• Pourquoi je n’utilise pas #ChatGPT

    L’année 2025 est déjà particulièrement féconde en nouvelles plus fracassantes les unes que les autres sur les financements, la course aux armements entre la Chine et les USA, le sommet intergalactique sur l’IA à Paris, et les supposés progrès vers l’intelligence des IAs génératives. C’est un sujet courant de conversations dans le contexte privé ou professionnel. En réponse aux personnes qui s’étonnent de ma position résolument anti ChatGPT j’ai fini par construire un #argumentaire que je vais développer ici.

    1. Introduction

    En tant qu’enseignante-chercheuse en informatique, j’ai lu l’article fondateur On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? (https://dl.acm.org/doi/10.1145/3442188.3445922) en 2021. Tous les #effets_négatifs observés des grands modèles de langage et des IAs génératives sont annoncés dans cet article, comme le dit d’ailleurs l’une des autrices dans un entretien récent. Quand j’ai été confrontée personnellement à des textes rendus par des étudiant·es et écrits par ChatGPT, dès janvier 2023, ma méfiance a priori pour cette branche du numérique a commencé à s’incarner dans l’expérience personnelle. Depuis j’accumule des articles et des prises de position sur ce phénomène, mais je n’ai jamais été tentée d’essayer moi-même. Avant de faire un tour d’horizon des divers #arguments qui m’ont fait refuser absolument l’#usage — et critiquer vertement le développement — des IAs génératives en tout genre, que ce soit dans l’#enseignement_supérieur ou ailleurs, précisons un peu le sujet.

    Dans la suite de ce billet, il sera question très spécifiquement d’IAs génératives (comme ChatGPT). Le #vocabulaire a beaucoup glissé ces derniers temps, mais rappelons que l’IA est une idée très ancienne, et que si on se met à qualifier tout le numérique d’IA, il va devenir difficile de parler précisément des choses. Donc : tout le #numérique n’est pas de l’IA ; parmi tout ce qui relève de l’IA, tout n’est pas de la famille “#apprentissage_machine” ; et finalement parmi la famille “apprentissage machine”, tout n’est pas une IA générative comme ChatGPT et consort. On trouvera un historique de l’IA et les définitions de ces notions dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique sur l’IA (https://www.snesup.fr/publications/revues/vrs/intelligence-artificielle-vrs437-juin-2024).

    À quoi sert de refuser d’utiliser ChatGPT ? Je suis parfaitement consciente que ce #refus peut sembler totalement vain, puisque nous sommes tous et toutes entouré·es d’étudiant·es et de collègues qui s’en servent très régulièrement, et que nos gouvernements successifs se ruent sur les promesses d’#automatisation et d’économie de moyens humains envisagées en particulier dans les services publics. Après tout, le #progrès_technologique est inéluctable, n’est-ce pas ? Je n’ai pas la moindre illusion sur ma capacité à changer les pratiques à moi toute seule. J’ai encore moins d’illusions sur une possible influence citoyenne sur le développement de ces outils, par les temps qui courent. Le livre de Yaël Benayoun et Irénée Régnault intitulé Technologie partout, démocratie nulle part est paru fin 2020 (https://fypeditions.com/echnologies-partout-democratie-nulle-part), mais je gage qu’un tome 2 entier pourrait être consacré au déploiement des IA génératives. Pourtant, même et surtout si ce déploiement semble inéluctable, il n’est pas interdit de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu.

    Ce qui suit n’est pas un article de recherche. C’est une prise de position personnelle, émaillée de mes lectures préférées sur le sujet. Cette position est basée sur des préoccupations déjà anciennes à propos des impacts des technologies numériques, renforcées par la fréquentation assidue des domaines des systèmes dits critiques (l’informatique dans les trains, les avions, les centrales nucléaires, …). Dans ces domaines la sécurité et la sûreté priment sur la performance, les durées de vie des systèmes sont plus longues que dans l’informatique grand public, les acteurs sont heureusement frileux vis-à-vis d’évolutions trop rapides. Je ne suis pas chercheuse en IA et ne l’ai jamais été. Je n’ai pas pratiqué de longues expérimentations des outils disponibles, même si j’ai lu attentivement ce qu’en disaient les collègues qui l’ont fait. Mon refus personnel de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT s’appuie beaucoup sur mes connaissances scientifiques antérieures et ma méfiance envers des systèmes opaques, non déterministes et non testables, mais il est aussi nourri de positions politiques. Si aucune technologie n’est jamais neutre, dans le cas présent la configuration politico-financière extrêmement concentrée dans laquelle se déploient ces outils est particulièrement préoccupante et devrait selon moi conduire à une certaine prise de conscience. Et cela même si l’on est impressionné par les capacités de ces outils, ou tenté par les promesses de gain de temps et d’augmentation de créativité, voire convaincu que le stade de l’’IA générale capable de surpasser l’humain est imminent (et désirable).

    Le tour d’horizon qui suit est uniquement à charge. L’espace médiatique étant saturé de promesses politiques et d’articles dithyrambiques, ce peut être vu comme un petit exercice de rééquilbrage du discours. Je cite un certain nombre de collègues qui font une critique argumentée depuis leur domaine de recherche. Il y en a beaucoup d’autres, dont celles et ceux qui s’expriment dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique cité plus haut.
    2. Les impacts socio-environnementaux du numérique sont déjà préoccupants, cela ne va pas s’arranger

    Le déploiement en grand des IAs génératives étant relativement récent, le travail de recherche approfondi et consolidé sur l’estimation précise de leurs impacts environnementaux ne fait que démarrer. Par ailleurs les outils sont particulièrement opaques, ils évoluent très rapidement, et les promesses des vendeurs d’IA n’aident pas à y voir clair. Sans attendre des chiffres consolidés, on peut s’intéresser aux effets locaux prévisibles grâce aux travaux de collectifs comme Le nuage était sous nos pieds ou Tu nube seca mi río ou encore aux collectifs qui ont protesté contre l’installation de datacenters au Chili. Cela permet de rendre plus concrète la matérialité des infrastructures du numérique, et de constater les conflits d’accès locaux sur les ressources en électricité ou en eau. L’épisode IA qu’à algorithmiser le climat du podcast de Mathilde Saliou sur Next est aussi un bon tour d’horizon des impacts environnementaux. Malgré les promesses des grandes entreprises de la Tech d’alimenter leurs infrastructures uniquement avec de l’énergie “verte”, leur récent engouement pour le renouveau du nucléaire laisse penser qu’elles envisagent un avenir où ces énergies seront loin de répondre à leurs besoins. Dans son podcast ‘Tech Won’t Save Us’ Paris Marx a produit un épisode passionnant sur le nucléaire et la tech. Il faut enfin garder en tête que la promesse des grandes entreprises de la tech d’alimenter leurs infrastructures numériques uniquement avec de l’énergie verte, même si elle se réalise, ne les absout nullement de leurs impacts environnementaux. En effet la production d’électricité n’est pas infinie, et celle qu’on consacre aux infrastructures du numérique n’est pas utilisable ailleurs. Si monopoliser les sources d’énergie “verte” pour le numérique oblige d’autres usages à rouvrir ou prolonger des centrales à charbon, alors le numérique est aussi indirectement responsable de leurs émissions.

    Bref, si la trajectoire des impacts environnementaux du numérique était déjà un problème avant l’apparition des IAs génératives, les impacts ont récemment subi un coup d’accélérateur. Ce constat suffirait amplement à remettre en cause sérieusement le déploiement tous azimuts de ces technologies, sauf si l’on croit vraiment que l’IA va sauver le monde, ce qui n’est pas mon cas. C’est un pari risqué que fait pourtant allègrement l’ancien PDG de Google, quand il affirme que les objectifs climatiques étant inatteignables, il faut mettre tous nos moyens sur l’IA en espérant qu’elle résoudra le problème. Il se peut que les projections pharaoniques de ressources nécessaires dans les 10 ans à venir (croissance exponentielle de la demande en électricité et en matériaux) se heurtent rapidement à des limites physiques. Il n’en reste pas moins que de gros dégâts seront déjà irréversibles d’ici-là.

    Au cas où ces impacts environnementaux (qui sont d’ailleurs déjà des impacts socio-environnementaux) ne suffiraient pas à disqualifier le déploiement des grandes IAs génératives, les conditions de travail des humains indispensables au développement de ces outils devrait régler la question. Un article récent aborde cette situation en la qualifiant d’esclavage moderne (The Low-Paid Humans Behind AI’s Smarts Ask Biden to Free Them From ‘Modern Day Slavery’) et le site du projet Diplab d’Antonio Casilli est une mine d’informations sur le sujet, quoi que pas toutes spécifiques aux IAs génératives. Enfin la voracité en données qui fait fi de toute législation ou respect du droit d’auteur apparaît au grand jour dans Meta knew it used pirated books to train AI, authors say. L’excellent 404media titre même OpenAI Furious DeepSeek Might Have Stolen All the Data OpenAI Stole From Us (OpenAI furieux que DeepSeek puisse avoir volé toutes les données que OpenAI nous a voées).
    3. Le contexte politique et économique du déploiement des IAs génératives devrait inciter à la prudence

    Aucune technologie n’est neutre ni inéluctable. Chacune se déploie dans un certain contexte économique et politique qui oriente les choix. Cela a toujours été le cas pour le numérique, depuis le début. L’extrême concentration d’acteurs et de moyens qui préside au déploiement des IAs génératives devrait aider à prendre conscience de cet état de fait. L’annonce récente de 500 milliards de dollars à consacrer au sujet donne la (dé)mesure de la chose. Je ne détaillerai pas les courants politiques et philosophiques qui circulent parmi les promoteurs des IAs. Certains acteurs affirment croire à l’avénement des IAs générales, comme résultat inéluctable de l’accumulation de moyens et de ressources. Que l’on fasse miroiter ces IAs capables de sauver le monde, ou qu’au contraire on annonce l’apocalypse, leur prise de pouvoir et la fin de l’humanité, on participe à détourner l’attention des dégâts déjà bien présents ici et maintenant. Le livre récent Les prophètes de l’IA – Pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypsefait le tour de la question efficacement.

    Bien sûr si l’on pose comme hypothèse initiale que le cerveau humain est un ordinateur, alors un très gros ordinateur va sembler très intelligent, et un plus gros ordinateur encore plus intelligent. Mais l’hypothèse initiale n’a pas de sens. Si les IAs génératives conduisent à la fin de l’humanité, ce sera en monopolisant les ressources et en aggravant les problèmes socio-environnementaux, pas en atteignant la superintelligence.
    4. Quid d’une alternative éthique, souveraine, et aux impacts maîtrisés ?

    Quand j’explique les raisons de mon refus total de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT, on me cite souvent les alternatives éthiques, souveraines, ouvertes, aux impacts environnementaux maîtrisés, respectueuses des droits des auteurs, etc. Je ne remets pas en cause a priori la qualité de ces développements, ni les motivations de leurs auteurs. Simplement il me semble qu’en pariant sur ces alternatives on passe à côté d’un certain nombre de questions.

    Question 1 – effet d’entraînement. Même s’il est effectivement possible de faire des petites IAs éthiques aux impacts moindres, cela participe à l’acceptation générale de toutes les IAs génératives potentielles, dont celles qui ont un impact énorme et sont fort peu éthiques. Que se passera-t-il quand les petites IAs seront rentrées dans les moeurs, qu’on en sera devenus dépendants pour de nombreuses applications, et que les grandes entreprises du numérique lanceront GTP12 grâce aux 500 milliards promis par le gouvernement US ? Les gens resteront-ils bien sagement utilisateurs des petites IAs ? Faut-il se réjouir de l’annonce de l’IA de l’entreprise chinoise DeepSeek qui semble surpasser très nettement celles des entreprises américaines en coût et ressources nécessaires ? Non, bien sûr. Cela marque le début d’une nouvelle course aux armements, l’enclenchement d’un effet rebond massif. C’est un développement extrêmement mal orienté si l’on s’attarde quelques minutes sur le numérique face aux limites planétaires. Il est urgent au contraire de s’intéresser à des trajectoires décroissantes du numérique, et j’espère qu’on en est encore capables.

    Question 2 – est-ce seulement désirable ? Quoi qu’il en soit des impacts, il est de toute façon permis de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu. Il y a des idées qui sont juste de mauvaises idées, même si elles semblent inéluctables. Dans ce cas tous les impacts, même petits, sont déjà du gaspillage.

    5. Quid des usages utiles ?

    Pour le plaisir de l’argumentation, poursuivons en mettant de côté les impacts et en supposant que c’est une bonne idée d’interagir avec des machines via des modèles de langage. Nous sommes soumis en permamence à un discours politique qui vante les gains en efficacité rendus possibles par le déploiement de ces outils. Pourtant dans le cas des services publics, la numérisation à marche forcée a déjà produit de nombreux dégâts avant même l’introduction des IAs génératives, la presse s’en faisant souvent l’écho (comme par exemple ici : « Je n’ai jamais eu le fin mot de l’histoire » : pourquoi la CAF est une boîte noire pour ses allocataires). Il est fort peu probable que l’introduction des IAs génératives améliore quoi que ce soit à une situation où la numérisation s’est accompagnée de désintermédiation totale. Mais passons en revue quelques-une des promesses les plus courantes et leurs effets envisageables.
    5.1 Le fameux “gain de temps” vs les effets d’accélération

    Le domaine du numérique promet des gains de temps depuis plus de 70 ans. Si la promesse avait été suivie d’effet nous devrions, soit avoir réduit le temps de travail à 1h par semaine, soit avoir multiplié la “productivité” par un facteur énorme. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce fameux “temps gagné” a immédiatement été rempli par autre chose, pas nécessairement plus intéressant ni surtout plus productif. Allons-nous continuer longtemps à tomber dans ce piège ?

    Prenons l’exemple promu en ce moment dans les administrations : l’usage des IAs génératives pour rédiger des comptes-rendus de réunions, en visio ou pas. Chacun sait que dans un compte-rendu de réunion on va au-delà de la simple transcription mot à mot. Un bon compte-rendu fait preuve de synthèse, on y trouve les points saillants de la réunion, les accords et les désaccords, les décisions actées ou reportées, les promesses de chacun sur le travail à réaliser avant la prochaine réunion sur le même sujet, etc. La capacité des IAs génératives à résumer des textes ou des transcriptions audio est tout à fait incertaine, avec des risques potentiels assez graves. Une expérience détaillée conduit même à conclure que cet outil ne résume pas, il raccourcit, et c’est très différent. En informaticienne je dirais : “pour raccourcir on peut rester au niveau clavier. Pour résumer il faut repasser par le cerveau”. Mais, toujours pour le plaisir de l’argumentation, supposons que la qualité soit au rendez-vous. Serait-ce désirable pour autant ?

    Comme à chaque fois que le numérique est vendu comme moyen de gagner du temps, il faut se demander comment et avec quoi va se remplir le temps ainsi gagné. Dans le cas des comptes-rendus de réunion, voilà un effet tout à fait probable : une accélération du rythme des réunions. En effet, la contrainte d’avoir à rédiger et diffuser un compte-rendu avant d’organiser la réunion suivante ayant disparu, plus aucune limite naturelle ne s’oppose à organiser une autre réunion très rapprochée de la première. Vous me direz que dans ce cas la limite naturelle suivante sera la non ubiquité des participants potentiels. Ce à quoi je répondrai : même pas, puisqu’on nous propose déjà d’envoyer en réunion un avatar qui y jouera notre rôle : Zoom va permettre à un avatar créé par IA de parler pour vous.

    Au cas où cette prévision vous semblerait peu crédible, rappelez-vous comment vous gériez votre temps professionnel il y a 20 ans, avant le déploiement des outils d’emploi du temps en ligne censés nous faire gagner du temps (j’avoue humblement y avoir cru). Quand j’ai pris mon poste de professeure en 2000, mon emploi du temps du semestre tenait sur un bristol glissé dans mon agenda papier format A6, il était parfaitement régulier pendant les 12 semaines d’un semestre. L’agenda ne me servait qu’à noter les déplacements de un à plusieurs jours et les réunions exceptionnelles. Aujourd’hui sans emploi du temps partagé en ligne et synchronisé avec mon téléphone, j’aurais du mal à savoir le matin en me levant où je dois aller dans la journée, pour rencontrer qui, et sur quel sujet. La puissance des outils numériques avec synchronisation quasi-instantanée entre participants pousse à remplir les moindres coins “libres” des journées. Quand il fallait plusieurs jours pour stabiliser un créneau de réunion, c’était nécessairement assez loin dans le futur, le remplissage de l’emploi du temps de chacun n’était pas parfait, et il restait des “trous”. Il n’y a plus de trous. Nous n’avons jamais été aussi conscients de la pression du temps.

    Prenons aussi l’exemple de la gestion des emails, notoirement si envahissants que certaines entreprises et organisations les ont bannis (parfois pour les remplacer par des outils de chat, ce qui ne résoud pas vraiment le problème, mais passons). Les IAs génératives promettent simultanément de (1) générer des emails au ton professionnel à partir d’un prompt donnant quelques idées ; (2) résumer un email trop long en quelques idées importantes. Cela devrait immédiatement apparaître comme menant à une situation totalement absurde où le passage par un texte long est entièrement invisible aux acteurs humains. Pourquoi alors ne pas s’envoyer simplement des emails de 3 lignes ? Le dessinateur Geluck avait décrit le résultat dans un dessin du Chat en 3 cases : a) le Chat dit ” je me suis acheté deux jeux d’échecs électroniques” ; b) Le Chat dit : “je les ai raccordés l’un à l’autre” ; c) Le Chat, en train de faire sa vaisselle dans un évier plein de mousse dit : “et j’ai la paix”. Si la prolifération des emails dans le milieu professionnel est déjà reconnue comme un problème, fluidifier leur usage ne peut que faire sauter les dernières limites naturelles à leur accumulation.

    Pour conclure sur ce point : si la promesse de “gagner du temps” est tentante, s’il peut sembler dans un premier temps que c’est effectivement le cas, il est fort prévisible que le temps gagné sera reperdu dans une accélération de tout le processus qu’on avait cherché à ainsi optimiser. Rendez-vous dans 6 mois ou un an pour voir comment le temps gagné sur les comptes-rendus de réunions et la rédaction des emails s’est rempli.
    5. 2 La créativité à base figée vs la pollution informationnelle

    Un argument qui revient souvent dans le monde universitaire, c’est l’usage de ChatGPT comme “démarreur”, pour donner de premières idées. J’ai personnellement beaucoup de mal à croire que cela produise quoi que ce soit d’un tant soit peu original, je craindrais de plagier sans intention, j’aurais quelque réticence à donner le produit de mes réflexions financées par de l’argent public aux vendeurs d’outils, et je préfère de loin deux heures de remue-méninges avec des collègues ou des étudiants. Mais soit, admettons cet usage. Si on pense les IAs génératives entraînées “une fois pour toutes”, alors on devrait s’inquiéter de voir la créativité future décliner et se désynchroniser des évolutions d’un domaine. Mais si on sait qu’elles évoluent par générations successives re-entraînées sur une base de textes qui augmente, alors il faut se poser la question de la pollution.

    Un aspect très important des IAs génératives qui les distingue d’autres systèmes numériques et d’autres IAs, c’est en effet précisément qu’elles sont génératives. Leurs résultats s’accumulent dans l’espace de l’information en ligne, et constituent une forme de pollution dont il sera très difficile de se débarrasser. Sur ce point j’ai trouvé particulièrement frappante la décision du mainteneur de WordFreq d’arrêter les mises à jour. WordFreq est un outil qui maintient une base de données sur la fréquence des mots dans plusieurs langues, en analysant les textes disponibles en ligne. Le mainteneur a constaté que ces fréquences changent maintenant à un rythme jamais observé auparavant, et accuse les IAs génératives d’avoir irrémédiablement pollué les textes en ligne. Sa conclusion est sans appel : plus personne n’a d’information fiable sur les langues telles qu’elles sont parlées par des êtres humains, après 2021. Les autres exemples de pollution abondent, de l’édition à compte d’auteur (La plateforme de publication en ligne d’Amazon est contrainte de mettre en place une limite de 3 livres par auteur et par jour) au système de publications scientifiques (GPT-fabricated scientific papers on Google Scholar : Key features, spread, and implications for preempting evidence manipulation), en passant par les réseaux sociaux professionnels.

    Le mot slop a été introduit récemment pour décrire cette pollution informationnelle qui s’accumule dans les sources en ligne. Le livre Les IA à l’assaut du cyberespace – Vers un Web synthétique revient sur l’évolution du contenu du web depuis 25 ans, et met en garde contre son artificialisation.

    Comment penser que cette pollution n’aura pas d’impact sur les usages “créatifs” de l’outil, à moyen terme ? Même si les effets à court terme paraissent utiles, à quel avenir contribuons-nous en acceptant une utilisation routinière de ces technologies ?
    5.3 L’automatisation des tâches répétitives vs l’effet coupe rase et la perte de compétences

    Etant enseignante d’informatique, je suis naturellement préoccupée par l’avenir du logiciel si une partie significative est produite par des IAs génératives opaques et non testables, à la fois à cause de la qualité intrinsèque du logiciel produit, et pour ce que cela signifierait dans l’organisation du travail et l’évolution des métiers.

    Un argument qui revient souvent est que les aides à la programmation à base d’IAs génératives sont attrayantes pour maîtriser une grande base de code, naviguer dans des bibliothèques inombrables dont on n’a pas le temps de lire la documentation, produire la partie du code qui a presque toujours la même forme, … Mais si vraiment on se noie dans le code, comme analysé ici, ajouter une couche opaque destinée à en générer encore plus, encore plus vite, est-ce vraiment raisonnable ?

    Si l’on s’intéresse à la construction de ces IA génératives appliquées à la programmation, on se rend compte qu’elles sont comparables aux coupes rases en forêt : il est possible de réaliser de gros profits, une fois, en rasant tout, mais rien ne repoussera jamais. Les outils d’aide à l’écriture de code actuels se sont nourris de toutes les occurrences de code et d’explications produites par des humains et disponibles sur le web. Mais si on croit leurs promesses, ils sont susceptibles de provoquer une réduction drastique des métiers-mêmes qui pourraient produire de nouvelles occurences. Où les futures IAs d’aide à la programmation prendront-elles les exemples à digérer écrits dans le nouveau langage de programmation à la mode ? Dans la production des IAs de la génération précédente entraînée sur un autre langage ? Ce qui vaut pour la programmation vaut pour tous les autres usages qui promettent à une profession de gagner du temps grâce à une IA entraînée sur les productions humaines passées de leur propre métier.

    L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

    On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

    Pour conclure ce paragraphe, parcourons Generative AI : What You Need To Know, un manuel de défense intellectuelle contre les promesses des IAs génératives, par un auteur qui a une longue expérience du métier de développeur web, et qui a d’ailleurs écrit “we’re all-in on deskilling the industry. (…) we’re now shifting towards the model where devs are instead “AI” wranglers. The web dev of the future will be an underpaid generalist who pokes at chatbot output until it runs without error, pokes at a copilot until it generates tests that pass with some coverage, and ships code that nobody understand and can’t be fixed if something goes wrong”.
    6. Conclusion

    Que conclure ? Plus le temps passe, moins je suis tentée d’utiliser ChatGPT ou d’autres outils d’IA générative. Le rythme effréné des annonces et la vision du monde des promoteurs de ces outils m’ont définitivement vaccinée contre le moindre frémissement d’intérêt qui aurait pu subsister. Et je n’ai même pas abordé ici les questions de biais, de sécurité, de protection de la vie privée, … Je lisais récemment CEO of AI Music Company Says People Don’t Like Making Music et comme je suis moi-même incapable de jouer dequelque instrument que ce soit, j’imagine que j’aurais dû être dans la cible de cette entreprise qui prétend “démocratiser” la création musicale. Eh bien non, pas du tout. Dans toute activité créative ce n’est pas le résultat qui compte, c’est le chemin. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte sans aucune “aide” par ChatGPT. Je continuerai comme ça.

    Ah, j’oubliais, si vous êtes tentés d’utiliser ChatGPT comme outil de recherche d’informations, alors même que l’outil n’est vraiment pas fait pour ça et contribue à polluer l’espace informationnel, essayez plutôt eurekoi. C’est plus lent, bien sûr. Mais ça tombe bien, il est urgent de ralentir.

    https://pdimagearchive.org/images/1679dcfd-d3d8-4ecc-a19a-21beced97f05

    https://academia.hypotheses.org/58766
    #AI #IA #intelligence_artificielle #utilisation #enseignement #recherche #ESR

    • L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

      On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

      Je vais parler de ce que je connais :c’était la promesse, il y a encore quelques mois, de remplacer les développeurs, débutants ou pas. Le soufflé est retombé. L’IA générative est probablement une énorme bulle de spéculation. Les gens se sont amusés les premiers mois, maintenant il n’y plus guère que les marketeux pour utiliser ChatGPT pour générer leurs posts Linkedin sans intérêt et des collégien-ne-s/lycéen-ne-s/étudiant-e-s naïfs-ves qui l’utilisent en pensant que ça passera (mais oh surprise, ça ne passe pas, les profs s’en rendent compte), de la même manière que Wikipedia était recopié consciencieusement il y a quelques années encore, et plus loin encore des Universalis ou Larousse... Je suis développeur, et je peux dire que les IA génératives, même spécialisées en code, font encore globalement n’importe quoi. Pourtant on a tou-te-s un abonnement à une IA ici, eh bien ça sert très peu (alors que bon, on pourrait presque se dire : « chouette ça va bosser à ma place sans que personne le voit »). C’est une vague aide à la compréhension, et encore seulement si on a un minimum de compréhension de la logique du code. Je ne dis pas que ça va durer éternellement, peut-être qu’un jour une IA fera tout à notre place, mais ce qui est sûr c’est que ChatGPT n’est pas cette IA là.

    • on a tou-te-s un abonnement à une IA ici

      pas vraiment ; le quota gratuit me suffit largement à me faire aider pour retrouver les bonnes options de ffmpeg ou de rsync une fois par semaine

    • (man ffmpeg consomme bien moins d’énergie et de bébés phoques et n’hallucine pas d’options qui n’existent pas (souvenir de @stephane qui avait partagé une expérience amusante à ce sujet) :-) )

      J’ai tjs des seniors ds mes connaissances, qui m’expliquent que pour rédiger un script dans un langage qu’ils ne connaissent pas, ça leur fait gagner du temps. Ici, on ne l’utilise pas du tout. Même par curiosité. La simple possibilité d’une hallucination ne m’amuse pas, ne me donne pas envie. J’aime résoudre des problèmes, mais pas quand il y a la prétention à m’aider à les résoudre tout en m’en créant d’encore plus vicieux à résoudre.

    • J’ai un abonnement au gaz, à l’élec, au téléphone mobile qui m’a fait couper le fixe, au loyer que c’est deux bras et presque toute la gueule, à l’assurance locative obligatoire, au contrat d’entretien du chauffe-eau exigé par le proprio sous peine de rupture de bail, à une mutuelle de santé hors de prix qui rembourse la naturopathie mieux que la réparation des dents, à tel point que je doit limiter des frais de santé plutôt nécessaires mais généreusement pris en charge à 0%. Je raque une carte annuelle de réduc SNCF, une autre pour des TER, pas que je m’en serve tant mais sans elles, faudrait revenir à l’auto-stop. Et j’achète plus de contrat box.
      Les dépenses incompressibles, y en a nettement trop vu de ma fenêtre qu’elle est riquiqui, alors j’essaie de pas en inventer.
      Dans mon bled capital, j’espère être dispo dès qu’un petit coup de fenwick sera opportun.

    • « L’intelligence artificielle accélère le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs »
      TRIBUNE
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/06/l-intelligence-artificielle-accelere-le-desastre-ecologique-renforce-les-inj

      Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique.

      Partout dans les services publics, l’IA est ainsi conduite à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.
      Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?

      Des conséquences désastreuses

      Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

      Que de l’agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l’éducation, risque d’avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?

      Or, au lieu d’affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adopté par l’Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu’il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.

      Une maîtrise démocratique

      A longueur de rapports, l’IA apparaît ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine.

      Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d’avance.

      Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d’inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

      La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

      Premiers signataires : David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l’union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L’Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France.

      Organisations signataires :https://www.laquadrature.net/en/hiatus-manifesto

  • #Écriture_inclusive : le #point_médian supprime les #biais_de_genre

    C’est un fait scientifiquement établi : le #masculin_générique n’est pas neutre, il induit un biais de représentativité vers le masculin. Une nouvelle #étude de #psycholinguistique révèle que les #mots_épicènes limitent ce biais alors que le point médian le supprime totalement.

    Il y a un fait scientifique établi : le #masculin n’est pas neutre. L’utilisation du masculin générique induit un #biais_de_représentativité vers le masculin. Voici un exemple tiré d’une étude parue en 2008 : quand on demande à des volontaires des noms de candidats potentiels pour le poste de Premier ministre, les personnes interrogées citent plutôt des hommes. Alors que si on leur demande de citer des candidats ou des candidates potentielles, les sujets citent trois fois plus de femmes.

    L’écriture inclusive pour limiter ces biais de genre

    Certaines formulations biaisent ce qu’on croit comprendre de la phrase. Le but de l’écriture inclusive est justement d’anéantir ou de limiter au maximum ces effets et pour ça il y a plusieurs stratégies. Léo Varnet est chargé de recherche au CNRS au Laboratoire des Systèmes Perceptifs de l’ENS de Paris : "On distingue plusieurs grandes stratégies. Il y a la neutralisation qui inclut les termes épicènes, par exemple : les instrumentistes. Il n’y a pas de marque qui indique le genre, est-ce que ce sont des instrumentistes hommes ou des instrumentistes femmes. Et d’autre part, on a une autre stratégie d’écriture inclusive qui est la re-féminisation, qui peut prendre une forme double, comme les musiciens et les musiciennes, ou une forme à l’écrit avec un point médian qui est bien connu. Dans ce cas-là, ce seraient les musicien·ne·s. Donc une stratégie neutralisation dont les termes épicènes font partie et une stratégie de re-féminisation dont les formes doubles avec un point médian font partie."

    Tester ces stratégies en psycholinguistique

    Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont voulu tester l’efficacité de ces deux stratégies pour supprimer les biais du genre. Pour cela, la méthodologie utilisée est assez classique en psycholinguistique : on mesure le temps que les participants et participantes mettent à répondre à une question. En l’occurrence, est-ce que ces deux phrases forment une suite logique ? Je prends un exemple avec un terme épicène donc neutre : l’athlète passe la ligne d’arrivée. C’est la première phrase. Seconde phrase : elle s’effondre ensuite de fatigue. Ces deux phrases forment bien une suite logique.

    Le neutre n’est pas neutre

    La question est la suivante : met-on davantage de temps à répondre que oui, ces deux phrases peuvent se suivre, quand la seconde phrase commence par “elle” par rapport à quand elle commence par “il” ? Est-ce que notre cerveau conclut trop vite qu’un terme épicène comme athlète renvoie au masculin ?

    #Léo_Varnet, coauteur principal de cette étude parue dans Frontiers in Psychology : "Donc en fait, c’est exactement ça, c’est bien le cas. Les participants et participantes de l’étude mettent grosso modo une centaine de millisecondes de plus pour répondre quand la seconde phrase commence par "elle", alors que la première phrase contenait le mot l’athlète, donc sans marque de genre. Et donc c’est que la forme, l’épicène, "l’athlète", n’est pas complètement neutre pour le cerveau, on a tendance à supposer que cet athlète est un homme. Autrement dit, on a une représentation qui va être biaisée vers le masculin."

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-sciences/ecriture-inclusive-le-point-median-supprime-les-biais-de-genre-3732260
    #égalité #biais #genre #neutralité

    déjà signalé ici (@monolecte) :
    https://seenthis.net/messages/1081849
    et ici (@odilon) :
    https://seenthis.net/messages/1024990

    • Neutral is not fair enough: testing the efficiency of different language gender-fair strategies

      In many languages with grammatical gender, the use of masculine forms as a generic reference has been associated with a bias favoring masculine-specific representations. This article examines the efficiency of gender-fair forms, specifically gender-unmarked forms (neutralization strategy, e.g., “l’enfant”) and contracted double forms (re-feminization strategy, e.g., “un·e enfant”), in reducing gender biases in language. Extensive empirical research has shown that gender-fair forms have the potential to promote more gender-balanced representations. However, the relative efficiency of these strategies remains a subject of debate in the scientific literature. In order to explore these questions, two experiments were conducted in French. We analyzed the response times and percent correct scores using a sentence evaluation paradigm, where the participants had to decide whether a second sentence starting with a gendered personal pronoun (“il” or “elle”) was a sensible continuation of the first sentence written in a gender-fair form. Experiment 1 confirmed that gender-unmarked forms are not fully effective in neutralizing the masculine bias. In Experiment 2, a comparison was made between gender-unmarked forms and contracted double forms, to assess their respective abilities to generate more balanced representations. The findings indicated that contracted double forms are more effective in promoting gender balance compared to gender-unmarked forms. This study contributes to the existing scientific literature by shedding light on the relative efficiency of neutralization and re-feminization strategies in reducing gender biases in language. These results have implications for informing efforts to promote more inclusive and unbiased language practices.

      https://www.frontiersin.org/journals/psychology/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full

    • Réponse aux réactions sur l’écriture inclusive

      Suite à la publication de notre article scientifique sur l’écriture inclusive, et à la communication qui a été faite autour de ces résultats dans des médias plus grand public (en particulier le site du CNRS, France Culture, Sciences et Avenir, et même Marie-Claire), j’ai reçu un certain nombre de réactions et de questions. Si l’on fait abstraction des commentaires attendus concernant mon supposé « wokisme », et autres noms d’oiseaux, la plupart des personnes ayant manifesté leur désaccord l’ont fait de façon respectueuse et sur la base d’un petit nombre d’arguments assez récurrents. Il me paraît donc utile de revenir sur ces critiques les plus fréquentes pour y répondre ici de façon apaisée.

      FAQ

      > Il ne s’agit que d’une étude isolée, à ce stade on ne peut pas affirmer de façon certaine que le masculin générique biaise nos représentations.

      Non, ce commentaire confond l’article que nous avons publié récemment, qui porte sur une comparaison de deux formes d’écriture inclusive, et l’état des connaissances en psycholinguistique concernant le masculin générique. Si les conclusions de notre étude ponctuelle peuvent tout à fait être remises en cause par des résultats ultérieurs, il y a en revanche un consensus scientifique quant à l’effet du masculin générique sur les représentations genrées (pour un résumé, voir par exemple cette présentation qui liste un certain nombre de publications sur le sujet). Il existe désormais un corpus fourni d’articles portant sur la compréhension du masculin générique et de l’écriture inclusive, et tous convergent sur la conclusion que le masculin générique n’est pas neutre, cognitivement parlant.

      > En français, il faut utiliser le masculin comme neutre, il y a des circulaires qui nous y obligent

      La discussion porte ici sur des faits scientifiques (mesure expérimentale de l’interprétation d’une forme d’écriture ou d’une autre par le cerveau humain). Les arguments légaux n’ont donc rien à apporter à cet aspect du débat, de la même façon qu’une circulaire affirmant que la Terre est plate ne changerait pas la rotondité de la planète, ou qu’on ne peut pas passer une loi pour démontrer la quadrature du cercle1.

      Notons au passage que les fameuses circulaire Edouard Philippe et circulaire Blanquer véhiculent en réalité des indications contradictoires : notamment, elles proscrivent « le recours à l’écriture dite inclusive » jugée inutile, mais imposent d’écrire « le candidat ou la candidate » ou « les inspecteurs et les inspectrices de l’éducation nationale » ce qui est déjà une reconnaissance que cette forme particulière d’écriture inclusive (la double flexion) participe de la promotion de l’égalité femmes/hommes.

      > « Le masculin fait le neutre », c’est une règle du français.

      Cet argument est à mon avis au cœur de la confusion actuelle, et mérite donc d’être développé.

      Est-ce que le masculin est neutre ? Cela dépend de ce que l’on entend exactement par là. Si la question concerne l’existence d’une règle grammaticale en français permettant de désigner un groupe mixte par un masculin, la réponse est « ça n’a pas toujours été le cas, mais actuellement oui ». Cependant, dans le débat actuel, le clivage ne porte pas tant sur l’existence de la règle que sur sa compréhension par le cerveau2. Autrement dit, il ne s’agit pas de savoir s’il est « autorisé » d’utiliser telle ou telle formulation (grammaire prescriptive) mais plutôt comment cette formulation va être interprétée (grammaire mentale).

      De façon peut-être un peu surprenante, la grammaire mentale stockée dans notre cerveau ne correspond pas forcément à celle des manuels de grammaire. Lors de la lecture, comme dans beaucoup d’autres tâches, notre cerveau utilise souvent des « raccourcis » plutôt que d’appliquer méthodiquement toutes les règles qui lui ont été enseignées lors de notre scolarité. Ainsi, pour prendre un exemple moins polémique que le masculin générique, la plupart des locuteurs et locutrices du français savent que le substantif « prénom » se décompose en un préfixe (« pré ») suivi d’un radical (« nom ») permettant de retrouver le sens étymologique du mot (« ce qui précède le nom de famille »). Cependant, lorsque nous lisons le mot « prénom », notre cerveau ne le redécompose pas pour en identifier le sens mais le traite plutôt comme un bloc. Il en va de même pour le masculin générique : il existe bien une règle de grammaire « le masculin fait le neutre », mais ce n’est pas cette règle que notre cerveau applique spontanément, qu’on le veuille ou non.

      > Utiliser le langage inclusif ne résoudra pas le problème des discriminations de genre au sein de la société. Il y a d’autres combats à mener.

      Effectivement, l’adoption du langage inclusif a peu de chances de dénouer d’un coup tous les problèmes liés au sexisme, et je ne pense pas que quiconque ait jamais prétendu cela. Il s’agit donc clairement d’un homme de paille rhétorique.

      Il est également important de rappeler que les auteurs et autrices de cette étude ne mènent pas un combat, mais un programme de recherche. Nous ne formulons pas de consignes concernant l’usage de la langue (contrairement à la très conservatrice Académie Française), et notre article se borne à étudier les effets d’une formulation ou d’une autre sur les représentations.

      > Cette expérience porte sur une situation vraiment particulière et peu courante : deux phrases qui s’enchaînent, la première contenant un terme en écriture inclusive et la seconde commençant par « il » ou « elle ». C’est très spécifique, qu’est-ce qui nous dit que ces phénomènes ont lieu de façon générale dans le langage ?

      Le protocole expérimental peut effectivement paraître un peu arbitraire car il s’agit justement d’un protocole, destiné avant tout à mettre en évidence et à mesurer un effet de façon robuste. La psycholinguistique est une science expérimentale et, en tant que telle, elle se concentre sur des situations peut-être peu courantes dans la vie de tous les jours mais qui permettent de tester des phénomènes de façon reproductible.

      Ceci étant précisé, il faut rappeler que la conclusion concernant le masculin générique ne repose pas sur une étude isolée mais sur un corpus de plus d’une trentaine d’études dans différentes langues et utilisant différentes méthodologies, qui sont unanimes sur la mesure d’un biais vers le masculin. Il est très rare d’avoir des résultats aussi cohérents, surtout en sciences cognitives, et cela suggère donc fortement que le phénomène n’est pas limité aux types de phrases ou aux mots utilisés dans l’étude.

      > L’étude montre une différence de temps de traitement de quelques centaines de millisecondes entre le féminin et le masculin, quelle est l’incidence sur la société d’un délai aussi infime ?

      Il s’agit effectivement d’une question importante, qui appelle une réponse en deux temps.

      Tout d’abord, il est tout à fait envisageable que ce délai, même court, puisse influencer certaines prises de décision rapide que nous effectuons dans la vie de tous les jours. On pense en premier lieu à des situations telles que le survol d’offres d’embauche, la sélection d’une candidature pour un poste, la réponse à des questionnaires, autant de situations où il a été montré que l’usage du masculin générique défavorise les femmes.

      Plus fondamentalement, il ne s’agit pas uniquement d’une question de temps de réflexion mais surtout de représentations. La chronométrie mentale (mesure des temps de réponse) est une méthodologie standard en psychologie cognitive permettant de mettre en évidence un déséquilibre dans le traitement par le cerveau de deux conditions expérimentales particulières, par exemple un dans l’accès aux représentations suite à la lecture d’un type de phrases ou d’un autre. Ce déséquilibre se traduit ensuite de multiples façons, selon les situations. Dans le cas du masculin générique, l’exemple le plus frappant en français est certainement l’étude de Markus Brauer et Michaël Landry en 2008 : si l’on demande, sous prétexte d’un sondage politique, de citer « tous les candidats » susceptibles d’accéder au poste de premier ministre, les personnes interrogées mentionnent 3 fois moins de noms de femmes que lorsqu’on leur demande de citer « les candidats et les candidates » à ce poste (Brauer & Landry, 2008). On voit sans peine comment ce déséquilibre dans les représentations peut ensuite avoir un impact sur la société en général. (Voir également la réponse à la question suivante)

      > Ce résultat est absurde : il suffit de réfléchir deux secondes pour comprendre que « les infirmiers » peut désigner un groupe comprenant des infirmières et que « l’athlète » peut être en fait une athlète.

      En effet, nous sommes tout à fait capables de modifier nos représentations spontanées moyennant un court délai de latence. L’étude porte justement sur la mesure de ce délai comme preuve de l’existence d’un biais des représentations spontanées en faveur du masculin.

      Pour citer la métaphore utilisée par Pascal Gygax, Ute Gabriel, et Sandrine Zufferey dans leur ouvrage « Le cerveau pense-t-il au masculin ? » (Gygax et al., 2021) :

      Il faut essayer de s’imaginer le cerveau comme un espace rempli d’une multitude d’ampoules. Quand vous produisez ou entendez un mot (ou une idée), les ampoules qui correspondent à ce mot s’allument. Ces ampoules se réfèrent aussi bien aux lettres du mot qu’à son sens, qu’aux associations qu’il évoque, etc. Le fait est que toutes ces ampoules ne s’allument pas complètement, et en tout cas pas immédiatement. Ainsi, quand vous cherchez un mot pour décrire quelque chose, quelques ampoules vont s’allumer, un peu grésiller peut-être. […] Par exemple si je vous parle d’ « une bière que nous mettons dans la voiture », il est peu probable que vous pensiez tout de suite à un cercueil. Le lien entre « bière » et « boisson » est déjà allumé car ce lien est fréquent. En revanche, maintenant que nous venons de parler de « cercueil » (nous avons activé l’ampoule), si je vous dis que « nous mettons la bière dans la voiture », votre pensée n’est plus la même.

      La mesure des temps de réponses est l’un des outils à la disposition des psycholinguistes pour identifier quelles ampoules mettent du temps à s’allumer. Suite à la lecture d’un mot, il nous est possible, moyennant un peu plus de temps et d’énergie, de nous assurer que les bonnes ampoules sont allumées. Cela ne signifie cependant pas que le biais n’existe pas, mais uniquement que nous avons pris le temps de le compenser.

      Par ailleurs, notez que nous cherchons ici à corriger nos biais spontanés car nous savons que l’expérience porte sur le genre grammatical. Dans la vie de tous les jours, en revanche, nous ne prenons pas toujours le soin de « rectifier le tir » ainsi que l’indique par exemple l’expérience du sondage politique cité plus haut : les répondants et répondantes ne corrigent pas leur biais en faveur des hommes même lorsqu’on leur en laisse le temps.

      > Le point médian est imprononçable.

      Le point médian n’est pas destiné à être prononcé, mais doit être considéré comme une abréviation de la double flexion. À l’oral, le terme « un·e athlète » se prononce donc « un ou une athlète », de la même façon que « M. Durand » se prononce « monsieur Durand ».

      > Le point médian, je trouve ça très laid.

      Libre à vous. L’étude ne s’intéresse pas aux jugements esthétiques mais à la compréhension. Voir également la question suivante.

      > Le point médian devrait être banni car il pose des problèmes de lisibilité / complique la lecture pour les personnes dyslexiques / n’inclut pas les personnes non-binaires.

      Cet article ne prétend pas trancher la question du point médian, qui englobe des dimensions sociologiques et politiques largement hors de notre champ d’expertise, mais uniquement apporter un regard scientifique sur un aspect de la controverse : l’efficacité de différentes formes d’écriture inclusive pour mitiger les biais en faveur du masculin.

      D’autres considérations sont effectivement à prendre en compte pour juger de l’utilité ou non du point médian. Parmi elles, la question de l’inclusion des personnes non-binaires me semble tout à fait pertinente. La question de la lisibilité, en particulier pour les personnes dyslexiques, est également capitale même si, pour l’heure, les données scientifiques sur le sujet sont insuffisantes pour tirer des conclusions. Tant qu’il reste à l’état de conjecture sans fondement factuel, ce dernier argument ressemble singulièrement à un épouvantail agité par les opposants et opposantes de l’écriture inclusive3.

      > En [espagnol/allemand/anglais/italien] le genre grammatical de certains mots est différent du français. On n’a pourtant pas l’impression d’avoir une représentation du monde différente pour autant. Quand je pense à « la table » je ne pense pas à un utérus.

      Notre étude, ainsi que toutes celles que nous citons, ne portent pas sur le genre grammatical des objets mais uniquement des personnes. Il n’existe pas de termes épicènes pour les objets, et il n’y a pas non plus lieu d’utiliser un point médian.

      > L’Académie Française a dit que…

      Malheureusement, l’Académie Française n’a pas d’expertise en la matière : ainsi, à ma connaissance, aucun de ses membres n’est linguiste de formation ni ne publie d’articles dans des revues de linguistique. Je vous invite donc à vous appuyer sur des travaux d’experts et d’expertes reconnues, par exemple ceux du collectif des linguistes atterré·e·s, composé en majeure partie de chercheurs et de chercheuses du domaine.

      Ceci ne doit bien sûr pas laisser penser cependant que les linguistes sont unanimement en faveur de l’écriture inclusive. Certains arguments avancés sont d’ailleurs à mon sens tout à fait pertinents, mais ils sortent du cadre psycholinguistique de notre étude.

      > Il n’existe pas de preuve définitive que ces biais linguistiques ont de véritables conséquences sur la société.

      Un certain nombre d’études se sont intéressées à l’influence de la forme d’écriture dans des situations de lecture plus proches de la vie courante. Il a ainsi été montré que l’usage du masculin générique dans un questionnaire a un effet négatif sur l’évaluation par les répondantes de leur propre efficacité, chez les adultes (Vainapel et al., 2015) comme chez les adolescentes (Chatard-Pannetier et al., 2005), et que les annonces d’emploi rédigées en écriture inclusive aident à considérer la candidature de femmes, en particulier dans les métiers stéréotypés masculins (Gygax & Gabriel, 2008 ; Vervecken et al., 2015). Comme mentionné précédemment, ces effets entrent également en jeu lors de la réponse à des sondages politiques (Brauer & Landry, 2008 ; Stahlberg & Sczesny, 2001), mais aussi lorsqu’il s’agit de citer des acteurs et actrices, chanteurs et chanteuses, héros et héroïnes (Brauer & Landry, 2008 ; Stahlberg et al., 2001), ou encore de se représenter mentalement une personne ou un groupe (Brauer & Landry, 2008 ; Tibblin et al., 2023 ; Xiao et al., 2023).

      On peut discuter du degré de généralité de ces phénomènes, et notamment de s’il convient de les interpréter comme une forme de « déterminisme linguistique ». En revanche, le fait que le masculin générique engendre un biais favorisant les hommes dans un certain nombre de situations de la vie courante est incontestable.

      Conclusion : des objections valables et d’autres non

      La plupart des remarques qui m’ont été adressées reflètent d’authentiques interrogations auxquelles je suis ravi de pouvoir apporter des éléments de réponse. En revanche je note également une certaine mauvaise foi, consciente ou non, de la part d’un petit nombre personnes critiquant le langage inclusif de façon particulièrement bruyante.

      En premier lieu, j’aimerais souligner à nouveau que, contrairement à une idée largement diffusée, le masculin générique n’est pas considéré comme neutre par le cerveau. En l’état actuel des connaissances, l’affirmation que le masculin générique induit un biais des représentations vers le masculin spécifique est un fait établi, faisant l’objet d’un consensus scientifique. Remettre ce point en question s’apparente donc aujourd’hui à de la désinformation. Le fait que de prétendu·e·s expert·e·s n’hésitent pas à s’exprimer sur le sujet sans se donner la peine de se documenter sur les recherches et les données empiriques est révélateur de leur degré d’ « idéologie », pour reprendre un terme souvent utilisé contre les défenseurs et défenseuses de l’écriture inclusive.

      Par ailleurs, parmi les critiques de notre étude, certains et certaines remettent en cause le caractère scientifique de l’approche psycholinguistique en général. Ces personnes se réclament d’un niveau d’exigence scientifique supérieur en demandant un degré de preuve inaccessible (particulièrement aux sciences du vivant) ou des recherches irréalisables, et en affirmant que l’existence d’autres facteurs non pris en compte invalide le domaine d’étude. Ce comportement est la marque d’un biais de non-confirmation, qui consiste à fixer des normes plus strictes, voire inatteignables, pour les hypothèses qui vont à l’encontre de nos attentes : à vrai dire, les mêmes critiques pourraient être utilisées pour disqualifier l’intégralité des recherches en sciences cognitives, y compris les plus communément admises comme l’existence de biais cognitifs. Dans son livre « Le Sexe et la Langue » consacré à la dénonciation de l’écriture inclusive comme « manipulation militante prenant la langue en otage d’une manœuvre d’intimidation idéologique », le linguiste Jean Szlamowicz consacre quelques pages aux données psycholinguistiques. S’il concède du bout des lèvres que « certains chercheurs en psycholinguistique tentent des « expériences » pour prouver cette activation de représentations [de représentations masculines] », c’est pour préciser immédiatement que « quelle que soit l’expérience, on arrivera toujours à produire des chiffres et des corrélations ». Ceci illustre bien la stratégie consistant à disqualifier tout un champ de recherche dès lors que certains de ses résultats ne vont pas dans le sens de nos convictions.

      Ces deux attitudes consistant à nier un consensus scientifique, soit par simple omission soit en rejetant comme non-scientifique un domaine d’étude vieux de plus d’un siècle, rappellent les arguments du climato-négationnisme et d’autres formes de dénialisme. Avec de tels « inclusivo-sceptiques », la polémique sur le point médian a peu de chance de s’apaiser.

      Illustration : Photographie de Lawrence Schwartzwald « Reading Series – three women reading on a park bench in Washington square Park, October 4, 2013″.

      Références

      Brauer, M., & Landry, M. (2008). Un ministre peut-il tomber enceinte  ? L’impact du générique masculin sur les représentations mentales. L’Année psychologique, 108(2), 243‑272.

      Chatard-Pannetier, A., Guimont, S., & Martinot, D. (2005). Impact de la féminisation lexicale des professions sur l’auto-efficacité des élèves  : Une remise en cause de l’universalisme masculin  ? L’Année psychologique, 105(2), 249‑272. https://doi.org/10.3406/psy.2005.29694

      Gygax, P., & Gabriel, U. (2008). Can a Group of Musicians be Composed of Women ? Generic Interpretation of French Masculine Role Names in the Absence and Presence of Feminine Forms. Swiss Journal of Psychology, 67(3), 143‑151. https://doi.org/10.1024/1421-0185.67.3.143

      Gygax, P., Zufferey, S., & Gabriel, U. (2021). Le cerveau pense-t-il au masculin  ?  : Cerveau, langage et représentations sexistes. Le Robert.

      Stahlberg, D., & Sczesny, S. (2001). Effekte des generischen Maskulinums und alternativer Sprachformen auf den gedanklichen Einbezug von Frauen. [Effect of the generic use of the masculine pronoun and alternative forms of speech on the cognitive visibility of women.]. Psychologische Rundschau, 52, 131‑140. https://doi.org/10.1026/0033-3042.52.3.131

      Stahlberg, D., Sczesny, S., & Braun, F. (2001). Name Your Favorite Musician  : Effects of Masculine Generics and of their Alternatives in German. Journal of Language and Social Psychology, 20(4), 464‑469. https://doi.org/10.1177/0261927X01020004004

      Tibblin, J., Weijer, J. van de, Granfeldt, J., & Gygax, P. (2023). There are more women in joggeur·euses than in joggeurs  : On the effects of gender-fair forms on perceived gender ratios in French role nouns. Journal of French Language Studies, 33(1), 28‑51. https://doi.org/10.1017/S0959269522000217

      Vainapel, S., Shamir, O. Y., Tenenbaum, Y., & Gilam, G. (2015). The dark side of gendered language  : The masculine-generic form as a cause for self-report bias. Psychological Assessment, 27(4), 1513‑1519. https://doi.org/10.1037/pas0000156

      Vervecken, D., Gygax, P., Gabriel, U., Guillod, M., & Hannover, B. (2015). Warm-hearted businessmen, competitive housewives ? Effects of gender-fair language on adolescents’ perceptions of occupations. Frontiers in Psychology, 6. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01437

      Xiao, H., Strickland, B., & Peperkamp, S. (2023). How Fair is Gender-Fair Language ? Insights from Gender Ratio Estimations in French. Journal of Language and Social Psychology, 42(1), 82‑106. https://doi.org/10.1177/0261927X221084643

      http://dbao.leo-varnet.fr/2023/12/19/reponse-aux-reactions-sur-lecriture-inclusive

      #réponses #FAQ #arguments #argumentaire

    • Langage inclusif : pour le #cerveau, le neutre n’est pas neutre

      Il est désormais bien établi que l’utilisation du masculin générique engendre des représentations mentales déséquilibrées en faveur du masculin. Pour autant, toutes les formes d’écriture inclusive sont-elles aussi efficaces pour contrer ce biais ? Dans une étude récente parue dans la revue Frontiers in Psychology, une équipe de scientifiques a démontré que les formulations neutres, sans marque de genre grammatical, ne permettent pas d’éliminer complètement le biais vers le masculin, au contraire des formes doubles qui mentionnent à la fois le masculin et le féminin.

      Depuis quelques décennies, le langage inclusif suscite régulièrement de vifs débats de société. Dans ce contexte, la psycholinguistique — la science qui s’intéresse à la compréhension du langage par le cerveau — permet d’apporter un regard scientifique sur certains aspects de ce sujet polémique.

      Jusqu’à présent, les recherches dans le domaine se sont essentiellement concentrées sur les effets du masculin générique : par exemple, dire « les chanteurs » pour désigner un groupe composé de femmes et d’hommes. De nombreuses études ont montré de façon répétée et dans plusieurs langues que, même si la grammaire autorise une interprétation générique du masculin, cette règle engendre dans notre cerveau des représentations mentales majoritairement masculines. En parallèle, d’autres travaux comparant le masculin générique avec différentes formes de langage inclusif ont conclu que ce dernier permettait de susciter des représentations moins biaisées en faveur du masculin. Dans leur étude, Léo Varnet, chargé de recherche CNRS au Laboratoire des systèmes perceptifs1 , Elsa Spinelli, membre du Laboratoire de psychologie et de neurocognition2 et Jean-Pierre Chevrot, membre du Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles3 , ont exploré plus avant les différences entre deux stratégies d’écriture inclusive : la neutralisation du genre (par exemple, dire « les choristes » au lieu de « les chanteurs ») et la re-féminisation (par exemple : « les chanteurs et les chanteuses », ou « les chanteur·euse·s » en utilisant le point médian).

      Cette étude s’appuie sur un protocole expérimental particulier permettant de détecter des différences fines dans le temps mis par le cerveau pour traiter le genre des mots. Une liste de vingt-deux mots épicènes — c’est-à-dire sans marque de genre grammatical — commençant par une voyelle et non-stéréotypés a été sélectionnée, parmi lesquels « enfant », « adulte », ou encore « architecte ». Deux phrases étaient présentées successivement aux participants et participantes de l’expérience, qui devaient juger si la seconde phrase, commençant par « il » ou « elle », était une continuation correcte de la première. Cette première phrase contenait l’un des mots épicènes, soit dans une forme neutre (par exemple : « L’architecte surveille les travaux en cours »), soit dans une forme double utilisant le point médian (par exemple : « Un·e architecte surveille les travaux en cours »). Les scientifiques ont étudié en particulier le temps nécessaire au cerveau pour conclure que la seconde phrase commençant par « il » ou « elle » était compatible avec la première.

      Les résultats de la première expérience indiquent que les formes neutres ne permettent pas de contrecarrer totalement le biais en faveur du masculin. Ainsi, par exemple, le mot « l’adulte » n’a pas de genre grammatical défini, pourtant les participants et participantes de l’étude l’interprètent plus facilement comme un adulte de genre masculin, et mettent donc légèrement plus de temps à identifier qu’il peut également s’agir d’une adulte. Ceci indique que, même en l’absence de toute marque de genre, notre cerveau présente un biais par défaut en faveur du masculin. Les auteurs et autrices de l’étude proposent plusieurs interprétations en soulignant notamment que les termes épicènes sont majoritairement employés au masculin (ainsi, « enfant » est souvent employé dans des phrases reposant sur le masculin générique comme « Ils attendent un enfant »). Ceci pourrait expliquer pourquoi les locuteurs et locutrices du français ont ensuite tendance à associer majoritairement les termes épicènes au genre masculin.

      Dans un second temps, la même expérience a été reproduite en utilisant cette fois le point médian. Les résultats obtenus indiquent que le déséquilibre de temps de traitement entre le masculin et le féminin était alors totalement éliminé : la présence explicite des marques masculine et féminine force le cerveau à considérer les deux alternatives.

      Cette étude éclaire à quel point le cerveau est profondément affecté par le biais de genre dans le langage : il tend à présupposer le masculin même face à des phrases n’employant pas le masculin générique. La stratégie de re-féminisation qui fait apparaître les formes masculines et féminines des mots (par exemple, « Françaises, Français ») apparaît donc la plus efficace pour susciter des représentations mentales équilibrées.

      https://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/langage-inclusif-pour-le-cerveau-le-neutre-nest-pas-neutre

      signalé ici (@touti)
      https://seenthis.net/messages/1023975

  • F-Shape Pattern And How Users Read — Smashing Magazine
    https://www.smashingmagazine.com/2024/04/f-shape-pattern-how-users-read

    length is not the problem — lack of rhythm is.

    – Users spend 80% of time viewing the left half of a page.
    – They read horizontally, then skip to content below.
    – Scanning is often inefficient as users miss large chunks of content and skip key details.
    – Good formatting reduces the impact of F-scanning.
    – Add heading and subheadings for structured scanning.
    – Show keywords and key points early in your headings to improve scanning.
    – For engagement, alternate sizes, spacing, patterns.
    – For landing pages, alternate points of interest.
    – Visually group small chunks of related content.
    – Keep headers floating in large, complex data tables.
    – Add useful visuals to give users points to anchor to.
    – Horizontal attention leans left: favor top/left navigation

    #web #scroll #arguments

    • Trigger Warnings | Centre for Teaching Excellence

      A trigger warning is a statement made prior to sharing potentially disturbing content. That content might include graphic references to topics such as #sexual_abuse, #self-harm, #violence, #eating_disorders, and so on, and can take the form of an #image, #video_clip, #audio_clip, or piece of #text. In an #academic_context, the #instructor delivers these messages in order to allow students to prepare emotionally for the content or to decide to forgo interacting with the content.

      Proponents of trigger warnings contend that certain course content can impact the #wellbeing and #academic_performance of students who have experienced corresponding #traumas in their own lives. Such students might not yet be ready to confront a personal #trauma in an academic context. They choose to #avoid it now so that they can deal with it more effectively at a later date – perhaps after they have set up necessary #resources, #supports, or #counselling. Other students might indeed be ready to #confront a personal trauma in an academic context but will benefit from a #forewarning of certain topics so that they can brace themselves prior to (for example) participating in a #classroom discussion about it. Considered from this perspective, trigger warnings give students increased #autonomy over their learning, and are an affirmation that the instructor #cares about their wellbeing.

      However, not everyone agrees that trigger warnings are #necessary or #helpful. For example, some fear that trigger warnings unnecessarily #insulate students from the often harsh #realities of the world with which academics need to engage. Others are concerned that trigger warnings establish a precedent of making instructors or universities legally #responsible for protecting students from #emotional_trauma. Still others argue that it is impossible to anticipate all the topics that might be potentially triggering for students.

      Trigger warnings do not mean that students can exempt themselves from completing parts of the coursework. Ideally, a student who is genuinely concerned about being #re-traumatized by forthcoming course content would privately inform the instructor of this concern. The instructor would then accommodate the student by proposing #alternative_content or an alternative learning activity, as with an accommodation necessitated by a learning disability or physical disability.

      The decision to preface potentially disturbing content with a trigger warning is ultimately up to the instructor. An instructor who does so might want to include in the course syllabus a preliminary statement (also known as a “#content_note”), such as the following:

      Our classroom provides an open space for the critical and civil exchange of ideas. Some readings and other content in this course will include topics that some students may find offensive and/or traumatizing. I’ll aim to #forewarn students about potentially disturbing content and I ask all students to help to create an #atmosphere of #mutual_respect and #sensitivity.

      Prior to introducing a potentially disturbing topic in class, an instructor might articulate a #verbal_trigger_warning such as the following:

      Next class our discussion will probably touch on the sexual assault that is depicted in the second last chapter of The White Hotel. This content is disturbing, so I encourage you to prepare yourself emotionally beforehand. If you believe that you will find the discussion to be traumatizing, you may choose to not participate in the discussion or to leave the classroom. You will still, however, be responsible for material that you miss, so if you leave the room for a significant time, please arrange to get notes from another student or see me individually.

      A version of the foregoing trigger warning might also preface written materials:

      The following reading includes a discussion of the harsh treatment experienced by First Nations children in residential schools in the 1950s. This content is disturbing, so I encourage everyone to prepare themselves emotionally before proceeding. If you believe that the reading will be traumatizing for you, then you may choose to forgo it. You will still, however, be responsible for material that you miss, so please arrange to get notes from another student or see me individually.

      Trigger warnings, of course, are not the only answer to disturbing content. Instructional #strategies such as the following can also help students approach challenging material:

      – Give your students as much #advance_notice as possible about potentially disturbing content. A day’s notice might not be enough for a student to prepare emotionally, but two weeks might be.

      – Try to “scaffold” a disturbing topic to students. For example, when beginning a history unit on the Holocaust, don’t start with graphic photographs from Auschwitz. Instead, begin by explaining the historical context, then verbally describe the conditions within the concentration camps, and then introduce the photographic record as needed. Whenever possible, allow students to progress through upsetting material at their own pace.

      – Allow students to interact with disturbing material outside of class. A student might feel more vulnerable watching a documentary about sexual assault while in a classroom than in the security of his or her #home.

      – Provide captions when using video materials: some content is easier to watch while reading captions than while listening to the audio.

      – When necessary, provide written descriptions of graphic images as a substitute for the actual visual content.

      – When disturbing content is under discussion, check in with your students from time to time: #ask them how they are doing, whether they need a #break, and so on. Let them know that you are aware that the material in question is emotionally challenging.

      – Advise students to be #sensitive to their classmates’ #vulnerabilities when they are preparing class presentations.

      – Help your students understand the difference between emotional trauma and #intellectual_discomfort: the former is harmful, as is triggering it in the wrong context (such as in a classroom rather than in therapy); the latter is fundamental to a university education – it means our ideas are being challenged as we struggle to resolve cognitive dissonance.

      https://uwaterloo.ca/centre-for-teaching-excellence/trigger

    • Why Trigger Warnings Don’t Work

      Because trauma #survivors’ #memories are so specific, increasingly used “trigger warnings” are largely #ineffective.

      Fair warning labels at the beginning of movie and book reviews alert the reader that continuing may reveal critical plot points that spoil the story. The acronym NSFW alerts those reading emails or social media posts that the material is not suitable for work. The Motion Picture Association of America provides film ratings to advise about content so that moviegoers can make informed entertainment choices for themselves and their children.

      Enter stage right: Trigger warning.

      A trigger warning, most often found on #social_media and internet sites, alerts the reader that potentially upsetting information may follow. The words trigger warning are often followed by a subtitle such as *Trigger warning: This may be triggering to those who have struggled with _________. Fill in the blank. #Domestic_abuse. #Rape. #Body_image. #Needles. #Pregnancy.

      Trigger warnings have become prevalent online since about 2012. Victim advocate Gayle Crabtree reports that they were in use as early as 1996 in chat rooms she moderated. “We used the words ‘trigger warning,’ ‘#tw,’ ‘#TW,’ and ‘trigger’ early on. …This meant the survivor could see the warning and then decide if she or he wanted to scroll down for the message or not.” Eventually, trigger warnings spread to social media sites including #Tumblr, #Twitter, and #Facebook.

      The term seems to have originated from the use of the word “trigger” to indicate something that cues a #physiological_response, the way pollen may trigger an allergy attack. A trigger in a firearm is a lever that activates the sequence of firing a gun, so it is not surprising that the word was commandeered by those working in the field of #psychology to indicate objects and sensations that cause neurological firing in the brain, which in turn cause #feelings and #thoughts to occur.

      Spoiler alerts allow us to enjoy the movie or book as it unfolds without being influenced by knowledge about what comes next. The NSFW label helps employees comply with workplace policies that prohibit viewing sexually explicit or profane material. Motion picture ratings enable viewers to select movies they are most likely to find entertaining. Trigger warnings, on the other hand, are “designed to prevent people who have an extremely strong and damaging emotional response… to certain subjects from encountering them unaware.”

      Say what?

      Say hogwash!

      Discussions about trigger warnings have made headlines in the New Yorker, the Los Angeles Times, the Guardian, the New Republic, and various other online and print publications. Erin Dean writes that a trigger “is not something that offends one, troubles one, or angers one; it is something that causes an extreme involuntary reaction in which the individual re-experiences past trauma.”

      For those individuals, it is probably true that coming across material that reminds them of a traumatic event is going to be disturbing. Dean’s definition refers to involuntary fear and stress responses common in individuals with Post Traumatic Stress Disorder characterized by intrusive memories, thoughts, or dreams; intense distress at cues that remind the individual of the event; and reactivity to situations, people, or objects that symbolize the event. PTSD can result from personal victimization, accidents, incarceration, natural disasters, or any unexpected injury or threat of injury or death. Research suggests that it results from a combination of genetic predisposition, fear conditioning, and neural and physiological responses that incorporate the body systems and immunological responses. Current theories suggest that PTSD represents “the failure to recover from the normal effects of trauma.” In other words, anyone would be adversely affected by trauma, but natural mechanisms for healing take place in the majority of individuals. The prevalence of PTSD ranges from 1.9 percent in Europe to 3.5 percent in the United States.

      The notion that trigger warnings should be generalized to all social media sites, online journals, and discussion boards is erroneous.

      Some discussions have asserted that because between one in four and one in five women have been sexually abused, trigger warnings are necessary to protect vast numbers of victims from being re-traumatized. However, research shows that the majority of trauma-exposed persons do not develop PTSD. This does not mean they aren’t affected by trauma, but that they do not develop clinically significant symptoms, distress, or impairment in daily functioning. The notion that trigger warnings should be generalized to all social media sites, online journals, and discussion boards is erroneous. Now some students are pushing for trigger warnings on college class syllabi and reading lists.

      But what?

      Balderdash!

      But wait, before people get all riled up, I’d like to say that yes, I have experienced trauma in my life.

      I wore a skirt the first time George hit me. I know this because I remember scrunching my skirt around my waist and balancing in heels while I squatted over a hole in the concrete floor to take a piss. We were in Tijuana. The stench of excrement made my stomach queasy with too much tequila. I wanted to retch.

      We returned to our hotel room. I slid out of my blouse and skirt. He stripped to nothing and lay on the double bed. He was drinking Rompope from the bottle, a kind of Mexican eggnog: strong, sweet, and marketed for its excellent spunk. It’s a thick yellow rum concoction with eggs, sugar, and almond side notes. George wanted to have sex. We bickered and argued as drunks sometimes do. I said something — I know this because I always said something — and he hit me. He grabbed me by the hair and hit me again. “We’re going dancing,” he said.

      “I don’t feel like dancing — “

      “Fine. Stay.”

      The world was tilting at an angle I didn’t recognize. The mathematician Matt Tweed writes that atoms are made up of almost completely empty space. To grasp the vast nothingness, he asks the reader to imagine a cat twirling a bumblebee on the end of a half-mile long string. That’s how much emptiness there is between the nucleus and the electron. There was more space than that between George and me. I remember thinking: I am in a foreign country. I don’t speak Spanish. I have no money. We went dancing.

      Labeling a topic or theme is useless because of the way our brains work. The labels that we give trauma (assault, sexual abuse, rape) are not the primary source of triggers. Memories are, and not just memories, but very specific, insidious, and personally individualized details lodged in our brain at the time of the trauma encoded as memory. Details can include faces, places, sounds, smells, tastes, voices, body positions, time of day, or any other sensate qualities that were present during a traumatic incident.

      If I see a particular shade of yellow or smell a sickly sweet rum drink, I’m reminded of my head being yanked by someone who held a handful of my hair in his fist. A forest green Plymouth Duster (the car we drove) will too. The word assault does not. The words domestic violence don’t either. The specificity of details seared in my mind invokes memory.

      Last year a driver slammed into the back of my car on the freeway. The word tailgate is not a trigger. Nor is the word accident. The flash of another car suddenly encroaching in my rearview mirror is. In my mid-20s, I drove my younger sister (sobbing, wrapped in a bed sheet) to the hospital where two male officers explained they were going to pluck her pubic hair for a rape kit. When I see tweezers in a hospital, I flash back to that awful moment. For my sister, other things may be triggers: the moonlight shining on the edge of a knife. The shadow of a person back lit in a doorway. An Hispanic man’s accent. If we were going to insist on trigger warnings that work, they would need to look something like this:

      Trigger warning: Rompope.

      Trigger warning: a woman wrapped in a bed sheet.

      Trigger warning: the blade of a knife.

      The variability of human #perception and traumatic recall makes it impossible to provide the necessary specificity for trigger warnings to be effective. The nature of specificity is, in part, one reason that treatment for traumatic memories involves safely re-engaging with the images that populate the survivor’s memory of the event. According to Dr. Mark Beuger, an addiction psychiatrist at Deerfield Behavioral Health of Warren (PA), the goal of PTSD treatment is “to allow for processing of the traumatic experience without becoming so emotional that processing is impossible.” By creating a coherent narrative of the past event through telling and retelling the story to a clinician, survivors confront their fears and gain mastery over their thoughts and feelings.

      If a survivor has had adequate clinical support, they could engage online with thoughts or ideas that previously had been avoided.

      According to the National Center for Health, “#Avoidance is a maladaptive #control_strategy… resulting in maintenance of perceived current threat. In line with this, trauma-focused treatments stress the role of avoidance in the maintenance of PTSD. Prolonged exposure to safe but anxiety-provoking trauma-related stimuli is considered a treatment of choice for PTSD.” Avoidance involves distancing oneself from cues, reminders, or situations that remind one of the event that can result in increased #social_withdrawal. Trigger warnings increase social withdrawal, which contributes to feelings of #isolation. If a survivor who suffers from PTSD has had adequate clinical support, they could engage online with thoughts or ideas that previously had been avoided. The individual is in charge of each word he or she reads. At any time, one may close a book or click a screen shut on the computer. What is safer than that? Conversely, trigger warnings perpetuate avoidance. Because the intrusive memories and thoughts are internal, trigger warnings suggest, “Wait! Don’t go here. I need to protect you from yourself.”

      The argument that trigger warnings help to protect those who have suffered trauma is false. Most people who have experienced trauma do not require preemptive protection. Some may argue that it would be kind to avoid causing others distress with upsetting language and images. But is it? Doesn’t it sometimes take facing the horrific images encountered in trauma to effect change in ourselves and in the world?

      A few weeks ago, I came across a video about Boko Haram’s treatment of a kidnapped schoolgirl. The girl was blindfolded. A man was digging a hole in dry soil. It quickly became evident, as he ushered the girl into the hole, that this would not end well. I felt anxious as several men began shoveling soil in around her while she spoke to them in a language I could not understand. I considered clicking away as my unease and horror grew. But I also felt compelled to know what happened to this girl. In the 11-minute video, she is buried up to her neck.

      All the while, she speaks to her captors, who eventually move out of the frame of the scene. Rocks begin pelting the girl’s head. One after the other strikes her as I stared, horrified, until finally, her head lay motionless at an angle that could only imply death. That video (now confirmed to be a stoning in Somalia rather than by Boko Haram) forever changed my level of concern about young girls kidnapped in other countries.

      We are changed by what we #witness. Had the video contained a trigger warning about gruesome death, I would not have watched it. Weeks later, I would have been spared the rush of feelings I felt when a friend posted a photo of her daughter playfully buried by her brothers in the sand. I would have been spared knowing such horrors occur. But would the world be a better place for my not knowing? Knowledge helps us prioritize our responsibilities in the world. Don’t we want engaged, knowledgeable citizens striving for a better world?

      Recently, the idea of trigger warnings has leapt the gulch between social media and academic settings. #Universities are dabbling with #policies that encourage professors to provide trigger warnings for their classes because of #complaints filed by students. Isn’t the syllabus warning enough? Can’t individual students be responsible for researching the class content and reading #materials before they enroll? One of the benefits of broad exposure to literature and art in education is Theory of Mind, the idea that human beings have the capacity to recognize and understand that other people have thoughts and desires that are different from one’s own. Do we want #higher_education to comprise solely literature and ideas that feel safe to everyone? Could we even agree on what that would be?

      Art occurs at the intersection of experience and danger. It can be risky, subversive, and offensive. Literature encompasses ideas both repugnant and redemptive. News about very difficult subjects is worth sharing. As writers, don’t we want our readers to have the space to respond authentically to the story? As human beings, don’t we want others to understand that we can empathize without sharing the same points of view?

      Trigger warnings fail to warn us of the very things that might cause us to remember our trauma. They insulate. They cause isolation. A trigger warning says, “Be careful. This might be too much for you.” It says, “I don’t trust you can handle it.” As a reader, that’s not a message I want to encounter. As a writer, that is not the message I want to convey.

      Trigger warnings?

      Poppycock.

      http://www.stirjournal.com/2014/09/15/trigger-what-why-trigger-warnings-dont-work

    • Essay on why a professor is adding a trigger warning to his #syllabus

      Trigger warnings in the classroom have been the subject of tremendous #debate in recent weeks, but it’s striking how little the discussion has contemplated what actual trigger warnings in actual classrooms might plausibly look like.

      The debate began with demands for trigger warnings by student governments with no power to compel them and suggestions by #administrators (made and retracted) that #faculty consider them. From there the ball was picked up mostly by observers outside higher ed who presented various #arguments for and against, and by professors who repudiated the whole idea.

      What we haven’t heard much of so far are the voices of professors who are sympathetic to the idea of such warnings talking about what they might look like and how they might operate.

      As it turns out, I’m one of those professors, and I think that discussion is long overdue. I teach history at Hostos Community College of the City University of New York, and starting this summer I’m going to be including a trigger warning in my syllabus.

      I’d like to say a few things about why.

      An Alternative Point of View

      To start off, I think it’s important to be clear about what trigger warnings are, and what purpose they’re intended to serve. Such warnings are often framed — and not just by critics — as a “you may not want to read this” notice, one that’s directed specifically at survivors of trauma. But their actual #purpose is considerably broader.

      Part of the confusion arises from the word “trigger” itself. Originating in the psychological literature, the #term can be misleading in a #non-clinical context, and indeed many people who favor such warnings prefer to call them “#content_warnings” for that reason. It’s not just trauma survivors who may be distracted or derailed by shocking or troubling material, after all. It’s any of us, and a significant part of the distraction comes not from the material itself but from the context in which it’s presented.

      In the original cut of the 1933 version of the film “King Kong,” there was a scene (depicting an attack by a giant spider) that was so graphic that the director removed it before release. He took it out, it’s said, not because of concerns about excessive violence, but because the intensity of the scene ruined the movie — once you saw the sailors get eaten by the spider, the rest of the film passed by you in a haze.

      A similar concern provides a big part of the impetus for content warnings. These warnings prepare the reader for what’s coming, so their #attention isn’t hijacked when it arrives. Even a pleasant surprise can be #distracting, and if the surprise is unpleasant the distraction will be that much more severe.

      I write quite a bit online, and I hardly ever use content warnings myself. I respect the impulse to provide them, but in my experience a well-written title and lead paragraph can usually do the job more effectively and less obtrusively.

      A classroom environment is different, though, for a few reasons. First, it’s a shared space — for the 75 minutes of the class session and the 15 weeks of the semester, we’re pretty much all #stuck with one another, and that fact imposes #interpersonal_obligations on us that don’t exist between writer and reader. Second, it’s an interactive space — it’s a #conversation, not a monologue, and I have a #responsibility to encourage that conversation as best I can. Finally, it’s an unpredictable space — a lot of my students have never previously encountered some of the material we cover in my classes, or haven’t encountered it in the way it’s taught at the college level, and don’t have any clear sense of what to expect.

      For all these reasons, I’ve concluded that it would be sound #pedagogy for me to give my students notice about some of the #challenging_material we’ll be covering in class — material relating to racial and sexual oppression, for instance, and to ethnic and religious conflict — as well as some information about their rights and responsibilities in responding to it. Starting with the summer semester, as a result, I’ll be discussing these issues during the first class meeting and including a notice about them in the syllabus.

      My current draft of that notice reads as follows:

      Course Content Note

      At times this semester we will be discussing historical events that may be disturbing, even traumatizing, to some students. If you ever feel the need to step outside during one of these discussions, either for a short time or for the rest of the class session, you may always do so without academic penalty. (You will, however, be responsible for any material you miss. If you do leave the room for a significant time, please make arrangements to get notes from another student or see me individually.)

      If you ever wish to discuss your personal reactions to this material, either with the class or with me afterwards, I welcome such discussion as an appropriate part of our coursework.

      That’s it. That’s my content warning. That’s all it is.

      I should say as well that nothing in these two paragraphs represents a change in my teaching practice. I have always assumed that if a student steps out of the classroom they’ve got a good reason, and I don’t keep tabs on them when they do. If a student is made uncomfortable by something that happens in class, I’m always glad when they come talk to me about it — I’ve found we usually both learn something from such exchanges. And of course students are still responsible for mastering all the course material, just as they’ve always been.

      So why the note, if everything in it reflects the rules of my classroom as they’ve always existed? Because, again, it’s my job as a professor to facilitate class discussion.

      A few years ago one of my students came to talk to me after class, distraught. She was a student teacher in a New York City junior high school, working with a social studies teacher. The teacher was white, and almost all of his students were, like my student, black. That week, she said, one of the classes had arrived at the point in the semester given over to the discussion of slavery, and at the start of the class the teacher had gotten up, buried his nose in his notes, and started into the lecture without any introduction. The students were visibly upset by what they were hearing, but the teacher just kept going until the end of the period, at which point he finished the lecture, put down his papers, and sent them on to math class.

      My student was appalled. She liked these kids, and she could see that they were hurting. They were angry, they were confused, and they had been given nothing to do with their #emotions. She asked me for advice, and I had very little to offer, but I left our meeting thinking that it would have been better for the teacher to have skipped that material entirely than to have taught it the way he did.

      History is often ugly. History is often troubling. History is often heartbreaking. As a professor, I have an #obligation to my students to raise those difficult subjects, but I also have an obligation to raise them in a way that provokes a productive reckoning with the material.

      And that reckoning can only take place if my students know that I understand that this material is not merely academic, that they are coming to it as whole people with a wide range of experiences, and that the journey we’re going on #together may at times be #painful.

      It’s not coddling them to acknowledge that. In fact, it’s just the opposite.

      https://www.insidehighered.com/views/2014/05/29/essay-why-professor-adding-trigger-warning-his-syllabus

  • Suisse : Accord de #partenariat_économique avec l’Indonésie

    Le 7 mars 2021, les citoyennes et les citoyens suisses vont s’exprimer sur l’Accord de partenariat économique avec l’Indonésie.

    L’explication officielle :
    https://www.youtube.com/watch?v=bHPqiRx8vwo&feature=emb_logo

    L’objet en bref

    La Suisse accède aux marchés étrangers grâce à une série d’accords qui facilitent les échanges et les relations économiques, ce qui garantit la prospérité de notre pays. Récemment, elle a négocié un accord avec l’Indonésie, pays en pleine croissance, le quatrième le plus peuplé du monde (271 millions d’habitants) : l’objectif est de réduire les droits de douane et les obstacles au commerce en facilitant les échanges import/export entre les deux pays.

    Un référendum a été lancé contre cet accord. La pomme de discorde est la réduction prévue des droits de douane sur l’huile de palme. Le comité référendaire est d’avis que les contrôles et les sanctions prévus seront inefficaces. Il estime qu’on ne peut pas se fier au gouvernement indonésien et que l’huile de palme produite à bas coût est dommageable pour l’écosystème indonésien, sans compter qu’elle fait concurrence aux produits suisses que sont l’huile de colza, l’huile de tournesol ou le beurre.

    Le Conseil fédéral et le Parlement sont en revanche d’avis que l’accord avec l’Indonésie, y compris pour ce qui est de l’huile de palme, sert non seulement les intérêts économiques des deux pays, mais contribue encore de manière importante au développement durable. Il n’y aura en effet aucune réduction des #droits_de_douane pour l’huile de palme indonesienne si les droits de l’homme et de strictes exigences relatives à l’environnement ne sont pas respectés. À cette fin, il est obligatoire de présenter des preuves correspondantes.

    https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/votations/20210307/accord-de-partenariat-economique-avec-l-indonesie.html

    #accord_de_libre-échange #libre-échange #Suisse #Indonésie #votation #huile_de_palme #commerce #référendum #déforestation #arguments

  • La réponse de l’hébergeur à la bergère
    https://framablog.org/2020/04/19/la-reponse-de-lhebergeur-a-la-bergere

    …ou considérations pratiques à l’attention des hébergeurs qui reçoivent une demande de retrait de contenu L’association Scenari dont je suis membre a reçu un mail de la directrice juridique d’un important éditeur de manuels scolaires (que j’appellerai Éditions X), intitulé … Lire la suite­­

    #CHATONS #Droits_numériques #Internet_et_société #Libertés_Numériques #arguments #contenus #Directive #droit #Droits #Éducation #Européenne #Internet #LCEN #Loi

  • Perverse #arguments from Israel’s perverse lobby | The Electronic Intifada
    https://electronicintifada.net/blogs/david-cronin/perverse-arguments-israels-perverse-lobby
    https://electronicintifada.net/sites/default/files/styles/medium/public/pictures/picture-44-1316022880.jpg

    L’Iran envoie UN jour UN drone en Israël ? C’est qu’elle prépare un génocide.

    Israël envoie tous les jours et plusieurs fois par jour DES drones et DES avions au-dessus du territoire libanais ? C’est pour prévenir un génocide.

    Schwammenthal failed to remind his readers that Israel’s “medical help” has been somewhat selective. It has treated wounded fighters from Jabhat al-Nusra, a group affiliated to #al-Qaida, so that they can return to the war. Israel, therefore, has been helping terrorists, not running a charity.

    #Israel #chutzpah

  • Valeurs par #défaut des #arguments - #JavaScript | #MDN
    https://developer.mozilla.org/fr/docs/Web/JavaScript/Reference/Fonctions/Valeurs_par_d%C3%A9faut_des_arguments

    En JavaScript, par défaut, la valeur des paramètres d’une fonction sera undefined. Malgré tout, il peut être assez utile de pouvoir définir d’autres valeurs par défaut.

    Auparavant, pour définir une valeur par défaut pour un paramètre, il fallait tester s’il valait undefined et lui affecter une valeur choisie le cas échéant. Dans l’exemple qui suit, le paramètre b n’a pas de valeur fournie lors de l’appel, aussi si on avait utilisé undefined dans la multiplication, la valeur retournée aurait été NaN. Aussi, dans la deuxième ligne du code, on prévoit ce cas :

    function multiplier(a, b) {
    var b = typeof b !== ’undefined’ ? b : 1 ;
    return a*b ;
    }
    multiplier(5) ; // 5

    Grâce aux paramètres par défaut qui existent depuis ECMAScript 2015 (ES6), on peut se passer de cette vérification et alléger le code de la fonction :

    function multiplier(a, b = 1) {
    return a*b ;
    }
    multiplier(5) ; // 5

    L’ancienne méthode pour disposer d’ne valeur par défaut pour les paramètres d’une fonction javascript.
    NB : #iphone_4 ne comprend pas la syntaxe actuelle (qui donne une erreur javascript) et nécessite donc la forme « old style »

  • Travail du dimanche : Leroy-Merlin le désenchanteur | Christophe Najdovski
    http://www.huffingtonpost.fr/christophe-najdovski/travail-dimanche-leroy-merlin_b_4028268.html

    Branle-bas de combat ! Les grandes enseignes du bricolage, Leroy-Merlin et Castorama, sonnent la charge contre l’interdiction du travail dominical et défient la loi pour, disent-elles, « ne pas pénaliser nos équipes et nos clients ». Ce serait donc par pur altruisme que les chevaliers de la table de bricolage auraient levé leurs armées de salariés et de citoyens bricoleurs. Sus au code du travail archaïque et sus à une loi dite incompréhensible alors qu’elle leur interdit clairement d’ouvrir le dimanche ! Pourtant, pour ne pas pénaliser équipes et clients, n’y aurait-il d’autres moyens que de défier la justice ? Pourquoi en effet contraindre les employés à solliciter un jour de travail supplémentaire pour arrondir leurs fins de mois ? Quant aux clients, sont-ils tant pénalisés si on les prive, un jour par semaine, de la tentation de faire des dépenses ?

    La quête de Leroy-Merlin et de Castorama manque ainsi singulièrement de sincérité et il paraît évident qu’ils n’ont d’autre graal que de vendre leur marchandise et d’augmenter leur chiffre d’affaire.

    #travail_dominical
    #altruisme
    #Leroy-Merlin
    #Castorama
    #contraintes ( implicites )
    #arguments

  • Les idées fausses, ça suffit ! - Mouvement ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde France
    http://www.atd-quartmonde.fr/Les-idees-fausses-ca-suffit

    Nous vous invitons à déconstruire des préjugés et des stéréotypes répandus sur la pauvreté et les pauvres, afin que ceux-ci cessent d’être les boucs émissaires des maux de nos sociétés et qu’ils deviennent au contraire des partenaires à part entière dans la construction d’un monde plus juste.

    Voici quelques-unes de ces idées reçues. Diffusez-les autour de vous, réagissez, participez au débat.

    #pauvreté #france #arguments #préjugés