• SURL | Casey et Virginie Despentes, la rencontre (1ère partie)
    http://www.surlmag.fr/casey-et-virginie-despentes-interview-part-1-2015

    Beaucoup de choses ont été dites sur la rappeuse Casey et Virginie Despentes, l’écrivaine. Complexes, provocatrices, engagées, viscérales, il n’y a qu’une chose qu’on peut affirmer sans avoir peur de se tromper : les deux sont à l’image de leur plume. Deux femmes ancrées dans leur temps, mais nées trop tard ou trop tôt pour accepter de vivre conventionnellement. On a souhaité provoquer leur rencontre, parce que leurs oeuvres racontent comme peu l’état de notre monde, et parce que dans leurs textes rôdent la mort, la violence, la politique et l’amour. La vie, en somme.

    #Virginie_Despentes #Casey #interview #rencontre
    via #Rocé autre part
    cc @supergeante ! :)

    • Virginie Despentes, la fureur dans le sexe, Florence Aubenas (le titre est peut-être de la rédac’)
      http://www.lemonde.fr/festival/article/2015/07/31/virginie-despentes-la-fureur-dans-le-sexe_4705817_4415198.html

      Dans cette mouvance, les filles traînent dans les mêmes endroits pourris que les hommes. Elles gazent les contrôleurs de la RATP et se font taper aux manifestations. Elles dirigent leurs propres groupes. Elles s’imposent, massivement, grandes gueules, envoyant se coucher la pin-up que l’imagerie classique du rock cantonne à la figuration à l’arrière des motos.

    • @tintin Oui j’ai tiqué sur le même passage. C’est triste de voir que même dans des paroles un peu lucides t’as quand même des piques sur les mères dans le même temps que les pères restent dans un angle mort. Les deux interviewées ont des propos très juste sur les questions de classe, de racisme, de genre/sexualité, mais visiblement on dirait que dans leurs schémas le patriarcat s’arrête à la parentalité, comme si c’était une zone à part, alors que justement la parentalité dans un modèle patriarcal c’est pas anodin, et c’est d’autant plus injuste vis à vis des mères de leur faire des reproches sans parler en même temps du rôle des pères.

    • Je crois que c’est aussi, et avant tout, parce que là maintenant, très concrètement, ce sont en majeure partie les mères qui s’occupent des gosses. Genre elle considère que les pères de maintenant, déjà adultes donc, on peut peut-être en changer quelques uns à la marge mais c’est pas ça qui change grand chose. Et qu’il faut changer les enfants à la base, dès le départ, donc avec les personnes qui s’en occupent.

      Mais bon peut-être que j’interprète trop…
      (M’enfin je crois me rappeler que ça recoupe avec ce qu’elle disait à la BBC dernièrement : http://seenthis.net/messages/391551)

    • euh... moi j’ai pas tiqué, ça m’a fait rire parce que j’ai été élevé comme ça (presque, ok), et sans père, donc euh voilà... Ça m’a saoulé et je l’ai souvent reproché à ma mère. Mais c’est vrai que maintenant je ne sais plus trop quoi en penser... Dans le fond, tout le monde lui reprochait ça (d’être amoureuse de moi, surprotectrice, méditerranéenne), et moi je jouais peut-être le jeu de tout le monde, comme un petit con. D’autant plus que finalement, je crois pas être devenu un gros con de macho (même si bon, ça me traverse hein) et qu’elle a plutôt bien fait son taf dans des conditions parfois assez hostiles... En même temps, parfois, c’était juste l’enfer la #Big_Mother, donc voilà, la question tourne et j’ai pas trop de réponse...

    • Faut pas oublier que Casey est d’origine martiniquaise, et que chez « nous » c’est la mère la boss, c’est le potomitan, souvent le seul point commun dans les fratries... Et que, bon, ça ne les empêche pas d’engendrer des petits machos de base, en vaste majorité, alors qu’on pourrait, dans un contexte comme ça, matrifocal, espérer autre chose. Mais, j’extrapole aussi :)

    • chanmé ce texte d’Aubenas dis-donc @colporteur , l’évolution de son regard sur le viol...

      C’est arrivé à Despentes aussi. Elle avait 17 ans. Aux psys, elle balance systématiquement, comme un bras d’honneur : « Ça ne m’a pas marquée plus que ça.

      [...]

      J’imagine toujours pouvoir liquider l’événement (…). Impossible, il est fondateur, de ce que je suis en tant qu’écrivain, en tant que femme qui n’en est plus tout à fait une. C’est à la fois ce qui me défigure et ce qui me constitue.

    • L’entretien évoque les effets du passage du temps (ce que fait aussi le dernier Despentes). On peut vivre des moments paroxystiques, intenses comme dit l’une d’elles, et les regarder différemment selon les époques de sa vie. Nier l’importance d’un #événement (ici un viol) c’est (tenter d’)en triompher. Et puis #après_coup, le tableau initial s’enrichit (si il n’est pas gâché) d’autres touches. Les réminiscences réactualisent l’épreuve initiale. On gagne du champs, la surface se modifie. L’appropriation dure longtemps, surtout lorsqu’elle mutile (voilà ce que j’ai perdu, quand et comment j’ai perdu, une innocence, une confiance, ce soi que j’étais). L’expérience, « chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », elle aussi ? Passant notre temps à reconstruire (cf la mémoire).
      Ceci dit après boire, après avoir parlé ce soir avec un ami de moments brutaux que j’ai #vécu, et dont l’importance ne m’est apparue qu’avec le #temps. ’night.

    • @rastapopoulos ben justement, dans ce contexte rappeler aussi les pères à leur responsabilité me semblerait une réponse plus appropriée que de une fois de plus blamer les victimes en tapant sur les femmes sans plus de précision (et en laissant croire que les pères n’ont aucun rôle dans la reproduction des schémas patriarcaux).
      Si on estime qu’on peut dès aujourd’hui appeler les mères à changer de comportement, pourquoi ne pourrait-on pas le faire dès aujourd’hui aussi pour les hommes ?
      Les mères aussi sont déjà adultes là aujourd’hui, pourquoi estimerait-on forcément que c’est plus facile ou plus prioritaire qu’elles changent elles d’abord ?

    • Ah oui @supergeante ! ce terme de #potomitan m’avait été attribué par un ami antillais jusqu’à ce que je comprenne en questionnant que c’est le poteau central qui soutient la maison, celle qui porte l’ensemble du foyer domestique intérieur, famille ménage cuisine courses etc, tiens donc, jamais vu une poutre se plaindre … @chezsoi

    • @intempestive

      Elle s’étonne de ce paradoxe de la société patriarcale, qui en laissant l’éducation des enfants aux femmes

      J’ai plutôt l’impression que c’est surtout les soins de base (les moins valorisants) qui sont laissés aux femmes, l’éducation pas trop, d’autant moins à mesure que les enfants grandissent. Et ça fait beaucoup abstraction de l’influence du reste de la société, par rapport à laquelle les mères ont finalement une marge de manœuvre assez mince. La « possibilité à portée de main » elle me parait vraiment pas énorme. D’autant plus sachant la fatigue physique que sous-tend le fait de s’occuper d’un enfant, les double-journées, le travail domestique etc. C’est autant de temps et d’énergie qui ne sont pas disponibles pour s’informer, réfléchir, s’organiser etc.

    • @koldobika il faudrait que je recherche des références pour pas raconter trop de conneries. En fait, c’est la grand-mère ou la mère qui sont potomitan avec des pères absents, plusieurs différents pour une fratrie. La femme potomitan gère tout et tient aussi les cordons de la bourse (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas précarité ou qu’elle occupe une position sociale favorable). C’est pour ça que je parle de matrifocal et pas de matrilocal. Ceci n’empêche pas les violences conjugales pour autant, ni la reproduction du machisme.

    • les plus zélées reproductrices de la domination masculine me semblent plutôt être les femmes des classes supérieures,

      Ah bon. Du coup ce serait à elles que Casey s’adresse ?

      Je crois en revanche qu’un point important est le souci, pour toute mère ou tout père, de rendre son enfant capable de se défendre. Je pense que c’est largement à travers cette logique-là que la domination masculine se maintient : il faut faire un garçon fort pour qu’il puisse bien s’en tirer parmi les autres garçons.
      Rendre une fille aussi capable de se défendre seule [...] c’est déjà travailler à miner ce modèle.

      Ou au contraire à le cristalliser. Bien sûr dans certains cas savoir se défendre peut sauver et l’autodéfense est toujours utile, par contre instituer et généraliser la chose risque d’entériner encore plus dans les têtes le darwinisme social, de faire une société encore plus guerrière.
      Sans oublier que ce serait, une fois de plus, une injonction faite aux victimes (celleux qui en prennent déjà plein la gueule on leur dit en plus de se former au combat), qui laisse de côté les dominants, voir qui valide leurs schémas en faisant implicitement de la violence sociale un invariant.
      Une chose est d’apprendre des gestes qui sauvent, une autre est d’instituer dans les têtes le darwinisme social.