• In Louisville, Planting Urban Trees Is a Public Health Priority - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2024-09-12/in-louisville-planting-urban-trees-is-a-public-health-priority?cmpid=BBD0

    Alors ça, c’est vraiment passionnant : planter des arbres, ce n’est pas uniquement bon pour le climat, mais aussi directement pour la santé humaine. Et c’est une étude de type comparative (type placebos) qui le montre !

    And in late August, scientists at the University of Louisville released the results of a groundbreaking urban tree study. The $15 million Green Heart Louisville project, conducted with the Nature Conservancy and other partners, followed more than 700 residents across a four-square-mile area of south Louisville where about 8,000 trees and shrubs had been planted. According to the study, residents of these newly greened neighborhoods had 13% to 20% lower levels of a blood marker of general inflammation compared to residents in neighborhoods where no new greenery was added. Inflammation is a leading risk factor for heart disease, cancer and diabetes.

    Aruni Bhatnagar, the project’s lead investigator and director of the university’s Christina Lee Brown Envirome Institute, says that the study is the first to use a clinical trial design — a controlled intervention, rather than the usual observational studies — to probe how adding trees and greenery to urban space affects human health. It’s also the first such study to plant large, mature trees instead of saplings and utilize an evidence-based approach to guide their exact placement in the neighborhoods. Instead of planting based on aesthetics, for example, the team “measured where the levels of air pollution were highest and targeted the planting to those areas,” Bhatnagar said.

    A different kind of spillover effect will take root during the planned next phase of the Green Heart study, according to Bhatnager. He explained that the “placebo” neighborhoods in the first phase — which didn’t get the new trees — will become the control group, putting them on the receiving end of new greenery. Researchers will investigate optimal tree species to maximize cooling and pollution control, as well as the impacts of greening neighborhoods on residential displacement, home values and gentrification, among other issues.

    Spreading the health benefits to more people is another advantage of a study designed as a clinical trial, Bhatnagar said: “If the drug works, there is an intent to treat.”

    #Arbres #Villes #Santé #Louisville

  • La vie sociale des haies. Enquête sur l’écologisation des mœurs

    Tandis que le monde devient de moins en moins habitable, peut-on déceler les indices d’une transformation des manières d’interagir avec l’environnement ? Dans le sillon de Norbert Elias étudiant la #civilisation_des_mœurs à partir du mouchoir, Léo Magnin interroge l’#écologisation des #mœurs à travers un objet ordinaire : la #haie. Car si les #arbres et #buissons ont une #vie_biologique bien connue, leur #vie_sociale mouvementée reste à découvrir.
    Massivement détruites lors de la #modernisation_agricole après 1945, les haies sont désormais plébiscitées en tant que réservoirs de #biodiversité, puits de carbone, sources d’énergie renouvelable, freins à l’érosion et trames paysagères. Comment expliquer un tel revirement ? En enquêtant sur les traces de requalifications des haies : l’inquiétude exprimée par un éleveur face à leur protection, les hésitations d’un planteur dans sa parcelle, le coût de l’entretien, le goût de l’élagage, l’étude scientifique du #bocage, sa cartographie numérique, son étonnante politisation gouvernementale et villageoise, etc.
    Des cours de fermes aux dorures ministérielles, La Vie sociale des haies investigue ainsi les différentes dimensions du processus d’écologisation, dessinant les dynamiques sociales qui s’essoufflent, se poursuivent ou se réinventent à l’épreuve des enjeux environnementaux. Suivre le dédale des haies éclaire les zigzags de l’histoire qui configurent les contradictions de notre présent, mais aussi ses tâtonnements prometteurs...

    https://www.editionsladecouverte.fr/la_vie_sociale_des_haies-9782348082641
    #livre

  • Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) @SergeZaka
    https://threadreaderapp.com/thread/1828082191256973469.html

    [1/9] Avec une évolution de la biogéographie (aire de répartition) de espèces forestières, le changement climatique modifiera totalement nos paysages.
    Ce #thread, assez bouleversant je le conçois, trace le futur de plusieurs espèces emblématiques françaises.

    [...]

    Des #arbres de notre enfance disparaissent... D’autres s’implanteront !
    Le cyprès, le chêne des garrigues, l’olivier, le laurier sauce, le Pin d’Alep, le micocoulier (...) vont sortir de leur garrigues et remonter (avec les cigales !). Les paysages vont se méditerranéiser.

    [8/9] Les paysages de l’ouest vont devenir plus aquitains avec quelques touches espagnoles avec l’arrivée potentielle du Pin Parasol, du Pin Maritime, du Pin d’Alep, du Charme d’Orient, de l’Olivier ou encore du Chêne Faginé.

    [9/9] Pour terminer, nous verrons, dans ce bouleversement majeur, l’arrivée de nouvelles espèces agricoles, qui seront certainement notre fierté du futur : le pistachier Térébinthe ou Lentisque, les agrumes ou l’olivier... du poitou à Paris mais également... En Alsace !

    #climat

  • #Bocage : la fin d’un #paysage

    Le bocage du nord-ouest de la France est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la #biodiversité. Les #arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.

    Séparant les parcelles, parfois doublées de talus et de chemins creux, les #haies sont pourtant perçues par certains agriculteurs comme des obstacles qui gênent et ralentissent le maniement des machines. L’entretien des haies demande du temps et de l’argent [lire le volet 1]. Pour les garder debout, il faudrait que les agriculteurs soient plus nombreux, et plus aidés.

    Depuis plusieurs semaines, un mouvement social agricole secoue le pays. Pour une partie des agriculteurs mobilisés, la protection des haies est une cible symbolique. Gabriel Attal, poussé à réagir, a annoncé une simplification de la réglementation, grâce au projet de loi « pour une agriculture souveraine ».

    Pourtant, malgré la réglementation existante, le bocage continue de se dégrader [lire le volet 2]. À un rythme qui surprend même des chercheurs. En cause : l’intensification du modèle agricole et l’agrandissement des #parcelles, documentés à travers les cinq volets de notre enquête.

    Le bocage régresse en Bretagne

    En Bretagne, aucun document public ne recense toutes les haies arrachées. Splann ! les a notamment identifiées dans une partie du Trégor, au nord-ouest du pays. Et le constat est sans appel : au total, 159,2 km de haies ont disparu entre 2003 et 2023. Or, le bocage joue un rôle structurant de ce point de vue : meilleure infiltration des eaux pluviales dans les sols, régulation du débit des rivières et limitation de leur teneur en polluants [lire le volet 4].

    Cette zone concentre plusieurs symboles de la lutte pour la qualité de l’eau. Tout d’abord, elle contient des zones très urbanisées et un bocage encore particulièrement dense. Le Léguer, qui y prend sa source et y rejoint la mer, est la seule rivière bretonne labellisée « rivière sauvage », pour sa partie en amont. Enfin, le territoire est concerné par la problématique des algues vertes dans la baie de Saint-Michel-en-Grève.

    Certains arrachages de haies ont pu être déclarés et « compensées » par une nouvelle plantation, mais il est difficile de savoir combien exactement et si la nouvelle plantation a bien survécu.

    https://splann.org/enquete/bocage
    #Bretagne #agriculture #remembrement #France #cartographie #visualisation #carte #agriculture_intensive

    • #Nolwenn_Weiler présente l’enquête « Bocage, la fin d’un paysage » sur Canal B

      Nolwenn Weiler a été interviewée par Lucie Louâpre, dans l’émission L’Arène, sur Canal B, le 3 avril 2024. Notre journaliste a présenté son enquête « Bocage, la fin d’un #paysage », menée avec Yann-Malo Kerbrat.

      En dépit des idées reçues et des moyens alloués, bien après le remembrement opéré après-guerre, la #destruction du bocage breton se poursuit. Il s’accélère même depuis dix ans, en lien avec la concentration du nombre d’exploitations agricoles. Il s’agit pourtant d’un allié précieux pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, les pollutions ou les conséquences de la sécheresse.

      L’artificialisation des sols, notamment pour la construction de lotissements, ou encore le déploiement de la fibre optique, sont des facteurs aggravants.

      Au-delà des questions quantitatives, la qualité des haies se dégrade. Leur entretien repose presque entièrement sur les agriculteurs. Or, c’est une activité coûteuse, voire dangereuse.

      https://www.youtube.com/watch?v=yGqSrB4Ilvk

  • Planter un milliard d’arbres en dix ans, une #fausse_bonne_idée ?

    Incendies, sécheresses... La #forêt française va mal. Pour la sauver, Emmanuel Macron veut renouveler 10 % de la surface forestière en dix ans. Une promesse choc mais qui inquiète ONG et scientifiques. Ils alertent sur la complexité de ce milieu qui requiert « prudence et discernement ».

    Planter pour sauver la forêt : tel était, fin 2023, l’un des mantras écolos d’Emmanuel Macron. Alors que les étés caniculaires ont mis à rude épreuve les massifs forestiers ces dernières années, le chef de l’Etat a même fixé un objectif très ambitieux : mettre en terre un milliard d’arbres d’ici à 2032. Un chantier énorme, qui implique de renouveler l’équivalent de 10 % de la surface boisée française et devrait coûter 8 à 10 milliards d’euros.
    L’immense défi du stockage de carbone

    « Nous jouons à la roulette russe avec notre planète ! » : l’avertissement n’émane pas d’une organisation écologiste en mal de notoriété, mais du patron de l’ONU, António Guterres, le 5 juin dernier.

    Alors que le réchauffement climatique s’accroît à un « rythme sans précédent », comment inverser la tendance ? Le défi est titanesque. D’autant que baisser – même drastiquement – nos émissions ne suffira pas : il va nous falloir, aussi, absorber une grande partie de ce CO2 qui s’accumule dans l’atmosphère et nous menace tant.

    C’est tout l’enjeu de la sauvegarde et de la restauration de ce que les scientifiques appellent les « puits de carbone ». Forêts, océans, prairies… Tous ces écosystèmes sont capables d’absorber des quantités colossales de gaz à effet de serre, et donc de nous rendre un sacré service. Des chercheurs planchent, eux, sur des solutions techniques pour aspirer et stocker le carbone émis.

    « Le Nouvel Obs » a choisi de mettre en lumière le rôle clé de ces initiatives. A travers une série de reportages, réalisés grâce au Centre européen du Journalisme (EJC) et à son programme « Solutions Journalism Accelerator », soutenu par la fondation Gates, nous vous emmenons à la découverte de ces ingénieurs, forestiers, agriculteurs qui refusent de baisser les bras. Et s’efforcent de renforcer ces si précieux alliés.

    De fait, l’heure est grave tant notre forêt se porte mal. En dix ans, la mortalité des arbres a grimpé de 80 % et leur capacité d’absorption du CO₂ – on parle de « puits de carbone » – s’est effondrée de moitié, alors même qu’ils sont censés être de précieux alliés contre le changement climatique.

    Dans la forêt de Tronçais, considérée comme l’une des plus belles futaies de chênes d’Europe, 15 à 20 % des jeunes chênes meurent avant d’avoir atteint leur maturité, notamment en raison du manque d’eau. Dans le Grand Est, où les scolytes prolifèrent à cause du réchauffement climatique et déciment les épicéas, la situation est déjà critique puisque les forêts de ce territoire sont si affaiblies qu’elles émettent désormais du CO₂. Et d’autres régions pourraient vite connaître le même bouleversement. « Au rythme actuel, les forêts françaises pourraient émettre plus de carbone qu’elles n’en absorbent dès 2026 », avertit le climatologue Philippe Ciais, du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement du Commissariat à l’Energie atomique (CEA).

    Au niveau mondial, la dynamique est plus préoccupante encore : selon une étude que le chercheur vient de publier, les forêts et les sols ont seulement absorbé entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO₂ en 2023. Contre 9,5 milliards en 2022 !

    Une approche simpliste ?

    Si l’état des forêts est critique, l’ambition élyséenne a néanmoins été accueillie fraîchement par nombre de forestiers, scientifiques et défenseurs de l’environnement. « Ce chiffre est un excellent coup de com, mais il traduit une approche comptable et simpliste de la forêt », égratigne Sylvain Angerand, membre de l’ONG Canopée. Comme d’autres esprits critiques, cet ingénieur forestier redoute que ce plan de relance n’encourage les coupes rases.

    Cette pratique, qui consiste à abattre tous les arbres d’une même parcelle en une seule fois, est souvent suivie d’une plantation en monoculture, c’est-à-dire avec une seule espèce d’arbre. Un procédé brutal et peu vertueux d’un point de vue écologique. Car en mettant à nu un terrain forestier et en retournant la terre, les coupes rases se révèlent non seulement désastreuses pour la biodiversité mais aussi pour le climat : alors que la moitié du CO2 stocké par une forêt est enfouie dans le sol, elles ont pour conséquence de libérer ce carbone dans l’atmosphère.

    Or la politique forestière initiée sous Emmanuel Macron n’a fait qu’encourager ces coupes. Ainsi, le plan de relance élaboré en 2020, lors de la crise Covid, et dont l’une des ambitions était – déjà ! – de planter massivement des arbres (50 millions en deux ans), a très largement financé ce type d’opérations, selon un bilan réalisé par l’ONG Canopée.

    En 2023, la publication d’un rapport du Conseil supérieur de la Forêt et du Bois (CSFB), qui dessine les orientations du gouvernement en la matière, a renforcé les inquiétudes : on peut y lire que pour atteindre l’objectif d’un milliard d’arbres, les plantations après coupes rases - dites plantations « en plein » - seront largement privilégiées.
    « Un prétexte pour mener un grand remembrement »

    Quels arbres seront coupés ? Le ministère de l’Agriculture, en charge de la politique forestière, se veut rassurant : seuls les arbres « dépérissants », « vulnérables » et « pauvres » seront supprimés. Mais ces critères sont vivement contestés. Sont par exemple considérées comme « dépérissantes » les parcelles où 20 % des arbres sont morts. Un chiffre bien trop bas, pour Sylvain Angerand, qui estime que l’« on est en train de condamner par anticipation des forêts qui pourraient ne pas mourir ».

    Son ONG redoute, par ailleurs, que le plan ne crée un « effet d’aubaine » : des propriétaires pourraient être tentés de « sacrifier » les arbres existants en vue de toucher de l’argent public pour replanter. « Le gouvernement se sert du climat comme d’un prétexte pour mener un grand remembrement », accuse Sylvain Angerand, convaincu que l’objectif d’un milliard d’arbres n’a pas pour mission première d’aider la forêt à s’adapter au changement climatique, mais plutôt « aux besoins de l’industrie du bois, qui réclament des parcelles de résineux toujours plus standardisées ».

    Comment armer réellement les massifs forestiers pour qu’ils résistent à un climat qui se réchauffe ? Partout en France, des forestiers expérimentent d’autres approches. A la tête d’AviSilva, une entreprise d’expertise et de gestion forestière basée dans les Alpes-de-Haute-Provence, Nicolas Luigi applique, dans les forêts méditerranéennes et montagnardes où il intervient, les principes de la « sylviculture mélangée à couvert continu » (SMCC). Une appellation barbare, qui cache un mode de gestion plus doux, où la coupe rase n’est qu’une solution de dernier recours.

    A rebours du modèle dominant qui, pour des questions de rentabilité, privilégie les parcelles constituées d’arbres d’une seule essence et du même âge, Nicolas Luigi s’efforce, lui, de diversifier leur composition, persuadé que « c’est en complexifiant les écosystèmes, et non en les uniformisant, qu’on les rendra plus résilients ».

    Cette diversité permet le maintien d’une forme de fraîcheur sous les arbres, salutaire – pour eux aussi ! – en temps de canicule. C’est également une façon de se prémunir contre toute mauvaise surprise, alors que l’on peine encore à déterminer quelles essences parviendront à s’adapter à une France plus chaude de 2, 3 ou 4 °C. « Dans un contexte de fortes incertitudes, il est essentiel de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de se défaire de l’idée qu’il y aurait des essences miracles », plaide l’ingénieur forestier de 43 ans, tandis qu’il nous fait visiter l’une des parcelles dont il a la gestion, dans les environs de Sisteron. S’y mélangent pins noirs, cèdres, chêne pubescent, sorbiers, alisiers, sapins ou encore tilleuls…
    « Leur temporalité n’est pas la même que la nôtre »

    Des arbres, Nicolas Luigi en coupe et en plante, mais jamais sur la totalité d’une parcelle, ni sans avoir observé minutieusement au préalable le fonctionnement de l’écosystème, les interactions des arbres entre eux, la qualité du sol, l’exposition à la lumière, etc.

    La « régénération naturelle » est toujours privilégiée : le renouvellement se fait principalement à partir des graines issues des arbres en place. Nicolas Luigi n’intervient que par petites touches, en procédant seulement à des plantations « d’enrichissement », ou en coupant ici et là certains arbres pour en aider d’autres à croître. Une « sylviculture de la patience », selon lui plus efficace et moins risquée qu’un vaste chantier de reboisement.

    Il en veut pour preuve les nombreux ratés des récents programmes de reboisement. Deux ans après avoir été mis en terre, 38 % des arbres plantés en plein dans le cadre du plan de relance de 2020 étaient déjà morts... Un taux d’échec énorme, qui démontre qu’il est bien plus raisonnable de s’appuyer sur les écosystèmes existants, en mettant en œuvre des transformations progressives, que de faire le pari de mesures drastiques. Pour Nicolas Luigi, « il ne s’agit pas de renoncer à agir, mais de le faire avec prudence et discernement ».

    Moins clinquante qu’un vaste chantier de reboisement, considérée pendant des années avec dédain, la « sylviculture mélangée à couvert continu », reste minoritaire à l’échelle du territoire. Mais elle gagne du terrain, y compris au sein de l’Office national des forêts (ONF), où l’on s’est longtemps enorgueilli de faire pousser de grandes futaies régulières, mais où l’on constate que cette uniformité constitue aujourd’hui une vulnérabilité majeure. « La SMCC est un mode de gestion plus fin donc plus difficile, car il demande une certaine technicité, souligne Claire Nowak, responsable du service forêts au sein de l’établissement public.
    " « Mais c’est la meilleure option pour se prémunir contre le changement climatique. » "

    Elle continue néanmoins de se heurter à des obstacles, tant économiques que politiques. Car opter pour cette gestion implique de travailler sur une échelle de temps longue et donc de rompre avec les exigences de rentabilité à très court terme qui s’imposent à l’industrie du bois. En SMCC, on ne prélève par exemple jamais plus de 15 à 20 % du volume de bois d’une parcelle à la fois. « Nos forêts ne sont pas moins productives que les autres, assure Nicolas Luigi.
    " Mais elles ne permettent pas une rentabilité sur dix ans. On ne voit pas la forêt seulement comme un stock de bois, mais aussi comme un capital dont il faut prendre soin pour le valoriser à long terme. » "

    La « sylviculture mélangée à couvert continu » est surtout un mode de gestion peu adapté au temps politique et ses exigences d’immédiateté des résultats. Production de bois, aborption du CO2... « On demande aujourd’hui beaucoup de choses aux forêts, et ce dans un temps très court, juge Nicolas Luigi.
    " Or on ne peut pas attendre d’elles qu’elles évoluent aussi vite que nos besoins. Leur temporalité n’est pas la même que la nôtre. » "

    Plutôt que de s’en remettre une nouvelle fois à « des solutions qui entretiennent l’illusion d’une maîtrise absolue de la nature », l’ingénieur forestier est persuadé que, face au changement climatique, le moment est venu de changer de paradigme. Et d’accepter, au contraire, de « lâcher un peu prise ».
    En Ile-de-France, des châtaigniers menacés de disparition

    Il n’y a pas que dans le Grand Est et sur le pourtour méditerranéen que les forêts françaises souffrent. Cimes dégarnies, feuilles flétries et jaunies… En Ile-de-France aussi, plusieurs d’entre elles accusent le coup. Dans la forêt de Versailles (Yvelines), la maladie de l’encre, qui prolifère en raison du changement climatique, est même en train de décimer un nombre important de châtaigniers, désormais menacés de disparition. Pour sauver ces forêts franciliennes, l’ONF tente de diversifier leur composition, en introduisant notamment des essences plus adaptées au climat futur. Chaque année, des campagnes de plantation sont menées, mais uniquement sur de petites surfaces, de 1 à 3 hectares maximum.

    Cet hiver, ce sont 200 000 arbres, d’une douzaine d’essences différentes, qui ont été plantés dans 25 forêts domaniales de la région : du chêne sessile, du chêne pubescent, du chêne tauzin - réputé plus résistant au stress hydrique - des pins maritimes, des pins laricio de Corse… S’il est beaucoup trop tôt pour en évaluer les résultats, ceux de la campagne précédente sont encourageants : 85 % des 210 000 arbres plantés vivent toujours, malgré un été 2023 particulièrement sec.

    https://www.nouvelobs.com/ecologie/20240731.OBS91844/planter-un-milliard-d-arbres-en-dix-ans-une-fausse-bonne-idee.html
    #arbres #France #reboisement #politique_forestière #simplisme #remembrement

  • Au cours des premiers jours, l’espoir en l’avenir ne passait pas les murs de la salle... et des toilettes. Et lorsque nous sortions dans la petite cour poussiéreuse, l’espoir s’élargissait un peu jusqu’à englober les murs de la cour. Je regardais la grande cour à travers les grilles du portail et mes espoirs s’élargissaient encore, jusqu’à ce grand arbre aux multiples branches et ses feuilles vertes toutes lisses... Peut-être mes doigts pourront-ils les atteindre demain...

    Lorsque mon cerveau envisageait l’avenir il ne dépassait jamais les murs de la petite et de la grande cour.

    #espoir #avenir #arbre

    Saadawi p. 105

  • Des forêts en vie

    La série documentaire (LSD) de France culture a diffusé le mercredi 6 mars 2024 un formidable opus dédié à l’évolution contemporaine des forêts françaises. Un éblouissement comparable à la découverte à partir de 1975 des trois volumes du Catalogue des ressources, adaptation française du Whole earth catalog, diffusée par la librairie Parallèle, rue Saint Honoré à Paris, fleuron de notre bibliothèque.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-forets-en-vie-6125980

  • En Allemagne, un groupe d’extrême gauche revendique le « sabotage » d’une usine Tesla
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/05/en-allemagne-l-usine-tesla-interrompt-sa-production-apres-un-incendie-volont

    Implantée près de #Berlin, l’usine européenne du fabricant américain de voitures électriques #Tesla a été mise à l’arrêt, mardi 5 mars, en raison d’un incendie volontaire. Elle a été la cible d’un « sabotage », revendiqué par un groupuscule allemand d’extrême gauche, Vulkan Gruppe, selon un message posté sur le site Indymedia.
    « Nous nous sommes fixé pour objectif de réaliser le plus grand black-out possible de la gigafactory » de Tesla, a fait savoir le mouvement. Ce mouvement, connu des renseignements généraux allemands, avait déjà revendiqué un incendie criminel sur un chantier de Tesla en 2021.
    « Aux premières heures de la matinée, il y a eu une panne de courant sur le réseau public, probablement en raison d’un incendie criminel, qui a entraîné l’arrêt de la production », avait annoncé à l’Agence France-Presse une porte-parole de Tesla, avant la revendication diffusée par Vulkan Gruppe. Elle a précisé que les employés étaient retournés chez eux et que l’entreprise ne savait pas quand la production pourra reprendre.

    #sabotage #eau

    • « Cela représente pour nous des dommages économiques d’un montant à neuf chiffres et nous n’avons actuellement aucune visibilité claire quant au moment où nous pourrons reprendre la production », a déclaré à la presse André Thierig, le directeur de l’usine. Inaugurée en 2022, cette dernière, qui est la seule de Tesla en Europe, emploie 11 500 salariés et produit le Model Y, le SUV en tête des ventes de véhicules électriques sur le continent.

      Contestation de la population sur un projet d’agrandissement

      Mais Tesla est au centre des critiques après avoir déposé une demande afin d’agrandir sa « gigafactory » de 170 hectares, qui est située sur la commune de Grünheide, une zone boisée au sud de Berlin.

      Alors que l’entreprise dirigée par Elon Musk entend doubler sa production, les habitants ont exprimé leur opposition au projet et leurs inquiétudes, vis-à-vis notamment de l’importante consommation en eau de l’usine, lors d’un vote consultatif. Jeudi 29 février, des militants écologistes ont commencé à occuper une #forêt près de la gigafactory pour s’opposer aux projets d’agrandissement. Ils ont construit des cabanes dans les #arbres afin d’empêcher d’éventuels travaux.
      Tesla « mange de la terre, des ressources, des hommes, de la main-d’œuvre et crache pour cela 6 000 SUV, machines à tuer et monster trucks par semaine », a dénoncé Vulkan Gruppe dans son message. Les activistes accusent l’usine de « polluer la nappe phréatique et [de] consommer pour ses produits d’énormes quantités d’une ressource en eau potable déjà rare ».
      L’ONG environnementale allemande Robin Wood, qui participe au mouvement de protestation, a toutefois « rejeté tout lien » avec le sabotage et affirmé mener une action « pacifique ».

    • https://de.indymedia.org/node/344525

      Wir haben heute Tesla sabotiert. Denn Tesla in Grünau frisst Erde, Ressourcen, Menschen, Arbeitskraft und spuckt dafür 6000 SUVś, Killermaschinen und Monstertrucks pro Woche aus. Unser Geschenk zum 8. März heißt, Tesla abzuschalten.
      Denn die komplette Zerstörung der Gigafactory und mit ihr das Absägen von „Technofaschisten“ wie Elend Musk sind ein Schritt auf dem Weg der Befreiung vom Patriarchat.

      Voir aussi :

      https://seenthis.net/messages/1044451

      https://seenthis.net/messages/1045159

  • Abattage massif de 4000 arbres en Haute-Marne : « les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes ! »
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/haute-marne/abattage-massif-de-4000-arbres-en-haute-marne-les-arbre

    C’est un constat : les personnes trouvant la mort après avoir percuté un arbre représentent 10% des tués sur la route. Une réalité qui incite le conseil départemental de Haute-Marne à lancer un plan d’abattage massif au bord des axes les plus fréquentés. Sur les 750 kilomètres concernés, des milliers d’arbres vont faire l’objet d’un diagnostic pour identifier ceux qui sont malades et dangereux.

    Le nombre précis d’arbres qui seront effectivement abattus n’est donc pas encore défini. Mais il s’élèvera à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers. Peut-être bien 4 000, avec une coupe nette annoncée sur la D1 entre Rimoncourt et Nogent. Car c’est sur cette portion de route que le 18 décembre dernier, un homme a percuté un arbre et perdu la vie après un choc très violent.

    #arbres #voiture

  • Forêts : le Conseil d’Etat rejette la limitation des coupes rases
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/07/forets-le-conseil-d-etat-rejette-la-limitation-des-coupes-rases_6215210_3244

    Plusieurs associations environnementales demandent purement et simplement l’interdiction des coupes rases, comme c’est le cas en Suisse et en Autriche pour toute coupe de plus de deux hectares.

    Le #Conseil_d’Etat a rejeté une requête du parc naturel du Morvan visant à limiter les « coupes rases », abattages de la totalité des #arbres d’une parcelle accusés de dégrader durablement les #écosystèmes, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 7 février, auprès du Conseil.
    Le parc naturel régional du Morvan, recouvert de forêts sur 135 000 hectares, avait saisi le Conseil d’Etat en avril 2022. Il lui demandait de contraindre le gouvernement français à accepter sa demande, faite en 2018, de soumettre à autorisation toute coupe rase à partir de 0,5 hectare, contre quatre hectares actuellement.
    Selon le parc, la France se serait ainsi conformée à la directive européenne du 13 décembre 2011, qui exige l’évaluation des « incidences sur l’environnement » de tout déboisement, laissant aux Etats membres le loisir de fixer le seuil d’application (à partir de 0,5 hectare, a décidé la France).

    Des associations environnementales demandent son interdiction
    Mais, dans un jugement consulté par l’AFP, le Conseil d’Etat rappelle qu’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne a estimé que la directive invoquée par le parc « vise, non pas tout déboisement, mais uniquement les opérations réalisées en vue de conférer aux sols concernés un nouvel usage ». Les coupes rases qui ne mettent pas fin à une destination forestière ne sont donc pas concernées, selon le Conseil.
    Ces coupes, également dites « à blanc », libèrent de grandes quantités de carbone tout en détruisant non seulement un paysage, mais également les écosystèmes et les sols, selon les opposants.

    Plusieurs associations environnementales demandent purement et simplement l’interdiction des coupes rases, comme c’est le cas en Suisse – depuis 1876 – et en Autriche pour toute coupe de plus de deux hectares. De plus, ces coupes franches sont très souvent destinées à planter des monocultures de résineux, plus rentables mais très pauvres en biodiversité.
    « L’enrésinement » (plantation de résineux) du Morvan, petite montagne qui forme un prolongement bourguignon du Massif central, est régulièrement dénoncé par les associations environnementales.
    Les feuillus (chênes, hêtres et autres châtaigniers) représentent encore 54 % de la forêt morvandelle, contre 35 % pour les résineux et 11 % pour les essences mélangées. Mais la part des pins et autres épicéas progressent rapidement : de 2005 à 2016, 10 800 hectares de résineux ont été plantés, tandis que 4 300 hectares de feuillus ont été arrachés, selon les chiffres du parc.

    #forêt #résineux #coupes_rases #économie #écologie #justice #propriété (la liberté d’user et d’abuser)

  • Moi, je vais quelquefois me camper au bord de la marche de la buanderie, là où les rigoles de savon et de crasse font une fraîcheur moisie ; immobile, un peu arquée, la tête vers l’épaule, j’entrouvre la bouche et je sens le zeph qui vibre à travers mes joues, comme un frais courant d’air d’harmonica ; et, un peu plus haut, le soleil explose doucement sur mes paupières et m’enracine à la terre, par-dessous les pavés pourris et les bulles de lessive ; une soudaine euphorie pleut du ciel et reflue à mes jambes, tandis que sans bouger j’avance, avec un peu de peine, comme à contre-vague.

    La Cavale Partie I Chapitre IX

    #sensations #nature #racines #arbre #vent #mouvement

  • Inside the quest to engineer climate-saving “super trees” | MIT Technology Review
    https://www.technologyreview.com/2023/06/08/1074287/inside-the-quest-to-engineer-climate-saving-super-trees

    On ne sait pas comment ça fonctionne... mais on va quand même planter des arbre génétiquement modifiés au bord de forêts !
    L’hubris scientifique ou la hype technologique... en tout cas un bon marché à court terme, la société gèrera les problèmes à long terme s’ils adviennent.
    Et pendant ce temps là on continue à déboiser, à mal gérer les forêts et à détruire le cycle de l’eau.

    At Living Carbon, Mellor is trying to design trees that grow faster and grab more carbon than their natural peers, as well as trees that resist rot, keeping that carbon out of the atmosphere. In February, less than four years after he co-founded it, the company made headlines by planting its first “photosynthesis-enhanced” poplar trees in a strip of bottomland forests in Georgia.

    This is a breakthrough, clearly: it’s the first forest in the United States that contains genetically engineered trees. But there’s still much we don’t know. How will these trees affect the rest of the forest? How far will their genes spread? And how good are they, really, at pulling more carbon from the atmosphere?

    Living Carbon has already sold carbon credits for its new forest to individual consumers interested in paying to offset some of their own greenhouse gas emissions. They’re working with larger companies, to which they plan to deliver credits in the coming years. But academics who study forest health and tree photosynthesis question whether the trees will be able to absorb as much carbon as advertised.

    Even Steve Strauss, a prominent tree geneticist at Oregon State University who briefly served on Living Carbon’s scientific advisory board and is conducting field trials for the company, told me in the days before the first planting that the trees might not grow as well as natural poplars. “I’m kind of a little conflicted,” he said, “that they’re going ahead with this—all the public relations and the financing—on something that we don’t know if it works.”

    “One of the things that concerns me is [Living Carbon is] just focusing on carbon acquisition,” says Marjorie Lundgren, a researcher at Lancaster University in the UK who has studied tree species with natural adaptations leading to increased photosynthetic efficiency. She notes that trees need more than just carbon and sunlight to grow; they need water and nitrogen, too. “The reason they have such a high growth rate is because in the lab, you can just super-baby them—you can give them lots of water and fertilizer and everything they need,” she says. “Unless you put resources in, which is time and money, and not great for the environment, either, then you’re not going to have those same outcomes.”

    Living Carbon’s paper acknowledges as much, citing nitrogen as a potential challenge and noting that how the trees move carbon may become a limiting factor. The extra sugars produced through what the company calls “enhanced photosynthesis” must be transported to the right places, something trees haven’t typically evolved to do.

    Et bien évidemment cela marche sur l’arnaque aux crédits carbone

    Living Carbon funds its plantings—and makes its profits—by selling credits for the extra carbon the trees absorb. Currently, the company is offering “pre-purchases,” in which companies make a commitment to buy a future credit, paying a small portion of the fee up front to help Living Carbon survive long enough to deliver results.

    New research shows that California’s climate policy created up to 39 million carbon credits that aren’t achieving real carbon savings. But companies can buy these forest offsets to justify polluting more anyway.

    The company has found that these buyers are more interested in projects with ecosystem benefits, which is why the first project, in Georgia, has become an outlier. There has been a subsequent planting in Ohio; this and all currently planned plantings are not near sawmills or in active timber harvesting regions. Thus, the company does not expect those trees to be harvested.

    Wherever they plant trees—whether atop an old minefield or in a timber-producing forest—Living Carbon will pay the landowner an annual per-acre fee and cover the cost of plant site preparation and planting. At the end of the contract, after 30 or 40 years, the landowner can do whatever they want with the trees. If the trees grow as well as is hoped, Living Carbon assumes that even on timber land, their size would mean they’d be turned into “long-duration wood products,” like lumber for construction, rather than shredded to make pulp or paper.

    Until recently, Living Carbon was also selling small-scale credits to individual consumers. When we spoke in February, Mellor pointed me toward Patch, a software company with a carbon-credit sales platform. The Georgia project was marketed there as “biotech-enhanced reforestation.” The credits were offered as a monthly subscription, at a price of $40 per metric ton of carbon removed.

    When I pressed Mellor for details about how the company calculated this price, given the lack of any solid data on the trees’ performance, he told me something the company had not acknowledged in any public-facing documentation: 95% of the saplings at the Georgia site were not photosynthesis-enhanced. The GE poplar trees were planted in randomized experimental plots, with controls for comparison, and contribute only a small amount to the site’s projected carbon savings. Despite the advertising, then, customers were really paying for a traditional reforestation project with a small experiment tucked inside.

    #OGM #Arbres #Hubris #Mais_quelle_bande_de_cons

  • Le #village_sous_la_forêt, de #Heidi_GRUNEBAUM et #Mark_KAPLAN

    En #1948, #Lubya a été violemment détruit et vidé de ses habitants par les forces militaires israéliennes. 343 villages palestiniens ont subi le même sort. Aujourd’hui, de #Lubya, il ne reste plus que des vestiges, à peine visibles, recouverts d’une #forêt majestueuse nommée « Afrique du Sud ». Les vestiges ne restent pas silencieux pour autant.

    La chercheuse juive sud-africaine, #Heidi_Grunebaum se souvient qu’étant enfant elle versait de l’argent destiné officiellement à planter des arbres pour « reverdir le désert ».

    Elle interroge les acteurs et les victimes de cette tragédie, et révèle une politique d’effacement délibérée du #Fonds_national_Juif.

    « Le Fonds National Juif a planté 86 parcs et forêts de pins par-dessus les décombres des villages détruits. Beaucoup de ces forêts portent le nom des pays, ou des personnalités célèbres qui les ont financés. Ainsi il y a par exemple la Forêt Suisse, le Parc Canada, le Parc britannique, la Forêt d’Afrique du Sud et la Forêt Correta King ».

    https://www.villageunderforest.com

    Trailer :

    https://www.youtube.com/watch?v=ISmj31rJkGQ

    #israel #palestine #carte #Israël #afrique_du_sud #forêt #documentaire

    #film #documentaire #film_documentaire

    (copier-coller de ce post de 2014 : https://seenthis.net/messages/317236)

    • Documentary Space, Place, and Landscape

      In documentaries of the occupied West Bank, erasure is imaged in the wall that sunders families and communities, in the spaces filled with blackened tree stumps of former olive groves, now missing to ensure “security,” and in the cactus that still grows, demarcating cultivated land whose owners have been expelled.

      This materiality of the landscape becomes figural, such that Shehadeh writes, “[w]hen you are exiled from your land … you begin, like a pornographer, to think about it in symbols. You articulate your love for your land in its absence, and in the process transform it into something else.’’[x] The symbolization reifies and, in this process, something is lost, namely, a potential for thinking differently. But in these Palestinian films we encounter a documenting of the now of everyday living that unfixes such reification. This is a storytelling of vignettes, moments, digressions, stories within stories, and postponed endings. These are stories of interaction, of something happening, in a documenting of a being and doing now, while awaiting a future yet to be known, and at the same time asserting a past history to be remembered through these images and sounds. Through this there arises the accenting of these films, to draw on Hamid Naficy’s term, namely a specific tone of a past—the Nakba or catastrophe—as a continuing present, insofar as the conflict does not allow Palestinians to imagine themselves in a determinate future of place and landscape they can call their own, namely a state.[xi]

      In Hanna Musleh’s I’m a Little Angel (2000), we follow the children of families, both Muslim and Christian, in the area of Bethlehem affected by the 2000 Israeli armed forces attacks and occupation.[xii] One small boy, Nicola, suffered the loss of an arm when he was hit by a shell when walking to church with his mother. His kite, seen flying high in the sky, brings delighted shrieks from Nicola as he plays on the family terrace from which the town and its surrounding hills are visible in the distance. But the contrast between the freedom of the kite in this unlimited vista and his reduced capacity is palpable as he struggles to control it with his remaining hand. The containment of both Nicola and his community is figured in opposition to a possible freedom. What is also required of us is to think not of freedom from the constraints of disability, but of freedom with disability, in a future to be made after. The constraints introduced upon the landscape by the occupation, however, make the future of such living indeterminate and uncertain. Here is the “cinema of the lived,”[xiii] of multiple times of past and present, of possible and imagined future time, and the actualized present, each of which is encountered in the movement in a singular space of Nicola and his kite.


      http://mediafieldsjournal.squarespace.com/documentary-space-place-and-la/2011/7/18/documentary-space-place-and-landscape.html;jsessioni
      #cactus #paysage

    • Memory of the Cactus

      A 42 minute documentary film that combines the cactus and the memories it stands for. The film addresses the story of the destruction of the Palestinian villages of Latroun in the Occupied West Bank and the forcible transfer of their civilian population in 1967. Over 40 years later, the Israeli occupation continues, and villagers remain displaced. The film follows two separate but parallel journeys. Aisha Um Najeh takes us down the painful road that Palestinians have been forcefully pushed down, separating them in time and place from the land they nurtured; while Israelis walk freely through that land, enjoying its fruits. The stems of the cactus, however, take a few of them to discover the reality of the crime committed.

      https://www.youtube.com/watch?v=DQ_LjknRHVA

    • Aujourd’hui, j’ai re-regardé le film « Le village sous la forêt », car je vais le projeter à mes étudiant·es dans le cadre du cours de #géographie_culturelle la semaine prochaine.

      Voici donc quelques citations tirées du film :

      Sur une des boîtes de récolte d’argent pour planter des arbres en Palestine, c’est noté « make wilderness bloom » :

      Voici les panneaux de quelques parcs et forêts créés grâce aux fonds de la #diaspora_juive :

      Projet : « We will make it green, like a modern European country » (ce qui est en étroit lien avec un certaine idée de #développement, liée au #progrès).

      Témoignage d’une femme palestinienne :

      « Ils ont planté des arbres partout qui cachaient tout »

      Ilan Pappé, historien israëlien, Université d’Exter :

      « ça leur a pris entre 6 et 9 mois poru s’emparer de 80% de la Palestine, expulser la plupart des personnes qui y vivaient et reconstruire sur les villes et villages de ces personnes un nouvel Etat, une nouvelle #identité »

      https://socialsciences.exeter.ac.uk/iais/staff/pappe

      Témoignage d’un palestinien qui continue à retourner régulièrement à Lubya :

      « Si je n’aimais pas cet endroit, est-ce que je continuerais à revenir ici tout le temps sur mon tracteur ? Ils l’ont transformé en forêt afin d’affirmer qu’il n’y a pas eu de village ici. Mais on peut voir les #cactus qui prouvent que des arabes vivaient ici »

      Ilan Pappé :

      « Ces villages éaient arabes, tout comme le paysage alentour. C’était un message qui ne passait pas auprès du mouvement sioniste. Des personnes du mouvement ont écrit à ce propos, ils ont dit qu’ils n’aimaient vraiment pas, comme Ben Gurion l’a dit, que le pays ait toujours l’air arabe. (...) Même si les Arabes n’y vivent plus, ça a toujours l’air arabe. En ce qui concerne les zones rurales, il a été clair : les villages devaient être dévastés pour qu’il n’y ait pas de #souvenirs possibles. Ils ont commencé à les dévaster dès le mois d’août 1948. Ils ont rasé les maisons, la terre. Plus rien ne restait. Il y avait deux moyens pour eux d’en nier l’existence : le premier était de planter des forêts de pins européens sur les villages. Dans la plupart des cas, lorsque les villages étaient étendus et les terres assez vastes, on voit que les deux stratégies ont été mises en oeuvre : il y a un nouveau quartier juif et, juste à côté, une forêt. En effet, la deuxième méthode était de créer un quartier juif qui possédait presque le même nom que l’ancien village arabe, mais dans sa version en hébreu. L’objectif était double : il s’agissait d’abord de montrer que le lieu était originellement juif et revenait ainsi à son propriétaire. Ensuite, l’idée était de faire passer un message sinistre aux Palestiniens sur ce qui avait eu lieu ici. Le principal acteur de cette politique a été le FNJ. »

      #toponymie

      Heidi Grunebaum, la réalisatrice :

      « J’ai grandi au moment où le FNJ cultivait l’idée de créer une patrie juive grâce à la plantation d’arbres. Dans les 100 dernières années, 260 millions d’arbres ont été plantés. Je me rends compte à présent que la petite carte du grand Israël sur les boîtes bleues n’était pas juste un symbole. Etait ainsi affirmé que toutes ces terres étaient juives. Les #cartes ont été redessinées. Les noms arabes des lieux ont sombré dans l’oubli à cause du #Comité_de_Dénomination créé par le FNJ. 86 forêts du FNJ ont détruit des villages. Des villages comme Lubya ont cessé d’exister. Lubya est devenu Lavie. Une nouvelle histoire a été écrite, celle que j’ai apprise. »

      Le #Canada_park :

      Canada Park (Hebrew: פארק קנדה‎, Arabic: كندا حديقة‎, also Ayalon Park,) is an Israeli national park stretching over 7,000 dunams (700 hectares), and extending from No man’s land into the West Bank.
      The park is North of Highway 1 (Tel Aviv-Jerusalem), between the Latrun Interchange and Sha’ar HaGai, and contains a Hasmonean fort, Crusader fort, other archaeological remains and the ruins of 3 Palestinian villages razed by Israel in 1967 after their inhabitants were expelled. In addition it has picnic areas, springs and panoramic hilltop views, and is a popular Israeli tourist destination, drawing some 300,000 visitors annually.


      https://en.wikipedia.org/wiki/Canada_Park

      Heidi Grunebaum :

      « Chaque pièce de monnaie est devenue un arbre dans une forêt, chaque arbre, dont les racines étaient plantées dans la terre était pour nous, la diaspora. Les pièces changées en arbres devenaient des faits ancrés dans le sol. Le nouveau paysage arrangé par le FNJ à travers la plantation de forêts et les accords politiques est celui des #parcs_de_loisirs, des routes, des barrages et des infrastructures »

      Témoignage d’un Palestinien :

      « Celui qui ne possède de #pays_natal ne possède rien »

      Heidi Grunebaum :

      « Si personne ne demeure, la mémoire est oblitérée. Cependant, de génération en génération, le souvenir qu’ont les Palestiniens d’un endroit qui un jour fut le leur, persiste. »

      Témoignage d’un Palestinien :

      "Dès qu’on mange quelque chose chez nous, on dit qu’on mangeait ce plat à Lubya. Quelles que soient nos activités, on dit que nous avions les mêmes à Lubya. Lubya est constamment mentionnées, et avec un peu d’amertume.

      Témoignage d’un Palestinien :

      Lubya est ma fille précieuse que j’abriterai toujours dans les profondeurs de mon âme. Par les histoires racontées par mon père, mon grand-père, mes oncles et ma grande-mère, j’ai le sentiment de connaître très bien Lubya.

      Avi Shlaim, Université de Oxford :

      « Le mur dans la partie Ouest ne relève pas d’une mesure de sécurité, comme il a été dit. C’est un outil de #ségrégation des deux communautés et un moyen de s’approprier de larges portions de terres palestiniennes. C’est un moyen de poursuivre la politique d’#expansion_territoriale et d’avoir le plus grand Etat juif possible avec le moins de population d’arabes à l’intérieur. »

      https://www.sant.ox.ac.uk/people/avi-shlaim

      Heidi Grunebaum :

      « Les petites pièces de la diaspora n’ont pas seulement planté des arbres juifs et déraciné des arbres palestiniens, elles ont aussi créé une forêt d’un autre type. Une vaste forêt bureaucratique où la force de la loi est une arme. La règlementation règne, les procédures, permis, actions commandées par les lois, tout régulé le moindre espace de la vie quotidienne des Palestiniens qui sont petit à petit étouffés, repoussés aux marges de leurs terres. Entassés dans des ghettos, sans autorisation de construire, les Palestiniens n’ont plus qu’à regarder leurs maisons démolies »

      #Lubya #paysage #ruines #architecture_forensique #Afrique_du_Sud #profanation #cactus #South_african_forest #Galilée #Jewish_national_fund (#fonds_national_juif) #arbres #Palestine #Organisation_des_femmes_sionistes #Keren_Kayemeth #apartheid #résistance #occupation #Armée_de_libération_arabe #Hagana #nakba #exil #réfugiés_palestiniens #expulsion #identité #present_absentees #IDPs #déplacés_internes #Caesarea #oubli #déni #historicisation #diaspora #murs #barrières_frontalières #dépossession #privatisation_des_terres #terres #mémoire #commémoration #poésie #Canada_park

    • The Carmel wildfire is burning all illusions in Israel

      “When I look out my window today and see a tree standing there, that tree gives me a greater sense of beauty and personal delight than all the vast forests I have seen in Switzerland or Scandinavia. Because every tree here was planted by us.”

      – David Ben Gurion, Memoirs

      “Why are there so many Arabs here? Why didn’t you chase them away?”

      – David Ben Gurion during a visit to Nazareth, July 1948


      https://electronicintifada.net/content/carmel-wildfire-burning-all-illusions-israel/9130

      signalé par @sinehebdo que je remercie

    • Vu dans ce rapport, signalé par @palestine___________ , que je remercie (https://seenthis.net/messages/723321) :

      A method of enforcing the eradication of unrecognized Palestinian villages is to ensure their misrepresentation on maps. As part of this policy, these villages do not appear at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. Likewise, they do not appear on first sight on Google Maps or at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. They are labelled on NGO maps designed to increase their visibility. On Google Maps, the Bedouin villages are marked – in contrast to cities and other villages – under their Bedouin tribe and clan names (Bimkom) rather than with their village names and are only visible when zooming in very closely, but otherwise appear to be non-existent. This means that when looking at Google Maps, these villages appear to be not there, only when zooming on to a very high degree, do they appear with their tribe or clan names. At first (and second and third) sight, therefore, these villages are simply not there. Despite their small size, Israeli villages are displayed even when zoomed-out, while unrecognized Palestinian Bedouin villages, regardless of their size are only visible when zooming in very closely.


      http://7amleh.org/2018/09/18/google-maps-endangering-palestinian-human-rights
      Pour télécharger le rapport :
      http://www.7amleh.org/ms/Mapping%20Segregation%20Cover_WEB.pdf

    • signalé par @kassem :
      https://seenthis.net/messages/317236#message784258

      Israel lifted its military rule over the state’s Arab community in 1966 only after ascertaining that its members could not return to the villages they had fled or been expelled from, according to newly declassified archival documents.

      The documents both reveal the considerations behind the creation of the military government 18 years earlier, and the reasons for dismantling it and revoking the severe restrictions it imposed on Arab citizens in the north, the Negev and the so-called Triangle of Locales in central Israel.

      These records were made public as a result of a campaign launched against the state archives by the Akevot Institute, which researches the Israeli-Palestinian conflict.

      After the War of Independence in 1948, the state imposed military rule over Arabs living around the country, which applied to an estimated 85 percent of that community at the time, say researchers at the NGO. The Arabs in question were subject to the authority of a military commander who could limit their freedom of movement, declare areas to be closed zones, or demand that the inhabitants leave and enter certain locales only with his written permission.

      The newly revealed documents describe the ways Israel prevented Arabs from returning to villages they had left in 1948, even after the restrictions on them had been lifted. The main method: dense planting of trees within and surrounding these towns.

      At a meeting held in November 1965 at the office of Shmuel Toledano, the prime minister’s adviser on Arab affairs, there was a discussion about villages that had been left behind and that Israel did not want to be repopulated, according to one document. To ensure that, the state had the Jewish National Fund plant trees around and in them.

      Among other things, the document states that “the lands belonging to the above-mentioned villages were given to the custodian for absentee properties” and that “most were leased for work (cultivation of field crops and olive groves) by Jewish households.” Some of the properties, it adds, were subleased.

      In the meeting in Toledano’s office, it was explained that these lands had been declared closed military zones, and that once the structures on them had been razed, and the land had been parceled out, forested and subject to proper supervision – their definition as closed military zones could be lifted.

      On April 3, 1966, another discussion was held on the same subject, this time at the office of the defense minister, Levi Eshkol, who was also the serving prime minister; the minutes of this meeting were classified as top secret. Its participants included: Toledano; Isser Harel, in his capacity as special adviser to the prime minister; the military advocate general – Meir Shamgar, who would later become president of the Supreme Court; and representatives of the Shin Bet security service and Israel Police.

      The newly publicized record of that meeting shows that the Shin Bet was already prepared at that point to lift the military rule over the Arabs and that the police and army could do so within a short time.

      Regarding northern Israel, it was agreed that “all the areas declared at the time to be closed [military] zones... other than Sha’ab [east of Acre] would be opened after the usual conditions were fulfilled – razing of the buildings in the abandoned villages, forestation, establishment of nature reserves, fencing and guarding.” The dates of the reopening these areas would be determined by Israel Defense Forces Maj. Gen. Shamir, the minutes said. Regarding Sha’ab, Harel and Toledano were to discuss that subject with Shamir.

      However, as to Arab locales in central Israel and the Negev, it was agreed that the closed military zones would remain in effect for the time being, with a few exceptions.

      Even after military rule was lifted, some top IDF officers, including Chief of Staff Tzvi Tzur and Shamgar, opposed the move. In March 1963, Shamgar, then military advocate general, wrote a pamphlet about the legal basis of the military administration; only 30 copies were printed. (He signed it using his previous, un-Hebraized name, Sternberg.) Its purpose was to explain why Israel was imposing its military might over hundreds of thousands of citizens.

      Among other things, Shamgar wrote in the pamphlet that Regulation 125, allowing certain areas to be closed off, is intended “to prevent the entry and settlement of minorities in border areas,” and that “border areas populated by minorities serve as a natural, convenient point of departure for hostile elements beyond the border.” The fact that citizens must have permits in order to travel about helps to thwart infiltration into the rest of Israel, he wrote.

      Regulation 124, he noted, states that “it is essential to enable nighttime ambushes in populated areas when necessary, against infiltrators.” Blockage of roads to traffic is explained as being crucial for the purposes of “training, tests or maneuvers.” Moreover, censorship is a “crucial means for counter-intelligence.”

      Despite Shamgar’s opinion, later that year, Prime Minister Levi Eshkol canceled the requirement for personal travel permits as a general obligation. Two weeks after that decision, in November 1963, Chief of Staff Tzur wrote a top-secret letter about implementation of the new policy to the officers heading the various IDF commands and other top brass, including the head of Military Intelligence. Tzur ordered them to carry it out in nearly all Arab villages, with a few exceptions – among them Barta’a and Muqeible, in northern Israel.

      In December 1965, Haim Israeli, an adviser to Defense Minister Eshkol, reported to Eshkol’s other aides, Isser Harel and Aviad Yaffeh, and to the head of the Shin Bet, that then-Chief of Staff Yitzhak Rabin opposed legislation that would cancel military rule over the Arab villages. Rabin explained his position in a discussion with Eshkol, at which an effort to “soften” the bill was discussed. Rabin was advised that Harel would be making his own recommendations on this matter.

      At a meeting held on February 27, 1966, Harel issued orders to the IDF, the Shin Bet and the police concerning the prime minister’s decision to cancel military rule. The minutes of the discussion were top secret, and began with: “The mechanism of the military regime will be canceled. The IDF will ensure the necessary conditions for establishment of military rule during times of national emergency and war.” However, it was decided that the regulations governing Israel’s defense in general would remain in force, and at the behest of the prime minister and with his input, the justice minister would look into amending the relevant statutes in Israeli law, or replacing them.

      The historical documents cited here have only made public after a two-year campaign by the Akevot institute against the national archives, which preferred that they remain confidential, Akevot director Lior Yavne told Haaretz. The documents contain no information of a sensitive nature vis-a-vis Israel’s security, Yavne added, and even though they are now in the public domain, the archives has yet to upload them to its website to enable widespread access.

      “Hundreds of thousands of files which are crucial to understanding the recent history of the state and society in Israel remain closed in the government archive,” he said. “Akevot continues to fight to expand public access to archival documents – documents that are property of the public.”

    • Israel is turning an ancient Palestinian village into a national park for settlers

      The unbelievable story of a village outside Jerusalem: from its destruction in 1948 to the ticket issued last week by a parks ranger to a descendent of its refugees, who had the gall to harvest the fruits of his labor on his own land.

      Thus read the ticket issued last Wednesday, during the Sukkot holiday, by ranger Dayan Somekh of the Israel Nature and Parks Authority – Investigations Division, 3 Am Ve’olamo Street, Jerusalem, to farmer Nidal Abed Rabo, a resident of the Jerusalem-area village of Walaja, who had gone to harvest olives on his private land: “In accordance with Section 228 of the criminal code, to: Nidal Abed Rabo. Description of the facts constituting the offense: ‘picking, chopping and destroying an olive tree.’ Suspect’s response: ‘I just came to pick olives. I pick them and put them in a bucket.’ Fine prescribed by law: 730 shekels [$207].” And an accompanying document that reads: “I hereby confirm that I apprehended from Nidal Abed Rabo the following things: 1. A black bucket; 2. A burlap sack. Name of the apprehending officer: Dayan Somekh.”

      Ostensibly, an amusing parody about the occupation. An inspector fines a person for harvesting the fruits of his own labor on his own private land and then fills out a report about confiscating a bucket, because order must be preserved, after all. But no one actually found this report amusing – not the inspector who apparently wrote it in utter seriousness, nor the farmer who must now pay the fine.

      Indeed, the story of Walaja, where this absurdity took place, contains everything – except humor: the flight from and evacuation of the village in 1948; refugee-hood and the establishment of a new village adjacent to the original one; the bisection of the village between annexed Jerusalem and the occupied territories in 1967; the authorities’ refusal to issue blue Israeli IDs to residents, even though their homes are in Jerusalem; the demolition of many structures built without a permit in a locale that has no master construction plan; the appropriation of much of its land to build the Gilo neighborhood and the Har Gilo settlement; the construction of the separation barrier that turned the village into an enclave enclosed on all sides; the decision to turn villagers’ remaining lands into a national park for the benefit of Gilo’s residents and others in the area; and all the way to the ridiculous fine issued by Inspector Somekh.

      This week, a number of villagers again snuck onto their lands to try to pick their olives, in what looks like it could be their final harvest. As it was a holiday, they hoped the Border Police and the parks authority inspectors would leave them alone. By next year, they probably won’t be able to reach their groves at all, as the checkpoint will have been moved even closer to their property.

      Then there was also this incident, on Monday, the Jewish holiday of Simhat Torah. Three adults, a teenager and a horse arrived at the neglected groves on the mountainside below their village of Walaja. They had to take a long and circuitous route; they say the horse walked 25 kilometers to reach the olive trees that are right under their noses, beneath their homes. A dense barbed-wire fence and the separation barrier stand between these people and their lands. When the national park is built here and the checkpoint is moved further south – so that only Jews will be able to dip undisturbed in Ein Hanya, as Nir Hasson reported (“Jerusalem reopens natural spring, but not to Palestinians,” Oct. 15) – it will mean the end of Walaja’s olive orchards, which are planted on terraced land.

      The remaining 1,200 dunams (300 acres) belonging to the village, after most of its property was lost over the years, will also be disconnected from their owners, who probably won’t be able to access them again. An ancient Palestinian village, which numbered 100 registered households in 1596, in a spectacular part of the country, will continue its slow death, until it finally expires for good.

      Steep slopes and a deep green valley lie between Jerusalem and Bethlehem, filled with oak and pine trees, along with largely abandoned olive groves. “New” Walaja overlooks this expanse from the south, the Gilo neighborhood from the northeast, and the Cremisan Monastery from the east. To the west is where the original village was situated, between the moshavim of Aminadav and Ora, both constructed after the villagers fled – frightened off by the massacre in nearby Deir Yassin and in fear of bombardment.

      Aviv Tatarsky, a longtime political activist on behalf of Walaja and a researcher for the Ir Amim nonprofit organization, says the designated national park is supposed to ensure territorial contiguity between the Etzion Bloc and Jerusalem. “Since we are in the territory of Jerusalem, and building another settler neighborhood could cause a stir, they are building a national park, which will serve the same purpose,” he says. “The national park will Judaize the area once and for all. Gilo is five minutes away. If you live there, you will have a park right next door and feel like it’s yours.”

      As Tatarsky describes the blows suffered by the village over the years, brothers Walid and Mohammed al-‘Araj stand on a ladder below in the valley, in the shade of the olive trees, engrossed in the harvest.

      Walid, 52, and Mohammed, 58, both live in Walaja. Walid may be there legally, but his brother is there illegally, on land bequeathed to them by their uncle – thanks to yet another absurdity courtesy of the occupation. In 1995, Walid married a woman from Shoafat in East Jerusalem, and thus was able to obtain a blue Israeli ID card, so perhaps he is entitled to be on his land. His brother, who lives next door, however, is an illegal resident on his land: He has an orange ID, as a resident of the territories.

      A sewage line that comes out of Beit Jala and is under the responsibility of Jerusalem’s Gihon water company overflows every winter and floods the men’s olive grove with industrial waste that has seriously damaged their crop. And that’s in addition, of course, to the fact that most of the family is unable to go work the land. The whole area looks quite derelict, overgrown with weeds and brambles that could easily catch fire. In previous years, the farmers would receive an entry permit allowing them to harvest the olives for a period of just a few days; this year, even that permit has not yet been forthcoming.

      The olives are black and small; it’s been a bad year for them and for their owners.

      “We come here like thieves to our own land,” says Mohammed, the older brother, explaining that three days beforehand, a Border Police jeep had showed up and chased them away. “I told him: It’s my land. They said okay and left. Then a few minutes later, another Border Police jeep came and the officer said: Today there’s a general closure because of the holiday. I told him: Okay, just let me take my equipment. I’m on my land. He said: Don’t take anything. I left. And today I came back.”

      You’re not afraid? “No, I’m not afraid. I’m on my land. It’s registered in my name. I can’t be afraid on my land.”

      Walid says that a month ago the Border Police arrived and told him he wasn’t allowed to drive on the road that leads to the grove, because it’s a “security road.” He was forced to turn around and go home, despite the fact that he has a blue ID and it is not a security road. Right next to it, there is a residential building where a Palestinian family still lives.

      Some of Walaja’s residents gave up on their olive orchards long ago and no longer attempt to reach their lands. When the checkpoint is moved southward, in order to block access by Palestinians to the Ein Hanya spring, the situation will be even worse: The checkpoint will be closer to the orchards, meaning that the Palestinians won’t be permitted to visit them.

      “This place will be a park for people to visit,” says Walid, up on his ladder. “That’s it; that will be the end of our land. But we won’t give up our land, no matter what.” Earlier this month, one local farmer was detained for several hours and 10 olive trees were uprooted, on the grounds that he was prohibited from being here.

      Meanwhile, Walid and Mohammed are collecting their meager crop in a plastic bucket printed with a Hebrew ad for a paint company. The olives from this area, near Beit Jala, are highly prized; during a good year the oil made from them can fetch a price of 100 shekels per liter.

      A few hundred meters to the east are a father, a son and a horse. Khaled al-‘Araj, 51, and his son, Abed, 19, a business student. They too are taking advantage of the Jewish holiday to sneak onto their land. They have another horse, an original Arabian named Fatma, but this horse is nameless. It stands in the shade of the olive tree, resting from the long trek here. If a Border Police force shows up, it could confiscate the horse, as has happened to them before.

      Father and son are both Walaja residents, but do not have blue IDs. The father works in Jerusalem with a permit, but it does not allow him to access his land.

      “On Sunday,” says Khaled, “I picked olives here with my son. A Border Police officer arrived and asked: What are you doing here? He took pictures of our IDs. He asked: Whose land is this? I said: Mine. Where are the papers? At home. I have papers from my grandfather’s time; everything is in order. But he said: No, go to DCO [the Israeli District Coordination Office] and get a permit. At first I didn’t know what he meant. I have a son and a horse and they’ll make problems for me. So I left.”

      He continues: “We used to plow the land. Now look at the state it’s in. We have apricot and almond trees here, too. But I’m an illegal person on my own land. That is our situation. Today is the last day of your holiday, that’s why I came here. Maybe there won’t be any Border Police.”

      “Kumi Ori, ki ba orekh,” says a makeshift monument in memory of Ori Ansbacher, a young woman murdered here in February by a man from Hebron. Qasem Abed Rabo, a brother of Nidal, who received the fine from the park ranger for harvesting his olives, asks activist Tatarsky if he can find out whether the house he owns is considered to be located in Jerusalem or in the territories. He still doesn’t know.

      “Welcome to Nahal Refaim National Park,” says a sign next to the current Walaja checkpoint. Its successor is already being built but work on it was stopped for unknown reasons. If and when it is completed, Ein Hanya will become a spring for Jews only and the groves on the mountainside below the village of Walaja will be cut off from their owners for good. Making this year’s harvest Walaja’s last.

      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-israel-is-turning-an-ancient-palestinian-village-into-a-national-p
      https://seenthis.net/messages/807722

    • Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes

      Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, près de 240 millions d’arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire israélien. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », les acteurs de l’afforestation en Israël se situent au cœur de nombreux enjeux du territoire, non seulement environnementaux mais également identitaires et culturels. La forêt en Israël représente en effet un espace de concurrence mémorielle, incarnant à la fois l’enracinement de l’identité israélienne mais également le rappel de l’exil et de l’impossible retour du peuple palestinien. Tandis que 86 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui recouverts par une forêt, les circuits touristiques et historiques officiels proposés dans les forêts israéliennes ne font jamais mention de cette présence palestinienne passée. Comment l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage et de la mémoire palestiniens ? Quelles initiatives existent en Israël et en Palestine pour lutter contre cet effacement spatial et mémoriel ?

      https://journals.openedition.org/bagf/6779

    • Septembre 2021, un feu de forêt ravage Jérusalem et dévoile les terrassements agricoles que les Palestinien·nes avaient construit...
      Voici une image :

      « La nature a parlé » : un feu de forêt attise les rêves de retour des Palestiniens

      Un gigantesque incendie près de Jérusalem a détruit les #pins_européens plantés par les sionistes, exposant ainsi les anciennes terrasses palestiniennes qu’ils avaient tenté de dissimuler.

      Au cours de la deuxième semaine d’août, quelque 20 000 dounams (m²) de terre ont été engloutis par les flammes dans les #montagnes de Jérusalem.

      C’est une véritable catastrophe naturelle. Cependant, personne n’aurait pu s’attendre à la vision qui est apparue après l’extinction de ces incendies. Ou plutôt, personne n’avait imaginé que les incendies dévoileraient ce qui allait suivre.

      Une fois les flammes éteintes, le #paysage était terrible pour l’œil humain en général, et pour l’œil palestinien en particulier. Car les incendies ont révélé les #vestiges d’anciens villages et terrasses agricoles palestiniens ; des terrasses construites par leurs ancêtres, décédés il y a longtemps, pour cultiver la terre et planter des oliviers et des vignes sur les #pentes des montagnes.

      À travers ces montagnes, qui constituent l’environnement naturel à l’ouest de Jérusalem, passait la route Jaffa-Jérusalem, qui reliait le port historique à la ville sainte. Cette route ondulant à travers les montagnes était utilisée par les pèlerins d’Europe et d’Afrique du Nord pour visiter les lieux saints chrétiens. Ils n’avaient d’autre choix que d’emprunter la route Jaffa-Jérusalem, à travers les vallées et les ravins, jusqu’au sommet des montagnes. Au fil des siècles, elle sera foulée par des centaines de milliers de pèlerins, de soldats, d’envahisseurs et de touristes.

      Les terrasses agricoles – ou #plates-formes – que les agriculteurs palestiniens ont construites ont un avantage : leur durabilité. Selon les estimations des archéologues, elles auraient jusqu’à 600 ans. Je crois pour ma part qu’elles sont encore plus vieilles que cela.

      Travailler en harmonie avec la nature

      Le travail acharné du fermier palestinien est clairement visible à la surface de la terre. De nombreuses études ont prouvé que les agriculteurs palestiniens avaient toujours investi dans la terre quelle que soit sa forme ; y compris les terres montagneuses, très difficiles à cultiver.

      Des photographies prises avant la Nakba (« catastrophe ») de 1948, lorsque les Palestiniens ont été expulsés par les milices juives, et même pendant la seconde moitié du XIXe siècle montrent que les oliviers et les vignes étaient les deux types de plantation les plus courants dans ces régions.

      Ces végétaux maintiennent l’humidité du sol et assurent la subsistance des populations locales. Les #oliviers, en particulier, aident à prévenir l’érosion des sols. Les oliviers et les #vignes peuvent également créer une barrière naturelle contre le feu car ils constituent une végétation feuillue qui retient l’humidité et est peu gourmande en eau. Dans le sud de la France, certaines routes forestières sont bordées de vignes pour faire office de #coupe-feu.

      Les agriculteurs palestiniens qui les ont plantés savaient travailler en harmonie avec la nature, la traiter avec sensibilité et respect. Cette relation s’était formée au cours des siècles.

      Or qu’a fait l’occupation sioniste ? Après la Nakba et l’expulsion forcée d’une grande partie de la population – notamment le nettoyage ethnique de chaque village et ville se trouvant sur l’itinéraire de la route Jaffa-Jérusalem –, les sionistes ont commencé à planter des #pins_européens particulièrement inflammables sur de vastes portions de ces montagnes pour couvrir et effacer ce que les mains des agriculteurs palestiniens avaient créé.

      Dans la région montagneuse de Jérusalem, en particulier, tout ce qui est palestinien – riche de 10 000 ans d’histoire – a été effacé au profit de tout ce qui évoque le #sionisme et la #judéité du lieu. Conformément à la mentalité coloniale européenne, le « milieu » européen a été transféré en Palestine, afin que les colons puissent se souvenir de ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

      Le processus de dissimulation visait à nier l’existence des villages palestiniens. Et le processus d’effacement de leurs particularités visait à éliminer leur existence de l’histoire.

      Il convient de noter que les habitants des villages qui ont façonné la vie humaine dans les montagnes de Jérusalem, et qui ont été expulsés par l’armée israélienne, vivent désormais dans des camps et communautés proches de Jérusalem, comme les camps de réfugiés de Qalandiya et Shuafat.

      On trouve de telles forêts de pins ailleurs encore, dissimulant des villages et fermes palestiniens détruits par Israël en 1948. Des institutions internationales israéliennes et sionistes ont également planté des pins européens sur les terres des villages de #Maaloul, près de Nazareth, #Sohmata, près de la frontière palestino-libanaise, #Faridiya, #Kafr_Anan et #al-Samoui sur la route Akka-Safad, entre autres. Ils sont maintenant cachés et ne peuvent être vus à l’œil nu.

      Une importance considérable

      Même les #noms des villages n’ont pas été épargnés. Par exemple, le village de Suba est devenu « #Tsuba », tandis que #Beit_Mahsir est devenu « #Beit_Meir », #Kasla est devenu « #Ksalon », #Saris est devenu « #Shoresh », etc.

      Si les Palestiniens n’ont pas encore pu résoudre leur conflit avec l’occupant, la nature, elle, s’est désormais exprimée de la manière qu’elle jugeait opportune. Les incendies ont révélé un aspect flagrant des composantes bien planifiées et exécutées du projet sioniste.

      Pour les Palestiniens, la découverte de ces terrasses confirme leur version des faits : il y avait de la vie sur cette terre, le Palestinien était le plus actif dans cette vie, et l’Israélien l’a expulsé pour prendre sa place.

      Ne serait-ce que pour cette raison, ces terrasses revêtent une importance considérable. Elles affirment que la cause palestinienne n’est pas morte, que la terre attend le retour de ses enfants ; des personnes qui sauront la traiter correctement.

      https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/israel-jerusalem-incendies-villages-palestiniens-nakba-sionistes-reto

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      An Israeli Forest to Erase the Ruins of Palestinian Agricultural Terraces

      “Our forest is growing over, well, over a ruined village,” A.B. Yehoshua wrote in his novella “Facing the Forests.” The massive wildfire in the Jerusalem Hills last week exposed the underpinning of the view through the trees. The agricultural terraces were revealed in their full glory, and also revealed a historic record that Israel has always sought to obscure and erase – traces of Palestinian life on this land.

      On my trips to the West Bank and the occupied territories, when I passed by the expansive areas of Palestinian farmland, I was always awed by the sight of the long chain of terraces, mustabat or mudrajat in Arabic. I thrilled at their grandeur and the precision of the work that attests to the connection between the Palestinian fellah and his land. I would wonder – Why doesn’t the same “phenomenon” exist in the hills of the Galilee?

      When I grew up, I learned a little in school about Israeli history. I didn’t learn that Israel erased Palestinian agriculture in the Galilee and that the Jewish National Fund buried it once and for all, but I did learn that “The Jews brought trees with them” and planted them in the Land of Israel. How sterile and green. Greta Thunberg would be proud of you.

      The Zionist movement knew that in the war for this land it was not enough to conquer the land and expel its inhabitants, you also had to build up a story and an ethos and a narrative, something that will fit with the myth of “a people without a land for a land without a people.” Therefore, after the conquest of the land and the expulsion, all trace of the people who once lived here had to be destroyed. This included trees that grew without human intervention and those that were planted by fellahin, who know this land as they do their children and as they do the terraces they built in the hills.

      This is how white foreigners who never in their lives were fellahin or worked the land for a living came up with the national forestation project on the ruins of Arab villages, which David Ben-Gurion decided to flatten, such as Ma’alul and Suhmata. The forestation project including the importation of cypress and pine trees that were alien to this land and belong to colder climes, so that the new inhabitants would feel more at home and less as if they were in somebody else’s home.

      The planting of combustible cypresses and pines, which are not suited to the weather in this land, is not just an act of national erasure of the Palestinian natives, but also an act of arrogance and patronage, characteristics typical of colonialist movements throughout the world. All because they did not understand the nature, in both senses of the word, of the countries they conquered.

      Forgive me, but a biblical-historical connection is not sufficient. Throughout the history of colonialism, the new settlers – whether they ultimately left or stayed – were unable to impose their imported identity on the new place and to completely erase the place’s native identity. It’s a little like the forests surrounding Jerusalem: When the fire comes and burns them, one small truth is revealed, after so much effort went into concealing it.

      https://www.haaretz.com/opinion/.premium-an-israeli-forest-to-erase-the-ruins-of-palestinian-agricultural-t

      et ici :
      https://seenthis.net/messages/928766

    • Planter un arbre en Israël : une forêt rédemptrice et mémorielle

      Tout au long du projet sioniste, le végétal a joué un rôle de médiateur entre la terre rêvée et la terre foulée, entre le texte biblique et la réalité. Le réinvestissement national s’est opéré à travers des plantes connues depuis la diaspora, réorganisées en scènes signifiantes pour la mémoire et l’histoire juive. Ce lien de filiation entre texte sacré et paysage débouche sur une pratique de plantation considérée comme un acte mystique de régénération du monde.

      https://journals.openedition.org/diasporas/258

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • Comment les arbres ont conquis les villes

    Nécessaires pour embellir et rafraîchir les villes, les arbres n’ont pas toujours été intégrés à l’urbanisme, explique l’historienne #Andrée_Corvol. Les révolutions sociales ont permis leur essor.

    Depuis son appartement en banlieue parisienne, l’auteur de cet article contemple tous les jours un univers essentiellement minéral, composé de grandes tours d’habitation et de quelques bâtiments publics. Parmi ces blocs de béton se distinguent quelques arbres, essentiellement des marronniers, qui apportent une touche de vert bienvenue dans ce monde gris et marron et, l’été, une fraîcheur indispensable dans cet îlot de chaleur urbaine. Aussi rares et chétifs soient-ils, ces arbres parviennent à rendre supportable la vie dans un quartier densément peuplé, d’où toute nature a disparu depuis l’industrialisation de la ville au XIXe siècle.

    Ces marronniers s’inscrivent dans une longue lignée d’#arbres_urbains, retracée par l’historienne Andrée Corvol, spécialiste du végétal, dans L’Arbre dans la cité (éd. Le Pommier). Depuis son apparition systématique dans les villes françaises à l’orée du XVIIe siècle, l’arbre a toujours tenu le même rôle : rendre humainement vivables des villes de plus en plus denses, à mesure que les campagnes et les espaces naturels s’en éloignaient.

    Si la prose touffue d’Andrée Corvol tend, telle la sylve, à s’égarer en branches et rameaux, on peut néanmoins résumer à grands traits cette intégration du végétal au panel des outils d’aménagement à destination des autorités locales en France. Car c’est bien d’un outil qu’il s’agit, et ce, dès l’époque moderne.

    Alors que la ville française médiévale comportait peu d’arbres — sinon quelques-uns sur le parvis de l’église et d’autres sur les remparts, pour gêner les tirs adverses en cas de siège —, les autorités municipales des XVIIe et XVIIIe siècles confrontées à l’essor démographique de leurs villes respectives décidèrent de les doter de nouveaux quartiers végétalisés.

    Outre le sentiment de #fraîcheur que procuraient ces arbres — ormes, noyers et tilleuls pour la plupart —, les #plantations_urbaines offraient aux citadins un espace de #loisirs, des #promenades en famille jusqu’au #sport, en particulier le jeu de paume pratiqué à l’#ombre des cours et des mails, à l’instar de ceux structurant le centre-ville d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
    Embellir... et maîtriser l’étalement urbain

    À l’ère de l’#industrialisation et de l’#exode_rural vers la ville, les métropoles du XIXe siècle reprirent ces principes en les systématisant. Pour verdir les nouveaux boulevards qu’il perçait au beau milieu de la capitale, Georges-Eugène Haussmann, préfet de Paris sous Napoléon III, réorganisa le service des Promenades — ancêtre des Jardins — pour favoriser des plantations homogènes, après des décennies d’essais erratiques et désordonnés, peuplant ainsi la métropole de platanes et #marronniers. Comme souvent, les capitales régionales imitèrent l’exemple parisien et se dotèrent à leur tour d’avenues et cours végétalisés.

    Mais le tournant eut cependant lieu entre 1919 et 1924, avec l’adoption des #lois dites « #Cornudet ». À la différence des initiatives municipales antérieures, ces textes législatifs, les premiers en matière d’urbanisme en France, proposaient un encadrement national à travers un #Plan_d’aménagement_d’embellissement_et_d’extension (#PAEE) obligatoire pour les villes de plus de 10 000 habitants.

    Comme le résume Andrée Corvol, ces lois répondaient à la contradiction engendrée par la croissance urbaine : « Laisser les cités se densifier, c’était condamner leur #verdure intramuros. Laisser les cités s’étaler, c’était la réduire extramuros. » En somme, le PAEE envisageait la maîtrise d’un étalement urbain anarchique à travers une #végétalisation programmée des nouveaux quartiers et non ajoutée après coup de manière à les embellir.

    Au demeurant, le PAEE n’empêcha pas la construction à la va-vite, tout au long des Trente Glorieuses, d’ensembles minéraux destinés à reloger en urgence les déplacés de la Seconde Guerre mondiale. Le végétal servait alors à procurer bien-être et bien-vivre à des citadins toujours plus nombreux, en leur camouflant les désagréments des villes industrielles. Ainsi, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le parc des Chanteraines et ses 82 hectares dissimulent aux promeneurs les usines de béton qu’on verrait autrement depuis les immeubles d’habitation.

    L’arbre source de #conflits

    Toutefois, l’adoption des arbres en ville ne se fit pas sans heurts. Au contraire, la plantation, l’emplacement ou le type d’essence nourrirent durant quatre siècles un ensemble de contestations qui se déployèrent autour des arbres, pris comme emblèmes ou point de départ d’un conflit.

    Andrée Corvol parvient de la sorte à brosser une surprenante histoire de la #Révolution_française à travers ses arbres fétiches : aux « #arbres_de_mai » plantés spontanément en 1789 par des villageois enthousiastes succédèrent l’année suivante les arbres de la Fédération, impulsés par le marquis de La Fayette et les partisans de la monarchie constitutionnelle, puis, en 1792, les arbres de la liberté, destinés à enraciner, de manière physique et symbolique, la nouvelle République.

    Au cours de la période révolutionnaire, les arbres subirent tout autant que les humains les brusques changements de pouvoir. Ainsi, les peupliers plantés par les jacobins, qui rapprochaient naïvement populus et « petit peuple », furent souvent pris pour cible par les opposants à la Terreur, qui manifestaient au travers d’écorces mutilées ou brisées leur dissidence. Face à pareil conflit, le Directoire, le Consulat puis le Premier Empire tentèrent de finir la Révolution en aménageant des promenades urbaines pour calmer les esprits en offrant de nouveaux espaces de détente.

    Ces conflits politiques se doublaient en outre de conflits de classe. Dans le Paris haussmannien, les quartiers cossus réservaient « leurs » arbres aux nourrices et en chassaient les vagabonds, tandis que les quartiers ouvriers les gardaient pour leurs familles, au détriment des jeunes. En somme, « l’arbre était au centre de revendications territoriales. Il en supportait les conséquences sociétales, tout comme l’arbre de la liberté, les conséquences politiques ».

    Les investisseurs ont droit de vie ou de mort

    À ces combats s’ajoute une question cruciale : qui paye les plantations ? Les différents régimes issus de la Révolution, optimistes, crurent fidéliser les citoyens à leur cause en leur faisant financer eux-mêmes les nouvelles plantations urbaines. Peine perdue : versatile, seule une fraction de citoyens payait — et encore lorsque les fonctionnaires les y pressaient. Le volontarisme citoyen ne fonctionne qu’en de rares occasions et sur des points bien précis. En décembre 1999, une souscription populaire à la suite des tempêtes Lothar et Martin permit certes de financer la replantation des jardins du château de Versailles, mais les 2 millions d’arbres brisés en Seine-et-Marne ne connurent pas autant de succès.

    Au XIXe et XXe siècles, ce furent donc surtout les municipalités qui payèrent les plantations et leur entretien. Mais, hormis Paris et quelques grandes villes, beaucoup d’entre elles, par manque de fonds, privilégièrent des essences communes et connues de tous — le chêne, le marronnier, le platane, etc. — au détriment d’une réelle biodiversité végétale.

    En tant qu’investisseurs, les édiles se réservaient aussi le droit d’abattre les arbres lorsqu’ils les jugeaient vétustes ou faisant obstacle à de nouveaux projets d’aménagement, quitte à s’aliéner une partie de leurs administrés, témoin la bataille qui opposa plusieurs semaines en 2018 les habitants de la Plaine à la municipalité marseillaise.

    Ce dernier exemple illustre le peu de poids des arbres en ville. À peine mieux traités que du mobilier urbain par les services d’aménagement, ils furent forcés de s’acclimater, en dépit de leur métabolisme lent, au rythme de la ville moderne : tramway, métro, grands boulevards, éclairage nocturne, etc. Et, lorsqu’ils dérangeaient, on les abattait froidement.

    On mesure l’ampleur du désastre aux quelques chiffres que consigne l’historienne : si, en 1895, le réseau routier national français comptait 3 millions d’arbres, soit 49 % des routes plantées, un siècle plus tard il n’en dénombrait plus que 250 000, soit 12 % des routes. En cause : le caractère accidentogène des arbres en bord de route… Quelques défenseurs des arbres émergèrent bel et bien dès le milieu du XIXe siècle, mais se consacrèrent pour l’essentiel aux massifs forestiers ou aux trognes des campagnes en voie de disparition, rarement aux plantations urbaines, trop évanescentes.

    L’ouvrage achevé, une question se pose, à laquelle Corvol ne répond pas : qu’est-ce qu’une ville végétale digne de ce nom ? Si, comme le montre l’historienne, l’arbre a certes gagné sa place en ville, il s’agit d’une place strictement utilitaire, où la folie créatrice du sauvage n’a pas lieu d’être.

    https://reporterre.net/Comment-les-arbres-ont-conquis-les-villes

    #arbres #villes #urbanisme #urban_matter #végétation

    • L’arbre dans la cité : histoire d’une conquête (XVIIe-XXIe siècle)

      Autrefois, l’arbre en ville était cantonné aux enclos vivriers, il n’ombrageait pas nos routes ni nos fleuves et nos canaux. Vivant plutôt à la campagne, il procurait bois, fruits, fibres et feuilles. Aujourd’hui, le végétal entre en force dans nos cités par trop minérales ; il améliore nos conditions de vie, protège le sol, régule la température, purifie l’air et atténue les bruits.
      Comment l’arbre a-t-il conquis le pavé ? Cette histoire, moins utilitaire et monolithique qu’il n’y paraît, croise en fait celle de la modernité, et mérite d’être racontée. Car, bien avant la révolution industrielle et son introduction dans la cité pour assainir l’air, l’arbre s’y est fait une place dès la Révolution, comme symbole de la liberté.
      Récupéré dans le champ politique, il a depuis servi à commémorer un événement, à symboliser l’autorité, à améliorer l’aménagement urbain ou encore à satisfaire le besoin de nature des administrés. Ce faisant, il a suscité à la fois colères et affections. Une histoire qui est ainsi celle des hommes, de leurs revendications et de leurs aspirations. Mort ou vif, l’arbre fait partie du roman national.

      https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782746527393-l-arbre-dans-la-cite-histoire-d-une-conquete-xviie-x
      #livre

  • Arbres à Feuilles Comestibles : Un Manuel Mondial
    https://perennialagricultureinstitute.files.wordpress.com/2023/10/arbres-a-feuilles-comestibles-single-page.pdf

    En 2020 le « Perennial Agriculture Institute (PAI) » a publié « Les légumes vivaces : Une ressource oubliée
    pour la biodiversité, le piégeage du carbone et l’alimentation » dans le bulletin revu par ses pairs « Plos
    One ». Nous avons fourni un inventaire de plus de 600 variétés cultivées partout à travers le monde et
    nous avons estimé leur potentiel de séquestration de carbone. Nous avons également évalué leur
    capacité à répondre aux déficiences nutritionnelles qui touchent plus de 2 milliards de personnes aussi
    bien dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud. Un groupe d’espèces cultivées est clairement
    sorti du lot pour ses performances nutritionnelles remarquables : les arbres et arbustes à feuillage
    comestible. Nous avons écrit ce document « Arbres et arbustes à feuillage comestible » pour mettre en
    avant ce groupe de plantes extraordinaire et largement négligé.
    Cette publication présente 102 espèces d’arbres, arbustes et cactées qui sont cultivées pour leurs feuilles
    et leurs pousses comestibles. A notre connaissance, cette information n’a jamais auparavant été
    regroupée en un seul document. (Des centaines d’espèces non cultivées méritent également notre
    attention, et peut-être que PAI entreprendra ce type d’inventaire dans une édition future…)
    Le chapitre 1 fournit une vue globale de ces arbres et arbustes « légumes ». D’où viennent-ils ? Quel
    impact peuvent-ils avoir sur les insuffisances nutritionnelles ? Quelle atténuation du changement
    climatique et quels bénéfices d’adaptation peuvent-ils offrir ? Quels autres bienfaits peuvent-ils fournir ?
    Le chapitre 2 donne une vue globale sur la culture de ces variétés. Malgré leur grande diversité et leurs
    origines disparates, toutes sont pratiquement cultivées en utilisant les mêmes techniques de base. Ici
    nous décrivons certaines pratiques et comment elles s’intègrent dans des systèmes agroforestiers
    complexes. Une information basique est aussi fournie sur le processus de multiplication et les soins à
    donner aux arbres et arbustes à feuillage comestible.
    Les chapitres qui suivent présentent les variétés cultivées. Chaque feuillet fournit la description, les détails
    sur l’adéquation au climat et au sol, les qualités nutritives, la multiplication et les systèmes de culture. Du
    fait que c’est un guide global, à chaque fois que c’est possible nous donnons les noms de chaque espèce
    dans les 20 langues les plus parlées à travers le monde : Anglais, Chinois simplifié, Hindi, Espagnol,
    Français, Arabe, Bengali, Russe, Portugais, Indonésien, Urdu, Allemand, Japonais, Swahili, Marathi, Telugu,
    Penjabi occidental, Chinois Wu, Tamoul, Turc. Les noms sont aussi donnés avec la langue locale de la
    région où la plante a été mise en culture à l’origine. Chaque culture a son nom en Anglais et dans la
    langue de son pays natal.
    Le chapitre 3 présente les variétés pour les climats froids, qui comprennent à la fois les régions tempérées
    et boréales. Le chapitre 4 se concentre sur les variétés pour les régions tropicales et subtropicales arides.
    Le chapitre 5 décrit les variétés pour les régions tropicales et subtropicales humides.

    Par Eric Toensmeier

    #permaculture #arbres

  • Promenons-nous dans les bois, quand le chasseur n’y est pas : épisode • 1/4 du podcast Tableaux de chasse
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/promenons-nous-dans-les-bois-quand-le-chasseur-n-y-est-pas-9171000

    Au cœur du massif forestier de Paimpont, depuis le XVe siècle, les droits et les devoirs respectifs des seigneurs et des usagers de la forêt ont bougé et bougent encore jusqu’à bousculer sévèrement, aujourd’hui, les usagers, les propriétaires forestiers, les touristes, les chasseurs et les animaux

    la #forêt, les #arbres, les #chasseurs, la #propriété_privée, les #touristes, les #habitants, la #sylviculture, les #animaux.

    Mais j’y vois quand même beaucoup un problème de propriété privée, et ce n’est pas sans me rappeler ma région, que je croyais en pointe en matière de #privatisation de la #nature, mais là j’avoue qu’ils sont pas mal dans le genre.

    (et merde, on rentre dans la saison de merde pour la rando ici, en gros il me reste deux massifs où la chasse est sévèrement contingentée, partout ailleurs c’est open bar, faut que je me grouille d’aller ramasser la sarriette si je veux pas qu’elle soit coupée au plomb).

  • The overlooked contribution of trees outside forests to tree cover and woody biomass across Europe | Science Advances
    https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adh4097
    https://www.science.org/cms/asset/b0d0325a-98e5-4748-aeb5-9d8ac8a82592/keyimage.gif

    Trees are an integral part in European landscapes, but only forest resources are systematically assessed by national inventories. The contribution of urban and agricultural trees to national-level carbon stocks remains largely unknown. Here we produced canopy cover, height and above-ground biomass maps from 3-meter resolution nanosatellite imagery across Europe. Our biomass estimates have a systematic bias of 7.6% (overestimation; R = 0.98) compared to national inventories of 30 countries, and our dataset is sufficiently highly resolved spatially to support the inclusion of tree biomass outside forests, which we quantify to 0.8 petagrams. Although this represents only 2% of the total tree biomass, large variations between countries are found (10% for UK) and trees in urban areas contribute substantially to national carbon stocks (8% for the Netherlands). The agreement with national inventory data, the scalability, and spatial details across landscapes, including trees outside forests, make our approach attractive for operational implementation to support national carbon stock inventory schemes.

    #arbres

  • How to Cool Down a City - The New York Times
    https://www.nytimes.com/interactive/2023/09/18/world/asia/singapore-heat.html

    Widely planting street-level trees along sidewalks across the city is the most effective solution to reduce temperature, according to researchers at the Urban Climate Lab.

    “We can’t rely on a centralized, intense clustering of urban forests or microforest to provide cooling for the whole city. We really have to disperse,” said Dr. Stone from the Urban Climate Lab.

    Can Singapore’s efforts to reduce urban heat islands actually outpace rising global temperatures? Probably not, local officials acknowledge. But holding temperatures steady would be a huge victory.

    “I think we’re just trying to not see the increases that we anticipate if we don’t do anything,” said Adele Tan, deputy chief executive of Singapore’s Urban Redevelopment Authority.

    Urban planners and policymakers are recognizing that inventions to cool down cities also help in other ways. Green corridors and large green spaces support biodiversity, provide recreational spaces for residents and aid flood prevention.

    “It’s a pleasant surprise to be here at this moment in climate change, realizing that our number one intervention has all these other benefits,” Dr. Stone said.

    #climat #arbres

  • Comment les #arbres influencent-ils la formation des #nuages
    https://sciencepost.fr/comment-les-arbres-influencent-ils-la-formation-des-nuages

    Dans le cadre du projet international CLOUD, des chercheurs ont identifié les #sesquiterpènes, des hydrocarbures gazeux libérés par les plantes, comme étant un facteur majeur dans la formation des nuages. Cette découverte pourrait réduire les incertitudes des modèles climatiques et aider à faire des prévisions plus précises.

    Source :
    Role of sesquiterpenes in biogenic new particle formation | Science Advances
    https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.adi5297

    #climat

  • Plantez des arbres !
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Plantez-des-arbres

    Tout le monde aime les arbres seulement, voilà, c’est plus compliqué que : « À la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine, les enfants, plantez des arbres. » Après le nettoyage des bords de rivières sous l’égide d’une marque de sacs plastiques de supermarchés bien connus, il faut désormais planter des arbres.

    […]

    L’arbre ne doit pas cacher la forêt du capitalisme vert. Nous devons lui faire une plus belle place que celle que nous lui réservons aujourd’hui. C’est tout le propos de Bouts de bois, un ouvrage d’Agnès Stienne @odilon paru ce printemps et auquel ce billet doit beaucoup. À partir d’objets du quotidien, l’autrice, artiste cartographe qui a par ailleurs enquêté sur des sujets globaux (voir ici ses reportages sur Visions carto et imagomundi), décrit l’état de la forêt en France métropolitaine, dégradé par des logiques prédatrices et une gestion à court terme qui ne vise pas ou peu l’équilibre écologique à long terme.

    #arbre #écologie #capitalisme_vert #Aude_Vidal

  • Sur la #végétalisation des #villes et les #limites/#difficultés

    On parle beaucoup végétalisation, et notamment plantation d’#arbres 🌳pour augmenter la #résilience des villes au #changement_climatique. À raison, bien sûr, mais on omet souvent un point : cette végétalisation est de plus en difficile.


    On sait que les arbres en ville se comportent différemment d’à la campagne. Dans cette étude à Boston, on a constaté qu’ils poussent plus vite, et meurent plus tôt. Ils y meurent à tous les âges, avec in fine, une perte nette de stockage carbone !

    https://www.researchgate.net/publication/332952719_Live_fast_die_young_Accelerated_growth_mortality_and_turnove

    La vie en ville comporte plus de contraintes : effet « d’ilôt de chaleur », espace trop petit pour les #racines, #sécheresse ou mauvais #drainage, #pollution, #piétinement et #tassement du sol...et mauvais traitements

    Avec le changement climatique, les arbres récemment plantés sont particulièrement sensibles : périodes de sécheresse prolongées, #température intense et augmentation de l’évaporation...les #taux_de_mortalité peuvent vite grimper, jusqu’à 60-70 % dans certaines villes

    Cela pose 3 gros #problèmes :
    1) une perte d’#argent (souvent public)
    2) une perte de #bénéfices_écosystémiques à long terme (un arbre planté, c’est de l’ombrage dans 20-30 ans)
    3) une perte de #stockage_carbone, surtout si cet arbre vient en remplacement d’un arbre ancien

    Il existe bien des solutions pour tenter de réduire cette mortalité :
    – un meilleur choix d’espèces 🌳
    – de bonnes pratiques de plantation (fosses à cavité par ex)
    – un meilleur suivi : arrosage (outils connectés, sacs à réserve d’eau)
    – une implication des citoyens...

    Partout, les villes multiplient les annonces : « nous allons planter xx arbres ! ». Moi je préférerais qu’un élu me dise : « sur les 5 dernières années, nous avons réussi à faire survivre xx arbres »... les chiffres seraient peut-être moins impressionnants

    De gros changements sont nécessaires dans les #pratiques des communes : amélioration de la place de l’arbre dans les décisions urbanistiques (peut-on réaliser des fosses plus grandes ?), choix des espèces plus adapté, formation des employés ou sous-traitants...

    Mais cela amène surtout à se poser la question : ne doit-on pas tout faire pour préserver les arbres anciens, au rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique ? 🌳 Évaluer TOUS les projets pour tendre vers un évitement des #abattages (hors raisons de sécurité)

    Cela paraît d’autant plus important quand on connaît leur rôle dans le stockage carbone, en dehors de tous les services qu’ils procurent en ville (ombrage, refroidissement, biodiversité, santé...)


    https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2688-8319.12197

    Je finirai par un point souvent ignoré à mon sens, car l’arbre est vu comme une fin en soi : le pied d’arbre est tout aussi important et, si la végétalisation n’est pas possible partout, elle devrait être bien envisagée partout où c’est possible👇

    https://twitter.com/morethanweeds/status/1234451720417271813

    https://twitter.com/sleguilFR/status/1694958141560029204

    • Se fixer sur la #végétalisation_urbaine uniquement des arbres en ville permet aussi de zapper les toitures végétalisées qui devraient juste être obligatoires.
      Les #sedums qui y poussent facilement résistent à la sécheresse, absorbent les pluies, forment une isolation thermique et en plus c’est beau. A Toulouse c’est toujours plus d’autorisation de bétonner avec à la clef trois misérables arbres de 2mètres plantés en guise d’"#espace_vert" et des #arbres qu’il y avait auparavant.
      #adaptation_climatique

    • Oh que je suis d’accord, @touti !
      Dans ce sens, j’ai notamment demandé à ajouter à l’ordre du jour de l’AG de mon immeuble, si il était possible d’avoir un devis pour végétaliser l’horrible toit de l’énorme espace de parking dans la cour de mon immeuble (construit en 1955) :

      Réponse du syndic : « Vous savez, les propriétaires des parkings n’habitent pas toustes dans l’immeuble (donc ne peuvent pas bénéficier directement de plus de fraîcheur induite par la végétalisation), du coup, je peux demander un devis, mais je vous dis déjà que ça ne passera pas ».

      #individualisme #grosse_fatigue

    • @cdb_77 Je l’entends comme un déficit du politique (du « que faisons nous ensemble ? ») qui est désormais une machine de pouvoir à communiquer à la « population ».
      A Toulouse, j’étais allée me renseigner à l’urbanisme (qui délivre les permis de construire donc) sur les toitures végétalisées , j’ai dû répéter 2 fois le mot, puis la sentence est tombée : « Désolée, on ne connait pas, rien n’est prévu dans ce sens ».

    • C’est pourtant une excellente idée @cdb_77 . Cette absence de « motivation » du syndic (qui pourrait pétitionner, écrire des lettres, faire pression, s’acharner) montre qu’ils ne comprennent pas les enjeux. Peut etre si une taxe sur les « îlots de chaleur urbains » était votée (national, ou municipal), les propriétaires se sentiraient bien plus motivés...
      C’est quantifiable, il est facile de trouver des photos infra rouge de votre quartier.

      Pendant longtemps, on a optimisé, le bâtit pour ses usages internes (et encore pas toujours très bien). A présent, on le pense aussi pour ses effets externes, car un bâtiment est nuisible, il faut prendre des précautions. Il est plus que temps que les vieux bâtiments entrent dans ces nouvelles considérations.

      Une toiture végétalisée ne fait pas tout. C’est un plus, mais ca manque d’inertie thermique et de transpiration. C’est sûrement mieux qu’une tôle ou un danpalon. Mais rien ne remplace une foret.