Chili, 4 septembre 1970 : la victoire de l’"Unité Populaire" n’est pas celle du peuple | #archiveLO (15 septembre 1970)
[...] La bourgeoisie chilienne et l’Anaconda n’ont certainement pas le fétichisme de la légalité qui est celui de la gauche chilienne et qui fait le grand bonheur de l’Humanité. On parle d’un #coup_d'Etat possible et d’un putsch militaire. On cite même le nom du général qui pourrait en prendre la tête. Tout comme en Espagne, il y a plus trente ans, on pouvait voir se préparer quasi ouvertement la conspiration de la droite et de Franco après la victoire électorale du #Front_populaire.
Et, tout comme en Espagne, la gauche, toute à ses préoccupations électorales, toute à son légalisme, n’a en rien préparé le peuple chilien, qui vient de lui accorder sa confiance, à faire face à la situation. Tout au contraire, dans l’espoir d’amadouer une droite qui est prête à étrangler la constitution pour défendre ses privilèges, Allende multiplie les déclarations rassurantes sur son désir de jouer le jeu alors que la tâche la plus urgente du moment serait d’armer et moralement et matériellement le peuple chilien. Allende est en fait en train de désarmer le peuple chilien dans le moment même où ses pires ennemis fourbissent ouvertement leurs armes. La #gauche chilienne n’a pas plus appris de l’histoire que la nôtre.
Il est possible aussi, bien entendu, que les classes dirigeantes chiliennes et les grandes compagnies américaines laissent Allende s’installer tout de même dans le fauteuil présidentiel. Les premiers mouvements de la démocratie chrétienne semblent indiquer qu’une fraction au moins est favorable à cette politique. Après tout, le #Chili a déjà connu d’autres gouvernements de front populaire ou soutenus par les communistes en 1938 et même avec des ministres communistes en 1946. Cela n’a pas modifié considérablement ni le sort du peuple chilien ni celui des classes privilégiées ni même celui des grandes compagnies implantées dans le pays. Pourquoi #Allende serait-il d’une autre classe que ses prédécesseurs ?
L’Anaconda et la bourgeoisie chilienne peuvent donc laisser Allende parvenir à la présidence, attendre et voir venir. D’autant plus qu’elles auront toujours à leur disposition et les députés démocrates chrétiens et l’extrême-droite, l’armée et la au cas où le président mine de remplir son contrat. L’hypothèse est-elle bien pour le peuple chilien ?
Qu’est-ce qui enthousiasme donc les rédacteurs de l’Humanité ?