• Une immense papeterie à l’abandon, c’est une ville dans la ville.

    D’énormes quantités de démantèlements ont eu lieu et certains bâtiments ont été réduits à l’état de gravats. Malgré tout, on peut visiter deux sites de production : une cartonnerie et un hangar de fabrication de papier glacé. L’immense majorité des machines a été démontée et donc, il ne subsiste à ce jour que de vastes cathédrales de béton.

    Le seul matériel restant, et il est à ce titre formidable, c’est la machinerie de la raperie. Des espèces de broyeurs géants étaient destinés à réduire en purée des troncs d’arbres. La pâte était alors utilisée afin de produire les différentes couches nécessaires à la fabrication du carton. Lorsque l’on voit les photos anciennes, un seul constat, c’était énorme et absolument plein de machines.

    Le site est immense c’est le moins qu’on puisse dire, mais il se visite rapidement du fait que toutes les machines ont été exportées vers l’Asie lors de la liquidation judiciaire. L’avenir du site est une démolition totale en vue de construire un véritable centre-ville. Pour l’instant cette municipalité n’en possède pas car tout est organisé le long d’une seule rue. Le projet aurait dû être lancé en 2015 et donc cela fait presque 10 ans que tout aurait dû être purement et simplement démoli. Pour des raisons que nous ignorons, ce n’est pas le cas.

    Le caractère serein du lieu ainsi que la faiblesse du vandalisme en font une usine pour le moins agréable. Une visite toute en sérénité pour qui veut faire une belle promenade en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=4eG_BNEwOBk

  • Les trajets les moins surveillés à Manhattan aux environs de 2001
    https://www.visionscarto.net/manhattan-video-surveillance

    Titre Les trajets les moins surveillés à Manhattan aux environs de 2001 Mots-clés #cartographie_radicale #cartographie_expérimentale #États-unis #New_York #contrôle Source Institute of Applied Autonomy (IAA) with Site-R Apparition(s) An Atlas of Radical Cartography, Journal of Aesthetics and Protest Press, 2007 (Edited by Lize Mogel et Alex Baghat) Auteur Steve Rowell Date de création 2001 #Cartothèque

  • Pour sauver l’#Amazonie, un archéologue, un avion et un laser

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/27/pour-sauver-l-amazonie-un-archeologue-un-avion-et-un-laser_6335811_3210.html

    Par-dessus l’Amazonie vadrouille ces derniers temps un curieux petit avion. En apparence, rien ne le distingue de ses congénères, si ce n’est la très basse altitude de son survol. Mais à son bord, l’aéronef transporte une technologie bien particulière, le Lidar : un procédé de télédétection par laser de haute précision capable de « déshabiller » la végétation, révéler les secrets dissimulés sous la canopée et, peut-être, contribuer à son sauvetage.

    Le coucou opère pour le compte du projet Amazonia Revelada (« Amazonie révélée »), lancé en 2023 par l’archéologue brésilien Eduardo Goes Neves. A 58 ans, ce professeur renommé de l’université de Sao Paulo a passé plus de la moitié de sa vie à arpenter la jungle en quête de vestiges. « Mais aujourd’hui, je ne veux plus me contenter de parler de céramiques vieilles de 8 000 ans. Je veux agir dans le présent ! », explique le scientifique.

    « Le Lidar émet des milliards d’ondes par seconde, dont une petite partie perce la sylve et atteint le sol, permettant d’identifier élévations ou structures humaines », poursuit-il. Depuis un an, près de 1 600 kilomètres carrés ont été cartographiés par ce procédé de « déforestation digitale », soit l’équivalent de quinze fois la superficie de Paris, depuis l’embouchure de l’Amazone jusqu’à l’Etat enclavé de l’Acre.

    Une trentaine de « sites » ont été découverts. Des structures géométriques, des champs surélevés, une muraille et même un village portugais abandonné, datant du XVIIIe siècle, à la frontière avec la Bolivie. « Partout où on cherche, on trouve ! », s’enthousiasme M. Goes Neves, pour qui l’Amazonie est tout sauf une forêt vierge ou un « désert humide » : « C’est un patrimoine bioculturel, un bassin écologique mais aussi civilisationnel, profondément transformé par les peuples indigènes. »

    Mais l’objectif affiché ne se limite pas à la science. Le projet « est aussi une réaction contre la dévastation de l’Amazonie », insiste l’archéologue. Les zones de survol du #Lidar ont été soigneusement sélectionnées pour suivre plusieurs lignes de front de la déforestation qui ravagent aujourd’hui la jungle. Plus de 100 000 incendies ont été identifiés dans la forêt tropicale depuis le début de l’année, soit le double de ceux recensés en 2023.

    « Lieux sacrés »
    La Constitution brésilienne tout comme une loi en vigueur depuis 1961 imposent aux autorités de protéger les sites archéologiques. Amazonia Revelada ambitionne donc de forger de nouvelles zones de sauvegarde constituées de portions de forêts abritant des vestiges préservés. « Soit la création d’une nouvelle strate de protection, culturelle cette fois », résume M. Goes Neves.

    Avant toute chose, ses équipes ont pris soin d’obtenir l’accord des populations survolées. « Il s’agit d’Indigènes, mais aussi de communautés quilombolas [descendants d’esclaves] et ribeirinhas [pêcheurs traditionnels]. A chaque fois, on travaille avec des chercheurs locaux, formés, capables d’aller authentifier les découvertes », explique #Bruna_Rocha, archéologue participant au projet et basée à Santarem, sur l’#Amazone.

    Pour les #indigènes, ces vestiges ont une valeur qui va bien au-delà du patrimoine. « Ce sont des lieux témoins de notre passé, que nous visitons avec les plus jeunes pour leur raconter notre histoire. Mais ce sont aussi des lieux sacrés, vivants, où l’on peut sentir la présence des esprits », témoigne le cacique Juarez Saw, sexagénaire issu du peuple Munduruku, joint par téléphone depuis son village du rio Tapajos, au cœur de la forêt.

    Certains peuples, comme ceux du Haut-Xingu, ont refusé de participer au projet, « de peur que les données soient utilisées par leurs ennemis pour détruire ces vestiges », selon Bruna Rocha. Le cas s’est malheureusement produit sur les terres munduruku. « Les orpailleurs illégaux ont démoli beaucoup de nos lieux sacrés », déplore M. Saw.

    Mais répertorier des sites #archéologiques aura-t-il un effet sur la protection de la forêt ? « On essaie depuis trente ans de sauver l’Amazonie à coups d’arguments environnementaux, économiques, humains… Mais rien ne fonctionne. Alors, oui, le patrimonial, ça peut aider. Il faut mettre le paquet ! », croit #Stéphen_Rostain, archéologue et premier signataire d’un article retentissant de la revue Science, publié en janvier, révélant, grâce au Lidar, l’existence d’un gigantesque réseau de cités-jardins vieux de 2 500 ans en Amazonie équatorienne.

    Le temps presse et l’argent manque
    Difficile, cependant, d’imaginer que l’Institut du patrimoine brésilien, l’Iphan, pourra faire mieux en la matière que l’Ibama, la police environnementale. « Le projet est très intéressant, mais il ne crée pas de dispositif concret de sauvegarde de la nature », relève Francois-Michel Le Tourneau, directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique et spécialiste de l’Amazonie. « Pour que ça fonctionne, il faudra que la loi incorpore la dimension culturelle de la protection de la nature », insiste de son côté Ane Alencar, directrice scientifique à l’Institut pour les enquêtes environnementales en Amazonie.

    « On n’est pas naïfs. On sait bien que l’archéologie seule ne peut pas sauver l’Amazonie ! », concède M. Goes Neves, qui estime que son projet servira d’abord à « accentuer la pression » sur le gouvernement de Luiz Inacio da Silva et, plus encore, sur un Congrès brésilien « réactionnaire » et acquis aux intérêts de l’agronégoce.

    Mais le temps presse et l’argent manque. Amazonia Revelada est pour le moment financée par la seule National Geographic Society, organisation scientifique et éducative non lucrative basée aux Etats-Unis. Celle-ci a déboursé 1,8 million de dollars (1,6 million d’euros) pour le projet dont l’intensification nécessitera forcément l’aide de pouvoirs publics.

    Bonne nouvelle : çà et là en Amazonie, des projets de protection environnementale reposant sur le patrimoine culturel et archéologique commencent à voir le jour. Le plus éloquent reste celui du « Stonehenge brésilien » : un site exceptionnel, composé de 127 blocs de granit et vieux d’un millénaire, qui aurait accueilli des cérémonies rituelles liées au solstice. Les autorités souhaitent en faire une zone protégée et attirer les touristes.

    Les premiers résultats des survols d’#Amazonia_Revelada seront présentés lors d’un congrès organisé à Manaus, dans le nord du #Brésil, en octobre. « A terme, notre rêve, c’est de cartographier toute l’Amazonie ! », assure un Eduardo Goes Neves à l’enthousiasme contagieux. Le petit coucou, armé de sa technologie #laser, n’en a pas fini de voler au-dessus la canopée.

    #Bruno_Meyerfeld (Sao Paulo, correspondant)

  • Néandertal : un corps retrouvé en France révèle qu’il n’y avait pas une, mais au moins deux lignées au moment de leur extinction
    https://theconversation.com/neandertal-un-corps-retrouve-en-france-revele-quil-ny-avait-pas-une

    Le scénario semblait simple et bien établi. Les derniers néandertaliens tiraient leur révérence suite à l’arrivée de Sapiens sur les territoires européens il y a 40 à 45 000 ans. Ces ultimes néandertaliens étaient représentés par une unique population très homogène que la génétique avait reconnue à travers l’Europe, en Espagne, en France, en Croatie, en Belgique ou en Allemagne. Les études génétiques étaient sans appel ; une unique population, très homogène dans sa biologie allait laisser place aux nouveaux arrivants Sapiens. En une poignée de millénaires, quelque part entre 45 et 42 000, la cohabitation des deux humanités allait aboutir au remplacement de cette population néandertalienne européenne.

    Ce mercredi 11 septembre, notre équipe de la Grotte Mandrin annonce dans la revue Cell Genomics une découverte redessinant en profondeur nos connaissances sur les derniers néandertaliens. Il s’agit cette fois de la découverte d’un corps néandertalien. Le premier en France depuis 1978. C’est dans cette même grotte qu’en 2022 avait été mis en évidence la plus ancienne migration Sapiens en Europe. Et entre 2022 et 2023 trois publications scientifiques internationales de notre équipe de recherche allaient interroger nos conceptions sur ce moment singulier de l’histoire de l’humanité, redéfinissant non seulement le moment de l’arrivée de ces populations Sapiens, mais redessinant leurs connaissances techniques, établissant leurs origines depuis le Levant méditerranéen et proposant une redéfinition profonde de ce moment singulier de l’histoire européenne.

    Et si l’histoire des populations Sapiens en Europe devait être totalement repensée ?

    Une lignée néandertalienne totalement inconnue

    Notre étude ne se limite pas à la simple annonce de la découverte remarquable d’un corps néandertalien mais présente le résultat de près de 10 années de recherches autour de ce corps révélant l’existence d’une lignée néandertalienne totalement inconnue au sein des dernières populations néandertaliennes d’Europe, changeant profondément notre compréhension de cette humanité au moment de leur extinction.

    Les premières dents furent en effet découvertes en 2015. Elles se présentaient à même le sol à l’entrée de la grotte, à peine recouvertes de quelques feuilles. Un peu comme si vous rencontriez un néandertalien en allant vous balader dans la colline… Le corps appartient en effet aux occupations archéologiques les plus récentes de la Grotte Mandrin, datées de 42 à 45 000 ans. Ces niveaux archéologiques affleurent directement avec le sol actuel à l’entrée de la cavité. Mais ces premières dents apparaissent dans un sable fragile. Le moindre coup de pinceau risque de déplacer les précieux vestiges, empêchant d’en reconnaître la position précise dans le sol.

    Je pris alors à l’époque la décision de dégager le corps… à la pince à épiler. Grain de sable après grain de sable… L’opération durera 9 ans. Et n’est toujours pas terminée… L’immense effort de terrain permettra de récupérer les plus infimes vestiges dans leur position originale. La multiplication de relevés en trois dimensions permettra alors à l’équipe de reconstruire progressivement la position très précise de chacun des vestiges dans le sol.

    Ce sont aujourd’hui 31 dents qui ont été retrouvées, les ossements de la mandibule, des fragments de crâne, des phalanges et des milliers de tout petits ossements appartenant à notre néandertalien surnommé Thorin, en hommage aux écrits et à la pensée de J.R.R. Tolkien, Thorin étant l’un des derniers rois nains sous la montagne et le dernier de sa lignée. Le Thorin de Mandrin est quant à lui… L’un des derniers néandertaliens… Pourquoi le corps de Thorin gisait-il à l’entrée de la cavité ? Comment a-t-il pu ainsi être préservé durant des dizaines de millénaires ? Comment ce corps parvint-il jusqu’à nous ? Fut-il inhumé ?
    Des questions vertigineuses

    Que fait-on lorsque l’on se trouve confronté à un corps néandertalien ? Surtout lorsque cela fait près d’un demi-siècle qu’une telle découverte n’a plus eu lieu en France… Bien plus profondément, « Le dernier néandertalien » exposait les innombrables questions qui se posent autour de la notion même d’extinction d’humanité, une notion qui donne le vertige et que l’on ne sait pas vraiment interroger. Comment le pourrait-on ? Néandertal s’éteint-il comme les dinosaures suite à un bouleversement naturel emportant tout son univers ?

    Autour de Néandertal les théories liées au changement climatique, aux explosions volcaniques, aux rayonnements cosmiques ou aux épidémies dévastatrices ont fleuri ces dernières années. Mais à mon sens, ce n’est pas ainsi que meurent les hommes. Il faut pour comprendre cette étonnante équation de Sapiens remplaçant Néandertal, avant tout, comprendre ce que fut Néandertal. Et ce qu’est Sapiens. Et la nature des deux créatures – à bien des égards Sapiens aussi est une énigme remarquable – nous échappe profondément.

    Revenons à Thorin et aux derniers Néandertaliens. L’étude publiée dans Cell Genomics, que je co-dirige avec Tharsika Vimala et Martin Sikora, généticiens des populations à l’Université de Copenhague au Danemark, ainsi qu’Andaine Seguin-Orlando, paléogénomiste à l’Université de Toulouse, révèle l’impensable ; la population de Thorin appartient à une lignée néandertalienne jusqu’alors inconnue parmi les néandertaliens censés peuplés l’Europe dans leurs derniers millénaires d’existence.

    Alors que ces populations néandertaliennes montrent en Europe une grande homogénéité génétique, la population de Thorin se distingue des néandertaliens classiques durant plus de 50 millénaires. Aucun échange génétique direct entre la population de Thorin et les néandertaliens classiques européens depuis le 105e millénaire et jusqu’à l’extinction de ces populations ! Une divergence profonde. Inattendue. L’étude génétique permet ainsi de repositionner précisément dans le temps cette histoire singulière montrant cet incroyable isolement de ces populations et le lointain moment de leur divergence.

    Et voilà, en plus, que l’équation Sapiens/Néandertal en Europe est à repenser en profondeur. Dans cet étonnant moment où une humanité remplace l’autre, il n’y a plus deux protagonistes mais au moins trois. Et peut-être plus, les analyses génétiques de Thorin dévoilant l’existence d’une lignée fantôme, une autre population néandertalienne, encore inconnue, et qui semble bien se promener à la même époque sur les territoires européens.

    Mais comment peut-on imaginer des processus d’isolement entre populations humaines, durant 50 millénaires, alors même que ces populations sont localisées à moins de deux semaines de marche les unes des autres ? C’est pourtant ce à quoi nous confronte Thorin. Des processus évolutifs, culturels et sociaux impensables si nous les transposions aux populations Sapiens telles qu’elles nous sont connues par l’anthropologie culturelle, l’histoire et l’archéologie. Quelque chose semble bien distinguer profondément les manières d’être au monde des néandertaliens et des Sapiens. Quelque chose de bien plus profond que de simples questions culturelles ou territoriales, nous renvoyant frontalement à l’énigme Néandertal et, probablement aussi, notre incapacité à nous confronter à des manières d’être humain qui nous sont si éloignées.

    Parallèlement notre étude révèle que Thorin présente des liens avec un autre néandertalien localisé à 1700km de là sur le rocher de Gibraltar. Ce crâne découvert au milieu du XIXe siècle avait révélé en 2019 un peu de sa génétique. Il était considéré comme un néandertalien ancien ayant vécu il y a 80 à 100 millénaires, mais nous révélons que cette néandertalienne de Gibraltar, surnommée Nana, datait précisément de la même période que Thorin, dans les derniers millénaires d’existence de ces populations.

    Et voilà que tout est à réécrire. Repenser les premiers Sapiens, leurs relations non pas à Néandertal mais à des populations biologiquement très différenciées et qui, bien qu’apparaissant culturellement particulièrement diverses, pourraient s’éteindre sans ne rien changer de leurs manières millénaires de concevoir le monde.

    La créature s’éteindrait en restant ce qu’elle fut de tout temps. Comme une expérience humaine sans lendemain. Mais alors comment meurent les hommes ? La recherche continue, et l’histoire semble de plus en plus fascinante…

    Pour aller plus loin : Ludovic Slimak a publié en mai 2023 « Le dernier néandertalien » chez Odile Jacob. Le livre retrace pas à pas l’enquête autour de la découverte de ce corps.

    • Les causes de l’extinction de Neandertal revisitées par la découverte d’un nouveau spécimen en France
      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/09/11/les-causes-de-l-extinction-de-neandertal-revisitees-par-la-decouverte-d-un-n

      Les restes d’un individu baptisé « Thorin », découverts dans la Drôme en 2015, ont été difficiles à dater. L’étude publiée par l’archéologue Ludovic Slimak décrit l’histoire d’un groupe resté sous les radars paléoanthropologiques.
      Par Pierre Barthélémy


      Restes fossilisés d’un néandertalien baptisé « Thorin », découverts en 2015 dans la grotte Mandrin, à Malataverne (Drôme). LUDOVIC SLIMAK

      Que l’on autorise le signataire de cet article à évoquer d’emblée un souvenir. Septembre 2018. C’était à Malataverne, commune de la Drôme, dans la grotte Mandrin. Un reportage pour évoquer la quête des derniers #néandertaliens de France que menait là, chaque été depuis des années, une équipe dirigée par l’archéologue Ludovic Slimak, chercheur au CNRS. Et à l’entrée de la grotte, comme une apparition : écrasée et encore prisonnière du sol gris, une mandibule pleine de dents. Quelques phalanges à côté et, un tout petit peu plus loin, d’autres dents. Le crâne manquait mais, à n’en pas douter, on était là devant le plus beau spécimen de Neandertal découvert en France depuis la fin des années 1970. Un scoop merveilleux.

      Toutefois, la science et sa vulgarisation sont ainsi faites que l’on n’évoque pas une trouvaille tant que son étude approfondie n’est pas publiée dans une revue sérieuse. Pour ne pas compromettre le travail du chercheur ni la confiance qu’il a placée en vous, mais aussi pour s’assurer que la découverte annoncée ne fait pas pschitt. Il fallut donc promettre de ne rien révéler, s’asseoir sur le scoop et ronger son frein. Six années plus tard, presque jour pour jour, l’étude paraît enfin dans Cell Genomics, ce mercredi 11 septembre.

      L’individu a été surnommé « Thorin », comme le personnage du roman Bilbo le Hobbit. « C’est un hommage à Tolkien, qui décrivait des humanoïdes intelligents appartenant à des espèces différentes, explique Ludovic Slimak, premier auteur de l’étude. Le Thorin de Tolkien est un des derniers rois nains sous la montagne, un des derniers de sa lignée, et notre Thorin est un des derniers néandertaliens. »

      « Extraction grain à grain »

      Si l’étude a été si longue à paraître, cela tient à deux raisons principales. Tout d’abord à la lenteur de l’extraction des restes de Thorin, mis au jour en réalité dès 2015 ! « J’avais décidé de faire une extension de la fouille à l’extérieur de la grotte, raconte Ludovic Slimak. C’est au cours du nettoyage de la zone qu’on l’a vu. » Sous le premier coup de pinceau, cinq dents connectées sont apparues. « Personne ne s’arrache un fragment de maxillaire, dit le chercheur. Forcément, il y avait un corps. Mais à même le sol, tout est fragilisé. Comment sortir ce truc qui est en milliers de petits bouts, tout en préservant sa position précise ? » Réponse : « On arrête tout, on se pose et on réfléchit. Il fallait développer un protocole d’extraction grain à grain. Et quand je dis cela, ce n’est pas une image, c’est grain à grain à la pince à épiler. »

      L’autre raison du délai entre découverte et publication est liée à la difficulté de dater Thorin. La strate disait entre 42 000 et 50 000 ans, la première datation au carbone 14 environ 37 000 ans, et l’étude génétique entre 100 000 et 105 000 ans. Qui était dans le vrai ? « Les outils biomoléculaires sont puissants, extraordinaires, mais ils ont tous leurs limites, et, là, on était à la limite, soutient Ludovic Slimak. Cela ne remplace pas les résultats de terrain, de la stratigraphie. » Il a fallu multiplier les analyses pour trancher. Aujourd’hui, le chercheur français estime que la date de 42 000 ans est la plus probable.

      Et le mystère du hiatus avec les 105 000 ans évalués par la génétique est lui aussi résolu : il s’agit de la date à laquelle les ancêtres de Thorin ont divergé de la branche principale des néandertaliens d’Europe. A travers cet individu, vestige d’une branche ancienne, l’étude de Cell Genomics décrit donc l’histoire d’un groupe resté sous les radars paléoanthropologiques. Une population de petite taille qui ne présente pas d’apport de gènes d’autres néandertaliens connus et demeure isolée pendant des dizaines de millénaires . « L’ADN nous dit aussi qu’il y a beaucoup de consanguinité », ajoute Ludovic Slimak. Le fait que Thorin possède deux molaires surnuméraires de forme un peu bizarre, implantées derrière les dents de sagesse du bas, pourrait être lié à une endogamie prononcée et à la consanguinité qu’elle entraîne.

      Ludovic Slimak résume ainsi les résultats de l’analyse génomique : « La population de Thorin a passé cinquante millénaires à ne pas échanger de gènes avec des populations qui sont à moins de deux semaines de marche. » Le chercheur en tire des conclusions plus générales, déjà développées dans un livre paru en 2023, Le Dernier Néandertalien (Odile Jacob) : « Neandertal vivait dans des petits cercles dans des petits terroirs. Contrairement à Sapiens, il ne conçoit pas le monde comme parcouru de grands réseaux. Chez Sapiens, on a des circulations de coquillages sur 1 000, 1 500, 2 000 kilomètres ! »

      Le chercheur voit dans ce rapport de Neandertal au monde la cause possible de sa disparition il y a environ 40 000 ans, écartant les scénarios d’un bouleversement d’ordre externe, par exemple lié au climat : « Il est probable que le comportement de ces populations a induit leur propre extinction. Ils se sont éteints d’eux-mêmes, balayés par ce qu’ils étaient. » Ludovic Slimak n’imagine pas non plus une confrontation guerrière avec le nouvel arrivant qu’est Homo sapiens. Peut-être, tout simplement, la cohabitation avec des populations « très structurées, qui font tous ensemble les mêmes choses, dont la manière de concevoir le monde est dans une très grande efficience », a-t-elle donné le coup de pouce final au déclin néandertalien.

      Car, comme le fait remarquer Evelyne Heyer, professeure d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), « dans les données génétiques que l’on a depuis une quinzaine d’années, on voit une décroissance des populations néandertaliennes même avant l’arrivée de Sapiens ». La chercheuse trouve intéressante l’étude publiée dans Cell Genomics et « convaincante l’analyse des données génétiques ». Evelyne Heyer est plus dubitative sur les conclusions qui en sont tirées, notamment sur l’isolement du groupe de Thorin, soulignant le peu de points de comparaison dont on dispose. Rares sont en effet les génomes néandertaliens : « On a essayé sur tous les spécimens des anciennes collections d’extraire de l’ADN, mais c’est très difficile en raison des conditions dans lesquelles on les garde, avec des changements de température et d’humidité qui dégradent l’ADN. Il vaut mieux travailler sur du matériel frais, tout juste excavé. »

      Enthousiasme et réserves

      Le paléoanthropologue Antoine Balzeau (CNRS et MNHN) partage le même enthousiasme que sa collègue sur la découverte, et les mêmes réserves : « L’article livre des conclusions qu’il n’étaie pas forcément. Il aborde les questions sociales de manière un peu trop poussée par rapport à la réalité des données. » Le chercheur souligne lui aussi qu’il est délicat de tirer beaucoup d’enseignements des comparaisons de trop rares génomes : chaque nouveau spécimen découvert peut en effet bouleverser l’arbre génétique de Neandertal.
      Thorin n’a sans doute pas fini de faire parler de lui. D’autant que, à la grotte Mandrin, la fouille n’est pas terminée. Y a-t-il autre chose qu’un morceau de la tête, 31 dents et un bout de la main gauche ? « Je n’en sais rien, reconnaît Ludovic Slimak. On n’a fait qu’un petit rectangle de 30 centimètres sur 60. Il est probable qu’il y ait une partie du reste du corps, plus ou moins bien conservée. Cela risque de prendre encore beaucoup de temps. » De quoi faire soupirer les journalistes avides de scoops.

      #adn #néandertal #archéologie

  • Un petit néandertalien, témoin du soin social durant la préhistoire
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/07/10/un-petit-neandertalien-temoin-du-soin-social-durant-la-prehistoire_6248289_1

    Probablement trisomique et souffrant de troubles prononcés de l’audition et de l’équilibre, l’enfant a bénéficié du soutien de son groupe de chasseurs-cueilleurs. Une découverte qui éclaire l’origine de la compassion.

    [...]

    « Le cas de CN-46700 est particulièrement intéressant, ajoutent-ils, parce que le soin dont il a fait l’objet était destiné à un individu immature qui n’avait pas la possibilité de rendre la réciproque pour l’assistance reçue. » Le fait que cette forme d’aide désintéressée soit aussi présente chez notre espèce « suggère que cette adaptation sociale complexe a une origine très ancienne dans le genre Homo », avancent-ils en conclusion.

    Celle-ci est saluée par l’anthropologue indépendante australienne Lorna Tilley, qui travaille sur la « bioarchéologie du soin » : « Je n’ai aucun doute quant à la fourniture de soins sociaux – et plus particulièrement de soins liés à la santé – dans ce cas précis et dans la société néandertalienne de manière plus générale, car il y en a de nombreuses preuves éclatantes. »

    Au-delà, elle se dit « ravie que l’étude remette explicitement en question un argument basé essentiellement sur le rationalisme économique selon lequel le #soin (dans toutes les espèces humaines) serait un arrangement transactionnel découlant d’un contrat d’“altruisme réciproque”, plutôt que de motifs d’amour, de compassion, de responsabilité envers autrui, etc. ». Pour elle, cette conception était « plus révélatrice de la culture sociopolitique occidentale moderne que du passé ». Elle note ainsi que la thèse d’une « évolution de l’altruisme réciproque » a été proposée en 1971 par Robert Trivers (université Harvard, aux Etats-Unis), au moment où les idées de l’économiste libéral Milton Friedman (1912-2006) gagnaient en influence.

    https://justpaste.it/257wk

    #empathie #compassion #altruisme #néandertaliens #archéologie #économie #idéologie

  • « La fascination pour l’Egypte antique crée une mythologie qui nourrit des pensées suprémacistes » | entretien avec Jean-Loïc Le Quellec
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/06/30/la-fascination-pour-l-egypte-antique-cree-une-mythologie-qui-nourrit-des-pen

    Cette #égyptomanie se nourrit d’une association récurrente dans nos imaginaires, selon laquelle les grands monuments sont forcément le fait de grandes civilisations. A cette grandeur visible s’ajoute un ésotérisme vivace, fondé sur l’idée d’une #décadence continue des civilisations depuis la grandeur incarnée par l’indépassable sommet qu’aurait constitué l’Antiquité égyptienne.

    Les divinités à tête animale, les sarcophages et les hiéroglyphes attesteraient d’une science #sacrée, tenue secrète et qui nous serait devenue inaccessible. L’aura orientaliste acquise par ces grands mystères égyptiens donne lieu à une série de conceptions ayant conduit les occultistes à la recherche de cette science sacrée, et les francs-maçons à orner leurs temples de décors « pharaoniques » par exemple.

    De ce même substrat naîtront deux courants aux antipodes, ceux de « l’Egypte blanche » et de « l’Egypte noire ». Quand ces appropriations apparaissent-elles ?

    Une première branche provient des savants blancs occidentaux et distingue une Egypte « caucasienne » d’une Afrique « noire » incapable de produire la moindre grande civilisation. Les tenants de cette vision, qui va irriguer la croyance de supériorité raciale des #suprémacistes blancs, entendent démontrer que les ancêtres de la civilisation occidentale constituaient les classes royales de l’Egypte antique, où les Noirs n’auraient été qu’esclaves. Ainsi, au milieu du XIXe siècle, l’égyptologue américain d’origine anglaise George Robin Gliddon (1809-1857) ponctuait ses conférences par un démaillotage de momies afin de montrer leur origine « caucasienne ».

    Sous l’impulsion d’anthropologues britanniques, ce courant prendra le visage d’un « panégyptianisme », qui est une forme d’hyperdiffusionnisme consistant à ne voir les évolutions culturelles qu’à travers cette matrice originelle. Un des principaux promoteurs de cette idée sera l’archéologue Grafton Elliot Smith (1871-1937), dont les livres entendent démontrer que l’Europe a été civilisée par l’Egypte ancienne, tout en défendant la supériorité du Blanc sur le Noir.

    Il est frappant de constater que le courant afrocentriste puise dans les mêmes arguments, mais en les inversant…

    En effet, ce mythe blanc a été inversé par les Afro-Américains abolitionnistes. Des pasteurs noirs vont défendre la thèse similaire de l’Egypte comme sommet civilisationnel, mais la retourner en créant un mythe alternatif puisé dans la Bible. Ils s’appuient en particulier sur les figures noires de l’Ancien Testament que sont Cham (ancêtre légendaire d’Afrique du Nord) et Kouch (celui des Kouchites, ou Nubiens), deux descendants de Noé, pour identifier des ancêtres fondateurs de l’Egypte antique.

    Gims a directement repris cette construction lorsqu’il a affirmé : « A l’époque de l’empire de Kouch, il y avait l’électricité. » Une telle conception a survécu dans certaines formes d’afrocentrisme, courant pluriel qui a émergé au XXe siècle en vue de réécrire l’histoire du continent depuis une perspective propre, dont certaines branches racistes, voyant par exemple la supériorité noire dans la mélanine et affirmant que les Blancs seraient des albinos boutés hors d’Afrique, vont utiliser le mythe de l’Egypte noire dans une visée également suprémaciste.

  • Le #commerce en Méditerranée avant les marchands italiens
    https://laviedesidees.fr/Le-commerce-en-Mediterranee-avant-les-marchands-italiens

    En croisant sources écrites et #archéologie, Chris Wickham propose un tableau comparé de la #Méditerranée du Xe au XIIe siècle, et en termine définitivement avec le mythe des marchands italiens ouvrant au commerce une mer endormie.

    #Histoire #Moyen_Âge
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240624_commerce.pdf

  • Caral - La plus vieille cité d’Amérique | ARTE - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=oOmzn-Cu-gw

    Disponible jusqu’au 15/09/2024
    C’est au Pérou, près de Lima, que la première véritable ville des Amériques a vu le jour il y a 5 000 ans. Caral abritait une civilisation pacifique dotée d’un grand esprit d’invention et de femmes fortes. Mais pourquoi la cité a-t-elle disparu au bout de mille ans ?

    Les archéologues qui explorent aujourd’hui l’ancien berceau de la culture andine découvrent une civilisation pacifique dotée d’un grand esprit d’invention et de femmes fortes. Les Caralitos profitaient de la nature sans la détruire, réutilisaient les matières premières et exploitaient l’énergie du vent, du soleil et de l’eau. Mais après mille ans d’un brillant essor, la métropole de cette civilisation pacifique est soudain abandonnée pour toujours. Ce documentaire plonge dans le mystère de cette cité disparue.

    Documentaire de Michael Gregor (Allemagne, 2020, 51mn)

    #archéologie #docu #arte

    #Femmes

  • Politics Theory Other sur X : https://twitter.com/poltheoryother/status/1786019290094678438

    "Israeli archaeologists have for decades participated in an unscientific and very explicitly political project of removing and destroying evidence of not only Palestinian, but Arab and Muslim history across historic Palestine.

    “Archaeological digs and research are used not only to erase Palestinians from the historical record but also to eliminate them in the present. Under the aegis of archaeological research, Palestinian lands are expropriated and Jewish settlements are expanded.”

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1786017228992737280/pu/vid/avc1/720x720/bVLPlZQ41mDod4uA.mp4?tag=12

    #archéologie #Palestine

  • Préhistoire et Antiquité au Soleil levant
    https://laviedesidees.fr/Nespoulous-Souyri-Le-Japon

    Des premiers paysans à l’âge des chefs, de la chasse à la riziculture, de l’outillage lithique au développement du fer, le #Japon nourrit une #Histoire complexe qu’il faut relire avec les découvertes archéologiques.

    #agriculture #archéologie #préhistoire
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240411_japon.pdf

  • Pourquoi « la naissance des divinités au néolithique est liée à la domestication des plantes au Proche-Orient »
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/04/07/pourquoi-la-naissance-des-divinites-au-neolithique-est-liee-a-la-domesticati

    Notre monde contemporain n’appréhende la technique qu’à l’aune de son application, d’où une approche biaisée de son origine. Or, les grandes innovations techniques sont trop complexes pour pouvoir envisager leur application dès le début.

    Les premiers développements sont en réalité le fruit d’une volonté d’explorer un phénomène fascinant, dont l’irruption interpelle les conceptions du monde et du cosmos – ainsi de la poudre à canon inventée par des alchimistes chinois fascinés par le souffle de l’explosion.

    Le concept de « technopoïèse », que j’ai récemment proposé, désigne cette phase originelle dans laquelle le processus revêt plus d’importance que le produit qui en est issu. Par la suite, dans la phase technologique qui lui succède, le produit fini se détache du processus. Devenue autonome, sa production peut se voir guidée par des critères utilitaires.

    Les trois millénaires d’extension du processus de domestication des plantes au Proche-Orient correspondent précisément à une phase de technopoïèse, dans laquelle les plantes sont mises en culture au nom de la résonance cosmique du processus, et non pas en vue de leur consommation. J’affirme donc que c’est cette dimension cosmique qui deviendra le moteur du processus de domestication.

    #agriculture #histoire #archéologie #technique #technopoïèse #spiritualité #utilitarisme #Nissim_Amzallag #livre

  • Un mal qui répand la terreur
    http://carfree.fr/index.php/2024/04/04/un-mal-qui-repand-la-terreur

    Ce n’est pas de la peste qu’il s’agit, mais de l’automobile. On sait ce qu’elle prend de vies humaines en holocauste et l’on commence à réaliser ce que sa tyrannie Lire la suite...

    #Destruction_de_la_planète #Fin_de_l'automobile #archéologie #architecture #bordeaux #clamart #Colombes #courbevoie #histoire #Ivry #paris #parkings #paysage #société #suresnes #toulouse #urbanisme #ville

  • Un papyrus d’Herculanum carbonisé lors de l’éruption du Vésuve a été déchiffré
    https://www.lefigaro.fr/sciences/un-papyrus-d-herculanum-carbonise-lors-de-l-eruption-du-vesuve-a-ete-dechif


    Un rouleau de papyrus d’Herculanum carbonisé lors de l’éruption du Vésuve, et conservé à l’Institut de France, est en cours de numérisation par des rayons X.
    Image courtesy of the Digital Restoration initiative/University of Kentucky

    RÉCIT - Grâce à un concours international, de jeunes chercheurs sont parvenus à lire un texte vieux de 2000 ans.

    C’est un texte qui parle de musique, de plaisir et de câpres ! Ce rouleau de papyrus avait littéralement cuit il y a 2000 ans à plus de 320 °C, quand les torrents de boue et de matières volcaniques sont descendus du Vésuve pour recouvrir les villes d’Herculanum et de Pompéi (79 apr. J.-C.). Les pages sont soudées et son contenu était, pensait-on, perdu à jamais. Mais un concours international a permis de réussir l’immense exploit de déchiffrer et de lire des centaines de mots qui s’étalent sur plus de 15 colonnes.

    Découvert entre 1752 et 1754, avec plusieurs centaines d’autres manuscrits, dans une somptueuse villa romaine d’Herculanum appartenant à Calpurnius Pison Caesoninus, le beau-père de Jules César, et appelée depuis « Villa des papyrus », le rouleau de papyrus était depuis conservé dans les bibliothèques de l’Institut de France à Paris. Il avait été offert, avec cinq autres rouleaux, par Napoléon Bonaparte qui les avait reçus en 1802 en cadeau du roi de Naples. Le manuscrit…

  • Son surnom : le Lascaux de la gravure. Découverte en 2000 à une trentaine de kilomètres de Lascaux, la grotte de Cussac n’est accessible qu’aux scientifiques et est restée secrète pour le grand public. Pourtant, elle regorge d’œuvres d’art pariétales et recèle de nombreuses énigmes que les chercheurs tentent d’élucider.
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/dordogne/perigueux/squelettes-humains-gravures-une-grotte-secrete-datee-de
    #archéologie #patrimoine_de_l'humanité #préhistoire

  • Quand l’archéologie des « mauvaises herbes » bouscule l’Histoire (et le futur) de l’agriculture - Geo.fr
    https://www.geo.fr/environnement/archeobiologie-quand-banales-mauvaises-herbes-adventices-bousculent-histoire-agr

    Des scientifiques des universités britanniques de Sheffield et d’Oxford ont constitué le catalogue le plus exhaustif des adventices – communément appelées « mauvaises herbes ». D’après leur analyse, l’Histoire de l’agriculture est loin d’être celle d’une simple transition d’un modèle extensif vers un schéma intensif.

    Alors que les agriculteurs se mobilisent en Europe pour défendre le droit à un revenu décent, une nouvelle base de données unique en son genre nous invite à replacer les pratiques agricoles dans leur contexte géographique et historique – avec ceci de particulier (et de surprenant) que ses contributeurs n’ont pas retracé le parcours des variétés cultivées… mais celui des « adventices ».

    Au-delà de leur réputation de « mauvaises herbes », ces plantes qui s’immiscent spontanément dans et autour des champs s’avèrent en effet des indices précieux, éclairant à la fois le passé agricole de l’humanité – et peut-être également son avenir face au changement climatique.

    Agriculture intensive ou extensive ?

    Le domaine fascinant de l’archéobotanique, ou l’étude des relations entre les sociétés humaines et le monde végétal par l’analyse des restes végétaux trouvés en contexte archéologique, vise notamment à décrire l’économie végétale des sociétés anciennes et à reconstituer les pratiques agricoles (université de Genève).

    En identifiant les adventices présentes, les spécialistes de cette discipline pourront désormais se référer à un catalogue précis afin de connaître les caractéristiques écologiques de ces plantes, et en déduire si l’agriculture était plutôt extensive ou au contraire intensive – un terme qui fait référence non pas à l’usage de pesticides modernes mais au fait d’optimiser la productivité, avant même l’essor de la chimie.

    Développé par des scientifiques des universités britanniques de Sheffield et d’Oxford à l’issue de trois décennies de recherche, le catalogue des adventices (gratuit et en accès libre) recense quelque 928 espèces végétales en Eurasie et en Afrique du nord, présentes dans les champs de céréales et de légumineuses cultivés sans engrais de synthèse et sans herbicides.

    « Dans les environnements agricoles modernes, où les cultures sont minutieusement gérées et où tout ce qui n’est pas désiré est éliminé, il peut être difficile de suivre les changements à long terme des environnements et des espèces végétales. En étudiant les populations historiques d’adventices au lieu des cultures, les données offrent aux chercheurs un moyen unique de voir ce qui a été perdu et gagné au fil du temps », explique dans un communiqué le Pr John Hodgson, qui a contribué aux recherches.

    Fertilisation, arrosage et désherbage à l’âge du bronze

    « Nous avons tendance à penser que l’agriculture a commencé de manière non intensive et qu’elle s’est progressivement intensifiée au fil du temps. Cependant, nous avons trouvé des sites du Néolithique [entre 6 000 et 2 200 ans avant notre ère] et de l’âge du bronze [-2 200 ans à -800 ans] qui remettent en cause cette croyance », détaille la Pr Glynis Jones, de l’université de Sheffield (communiqué).

    L’archéologue explique qu’à ces périodes, de petites parcelles de terre étaient cultivées de manière intensive, avec des pratiques telles que la « fertilisation, l’arrosage et le désherbage de cultures comme le blé ou l’orge ». Autrement dit, « des endroits où l’effort humain était important pour la culture des plantes ».

    « Nous avons également constaté que les sites de l’âge du fer [-800 ans à -450 ans] et de la période romaine qui s’étendaient sur des zones plus vastes étaient cultivés de manière moins intensive, ce qui signifie que les cultures pouvaient être plus nombreuses, mais qu’elles n’étaient pas exploitées de manière aussi intensive qu’auparavant puisqu’elles couvraient des zones plus vastes », compare-t-elle.

    Reste désormais à élargir ce catalogue des adventices à d’autres régions du monde – afin que les spécialistes des peuples d’Amérique, d’Afrique sub-saharienne, d’Asie et d’ailleurs puissent disposer eux aussi d’un nouvel outil puissant pour comprendre les liens tissés par ces populations avec la terre nourricière…

  • Des #cités_antiques en #Amazonie | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/des-cites-antiques-en-amazonie

    La vallée d’#Upano se situe dans la région amazonienne du piémont andin. Elle est insérée entre deux cordillères et mesure une centaine de kilomètres de long sur une vingtaine de large. Elle est surplombée par le #volcan_Sangay, en état constant d’éruption depuis des décennies et dont les rejets rendent la région particulièrement fertile. Les agriculteurs locaux m’ont dit qu’ils obtenaient trois récoltes de maïs par an, c’est énorme !

    […] Nous avons identifié et fouillé des plateformes en terre qui servaient à isoler des bâtiments du sol humide, ainsi que des places, des chemins et des routes. La première occupation de la vallée commence environ en 500 avant notre ère pour durer jusqu’en 400-600 de notre ère.

    […] La vallée d’Upano a abrité de véritables cités, densément peuplées et conçues en damier en pleine #forêt_tropicale. Leur réseau est incroyablement complexe, avec des rues, des chemins vers les rivières, des routes primaires et secondaires… Les grands axes sont parfaitement rectilignes, faisant jusqu’à treize mètres de large, et traversent la vallée en faisant fi de son relief naturel. Ils coupent aussi bien des ravins que des élévations. Un tel réseau réclame une véritable #planification, ce qui montre que les différentes implantations de la vallée sont contemporaines.

    L’insistance à passer outre tous les obstacles, alors qu’il serait souvent plus simple de les contourner, suggère fortement que ces routes avaient une fonction symbolique. Elles peuvent avoir été un moyen d’imprimer dans le sol les relations entre voisins, et servir à des processions et des visites ritualisées, comme on peut encore le voir dans les villages annulaires du haut Xingu en Amazonie brésilienne.

    Certaines plateformes sont encore plus hautes, jusqu’à dix mètres. Ici, pas de soubassements d’habitations, mais on suppose que ces espaces étaient plutôt consacrés à des cérémonies collectives. De tels systèmes urbains ont été découverts chez les Mayas du Guatemala ou à Teotihuacan, au Mexique. La grande différence est qu’il n’y a pas de constructions en pierre dans l’Upano. En plus, il n’y a aucun site semblable en Amazonie précolombienne, y compris au Brésil.

    […] Leur culture disparaît brusquement après un millénaire, autour de 400-600, sachant qu’il n’y avait alors pas d’écriture dans la région.

    […] J’ai une hypothèse, hélas non confirmée, sur cette disparition. Les fouilles ont montré, au-dessus des derniers niveaux d’habitation, plusieurs couches noires qui évoquent des éruptions volcaniques. Mais, les datations ne correspondent à aucun évènement suffisamment catastrophique pour faire fuir tout le monde. C’est peut-être une série d’éruptions plus petites, mais plus nombreuses, qui a fini par décourager les habitants, ou alors une #crise_climatique. Ils auraient alors pu partir vers le sud, au Pérou, où l’on retrouve des céramiques similaires à celles d’Upano. Seule une société spécialisée et stratifiée a pu construire un réseau aussi vaste et complexe que dans la vallée d’Upano. Or, on sait que les sociétés urbanisées et hiérarchisées sont moins résilientes aux aléas climatiques. Peut-être que cette civilisation a tout simplement implosé au profit d’un retour à une organisation tribale et forestière. Nous n’avons pas d’explication ferme à proposer pour le moment. Mais, la recherche se poursuit…

    #archéologie_du_paysage #lidar

  • En Sardaigne, le voile se lève sur la mystérieuse civilisation des nuraghes


    Vue aérienne d’un village nuragique, sur le site archéologique Su Nuraxi, à Barumini, en Sardaigne, en Italie. BRIDGEMAN IMAGES

    Durant mille ans, de 1800 à 800 av. J.-C., la culture nuragique a dominé l’île italienne. Ce peuple méconnu, car sans écriture, a laissé peu de traces de son existence, sauf 8 000 grandes tours rondes en pierre, disséminées sur le territoire. A la découverte de cette civilisation des #villages, loin des autres cultures méditerranéennes.

    Au début, on n’y prend pas garde. Et puis, petit à petit, à parcourir en voiture les routes de #Sardaigne sous un soleil qui joue les prolongations d’octobre, le regard s’aiguise, l’œil s’exerce, et l’on finit par les voir partout. Postés au loin comme des sentinelles de pierre, certains encore fièrement dressés, d’autres écroulés mais toujours là, défiant les millénaires. Eux, ce sont les nuraghes. Qu’on ne s’y trompe pas : malgré leur air de tours de château fort, ces édifices monumentaux – dont la silhouette orne des étiquettes de pecorino sarde ou de bouteilles de vin – ne renvoient pas au Moyen Age. Non, ces constructions sont les symboles d’une civilisation mystérieuse bien plus ancienne qui, mille ans durant, de 1800 à 800 av. J.-C., à cheval sur l’âge du bronze et celui du fer, domina la Sardaigne.

    Archéologue en France à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, Isabelle Catteddu, de père sarde, a fait ses premières armes ici et y revient tous les étés. Elle, dont le grand-père abritait ses moutons dans l’un des huit mille nuraghes qui subsistent, avait alors pour but de « comprendre comment le territoire avait évolué jusqu’à la période romaine où on a réutilisé les sites nuragiques ».

    .... Quand on monte à l’étage, la vue est dégagée à 180 degrés et l’on peut apercevoir, dans le lointain, la #Méditerranée. Et aussi un autre nuraghe, qui lui-même a vue sur un troisième… Un réseau se dessine et, par endroits, les tours se font écho tous les 500 à 1 000 mètres. « Un peu plus loin, précise Isabelle Catteddu, on a une concentration incroyable, avec deux ou trois nuraghes au kilomètre carré. » Dans cet univers à la fois rural et polycentrique, on est loin des cultures orientales de la même époque, avec villes et pouvoir centralisé.

    .... L’habitat se retrouve à l’extérieur, dans des villages encore lisibles dans le paysage, car leurs « cabanes », comme les archéologues les appellent, rondes, avaient une base en pierre. Au-dessus devait être disposé un toit conique fait de roseaux.
    La vie est donc hors les nuraghes – la mort aussi. Petit détour par le site d’Imbertighe, en pleine campagne, où se trouve une « tombe de géant ». Pourquoi ce nom ? Parce qu’il s’agit d’une immense tombe collective. Au premier plan, un espace cultuel délimité par un muret en forme de deux cornes de taureau au milieu desquelles s’élève une grande porte en pierre d’un seul bloc, qui sépare les vivants des morts. Derrière, ceux-ci reposent dans un long couloir autrefois couvert de dalles. « La technique de dépôt consistait à soulever une dalle et à glisser le défunt dans la tombe, précise Isabelle Catteddu. Ces tombes sont là depuis le début de l’âge nuragique. Elles contiennent parfois plus de cent squelettes. Une population sans distinction de sexe, d’âge ou de classe sociale. » Les tombes individuelles n’apparaîtront qu’à la fin de la civilisation.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/11/06/en-sardaigne-le-voile-se-leve-sur-la-mysterieuse-civilisation-des-nuraghes_6

    https://archive.ph/ZPjZX

    #Nuragiques #nuraghes #archéologie

  • La peste noire, Patrick Boucheron
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-peste-noire

    #Patrick_Boucheron propose une grande enquête interdisciplinaire autour de la pandémie de peste au milieu du XIVe siècle.

    « Nous sommes confrontés à un #événement de #longue_durée, et il serait bien naïf de prétendre confiner notre conception de la peste noire à une chronique des années 1347 à 1352 en Europe occidentale » (...) « Les progrès conjoints de l’archéologie funéraire et de l’anthropologie, poursuit l’historien, mais aussi de la microbiologie et des sciences de l’environnement, ont révolutionné l’approche de cette pandémie ».

    j’écoute tardivement cette série de 2020-2021, extraordinaire d’érudition (et pas trouvée ici, à ma grande surprise ; pour ma part, lambin, elle était dans une pile « à écouter » depuis longtemps)

    « L’hypothèse, indique Patrick Boucheron, ne consiste pas seulement à réévaluer le rôle des réseaux vénitiens de Tana dans la propagation de la peste, il est de renverser le catastrophisme apocalyptique de la vision du siège de Caffa pour comprendre que l’épidémie n’est pas fille de la guerre mais de la paix, et qu’elle peut remonter les circuits des échanges et des alliances. »

    [...]

    « C’est donc bien à l’histoire décloisonnée d’un monde interconnecté qu’elle nous convie, nous dit Patrick Boucheron, un monde dont le cœur battant n’est pas en Europe, où se situent seulement les terminaux périphériques des réseaux marchands, mais plus à l’est, en ce centre de gravité de l’Eurasie alors dominée par la Horde d’or. »

    https://www.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/09/17721348-2539-43c8-9e8f-f3983ba097ed/860_loiseau-cartepestexivesiecle.webp

    Carte de Julien Loiseau, intitulée, « Les routes de la peste noire », dans « l’Atlas Global » de Gilles Fumey, Christian Grataloup et Patrick Boucheron, en 2014. - Julien Loiseau / Les arènes

    #peste #Marseille #histoire #histoire_des_sensibilités #imagination #historiographie #mort #mort_de_masse #déni #travail_des_femmes #médecine #épidémie #histoire_environnementale #santé_globale #démographie #catastrophe_démographique #littérature #théâtre #peinture #archives #théorie #pensée #narration #rats et #marmottes_alpines #paléogénomique #Horde_d'or #Inde #Mandchourie #l'impossible_sépulture démentie par l’#archéologie_funéraire ... #exotisme_épidémiologique

    • cette série là, tu n’hésiteras pas, @arno, à ne pas la faire écouter aux enfants, sauf dispositions spéciales. c’est une version lettrée, avec une forte dimension historiographique, de Periclès « qui n’est pas un collègue » (Loraux) à la critique du matriciel Ariès (histoire des sensibilités), le tout truffé de références effectivement pluridisciplinaires. non sans légèreté. dans le premier épisode, par exemple, il reprend la lecture de Freud pour mettre en cause les gargarismes contemporains sur le « travail du deuil ». ailleurs il a la coquetterie de citer l’avènement de Trump comme un évènement sans doute lui aussi de longue durée quant au devenir de la véridicité.

      (qu’il ait fait le macronard illustre la force du légitimisme centriste ?)

      Ça tombait bien, trop bien : ça tombait mal. Face au curieux hasard qui plaçait l’épidémie de Covid-19 sur sa route au moment où il devait entamer, au Collège de France, son cours sur la peste noire, l’historien Patrick Boucheron a failli renoncer. Rien de plus trompeur, explique-t-il en effet, que la fausse évidence de la « concordance des temps », rien de plus hasardeux que la recherche d’écho et de similitudes qui rendraient le passé moins lointain, le présent moins opaque. Puisque les rapports existent néanmoins, puisque ça a à voir malgré tout, que peut dire l’historien du coronavirus, et de quoi l’histoire de la peste est-elle faite ? Que nous apprend la #science, et que transporte l’#imaginaire ? C’est à un regard neuf et à une histoire globale que Patrick Boucheron nous invite.

      https://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/patrick-boucheron-la-peste-c-est-un-mal-qu-on-ne-peut-pas-dire-31-01-2021-24
      #paywall

    • il est possible d’éviter la rebutante intro de Radio F/ Collège de France en utilisant la version de fr Q disponible parmi les podcasts L’été du Collège de France dont la mise en onde est digne de l’objet et de son traitement je pige pas pourquoi il faut donner sur RF une version dégradée

  • À Carnac, 39 menhirs détruits pour construire un magasin Mr Bricolage : que s’est-il passé ? Ouest-France Sibylle Laurent
    À Carnac (Morbihan), une enseigne de bricolage sort de terre… sur un site qui hébergeait des menhirs, identifiés par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Le permis de construire avait pourtant été accordé. Que s’est-il passé ?

    « Yves Coppens doit se retourner dans sa tombe… » L’alerte est venue vendredi 2 juin 2023 de Christian Obeltz. Ce Carnacois fait allusion au paléontologue breton, célèbre notamment pour sa découverte du fossile de Lucy, dans un billet publié sur le site de l’association Sites et monuments, qui vise « à défendre le patrimoine naturel et bâti ».

    Ce chercheur sur les populations néolithiques, également correspondant pour la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et collaborateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Nantes, évoque le fait que « plusieurs aménagements brutaux ont été réalisés, cet hiver et au printemps, aux abords des alignements de menhirs de Carnac, dénaturant ce site mondialement connu ».


    Conséquence : « La destruction des 39 menhirs du chemin de Montauban, s’indigne-t-il. C’est totalement illégal ! » Un permis de construire a en effet été délivré le 26 août 2022 par la mairie de Carnac (Morbihan) à la SAS Au marché des Druides, pour la construction d’un magasin Mr Bricolage, au sud de la Zone d’activités de Montauban. Les constructions sont en cours et le bâtiment est en train de sortir de terre.

    Le hic, c’est que cette zone, située aux abords du tumulus Saint-Michel, était référencée depuis 2015 sur l’Atlas des patrimoines, un catalogue en ligne établi par la Drac, recensant les sites archéologiques présents. « C’est un site également fait pour que les élus aillent le consulter, pour tout permis de construire », souligne Christian Obeltz.

    Le site de Montauban figurait par ailleurs sur la liste indicative du projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui concerne 397 mégalithes des rives de Carnac et du Morbihan, répartis sur 27 communes.


    Un intérêt historique connu
    L’intérêt historique du site de Montauban était pourtant connu. En décembre 2014, la même SAS Au marché des Druides avait fait une demande de permis de construire. La préfecture du Morbihan avait alors demandé, par arrêté, un diagnostic archéologique. « En raison de leur localisation, les travaux envisagés sont susceptibles d’affecter des éléments du patrimoine archéologique », justifiaient alors les services de l’État.

    Le rapport de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), qui résultait des fouilles, avait conclu à la découverte probable « d’un alignement mégalithique inédit », en avril 2015. Le site comprenait deux files de petites stèles en granit, se déployant chacune sur une cinquantaine de mètres de long.

    Le permis de construire avait alors été retoqué. « Les petits menhirs du chemin de Montauban constituaient sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac, à en juger par les datations carbone 14 obtenues en 2010 sur le site voisin de la ZA de Montauban », précise Christian Obeltz. Elles ont aujourd’hui disparu.

    Dans ces conditions de proximité avec un site désormais identifié, comment un nouveau permis de construire a-t-il pu être déposé, et surtout accepté ? Contacté, le maire de Carnac, Olivier Lepick indique ne pas avoir été au courant que la zone était référencée, et renvoie vers la Drac. « Le permis de construire est accordé par la mairie et les services de l’État, indique celui qui est également président de Paysages des mégalithes, qui porte le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous sommes extrêmement attentifs à ce genre de choses, nous regardons les zones de pré-inscription archéologique. Dans ce dossier, de notre côté, nous avons respecté scrupuleusement la législation. »

    « Si on avait su, on aurait fait autrement ! »
    L’affaire semble en effet complexe. Selon la mairie, la Drac avait placé le site en zone de prescription dans l’ancien Plan d’occupation des sols (POS). Mais pas dans l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU).

    De son côté, le gérant de la SAS, Stéphane Doriel, veut, lui montrer « sa bonne foi » : « J’ai déposé un permis de construire, qui a été instruit, affiché, qui a purgé les délais de recours. Aucun service, aucun document ne nous a jamais avertis d’une prescription, explique-t-il. Je ne suis pas archéologue, je ne connais pas les menhirs ; des murets, il y en existe partout. Si on avait su cela, on aurait fait autrement, évidemment ! » Le précédent permis de construire avait été refusé, selon lui, non à cause de ces menhirs, mais pour une problématique de zone humide. La Drac n’a pas pu être contactée, en ce début de semaine.

    « La loi est formelle : toute destruction d’un site archéologique est passible d’une lourde amende », rappelle Christian Obeltz. Qui avait déjà alerté la Drac en 2013 sur un permis de construire délivré à l’emplacement du tertre de Lann Granvillarec, un petit tumulus, figurant lui aussi sur les sites mégalithiques retenus dans le projet de classement à l’Unesco. À l’époque, les travaux avaient été arrêtés. La maison avait été déplacée.

    #menhirs #mégalithes #Carnac #patrimoine_naturel #archéologie #destruction #Bêtise #Morbihan #Mr_Bricolage #POS #PLU

    Source : https://www.ouest-france.fr/culture/patrimoine/a-carnac-39-menhirs-detruits-pour-construire-un-magasin-que-sest-il-pas

    • Reformulons : Les bricoleurs du dimanche qui vont chercher leurs OSB en voiture sont responsables de la destruction de biens culturels inestimables. Le maire n’est qu’un preneur d’ordres.

      PS : j’ai bien aimé comment la page Wikipédia de Carnac a été vandalisée quelques heures le jour des faits :)

  • „Urban Mining Moabit“: Unter dem Gras ist der Schrei des Krieges noch zu hören


    Fundstücke von den Grabungen im Trümmerberg des Fritz-Schloß-Parks in Moabit. Geborgen von dem Kunstprojekt „Urban Mining Moabit“

    6.5.2023 von Ulrich Seidler - Ein Kunstprojekt wühlt sich in die Geschichte der Stadt und findet in den Trümmern die Fäden, mit denen die Gegenwart an die Vergangenheit gefesselt ist.

    Die Vergangenheit ist nicht vergangen, sie liegt weitgehend unverdaut und ganz gut geschützt unter einer Grasnarbe, die sie wie eine dünne Haut zudeckt. Eine Million Kubikmeter Trümmer haben die Rodelberge des Fritz-Schloß-Parks in Moabit im Bauch. Man kann da spazieren, in der Frühlingssonne liegen, Tennis spielen und im Winter eben Schlitten fahren. Die Steine wurden nach den Bombenangriffen im Zweiten Weltkrieg von den umliegenden Ruinen eingesammelt, auf der Bodendecke einer Wehrmacht-Kasernenanlage aufgeschüttet und am Ende mit einer Schicht Mutterboden bestreut.

    Flach wurzelnde Robinien, Pappeln, Ahorn und die ortsübliche Berliner Gestrüpp-Mischung kommen am besten mit solchen Bedingungen zurecht. Strubbelgräser und Pissnelken schieben ihre Wurzeln, Pilze ihr Myzel zwischen die Ziegel, Kacheln, Fliesen, Glasscherben. Würmer, Insekten, Schnecken und Mikroben verstoffwechseln organisches Material, lassen Ausscheidungen in die Kavernen sickern, Wasser dringt in die Kapillaren ein, gefriert, sprengt Strukturen auf, lässt Bauteile zu Baustoffen erodieren. Das dauert. Bis alle Spuren vernichtet sind, dürfte die Menschheit längst ausgestorben sein.

    Der langsame Atem der Zeit

    Das spartenübergreifende freie Projekt „Urban Mining Moabit“ – künstlerisch geleitet von dem Dramaturgen Uwe Gössel – will den für die menschliche Wahrnehmung eigentlich viel zu langsamen Atem der Zeit belauschen und schickt nach einer konkreten Grabung eine metaphorische Sonde ins Innere des Berges, die durch die Flözschichten der Vergangenheit bricht, Informationen aufsammelt und Assoziationen verbreitet.

    In dem kleinen Projektraum „Kurt Kurt“, untergebracht in dem Geburtshaus von Kurt Tucholsky ( Lübecker Straße 13, 10559 Berlin), wurde am Freitag mit einem Impuls von Adrienne Göhler und unaufdringlichen performativen Interventionen eine Ausstellung eröffnet, die ähnlich sortiert ist wie das Gekröse im Berg. Der Zufall hat bei der Schichtung die Feder geführt, Objekte stoßen eine Erzählung an, die Gedankengänge verzweigen sich, brechen abrupt ab, finden woanders ihre motivische Fortsetzung und kommen nie zum Abschluss.


    Eine Collage aus Postkarten (Ausschnitt)

    Es gibt Kartenmaterial, das blitzlichthaft die Bewegung der Stadt abbildet, das Aufreißen und Vernarben von Wunden zeigt. Verrostete Türbeschläge, eine in der Hitze des Feuersturms geschmolzene Bierflasche, Ofenkacheln, deren Glasur glänzt, als hätte man sie eben erst gebrannt, werden präsentiert wie ausgegrabene Fossilien oder vorgeschichtliche Schätze – und das sind sie ja auch: Zeugnisse und Überbleibsel von Erzählungen, die beginnen, sich zu Mythen zu verdichten, zu verklären und zu verrätseln.

    Die über 90-jährige Ingrid Thorius sitzt vor dem Projektraum und erzählt, dass sie in der Lehrter Straße aufgewachsen ist und mit ihrem Freund Keule in den Bombentrichtern gebadet hat. Sie genießt die Aufmerksamkeit und scheint sich ihrer Zeitzeugenschaft bewusst zu sein, ihre Vorfahren haben die Garde-Ulanen noch auf ihren Pferden gesehen und sie weiß, wie es ist, im Keller zu hocken, während die Stadt über einem brennt. Ihre Gedanken gehen auch in die Ukraine, wo die Raketen einschlagen und die Leute unter der Erde hausen müssen, während sich oben ihre Wohnungen in Ruinen verwandeln im Mahlstrom des Krieges. Man hört ihn noch kauen, man hört seinen Schrei, wenn man durch den Fritz-Schloß-Park, wenn man durch Berlin geht.

    Urban Mining Moabit – Bodenproben Trümmerberge. 6. Mai, 16–23 Uhr Ausstellung und Film, 20 Uhr Performative Intervention, 7. Mai, 16–19 Uhr Ausstellung und Film, Ort: Projektraum Kurt-Kurt, Lübecker Str. 13, weitere Infos unter https://www.bodenproben.org

    Fritz-Schloß-Park - Berlin Lexikon
    https://berlingeschichte.de/lexikon/mitte/f/fritz_schloss_park.htm

    Auf dem Gelände befanden sich große Teile der Kontext: Kaserne des 4. Garderegiments zu Fuß Kaserne des 4. Garderegiments zu Fuß. Nach Zerstörungen im II. Weltkrieg nutzte man das Gebiet als Trümmerhalde. 1955 gestaltete Wilhelm Kontext: Alverdes, Wilhelm Alverdes den Park. Im gleichen Jahr erhielt er den Namen des Tiergartener Bezirksbürgermeisters Fritz Kontext: Schloß, Fritz Schloß. Der F. ist mit 12 ha die zweitgrößte Parkanlage des Bezirks. Hier befinden sich mehrere Sportanlagen, ein Tennisplatz, ein Hallen- und Freibad und das Poststadion. Ein Gedenkstein erinnert an die Erbauer.

    Edition Luisenstadt, 2002, Stand: 19. Mrz. 2002, Berliner Bezirkslexikon, Mitte, www.berlingeschichte.de/Lexikon/Index.html

    https://bodenproben.org

    Fritz-Schloß-Park
    https://berlin.kauperts.de/eintrag/Fritz-Schloss-Park-Seydlitzstrasse-10557-Berlin

    OPenstreetmap
    https://www.openstreetmap.org/relation/15803725

    #Fritz-Schloß-Park – Wikipedia
    https://de.wikipedia.org/wiki/Fritz-Schlo%C3%9F-Park

    #Berlin #Mitte-Tiergarten #Moabit #Poststadion #Stephankiez #Lübecker_Straße #Rathenower_Straße, #Kruppstraße #Seydlitzstraße #Lehrter_Straße #Geschichte #Archeologie #Kurt_Tucholsky

  • #Histoire et avenir de l’assyriologie
    https://laviedesidees.fr/Dominique-Charpin-En-quete-de-Ninive.html

    À propos de : Dominique Charpin, En quête de Ninive. Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), Paris, Collège de France/Les Belles Lettres. Dominique Charpin retrace la riche histoire de l’assyriologie, depuis les pionniers comme Oppert et Grotefend jusqu’aux chantiers actuels, en passant par les grandes institutions qui ont contribué à son développement. Portrait d’une science étonnamment contemporaine.

    #université #Moyen-Orient #grandes_écoles #archéologie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230120_assyriens.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230120_assyriens.pdf