Mais il y a en fait une autre raison, sans doute beaucoup plus profonde : c’est que ce système d’enrichissement spectaculaire en faveur de Jean-Pierre Denis – et de Ronan Le Moal jusqu’à sa démission récente –, ils en profitent eux aussi, mais par un autre canal. Car il existe une cagnotte discrète pour les 171 cadres dirigeants de la banque, dont on ne trouve pas mention dans les documents de référence annuels de la banque, qui revendique le statut mutualiste et coopératif. Pour trouver les vrais chiffres, il faut aller consulter les comptes d’une société anonyme, Arkéa SCD (pour Société des cadres de direction), qui se situe hors de l’unité économique et sociale du groupe. Et ces comptes donnent le tournis : on y découvre que pour 2018, les 171 cadres dirigeants de la banque se sont partagé très exactement 64 893 000 euros, soit 379 491 euros par personne. En réponse à nos questions, c’est Jean-Pierre Denis qui nous a fait savoir que le nombre des cadres dirigeants concernés était de 171 au 31 décembre 2019.
Cette mystérieuse structure a suscité beaucoup d’émoi parmi les salariés quand elle a été créée. Le montage commence le 10 novembre 2009 avec la création d’une société dénommée Euro Arkéa 1, laquelle change de dénomination le 22 juin 2011 pour devenir #Arkéa SCD, avec pour directeur général Ronan Le Moal. Cette société est conçue pour assurer les rémunérations, fixes et variables, des 126 principaux dirigeants du groupe Arkéa : dirigeants du siège, responsables de pôles, dirigeants et adjoints des caisses locales, etc. Progressivement, le nombre des dirigeants concernés par cette structure grimpera de 126 à 171. Il semble même que le nombre ait un moment culminé jusqu’à 183.