’elle s’orienterait principalement vers le contrôle continu. « Nous distribuons 1 500 colis alimentaires par semaine. Près de 600 étudiants n’ont pas un accès numérique satisfaisant, les conditions d’#égalité n’étaient pas réunies pour organiser des examens », détaille Éric Berton, président d’Aix-Marseille Université (AMU).

      Un choix qui est aussi économique. Lionel Nicod, le vice-président à la formation de l’AMU, a fait ses comptes : « On arrivait à 1,6 million d’euros rien que pour les premières années de licence. Entre dépenser cette somme pour des examens ou la garder pour soutenir nos étudiants à la rentrée, le choix a été vite fait. » Les tarifs indicatifs recensés par le ministère auprès des différentes entreprises varient de 1,50 euro pour des « examens non surveillés », ressemblant à une simple visioconférence, jusqu’à 17 euros par étudiant et par examen, si l’entreprise fournit les surveillants.

      Le gouvernement a trouvé une parade pour réduire ces coûts prohibitifs : une sorte de #commande_groupée. Le ministère de l’enseignement supérieur indique à Mediapart que la #Fédération_inter-universitaire_de_l’enseignement_à_distance (#Fied) propose une adhésion gratuite à tous les établissements du supérieur. Une action « discutée » avec les services du ministère, précise-t-il.

      L’opération doit permettre aux établissements de passer une sorte de commande groupée et de « profiter du contrat cadre que la Fied a passé avec la société Managexam et permettant un tarif préférentiel de 1 euro HT l’examen (par étudiant) réalisé en télésurveillance par prise de photos […]. Compte tenu du fait que le recours à la télésurveillance ne sera pas massif, cela restera très acceptable dans les coûts », détaille le ministère.

      Même avec une réduction, l’idée fait bondir Mélanie Luce, présidente de l’Unef. « Les étudiants sont dans des situations très précaires, sans emploi ni droits au chômage ou au RSA, vivent parfois dans des taudis ou peinent à se nourrir, et on serait prêts à dépenser des millions d’euros pour nous forcer à passer des examens télésurveillés ? C’est aberrant. » Et le temps presse pour les universités, qui doivent se positionner ces semaines-ci sur la question : selon la loi, elles doivent informer les étudiants des modalités d’évaluation choisies au moins 15 jours avant la date de l’examen.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/010520/dans-les-universites-la-tentation-de-la-telesurveillance-des-examens?xtor=

      #privatisation

      Article de @mathieup (@wereport)

    • Rennes : les étudiants vont être télé-surveillés pendant les examens de fin d’année

      Afin de terminer l’année malgré la crise sanitaire, l’Université Rennes 1 met en place la « télé-surveillance » lors des examens de fin d’année. Un système inédit dans l’Université Bretonne, qui crée le débat autour de la sécurité des données personnelles.

      https://www.francebleu.fr/infos/education/rennes-les-etudiants-vont-etre-tele-surveilles-pendant-les-examens-de-fin

    • Examens à distance à l’Université de Lille : Solidaires étudiant∙es saisit le #tribunal_administratif en urgence

      Soutenu par la FSE et la section SUD éducation de l’Université de Lille, Solidaires étudiant.e.s a déposé un recours en urgence devant le Tribunal administratif ce 2 mai 2020, demandant la suspension de la décision de l’Université de Lille imposant des examens en ligne à ses étudiant.e.s.

      Les modalités d’examen attaquées sont précisées dans un document appelé « Plan de Continuité Pédagogique », adopté le 10 avril par la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), instance de l’université compétente en matière d’organisation des formations. Cette décision doit être suspendue, car les examens en ligne constituent une rupture d’égalité entre les étudiant.e.s discriminant les plus précaires (situation de handicap, mauvaise santé physique ou psychologique, accès au numérique fragile).

      Des alternatives aux examens en ligne ont été proposées par des élu.es au sein de la CFVU, telles que la note plancher à 12/20, ou a minima le recours exclusif aux examens asynchrones. Toutes ces alternatives ont pourtant été balayées d’un revers de main par la présidence, qui a refusé de les soumettre au vote dans un déni total de démocratie. Tandis que plusieurs universités de France ont fait le choix de la validation automatique du semestre, la CFVU de l’Université de Lille a donc validé, dans la précipitation et l’opacité, la tenue d’examens en ligne, sans aucune considération pour les inégalités qu’ils creusent. Elle est même allée jusqu’à autoriser le recours à la télésurveillance sans aucune information concernant la protection des données, en dépit de tout bon sens et des risques juridiques encourus.

      Cet « acharnement à évaluer » et ses dérives ne correspondent pas à la vision que nous portons d’un enseignement supérieur égalitaire et émancipateur, vision qui doit être réaffirmée et non bafouée en contexte de crise sanitaire. Après l’avis qui sera rendu par le juge administratif, nous souhaitons qu’un dialogue constructif soit enfin ouvert avec les instances de l’université de Lille, afin d’envisager toutes les solutions qui permettraient de rassurer les étudiant.e.s, et de surmonter cette crise sans pénaliser aucun.e d’entre eux.elles.

      https://academia.hypotheses.org/23625
      #justice

    • Quelles universités télésurveillent ? Une recension participative

      Academia a déjà fait une recension participative des conditions d’études pendant le confinement, des modalités du contrôle des connaissances modifiées en raison du confinement. Nous souhaiterons recenser les usages particuliers de la télésurveillance dont l’usage nous avait semblé pouvant devenir problématique ((Sur Academia, voir Et maintenant la reconnaissance faciale pour les examens ?, 27 avril 2020 et Dans les universités, la tentation de la télésurveillance des examens, sur Mediapart, 3 mai 2020.)). La question se pose d’autant plus que la rentrée ne laisse pas augurer une reprise normale en présentielle ((Même si nous n’avons aucune information à ce stade. Cf. Plan de déconfinement officiel du MESRI, 5 mais 2020.)).

      Antérieurement à l’épidémie, les universités suivantes avaient déjà utilisé de la télésurveillance de manière plus ou moins ponctuelle (liste à compléter) : France Université Numérique (pour les MOOC), Université de Caen Normandie, Sorbonne Université, Université de Bourgogne (très ponctuellement), Université de Lorraine (très ponctuellement).

      Depuis l’épidémie, cette liste s’est allongée (voir le détail ci-dessous). Des débats assez vifs ont eu lieu dans plusieurs universités sur ce sujet au mois d’avril, à l’occasion des modifications des modalités de contrôle des connaissances. Sous réserve d’autres informations, le constat que l’on peut faire à ce stade est le suivant :

      Un grand nombre d’universités n’évoquent pas la télésurveillance dans leurs MCC modifiées, soit qu’elles fixent d’autres conditions de tenue des examens, soit qu’elles laissent les composantes libres de déterminer ces conditions.
      Seules quelques rares universités ont indiqué expressément repousser la télésurveillance dans leurs MCC. C’est le cas d’Aix-Marseille Université (« assurer ce type d’évaluation au domicile de l’étudiant est possible grâce à des services de télésurveillance payants mais AMU ne souhaite pas y recourir ») et de l’université Paris-Saclay (« Remplacement des épreuves écrites par un devoir à distance, sans télésurveillance »).
      Plusieurs universités ont choisi d’ouvrir expressément la possibilité de recourir à de la télésurveillance, ce qui ne signifie pas toujours que celle-ci est pratiquée (choix des composantes). C’est le cas de l’université de Rennes-1 (mise en œuvre confirmée), de l’université de Bourgogne (mise en œuvre ponctuelle antérieure à l’épidémie) ou de l’université de Rouen Normandie (pas de mise en œuvre connue à ce stade).

      On voit donc que la télésurveillance n’est pas encore une pratique généralisée dans les universités françaises, en dépit des préconisations de la direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle (DGESIP) qui la recommande vivement depuis le début de l’épidémie. Cependant, l’épidémie de covid-19 aura fortement contribué à sa progression, et c’est très inquiétant.

      L’année prochaine sera une année charnière. Les décisions stratégiques à ce sujet sont prises ces jours-ci dans les universités, dans le cadre de la préparation de la prochaine rentrée universitaire.

      https://academia.hypotheses.org/23438

    • #Rennes-1, la télésurveillance et la CNIL

      Étonnamment, la télésurveillance des examens – qui monte en uissance depuis plusieurs années – était largement restée sous les radars de la communauté universitaire, qui n’y avait guère prêté attention. L’accélération du recours à celle-ci depuis l’épidémie de covid-19 est en train de changer la donne, avec le désastreux soutien de la direction générale de l’Enseignement supérieur et de l’Insertion professionnelle, qui n’hésite pas à aller jusqu’à renvoyer vers des solutions privées de reconnaissance faciale.

      À l’évidence, le marché des examens suscite bien des convoitises, le marchands font du forcing, et Academia a donc engagé un travail de recension, afin d’identifier précisément les établissements qui, sous prétexte d’épidémie, choisissent de franchir allègrement le pas.

      À ce sujet, l’université de Rennes-1 occupe particulièrement l’attention ces derniers jours. Non qu’elle soit la première à se lancer dans des examens en télésurveillance. Mais parce qu’elle est la première où l’on observe une vive résistance. La contestation monte en puissance, et elle est cruciale, car il ne fait pas de doute que ces examens en télésurveillance sont appelés à se développer fortement, dès l’année prochaine.

      Academia reviendra prochainement sur les différents dangers que soulève le développement de la télésurveillance. On peut d’ores et déjà noter que, comme le signale le tweet de @argaryen di-dessus, alertant la Commission nationale Informatique et Libertés (CNIL), que ces examens soulèvent différents problèmes majeurs en termes de droit des données à caractère personnel, en particulier lorsqu’ils supposent que l’étudiant∙e « accepte » de filmer l’intérieur de son domicile. Si l’article 9 du RGPD n’est pas toujours en cause, se pose, dans tous les cas, la question de la valeur du consentement donné par un∙e étudiant∙e, qui, s’il n’est pas donné, entraîne une conséquence négative très lourde : l’impossibilité de passer ses examens. Il serait important, effectivement, que la CNIL se prononce.

      Au titre des critiques, on peut tout de suite ajouter, aussi, le fait que l’université de Rennes-11 fait signer un document aux étudiant∙es par lequel elle

      « décline toute responsabilité en cas de problème technique inhérent au lieu de passage de [leur] examen pendant l’épreuve. Cela concerne, sur [leur] lieu de résidence : l’alimentation électrique ; la connexion internet ; le fonctionnement des équipements utilisés et de leurs périphériques ».

      Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette manière de faire est sobre et efficace : une signature, et tous les problèmes d’inégalités sont réglés ! Alors disons-le tout aussi simplement : faire porter toute la responsabilité technique, matérielle et opérationnelle des examens sur les seuls étudiant∙es, c’est contraire au principe d’égalité. C’est considérer que, si les étudiants n’ont pas accès aux mêmes moyens matériels pour composer, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes.

      Une belle image de la mission sociale de l’université.

      Rappelons aussi, au passage, que l’article D. 611-12 du Code de l’éducation prévoit que

      « La validation des enseignements contrôlée par des épreuves organisées à distance sous forme numérique, doit être garantie par […] la vérification que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves ».

      C’est bien singulier que penser que « vérifier que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves », c’est la même chose qu’exiger des étudiant∙es d’assumer toute la responsabilité technique, matérielle et opérationnelle des examens qu’ils sont contraints de passer, sous peine de ne pas se voir délivrer leurs diplômes.

      https://academia.hypotheses.org/23510

    • Comment les étudiant·es sont-ils télésurveillé·es ? Mode d’emploi par L’Étudiant

      Après les cours, les examens à distance : à l’avenir, vous aurez peut-être de moins en moins besoin de vous déplacer pour passer vos épreuves. /
      Les cours en ligne n’ont certainement plus de secrets pour vous. Mais qu’en est-il de l’évaluation à distance ? L’Etudiant vous explique comment fonctionne la télésurveillance des examens depuis chez vous.

      Le 16 mars 2020, toutes les universités de France ont fermé leurs portes en raison de l’épidémie de coronavirus. Alors que les partiels approchent, plusieurs solutions existent pour vous évaluer : reporter les examens, les annuler au profit du contrôle continu, ou bien les remplacer par un examen en ligne ou un devoir à la maison. (..)

      Ainsi, de nombreux établissements font le choix de l’évaluation en ligne. Comment la vérification de l’identité est-elle effectuée  ? Quelle connexion est nécessaire  ? La télésurveillance mise en place à l’université de Caen pour leurs formations à distance est un bon exemple. Voyons son mode d’emploi.
      Un examen blanc pour tester l’outil

      Tout d’abord, vous recevez comme pour n’importe quel examen une convocation à l’examen en ligne. Dans celle-ci, se trouvent des liens pour télécharger l’application, mais également d’autres liens pour vous aider à utiliser la plateforme.

      Une à deux semaines avant les épreuves, un système d’examen blanc a également été mis en place à Caen : « Tous les étudiants qui utilisent pour la première fois l’appli sont invités à participer à une session factice afin d’identifier les éventuels problèmes mais aussi pour minimiser le facteur stress », indique Alice Niezborala, directrice des partenariats chez Managexam, société Edtech qui développe ces examens délocalisés avec huit écoles et universités.
      Le tour de la pièce à 360°

      Les candidats installent l’application sur leur ordinateur pour l’épreuve. Ils doivent également lire et accepter un règlement intérieur. Ce document signale les documents acceptés pendant l’examen et les différentes étapes indispensables à la vérification préalable. « Faire le tour de sa pièce avec sa webcam à 360 degrés pour vérifier que vous êtes bien seul ou vérifier qu’il n’y a pas de documents à portée de main pour les examens qui n’acceptent pas de documents », énumère par exemple Alice Niezborala. Une équipe de surveillants se charge de la vérification visuelle, ou bien l’établissement a son propre « staff » de surveillance.
      (…)
      Présenter ses papiers à la webcam

      La vérification d’identité est la partie délicate, car elle est un rempart contre la fraude. « C’est une étape de la télésurveillance. Une présentation des cartes d’identité à la webcam est demandée. Ces données restent cryptées et ne sont accessibles qu’en fin d’épreuve », assure Alice Niezborala. Ensuite, la gestion de la « pseudoisation » des copies revient à Managexam qui rend les copies anonymes avant l’envoi aux correcteurs de l’établissement.
      Des coupures surveillées (…)
      Et après  ?

      Et après l’épreuve, que devient la copie  ? « En fonction des établissements, les professeurs désignés peuvent venir corriger à l’écran ou bien nous exportons les copies pour des corrections à la main. Un rapport de télésurveillance est envoyé avec un système de drapeaux de couleur dans la timeline. Ils notifient là où il y a pu y avoir un problème, une coupure », explique Alice Niezborala. Le rôle de Managexam s’arrête ici. Les sessions sont ensuite entièrement anonymisées sous 12 mois, conformément au délai de prescription pour les recours.
      Télésurveillance et surveillance en replay

      Créée en 2012, Managexam travaille sur les solutions d’évaluation à distance au sens large, la télésurveillance, les sessions de rattrapage en ligne, les tests de positionnement. La société propose pour le moment trois options :
      – Managexam Live, une solution de télésurveillance comme celle proposée à l’université de Caen  ;
      – Managexam Replay, où l’étudiant, autonome, est enregistré durant l’épreuve et qui est monitoré par la suite  ;
      – Managexam Auto, qui fonctionne à partir de captures d’écrans et qui est davantage destiné à des pays où les connexions sont instables.
      L’entreprise de EdTech travaille avec huit établissements d’enseignement supérieur, parmi lesquels La Rochelle Business School, Montpellier Business School, Kedge, l’IDRAC et une seule université, à Caen. Pour cette dernière, la première session de télésurveillance en ligne a eu lieu le 1er février 2018. 122 examens se sont tenus sur une journée, avec huit télésurveillants.

      https://academia.hypotheses.org/23436

    • EU lawmakers call for online exam proctoring privacy probe

      Students in the Netherlands are resisting use of software to stop cheating on exams, citing concerns about consent, intrusion and security of personal data.

      European lawmakers have demanded an investigation into whether online proctoring software violates student privacy rights, arguing that it is unfair for universities to force students to use exam monitoring tools that capture their personal biometric data.

      The coronavirus pandemic has spurred many universities to turn to software such as Proctorio, used by about 500 institutions globally, mainly in the US, to stop students cheating when sitting online exams at home.

      But in the Netherlands, a student petition against Proctorio has gathered close to 5,000 signatures and triggered a political row.

      “My concern is that the data that are collected are biometric data: faces and eyes,” said Paul Tang, a Dutch Labour Party MEP who, with a colleague, has asked the European Commission to investigate whether such online proctoring complies with the bloc’s General Data Protection Regulation (GDPR).

      “If you don’t have an option [not to use online proctoring], what does consent mean? And that’s the whole idea of GDPR,” he told Times Higher Education. “You can’t switch your university.”

      Proctorio works by monitoring a student through their computer’s camera and microphone to track things such as head and eye movements for suspicious behaviour, explained Thomas Fetsch, the company’s country manager for Germany.

      For example, if it detected that a student was looking only at one corner of their screen, or constantly glancing down at a notepad – and if this behaviour was unusual compared with that of coursemates – the software might alert the university that it suspected the student of copying out answers.

      The software can ask for “room scans”, which require students to pan around their environments with their laptop cameras. The petition against Proctorio, which focuses on its use at Tilburg University, has called these an “invasion of privacy”.

      The scans are designed to stop students sticking sheets of answers out of view of the laptop camera, said Mr Fetsch. Laptop microphones might also be monitored to check that no one else is in the room helping the student, he said.

      Alex Tess Rutten, chair of the Dutch Student Union, told THE that universities had turned to online proctoring “too easily”.

      “There are a number of good alternatives, like speaking exams,” she said.

      Students could be given a set time in which to complete an exam, after which lecturers quiz a random sample to check that they had truly understood the content and given their own answers, the Tilburg petition suggests.

      Some consider online proctoring to be essential given university closures. Willem van Valkenburg, executive director of online learning at Delft University of Technology, said “online proctoring is a necessary and suitable solution in this Covid-19 situation, where the campus is closed”, because universities wanted to minimise disruptions and delays to students’ education.

      Tilburg’s rector, Klaas Sijtsma, has defended the use of Proctorio, arguing that it will help to defend the value of the university’s degrees and will be used only “where it is necessary”.

      But the institution’s law school has decided against using the software – a decision hailed as a victory by those petitioning against Proctorio.

      Online proctoring “can be used only if the infringement of the privacy can be legitimised”, said Maurice Adams, the school’s vice-dean for education, who stressed that this was also the position of the wider university.

      “We at Tilburg Law School have looked at the proposed exams and have concluded that we do not need online proctoring for our exams. Of course, the opinion of our students is very important in this regard: we have discussed the matter with them and listened carefully to their concerns,” he said.

      “Every institution is grappling with this issue,” said Mr Tang. “But what I find surprising is I see universities using different options,” he explained, with some institutions providing more alternatives than others.

      Concern is not confined to the Netherlands. The Australian National University has had to reassure students after they raised privacy concerns about Proctorio.

      Another worry is what will happen to students’ data after they take their exam, said Ms Rutten.

      Mr Fetsch said that while sound and video recordings of students taking exams were stored, only universities – not the company – were able to link these to identifying information. Data from European universities were stored in Frankfurt, he said, and had to be retained so that universities could check exam integrity at a later date.

      Some US universities have given Proctorio permission to train its fraud-detection AI on datasets – such as video or audio recordings – generated when students at those institutions sat their exams, he added.

      https://www.timeshighereducation.com/news/eu-lawmakers-call-online-exam-proctoring-privacy-probe

      #Pays-Bas

    • Coronavirus : imbroglio autour de la télésurveillance des examens à l’université #Rennes-I

      En donnant la possibilité de recourir à une surveillance en ligne des épreuves en raison de la crise sanitaire, l’établissement a suscité une levée de boucliers parmi les étudiants.

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/05/22/coronavirus-imbroglio-autour-de-la-telesurveillance-des-examens-a-l-universi

    • Non à la télésurveillance des examens. Une tribune

      Des étudiants qui, pour valider leur semestre universitaire, doivent installer sur leur ordinateur personnel un logiciel de surveillance qui les filme en continu, contrôle les programmes qu’ils utilisent, et décrypte à l’aide de « l’intelligence artificielle » les bruits de la pièce dans laquelle ils travaillent pour s’assurer qu’on ne leur souffle pas de réponses : nous ne sommes pas dans un mauvais roman de science-fiction inspiré par George Orwell, mais dans la France du printemps 2020. Tirant prétexte de la situation sanitaire, plusieurs universités et écoles ont en effet prévu de faire passer des examens et partiels à l’aide de ces logiciels espions fournis par des entreprises privées, dont une liste est même mise à disposition sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

      Cette forme particulièrement intrusive de surveillance des individus dans un cadre éducatif n’a malheureusement rien de très surprenant : elle procède de logiques déjà installées, auxquelles l’épidémie donne une accélération foudroyante. Une logique de violation toujours plus forte des libertés individuelles et des données personnelles, d’abord, dont le projet d’application « Stop-Covid », dénoncé par de nombreux chercheurs, juristes, intellectuels, hommes et femmes politiques, est le symbole le plus récent. Une logique de gestion autoritaire des rapports humains au sein des institutions d’enseignement supérieur, ensuite, qui place la lutte supposée contre la triche aux examens au-dessus de considérations éthiques et juridiques. Enfin, une logique opportuniste de certains secteurs d’activité qui profitent de la pandémie pour mettre au point et vendre cher au secteur public des outils de gestion de crise.
      Liberticides et immoraux

      Nous appelons les universitaires à refuser en bloc ces dispositifs à la fois illégaux, onéreux, liberticides et immoraux.

      Illégaux parce que les règles de droit françaises et européennes, fixées dans le RGPD et garanties par la Cnil, n’autorisent pas la collecte de données personnelles – et encore moins le contrôle audio et vidéo au sein d’un domicile – sans libre consentement ou motif impérieux d’ordre public. Onéreux, parce que les premiers chiffres avancés évoquent des millions d’euros par université pour organiser des examens de licence, soit une dépense aberrante pour des établissements qui ont des besoins bien plus pressants pour aménager leurs infrastructures, aujourd’hui éloignées des normes d’hygiène souhaitables pour y assurer la reprise des cours. Liberticides parce que sous le prétexte de la validation d’un semestre universitaire, pour reproduire artificiellement les conditions de surveillance d’un examen, c’est l’intimité même des individus qui est violée, sans aucune garantie sur l’usage des données et des images, créant de dangereux précédents pour d’autres institutions ou entreprises tentées de contrôler leurs élèves ou leurs employés. Immoraux parce qu’à l’heure d’une pandémie faisant des dizaines de milliers de morts dans notre pays, c’est faire preuve d’une violence inconsidérée que de vouloir faire passer la validation prétendument stricte des examens avant la protection des droits individuels et la prise en compte des difficultés collectives.
      Connexions limitées ou défaillantes

      Car les étudiantes et les étudiants ne sont pas dans les conditions normales d’une fin d’année universitaire. Certains vivent le deuil, l’angoisse, l’isolement ; d’autres aident leurs familles en gardant des enfants, en faisant l’école à la maison, en travaillant dans un « commerce essentiel ». Beaucoup n’ont pas accès à des outils informatiques satisfaisants, disposent de connexions limitées ou défaillantes, et vivent dans une précarité matérielle accrue par la catastrophe sanitaire en cours. Pour les institutions éducatives, devant des problèmes sociaux et psychologiques aussi évidents, ce sont la « confiance » et la « bienveillance » qui devraient guider les modalités d’évaluation, pour reprendre des termes si souvent martelés dans les campagnes de communication, et si souvent oubliés dans les politiques publiques.

      D’autant qu’il est possible d’imaginer bien d’autres types d’évaluation que le sacro-saint partiel en temps limité : sans prétendre offrir des solutions clefs en main applicables à toutes les disciplines, nous constatons toutes et tous l’inventivité dont font preuve de nombreux collègues pour adapter leur enseignement et sa validation sans perdre en exigence. Précisons bien qu’il ne s’agit pas ici d’adopter une posture banalement technophobe : nous utilisons amplement les outils numériques qui peuvent être mis au service d’une pédagogie de qualité. Mais nous refusons de cautionner les démarches qui, profitant de l’irruption d’une crise sans précédent, suivant la pente d’une société technicienne toujours plus inventive en mécanismes de contrôle, des drones aux systèmes de reconnaissance faciale, suivant les intérêts d’acteurs attirés par de lucratifs marchés à conquérir, suivant les rêves de décideurs qui espèrent dématérialiser toujours davantage le système éducatif, entendent installer des formes inacceptables de surveillance au sein de l’enseignement supérieur.

      https://academia.hypotheses.org/23765

  • Comment garantir l’#équité des #algorithmes ?
    https://www.banquedesterritoires.fr/comment-garantir-lequite-des-algorithmes

    « Code source opaque », « paramètres parfois contestables »… le récent rapport de la Cour des comptes étrillant l’algorithme Parcoursup (https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-02/20200225-09-TomeII-infrastructures-numeriques-enseignement-superieur-et-rec) pour l’affectation universitaire des lycéens ne pouvait mieux tomber pour illustrer la table ronde « Intelligence artificielle, les algorithmes source d’équité ou de #discrimination » organisée dans le cadre des Assises de la cohésion numérique territoriale le 27 février 2020 à Paris. Si le problème a pris une acuité particulière avec l’omniprésence du numérique dans notre quotidien, il est cependant loin d’être nouveau.

    #biais_algorithmiques #racisme #logiciel_compas #États-Unis #contrôle #administration #deep_learning #programmation #apprentissage_profond #règles_culturelles

    Rapport de la #Cnil mentionné dans l’article : https://www.cnil.fr/fr/comment-permettre-lhomme-de-garder-la-main-rapport-sur-les-enjeux-ethiques-des-

  • Les #E3C de monsieur #Blanquer : #Confusion, #Chaos, #Colère, ou l’école de la #défiance

    En #solidarité avec les lycéennes, les lycéens et tous les collègues du secondaire qui se mobilisent contre les #réformes_Blanquer.

    Douze cars de CRS tous gyrophares allumés à l’aube devant le lycée Basch de Rennes, contrôle des lycéens à l’entrée dans le lycée, intervention policière « musclée » (comme on dit pudiquement) à Rennes, à Nantes, à Libourne, à Paris… Est-ce un nouveau mai 68 ? Non, ce sont les « #Épreuves_communes_de contrôle_continu », dites E3C de Jean-Michel Blanquer.

    La présentation il y a plus d’un an des réformes voulues par le Ministre de l’Education Nationale a soulevé d’emblée bien des #inquiétudes : #différences_de_traitement des lycéens et lycéennes face à l’examen, #inégalités entre les territoires, installation d’une sorte de #bachotage permanent pendant dix-huit mois, lié aux modalités mal pensées d’un faux #contrôle_continu envahissant. C’est peu de dire que ces problèmes et ces risques maintes fois exposés n’ont trouvé ni écoute ni embryon de réponse au ministère de l’Education Nationale.

    Tout se passe comme on pouvait le craindre : les programmes de 1ère qui ne suivent plus ceux de seconde conduisent à une sorte de course infinie pour « rattraper » ce qui n’a pas été fait parce que non prévu, les conseils de classe ne réunissent plus tous les enseignants et toutes les enseignantes d’une classe puisque l’éclatement des spécialités et des options conduit les enseignants à accueillir le plus souvent des élèves de classes différentes (d’où par exemple la distribution des élèves d’une classe entre 4 ou 5 professeurs de la même matière selon les particularités de leur parcours). Surtout, l’#évaluation_permanente est désormais le principe organisateur de ces années de lycée pourtant si cruciales pour la formation des jeunes gens : en lieu et place de la réflexion critique fondé sur l’échange entre l’enseignant et ses élèves, l’enchainement infernal des #épreuves conduit les enseignants à faire le programme au pas de charge et les adolescents sont forcés à un #apprentissage_mécanique. Ils sont nombreux à raconter la situation d’#anxiété perpétuelle dans laquelle ils sont plongés.

    Tout cela a été annoncé et dénoncé. Tout cela est arrivé.

    Mais le pire était encore à venir.

    En effet, l’administration de l’Éducation Nationale de haut en bas - de son ministre, aux recteurs, aux inspecteurs et jusqu’aux proviseurs - s’est lancée dans une défense et illustration du bien-fondé de la réforme en cours au mépris de la réalité de ce qui se passe dans les établissements. Confusion, #précipitation et #opacité règnent en maîtresses dans l’organisation des premières épreuves de la réforme du Bac, les fameux E3C. Rien n’est respecté : ni le cadre chronologique des épreuves qui devrait être commun alors qu’elles sont étalées sur trois semaines —voire plus désormais puisque de nombreuses épreuves ont été reportées sine die, ni la gestion rationnelle des banques de sujet (certains sujets n’ont pas été retirés desdites banques et ont donc été redonnés quelques jours plus tard ailleurs, après avoir circulé sur internet !), ni l’identification d’un protocole commun pour le choix des sujets ou les corrections des épreuves, ni la logistique de ce qui est censé être une épreuve d’examen national : horaires fantasques, espaces impropres à un examen, absence de banalisation de la semaine concernée sont courants, à quoi s’ajoute le scannage extrêmement chronophage de copies en partie inutilisables.

    Face aux réactions de défiance ou de refus devant les E3C, réactions prévisibles et légitimes, chez de nombreux lycéens et lycéennes comme chez un grand nombre d’enseignant.e.s, la réponse apportée s’avère d’une dureté et parfois d’une #violence inouïes, au sens strict du terme, parfaitement étrangères aux coutumes de #gestion_des_conflits dans le second degré. Certains chefs d’établissement, après avoir interdit l’expression libre des lycéens et lycéennes au sein des établissements, ont appelé la #police pour rompre des blocus conduits par des adolescents ; des lycéens mineurs ont été placés en #garde_à_vue jusqu’à 35 heures sans justification, sans que leurs parents en soient prévenus ; certains ont été malmenés ; d’autres, après avoir été identifiés comme des « meneurs », ont été emmenés en minibus pour #comparution_au_rectorat sans être accompagnés par des professeurs ou des parents d’élèves ; à l’occasion, ceux qu’on accuse du #blocus n’ont pas le droit de repasser les épreuves et se retrouvent avec une note de 0/20 illégale (que les universitaires devront « oublier » au moment des évaluations sur ParcourSup) ; d’autres encore sont cadenassés dans leurs salles pour composer, alarme incendie désactivée, ou filtrés par les CRS à Rennes (les informations qui remontent des réseaux sociaux sont à cet égard concordantes et très alarmantes) ; des enseignant.e.s sont menacé.e.s de #rétorsions ; d’absurdes rappels à un devoir de #neutralité ou de « réserve » ont été adressés à des collègues du secondaire.

    Quel autre mot que « #répression », que beaucoup d’entre nous auraient trouvé naguère excessif, pour nommer ce qui se passe autour de la mise en place des réformes de M. Blanquer ?

    Dans ces circonstances, la tribune des « 50 chefs d’établissement parisiens » (https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/27/plus-de-cinquante-chefs-d-etablissements-scolaires-parisiens-demandent-que-c), publiée récemment dans un grand quotidien du soir, est une véritable provocation : rassemblés pour se plaindre des blocus de lycées et en appeler à des interventions plus fréquentes des forces de l’ordre en feignant de se soucier de la « fragilité » de certains de leurs élèves, et sans faire la moindre allusion aux raisons de la protestation ni même à ce que les réformes en cours font et feront subir justement aux plus fragiles, ces irresponsables, confits dans l’obéissance à leurs « supérieurs », manifestent la même propension à la surdité, à la morgue et à l’aveuglement qui règne actuellement au sommet de l’État.

    Cette situation nous concerne tous, de la maternelle à l’Université : ce qui est mis en jeu dans cette répression, ce sont les libertés propres à l’exercice de nos métiers, quel que soit l’âge de ceux et celles à qui nous transmettons des connaissances et des savoirs, c’est la nature même d’un service public de l’enseignement (et de la recherche) qui suppose à la fois d’articuler des droits et des devoirs, de réaffirmer constamment le rôle social de notre travail et de nourrir la tension éthique qui l’anime et le justifie. La solidarité avec nos collègues du secondaire relève de la défense partagée de ce qui nous est commun.

    Sauvons l’université !
    7 février 2020

    http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8640
    #lycée #lycées #France #bac_Blanquer

  • #Projet_Nexus, 13ème semaine… Que se passe t-il à l’#Université_Paul_Valéry ?
    https://solidairesetudiants34.files.wordpress.com/2019/11/affiche.png?w=1400

    Que se passe-t-il à l’UPV ?

    La perte de la 13e semaine d’#enseignement en #Licence depuis la rentrée 2018

    Lors de sa séance du 13 mars 2018, le Conseil d’administration de Paul-Valéry a approuvé la réduction des semestres d’enseignement de 13 à 12 semaines à partir de la rentrée 2018. Pour les Licences, il s’agit d’une réduction sèche du volume horaire des formations : sur l’ensemble des 6 semestres de Licence, ce sont 6 semaines de cours qui sont perdues, soit près de la moitié d’un semestre.

    Pour les Masters, il s’agit d’une simple réduction du nombre de semaines d’enseignement, la masse horaire demeurant la même. Cette relative préservation des Masters peut s’expliquer par la réduction drastique des volumes horaires en Master lors du dernier renouvellement des maquettes, et par le plus grand impact d’une réduction du volume horaire des Licences.

    En effet, il ne s’agit pas d’une simple réorganisation du calendrier universitaire, sans quoi on aurait pu imaginer de conserver le même volume horaire sur un nombre réduit de semaines : l’enjeu est bien de réduire le volume des formations. Dans une université de Lettres, langues et sciences humaines comme Paul-Valéry, la principale dépense est la masse salariale (c’est-à-dire les salaires payés au personnel de l’université), loin devant les dépenses de fonctionnement qui sont très faibles.

    En dépit des multiples mesures d’économie réalisées sur la masse salariale (gel des postes de titulaires, besoins croissants en formation assurés par des précaires sous-payés) et de l’inadéquation criante entre les besoins des étudiant.e.s et le nombre d’enseignant.e.s, la dotation de l’Etat peine à couvrir la masse salariale. Pire, la précarisation croissante du personnel de l’université publique sert d’argumente en faveur de la réduction des formations, puisqu’on entend la DGS de Paul-Valéry affirmer qu’il y aurait “trop de vacataires” dans notre université.

    La décision d’amputer la Licence de 6 semaines est toutefois impopulaire auprès des enseignant.e.s comme des étudiant.e.s, d’où le calendrier opportuniste de cette décision (prise en catimini au printemps 2018, alors qu’étudiant.e.s et enseignant.e.s sont mobilisé.e.s contre la loi ORE et Parcoursup). Pour faire passer la pilule auprès des enseignant.e.s, les directions des UFR leur permettent d’ailleurs de réduire le nombre d’évaluations en cours de semestre. La réduction du semestre à 12 semestres contribue donc aussi à affaiblir le contrôle continu.
    Déploiement du programme Nexus de numérisation des enseignements

    Dans un courriel daté du 9 juillet 2018, le Président de l’UPV Patrick Gilli présentait ainsi le projet Nexus :

    “Le projet Nexus que notre université avait déposé au titre des « Nouveaux cursus à l’université » (NCU) du PIA 3 a été retenu par le jury international. Doté de 7 millions d’euros sur 10 ans, il permettra à notre établissement d’engager la mutation progressive de nos formations qui intègreront des modules d’apprentissage numérique dans toutes les licences, de connecter plus fortement les sciences humaines et sociales à la nouvelle économie de la connaissance et ce faisant, de donner à nos étudiants davantage d’atouts dans leur vie professionnelle.”

    Incroyable ! Paul-Valéry a obtenu plein d’argent pour faire évoluer les formations et faire réussir les étudiant.e.s ! Qui pourrait être contre un tel projet, dont le dossier d’expertise du Bâtiment Nexus de septembre 2019 nous dit que “par ses aspects modernes et innovants, il inscrit l’Université dans la dynamique du XXIième siècle” ?

    Lorsqu’on lit ce même dossier d’expertise, la présentation d’ensemble du projet peut toutefois faire naître des premières inquiétudes, puisqu’il s’agirait de “construire grâce à une spécialisation et à une professionnalisation progressives, à une architecture modulaire et à un accompagnement des étudiants tout au long de leur cursus, des parcours plus flexibles et plus individualisés” et que “Les projets sélectionnés [à l’instar de Nexus] prévoient des actions structurantes, susceptibles de faire l’objet d’un déploiement à grande échelle”.

    En français dans le texte, qu’est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire que Nexus organise :

    le démantèlement de l’offre de formation à Paul-Valéry, éclatée en une multitude de modules ;
    la numérisation de l’ensemble de l’offre de formation, l’intégration de modules d’apprentissage numériques dans toutes les licences ne constituant que la première phase du déploiement de Nexus

    L’enseignement à distance (EAD) n’est pas une chose nouvelle à Paul-Valéry, comme le rappelle le dossier d’expertise du projet Nexus :

    “L’UPVM offre un enseignement à distance depuis sa création en 1970. Elle est désormais la première université française pour l’offre de formations complètes à distance (L, M, D) : 10 licences complètes, 1 licence pro, 18 master 1, 22 master 2, 1 Ecole Doctorale (35 mentions), 3 DU, le DAEU A. Les effectifs se sont très fortement accrus depuis une dizaine d’années : 670 étudiants en 2008-2009, 1893 étudiants en 2016-2017 (soit près de 10% de nos étudiants).”

    Toutefois, il est essentiel de distinguer entre l’EAD conçu comme la possibilité de donner accès à l’université à des personnes qui en seraient sinon exclues par des obstacles matériels insurmontables, et l’entreprise généralisée de numérisation des enseignements, guidée par l’austérité et une croyance millénariste dans le caractère inévitable de l’invasion numérique de l’ensemble de nos vies.

    Ne nous contentons pas, toutefois, de cette présentation générale, et allons voir dans le détail ce que le projet Nexus nous prépare. Dans les documents de présentation de Nexus, ce dernier est caractérisé par les actions suivantes :

    création de modules d’apprentissages (les « Briques ») centrés sur les Humanités numériques ;
    labellisation des licences afin d’offrir une meilleure visibilité des parcours professionnels des étudiants ;
    modularité des rythmes d’apprentissage ;
    mise en place d’un tiers lieu, « La Fabrique » ;
    accompagnement et orientation des étudiants

    Création de modules d’apprentissages (les « Briques ») centrés sur les Humanités numériques

    “Les Briques d’Humanités Numériques sont des modules de formation à distance, interdisciplinaires (cadre commun des 10 premières briques) et disciplinaires (10 briques suivantes), bâties sur des sujets propres aux humanités dans leurs liens aux mutations digitales de la société.”

    “Chaque brique […] (Fig. 1) vaut pour 36h d’EQTD et se compose de 9 chapitres thématiques évolutifs, subdivisés en quatre niveaux d’alvéoles (± 1h) de contenu progressif (bases, développement, approfondissement, prolongement) [cf. Fig. 2].”

    “Elles sont conçues par des équipes-projets interdisciplinaires qui font dialoguer les approches LLASHS, au coeur du dispositif, avec les sciences de l’ingénieur, de l’informatique et du codage et, d’autre part, avec les applications industrielles du domaine (sous forme d’études de cas). Diverses activités d’application mettent en oeuvre les savoirs-faire exposés.”

    “Concrètement, les Briques se présentent sous la forme de modules de formation à distance interactifs et adaptables à la diversité des apprenants. Chacune de ces Briques vaudra pour 2 ECTS par semestre, soit 7% de la licence au total (ce pourcentage prenant uniquement en compte les Briques obligatoires ; les étudiants pourront accéder à des Briques supplémentaires grâce au label Humanités numériques).”

    “Les thématiques abordées dans les dix premières briques sont :

    Codage et langage
    Litteracies numériques

    Données et enquêtes

    Espaces digitaux

    Éthique et société connectée

    Intelligences Artificielles

    Industries numériques
    Interfaces humain / machine
    Information et attention
    Art et cultures digitales.”

    Dans un second temps, il est prévu de permettre la création de dix autres briques, plus spécialisées dans un domaine particulier des Humanités numériques (par exemple, philologie numérique, etc.) ou articulant deux à trois disciplines dans ce cadre.”

    “L’offre est en ligne et scénarisée pédagogiquement, ce qui évite la lourdeur organisationnelle des enseignements présentiels tout en autorisant souplesse et personnalisation. Les premières alvéoles de chaque chapitre seront ouvertes en libre accès (dans une double fonction citoyenne et de vitrine de nos LLASHS), les autres seront accessibles sur la base d’une inscription à l’université et feront l’objet d’une validation pédagogique.”

    Notre analyse

    L’argumentaire de présentation de Nexus en révèle immédiatement un enjeu décisif : lorsqu’il est dit que l’offre en ligne permet d’éviter la “lourdeur organisationnelle des enseignements présentiels”, il faut comprendre qu’elle permet d’éviter de recruter et de payer des enseignant.e.s pour assurer des enseignements en présentiel et garantir de bonnes conditions d’apprentissage, et qu’elle permet d’éviter de financer la construction de nouvelles salles de cours nécessaires à l’amélioration des conditions d’études.

    Avec Nexus, Paul-Valéry s’inscrit pleinement dans le programme du gouvernement actuel pour l’Enseignement supérieur et la recherche : plutôt que d’accorder aux universités publiques une dotation budgétaire leur permettant d’assurer une formation à la hauteur des besoins des étudiant.e.s, des dispositifs sont mis en place pour réduire le coût de la formation pour le budget de l’État.
    Labellisation des licences

    “Dans l’offre de formation 2021, à partir de la L2, les labels proposent de donner de la visibilité aux enseignements existants pré-professionnalisant en regroupant ces enseignements sous 5 labels :

    Enseignement
    Académique / Recherche

    International
    Monde socio-économique
    Humanités Numériques”

    “A partir du semestre 3, chaque étudiant pourra ainsi choisir de rejoindre l’un des 5 Labels proposés dans chacune des licences, avec possibilité d’en changer jusqu’au semestre 4, selon son projet professionnel mûri au long de sa Licence 1. Les Labels permettront de valider chacun 4 ECTS par semestre soit 9% de la licence au total. Comme les Briques de formation en Humanités numériques, les labels sont un parfait exemple de mutualisation et d’hybridation des cours. Ces labels sont composés de troncs communs transversaux (proposés à l’ensemble des étudiants de l’université à l’identique) et de développements spécifiques à chaque discipline. La part de tronc commun est variable selon les labels : 20% pour les labels Enseignement et Académique (nourris par les spécialités disciplinaires), 50% pour le label International, 80% pour Entreprise et 100% pour Humanités numériques.”
    Modularité des rythmes d’apprentissage

    “Afin de faciliter le parcours de l’étudiant et sa personnalisation, Nexus permet l’inscription à l’UE en présentiel ou distanciel. L’objectif est de proposer, dans 10 ans, cette alternative pour 80% des cours de licence.”

    “Le projet Nexus souhaite permettre une plus grande flexibilité dans les modalités d’apprentissage. Actuellement, un étudiant se voit proposer une offre de formation exclusivement en EAD ou exclusivement en présentiel, sans possibilité de mixer les deux. Afin d’individualiser davantage son offre, Nexus prévoit le passage en EAD de l’ensemble de ses licences et une inscription à la carte : tout étudiant pourra choisir de s’inscrire en EAD ou en présentiel à chaque module d’enseignement. Cette hybridation des modes d’apprentissage permet de réussir en licence via : i) l’individualisation des emplois du temps « à la carte » rendant la formation adaptable au rythme de vie et disponibilités des apprenants : étudiant salarié, FTLV, étudiant en situation de handicap ou publics empêchés, étudiants à l’étranger ou éloignés une partie de l’année, etc. ; ii) l’individualisation des parcours : l’étudiant peut suivre plusieurs cursus à la fois (double licence) sans pâtir d’incompatibilité d’emplois du temps ; iii) l’individualisation des rythmes d’apprentissage : l’étudiant peut suivre par anticipation des cours en EAD (jusqu’à valider une licence en 2 ans) et compléter sa licence plus rapidement ou libérer du temps pour davantage de stages en fin de licence.”

    Notre analyse

    Tant d’attention portée au rythme de vie et aux disponibilités individuelles des “apprenants”, c’est vraiment touchant ! La numérisation est toutefois conçue comme une réponse aux besoins spécifiques des étudiant.e.s d’une université publique en Lettres, langues et sciences humaines et sociales, dont les conditions d’études sont effectivement affectées par la difficulté à financer leurs études. Plutôt que donner aux étudiant.e.s les conditions financières leur permettant de suivre leurs études dans de bonnes conditions, ce qui supposerait que la collectivité prenne ses responsabilités à l’égard de la jeunesse, Nexus propose aux étudiant.e.s de se contenter de cours en ligne.

    Sur la pertinence de ceux-ci, on se contentera de remarquer qu’une telle numérisation massive des cours n’est envisagée qu’à l’université publique, et certainement pas dans les classes préparatoires aux grandes écoles qui scolarisent les enfants des classes supérieures. La dépense par étudiant.e est, en France, 50% plus élevée pour un.e étudiant.e de CPGE que pour un.e étudiant.e de Licence : cela correspond aux heures beaucoup plus nombreuses d’enseignement (en présentiel) en CPGE, y compris individuellement ou en petits groupes.

    Ensuite, 80% des enseignements de Licence proposés également en distanciel d’ici 10 ans, cela veut dire 80% des enseignements qui pourront n’être plus proposés qu’en distanciel au prochain tour de vis de l’austérité, lorsque le gouvernement exigera que les universités réduisent plus fortement encore leur masse salariale.
    Accompagnement et orientation des étudiants

    “Un test de positionnement sera réalisé par l’ensemble des étudiants dès la cinquième semaine de Licence 1.”

    “Ce test, propre à chaque filière et dont les résultats seront traités de manière automatisée, permettra une meilleure appréhension des compétences, connaissances et sentiment d’auto-efficacité de chaque étudiant. Il sera réalisé en partenariat avec les enseignants pour déterminer quelles compétences évaluer et à quels profils proposer la remédiation. Selon les résultats du test, des réunions collectives et entretiens individuels seront proposés aux étudiants. Ils seront réalisés par les directeurs d’études (mis en place par la loi ORE du 8 mars 2018) et permettront de proposer à chaque étudiant un parcours adapté à sa situation. A la suite, chaque étudiant se verra proposer un parcours adapté à sa situation.”

    “L’offre de formation portée par Nexus a été construite de façon à faciliter l’accompagnement et l’orientation personnalisés des étudiants tout au long de leur cursus. Trois aspects sont essentiels de ce point de vue :

    l’orientation des étudiants néo-entrants dans la structure de la maquette Nexus, en particulier sur le choix de Labels à opérer par la suite
    le repérage des difficultés des étudiants afin de proposer des parcours individualisés (L1 en deux ans) ;
    la possibilité de réaliser le parcours de licence de manière accélérée pour les étudiants le souhaitant (à haut potentiel), par la déclinaison massive des formations permettant l’hybridation. [= possibilité de s’inscrire en distanciel]”

    Notre analyse

    A travers ce dispositif, Nexus s’inscrit complètement dans la continuité de la loi ORE, qui fait reposer les difficultés des étudiant.e.s à terminer leur Licence non pas sur la dégradation des conditions d’études, non pas sur la nécessité pour beaucoup de travailler à côté des études, non pas sur le fait que la L1 peut constituer un lieu d’attente d’une place dans une formation dite sélective, mais sur les seules faiblesses des étudiant.e.s : il serait donc urgent de les classer, dès la 5e semaine de L1, entre des étudiant.e.s en difficulté dont le parcours serait ralenti, et des étudiant.e.s “à haut potentiel” dont le parcours serait accéléré. Avec Nexus, la “modularité des rythmes d’apprentissage” est mise au service du classement des étudiant.e.s selon leur “potentiel”, qui vient remplacer les résultats obtenus aux examens comme déterminant du rythme de la formation.

    Mise en place d’un #tiers_lieu, « La Fabrique »

    “L’approche par compétences vise, conformément au processus de Bologne, à permettre une mise en valeur des formations et des diplômes non pas en fonction des contenus ou de la durée de la formation, mais selon les acquis des étudiants. En conséquence, elle suppose une mise en place de nouvelles conceptions des formations et des évaluations, et impose une clarté permettant la valorisation des diplômes par les professionnels.”

    “La nouvelle offre de formation sera aussi complétée par des dispositifs innovants de formation.

    Fabrique Nexus, un tiers-lieu pour la pédagogie par projet, en lien avec les entreprises (et notamment la French Tech) et le monde socio-économique (institutions, collectivités, associations…)
    L’Atelier, un service d’accompagnement à la transformation et à l’innovation dans l’enseignement et la recherche sera mis en place dès la rentrée 2018. L’ensemble des enseignants seront accompagnés pour permettre la mise en place de dispositifs de formation hybrides permettant la fluidité des apprentissages ;
    Archipel, une salle d’expérimentation pédagogique, préfigurant le Learning center d’Atrium (2020) sera également en place dès la rentrée 2018.”

    “Le projet Nexus requiert des ingénieurs pédagogiques, des développeurs, des espaces d’innovation qui doivent être gérés, mais aussi des responsables financiers, des porteurs de projets, etc. Il doit être arrimé à un environnement institutionnel et administratif à la fois flexible et de proximité : flexible, parce que les personnes qui accompagnent l’innovation sont financées sur des missions spécifiques et temporaires qui nécessitent un accompagnement particulier ; de proximité parce que les enseignants-chercheurs ont besoin de trouver le soutien, en amont comme en aval, de leurs projets, en ayant identifié clairement les lieux et les personnes idoines.”

    Notre analyse

    Le massacre des formations continue, puisqu’il s’agit de structurer celles-ci non plus en fonction de contenus d’enseignement ou de progression pédagogique pensée comme un ensemble d’étapes, mais en termes de compétences. Cela veut dire qu’au lieu d’évaluer des productions/réalisations des étudiant.e.s, ce sont les étudiant.e.s elles-mêmes et eux-mêmes qui sont évalué.e.s pour identifier leur acquisition de compétences.

    Cette nouvelle conception de l’enseignement semble nécessiter, aux yeux de nos dirigeant.e.s éclairé.e.s, la construction d’un bâtiment de prestige, dont le dossier d’expertise précise qu’il sera équipé d’un “showroom”, d’une “salle de créativité”, d’un “grand écran de téléprésence”, ou encore de “murs inscriptibles”. C’est probablement plus important que d’équiper l’ensemble des salles de cours de tableaux vraiment fonctionnels et de systèmes multimédia : est-ce parce que le bâtiment Nexus accueillera “les entreprises et le monde socio-économique”, auxquelles la direction de l’université souhaite offrir des conditions d’accueil meilleures que celles des personnels et des étudiant.e.s ? C’est probablement aussi la raison pour laquelle l’accès à ce bâtiment sera sélectif/select, le dossier d’expertise précisant : “L’accès au bâtiment, puis à certains espaces spécifiques, seront réservés aux porteurs de projets en lien avec les humanités numériques et à leurs partenaires suivant un système de contrôle d’accès avec demande en ligne et autorisation d’accès pour une période déterminée.”

    Nexus, c’est toutefois le prestige au moindre coût, puisqu’il est bien rappelé que “les personnes qui accompagnent l’innovation sont financées sur des missions spécifiques et temporaires” (= précaires), et que l’accueil du bâtiment Nexus sera assuré par un “agent virtuel / écran tactile”. C’est l’occasion de rappeler les gels et suspensions de postes systématiques dans notre université, justifiés notamment par la nécessité d’apporter les garanties budgétaires exigées par les financeurs des nouveaux bâtiments comme Nexus.

    Si Nexus est l’avenir de l’université publique, nous ne sommes pas pressés d’y être !
    Contextualisation
    Numérisation : l’illusion du progrès

    La numérisation des formations prévue par le projet Nexus est présentée comme un outil au service de la réussite étudiante et comme une réponse à la “digitalisation” de l’économie. Il semble utile de rappeler plusieurs choses concernant la numérisation :

    la numérisation n’est pas une dématérialisation écologiquement vertueuse, mais repose sur le déploiement d’une infrastructure (serveurs, réseaux, ordinateurs, etc) consommatrice de ressources produites par les industries d’extraction et d’électricité ;
    la numérisation n’est pas un processus inévitable, mais le résultat de choix politiques visant à l’économie de moyens dans les processus de production (automatisation) et dans la délivrance de services (numérisation des impôts, etc), qui renforcent la précarisation dans l’ensemble des secteurs affectés ;
    la numérisation n’est pas, par elle-même, source de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur : elle nécessite des ressources matérielles (connexion internet, ordinateur) dont l’ensemble des étudiant.e.s (et de celles et ceux qui souhaitent le devenir) ne disposent pas, et de compétences numériques qui sont inégalement distribuées, si bien qu’elle est susceptible de renforcer les inégalités sociales dans l’accès aux études et la réussite dans celles-ci.

    Logique d’austérité

    La suppression de la treizième semaine du semestre sur le calendrier universitaire correspond à la perte de six semaines sur une licence, soit environ un douzième de la formation.

    Pour justifier cette suppression, la Présidence de l’Université plaide le manque de budget. En effet, cela fait des années que les dotations de l’état n’augmentent pas ou peu, alors que le nombre d’étudiant-e-s ne cesse de croître, d’environ 2,5% chaque années. Le résultat de cela est la stagnation, voire la réduction du nombre de places dans les Universités, ainsi que le non-recrutement de nouveaux-elles enseignant-e-s.

    Face à ce manque d’investissements, le gouvernement a une parade toute trouvée : Il investit en fin de compte dans l’ESR, mais passe par des appels à projets. Ceux-ci ont un effet pervers : d’une part, ils accentuent les inégalités entre établissements, d’autre part, ils incitent fortement les universités à mettre en œuvre la politique du gouvernement pour décrocher ces financements.

    Ceci est une des conséquences de la LRU de 2007 (Loi Relative aux libertés et responsabilités des Université) qui confie la gestion de leur budget aux Universités, c’est à dire que comme le feraient des chefs d’entreprise, les Présidents des Universités gèrent leur masses salariales et leur patrimoine immobilier.

    C’est notamment dans cette logique d’austérité que le projet Nexus est défavorable, à la fois aux enseignant-es mais aussi aux étudiant-es. En effet, numériser toujours plus d’enseignements (Jusqu’à 80% prévu en 2028), revient forcément à réduire la masse salariale enseignante, dans un premier temps par la réduction du nombre de vacataires et dans un second temps par une accélération probable du non-remplacement des départs à la retraite. Dans un troisième temps, on peut tout à fait imaginer un plan de départs volontaires, comme le permet désormais la Loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique.
    Le Projet Nexus, droit dans la logique du plan étudiant

    – Réduction de la part de l’enseignement

    L’article 8 de la loi ORE supprime le minimum de 1500 heures de cours en présentiel, c’est à dire que ces 1500 heures pourront maintenant compter des heures de travail en autonomie, de stage, de projet etc. C’est l’aboutissement du Processus de Bologne, à savoir qu’une licence en vient à être définie par l’obtention de 180 ECTS – des crédits dont la modalité d’accumulation importe peu. Cela explique la liberté de plus en plus grande laissée aux établissements quant à la manière dont ces crédits sont obtenus (forme des cours, nombre d’heure de cours, voire pas de cours du tout)… Ce qui laisse la place à des dérives mettant en jeu la valeur du diplôme.

    – Individualisation des parcours : L1 en 2 ans ; Licence accélérée

    L’arrêté licence, complétant la loi ORE, permet la personnalisation des parcours par le contrat pédagogique. Ce contrat pédagogique, qui prend en compte le profil des étudiant-e-s, énonce des “engagements réciproques” entre l’étudiant-e et l’Université mais n’a aucune portée juridique. L’objectif est clairement de concilier le caractère national du diplôme et la mise en place de parcours personnalisés. Le cadre national du diplôme est affaibli lorsque la Licence est est définie principalement par l’acquisition des 180 ECTS, et plus par un nombre d’heures définies.

    Il est dit très clairement que le projet Nexus “s’inscrit dans [la réforme de la loi ORE]. Ainsi, dans la même lignée que cette loi, il propose “la possibilité de réaliser le parcours de licence de manière accélérée”. Il prévoit que les étudiant-e-s passeront un “test de positionnement” dès la cinquième semaine de cours de licence 1. Ces tests permettront de proposer aux étudiant-e-s de passer leur licence en deux ans. L’instauration de cette individualisation des parcours crée une inégalité entre détenteurs du même diplôme.
    Recomposition de l’ESR : une université à deux vitesses

    Le mode de gestion du secteur de l’ESR par le ministère, qui combine austérité budgétaire et inégalité de traitement par l’attribution d’appels à projets, met en concurrence l’ensemble des établissements pour donner la priorité aux quelques rares universités susceptibles d’être concurrentielles à l’échelle internationale.

    Le projet Nexus répond d’ailleurs à l’appel à projets “ANR PIA NCU”, inscrit dans le PIA 3 (Programme d’Investissement d’Avenir), dans lequel le gouvernement a insufflé 700 millions d’euros. Le but est de renforcer leur “stratégies d’excellence” sur les plans de la recherche et de la formation, au travers de “programmes de grande ampleur, à vocation fortement structurante et se déployant dans la durée”. Ceci participe à faire émerger quelques universités d’élite au détriment des autres. Face à cela, nous revendiquons la fin des financements des appels à projets ainsi qu’un investissement massif dans toute les universités selon leur besoin.

    https://solidairesetudiants34.wordpress.com/2019/11/12/defendons-nos-formations-projet-nexus-13eme-semaine

    #ESR #université #France #Nexus #calendrier_universitaire #enseignement #précarisation #précaires #numérisation #numérique #évaluation #contrôles_continus #apprentissage_numérique #nouvelle_économie_de_la_connaissance #it_has_begun #flexibilité #flexibilisation #individualisation #enseignement_à_distance #EAD #austérité #humanités_numériques #souplesse #budget #coût_de_la_formation #loi_ORE #tiers-lieu #French_Tech #innovation #transformation #hybridation #expérimentation_pédagogique #pédagogie #innovation #compétences #créativité #showroom #bâtiment_Nexus

  • Aujourd’hui, les licences suffisent-elles ?
    https://framablog.org/2019/08/30/aujourdhui-les-licences-suffisent-elles

    Frank Karlitschek est un développeur de logiciel #Libre, un entrepreneur et un militant pour le respect de la vie privée. Il a fondé les projets #Nextcloud et #Owncloud et il est également impliqué dans plusieurs autres projets de logiciels libres. … Lire la suite­­

    #Droits_numériques #G.A.F.A.M. #Internet_et_société #Libertés_Numériques #Libres_Logiciels #5G #Android #Apprentissage_automatique #data #données #Facebook #Microsoft #OpenSource #Stallman

  • L’#histoire à l’heure du #Big_Data - Sciences | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-015617/l-histoire-a-l-heure-du-big-data

    Au croisement de l’histoire et des nouvelles technologies, la #Venice_Time_Machine est un projet ambitieux de numérisation des 10 siècles d’archives accumulées par le puissant Etat Vénitien. Des scientifiques de l’#EPFL à Lausanne et de l’#université_Ca’Foscari de #Venise travaillent ensemble à l’élaboration d’un outil numérique inédit qui fera renaître sous nos yeux la Venise du passé.

    #archives #tomographie #systèmes_d'information_géographique #mégadonnées

  • Classes de CP à douze élèves : une réforme à marche forcée (Le Monde)
    http://www.lemonde.fr/education/article/2017/06/24/classes-de-cp-a-douze-eleves-une-reforme-a-marche-forcee_5150431_1473685.htm

    Manque de locaux, professeurs difficiles à trouver : l’application, dès la rentrée, de cette promesse de campagne du candidat Macron tourne au casse-tête.

    Un an plus tard :
    Classes à 12 élèves : le prix à payer (L’instit’humeurs, Blog)
    https://seenthis.net/messages/671739

    #éducation #école #CP_dédoublé #apprentissage_de_la_lecture #effectifs #taux_d'encadrement #locaux #pédagogie

  • Dans un CP dédoublé: «Les enfants progressent plus vite»
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230118/dans-un-cp-dedouble-les-enfants-progressent-plus-vite

    L’une des premières mesures du ministre de l’éducation nationale a été de dédoubler les classes de CP dans les zones d’éducation prioritaire renforcée, les REP+, afin d’aider les plus fragilisés à mieux apprendre et maîtriser les fondamentaux. À l’école André-Boulloche, de Montpellier, les deux classes de CP bénéficient du dispositif. Près de six mois après, les enseignants jugent l’idée efficace.

    #France #CP_dédoublés #éducation_prioritaire #jean-Michel_Blanquer #REP_+

  • L’école et la fausse querelle du pédagogisme (Telos)
    https://www.telos-eu.com/fr/societe/lecole-et-la-fausse-querelle-du-pedagogisme.html

    Comme souvent en France, cette querelle est purement idéologique et incroyablement détachée de la réalité du fonctionnement de l’Ecole. Car le pédagogisme est très loin de régner en maître dans les salles de classe. Les travaux de comparaison internationale (voir par exemple les recherches de Nathalie Mons et Marie Duru-Bellat) montrent au contraire que le système éducatif français reste un modèle « académique » dans lequel l’enseignement disciplinaire est ultradominant, avec un curriculum hiérarchique qui ouvre peu l’école sur le monde extérieur et dans lequel l’enseignement individualisé est peu développé. Ces méthodes « verticales » d’enseignement, qui prédominent dans notre pays, ne sont effectivement pas favorables à l’épanouissement des élèves comme l’a montré une étude menée en 2011 auprès d’un large échantillon d’élèves et d’enseignants dans 23 pays. Elles sont aussi associées à une plus grande défiance à l’égard de la société et des institutions.

    Mais surtout, la méthode globale est totalement délaissée aujourd’hui comme le montre une passionnante étude menée par Roland Goigoux qui a observé pendant trois ans les pratiques effectives de 130 enseignants encadrant près de 2800 élèves de CP. Cette vaste enquête enterre définitivement la guerre des méthodes car elle montre que « dans toutes les classes les élèves reçoivent un enseignement explicite et précoce des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes ». L’utilisation de la méthode globale est donc tout simplement un mythe !

    Fin connaisseur du système éducatif, Jean-Michel Blanquer ne peut ignorer les quelques faits qui viennent d’être rappelés. Que cherche-t-il donc en réactivant cette vieille polémique ? Sans doute à donner des gages à l’aile la plus conservatrice du monde éducatif […]

    #école #éducation #pédagogisme #démagogie #élitisme #apprentissage_de_la_lecture #lecture-compréhension #méthode_de_lecture #idéologies #conservatisme

  • SUD #Éducation - CP à 12 : c’est de la com’ !
    http://www.sudeducation.org/CP-a-12-c-est-de-la-com.html

    Le manque de moyens pour l’application de la mesure impose une limitation à un nombre d’écoles très restreint (les seuls CP des seuls REP+). Cette mesure se fait à budget constant. Ces CP à 12 s’ouvrent ainsi via le redéploiement de postes existants, au détriment des postes PDMQDC (qui ont eu à peine le temps d’exister) et des postes de remplaçant-e-s (qui sont déjà notoirement insuffisants). Cette décision n’a donné lieu à aucune espèce de concertation. Le Conseil supérieur de l’éducation n’a pas été saisi. Cela relève pourtant pleinement de ses attributions puisqu’il doit émettre des avis sur les objectifs et le fonctionnement du service public de l’éducation et sur toutes les questions d’intérêt national concernant l’enseignement ou l’éducation.

    #communication @heautontimoroumenos

  • Machine Learning & Big Data : des dangers pour les logiciels libres ?, par Vincent Jousse
    http://vincent.jousse.org/blog/les-dangers-du-big-data-pour-les-logiciels-libres

    le nerf de la guerre, c’est maintenant les données. C’est très vrai pour les entreprises, ça l’est encore plus pour le monde du #logiciel_libre. Les entreprises peuvent mettre les moyens, le monde du logiciel libre beaucoup moins. (…)

    Peut-être pourrions-nous créer ce que Framasoft est pour le #logiciel, mais pour les #données : une association/organisation qui s’assure que le monde du libre propose une alternative aux géants qui ont l’argent pour avoir des données à ne plus savoir qu’en faire. Aller plus loin que ce qui se fait sur l’#OpenData en France actuellement en créant de la donnée à destination des systèmes d’#apprentissage_automatique.

    #machine_learning #copyright

    • je ne suis pas certain de comprendre son billet, qui mélange plein de choses...
      i) sur les logiciels, justement, presque tout est en libre... les libraires python (ou R) sont majoritairement libres
      autant auparavant les logiciels commerciaux étaient très présents, autant aujourd’hui, ils semblent avoir disparus
      ii) sur les données, ce qui est évoqué, c’est la propriété des données, qui reste un vrai problème, mais assez différent de celui du code ouvert des logiciels

    • Il dit qu’il y a un nombre croissant de logiciels qui ont impérativement besoin de milliers de gigas de données (non libres) pour fonctionner. Et que du coup, leur code source a beau être libre/ouvert, ça ne sert à rien du tout, et le logiciel final qui en résulte n’est PAS libre car il est impossible de le faire fonctionner sans ses immenses données qui ne sont pas libres.

    • Oui, l’idée c’est surtout au niveau des luttes à mener : la bataille du logiciel libre peut être considérée considérée comme gagnée aujourd’hui, mais ont surgi entre temps d’autres champs de bataille : les services sur le web qui t’espionnent et récupèrent toutes tes données, le micro-travail non rémunéré, la propriété des grandes bases de données.
      C’est ce que traitent assez souvent Casilli, Ertzscheid, Morozov...

  • Lives Transformed By Language Classes for Syrian Women

    A new nonprofit initiative in a Turkish border town is finding that the simple act of teaching Syrian refugee women the local language can help them find jobs, integrate into their communities and empower their families, Didem Tali reports for Women and Girls Hub.

    https://www.newsdeeply.com/refugees/articles/2017/01/24/lives-transformed-by-language-classes-for-syrian-women

    #langue #apprentissage_de_la_langue #femmes #réfugiés #asile #migrations #intégration

  • The AI Takeover Is Coming. Let’s Embrace It.
    https://backchannel.com/the-ai-takeover-is-coming-lets-embrace-it-d764d61f83a

    [T]he White House released a chilling report on AI and the economy. It began by positing that “it is to be expected that machines will continue to reach and exceed human performance on more and more tasks,” and it warned of massive job losses.

    Yet to counter this threat, the government makes a recommendation that may sound absurd: we have to increase investment in AI. The risk to productivity and the US’s competitive advantage is too high to do anything but double down on it.

    [...]

    In September, Google announced an enormous upgrade in the performance of Google Translate, using a system it’s calling Google Neural Machine Translation (GNMT). Google’s Pereira called the jump in translation quality “something I never thought I’d see in my working life.”

    “We’d been making steady progress,” he added. “This is not steady progress. This is radical.”

    #Apprentissage_profond #Google_Neural_Machine_Translation #Intelligence_artificielle #Numérique #OpenAI #Économie

    • L’angle de l’article est râlant :

      Our medical system is deeply flawed; intelligent agents could spread affordable, high-quality healthcare to more people in more places. Our education infrastructure is not adequately preparing students for the looming economic upheaval; here, too, AI systems could chip in where teachers are spread too thin.

      Bah oui, réparons le monde à grands coup de technologie, ça va marcher, c’est sûr.

      To ignore this trend — to not plunge headlong into understanding it, shaping it, monitoring it — might well be the biggest mistake a country could make.

      Let’s make American AI great (again)

      Désolé pour la mauvaise humeur ^^

  • Inégalités scolaires : au cœur d’une classe de CP (Le Parisien)
    http://www.leparisien.fr/societe/trouve-le-mot-le-p-regarde-16-09-2016-6123979.php

    Comment permettre la réussite de tous les élèves ? Des enseignants s’y emploient chaque jour. Pas simple ! Nous suivrons, tout au long de l’année, les élèves de l’école Louise-Michel de Val-de-Reuil (Eure). Premier épisode.

    #éducation #école #CP #apprentissage_lecture #REP #éducation_prioritaire #témoignage

  • Cours d’arabe au CP : « Dans le supérieur, l’enseignement de l’arabe n’est pas du tout stigmatisé » (20minutes.fr)
    http://www.20minutes.fr/societe/1858487-20160603-cours-arabe-cp-superieur-enseignement-arabe-tout-stigmati

    Dès la rentrée 2016, la première langue vivante sera étudiée à partir du CP. Si dans l’immense majorité des cas, le choix se portera sur l’anglais, quelques écoles proposeront l’apprentissage de l’espagnol, de l’allemand, de l’italien ou encore de l’arabe. Depuis son annonce, l’introduction de cette dernière ne cesse de susciter la polémique : la député Les Républicains Annie Genevard a dénoncé une « langue communautaire ». Des propos repris par Bruno Lemaire. « L’apprentissage de l’arabe au CP mènera droit au communautarisme », a déclaré lundi le candidat à la primaire de droite. Comment expliquer une telle stigmatisation de l’arabe ?

    Pourquoi l’enseignement de l’arabe est-il mal perçu en France ?

    C’est un peu le même débat que pour l’enseignement de l’allemand : lorsque des parents inscrivent leurs enfants dans des classes germaniques, c’est avant tout pour l’environnement. Ils ne choisissent pas la langue la plus utile mais les élèves qui l’apprennent sont traditionnellement les meilleurs. On a d’ailleurs vu l’enseignement de cette langue s’effondrer lorsque les élèves ont été dispatchés dans différentes classes. C’est exactement le même mécanisme pour l’arabe : les parents rechignent à choisir ce cours parce qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient dans des classes avec en majorité des enfants d’immigrés.

    C’est donc le signe d’un racisme latent ?

    Oui, mais pas uniquement. Les études ont montré que les enfants d’origine étrangères ont un niveau scolaire plus bas que les autres. Ce n’est pas lié à l’origine des familles mais à la pauvreté. A niveau socioprofessionnel égal, les enfants d’immigrés réussissent aussi bien que les autres, voire parfois mieux.

    #éducation #apprentissage_des_langues #Arabe #mixité #stigmatisation